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 Changer la routine

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MessageSujet: Changer la routine   Changer la routine Icon_minitimeJeu 9 Sep - 15:25

Les jours se suivent et se ressemblent pour moi ici. Lever à la même heure tous les jours, travailler du matin au soir pour reconsolider les fondations affaiblies par la tornade, manger, dormir… Une routine des plus ennuyantes et énervantes m’a été instaurée. Je les comprends, on se doit de survivre et donc d’aider à la Communauté, mais bon un peu d’imprévu, un peu de nouveauté ne me ferait pas de mal. Je soupire, et continue ma besogne, passant la spatule pleine de ciment sur le mur pour combler les fissures. Je fais cela d’un geste mécanique sans faire plus attention que cela. Je ne sabote pas le travail, mais c’est devenu tellement une habitude que je peux le faire de manière consciencieuse tout en laissant mon esprit vagabonder.

Depuis que j’ai perdu l’usage de mes oreilles je me rends compte combien j’ai perdu une notion du temps avec. Enfermé dans un silence oppressant, je n’ai plus conscience de rien. Je me suis étonné plus d’une fois d’avoir passé l’heure du déjeuner sans m’en rendre compte. Aussi les autres avec qui je travaille ont pris l’habitude de venir me chercher, sinon je continuerais jusqu’à me laisser crever de faim ou jusqu’à ce que je me rende compte de l’heure tardive. Il faut avouer aussi que de n’avoir pas de soleil n’aide pas à avoir une notion claire du temps.

On me tapote sur l’épaule et je me retourne pour voir Jacob me désignant sa montre. Je regarde et me rends compte que cela fait une demi-heure que j’aurais pu partir. Des roulements ont été faits pour éviter à la fois l’ennui qui occasionne un travail bâclé, mais aussi pour nous permettre de nous reposer. Avec un sourire, je tapote l’épaule de mon remplaçant et lui donne ma spatule. Avec un signe je quitte le chantier de réparation et m’en vais dans ma chambre me laver. Décrassé, je prends une chemise noire que je boutonne presque jusqu’en haut, ainsi qu’un jean bleu marine. Les vêtements sont un peu élimés, mais bon, on y peut rien ça. C’est la situation qui veut ça. Une paire de vieilles baskets au pied, je sors me promener dans les couloirs avant d’aller me servir un café dans la salle commune. C’est encore un des rares plaisirs qu’il nous reste, alors autant en profiter.

Il y a peu de monde à cette heure-ci, la plupart travaillant. Toutefois j’avise Mme Jones, l’infirmière, avec son enfant. Cela faisait un moment que je ne l’avais pas vu. Je me demande où elle était passée. Probablement dans ses appartements à veiller sur son bébé. Je regarde le bout de chou avec un sourire mélancolique.

« Ca te manque… »

La voix de ma femme me parvient sans prévenir, comme toujours. Au début elle me faisait sursauter, mais plus maintenant. J’ai beau savoir que ce n’est pas son esprit revenu de l’au-delà qui me parle, cela me fait toujours un pincement au cœur de l’entendre. Le seul son que j’entende…

« -C’est une question ou un constat ?
-Un constat. »


Elle n’a pas tort. Cela me manque cruellement. Avoir perdu à la fois ma femme et mon fils fut une torture plus horrible que la perte de mon audition. Baissant les yeux sur mon café, je soupire, avant de me décider à aller la voir. Même si beaucoup ne font pas d’efforts à mon égard, ce n’est pas une raison pour ne pas en faire de mon coté. Rester isolé dans mon coin ne m’apportera rien. Et puis discuter un peu me fera du bien, plutôt que de passer encore une journée dans ma bulle de silence éternelle.

Arrivant près de Mme Jones, je lui demande :

« Puis-je m’assoir ? »

Tout en lui parlant je fais attention à bien garder ses lèvres en vue afin de pouvoir lire dessus. Elle a la fâcheuse tendance à rouler les R, ce qui m’induit parfois en erreur sur ses mots. Je me souviens avoir compris « Mon Bali » au lieu de « Mon mari » la dernière fois. J’ai mis un moment à comprendre le bon sens de la phrase. J’espère ne plus faire de gaffes cette fois.
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Katarina K. Jones
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MessageSujet: Re: Changer la routine   Changer la routine Icon_minitimeJeu 9 Sep - 18:58

{ Excuse moi c'est pas terrible, je savais pas trop comment engager la "conversation" --' Promis je me rattraperai ! }

J'avais fait un terrible cauchemar. Un monstrueux cauchemar. J'avais cru qu'après deux semaines ils auraient cessé. En réalité ils avaient cessé. Et puis cette nuit, sans que rien ne le laisse présager, ils étaient revenus. Cela n'avait pas duré très longtemps. Cinq minutes, tout au plus. Cinq minutes durant lesquelles j'avais plus ou moins revécu mon viol. Je m'étais réveillée en sursaut, avant de me mettre à hurler. Ethan avait fait un bond dans le lit, avant de chercher à me rassurer. Au début, par réflexe, je l'avais repoussé violemment, manquant de le faire tomber du lit. Mais il ne s'était pas laissé faire et il m'avait attirée à lui d'un geste ferme, il m'avait plaquée contre son torse avant de resserrer son étreinte autour de moi. Il savait comment je fonctionnais, il savait que dans ces moments là j'avais besoin d'un étroit contact physique. J'avais pleuré pendant quelques minutes pendant qu'il me rassurait, avant de me rendre compte que je n'étais pas la seule à pleurer. Mes pleurs et mes hurlements avaient réveillé Lena. Elle avait eu peur, elle aussi. Pauvre princesse... Pourtant Ethan a attendu que je sois parfaitement calmée avant d'aller s'occuper d'elle. J'en avais sincèrement assez de cette situation. Je croyais commencer à surmonter tout cela, et voilà qu'un mauvais rêve venait tout gâcher. Pour autant, je refusais de retomber dans cet espèce d'océan de terreur dans lequel j'avais été plongée les premiers jours suivant mon retour. Ce n'était pas si grave. Ce n'était qu'un cauchemar, je ne devais pas m'arrêter là dessus. Néanmoins il m'avait été assez difficile de ranger ces images dans un coin de ma tête afin de me rendormir tranquillement. J'étais encore trop marquée pour cela. Mais j'avais tentée d'être rassurée et rassurante, me contentant de répondre « oui » quand Ethan me demandait si j'allais bien.

De plus en plus, je restais en dehors de notre chambre, pour éviter de me retrouver entre quatre murs. Bizarrement, être au milieu des autres me changeait les idées, mêmes si les personnes de la communauté étaient trop occupées pour faire attention à moi. En général je me posais dans le salon avec Lena et Ethan. Souvent, Ethan refusait de me laisser seule. Enfin, souvent... Tout le temps. On aurait dit qu'il craignait que je ne disparaisse encore une fois. Et je pouvais le comprendre... Il s'en voulait encore terriblement, il pensait encore qu'il aurait pu m'empêcher d'être enlevée. Bien sûr je ne lui en voulais pas. Je n'en voulais à personne. À part peut-être à mon père, qui a fond était responsable de certaines choses. Mais je préférais ne pas y penser : ma rancœur ne m'aiderait pas à guérir, loin de là. Je devais me reposer, passer du temps avec ma famille, et pas nourrir une haine stupide envers quelqu'un que je ne reverrais probablement jamais. Je ne devais plus faire qu'une chose : avancer et oublier. Je n'étais pas morte et c'était l'essentiel.

Un jour n'étant jamais fait comme un autre, Ethan avait dû me laisser seule avec Lena, parce qu'il avait quelque chose à faire. Je voyais bien que cela ne l'enchantait pas de me laisser, mais il n'a pas insisté pour que je retourne dans notre chambre – l'endroit qui lui semblait le plus sûr pour moi. Mais il savait que cela me faisait plaisir de rester au salon, alors il n'avait rien dit, sinon qu'il n'en avait pas pour très longtemps. Je m'étais donc retrouvée seule avec Lena. Lena s'était endormie dans mes bras peu de temps après le départ de son père. Je la gardais serrée contre moi d'une main, et de l'autre je tenais un livre. Étant donné que Mathilda et Ethan m'imposaient beaucoup de repos, j'avais décidé de me remettre à la lecture. Enfin, plus ou moins. J'avais du mal à me concentrer sur les lignes, je baissais les yeux sur Lena à chaque fois qu'elle gigotait un peu. Donc je loupais la moitié des phrases. Ce qui fait qu'au bout d'un moment, j'ai jeté le livre sur la table en soupirant. Et j'ai sursauté légèrement quand une voix s'éleva dans la pièce. Je relevai alors les yeux et aperçus Declan. Automatiquement, je lui souris. Je ne le connaissais pas beaucoup, mais j'étais là pour lui faire passer son examen médical à son arrivée. Je m'étais rapidement rendue compte qu'il était sourd. Il m'avait expliqué que c'était arrivé suite à une explosion dans le centre. Du coup, il avait appris à lire sur les lèvres, pour pouvoir communiquer avec les autres.

Le problème ? Eh bien, j'avais un accent russe assez prononcé, ce qui devait rendre assez difficile sa compréhension des mots que je prononçais. C'était véritablement la première fois que mon accent me posait des problèmes pour me faire comprendre. J'allais devoir faire attention aux mots que j'employais. Plus que d'habitude en tout cas. Il m'a demandé s'il pouvait s'asseoir et bien évidemment mon premier réflexe a été de répondre à sa demande en employant des mots.

« Oh oui, bien sûr. Évidemment, vous pouvez vous asseoir. »

M'en rendant compte, j'ai joint le geste à la parole en hochant la tête. Je me suis également redressée sur le canapé et j'ai ramené Lena contre ma poitrine. J'étais généralement très douée avec les mots... C'était véritablement la première fois que je devrais compter autant sur mon attitude plus que sur mes mots. Je me contentai donc de sourire, d'un sourire franc et sincère.
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MessageSujet: Re: Changer la routine   Changer la routine Icon_minitimeMer 15 Sep - 8:09

J’hausse un sourcil surpris en voyant Mme Jones sursauter, ne m’attendant pas à la surprendre. D’ordinaire ce sont les autres qui me surprennent à apparaitre à coté de moi, ou en me posant la main sur l’épaule sans que je m’y attende. Maintenant je commence à me faire à l’idée d’être surpris à chaque instant, mais pendant un temps ce fut dur. Aussi, la plupart des personnes prennent garde à ce que je les vois arriver d’un peu plus loin afin de ne plus me faire peur, mais certains oublient ou bien parfois n’ont pas envie de faire un détour juste par soucis de confort.

La surprise passée, Mme Jones m’invite à m’assoir tant vocalement que gestuellement. Cette attention me fait sourire. Je m’installe sur le canapé avant de relever le visage vers elle, voyant si elle m’a parlé. Mais non. Elle fait partie de ceux qui font attention à ce que je puisse lire sur les lèvres, ce qui est un soulagement.

« Comment allez-vous ? Voila un moment que l’on ne vous avait pas vu par ici. »

Il faut dire que, d’une part, je ne m’intéresse pas beaucoup à la vie privée des gens, c’est d’une indiscrétion, et qu’ensuite, hé bien les gens ne me racontent pas les dernières rumeurs, étant donné qu’il faut de la discrétion et de la rapidité la plupart du temps. Alors quand vous devez articuler pour raconter votre histoire… Il n’y a qu’Heather qui s’amuse à me parler sans user de sa voix. Elle articule silencieusement, étant donné que l’élément vocal est superflu. Cela nous amuse de pouvoir communiquer sans que personne ne sache de quoi il retourne.

Je jetais un coup d’œil à la petite endormie, et sourit.

« Vous avez une fille magnifique Mme Jones. Vous devez en être fière. »

Comment ne pas être fière d’un petit bout de chou comme celui-ci ? Je me souviens avoir pris Jessie dans mes bras avec un sourire idiot sur les lèvres quand il était né. Ce jour-là j’ai été le plus heureux des hommes. Perdu dans mes pensées, un petit voile de tristesse et de nostalgie m’étreint un peu avant que je ne revienne à la réalité. Pas la peine d’inquiéter mon interlocutrice. Je regarde à nouveau le visage de Mme Jones, pariant à coup sûr que j’avais loupé ce qu’elle venait de me répondre. Si c’est en plus c’est moi qui ne fais pas attention…

« Désolé, j’étais dans mes pensées. Vous disiez ? »

[Désolé pour le retard :s J'espère au moins que tu auras matière à répondre, même si c'est court]
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Katarina K. Jones
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MessageSujet: Re: Changer la routine   Changer la routine Icon_minitimeVen 17 Sep - 9:38

C'était toujours agréable d'avoir un peu de compagnie. En général les gens étaient très prix ou ils ne désiraient pas vraiment passer leur temps libre en ma compagnie, et ce pour plusieurs raisons. Soit ils avaient peur d'être maladroits, soit ils ne voulaient pas me déranger, soit être avec une femme plus ou moins brisée les gênait... Il y avait tant de raisons que je pouvais évoquer. Peu m'importait en fin de compte, du moment qu'Ethan était là. Mais attention, loin de moi l'idée de fuir la compagnie des autres. Au contraire, cela me faisait plaisir de bavarder avec certaines personnes. Il y avait des personnes que je ne connaissais évidemment pas très bien, et discuter permettait d'élargir ma vision des choses. Par exemple, je ne connaissais pas très bien Declan. Je savais simplement qu'il était sourd suite à une explosion. Voilà tout. Cela faisait très peu de choses, oui... Aujourd'hui, c'était l'occasion ou jamais de faire plus ample connaissance. Je souris quand il vint s'asseoir à côté de moi. Lena dormait profondément contre moi, et je faisais attention à ne pas trop bouger pour ne pas risquer de la réveiller. Comme tous les bébés elle avait un sommeil de plomb, mais j'aimais autant ne pas la déranger. Elle n'appréciait pas vraiment d'être réveillée brusquement. Comme n'importe qui d'ailleurs.

J'eus une petite grimace, avant d'avoir un sourire quand il me demanda comment j'allais, étant donné que j'avais été un peu... absente... ces temps-ci. Pendant une minute, j'ai eu très envie de mentir. J'étais en règle générale une femme très droite et honnête, mais je n'avais pas non plus très envie de raconter mon histoire à ce qui était encore plus ou moins un inconnu. Non, je ne pouvais définitivement pas tout lui avouer de but en blanc. C'était absolument inconcevable. Mais je ne pouvais pas non plus dire que tout allait bien. Paradoxalement, j'étais une très mauvaise menteuse alors que j'étais une très bonne comédienne. Je veux dire par là que je savais très bien cacher mes émotions quand je le voulais, encore que j'y arrivais un petit peu moins bien depuis que j'étais maman. Que pouvais-je donc bien dire ? Je ne savais pas très bien, j'avoue que je n'avais absolument pas anticipé cette question. Alors, pourquoi ne pas laisser place à l'improvisation. Je haussai légèrement les épaules.

« Je vais plutôt bien, merci, même si j'ai eu quelques petits problèmes d'ordre physique ces temps ci. »

Évidemment, je n'allais pas lui dire que j'avais été battue à mort pendant près d'une semaine. Il associerait certainement cette information au fait que j'avais été coincée sous des décombres après l'effondrement de la galerie. J'imagine que peu de monde savait réellement ce qui m'était arrivé. Ethan et Mathilda ne l'avaient pas crié sur tous les toits. Je n'étais même pas certaine qu'Alexander lui même sache vraiment ce qui m'était arrivé. Il faut dire que ses relations avec Ethan s'étaient légèrement dégradées, pour une raison qui m'échappait encore... Je ne pus m'empêcher d'avoir un petit rire quand il me fit remarquer que Lena était magnifique. C'était incroyable, tout le monde disait cela. Bien sûr que j'en étais fière. Et je n'étais pas la seule d'ailleurs. J'allais répondre, quand je remarquai que Declan semblait être ailleurs. Sachant pertinemment qu'il ne m'entendrait pas si je m'exprimais de toute façon, je restai silencieuse, en attendant qu'il « revienne sur terre » de lui même. Il me sembla voir passer un petit air triste sur son visage, mais je ne suis sûre de rien. Je secouai la tête quand il s'excusa ce n'était pas grave.

« Je pensais simplement que j'avais de la chance de l'avoir. »

Beaucoup de chance. Lena était un miracle. Un vrai miracle. Voilà pourquoi nous faisions si attention à elle. Nous faisions très attention à tous les enfants. Ils étaient peu nombreux et nous les protégions tous. Nous ne les laissions jamais sans surveillance, livrés à eux mêmes. Ils étaient trop fragiles. Regardant Declan, je me demandais s'il avait des enfants. Après tout il n'était vraiment « jeune » ( disons qu'il n'avait pas l'âge d'Ethan ) et plusieurs personnes avaient ramené leurs enfants ici. C'est donc tout naturellement que je posai les questions.

« Et vous, est-ce que vous avez des enfants ? »
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MessageSujet: Re: Changer la routine   Changer la routine Icon_minitimeMar 21 Sep - 11:25

Quand Mme Jones me fait part de problèmes physiques, mon visage prend un air un peu inquiet.

« Rien de grave, j’espère ? »

Je m’inquiète un peu, c’est normal non ? Nous vivons tous ensemble dans la Communauté, nous nous côtoyons chaque jour… Chaque jour qui passe est un semblant de routine. Nous voyons les mêmes visages, hormis quelques-uns qui viennent s’ajouter au lot. Même si c’est parfois énervant, c’est rassurant d’un certain coté de pouvoir voir toujours les même personnes. Aussi quand elles ont tendances à disparaitre, cela inquiète, c’est normal. Et quand elles ont des ennuis, de santé ou autre, on s’inquiète tous. On n’est pas si nombreux que cela, et chaque perte nous fait peur. Cela nous rappelle combien nous sommes fragiles, malgré le fait d’avoir survécu aux bombes. Et puis, dans une société comme celle-ci, chacun a un rôle primordial, aussi quand une personne disparait c’est la catastrophe si on n’y est pas préparé.

Je ferais mieux d’arrêter de me faire un film là. Ce n’est sans doute pas si grave que cela. Si ça se trouve, c’est à cause de soucis de santé qu’elle a disparue durant une semaine, le temps qu’elle se soigne un peu. Elle était peut-être contagieuse et s’est isolée pour ne pas contaminer tout le monde. Après tout, elle est la toubib ici, elle sait ce qui est mieux pour se soigner ou éviter les maladies. Une contagion dans un espace clos comme la communauté serait une catastrophe sans nom.

Je me fais peur pour rien je crois. Changeant de sujet, je me concentre sur la petite qui dort dans les bras de sa mère avant que mes pensées n’aillent vers une autre époque, celle où moi aussi je tenais un petit bout de chou dans mes bras. J’ignore combien de temps dura mon errance, mais je reviens vite sur terre pour m’excuser de mon absence. Cela ne semble pas être grave pour Mme Jones, qui m’avoue avoir de la chance d’avoir sa fille.

« Les enfants sont de véritables trésors. Certes, c’est contraignant parfois, mais toutes les contraintes valent bien un sourire de leur part. Je crois bien que c’est ce qui a de plus précieux de nos jours. Le sourire d’un enfant. »

Voir un enfant ne pas être triste, être heureux, rire, jouer, chanter même… C’est ce qui a de plus beaux à mes yeux aujourd’hui. Cela nous apporte l’espoir, et l’idée que survivre vaut le coût. Même si nous n’avons plus envie de vivre ou de nous battre pour nous, il faut le faire pour eux. Ils n’ont pas à payer le prix pour les erreurs des adultes.

Tandis que je lis la question de Mme Jones sur ses lèvres, mon cœur se serre. Pendant un moment je baisse les yeux tandis que la peine revient me hanter. Je soupire, et relève vers mon interlocutrice un visage légèrement triste mais où transparait la douleur. Je ne vais pas pleurer, mais je ne vais pas avouer que cela ne me fait plus mal de penser à eux. Je n’ai pas à être hypocrite. Avant je n’avais pas le temps de me poser, de penser même, devant toujours bouger. Mais maintenant que je suis en paix, que je peux me reposer sans craindre pour ma vie, ma perte est d’autant plus douloureuse.

« Non, je n’ai pas d’enfants. Ou du moins, je n’en ai plus. »

Je soupire avant de quitter les lèvres de Mme Jones pour voir ses yeux.

« J’avais un fils. Il s’appelait Jessie. Il venait d’avoir ses trois ans. Ma femme et moi avions décidé de l’emmener en vacances avec nous pour voir New-York. Il est mort en même temps qu’elle. La bombe qui m’a privée de l’audition est tombée non loin du taxi dans lequel ils m’attendaient. »

La douleur revient et je tente de la refluer. Je ferme les yeux pour chasser les images qui me reviennent. Le taxi à moitié détruit. Leurs corps à moitié déchiquetés. L’odeur qui émanait de leurs corps mêlés au fer fondu… Je rouvre les yeux et chasse les débuts de larmes qui pointent.

« Désolé. C’est encore pénible pour moi d’en parler. C’est encore trop frais dans mon esprit… »

Je n’oublierais jamais, ça je le sais. Je dois juste être patient pour que la douleur s’estompe… Au moins maintenant les cauchemars ne me hantent plus autant qu’avant. C’est déjà ça…
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MessageSujet: Re: Changer la routine   Changer la routine Icon_minitimeMar 28 Sep - 11:48

Rien de grave ? Qu'est-ce que je pouvais répondre à cela ? Je n'avais pas envie de dire la vérité, j'en étais maintenant certaine, absolument certaine. Je n'avais pas envie de m'étendre, je ne voulais pas qu'on me plaigne, qu'on me regarde comme une pauvre petite chose fragile, sans défense ou qu'on ait pitié de moi. J'avais déjà vu ce genre de regard chez des gens et c'était terriblement blessant. Et cela ne m'aiderait certainement pas à aller de l'avant. Je n'avais pas besoin de pitié ou encore de compassion... En cet instant j'étais heureuse que l'hématome sur ma pommette ait disparu complètement. Impossible pour lui de deviner que j'avais été battue à mort. Bien sûr je boitais encore... Mais je n'avais pas l'intention de me lever pour le moment, je comptais rester assise, plus pour ne pas réveiller Lena que pour moi même. Encore que je ne voulais pas vraiment qu'il remarque que quelque chose clochait... Je ne voulais qu'avoir une conversation agréable, qui me permettrait de penser à autre chose, ne serait-ce qu'un petit moment. Était-ce trop demander ? Sans doute pas. Mais je comprenais bien que la question de Declan était innocente. Il semblait être une personne qui s'inquiétait vraiment pour les autres, sincèrement, comme je le faisais d'ordinaire. Et pourtant, j'allais prendre mon courage à deux mains et... mentir. En très bonne comédienne que j'étais, j'affichais un grand sourire – qui apparaissait comme sincère – et secouait la tête.

« Non, non, rien de grave. Je suis en pleine forme ! »

Mon dieu... Et dire que je pensais tout le contraire... Je me sentais mal de lui mentir, mais je n'avais pas d'autre option. Je ne voulais pas l'ennuyer avec mes ennuis et je ne voulais pas m'apitoyer sur mon sort. C'était quelque chose que je ne faisais jamais. J'étais bien plus douée pour écouter les autres que pour me confier. Il n'y avait qu'avec Ethan que je parvenais à me laisser aller comme il se devait. Parce qu'il ne voulait pas que je lui cache quoi que ce soit. Je n'aimais pas non plus de toute façon. Et puis cela faisait du bien de se confier de temps en temps, même si je n'étais pas très douée pour cela... Je reportai mon attention sur Lena, qui dormait toujours profondément contre moi. De temps à autre elle changeait de position, gigotant doucement contre moi. J'avais toujours peur de faire un mouvement qui la réveillerait. Comme n'importe qui, Lena n'aimait pas être réveillée alors qu'elle dormait bien, et tranquillement. D'ailleurs, son père détestait être réveillé brutalement... Heureusement, j'avais acquis tout un tas de techniques pour le réveiller en douceur. Avec Lena c'était un petit peu plus compliqué. Alors j'aimais autant qu'elle se réveille toute seule comme une grande et quand elle en avait envie surtout. Je relevai la tête vers Declan, détachant difficilement mes yeux de ma petite princesse. Mais c'était nécessaire, Declan ne comprendrait pas ce que je dirais sinon. D'autant plus que mon accent rendait les choses suffisamment compliquées...

« Vous avez raison, le sourire d'un enfant vaut tous les sacrifices du monde. Les voir sourire ici c'est rassurant, cela prouve que nous sommes toujours capables de les rendre heureux. »

Et heureusement d'ailleurs... ils en avaient assez vécu, ils ne méritaient en aucun cas de continuer à être malheureux, cela n'aurait pas été juste. J'aimais les entendre courir, rire, sourire, vivre, tout simplement. Ils n'avaient pas changé, ils restaient des enfants. Ils n'étaient pas devenus sombres, comme la plupart des adultes ici. Nous en avions tous tellement vu... Nous avions tenté de protéger les enfants de notre mieux, pour préserver leur innocence du mieux que nous le pouvions. Hélas, certaines images resteraient gravées dans leurs esprits pour toujours. Mais pour n'utiliser que mon exemple, je n'étais pas bien mieux lotie que certains d'entre eux. Impossible d'oublier les corps déchiquetés que j'avais vu quand je m'étais réveillée après l'explosion dans l'hôpital. Ni tous ceux qui jonchaient les rues... Cette vision de la mort était ancrée en moi. J'avais perdu le peu d'innocence qu'il me restait ce jour là. Et je n'étais pas la seule.

Je dus blêmir quand il me répondit qu'il n'avait plus d'enfant. Il n'avait pas dit « pas », il avait dit « plus ». Je me mordis la lèvre. Il avait perdu son fils, son petit garçon à cause d'une bombe... Sa femme aussi. Cette idée me serra le cœur. Je ne pourrais certainement jamais comprendre ce qu'il ressentait. Personne ne peut le comprendre. C'est trop... injuste et monstrueux. Comment réagirais-je si je perdais Ethan et Lena ? Je ne le supporterais pas, je ne supporterai plus de vivre c'était certain. Ils étaient mon univers tout entier. Comme la femme et le fils de Declan avaient dû être le sien. Je regrettais bien sûr d'avoir posé la question. Quelle idiote... J'aurais dû me souvenir que tout le monde n'avait pas eu la chance de se sauver avec toute sa famille...

« Je suis désolée. Excusez moi, je n'aurais jamais dû poser cette question. »

J'avais ramené Lena trop brusquement contre moi sans m'en rendre compte, la faisant sursauter. Avant même que je ne puisse faire quoi que ce soit elle s'était mise à pleurer. Je grimaçai, avant de la relever et de la caler contre moi pour la bercer doucement pour la calmer. Ses colères ne duraient jamais très longtemps, c'était juste sa façon à elle de me dire qu'elle n'aimait pas particulièrement être dérangée pendant sa sieste. Je la serrai étroitement contre moi, imaginant difficilement ma vie sans elle. Je n'osais plus dire un mot, de peur de lancer une conversation qui serait douloureuse pour lui.
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