It’s time for execution [ ETHAN ] -18 !

Je regardais mon assiette sans vraiment la regarder. Il fallait que je mange. Sinon j'allais vraiment finir par m'évanouir. Mon sex-appeal était déjà proche de zéro, alors imaginez un peu si je m'évanouissais dans mon assiette...Vous me direz, au point où j'en étais ! Je soupirais profondément. Aaron leva le nez de son assiette et me lança un regard désolé. Au bout d'une minute, je repoussais mon assiette. Peu importe si je m'évanouissais. Au mieux, je m'évanouirais dans ma chambre et avec un peu de chance cela me reposerait. Mais la chance n'était plus de mon côté. Je sursautai lorsque l'assiette se retrouva devant moi de nouveau. Gabrielle avait tendu le bras pour la repousser. J'allais protester, mais je me suis contentée de baisser les yeux. Elle avait raison, je ne pouvais pas me laisser mourir de faim... Je lui ai souris. Sincèrement. Même si c'était complètement associable en ce moment, elle ne me laissait pas tomber. Mais bientôt, elle se détourna de moi. Normal, Emma venait de coller ses mains dans sa purée, et elle avait entreprit de retapisser la chemise de son père.

Je n'ai pas ou m'empêcher d'éclater de rire. Tout n'allait pas si mal, finalement. Je me suis finalement décidée à terminer mon assiette. Je devais arrêter de me laisser aller. Les choses ne s'arrangeraient pas parce que j'avais décidé de me noyer dans ma peine. Et puis je savais que quelqu'un finirait bien par me secouer. Ce pouvait être Gabrielle, Alexander, Aaron... Personne n'allait me laisser tranquille. Et surtout pas Lilly. Elle s'était mise en face de moi et elle semblait me surveiller avec beaucoup d'attention. Nom de dieu... Elle avait pratiquement dix ans de moins que moi et pourtant je me sentais toute petite. Elle avait un caractère bien trempé. Elle avait beau être muette, si elle avait quelque chose à vous dire, elle se faisait comprendre. Du menton, elle désigna quelque chose derrière moi. Quelqu'un plutôt. Je me suis retournée bien sûr. Mais quel réflexe stupide... Aussitôt que j'ai croisé le regard d'Ethan, je me suis retournée en catastrophe. Finalement, je préférais regarder mon assiette. Au moins, elle ne risquait pas de me briser le cœur.

Lilly a soudain attrapé ma main et sortit un stylo de sa poche. Voilà qu'elle se servait de ma main comme d'un bloc notes... Il n'arrête pas de te regarder. J'ai regardé ma main et je me suis dépêchée d'effacer l'encre. Je savais bien qu'il me regardait. Je savais bien qu'il me surveillait. Et je savais aussi qu'il n'avait pas mangé, qu'il s'était installé dans un fauteuil l'air de rien... Ça faisait une bonne semaine que nous ne nous étions pas parlés. Je ne m'étais pas vraiment remise de cette entrevue. Il s'était passé un peu trop de choses à mon goût. Et trop peu, aussi. Je savais encore moins qu'avant où j'en étais. Je n'ose imaginer le nombre de choses qui auraient pu se passer s'il était resté avec moi cette nuit là... Lilly a envoyé son pied dans mon genou. J'ai sursauté. J'allais la réprimander quand j'ai compris pourquoi elle m'avait fracassé le genou. Le pire requin que je connaissais venait d'entrer dans la pièce. Il n'était que 20h, et d'habitude il ne se montrait pas à l'heure du dîner. Peut-être n'avait-il pas encore trouvé avec qui passer la nuit ? J'ai soupiré, avant de jurer. En russe.

J'ai fait un bond formidable quand Riley s'est assis à côté de moi. J'ai heurté Aaron, qui m'a regardé d'un drôle d'air avant de poser ses yeux sur Riley. Il a levé les yeux au ciel, en priant pour qu'il n'y ait pas de morts. J'ai prié aussi. Parce que je savais d'avance ce que Riley allait me proposer. Bon gré mal gré, je me suis tournée vers le nouvel arrivant. Il avait à peine ouvert la bouche que j'ai grimacé, avant de lâcher :

« Oh c'est pas vrai, tu as encore bu. »

Riley aimait bien les soirées arrosées. Moi j'avais toujours eu horreur de cela. Je savais ce que faisais l'alcool, je savais ce que faisais la drogue. J'avais tout vu... Et finalement, je crois que je préférais encore la drogue. J'ai reculé la tête quand j'ai vu la main de Riley monter doucement vers mon visage. Je l'ai attrapé au vol, avant qu'il ne me touche.

« - Soit gentil, ne me touche pas.
- Oh, allez trésor... »

Allez rien du tout. Je me suis mordue la lèvre avant de le repousser. Il a éclaté de rire. Moi je n'ai pas ris, quand il a passé son bras autour de ma taille. Et il y en a un autre, qui n'a pas ris du tout.

Tout avait recommencé aprés cette fameuse nuit. Manger à peine, dormir à peine. Mais ne pas cesser de la surveiller, pour qu'il ne lui arrive rien, pour que personne ne lui fasse du mal, pour qu'elle reste à l'abri.

Mais surtout...la voir....la regarder vivre...l'entendre parler...la voir respirer...

Cela suffisait à mon bonheur. Pour le moment.

J'avais eu une discussion avec Alexander. Il s'inquiétait, mais je ne lui avais pas dit pourquoi j'avais quitté Katarina. Je ne voulais pas le mettre en danger non plus. Et je n'étais pas prêt à entendre ses conseils. Je le considérais comme mon frére pourtant, mais je préférais rester focalisé sur mon idée. Katarina méritait de vivre, et elle méritait mieux que moi.

L'heure du repas avait sonné, et pendant que tout le monde s'attablait, j'étais allé m'asseoir sur un fauteuil. J'avais fait en sorte de pouvoir la voir. Discrétement, je me tournais vers elle, pour qu'elle soit dans mon champ de vision.
Lilly avait rapidement saisi mon manége. Elle était muette, mais elle était loin d'être idiote. Et je savais qu'elle m'aimait comme une soeur. Elle était sans doute la seule à avoir compris que je n'avais pas eu le choix, mais elle avait essayé de me raisonner. Je n'avas bien sûr rien voulu entendre. Mais elle essayait toujours.

Je vis mon ange se retourner et mon coeur se retourna. La scéne fut fugace, elle se retourna bien vite.

Et là Lilly me lança un long regard, et je détournai les yeux. Pourquoi faisait-elle ça? Elle prit rapidement la main de Katarina et commença à y écrire quelque chose. Mon ange effaça presque aussitôt ce que Lilly avait essayé de lui dire et elle se tourna à nouveau vers moi en haussant les épaules. Je savais exactement ce qu'elle pensait. Que j'étais bête....que je jouais l'imbécile. Elle ne savait pas ce qui s'était passé dix jours plus tôt entre Katarina et moi. Je ne l'avais dit à personne, pas même à celle que je considérais comme ma petite soeur. Et je doutais que Katarina en ait parlé à qui que ce soit non plus.

Mes pensées furent rapidement détournées par l'arrivée de celui que je détestais le plus au monde: Riley. J'avais essayé de dissuader Alexander de le garder parmi nous. Il ne servait à rien, mais il n'avait rien voulu entendre. Il prétendait que cette communauté existait pour offrir une chance de survie à chacun. Et il voulait la donner à Riley. Moi je l'aurais laissé crever...Sans hésiter....

Je me levais sans pour autant avancer quand je le vis prendre la chaise vide à côté de mon ange. J'étais aux aguets, prêt à bondir. S'il tentait quelque chose, je lui foncerais dedans. Il le savait pourtant, mais il ne pouvait pas s'en empêcher. Il ne supportait pas qu'une femme lui résiste. Et c'était ce que Katarina ne cessait de faire. Et il savait que je ne supportais pas qu'il l'approche alors c'était devenu un jeu pour lui.

De là où j'étais je n'entendais pas ce qu'ils se disaient, mais je voyais tout. Il a essayé de lui caresser la joue mais elle l'a repoussé. Alors j'ai avancé. Qu'il ose essayer plus, qu'il ose....
Aaron et Alexander m'avaient vu me lever, et je les avais vu échanger un regard. Ils savaient ce qui finirait par se passer si Riley la touchait à nouveau.

Et c'est ce qu'il fit. Il passa son bras autour de la taille de Katarina et il ne me fallut pas deux secondes pour fondre sur lui et l'attrapper par la chemise. Ma force était décuplée par la jalousie qui me rongeait.

-Ne la touche plus jamais!!!

Ca au moins c'était dit. Il me rit au visage, et je sentis les effluves de l'alcool. Il avait bu et il osait la toucher. J'allais le tuer. Il se releva et me fit face. Il bombait le torse avec un sourire suffisant.

-Je la touche si je veux.

-Non!!

Je fis un pas vers lui. Et je vis Aaron se lever et approcher. Je levais la main pour lui faire signe de ne pas approcher.

-Tu veux te battre Jones?

Riley se mit à rire et il ne m'en fallut pas plus pour fondre sur lui. Je ne supportais pas qu'il se moque de moi. Je ne supportais pas grand chose de sa part. Je lui décochai alors une droite magistrale et sa tête vacilla un peu sur le côté.

Les hostilités étaient lancées.

Je n'eus guére le temps de savourer ma victoire que mon poing me lança. J'avais cogné fort et j'avais mal. Mais ce ne fut rien en comparaison avec le coup de genou que Riley me balança en plein estomac. Je me pliais alors en deux. Il ne m'avait pas raté....

Je me fichais pas mal que tout le monde puisse assister à un affrontement.

-Je ne veux plus que tu t'approches de Katarina, Riley. Elle ne veux pas de toi, tu n'as toujours pas compris?

-Tu crois qu'elle préfére un mec dans ton genre? Un ancien junkie, un raté qui la jette du jour au lendemain?

Les mots me firent bien plus mal qu'un coup de poing. Il avait visé juste. Comme d'habitude. Il savait comment m'atteindre.

M'enterrer dans un trou et ne plus jamais en sortir.
Voilà ce dont j'avais envie. En moins d'une seconde j'avais compris ce qui allait se passer. C'était déjà arrivé. Riley m'avait touché, alors forcément, Ethan allait se lever et l'écarter rapidement. Forcément. Et ça ne me plaisait pas. Je ne voulais pas que Riley me touche, mais je ne voulais pas non plus qu'Ethan joue les chevaliers servants. Je pouvais me débrouiller toute seule, j'étais une grande fille. Parfois, j'avais l'impression qu'ils oubliaient tous les deux que j'avais été élevée au milieu d'hommes. J'avais l'habitude de ce genre de comportement. Je savais toujours comment m'en sortir, ou à peu près au moins. Et puis au pire, il y aurait toujours Alexander et Aaron, qui savaient toujours calmer les choses avant qu'elles ne dégénèrent. Mais cette fois ci... Ils auraient intérêt à faire très vite. Parce qu'un homme jaloux c'est un homme qui n'a pas de limites... Et Ethan était l'homme le plus jaloux que je connaissais. S'il n'avait qu'un défaut, c'était celui là.

Je n'ai pas pu m'empêcher de pousser un cri quand il a attrapé Riley par la chemise, pour l'éloigner de moi. J'ai fait un bond monstrueux. Aaron m'a empêché de basculer complètement en arrière. J'ai posé mes mains sur ma bouche pour étouffer un cri. Aaron n'a pas tardé à se lever. J'ai prié pour qu'il attrape Riley et pour qu'il le sorte d'ici. Il n'en a pas eu le temps. Bientôt, Riley vacillait sous le coup que lui avait donné Ethan. Décidément, je serais toujours étonnée par sa force. Pas très épais, mais costaud... Je me suis surprise à me dire que je n'aurais pas aimé me prendre une gifle. Je savais qu'il ne me toucherait jamais, mais tout de même. Enfin, cela m'importait peu que Riley se prenne un coup de poing. Par contre, je ne voulais pas le voir frapper Ethan. Mais il allait riposter, bien évidemment. J'ai littéralement hurlé quand il a envoyé son genou dans l'estomac d'Ethan.

Je me suis levée. Il fallait qu'ils s'arrêtent, maintenant. J'allais m'approcher, pour essayer de m'interposer. Mais quelqu'un m'a retenu. Je ne sais pas qui, je n'ai pas regardé. Isaac peut-être ? Il n'était pas très loin de nous. Pourtant, je me suis échappée. Il fallait que je fasse quelque chose. Mais je n'avais pas fait un pas que je me figeais. Riley parlait de choses qu'il ne connaissait pas. Le problème, c'est que ces choses étaient douloureuses. Aussi bien pour Ethan que pour moi. Je suis passée devant Riley, en l'ignorant. J'ai attrapé Ethan par le bras et je l'ai relevé. J'ai secoué doucement la tête. Je ne voulais pas qu'il continue à se battre avec Riley.

« Ne lui réponds pas. Tu sais que ça n'en vaut pas la peine. Il n'est pas dans son état normal, il est complètement saoul. Ne fais pas l'idiot. »

En tant normal, Riley n'était déjà pas très agréable, alors complètement ivre... Répondre à ses provocation ne servait à rien, il le savait. Mais j'imagine qu'il se sentirait probablement soulagé s'il l'envoyait au tapis. Mais ça n'était pas la bonne solution. Ça n'arrangerait rien, rien rien !

J'ai fait une bêtise. Ou plutôt, une erreur. J'ai tourné le dos à Riley, pour me focaliser sur Ethan. Je n'aurais pas dû... il m'a littéralement attrapé par la gorge, avant de me jeter par terre, à ses pieds. J'étais sous le choc. Il a éclaté de rire. Voilà, il était content, j'étais à ses pieds, comme il le voulait. J'ai entendu Alexander jurer. Gabrielle était partie. Elle avait préféré éloigné Emma. Elle avait bien fait. J'étais morte de honte sans trop savoir pourquoi. Après tout je n'y étais pour rien si ces deux là avaient décidé de se cogner dessus. Je me doutais bien qu'Ethan allait vouloir faire ravaler son rire à Riley. Cependant, s'il voulait le frapper, il allait devoir me marcher dessus. Et ça, je n'étais pas sûre qu'il le veuille vraiment. Je lui ai lancé un regard suppliant.

« Ethan, non. S'il te plait. »

J'avais à peine murmuré. En priant, en espérant qu'il m'entende.

J'allais lui coller à nouveau mon poing dans la figure lorsque Katarina s'interposa. Mon ange passa devant Riley et se précipita sur moi. Elle me prit par le bras pour détourner mon attention, ce qui marcha relativement bien.
Je ne voyais plus qu'elle.

« Ne lui réponds pas. Tu sais que ça n'en vaut pas la peine. Il n'est pas dans son état normal, il est complètement saoul. Ne fais pas l'idiot. »

Qu'il soit complétement saoul, je m'en fichais. De toute façon je savais qu'il le pensait. Il prenait un malin plaisir à me faire enrager et à me faire du mal.
Je n'étais pas d'accord avec Katarina. Il méritiait un bon poing dans la figure. Et je sentais que je n'allais pas pouvoir me retenir trés longtemps. C'était comme un besoin. C'était plus fort que moi.
Mais j'étais focalisé sur mon ange.

Je n'eus pas le temps de la protéger que Riley lui fonça dessus. Enfin, il la prit à la gorge plutôt. Et il la jeta violemment au sol. Personne ne s'était attendu à ça. Pas même moi. Pourtant j'aurais du. J'aurais du anticiper qu'il allait vouloir s'en prendre à elle.
J'entendis alors son rire résonner et cela me mit hors de moi.
Mon ange était au sol, et il la regardait en riant. Alexander et Aaron s'étaient rapprochés. Ils s'attendaient sûrement à ce que je me jette sur lui pour lui donner une correction.
Mais mon ange était au sol, et si je voulais en coller une à Riley, j'étais obligé de lui marcher dessus.
Elle me regarda, et sa voix me supplia.

« Ethan, non. S'il te plait. »

Je me mis à réfléchir quelques secondes avant de prendre une décision. Je m'occuperais de Riley plus tard. J'en faisais le serment. Mais je ne pouvais pas laisser Katarina comme ça. Elle seule comptait, et plus que tout.

Alexander et Aaron avaient pris Riley chacun par un bras et l'enmenait je ne sais où. Mais Riley se débattait, il avait sans doute envie de se battre.

-Riley ça suffit! Tu vas aller prendre l'air!

Je me retenais de lui dire qu'il pouvait bien recevoir une balle dans la rue, je n'irais pas pleurer sur sa dépouille. Bien au contraire.

Je m'agenouillai alors et la pris dans mes bras. Je pris appui sur un genou et je nous relevai. Je me mis alors à lui caresser les cheveux.

-Kat ça va? Je vais t'amener dans ta chambre d'accord?

Je n''attendis même pas qu'elle me réponde que je me dirigeais déjà vers les chambres. Je la tenais fermement contre moi. Je m'en voulais terriblement. C'était de ma faute s'il l'avait frappé. Elle devait être choquée, et je l'étais tout autant.
Mon ange...il avait osé s'attaquer à une femme. Il avait osé s'attquer à la femme de ma vie.

Je fis alors un arrêt et je me mis à l'embrasser partout dans le cou.

-Il ne te fera plus de mal, je te le jure. Je vais m'occupper de toi. Mon....ange....

Je me fichais pas mal des conséquences de ce que je faisais. Tout ce qui m'importait c'était le bien être de mon amour.

Me marchera dessus, ne me marchera pas dessus ?
Ne me marchera pas dessus, finalement. Pouvait-il en être autrement ? J'en doute. Je voyais mal Ethan me repousser du bout du pied pour donner une raclée à Riley. D'ailleurs, cet idiot avait mis un point final à leur petite joute en me jetant par terre. Ce qui au final, m'arrangeait pas mal. Je n'avais pas envie qu'ils se détruisent complètement à cause de moi. Ethan avait plus de force qu'il n'y paraissait et Riley frappait en traitre. Les deux auraient fini à l'infirmerie et Mathilda aurait certainement voulu les achever. Très franchement, je ne savais pas ce que me retenait de leur coller une bonne claque à tous les deux. J'avais la désagréable impression d'être le morceau de viande que deux chiens enragés se disputeraient. Non, mais vraiment... J'ai soupiré de soulagement quand Alexander et Aaron ont décidé d'emmener Riley prendre l'air. Prendre l'air, tu parles... Il aurait plus eu besoin d'une bonne douche froide à mon humble avis. Mais peu importe, du moment qu'ils l'éloignaient de moi, cela me convenait très bien.

Je me suis retenue de repousser Ethan. Mais oui, enfin, j'allais très bien ! Je n'étais pas aussi choquée que cela, tout de même. Quoique je n'avais aucune idée de la tête que je pouvais bien faire. Cela n'était certainement pas très... Passons. Je l'ai laissé me prendre dans ses bras sans broncher, même si j'avais très envie de lui dire de me lâcher. Je pouvais marcher, je ne m'étais pas fait mal. Au pire, j'aurais certainement un bel hématome sur les fesses. Mais puisqu'il n'y aurait personne pour le voir, ça n'était pas très grave. J'avais connu pire. Ethan n'avait pas vu dans quel état j'étais quand Alexander m'avait trouvée. J'avais des bleus partout, des coupures partout... Il n'y avait pas un centimètre carré de ma peau qui ne faisait pas mal. On aurait dit une petite poupée toute disloquée. Ce n'était pas très beau à voir et j'étais bien contente qu'il ne m'ait pas vu comme ça.

Je e retrouvais assise sur mon lit en un clin d'œil. Cela faisait quand même deux fois qu'Ethan me raccompagnait dans ma chambre de cette façon. On allait vraiment finir par croire que j'étais une petite chose fragile qui ne supporte rien. Il ne le vit pas, mais j'avais fait la moue un instant. Je n'avais pas envie d'être associée à l'image de la femme faible. J'avais suffisamment d'étiquettes collées à la peau. Je me passerais volontiers d'une de plus... Nom de dieu ! J'ai ouvert de grands yeux étonnés et j'ai mis un moment à réaliser ce qu'Ethan faisait. Non, je ne rêvais pas, Ethan était bel et bien en train de m'embrasser dans le cou. Décidément, mon pauvre petit cou allait servir d'exutoire à tout le monde. Je n'avais rien vu venir, encore moins que la première fois. Certes, c'était loin d'être désagréable, et j'en aurais volontiers demandé plus, mais... Non, ce n'était pas le moment. J'ai retenu un soupir, avant de repousser Ethan du bout des doigts. Il fallait vraiment que j'arrête de faire ça. Le pauvre allait finir par être frustré. Et moi aussi d'ailleurs.

« Minute papillon... Si tu crois pouvoir échapper à une conversation comme ça, tu te mets le doigt dans l'œil. C'est bien tenté, mais c'est encore raté. »

Non mais... Je ne me laisserais pas faire aussi facilement. C'était de la triche. J'ai secoué doucement la tête, avant de m'écarter légèrement de lui. Il valait mieux que je mette une distance raisonnable entre nous, pour qu'il évite de me sauter dessus toutes les deux minutes. Je me suis assise en tailleur, avant de replacer une mèche de cheveux derrière mes oreilles.

« Tu sais, tu n'avais vraiment pas besoin de le frapper... D'abord, parce qu'il était complètement ivre et qu'il ne savait probablement pas ce qu'il faisait. D'accord, ça ne change pas beaucoup de d'habitude... Ensuite, parce que tu as tendance à oublier que je n'ai pas besoin d'un chevalier servant. Je ne suis pas une demoiselle en détresse, Ethan. J'ai l'habitude. Comment crois-tu que je faisais avant que tu n'arrives, hein ? »

Je m'en sortais très bien toute seule...Et il n'y avait jamais rien eu de grave. Riley été tellement saoul qu'il n'aurait pas pu me faire grand chose de toute façon. Il aurait roulé sous la table à un moment où à un autre... Néanmoins, même si j'en pipai mot; j'étais touchée qu'il prenne ma défense. Évidemment, ça n'avait échappé à personne. Lilly aurait probablement hurlé de joie si elle avait pu. J'ai fait mine de regarder mes pieds une minute, avant de relever les yeux.

« Il y a une chose qui m'échappe... Tu n'es pas très cohérent, tu sais ? Tu ne veux pas que quiconque sache que tu as encore des sentiments pour moi, mais tu voles à mon secours au moindre souci. Comment veut-tu que cela ne se voit pas ? »

Je ne cessais de l’embrasser dans le cou, comme si j’étais en manque. C’est pourtant ce qui m’arrivait. J’étais en manque d’elle. Elle me manquait. Je ne pensais même pas que je l’avais quitté et pourquoi je l’avais fait. Jusqu'à ce qu’elle me repousse délicatement. Avant, elle ne m’aurait pas repoussé. Bien au contraire, elle aurait basculé la tête en arrière et elle m’aurait laissé le champ libre pour descendre jusqu’à ses épaules et plus bas ensuite. Mais je l’avais quitté, alors je n’avais plus le droit à ça.
Je me suis figé pendant qu’elle me parlait.

« Minute papillon... Si tu crois pouvoir échapper à une conversation comme ça, tu te mets le doigt dans l'œil. C'est bien tenté, mais c'est encore raté. »

Pensait-elle que je faisais ça pour échapper à une conversation ? Et quelle conversation d’ailleurs ? Celle que nous devrions avoir à propos de notre rupture. Ca je ne pou vais pas et je ne voulais pas. Elle ne devait pas savoir. Pour rien au monde, elle ne devait savoir qu’elle était en danger, et que nous séparer c’était lui assurer de vivre. Je lui offrais des chances en plus. Et j’en crevais tellement je me sentais vide sans elle.

Je ne savais pas quoi lui dire. J’avais tellement eu peur quand Riley l’avait prise à la gorge et qu’il l’avait poussé violemment par terre. Si elle savait comment mon cœur s’était tordu en la voyant comme ça. Et ce n’était rien comparé à sa petite voix qui me suppliait de ne pas faire ravaler à Riley son geste. J’avais tellement eu envie de lui faire payer ce qu’il avait fait à mon ange.
Elle s’est détachée de moi en soupirant, nous mettant alors dans une distance qu’elle jugeait peut être raisonnable. Je l’ai regardé longuement. Jamais je ne me ferais à sa beauté. Elle s’est assisse sur son lit et a remis une mèche de cheveux derrière son oreille. Elle était tellement gracieuse. Elle avait une prestance que je n’avais jamais vu chez une femme. A part ma mère. Pourtant ce n’était pas ma mère que je voyais quand je regardais mon ange, je voyais la femme de ma vie. Celle pour qui j’étais destiné.

« Tu sais, tu n'avais vraiment pas besoin de le frapper... D'abord, parce qu'il était complètement ivre et qu'il ne savait probablement pas ce qu'il faisait. D'accord, ça ne change pas beaucoup de d'habitude... Ensuite, parce que tu as tendance à oublier que je n'ai pas besoin d'un chevalier servant. Je ne suis pas une demoiselle en détresse, Ethan. J'ai l'habitude. Comment crois-tu que je faisais avant que tu n'arrives, hein ? »

Non, bien sûr je n’avais pas été obligé, mais ça faisait tellement de bien. Et puis il avait eu ce qu’il méritait. Je n’aimais pas qu’elle prenne sa défense. Il n’avait aucune excuse. Mais lorsqu’elle me reprocha de la prendre pour une chose fragile, j’eus un sursaut. Oui elle était fragile. A mes yeux elle était la chose la plus fragile et friable qui soit. Elle était ce qu’il y avait de plus précieux au monde.
Mais elle avait raison, avant que je n’arrive dans sa vie, elle avait sans doute eu affaire à d’autres. Et Riley était là avant que je n’arrive dans la communauté. Et pourtant elle ne semblait pas lui avoir tombé dans les bras pour autant. Oui mais voilà, je l’aimais, et j’étais jaloux. Je ne supportais pas qu’on puisse la regarder, la désirer. C’était plus fort que moi. Je devenais fou. Et davantage quand il s’agissait de Riley.
Il y avait quelque chose qui me dégoutait chez ce type. C’était plus fort que moi.

J’en étais là dans mes pensées lorsqu’elle me ramena sur terre.

« Il y a une chose qui m'échappe... Tu n'es pas très cohérent, tu sais ? Tu ne veux pas que quiconque sache que tu as encore des sentiments pour moi, mais tu voles à mon secours au moindre souci. Comment veut-tu que cela ne se voit pas ? »

Si je m’attendais à ça….Pourtant elle avait raison. Je n’étais pas cohérent. Je la quittais sans raison du jour au lendemain, et je continuais à la surveiller et à la protéger. Pourquoi ? Parce que je l’aimais toujours. Parce que je n’avais pas voulu la quitter, j’y avais été contraint.

Mais là où elle avait raison, c’est que je voulais la protéger en la quittant, mais que je montrais à tous que je l’aimais toujours. Et je la mettais encore en danger. Pourtant je n’arrivais pas à faire autrement. J’avais l’impression qu’elle était mon centre de gravité. J’étais attiré à elle comme à un aimant, je ne pouvais faire autrement.

Il fallait que je sois sûr qu’elle en avait assez de moi. Il fallait que je l’entende me dire qu’elle ne voulait plus de moi autour d’elle, qu’elle préférait que je m’en aille. Qu’elle ne m’aimait plus.

J’ai pris alors sa main et j’ai plongé mon regard dans le sien. C’était peut-être la dernière fois que j’étais aussi proche d’elle.

-Katarina, dis-moi que tu ne veux plus que je sois prés de toi. Dis-moi que tu ne m’aime plus et que tu ne veux plus rien avoir affaire avec moi. Dis-moi….

Je savais que c’était la seule solution pour que je fasse ce que je m’étais promis de faire. La laisser en vie.

-Demande-moi de partir et je le ferais.

Je trouverais bien quelque part où aller. Je pourrais peut-être demander à Alexander de me confier de longues missions.

-J’ai besoin de t’entendre me dire toutes ces choses.

Le pauvre... Je n'arrêtais pas de le repousser en ce moment. Pourtant cela ne me plaisait pas plus qu'à lui. Parce que finalement, je me serais bien laissée aller. J'en avais très envie, même si je ne le montrais pas. Si je le lui montrais, il reviendrait à la charge avec un petit sourire. Je le connaissais assez bien, je crois... Je me suis donc éloignée de lui, même si cela me crevait le coeur. Je n'étais pas censée chercher à m'éloigner de lui, au contraire. Logiquement, j'aurais dû faire accélérer les choses... Mais pas cette fois. J'avais besoin d'explications. Je ne comprenais pas grand chose à son comportement en ce moment. Un coup oui, un coup non... Il fallait arrêter de faire la girouette ! Là encore, c'est à peine si nous nous étions vu cette semaine avant qu'il se comporte comme avant. J'avais du mal à le suivre. Cette situation allait finir par me rendre folle. Je n'avais pas des nerfs à toute épreuve. S'ils lâchaient, j'étais mal et je risquais de faire une sacrée bêtise.

J'avais envie de le secouer. Je voulais qu'il me réponde. Avec des mots, pas avec un regard aussi malheureux. À chaque fois qu'il me regardait comme ça, j' avais l'impression de lui avoir brisé le coeur et je ne supportais pas ça du tout. C'est pour ça que je baissais automatiquement les yeux quand il me regardait comme ça. J'avais juste envie de m'excuser ( pour n'importe quoi... ) et de le prendre dans mes bras. Je me suis retenue de justesse. Il fallait vraiment que je range mes pulsions dans un tiroir et que j'en jette la clé loin, très loin. Mon premier petit monologue n'a eu aucune réponse. J'ai failli lever les yeux au ciel. J'aurais bien aimé qu'il proteste, qu'il me dise que oui, j'étais fragile, que non, Riley n'avait pas le droit de m'approcher de près ou de loin... J'étais presque frustrée. Qu'il pense ces choses, c'était bien joli, qu'il me les dise, c'était mieux. J'ai fini par soupirer, encore une fois. Je détestais ces silences là. Cela me mettait hors de moi et cela m'angoissait.

Tant pis. Question suivante. Ethan n'était pas très logique, comme je l'ai déjà dit. Me quitter pour ensuite me surveiller toute la journée, cela ne rimait à rien. Qu'il me surveille et montre les crocs quand nous étions ensemble... D'accord, c'était logique, c'était même normal. Mais qu'il ne cesse de me tourner autour alors qu'il m'avait quittée et qu'il m'adressait à peine la parole... Non, cela clochait sans nul doute. Quand un homme quitte une femme, c'est pour passer à autre chose, non ? Or, lui il ne le faisait pas. Et ça ne passait pas inaperçu. Si quelqu'un n'avait pas compris pourquoi il s'était interposé entre Riley et moi, eh bien ce quelqu'un n'avait probablement plus aucun neurone en état de marche.

Je me suis laissée faire sans broncher quand il a prit ma main. Et j'ai bien été obligée de le regarder cette fois. Je ne pouvais pas tourner la tête à chaque fois. Sinon il allait finir par croire que je le fuyais. Et c'était loin d'être le cas, en fin de compte. Quand il s'est décidé à parler, j'ai dû rester bête une bonne minute. Pendant ce court laps de temps, j'ai bien été incapable de faire quoi que ce soit. Est-ce qu'il croyait vraiment à ce qu'il disait, là ? Il pensait vraiment que je pourrais lui dire de but en blanc que je ne l'aimais plus, que je voulais juste qu'il s'en aille ? J'ai levé les yeux au ciel avant de jurer. Mais quel imbécile, mais quel imbécile... J'avais bien envie de lui coller une gifle pour lui remettre les idées en place.

« Tu crois vraiment que je pourrais te dire des choses pareilles ? Parfois c'est à se demander si la drogue ne t'a pas débarrassé de quelques neurones ! »

J'ai secoué la tête, profondément agacée.

« Si j'avais voulu que tu partes, ça ferait un moment que je t'aurais jeté dehors, crois moi. Tu veux que je te dises que je ne t'aime plus ? D'accord, je ne t'aime plus. Tu ne crois pas que ça sonne comme un monstrueux mensonge ? Je ne me forcerais pas à te dire ça pour que tu trouves le courage de t'en aller. »

Je me suis levée et me suis dirigée vers la porte. Que j'ai ouverte.

« Si tu veux partir, c'est maintenant. Sinon je te préviens, tu ne pars plus. »

J'ai compté jusqu'à trois. Un. Deux. Trois. J'ai claquée la porte. Il n'était pas parti et il était bien hors de question qu'il quitte cette chambre avant demain matin minimum. J'ai inspiré à fond et suis revenue vers lui. Je me suis plantée devant lui et j'ai pris son visage entre mes mains, pour le forcer à me regarder.

« Je ne t'aime pas, je t'adore. Je ne veux pas que tu partes, je veux que tu restes avec moi. »

Elle a plongé ses beaux yeux bleus dans les miens et mon cœur a chaviré. Elle ne m’avait pas regardé comme ça depuis très longtemps. Et cela faisait autant de mal que de bien. Je préférais occulter le mal et ne songer qu’au bien que ça me faisait. Elle m’a dévisagé et j’attendais qu’elle me dise de partir. J’attendais qu’elle me demande d’arrêter de la surveiller de loin. J’attendais aussi qu’elle me dise qu’elle ne m’aimait plus, que je l’avais trop fait souffrir en la quittant comme ça. Et je pourrais le comprendre. Si elle savait combien ça m’avait couté de faire ça, et combien ca me coutait de l’aimer de loin comme je le faisais depuis deux mois. Je croyais devenir dingue. Elle avait remplacé l’héroïne et elle avait fait en sorte que la dépendance soit deux fois pire.

Je ne tremblais pas comme quand j’étais en manque de drogue, mais j’avais l’impression de devenir dingue sans elle. Ne pas pouvoir la toucher ou l’embrasser me rendait complètement dingue. J’aurais voulu que ca s’arrête. J’aurai voulu ne pas avoir croisé Alan. Je voudrais penser que je faisais fausse route, et qu’il ne lui arriverait rien. Mais j’avais trop peur. Et je ne voulais pas prendre le risque de voir l’unique amour de ma vie mourir par ma faute. Je ne voulais pas vivre ça. Une fois c’était suffisant.

Elle finit par me répondre, et j’attendais sa réponse comme un condamné a mort attend la sentence infligée par son bourreau. Je me surpris à avoir envie de disparaitre. J’étais prêt a me lever et à quitter cette chambre pour toujours.

« Tu crois vraiment que je pourrais te dire des choses pareilles ? Parfois c'est à se demander si la drogue ne t'a pas débarrassé de quelques neurones ! »

Qu’est ce que cela signifiait. ? Pourquoi disait-elle cela. Je ne comprenais pas. Je ne comprenais plus rien. Elle me disait qu’elle pouvait se débrouiller seule, elle m’avait demandé aussi de ne plus la toucher il y a une semaine, et là….elle semblait refuser de me dire qu’elle voulait que je disparaisse totalement de sa vie.

Pourquoi rendait-elle les choses plus difficiles pour nous deux ? Pourquoi ?

Elle a secoué la tête face à mon inertie. Et elle a paru agacée. Je n’aimais pas quand elle avait cette expression sur le visage.

« Si j'avais voulu que tu partes, ça ferait un moment que je t'aurais jeté dehors, crois moi. Tu veux que je te dises que je ne t'aime plus ? D'accord, je ne t'aime plus. Tu ne crois pas que ça sonne comme un monstrueux mensonge ? Je ne me forcerais pas à te dire ça pour que tu trouves le courage de t'en aller. »

Elle venait de me faire comprendre qu’elle m’aimait toujours ? J’avais bien compris non ? Elle m’aimait toujours ? Apres tout ce que je lui avais fait ?

Oh mon ange…si tu savais…. Je ne te mérite pas…

Elle ne me chassait pas comme je lui avais demandé. Enfin pas vraiment. Elle ouvrit la porte et compta jusqu'à trois. Comment pouvait-elle penser que j’allais partir ? Je ne le voulais pas. Et je ne le pouvais pas.

Je n’avais qu’une envie c’était la prendre dans mes bras et l’embrasser à m’en dessécher les lèvres. C’était lui faire l’amour jusqu'à ce que mes forces m’abandonnent. C’était lui crier mon amour jusqu'à ce que je perde ma voix.

« Si tu veux partir, c'est maintenant. Sinon je te préviens, tu ne pars plus. »

La porte a claqué. Elle est revenue vers moi. J’étais toujours incapable de bouger. Je n’arrivais qu’à la regarder. Je ne croyais toujours pas a ce qu’il était en train de se passer. Elle ne m’avait pas chassé ! Elle m’aimait toujours !

Comme lorsque vous avez envie d’un shoot, plus rien ne compte. Même si vous savez que vous mettez votre vie en danger, vous vous en fichez parce que l’envie de ce shoot est plus forte que tout. Il dépasse tout. Et c’était ce qu’il se passait avec Katarina. Je savais que j’aurais du partir. Que je devais vraiment m’en tenir à ce que j’avais fait, mais je n’y arrivais pas. Mon envie d’elle était bien trop forte. Et j’étais faible. Bien plus faible face a elle qu’avec la drogue.

Elle est revenue vers moi et a pris mon visage dans ses mains. Le contact m’a fait frissonner, et j’ai posé ma main sur son bras pour la retenir pendant qu’elle me parlait.

« Je ne t'aime pas, je t'adore. Je ne veux pas que tu partes, je veux que tu restes avec moi. »

Il ne m’en fallut pas plus pour l’amener à moi et l’embrasser à pleine bouche. Nos langues s’entremêlaient pendant que me m’affairais à lui c caresser le dos jusqu'à descendre à la naissance de ses fesses. Je finis par la soulever et je la pris dans mes bras. Entre deux baisers, je murmurais son prénom. Je le récitais comme une litanie plutôt.

-Katarina…mon ange….mon ange..Mon ange.

Je voulais faire cesser ce besoin d’elle. Mais je voulais être sur qu’elle veuille de moi comme je voulais d’elle. Qu’elle me dise qu’elle m’aime et qu’elle voulait que je reste avec elle. Mais qu’elle ait envie de moi comme une femme désire un homme. Charnellement…C’était une autre chose.

Et je ne voulais pas la forcer. Je voulais vraiment être sur qu’elle avait envie de moi. Mon désir à moi m’avait toujours moins importé que le sien, ou alors était ce parce que mon désir à moi n’était que comblé que si le sien était satisfait.

Nous n’avions pas fait l’amour depuis deux mois alors que lorsque nous étions ensemble, pas une seule nuit ne se terminait sans que nous ne nous soyons pas aimés. Je ne savais pas ce qu’il se passerait ensuite, et pour le moment je m’en fichais. Je voulais l’aimer encore et encore.
Je pris son visage dans mes doigts et je lui murmurai tout bas.

-Tu es sure que c’est ce que tu veux mon ange ?

Elle n’avait qu’un mot à dire et j’étais à ses pieds.

Et si redevenait tout comme avant ? Et si tout redevenait comme avant, pour une nuit, pour une heure ? Je ne demandais rien de plus, je crois. Je n'en pouvais plus de tout cela. J'avais envie de lâcher prise, de craquer, rien qu'une fois... Et pourquoi pas maintenant ? Qu'est-ce qui m'en empêchait, qu'est-ce qui nous en empêchait ? Ça ne serait pas un crime, après tout. Et puis, ce n'est pas comme si Ethan était un parfait inconnu... Je ne cédais pas à n'importe qui. Il m'avait fallu du temps pour accepter mon amour pour lui. Jusque là, j'avais toujours soigneusement évité l'amour et ce dernier m'avait rendu la politesse. Avant de me retomber dessus comme un coup de massue. J'avais été scotchée par mes sentiments pour lui. Je l'étais toujours d'ailleurs. Avant, je n'aurais jamais pu penser qu'on puisse aimer quelqu'un aussi fort. Et malgré tout ce qui s'était passé entre nous ces derniers temps... J'avais l'impression que je l'aimais un peu plus à chaque seconde. Ça commençait à faire beaucoup d'amour pour une seule personne, non ?

J'ai sursauté légèrement quand Ethan m'a attirée à lui pour m'embrasser. J'avais été surprise, je l'avoue. Surprise, mais très heureuse. Les je t'aime moi non plus suffisaient pour maintenant. Je ne pouvais plus le repousser, pas plus qu'il ne pouvait s'en aller maintenant. La porte était fermée, je ne le laisserais plus s'en aller. Qu'il le veuille ou non, il allait passer cette nuit avec moi. Mais il le voulait, j'imagine... J'ai frissonné en sentant ses mains glisser tout le long de mon dos. J'ai glissé mes mains dans ses cheveux, sans cesser de l'embrasser. J'ai eu un petit rire quand il m'a soulevée dans ses bras. Le sourire aux lèvres, j'ai passé mes bras autour de son cou et j'ai enroulé mes jambes autour de sa taille. L'espace d'une seconde, je me suis demandée si je n'aurais pas dû fermer la porte à clé. Mais j'ai vite écarté cette pensée là. Il y avait bien plus intéressant et bien plus agréable à portée de mains...

J'avais toujours adoré la façon dont il disait mon prénom, comment il m'appelait... Cela faisait remonter toute une foule d'émotions en moi. Des émotions très agréables. Ça faisait un long, un très long moment que je ne m'étais pas sentie aussi bien. Ces dernières semaines avaient été effacées d'un coup de balai. Bien sûr, je pourrais me retrouver tout aussi seule demain... Mais je n'y pensais pas. Je n'y pensais plus. Là, j'étais même incapable de dire quoi que ce soit. Je me contentais de l'embrasser, de glisser mes mains dans son dos... Mais je voulais plus, encore plus... Il m'avait trop manqué. J'avais besoin de lui, plus que jamais. Et quoiqu'on en dise, j'avais aussi besoin de lui physiquement. C'était aussi ça, l'amour. Mais il n'y avait que lui qui avait le droit de me toucher, de m'embrasser... La, je doutais qu'il pense encore que je puisse céder à Riley.

J'ai eu un petit peu de mal à revenir à la réalité lorsqu'il a cessé de m'embrasser. J'ai cligné des yeux plusieurs fois, avant de le regarder avec un drôle d'air. J'ai secoué la tête avec un petit sourire.

« Est-ce que j'ai l'air de vouloir autre chose ? Qu'est-ce qui te fais croire que je veux autre chose ? Je ne te serre pas assez fort peut-être ? »

Avec un petit sourire mutin, j'ai resserré mes jambes autour de lui. Je n'étais pas prête de le lâcher. Je l'ai embrassé de nouveau, avant de me débrouiller pour nous faire basculer sur le lit tous les deux. C'était comme avant... Je savais que pour quelques heures, j'allais tout oublier. Ces moments là étaient de vrais échappatoires, vu le monde dans lequel nous vivions. Je n'ai pas pu m'empêcher de glisser ma main sous son t-shirt. Je l'ai attiré contre moi doucement.

« Tu me manques, Ethan, tu me manques... Je t'aime. J'ai besoin de toi. »

S'il doutait encore de ce dont j'avais envie après ça... Eh bien je ne savais pas ce qui lui fallait.

Katarina m’a regardé comme si j’étais un être venu d’une autre planète. Puis sans que je comprenne elle m’a souri en secouant la tête.

« Est-ce que j'ai l'air de vouloir autre chose ? Qu'est-ce qui te fais croire que je veux autre chose ? Je ne te serre pas assez fort peut-être ? »

Je lui ai souri à mon tour. Je ne voulais pas la forcer à quoi que ce soit. Je voulais être sur qu’elle avait envie de moi aussi. Qu’elle m’aime était une chose, mais elle aurait très bien pu refuser tout amour physique. Je me laissais alors abandonner, ne réfléchissant plus à quoi que ce soit à part l’envie d’elle qui me consumait entièrement, pendant qu’elle resserrait encore plus ses jambes sur moi.
Elle s’est jetée sur mes lèvres, et je lui ai rendu au centuple ses baisers. Je voulais que ce moment dure toujours. Je voulais l’embrasser pendant des heures, je voulais la caresser pendant des heures. Je ne voulais qu’elle. Elle nous fit basculer tous les deux sur le lit, et je me suis alors retrouvé sur elle. J’ai pris appui sur mes genoux et je me suis un peu redressé pour la contempler pendant qu’elle passait une main sous mon tee shirt.
Son contact me fit frémir. J’avais l’impression qu’elle me touchait pour la première fois. Pourtant elle avait souvent fait ce geste. Mais j’avais l’impression d’avoir tout oublié. Elle m’a ramené doucement vers elle en me parlant de sa voix douce.

« Tu me manques, Ethan, tu me manques... Je t'aime. J'ai besoin de toi. »

J’ai caressé son visage et je lui ai souri. J’aurai aimé lui dire tant de choses, mais je n’y arrivais pas. Alors je préférais laisser parler mon envie d’elle. C’était sans doute la meilleure façon de lui répondre. J’ai toujours préféré les gestes à la parole. Alors a nouveau, je me suis soulevé pour la contempler mais je me suis vite baissé a nouveau pour l’embrasser.
J’ai laissé courir ma bouche sur son cou et j’ai descendu jusqu’à ce que son pull m’empêche d’aller plus loin . J’ai soulevé alors son pull pour lui caresser le ventre. J’avais envie que l’on prenne notre temps. Mais j’ai fini par lui enlever son pull, et j’ai recommencé à la caresser et à l’embrasser. Tendrement, doucement, sensuellement.

J’essayais pourtant de faire taire mon envie d’elle. Celle qui me disait de la faire mienne rapidement. Je ne voulais pas l’aimer comme ça, pourtant j’avais du mal à être aussi tendre que je l’aurais voulu. Ces deux mois d’abstinence mêlé à ce qu’il était en train de se passer me rendaient dingue. Je l’avais tellement désiré que j’en devenais dingue.

Je plongeai alors mon regard dans celui de mon ange. Je me collai contre elle et lui caressa les cheveux. Puis l’envie fut plus forte que tout et fébrilement je lui sautai dessus, lui enlevant tant bien que mal le plus vite possible son soutien gorge, son jean et sa culotte.
Je ne cessais pourtant pas de la caresser, de la toucher, de la caresser. Mes lèvres et mes mains courraient partout. Si bien que si on m’avait demandé de dessiner mon ange, j’aurai pu le faire avec un bandeau sur les yeux.

Je me penchais encore sur elle, en riant légèrement.

-Excuse-moi mon ange… J’aurais voulu qu’on prenne notre temps mais….j’ai trop envie de toi.

Cruel dilemme. Mais si elle me demandait de la désirer encore, de la caresser pendant des heures, je le ferais. Je l’aimais trop pour l’obliger à quoi que ce soit. Mais j’espérais vraiment qu’elle me dise qu’elle ne voulait pas attendre. J’avais besoin de l’aimer. Là . Maintenant.

Et dire que cela faisait deux mois entiers qu'il ne m'avait pas touchée... L'air de rien, c'est long. C'est très long. Je ne sais pas comment j'avais pu me passer de lui aussi longtemps. Cela relevait du miracle... Ou de la folie. J'avais été folle de ne pas le rejoindre, un soir, une nuit... J'en avais eu très envie, mais je ne l'avais pas fait. Certainement parce que je croyais qu'il ne voulait plus de moi. Si j'avais su avant qu'il m'aimait toujours, j'aurais probablement tenté quelque chose. Mais je ne l'avais pas fait. Mais d'un côté, peut-être que ce n'était pas une mauvaise chose ? Au moins, nos retrouvailles seraient plus... intenses, comme on dit. En tout cas, c'était bien parti pour. Et je n'allais certainement pas m'en plaindre. Même si les relations physiques importaient bien moins que les sentiments à mes yeux, je n'étais qu'une femme, pas une machine. Et puis le cocktail amour et désir était explosif. Je le savais très bien. Après tout, j'avais partagé toutes les nuits d'Ethan pendant près de six mois. Et nous étions loin d'être deux petits anges innocents.

Inévitablement, mon cœur s'est emballé. Comme toujours. Je ne savais pas comment se portait le sien, mais en tout cas le mien commençait à perdre les pédales. Comme s'il allait exploser dans ma poitrine. Mais je n'y a pas vraiment fait attention. J'étais complètement focalisée sur Ethan. Tout mon univers ne tournait plus qu'autour de lui. J'aimais la façon dont il me regardait dans ces moments là. Son regard était brulant, impatient. J'imagine qu'il en aurait été de même pour le mien, si j'avais bien voulu garder les yeux ouverts plus longtemps. En fermant les yeux, j'avais l'impression que toutes les sensations étaient décuplées... Je me suis mordue la lèvre quand il a recommencé à m'embrasser dans le cou. Cette fois je ne l'ai pas repoussé, bien au contraire. Je me suis laissée faire, je me suis abandonnée complètement cette fois. Seulement voilà, mon pull était un obstacle non négligeable. Je crois que je ne me serais pas offusquée s'il avait décidé de me l'arracher. J'avais autant envie que lui de m'en débarrasser. D'ailleurs il n'a pas trop tardé à me le retirer. Ses caresses me faisaient frissonner agréablement.

Une fois encore, j'ai glissé mes mains sur sa peau. Mais cette fois ci, je me suis débarrassée de son t-shirt. C'était encore un vêtement de trop entre nous deux. Je ne sais pas trop où il a fini. Je l'ai jeté dans la pièce sans y prêter attention. On le retrouvait bien, non ? Je l'ai enlacé étroitement quand il s'est collé à moi. J'adorais le sentir si proche de moi. Je n'aimais probablement rien de plus. Je lui ai souris tandis qu'il me regardait et qu'il me caressait doucement les cheveux. Ma poitrine se soulevait rapidement. Déjà. Il faut croire qu'Ethan savait s'y prendre avec moi, parce que j'étais déjà toute retournée sans qu'il ne se soit passé grand chose pour le moment. Je n'ai pas pu m'empêcher de sourire quand il m'a enlevé mes vêtements rapidement. Dis donc, il jouait les impatients ! Cela ne lui arrivait pas très souvent. Mais je pouvais le comprendre. Après tout, cela faisait des semaines qu'il ne s'était rien passé... Donc, je n'ai pas tardé à me retrouver complètement nue. J'ai ris quand il s'est excusé. Ça par contre, cela lui arrivait souvent. Il s'excusait pour tout et rien.

De toute façon, moi non plus je n'avais pas envie d'attendre. Oui, nous avions l'habitude de prendre notre temps... d'habitude. Mais là, j'avais juste envie très envie de lui. J'ai glissé mes mains dans son dos, jusqu'à ses fesses. J'ai fait glisser son jean en vitesse. Eh oui, s'il le gardait, nous n'irions pas très loin... J'ai fait remonter ma jambe doucement, le long de la sienne, avec un sourire mutin. J'ai passé mes bras autour de son cou et mes jambes autour de sa taille. J'imagine qu'il devait y avoir plus désagréable comme cage... Je l'ai embrassé rapidement avant de sourire.

« Je ne veux plus attendre. Plus du tout. »

Je sentais que je ne tiendrais pas longtemps. Je me retenais de lui arracher ses vêtements, et de lui faire l’amour. J’avais envie qu’elle soit mienne le plus vite possible. Mais je voulais faire ça bien. Je ne pouvais pas faire l’amour à Katarina comme on le fait à une fille de passage. Je voulais qu’elle prenne autant de plaisir que moi. Enfin, je me fichais pas mal du mien. Il passait de toute façon obligatoirement par le sien.

Elle non plus n’avait pas l’air d’arriver à se contenir. Sans doute parce que nous ne nous étions pas touchés ni effleurés depuis très longtemps. Trop longtemps…. Quand nous formions encore un couple aux yeux des autres, pas une seule nuit je n’avais pas eu envie d’elle. Je l’aimais comme un fou, et cet amour passait aussi par l’amour charnel. Elle passa à nouveau ses mains sous mon tee shirt. Ses longs doigts s’attardèrent sur mon dos, et descendirent jusqu'à mes fesses. Puis elle me retira bien vite mon jean pendant que je prenais son visage entre mes mains pour l’embrasser passionnément.

Plus rien n’existait autour de nous. Quelqu’un aurait pu rentrer dans la chambre que je ne l’aurais pas remarqué. Je ne voyais plus qu’elle. Son corps que je dénudais peu à peu. Son corps qui se dévoilait peu à peu, et sur lequel mes mains s’attardaient, caressant chaque centimètre carré de sa peau nue. Elle me rendait dingue, ivre. Elle était ma drogue.
Mon jean a fini par terre pendant que je collais Katarina contre un mur et que sa jambe remontait le long de la mienne. Ses bras sont venus se poser autour de mon cou tel un serpent. Charmant serpent. Et elle enroula ses jambes autour de ma taille pendant que je retirais son soutien gorge pour lui embrasser le cou et descendre de plus en plus bas, m’attardant sur sa poitrine.

J’ai remonté mon visage vers elle et elle m’a souri J’avais oublié à quel point j’aimais son sourire. Puis elle m’a embrassé avant de me dire :

« Je ne veux plus attendre. Plus du tout. »

Je me mis à rire et je l’embrassai à mon tour en lui caressant doucement le visage.

-Comment ça se fait-il ?

Puis sans attendre de réponse, je passais mes mains autour de sa taille et je l’allongeais sur le lit avant de lui retirer ce qui lui restait encore comme vêtements. Je n’en pouvais plus non plus, si bien que je n’attendis pas longtemps avant de me dévêtir à mon tour.

Puis je revins vers elle et je me mis à lui mordiller l’oreille en lui susurrant des mots doux au creux de l’oreille. Mes mains couraient le long de son corps et je me fis une place entre ses jambes. Mon regard était planté dans le sien. Fiévreux. Plein de désir.
J’aurai voulu attendre encore, mais je n’y arrivais pas. Si bien que me fondis en elle lentement.

Je profitai quelques secondes de la chaleur qui nous enveloppait tous les deux avant de lui faire l’amour tendrement. Les souvenirs de nos nuits d’amour me revinrent alors en mémoire. De longues nuits où bien souvent nous dormions à peine. Certaines où elle me réveillait et l’inverse.

Deux mois !!! Comment avais-je tenu deux mois sans elle, sans son amour ? Comment avais-je fait ne pas céder à la tentation ? Et pourquoi maintenant ?
Malgré tout, je ne pouvais pas m’empêcher de me poser des questions. Cent à la minute….
Jusqu’à ce que mon désir pour elle soit plus fort que tout et que je me mis à m’abandonner à cet amour charnel.

Katarina ondulait sous moi si sensuellement que je dus à un moment lui demander de me laisser me calmer. Je voulais qu’elle soit mienne pendant des heures. Malgré l’envie irrépressible que j’avais d’elle, je voulais plus. Toujours plus.
Je ne pus alors m’empêcher de lui dire ce que je brulais d’envie de lui dire.

-Mon ange je t’aime. Je t’aime !

Je ne lui avais pas autant dit depuis que je l’avais quitté. Et je n’arrivais pas à expliquer pourquoi. Je ne comprenais pas moi-même déjà.

Je me suis retrouvée collée à un mur. Comment ça, à un mur ? J'aurais pourtant juré être sur le lit il y a à peine une minute... Peut-être pas, finalement. Il faut dire que mon cerveau s'était depuis longtemps déconnecté. Alors un mur, le lit... Peu importait finalement. Je finirais bien sur le dernier de toute façon. Il fallait certainement que je sois folle pour craquer maintenant. J'aurais déjà pu craquer, mais je l'avais pas fait... C'était à se demander pourquoi. Quand Ethan m'avait embrassée dans l'infirmerie, je n'avais pas du tout eu envie d'aller plus loin. Je l'avais repoussé, je l'avais giflé et j'avais fini par refuser tout amour qui ne soit pas normal, qui ne soit pas complètement assumé... Tout ça pour me jeter dans ses bras quelques jours plus tard. En ce moment, ma volonté faisait les montagnes russes. Quelque chose me disait que cela me reviendrait dans la figure tôt ou tard. Le plus tard étant le mieux, bien évidemment. Mais là, je n'y pensais pas. Je n'y pensais plus. Demain, le ciel pourrait bien me tomber sur la tête que cela m'importerait peu.

Je n'ai pas pu m'empêcher de soupirer d'aise quand il a embrassé mon cou, puis ma poitrine. Alors soit j'étais particulièrement sensible, soit il s'y prenait vraiment très très bien... A moins que cela ne soit les deux ? Ethan avait toujours su comment me rendre folle. Mais là, si j'étais folle, c'était d'impatience. Je n'en pouvais plus d'attendre. Je le voulais là, maintenant, tout de suite. J'étais accrochée à lui comme à une bouée de sauvetage. C'est ce qu'il était finalement. J'avais besoin de lui et de son amour pour ne pas me noyer. Ces derniers jours, j'avais quand même pas mal bu la tasse. Et je m'en serais bien passé. Mais si tout redevenait comme avant, je n'aurais aucun mal à oublier tout cela... Après tout, tout le monde a le droit à une seconde chance, non ?

Il a rit quand je lui ait dit que je ne voulais plus attendre. Pas étonnant... D'habitude, je voulais que nous prenions notre temps, je voulais que nous nous redécouvrions à chaque fois, même si nous nous connaissions par cœur. Mais cette fois ci, je craquais. Je n'en pouvais plus d'attendre. Cela faisait trop longtemps qu'il ne m'avait pas touchée. Chacune de ses caresses était comme une décharge électrique. Du coup, j'étais bien contente qu'il cède à ma demande. De toute façon je me doutais bien qu'il n'avait pas très envie d'attendre non plus. Vue la vitesse à laquelle il m'avait débarrassée de mes vêtements, cela ne laissait aucun doute. Je ne cessai pas de l'embrasser tandis qu'il m'allongeait sur le lit en douceur. Je ne voulais pas le lâcher, si bien qu'il eut un peu de mal à retirer les vêtement qui lui restaient. Je l'ai enlacé tandis qu'il me mordillait l'oreille. Ça, ça me faisait un effet pas croyable... J'ai frissonné. Ça faisait longtemps que je n'avais pas frissonné comme ça. J'ai glissé ma main derrière sa nuque. Je ne voulais pas qu'il s'arrête.

J'ai dû me retenir de crier quand il entré en moi. Mes mains se sont crispées sur ses épaules tandis que je me mordais la lèvre. Mon cœur a abandonné la partie et il s'est mis à battre frénétiquement et tout en désordre. Il me fallut un petit moment pour reprendre mes esprits. J'ai glissé mes mains dans son dos avant de l'embrasser, encore et encore. D'abord ses lèvres, puis son cou, puis son épaule. Je n'avais jamais aimé personne comme ça. J'avoue que je ne me suis pas rendue compte tout de suite qu'il n'avait pas complètement repris ses esprits. Impatiente, je n'ai pas pu m'empêcher d'onduler lentement sous lui. Quand il m'a demandé de me calmer, je n'ai pas pu m'empêcher de rire doucement, avant de m'excuser. J'étais un petit peu perdue, j'agissais sans réfléchir. Comme de nombreuses personnes dans ces moments là j'imagine. J'ai resserré mes jambes autour de lui alors qu'il me disait qu'il m'aimait. C'était certainement la chose que j'aimais le plus entendre.

Moi aussi je lui ai dit que je l'aimais. Mais je me suis trompée de langue... Je l'ai dit, je n'avais plus toute ma tête. Heureusement, Ethan savait depuis longtemps comment on disait cela en russe. Et puis il savait très bien que lorsque nous faisions l'amour, j'oubliais complètement sa langue à lui... En tentant de reprendre mon souffle, j'ai saisi son visage entre mes mains. Il y avait tellement de choses que j'aurais voulu lui dire... Combien je l'aimais, combien il comptait pour moi, combien je le trouvais beau... J'avais toujours adoré son visage, ses yeux... Je crois que j'aimais tout chez lui. Même sa jalousie et sa possessivité, finalement. Je lui ai souris, une fois encore. J'ai caressé son visage. Et puis je l'ai attiré à moi pour l'embrasser. Mes jambes se sont emmêlées aux siennes, tandis que mes mains glissaient en bas de son dos. La nuit allait être longue...

La chaleur de son corps était telle que je réussissais difficilement à me retenir d’accélérer le rythme de mes mouvements. Je voulais éteindre ce feu, mais je savais que Katarina avait besoin de temps. Et je voulais la faire chavirer deux ou trois fois avant de céder à mon tour. J’aimais voir sa tête basculer en arrière pendant qu’elle se mordait la lèvre pour étouffer un cri de plaisir, j’aimais aussi quand elle plantait ses ongles dans ma peau tellement elle était comblée. Et surtout je voulais l’entendre me demander grâce. C’était toujours elle qui mettait fin à nos ébats.

Bien sur une ou deux fois je n’avais pas réussi à aller jusque là, mais je n’aimais pas ça. J’avais l’impression d’être un égoïste qui ne pensait qu’a lui dans ces moments là. Et je m’en voulais toujours terriblement. Ce n’était pourtant pas l’envie d’elle qui disparaissait d’un coup, mais c’était parce que mon désir d’elle était si fort qu’il en devenait incontrôlable.

Elle me susurra en russe qu’elle m’aimait. Et je ne pus que sourire. Elle me disait souvent qu’elle m’aimait avant. Et à chaque fois que nous faisions l’amour elle me le disait en russe. La première fois je n’avais pas compris, mais maintenant je savais. Et j’aimais l’entendre parler dans sa langue maternelle. Sa voix était comme une caresse.

J’étais sur elle, les avants bras sur le matelas pendant que j’allais et venais entre ses reins qu’elle cambrait à merveille. J’haletais de plaisir et je sentais qu’il fallait que nous fassions une pause si je ne voulais pas céder. Je nous fis alors basculer sur le côté pour prendre un peu plus mon temps. Je restais alors quelques minutes en elle, la couvant du regard et lui caressant tendrement et amoureusement les cheveux.

-Tu me rends fou Kat….

Je mordillais alors son épaule avant qu’elle ne me pousse plus en elle, et que mon envie d’elle revienne me hanter. Je levais un peu ses jambes qu’elle croisa dans mon dos et j’alternais les mouvements de reins pour ne pas venir trop vite. Je finis par sentir mes forces m’abandonner. Mon souffle se faisait plus saccadé, j’avais du mal à garder les yeux ouverts, et surtout mon rythme cardiaque s’accélérait.

Nous faisions l’amour depuis prés de trois heures vu l’heure affichée sur la vielle horloge de la chambre. Trois longues heures….mais j’aurais voulu que ça dure beaucoup plus. Pourtant mon corps en avait décidé autrement. L’abstinence a ses inconvénients. Comme celui de vous faire perdre toute endurance tellement le désir est présent.

Je savais qu’elle aimait particulièrement se laisser faire et se laisser aller au plaisir. Mais ce soir, j’avais besoin que ce soit elle qui définisse le moment où elle venait que je m’abandonne à elle. Je voulais qu’elle me possède corps et âme. Je voulais aussi la voir sur moi, je voulais voir son corps tout entier.

A nouveau, je nous fis basculer. Et elle se retrouva alors sur moi.

-S’il te plait mon ange. Je n’en peux plus.

Je l’ai alors enserré dans l’étau de mes jambes. Je voulais qu’elle se donne à moi. Je voulais être son objet. Je lui demandais rarement ça, mais cette nuit j’en avais besoin. Je voulais qu’elle comprenne que je lui appartenais.
Et ce qui finit par arriver arriva. Je lui demandais grâce.

Les perles de sueur coulaient sur ma peau comme sur la sienne. Le lit était sans dessus dessous, et nos corps semblaient fatigués.

Je vins alors en elle dans un cri à peine étouffé. Et je me précipitais alors sur ses lèvres. Elle s’écroula de plaisir et de fatigue sur moi pendant que mes bras se refermaient sur elle. Je lui caressais tendrement les cheveux. Et nous étions encore soudés l’un à l’autre quand le sommeil vint rapidement nous chercher.

Nus. Elle sur moi. Aucun drap pour cacher ce qu’il s’était passé si quelqu’un entrait dans la chambre.

Je finis par me réveiller. Je ne sais comment nous avions basculés sur le coté et elle était nichée dans mes bras. Les remords vinrent alors m’assaillir.
Bien sûr j’étais heureux de cette nuit passée avec elle, mais je m’en voulais. Comment j’avais pu faire la bêtise de céder et de la mettre en danger ?
J’avais l’impression de ne pas l’aimer assez pour avoir fait ça. J’avais l’impression de ne penser qu’a moi.

Comment allais-je vivre sans elle ?

Je ne parvenais pas à me détacher d’elle. Et pourtant il le fallait. Je savais que je la blesserais à nouveau. Peut être même plus, mais je n’avais pas le choix. Elle était ce qu’il y avait de plus précieux pour moi.

Je savais aussi qu’il fallait que je m’éloigne de notre abri un peu plus parce que la voir me rendait dingue. Et il fallait que je parle à Alexander, que je trouve un moyen d’écarter le danger. Il fallait que je me débarrasse d’Alan.

Mais le plus urgent, c’était m’éloigner d’elle. De la femme de ma vie. Je savais que si je restais cinq minutes de plus contre elle, je ne pourrais plus partir. Et il le fallait. Je ne devais plus céder. C’était trop dangereux pour elle. Je me fichais pas mal de mourir, mais elle, je ne le permettrai pas.

Pour être intenses, elles étaient intenses, nos retrouvailles... Il me semble qu'on peut difficilement faire mieux. Même lorsque nous étions ensemble, je crois que je ne me suis jamais abandonnée comme ça. J'avais l'impression que tout était différent cette fois ci. C'était un peu comme si c'était la première et la dernière fois. Je ne pensais plus à rien. Il n'y avait que lui et nous. Le reste du monde n'existait plus. Je me fichais bien que quelqu'un puisse nous entendre. Qu'est-ce qu'il y avait à entendre de toute façon, sinon deux personnes qui s'aiment ? Un peu de bonheur n'a jamais fait de mal à personne, après tout. Vu le monde dans lequel nous vivions, nous en avions bien besoin. Comment avais-je fait pour passer autant de temps sans lui ? Je n'avais pas vécu, j'avais survécu, et encore. J'avais été comme morte le jour où il m'avait quittée. Mais tout ça, ça ne comptait pas, ça ne comptait plus. Parce qu'il était là, en train de m'aimer comme il l'avait toujours fait. J'en tremblais tellement c'était intense. Le plaisir semblait être multiplié par cent, par mille.

J'avais décidé de me laisser aller complètement. Pourquoi résister après tout ? J'avais eu très envie de crier, d'hurler tout à l'heure, mais je ne l'avais pas fait. Un reste de self-control peut-être ? Maintenant, s'il fallait soupirer, je soupirerais, s'il fallait gémir, hurler... Mes doigts étaient crispés sur ses épaules tandis qu'il m'imposait son rythme. J'avais toujours adoré le laisser m'emmener là où il en avait envie. Ethan n'était pas un égoïste, il s'était toujours préoccupé de moi avant de se préoccuper de lui. D'ordinaire, j'essayais de lui rendre la pareille, mais là... Je ne savais plus où j'en étais. Il pourrait faire tout ce qu'il voudrait de moi, je ne risquais pas de protester. Il nous a fait basculer sur le côté. J'ai été un peu surprise, je n'y étais pas attentive. Je me suis forcée à rouvrir les yeux pour le regarder. La façon dont il me regardait... Bon sang, encore un peu et cela m'aurait tuée. Mais j'aurais vendu mon âme au diable pour qu'il me regarde de cette façon éternellement. J'ai souris alors qu'il me caressait tendrement les cheveux. J'ai été incapable de lui répondre. J'ai bien ouvert la bouche, mais je n'aurais certainement rien dit de très cohérent. Alors je me suis tue.

Je n'ai pas pu m'empêcher de rire doucement alors qu'il me mordillait l'épaule. J'ai laissé mes mains courir sur son ventre et sur ses reins tandis qu'il continuait d'aller et venir en moi. J'avais complètement perdu la notion du temps. Je ne savais pas si cela faisait cinq minutes, si cela faisait cinq heures... Et je m'en fichais en fin de compte. Tout ce que je voulais, c'était que cela continue. Encore et encore... De nouveau, il nous a fait basculer. Cette fois-ci, il avait complètement inversé nos positions. Je me suis retrouvée sur lui. Une fois de plus, je lui ai souris. J'ai posé mes mains à plat sur son torse, pour reprendre un peu mon souffle. Finalement, j'étais épuisée moi aussi... Mais hors de question de s'arrêter là. Je savais ce qu'il voulait... Il ne me le demandait pas souvent, alors je n'ai pas pu refuser. Je me suis penchée pour l'embrasser, avant de me mettre à onduler doucement. J'ai arrêté quand il me l'a demandé. Je n'en pouvais plus. Tout mon corps a semblé se tendre et se détendre quand il s'est laissé aller. Je me suis bien vite effondrée sur lui. J'étais comblée. Plus que jamais. Mon cœur peinait à se calmer et j'avais du mal à reprendre mon souffle.

J'en enfoui ma tête au creux de son épaule tandis qu'il refermait ses bras sur moi. J'étais épuisée, mais je n'avais pas été heureuse comme ça depuis très longtemps. J'ai fini par m'endormir. M'endormir ! Cela faisait des semaines que je n'avais pas dormi, des semaines. Là, j'étais bien... Je me sentais en sécurité, je me sentais aimée. J'avais besoin de sentir tout son amour pour pouvoir m'endormir. J'ignore combien de temps j'ai dormi. Et j'aurais certainement dormi beaucoup plus longtemps si je n'avais pas eu un peu froid. Moi qui avais eu l'impression de me consumer complètement, maintenant je frissonnais à cause de la fraicheur de la pièce. Tout doucement, je me suis dégagée. Je ne voulais pas risquer de le réveiller... Oh, mais il ne dormait pas ! Je lui ai souris, avant de l'embrasser. Puis je me suis levée, pour partir à la recherche des couvertures. Elles étaient éparpillées un peu partout. Je n'ai pas pu m'empêcher de sourire en les ramassant.

Je suis retournée m'allonge près de lui. Je nous ai couvert à la va-vite avec les couvertures. C'était juste pour ne pas avoir froid. Je sentais bien que j'allais bientôt me rendormir. J'ai croisé son regard. Il me regardait avec un petit air de chien battu. J'ai secoué doucement la tête avec un sourire.

« Allez, viens là... »

Je lui ai ouvert les bras pour qu'il vienne s'y blottir. Je n'avais pas oublié qu'il aimait dormir dans mes bras. Je les ai refermés autour de lui, avant de caresser ses cheveux doucement. Et puis j'ai fini par m'endormir, sereine.

Si j'avais su.

Je l’ai senti bouger et je me suis figé. J’espérais qu’elle se rendorme, que je puisse essayer de la quitter. J’essayais de me raisonner. C’était mieux comme ça. Pour elle.
Mais mon cœur parlait plus fort que ma raison. Je n’y arrivais pas. Je n’arrivais pas à détacher mon regard de Katarina. J’essayais de me dire que c’était la dernière fois que je pouvais être aussi prés d’elle. Mais cela rendait les choses encore plus difficiles.
J’étais sur le point de trouver la force de me dégager de cette position et de quitter la chambre quand Katarina se dégagea.

Je me contentai alors de la regarder pendant qu’elle me souriait. Comment pouvais-je résister à un sourire pareil ? Impossible. Elle venait de faire fondre en une seconde tout le travail intérieur contre moi –même que je faisais depuis une dizaine de minutes. Son sourire était si doux, et sincère que je ne me sentais pas capable de la briser à ce moment là.

Je l’ai alors regardé se lever, et je l’ai attendu. Je la couvais amoureusement du regard. Toute volonté m’avait à nouveau abandonné. J’étais le plus faible des hommes face à elle. Il lui suffisait d’un sourire et d’un baiser déposé sur mes lèvres comme la caresse d’un papillon pour me faire céder.
Elle partit chercher les couvertures que nous avions envoyé valser quelques heures plus tôt lors de nos démonstrations affectives. Et elle revint avec deux couvertures qu’elle a posées sur nous. C’est vrai que maintenant j’avais un peu froid. Mais elle vint se coller à moi et j’étais heureux.

Je venais sans m’en rendre vraiment compte que j’avais oublié ce que je voulais faire avant qu’elle ne se réveille. Pour le coup elle n’était plus un ange, mais un véritable démon. Elle avait emprisonné mon cœur. Je n’arrivais pas à détacher mes yeux azur de son visage. C’était peut être stupide mais j’avais toujours l’impression de la redécouvrir. Et a chaque fois j’étais émerveillé. Comme un enfant.

Mon cœur a bondi lorsqu’elle m’a souri à nouveau. Oh mon ange…..

« Allez, viens là... »

Elle a ouvert ses bras et sans un mot je m’y suis blotti. J’adorais quand elle faisait ça. Je savais que c’était à l’homme d’avoir ce genre de comportement, mais je n’aimais pas les conventions. Et j’avais toujours aimé dormir dans ses bras. Sans doute parce que c’était ainsi que nous avions passé notre première nuit ensemble quand Alexander m’avait ramené au sein de la communauté. Elle se mit à me caresser les cheveux et je ne pus m’empêcher de fermer les yeux.

Les souvenirs remontaient un à un. Ces nuits passées dans ses bras. Ces nuits où nous étions heureux. Ces nuits où le danger ne planait pas sur nos têtes tel une épée de Damoclès. Et je me suis endormi. Au même moment qu’elle je pense.

…..

Nous étions dans Central Park la main dans la main, allongés au soleil. Le ciel était radieux. On était en plein mois de juillet et nous entendions les cris des enfants et les oiseaux chanter dans les arbres. Nous n’avions jamais été aussi heureux. Je me suis alors relevé pour l’embrasser. Quand je l’ai regardée, du sang coulait le long de sa tempe et elle gisait inerte, blême. Elle était morte.

Adossé à un arbre, Alan était là. Un grand sourire aux lèvres.

…..

Je me suis alors mis à crier.
-Noooooooooonnnnn !!!!

Et je me suis levé, poussant Katarina, et en nage.

J’avais fait un cauchemar. Un terrible cauchemar.
Ma respiration était haletante.

Je me suis précipité sur Katarina et je l’ai serré fort contre moi. J’aurai pu lui briser les os tellement je la serrais. Je me suis mis à caresser ses cheveux en disant d’une voix étranglée.

-Tu es vivante…tu es vivante…

Ça faisait longtemps que je n'avais pas été aussi sereine... J'aurais voulu ne plus jamais me réveiller tellement je me sentais bien. Je voulais qu'il reste avec moi, toujours. Je prenais enfin pleinement conscience de mes sentiments pour lui. C'était à la fois excitant... et effrayant. Quand j'étais petite, mon père m'avait toujours dit de faire attention à l'amour et à tout le reste. Je n'avais jamais écouté ce conseil... Je m'étais toujours laissée aller à mes sentiments. D'accord, cela m'avait joué des tours plusieurs fois. À chaque fois je m'étais dit que je ne me ferais plus avoir, que je ferais attention. La belle affaire. Je replongeais la tête la première. Si j'avais été plus maligne, je n'aurais certainement pas recouché avec celui qui m'avait abandonnée sans un mot. Mais voilà, j'étais bien incapable de regretter quoi que ce soit. J'étais encore trop heureuse pour cela. Et puis je me disais que ces deux mois de séparation, c'était beaucoup trop de temps perdu. Même avec toute la volonté du monde, c'était impossible de rattraper tout ce temps en une nuit. Je ne dis pas que nous n'avions pas essayé...

Nous nous étions déjà réveillés une fois. Je ne pensais pas que nous nous réveillerions une seconde fois. Et surtout pas de façon aussi... brutale. Ethan faisait rarement des cauchemars, mais quand il en faisait, c'était loin d'être de petits cauchemars qu'on oublie au réveil. Je l'ai entendu hurler, et cela m'a fait sursauter. J'ai ouvert les yeux, mais avant que j'ai pu faire quoi que ce soit, Ethan m'a repoussée assez violemment. Je me suis assise sur le lit en catastrophe. Je l'ai entendu se lever, mais je ne l'ai pas vu. Évidemment, j'aurais eu du mal dans le noir... Eh oui, fatalement, pour pouvoir dormir, nous avions éteint la lumière. Ça ne m'est pas venu à l'idée de chercher à la rallumer. Je me suis passée une main dans les cheveux, avant de chercher à reprendre mon souffle. J'en ai eu à peine le temps que déjà Ethan se précipitait vers moi. J'ai sursauté quand il m'a pris dans ses bras. Décidément, je ne me ferais jamais à sa force... Je l'ai enlacé sans trop réfléchir.

Mais je n'ai pas pu m'empêcher d'écarquiller les yeux. J'étais vivante ? Eh bien oui, jusqu'à preuve du contraire j'étais vivante... Mon cœur battait toujours, je respirais toujours... Bon, mon cœur et mes poumons avaient été soumis à rude épreuve un peu plus tôt, mais j'allais bien. Très bien même. Avec un petit soupir je me suis mise à caresser son dos doucement. Je détestais ça, quand il faisait des cauchemars. Ça le mettait toujours dans un état pas possible.

« Calme toi, ce n'était rien qu'un cauchemar... Calme toi. »

Doucement, je l'ai forcé à me lâcher. En douceur toujours, je me suis légèrement écartée de lui. À tâtons, j'ai cherché son visage, pour le caresser tendrement. J'ai embrassé son front, avant de l'attirer à moi dans un soupir. J'ai calé ma tête contre la sienne et j'ai passé mes bras autour de lui. Un peu comme avec un enfant... Un enfant de presque trente ans, mais un enfant tout de même.

« Ce n'étais qu'un mauvais rêve... Peu importe ce que c'était, il faut te dire que cela n'arrivera pas. »

J'ai un peu resserré mon étreinte. J'ai cherché une couverture et je l'ai enroulée autour de nous. Et je cherchai mes mots. Je savais qu'il avait besoin que je le rassure. Mais là, tout de suite j'avais du mal à trouver quoi dire et cela me rendait folle de rage. Je me suis sentie inutile, tout à coup. Mes esprit était encore embrumé par le sommeil et je peinais à rassembler mes idées. Alors je me suis contentée de le bercer doucement, pour le calmer. De temps à autre je lui murmurais quelques mots doux, en caressant ses cheveux. Je ne sais pas trop combien de temps j'ai fait ça. Autant de temps que nécessaire, j'imagine. J'ai fini par sourire.

« Je crois que nous ne passerons jamais une nuit tout à fait tranquille... Il faudrait vraiment que tu dormes un peu Ethan... Tu en as autant besoin que moi, sinon plus. Tu es épuisé... »

Je me suis retenue de lui dire qu'il devait recommencer à manger, à dormir, à se reposer... Il n'avait pas besoin que je le réprimande. Il n'avait besoin que d'un câlin, je crois.

Elle m’a serré aussi fort que je le faisais. Mais cela ne me suffit pas sur le moment. L’image de son corps gisant sur l’herbe, et son visage serein alors qu’elle était inondée de sang, c’était trop pour moi. J’avais tellement eu l’impression que c’était réel. J’avais du mal à redescendre, et à prendre mes esprits. Mais il fallait que je desserre mon étreinte ou j’allais l’étouffer.
Je finis par lentement relâcher la pression que j’exerçais en la serrant contre moi.

Je ne pouvais pas la laisser, j’avais tellement peur que mon cauchemar devienne réalité. J’aurais voulu lui en parler à ce moment là, mais je n’y arrivais pas. J’étais bien trop lâche pour ça. Je savais que si je lui avouais tout ce soir, elle m’en voudrait. Et je n’étais pas prêt à me disputer avec elle. Alors j’ai préféré me taire.

Elle me calmait petit à petit. D’abord en me serrant contre elle. Puis en me caressant le dos et en me berçant tendrement. Elle avait vraiment l’instinct maternel. Là dans ses bras, je ressemblais plus à un petit enfant qu’à un homme. Mais je m’en fichais pas mal. Je n’avais pas honte d’afficher mes faiblesses devant tout un chacun. Alors encore moins devant mon ange..

« Calme toi, ce n'était rien qu'un cauchemar... Calme-toi. »

Sa voix m’apaisait. Si douce, si rassurante.

Elle m’a fait comprendre que je la serrais trop fort, alors lentement je l’ai laissé m’écarter un peu d’elle. Mais j’avais l’impression qu’on m’arrachait le cœur. La sensation était si désagréable que je voulais mourir. Ses mains se sont posées sur mon visage et la plaie dans ma poitrine s’est refermée. C’est fou le bien que peut faire un simple contact. Je frissonnais.

La tension redescendait, et je commençais à me calmer. Elle a définitivement réussi à me faire oublier mon cauchemar lorsque ses lèvres se sont posées sur mon front et qu’elle m’a pris dans ses bras à nouveau. Elle ne savait pas à quel point elle était merveilleuse. Et elle ne savait pas a quel point je me sentais coupable de lui avoir fait tant de mal.
Et si je m’étais trompé ? Et si au contraire je devais l’entourer davantage pour éviter qu’il ne lui arrive quoi que ce soit ?
Je me posais tellement de questions que j’allais devenir cinglé.

J’ai lutté contre les larmes quand elle a posé sa tête contre la mienne. Je lui avais fait tant de mal…

« Ce n'étais qu'un mauvais rêve... Peu importe ce que c'était, il faut te dire que cela n'arrivera pas. »

Je voulais tellement la croire. J’essayais de me raccrocher à sa vérité à elle. Ca aurait pu être le moment de tout lui raconter mais je n’en avais pas la force ni le courage. Au moins pas cette nuit…
Je me laissais bercer par Katarina, par ses gestes, par les mots d’amour qu’elle me disait.
Pourtant j’étais incapable de lui répondre, de lui rendre la pareille. Quel égoïste j’étais !

« Je crois que nous ne passerons jamais une nuit tout à fait tranquille... Il faudrait vraiment que tu dormes un peu Ethan... Tu en as autant besoin que moi, sinon plus. Tu es épuisé... »

Elle avait raison…Nous avions besoin tous les deux de repos. Je l’embrassai alors sur le front avant de la prendre contre moi et de nous allonger tous les deux, en prenant soin de replacer les couvertures sur nous. Je me suis mis alors à la caresser tendrement tout en lui parlant tout bas.

-Je vais essayer mon ange. Pour toi, je vais essayer.

J’allais vraiment essayer. Parce qu’elle avait raison. Comme toujours. Mais cette fois-ci ce serait moi qui la prendrait dans mes bras. Pour sentir que j’étais là pour la protéger et parce que même si elle ne le disait pas elle avait besoin aussi que je sois présent pour la rassurer.

-Dors mon amour. Je veille sur toi.

Je fermai alors les yeux, Katarina blottie dans mes bras. Et le sommeil vint rapidement me chercher. Et je ne fis pas de cauchemar….
Le réveil fut étrange. J’avais l’impression d’avoir dormi pendant des heures. Et ce fut le cas. Nous avions dormi prés de 20 heures. Comme quoi….nous étions vraiment épuisés.

Pourtant, je ne sais comment mais mes interrogations refirent surface. Et c’était pire que tout. J’avais besoin de prendre du recul. Je ne disais pas que je ne voulais pas changer d’avis. Mais j’avais besoin de réfléchir. De trouver un moyen de la protéger tout en étant avec elle. Et je savais que je ne pourrais pas faire ça tant que nous serions proches comme ça.

Alors….comme un beau salaud, je profitais que Katarina dorme encore pour quitter la chambre. Bien sûr cela ne se fit pas sans mal. Mais il le fallait.
Je devais trouver une solution.
Il était 23h….je suis allé directement voir Lilly. Je ne sais pas pourquoi mais j’avais besoin qu’elle comprenne. Je ne sais pas pourquoi je l’avais choisi elle, mais c’était ainsi.

Finalement, à force de douceur et de tendresse, je réussis à le calmer. Sans vouloir m'en vanter particulièrement, je crois que j'avais pris le coup de main... Je savais comment l'apaiser. Et quand on pouvait apaiser Ethan, je crois qu'on pouvait apaiser n'importe qui... Parce qu'on se le dise, c'était un grand angoissé quand il s'y mettait. J'avais parfois l'impression de faire face à un enfant perdu et complètement terrorisé. Heureusement que je savais m'y prendre avec les enfants. Je devais certainement avoir un instinct maternel à toute épreuve. Mais je n'aurais probablement pas l'occasion de m'en rendre compte... Très franchement, je me voyais mal avoir des enfants dans un monde pareil... Mais qui sait ? Je n'étais pas médium, tout pouvait arriver... Ethan restait silencieux dans mes bras. Un peu plus et je lui aurais chanté une berceuse. Mais tout de même, je me suis abstenue. Et puis je ne connaissais que des berceuses russes, de toute façon.

Finalement, il a fini par se redresser, calmé. Il m'a embrassée sur le front et j'ai souris. Je me suis allongée de nouveau, avant de me blottir contre lui. J'ai fermé les yeux tout de suite tandis qu'il caressait doucement ma peau. Finalement, j'étais peut-être aussi épuisée que lui. Je sentais que je n'allais pas tarder à m'endormir de nouveau. Je n'avais plus du tout envie de lutter contre le sommeil. Je savais que j'allais bien dormir. J'ai souris quand il m'a dit qu'il veillait sur moi. J'avais tellement envie de le croire... J'ai dû le croire parce que je me suis endormie aussitôt que j'ai été dans ses bras. Personne n'est venu nous déranger. En tout cas, moi je n'ai rien entendu. Je ne sais pas trop combien de temps j'ai dormi. Longtemps, très longtemps, j'imagine.

Mais j'aurais préféré ne pas me réveiller.

Dès l'instant où j'ai ouvert les yeux, j'ai compris que quelque chose clochait. Pendant une minute, je n'ai même pas osé bouger. Et puis, j'ai frissonné. Cette sensation d'insécurité angoissante est revenue me hanter. Un tremblement m'a secouée. Mes doigts se sont crispés sur les draps. Vides, les draps étaient vides. Froids. Mais ils avaient gardé son odeur... Je n'avais pas rêvé. Si j'avais rêvé, j'aurais pu m'en remettre et mettre tout ça sur le compte de mon esprit dérangé. Mais non. Toute tremblante, j'ai allumé la lampe. Une faible lumière a éclairé la pièce. C'était suffisant pour que je me rende compte que j'étais toute seule. J'étais si choquée que j'en aurais presque oublié de respirer.

Parfaitement horrifiée, j'ai éteint la lumière et je me suis recroquevillée sous les couvertures. Je tremblais comme une feuille. Et pourtant, je ne réussissais pas à pleurer. J'étais vide. Vide de toute émotion, vide de tout sentiment... C'était comme si un vent glacial soufflait en moi. Finalement, c'était peut-être mieux de ne rien ressentir. Mais ça ne me ressemblait pas. Comme je m'y suis attendue, tout m'est revenu dans la figure avec une violence inouïe. Si bien que j'ai cru que je suffoquais. Les larmes sont venues, incontrôlables. J'avais l'impression de mourir, pour de bon. Et pourtant j'ai pleuré en silence. J'étais morte de honte... Morte tout court. J'avais tout donné à Ethan, une fois encore... J'avais fait l'amour avec lui, je lui avait dit que je l'aimais, j'avais essuyé ses larmes, je l'avais rassuré... Tout ça pour quoi ? Pour être abandonnée. Une fois de plus.

Si j'avais su ?

Peut-être que je me serais vraiment laissé mourir finalement.

Quitte à mourir...
Autant que cela soit rapide et indolore.