Avant le beau temps, il y a la pluie... [PV Nathan ]

Une pluie battante tombait sur la ville qui avait perdu tout son charme et son attrait pour autrui. Malgré l’été qui réchauffait les jours et qui égayait le soleil dans le ciel, il y avait certains jours où il pleuvait, malheureusement. Une pluie hivernale, où le froid embaumait l’air et glaçait le sol. Central Park ne ressemblait plus à un immense jardin bien entretenu et très fréquenté mais plutôt à un parc-forêt où il n’y avait pas âme qui vive. D’autre part, il pouvait faire assez peur, ce parc, des meurtriers pouvaient y traîner, ou encore des Hors là Loi, au fin fond d’une nuit obscure. Les arbres se faisaient de plus en plus nombreux à cet endroit et il restait encore quelques bancs en ruines, où il était difficile de s’asseoir pour contempler cette forêt macabre. Une nuit noire s’étalait sur Central Park, et j’étais là, assise sur un de ces bancs blancs en gravas. Je venais quelques fois ici, la nuit, car malgré qu’il ait changé, cet endroit m’avait toujours plu, et notamment ce banc. Il me rappelait des souvenirs. Je restai immobile, les bras croisés, pour me réchauffer, la pluie dégoulinant sur mes cheveux. J’aimais bien la pluie. J’adorais l’eau. Alors rester là, cela ne me dérangeait pas, car je pensais à diverses choses.

Je pensais à ma vie, elle était étrange. J’étais différente de tous les gens que j’avais rencontrés jusque là. Peu comprenaient ce que je ressentais, et même, plutôt aucun. Je reniflai et regardai le ciel. Des nuages grisâtres s’amoncelaient dans le ciel et la pluie gronda plus fort, accompagnée d’un léger tonnerre. Allez savoir pourquoi, mais soudain je pensai à mon père qui était parti quand il avait appris que j’allais venir au monde. Même sans connaître cette personne, cela me déchirait le cœur de savoir ça. Comment avait-il bien pu faire ça ? Si je le voyais un jour, je ne sais pas quelle réaction je pourrais bien avoir envers lui.

Agacée par ce mauvais souvenir j’envoyais valser d’un coup de pied un bout de bois qui traînait par terre de mon pied droit. Je poussai un léger soupir et entendit soudain un bruit, quelque part, autour de moi. Dans quelle direction ? Je n’en savais rien. Mais ce que je savais, c’est que j’avais intérêt à faire attention, car depuis que j’étais seule, je n’avais encore vu personne, et il s’avérerait peut-être que l’individu était dangereux. Je plissai mes yeux bleus pour essayer d’y voir quelque chose, tournant ma tête dans un sens, puis dans l’autre, n’osant rien dire par peur. Je ne me leva pas, espérant qu’on me verrait moins bien, assise dans la pénombre…

Tout d’un coup, je sentis une arme froide sur ma nuque. Alors, je ne savais plus quoi penser, peut-être que j’aurais du m’enfuir quand j’avais entendu un bruit. Je restais immobile, mes yeux tournés vers l'arme qui me tenait prisonnière de tout mouvement. Je serrai les poings puis me crispa un peu, de peur d’être abattue froidement sur ces débris sur lesquels j’étais. Puis, l’individu m’adressa la parole :

- Si tu viens te fournir ils arrivent ... Dans le cas contraire tu vas finir violé !

Me fournir ? Je ressemblais à une dealeuse ? Dans tous les cas, je n’étais venue ni pour l’un, ni pour l’autre, et j’avais conscience que des assassins traînaient dans les parages, ils faisaient énormément de bruit. Ce que j’espérais juste, c’est qu’ils n’allaient pas me trouver. En fait, je ne m’étais encore jamais faite attraper, et personne ne m’avait jamais vu. Je ne répondis pas à ce qu’il venait de me dire, j’essayais plutôt de garder mon sang froid. Les bruits que faisaient les autres inconnus qui étaient dans le coin se rapprochèrent de plus en plus jusqu’à ce que, subitement, l’inconnu me tira hors du chemin par le bras. Je ne résista pas en me disant qu’il valait mieux le suivre que de croiser le chemin des personnes qui sans doute étaient les plus dangereuses en ce moment, les Hors là Loi. J’étais maintenant hors du chemin du parc, et je pouvais mieux voir comment était celui qui avait braqué une arme sur moi. Il me demanda ce que je choisissais, et je répliqua en levant les yeux vers lui, innocente :

- Aucun des deux. Alors quoi on a plus le droit de venir à Central Park maintenant ? dis-je ironiquement en haussant les sourcils.

Malgré les catastrophes qui s’étaient abattues depuis peu sur la Terre entière, j’avais su garder un peu d’humour, bien qu’à ce moment là, je n’avais pas très envie de rire vu que je ne savais pas si l’inconnu à qui je parlais était dangereux ou non. De plus, c’était la première personne à qui je parlais depuis que j’étais devenue une Paria, et cela me faisait assez étrange. J’avais déjà observé quelques individus de loin, la plupart des gens qui étaient encore à New York étaient en groupe, j’avoue que je n’en avais pas encore remarqués qui étaient seuls. Je n’avais aucune arme ni quoique ce soit sur moi pour me protéger et à cet instant, je me demandai bien ce qui allait se passer.