This Is War
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le Deal du moment : -29%
PC portable – MEDION 15,6″ FHD Intel i7 ...
Voir le deal
499.99 €

 

 Sadness & love aren't ephemeral... [Liam]

Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
Invité




Sadness & love aren't ephemeral... [Liam] Empty
MessageSujet: Sadness & love aren't ephemeral... [Liam]   Sadness & love aren't ephemeral... [Liam] Icon_minitimeDim 10 Oct - 20:37

Une journée de plus touchait à sa fin. J’avais l’impression de ne plus les voir passer, les secondes s’écoulaient sans que je ne m’en rende compte, les enfants grandissaient, les gens se redécouvraient un peu plus chaque jour. Et moi, j’étais là, au milieu, veillant à ce que les sourires réapparaissent sur chaque visage dès que je m’en approchais. Je savais qu’ils n’étaient qu’éphémères, mais au moins, ils avaient existés, même l’espace d’une seconde. Nous avions tous besoin de ces bribes de bonheur, nous avions besoin de réaliser que tout n’était pas noir, qu’il suffisait juste de rallumer la lumière, cette chaleur que nous avons tous en nous. C’était mon rôle au sein de la communauté : être ce petit rayon de soleil qui nous empêchait de tomber complètement. Je ne dis pas là que j’étais indispensable, loin de là, j’avais bien sûr beaucoup d’amis mais il n’y en avait que très peu que je connaissais bien. Ceux-là, je pouvais les compter sur les doigts de la main, et je n’ai pas la prétention d’affirmer que tout le monde m’appréciait. Je savais juste reconnaitre cette lueur de reconnaissance au fond des yeux humides d’où venaient de s’échapper quelques larmes. On pleurait toujours. Il y avait toujours une raison pour être blessé, déçu, désorienté… J’essayais malgré tout de rester sur mon chemin, de ne jamais perdre de vue cet objectif que je m’étais fixé : ne jamais oublier de vivre. Courir pour sauver sa vie. C’est la leçon que m’avait enseignée mon père, en quelque sorte.

Je venais de laisser les enfants pour qu’ils aillent prendre leur repas, me dirigeant vers ma chambre pour aller souffler un peu. Ils étaient adorables, mais vraiment épuisants, surtout que je ne pouvais pas communiquer autrement qu’avec des gestes, bien que la plupart étaient en âge de lire ce qu’il m’arrivait d’écrire sur un morceau feuille de papier. Kaylhen était sûrement en cuisine, ce qui faisait que j’allais me retrouver seule. Autant le silence ne me gênait pas (j’avais bien été obligée de m’y faire), que la solitude m’effrayait. Je ne sais pas expliquer pourquoi… Il y avait toujours eu quelqu’un près de moi, que ce soit mon père, Ethan, Katarina ou les autres membres de la communauté. J’avais besoin de compagnie. Même quand Kay dormait ou était dans un état semblable, ça me suffisait. Quand Lena était dans mes bras, ça me suffisait aussi. Je pouvais même être assise au fond d’une pièce et paraitre transparente aux yeux des autres, tant qu’ils étaient là, j’étais rassurée. Pour en revenir à ma destination, peut-être n’allais-je pas revenir dans ma chambre immédiatement, mais partir en vadrouille dans les galeries, à la recherche de quelqu’un avec qui « discuter ». Je songeais à aller retrouver Ethan, ça faisait longtemps que nous ne nous étions pas vus, enfin pas assez longtemps pour échanger une conversation construite et développée, mais il devait être occupé, soit avec Katarina et Lena, soit avec son travail de leader. Je ne voulais pas le déranger maintenant, je trouverais certainement un autre moment un peu plus tard… Même si j’étais encore loin de me douter que « plus tard » serait peut-être trop tard. Comme je disais, le temps passait beaucoup trop vite.

Je venais de tourner dans le couloir pour me rendre finalement dans ma chambre – être seule pendant une heure ou deux n’allait pas me tuer, perdue dans mes pensées, lorsqu’une mélodie s’éleva des murs et vint m’enveloppa. Je n’y avais pas immédiatement fait attention, étant donné qu’elle semblait éloignée, mais elle résonnait beaucoup en raison du silence. Je m’arrêtai un instant, hésitante, cherchant à l’identifier, à en trouver la source… ça ressemblait à la musique produite par un piano. Quelqu’un jouait du piano, ou quelque chose du genre, là, dans l’une des chambres… Je m’avançais un peu plus, la musique se faisant de plus en plus forte, et puis elle redevint faible. J’étais allée trop loin. Je me suis arrêtée de nouveau, me demandant si je devais continuer tout droit jusqu’à la porte de ma propre chambre ou si je devais faire demi-tour afin de voir qui était le fameux musicien (ou fameuse musicienne), ma curiosité s’étant évidemment éveillée. Un léger sourire au coin des lèvres, je reculai de quelques pas jusqu’à me retrouver devant la porte de la pièce d’où la mélodie semblait vraisemblablement provenir. C’était la chambre de Liam. Je me souvins qu’en effet, il avait réussi à ramener un synthé quelques semaines auparavant, j’avais même vu l’instrument. Seulement, j’étais persuadée qu’il était complètement inutilisable, en raison des quelques touches manquantes et de son état général. C’est sûr que dehors, il n’avait pas du lui arriver que du bien, à ce pauvre piano.

En tout cas, c’était très beau. J’avais toujours été sensible à la musique, ne me séparant jamais de mon iPod avant mon arrivée à la communauté (je l’avais perdu en arrivant à New York avec mon père), et trouvant le piano particulièrement touchant. Je suis restée quelques minutes là, derrière la porte, à écouter les notes défiler, se reliant, formant des mots, créant des phrases… Liam était en train de raconter une histoire, et elle ne me paraissait pas être très joyeuse, mais tout de même magnifique. Il s’arrêtait, recommençait, une fausse note, recommençait encore, s’arrêtait de nouveau, modifiait, recréait, continuait… Je ne voulais pas entrer, de peur de le déranger, mais je voulais aussi en savoir plus. J’étais curieuse, c’était comme ça. Et puis s’il n’allait pas bien – ce que je sentais à travers cette musique – je pouvais tenter de lui remonter le moral. Je m’étais toujours très bien entendue avec lui, ainsi qu’avec ceux qu’il considérait comme ses propres enfants, Lucy et Lucas, je ne pensais donc pas qu’il veuille me chasser si je frappai à sa porte. Surtout que plus je restais là, derrière, plus j’avais l’impression de l’espionner, de violer son intimité. Ce n’était pas pour rien qu’il avait attendu que les enfants aillent diner pour jouer – enfin, c’est ce que j’en avais déduis. Quelques secondes s’écoulèrent encore avant que je ne me décide enfin à donner quelques petits coups contre la porte. La musique s’interrompit au même instant, et Liam eut à peine le temps de répondre que j’avais déjà ouvert et étais à moitié entrée. Je souriais. Le sourire que j’arborais en guise de « bonjour » ou « bonsoir ». J’avançai encore un peu, refermai délicatement la porte derrière moi et vins m’asseoir sur son lit, une jambe repliée sous mon corps, lui montrant ainsi que je comptais rester un peu plus que le temps nécessaire pour une simple conversation polie. Je voulais en savoir plus sur cette magnifique mélodie, en savoir plus sur cette mélancolie qu’il m’avait semblé percevoir. Ce genre de choses ne m’échappait pas vraiment, en général, et chez Liam, c’était vraiment flagrant, surtout depuis ces derniers jours. D’un geste de la main, je désignai l’instrument et tentai de lui faire comprendre par l’expression de mon visage que ce que je venais d’entendre m’avait vraiment plu. J’avais conscience que je venais de l’interrompre, qu’il tenait sans doute à être complètement seul le temps d’une soirée de plus, et je pouvais le comprendre, mais la solitude n’était certainement pas le meilleur moyen d’aller mieux. Et je pouvais lire sur son visage que ça n’allait pas. Je lui lançai alors un regard interrogateur pour l’inviter à se confier s’il le voulait – dans le cas contraire, il me le ferait savoir et je m’en irais, déçue, mais je n’allais pas m’imposer comme ça ; Liam était l’un de mes plus proches amis, et je n’aimais pas le voir ainsi. Je n’aimais pas cette tristesse profonde qui s’échappait de la mélodie du synthé, malgré le fait qu’elle soit belle. Il semblait vouloir écrire une histoire, et j’avais vraiment envie de l’écouter, autrement qu’avec des notes de musique. Même si ça ne me regardait pas. Même si je ne pouvais pas lui rendre son sourire ; je n’étais pas la bonne personne, ou si je parvenais à lui arracher ne serait-ce que l’esquisse d’un sourire, ce ne serait qu’éphémère, une fois de plus. Mais peut-être que ça lui ferait du bien, de parler à quelqu’un. Ça faisait toujours du bien de se confier. J’espérais simplement que Liam soit de cet avis.
Revenir en haut Aller en bas
Liam Marsden
In love with JUDASLiam Marsden


Messages : 130
Date d'inscription : 06/07/2010
Age : 44
Localisation : Elizabeth Town

Sadness & love aren't ephemeral... [Liam] Empty
MessageSujet: Re: Sadness & love aren't ephemeral... [Liam]   Sadness & love aren't ephemeral... [Liam] Icon_minitimeMer 13 Oct - 16:16

Une douche. Voilà ma principale préoccupation alors que je venais juste de laisser Lucy et Lucas dans la salle à manger avec d’autres enfants, les abandonnant l’espace d’une quelques dizaines de minutes afin de me retrouver seul. C’était vital. Je venais de passer quatre jours éprouvants, et très vraisemblablement rien ne viendrait adoucir les prochains. Nous étions mardi, l’épisode dans la cuisine avec Samuel datait de samedi soir, et depuis, je me sentais affreusement mal, bien malgré mes efforts pour aller mieux. J’avais beau me dire que ce n’était qu’une erreur, que Samuel finirait bien par oublier ce souvenir et par la même occasion sa haine à mon égard, rien n’y faisait. Comme un sentiment de culpabilité anéantissant. Pourtant, je tentais d’effectuer un réel travail sur moi-même. Je tentais sincèrement d’accepter cet événement, de l’analyser pour enfin le classer dans un dossier de ma mémoire, un de plus. A croire qu’elle n’était faite que de ça, que de mauvais dossiers rangés bien correctement et qui, parfois, s’ouvraient d’eux même pour tomber, s’exploser au sol et m’envoyer en pleine figure leur horreur. Celui là ne daignait se refermer. J’aurais aimé que tout soit simple, que mon attirance envers cet homme ne soit qu’un mauvais rêve, une illusion désespérée mais elle était surtout désespérante. J’étais désespérant. Parce que je savais que l’embrasser après avoir sentis sur ma peau la chaleur de sa tendresse revenait à répondre à ses avances alors que, indéniablement, je n’en voulais pas. Je ne voulais pas de Samuel, je n’étais pas homosexuel. Bon sang, Liam ! D’accord, j’étais homosexuel. Vous voyez comme il m’était difficile de formuler ces piteux mots, ne serait-ce que dans mon esprit ? Pourtant ils étaient toujours là, quelque part dans l’ombre, en attendant de me bondir dessus et me faire sursauter comme cet autre soir, dans la cuisine. Le pire dans tout ça c’est que j’étais totalement seul pour affronter la vérité, cette vérité acide qui vous ronge les neurones jusqu’à une aliénation absurde et sans doute désirée. L’envie de me taper la tête contre les murs devenait de plus en plus forte au fil de ses matinées, de ces après midi qui se répétaient et se ressemblaient. Le temps passé dans ma chambre seul avec les enfants ne m’aidait pas beaucoup, bien que leurs sourires enfantins ravivent quelque peu le mien : j’avais mal, à chaque seconde. Pourquoi ? Je ne saurais clairement le dire. Il n’y avait pas de raison spécifique, en réalité, pas de réponse toute faite à énoncer comme une poésie malsaine. C’était un ensemble de choses. Mon premier baiser avec un homme, le pire de tous sans nul doute. Je n’étais pas prêt. Pas du tout même.

Alors, je ne faisais rien d’autre que réfléchir à tout cela, réfléchir aux causes et aux effets, réfléchir sur moi-même. Qui étais-je ? C’était la principale de mes questions ainsi que la plus complexe car il était clair que ma vision sur moi-même était erronée. Personne ne pouvait se haïr autant, c’était tout bonnement insupportable. Pourquoi me haïssais-je ainsi ? Parce que justement, je ne savais plus qui j’étais et que cela me poussait à commettre des actes nocifs et destructeurs, pour moi et mon entourage. Que se passerait-il si un jour Samuel s’amusait à aller raconter cela à toute la Communauté ? Je préférais ne même pas l’envisager. Comment lui parvenait-il aussi bien à gérer son homosexualité ? Pourrais-je y arriver aussi ? J’essayais de m’en convaincre. J’essayais de me dire que ce n’était pas aussi grave que je l’imaginais, qu’en réalité mon malaise venait simplement du fait que j’avais passé plus de trente années dans la certitude d’être hétérosexuel et que d’un coup, elle volait en éclats. Comme quoi, on ne peut jamais être sûr de rien dans la vie. Cependant j’étais certain d’une chose : je ne voulais plus souffrir. Après des années de douleur, plus ces quatre jours, je me rendais doucement compte que ma vie était devenue un véritable musée des horreurs, où mes souffrances étaient exposées en gros sur mon visage. N’importe qui aurait pu comprendre en me voyant que je n’allais pas bien mais personne ne posait de question, étant trop peu souvent présent pour que l’on s’en rende compte sans doute. Depuis le retour d’Ethan, j’avais comme disparu de la circulation. Non pas que je fuie Ethan, loin de là, mais je ne me sentais plus le courage d’assumer ses responsabilités, et ce bien qu’il ne soit toujours pas capable de le faire seul. J’aurais voulu le soulager encore de certaines corvées, seulement j’étais aux abonnés absents et cela n’était pas près de changer. A présent je me fixais un but : réussir à éradiquer la souffrance. Les souffrances. Parvenir à les mettre de côté, à en atténuer les couleurs trop vives qui faisaient saigner mon cœur. C’était possible, non ? J’allais y arriver, je devais y arriver. Pour moi, pour Samuel, pour tous.

Pourquoi pour Samuel, me direz vous. Il est vrai que j’éprouvais une certaine affection pour lui, en plus de ma fascination. Cet homme s’assumait comme j’aurais aimé le faire, et en dépit de pouvoir être pour lui plus qu’un ami, je désirais sincèrement profiter de ses conseils. Je désirais de l’aide et en mon fort intérieur, quelque chose me disait que lui seul pourrait m’apaiser. Non pas que je veuille d’une relation avec lui car c’était bien évidement loin d’être le cas mais je n’aurais su l’expliquer ; Samuel représentait quelque chose d’à la fois rassurant et déstabilisent mais en même temps, d’absolument bénéfique. Encore fallait il qu’il m’adresse un jour la parole, et ce bien que je l’évite soigneusement depuis samedi. J’estimais qu’avant de lui demander de l’aide, j’avais à effectuer un travail solitaire, une acceptation qui ne venait que de moi et à laquelle même lui n’aurait rien changé. Il fallait que je me prouve à moi-même que j’en étais capable, et croyez-moi, ce n’était pas de tout repos. Peut-être parce qu’au final j’avais peur de ce que j’allais découvrir, peur de connaître les réponses. Si j’étais gay, je ne pouvais néanmoins être avec un homme, embrasser un homme, toucher un homme. J’étais un homme qui aimait les hommes. J’étais un homme qui détestait les hommes. A se taper la tête contre les murs, comme je vous le disais. Donc, en résumé de ces quatre horribles jours, passés dans la seule présence de mes enfants qui bien évidemment ne connaissaient rien de mon trouble intérieur, j’allais mal. C’était sans doute la principale information notable dans tout ce grabuge. Que j’accepte enfin mon homosexualité l’était aussi mais nous débouchons sur la même conclusion douloureuse.

Je me dirigeai donc rapidement en direction des douches, et ce bien qu’en théorie je n’avais pas le droit d’y aller. Après tout, ce n’était pas bien méchant que j’aille prendre une douche maintenant ou pendant les horaires prévues à cet effet, puisqu’en cet instant personne n’y était. Et puis après tout je me demandais qui viendrait me réprimander, certainement pas Alexander en tout cas puisqu’il était occupé ailleurs, et Ethan ne m’avait pas adressé la parole depuis l’enlèvement de sa femme alors… Il n’allait peut-être pas venir me voir juste pour ça, surtout vu la situation actuelle des choses. J’entrai donc, et fermai soigneusement la porte derrière moi avant d’enfin me laisser aller sous l’eau agréablement chaude. Cette douche était devenue mon lieu de réflexion préféré, sous cette pluie ardente qui faisait rougir ma peau et réchauffait mon cœur, c’était comme si la vitesse de mes pensées s’accélérait. Mais après cinq minutes tout s’arrêtait et de nouveau mon esprit se solidifiait. Finalement le bref éclair de génie me donna la nausée et d’une main tremblante, j’arrêtai le jet de la douche. J’étais malheureux à m’en rendre malade. Les salvatrices odeurs de savon n’y changèrent rien, bredouille je retournai vers ma chambre après m’être habillé. Les couloirs étaient déserts et l’air humide sous terre, lourd dans les poumons, presque impossible à expulser. Ce n’était pas beaucoup mieux dans l’espace encore plus confiné de ma chambre mais au moins, je pouvais pleinement profiter de ce moment de solitude. Je refermai doucement la porte derrière moi avant de parcourir des yeux l’ensemble de cette pièce qui n’éveillait en moi que l’envie de m’enfuir loin, mais je savais qu’au final ce n’était pas une solution. La fuite, encore et toujours. A présent je devais être courageux et affronter mes cauchemars. Alors je fis ce qui m’en rapprochait le plus, prenant mon synthé et m’installant doucement sur la chaise du bureau. C’était le deuxième soir durant lequel je m’adonnais à cette pratique oubliée depuis bien longtemps, gâchée par une fine couche de poussière dans ma mémoire. Jouer du piano, ce qui autrefois m’avait animé. Il était difficile de se souvenir de toutes les notes que j’avais écrites, toutes ses déclarations d’affection infimes mais pourtant primordiales. Je les avais rejoué. J’avais cru défaillir mais oui, j’avais osé. Le premier pas vers une guérison tant espérée.

Jouer les comptines que j’avais écrites pour mon enfant à naître avait été le plus douloureux, car c’étaient celles auxquelles j’avais accordé le plus d’importance. Des heures passées devant mon piano à me demander si un do mineur valait mieux qu’un si majeur. Natacha riait autrefois de me voir aussi impliqué et attentif alors qu’habituellement je passais ma vie dans les nuages. J’avais écris pour elle également. Beaucoup. Comme il était difficile de remuer ces souvenirs, comme leur poussière m’asphyxiait. Mais j’y suis arrivé, contre tout attente. J’en ai eu les larmes aux yeux mais oui, j’ai réussi à tout jouer, de la première à la dernière note et désormais je voulais de nouveau ressentir cette sensation, ce frisson de créativité. Je ne savais pas encore pour qui ni pour quoi, mais j’ai pris un stylo et une feuille et, doucement, avais laissé mes doigts courir sur le clavier afin de s’en imprégner de nouveau. Être pianiste est quelque chose d’inné, posséder ce don revenait à être maître d’une grande fortune nommée Musique. Seulement il y avait une différence de taille encore savoir jouer et savoir composer. Allez savoir pourquoi mais moi, aussi misérable et médiocre était mon être tout entier, j’y parvenais. Les notes flottaient devant mes yeux tandis qu’elles s’élevaient dans les airs et je n’avais plus qu’à trouver le moyen parfait de les combiner pour qu’enfin, elles se subliment. En réalité mon travail consistait à assembler de belles choses afin de les rendre magnifiques. Un artiste, c’est comme cela que l’on me définissait autrefois. On disait que devant moi l’avenir était lumineux et florissant, que le succès m’attendait. Je n’ai trouvé que la peine, le désespoir et la peur. Aujourd’hui, je décidai de continuer mon chemin jusqu’au mirage tant convoité.

Alors ce soir, comme la veille, je lu mes notes avant de tenter de les compléter, les raviver, les embellir. Je ne possédais aucune feuille de partition mais les improvisais, tant bien que mal. Au final, ce deuxième soir de travail me permit d’élaborer le corps d’une mélodie qui me semblait intéressante. Je le répète : Je ne savais pas encore à qui elle était destinée. Seulement je savais qu’elle existait et cela me suffisait pour penser que peut-être, vouloir l’effleurer était possible. Seulement je n’étais pas un génie et il me fallut beaucoup de papier et d’encre avant de parvenir à ce corps, ce squelette. J’aurais pu être fatigué mais l’anxiété de voir débouler Lucy et Lucas à l’improviste faisait battre mon cœur si vite que je n’y songeais même pas. Mon seul souhait était d’écrire cette ritournelle splendide qui animait mes songes. Alors j’essayais plusieurs possibilités, plusieurs combinaisons de notes avant des les rayer, et d’en tenter d’autres. Je jouais, écoutais, puis rayais pour enfin réécrire. Ce serait long et laborieux mais j’en avais l’habitude. Il manquait un détail. Une note, peut-être deux. Une toute petite chose qui achèverait de rendre ce poème sonore majestueux mais je ne parvenais pas à mettre de mot dessus, et ainsi de note. Pourquoi ? Je bloquais totalement sur ce détail qui me manquait cruellement et pour lequel j’aurais donné cher. Ce détail, c’était peut-être la clef. Soudainement, on frappa à ma porte et aussitôt je fus arraché au fruit de mes recherches, relevant doucement la tête. Lilly m’apparut et bien malgré son splendide sourire, le mien fut maigre et incertain. Je n’avais pas envie de la voir, pas maintenant. J’adorais Lilly, là n’était pas la question, seulement je savais qu’elle allait me poser des questions auxquelles je ne voulais pas répondre, ou ne pouvais pas répondre. Mes yeux la suivirent s’avancer jusqu’à moi puis s’asseoir sur mon lit, d’une manière sans doute un peu trop décontractée qui montrait qu’elle comptait bien rester un bout de temps. Très bien, nous allions donc passer un moment désagréable. Je posai le synthé à mes pieds.

Au même moment, elle désigna l’instrument en me montrant qu’elle appréciait ma manière de jouer et je fus jusqu’à incapable de lui répondre. Une envie de pleurer quasi irrespirable venait de me prendre à la gorge, sans que je sache réellement pourquoi. Je tentai de respirer profondément, de ne pas paniquer lorsqu’elle m’interrogea silencieusement sur mon état. J’allais donc mal au point que ce soit flagrant, inscrit sur mon visage ? Sans doute. Je connaissais suffisamment bien Lilly pour pouvoir dire que je lui vouais une grande affection, après tout nous avons toujours été proches depuis son arrivée. Cela tenait à deux choses. La première était que cette jeune fille représentait une fraîcheur et une gentillesse parfois évanouie au fond de ces galeries, et d’autre part, nous avions Ethan en commun. Il représentait certainement autant pour moi que pour elle, et je me demandai alors s’il lui avait parlé depuis son retour, depuis que tout allait si mal. Sans doute. Quelques secondes s’écoulèrent durant lesquelles je la fixai bêtement, ne sachant que répondre. J’avais beau éprouvé beaucoup de tendresse à son égard, je me voyais cependant mal lui raconter de but en blanc que j’étais homosexuel et que je ne parvenais pas à l’accepter, que j’avais embrassé un homme qui peut-être avait des sentiments pour moi en le rejetant par la suite et que maintenant il me haïssait. Non, je ne le pouvais pas. Alors j’haussai doucement les épaules, baissant les yeux sur le synthé. Ma voix se fit presque murmure.

« Je dois encore travailler Lilly… »

Sous entendant : va-t-en s’il te plait. Ce moment était le mien, mon répit solitaire et bien que je l’adore, Lilly était entrain de le gâcher. Lorsque je relevai les yeux vers elle, son expression ne me laissa aucun doute possible : elle n’était pas prête de partir. Lilly ne parlait certes pas, mais son visage n’en était que plus expressif. Il m’était très facile de deviner ses pensées alors que je l’observai, aisé de saisir à quel point elle se souciait de moi. Cela ne me fit pas plaisir, au contraire, j’aurais préféré que personne ne remarque mon état afin d’éviter de faire souffrir quiconque mais enfin, Lilly ne loupait jamais rien. Malgré sa jeunesse, je la connaissais mature et responsable et ainsi, avais une confiance absolue en elle, également lorsqu’il s’agissait de garder Lucy et Lucas. Aussi pensai-je que peut-être je pouvais lui parler afin de dissiper ses craintes, au moins. Je me levai alors et lui souris d’un sourire qui se voulait rassurant avant de ranger la chaise sous le bureau.

« Bon… J’ai quelques soucis en ce moment. Mais ça va passer, Lilly, ne t’en fais pas. D’accord ? »

Je lui souris un peu plus largement avant de lui demander :

« Comment se fait-il que tu sois ici avec moi, au lieu de manger avec les autres ? Aller file, je ne suis pas de très bonne compagnie ce soir. »

J’espérais qu’elle se lève et s’en aille relativement rassurée sur mon sujet. Je n’aimais guère la lueur de compassion qui naissait dans ses yeux et qui, tel un miroir, me renvoyait à mon propre malheur.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




Sadness & love aren't ephemeral... [Liam] Empty
MessageSujet: Re: Sadness & love aren't ephemeral... [Liam]   Sadness & love aren't ephemeral... [Liam] Icon_minitimeMer 27 Oct - 23:33

Oui, c’est vrai que j’avais été idiote de penser qu’en m’incrustant comme ça, Liam allait m’accueillir à bras ouverts puisque j’étais Lilly, l’innocence et la joie même de la communauté, que parce que j’étais mignonne et que je souriais tout le temps, ma présence n’allait pas le gêner. Ma naïveté me faisait penser des choses étranges, parfois. N’avais-je pas pensé quelques instants auparavant que si je sentais qu’il ne voulait pas me voir, je m’en irai ? Alors pourquoi étais-je encore assise sur son lit ? J’hésitai à me reprendre, à demander pardon et à m’éclipser aussi vite que j’étais apparue… C’est vrai que sur ce coup là, la politesse, ça n’avait pas vraiment été ça… Il devait encore travailler. Ouais, donc c’est à cet instant où j’étais censée me lever, lui faire un sourire, présenter mes excuses comme je le pouvais, et revenir le lendemain. C’était ce que quelqu’un de pas têtu aurait fait. Ce qu’on attendait de moi que je fasse. Sauf que du coup, j’étais curieuse et par ce qu’il entendait par « je dois travailler » et par ce que traduisait ce visage triste. Il devait bosser sur la musique que j’avais entendue, sans aucun doute – bien qu’à mon avis, le plus gros était déjà fait, et c’était magnifique comme ça. Mais je savais à quel point il était difficile de produire quelque chose à proprement parler en se sentant observer. Mais qu’est-ce qui m’avait pris de débarquer comme ça ? Comme si… comme si parce que je n’avais rien de vraiment spécial à me reprocher, je pouvais considérer toutes les portes comme m’étant ouvertes. Je ne veux pas dire que celle de Liam m’était fermée, bien au contraire, on s’appréciait beaucoup, mais je n’étais pas la bienvenue. Pas ce soir. Parce qu’il allait mal. Son sourire sonnait faut, n’importe qui aurait pu le constater. Et du coup, le mien se figea à son tour. Je ne sais pas de quel droit je me suis permise de rester là, ni même d’entrer d’ailleurs, mais je me suis dit qu’il était hors de question que je sorte de là avant de savoir. C’était plus fort que moi, c’était à la fois la curiosité qui l’emportait et le besoin de me sentir utile, d’être la confidente de quelqu’un.

« Comment se fait-il que tu sois ici avec moi, au lieu de manger avec les autres ? Aller file, je ne suis pas de très bonne compagnie ce soir. »

Je secouai la tête l’air de dire « je n’y vais pas maintenant, j’attends le prochain service », mais il aurait pu interpréter ça comme « non, je reste, et tu es de très bonne compagnie ». En fait, c’est exactement ce que je voulais dire… Hum. Ouais. N’empêche que ce hochement de tête n’était pas suffisant. Je lançai un bref sourire tandis que j’essayais de glisser la main dans la poche arrière de mon jean, là où j’avais placé un dessin plié en quatre qu’un des enfants m’avait offert dans l’après-midi, avant de prendre le crayon à papier dans la poche de devant – j’avais également du le prendre plus tôt sans vraiment y faire attention. Je retournai la feuille froissée et me servis de ma cuisse pour y écrire quelques mots. Désolée de taper l’incruste comme ça, j’aurais du demander avant d’entrer. Mais tu verrais ta tête… Tu peux me parler, tu sais. Je ne sais pas si tu en as beaucoup eu l’occasion ces derniers temps. Je me redressai et tendis la face où mes mots étaient à présent écrits à Liam, avec un léger sourire. Plus question de partir, maintenant (en avais-je seulement eu l’intention ?), Liam n’avait plus qu’à s’assoir à côté de moi, sur son lit, et vider son sac. De toute façon, je n’étais pas celle qui allait se dépêcher de tout répéter à tout le monde une fois sortie de la chambre, je voyais bien que quelque chose d’important le tracassait. Je n’insistais pas parce que je voulais absolument être la première à détenir un scoop, mais je faisais ça parce que… je ne pouvais pas m’en empêcher. Quelqu’un allait mal, alors je devais comprendre ce qui se passait, je devais écouter et consoler dans la mesure du possible. Je ne pouvais pas parler, alors écouter les gens était l’une des meilleures choses dont j’étais capable. Ce n’était pas si mal, en fin de compte. On pouvait parler sans crainte d’être interrompu, et un rien m’intéressait. Je ne dis pas que je serais allée écouter deux grands-mères discuter potins, mais c’était comme quelque chose de vital que d’être la confidente de quelqu’un. Peut-être que cela venait du fait qu’étant petite, j’avais très peu d’amies, puisque je ne parlais pas.

C’est en grandissant – et avec le soutien de mon père – que je suis parvenue à surmonter et à assumer parfaitement mon handicap. Peut-être qu’en effet, ça venait de là mon besoin de me faire remarquer auprès des autres, de leur montrer que je pouvais être utile même en étant muette. Ça me permettait de ne pas me sentir seule, et j’avais la satisfaction d’avoir aidé quelqu’un, puisque j’étais moi-même incapable de m’exprimer à voix haute, obligée de passer par les regards, les mots écrits… Quand j’ai commencé à grandir, j’avais besoin de parler, beaucoup plus que lorsque j’étais enfant, j’avais besoin de raconter ce que je ressentais. Alors je dessinais, j’écrivais… Et mon père était là pour me soutenir, me rappeler que ce n’était pas grave, qu’il n’y avait pas que la parole pour vivre. Qu’au lieu d’en pleurer, je ferais mieux d’apprendre à vivre avec. Ce que j’ai fait. A défaut de pouvoir me confier aussi facilement, j’invitais les autres à le faire. Même si, une fois de plus, ce n’était que temporaire. Liam n’allait pas sauter de joie et voir la vie en rose dès que j’aurais franchi la porte en lui disant au revoir, c’était certain, mais peut-être qu’il se sentirait mieux. Juste un peu. Ça pouvait suffire. Même si j’étais pleinement consciente que ses histoires ne me regardaient pas. Même si je voyais que ce soir n’était pas le bon soir, que je le dérangeais. Même si on s’appréciait beaucoup. Cependant, j’étais une jeune fille têtue, et j’avais décidé de ne pas partir avant d’avoir écouté ce que Liam avait sur le cœur. Je le connaissais plus ou moins bien, disons que j’en savais assez sur lui pour savoir qu’il n’était pas du genre à se mettre dans une colère noire et à me virer de sa chambre à coup de pied aux fesses. Quoi que, il faut toujours se méfier du chat qui dort. C’est bien ça l’expression ? Peu importe. Liam, c’était un peu un Bisounours. Il n’était pas impliqué dans toutes les grandes histoires de la Communauté, il était plus du genre à vivre la sienne, de son côté. Et il fallait voir comment il s’occupait des jumeaux… Comme s’ils étaient les siens. C’étaient les siens, en quelque sorte. Il réagissait de la même façon qu’un père avec eux, il réagirait de la même façon si on venait à les lui enlever. Mais ce soir, Liam avait un coup de blues. Alors, non, ça ne me regardait pas, mais si, quand même un peu puisque j’étais son amie, mais je ne pouvais pas le laisser comme ça. Alors il allait me déballer tout ça. Je ne le lâcherais pas, de toute façon.
Revenir en haut Aller en bas
Liam Marsden
In love with JUDASLiam Marsden


Messages : 130
Date d'inscription : 06/07/2010
Age : 44
Localisation : Elizabeth Town

Sadness & love aren't ephemeral... [Liam] Empty
MessageSujet: Re: Sadness & love aren't ephemeral... [Liam]   Sadness & love aren't ephemeral... [Liam] Icon_minitimeVen 29 Oct - 16:43

[ HJ : MDR : non, l'expression c'est pas " se méfier du chat qui dort", mais de l'eau qui dort. Remarque c'est bien avec le chat aussi. T'es grave. big smile ]

Sincèrement, il était vrai que j’aurais largement préféré écoper de ma peine seul, dans cette atmosphère de doute et de remise en question car elle était tout à fait propice à la création. Après tout, les plus grands artistes n’avaient ils pas profités de leurs malheurs pour nous offrir leurs plus belles œuvres ? D’accord je n’étais pas un virtuose du piano mais cette ébauche de mélodie me paraissait intéressante, à mon échelle. De toute manière je n’étais jamais parvenu à composer en la présence de quelqu’un, mis appart Natacha qui m’aidait à l’occasion. Ses connaissances étant tout aussi importantes que les miennes puisque nous jouions autrefois ensemble, notre collaboration musicale s’était souvent révélée prometteuse. Il y avait aussi les fois où elle posait simplement sa main sur mon épaule pour me signifier que ça n’allait pas, que ça sonnait faux et je l’écoutais. Elle était douée, bien plus que moi et ce même si le violon était son seul domaine acquit. Maintenant que je me retrouvais totalement seul, il aurait été nécessaire de pouvoir mettre à profit ces rares moments afin de terminer mon ouvrage. Je n’en voulais cependant pas à Lilly, comment aurais-je pu lui en vouloir après tout ? Il était vrai qu’en ce moment je ne m’impliquais guère dans la vie de la Communauté, préférant me retirer et laisser aux autres le bon loisir de s’enflammer. Je n’ai jamais aimé les conflits, et ne m’y suis jamais impliqué outre mesure. Ma neutralité n’allait certainement pas s’envoler maintenant, surtout alors que j’avais d’autres choses à penser. J’étais au courant de ce qui se passait, mais personne ne venait rien me demander et il en était mieux ainsi. Si quelqu’un avait besoin de moi, si quelqu’un nécessitait mon soutient ou me demandait de monter mon désaccord, je l’aurais envoyé sur les roses. Moi, je ne faisais pas partie des histoires et je tenais particulièrement à ne pas me faire déranger sous tous les prétextes. Et après tout, qu’est ce que j’aurais pu dire ou faire ? Je n’étais pas allé voir Katarina à son retour car je n’en avais pas eus le temps, j’avais à peine parlé à Ethan qui très visiblement m’évitait. Ou bien évitait il tout le monde, je n’aurais guère su le dire. En tout cas il était vrai que ces derniers temps nous avaient beaucoup éloignés, sans que je ne sache réellement pourquoi. Depuis que sa femme avait été enlevée, mon meilleur ami faisait comme si je n’existais plus et je m’en rendais seulement compte à présent. Je me demandai alors si il en était de même pour Lilly, mais m’abstint de poser la question alors que je la vis sortir un morceau de papier de sa poche, ainsi qu’un crayon.

Son handicap semblait être un problème dompté, apprivoisé puisque je n’avais jamais vu Lilly gênée ou mal à l’aise à cause de ça. Elle se débrouillait toujours pour communiquer, que ce soit par les gestes ou les écrits et au final, tout le monde la comprenait. Il suffisait d’être attentif. Elle finit par me tendre sa feuille, un sourire étirant mes lèvres lorsque j’eus fini de lire ses mots. Je savais que je ressemblais à un mort vivant, oui, mais il était agréable au fond que de voir que quelqu’un faisait attention à moi. Ce n’était même pas surprenant au final, Lilly était une personne altruiste, et très attentive aux réactions et humeurs des autres. Peut-être était-ce parce qu’il lui était impossible de parler, mais en tout cas son écoute était précieuse. Nous nous aimions bien, je crois. Nous avions ce genre de relation simple mais pourtant sincère, et ce bien malgré notre différence d’age. Après tout nous avions une bonne quinzaine d’années de différence, mais cela importait peu. C’était une gentille fille qui s’occupait souvent de mes enfants alors, il est parfois arrivé que nous discutions de longs moments tout les deux, juste pour le plaisir. Je n’étais pas extrêmement bavard mais puisqu’elle ne parlait pas, j’essayais de combler les vides. Ca faisait du bien parfois, discuter de tout et de rien avec quelqu’un qui nous écoute tout de même. Et puis Lilly était adorable, là n’était pas la question. Le maigre sourire qu’elle m’adressa lorsque je relevai les yeux vers elle amplifia un peu plus le mien, qui était cependant teinté de tristesse. Elle me faisait sourire, oui, mais pas oublier. Alors mes doigts coururent sur le dossier de la chaise, avant de je ne lui rende sa feuille. Je ne savais pas trop quoi dire ou faire alors, je décidai de jouer la carte du « je ne vois pas du tout de quoi tu parles », même si j’étais certain que Lilly ne se laisserait pas prendre au jeu. On pouvait toujours essayer, au moins. J’affectai de retirer les nuances de tristesse de mon visage et dis d’une voix presque sereine :

« Oui je sais, j’ai l’air d’un mort vivant mais crois moi, tout baigne. Rien de grave, tu sais. Des petits tracas du quotidien, on en a tous des comme ça. Hein ? »

Mon sourire s’effaça lorsque je vis son visage déterminé et contraint. Elle n’avait pas l’air de gober un seul de mes mots et semblait bien décidée à m’arracher les vers du nez. Sauf que c’était peine perdue, je ne comptais absolument pas dévoiler quoi que ce soit de ce qui me tiraillait. Après tout, pourquoi l’aurais-je fait ? Oui j’aimais bien Lilly, mais ça s’arrêtait là. Je n’avais aucune envie de lui expliquer tout depuis le début, pour enfin finir sur l’épisode de la cuisine et parler de Samuel. Je ne voulais pas l’impliquer non plus. Et puis mis appart Ethan que je considérais comme mon frère, je n’avais été capable de parler à personne de mon homosexualité. Et encore, j’avais eu énormément de mal ce jour là, qui demeurait douloureux dans ma mémoire. Alors en parler à Lilly, à une adolescente de 17 ans qui gardait mes enfants… Non, vraiment, je ne me voyais pas faire ça. Ce n’était pas sa jeunesse, ni son handicap, ni quoi que ce soit d’autre que ma gêne qui me retenait. Ethan me connaissait mieux que quiconque, il savait énormément de mon passé et c’était bien le seul auprès duquel je m’étais à ce point confié. Lilly, elle, ne savait rien. Elle ne savait ni pour Natacha, ni pour mon enfant, ni pour mon alcoolisme… Non, elle ne connaissait pas mon histoire. Tout ce qu’elle savait de moi était ce que je voulais bien montrer depuis mon arrivée ici : Un homme sympathique, discret, qui aide lorsqu’on a besoin de lui et se tient à l’écart le reste du temps. Un homme qui s’emploie essentiellement à éduquer ses enfants adoptifs et prêter main forte aux leaders. Un homme correct, en somme. Sauf que ce n’était qu’une bien jolie façade. A l’intérieur j’avais beaucoup à me reprocher, tellement de sujets qui m’écartelaient et dont elle ignorait tout. Je finis par me laisser tomber à côté d’elle en soupirant. Il fallait qu’elle s’y fasse, je ne dirai pas un mot. Je la regardai un instant en haussant les sourcils, le regard interrogateur mais toute fois doux. Puis je demandai :

« Je suppose que tu ne me laisseras pas tranquille avant de connaître toute l’histoire ? »

Elle secoua vivement la tête et moi, je ne pu m’empêcher de soupirer de nouveau. Qu’est ce que j’allais bien pouvoir faire pour m’en débarrasser ? Ce n’était pas contre elle, mais le moment était vraiment mal choisi. Je réfléchissais à toute allure, cherchant quelque chose de suffisamment probable à lui dire pour qu’elle me laisse tranquille avant de lâcher, subitement :

« Tu m’as déjà vu avec une femme, Lilly ? »

La réponse était bien évidemment non. Alors, peut-être que sans rien avoir à lui dire, elle allait comprendre. Peut-être qu’alors elle se rendrait compte de la délicatesse de la situation et s’en irai… Peut-être.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




Sadness & love aren't ephemeral... [Liam] Empty
MessageSujet: Re: Sadness & love aren't ephemeral... [Liam]   Sadness & love aren't ephemeral... [Liam] Icon_minitimeVen 29 Oct - 23:49

[Hj : Je me disais aussi que ça sonnait bizarre xD. Mais l'eau, ça peut pas dormir ! Mon expression elle est quand même plus sensée. Même si un chat qui dort pas, c'pas vraiment méchant... BREF, il est tard, je m'enfonce, je me tais. ^^']

« Oui je sais, j’ai l’air d’un mort vivant mais crois moi, tout baigne. Rien de grave, tu sais. Des petits tracas du quotidien, on en a tous des comme ça. Hein ? »

Tout baigne, hein ? Oh oui, ça se voyait. Bon, après tout, c’était sans doute vrai. Les tracas du quotidien, ça pouvait bien causer une allure de zombie, et puis c’était aussi peut-être parce qu’inconsciemment, je voulais qu’il y ait quelque chose. Je voulais qu’il y ait réellement quelque chose qui tracasse Liam pour me prouver que j’avais vu juste, que je ne m’étais pas trompée. Mais en y réfléchissant, il y avait forcément un problème plus grave que de simples tracas quotidiens. Cette mélodie jouée au piano (que j’adorais totalement, même si je n’en avais perçu qu’un morceau et qu’il restait quelques modifications à y apporter), elle reflétait bien plus de tristesse que celle qu’on pouvait éprouver à cause de quelques soucis si peu importants. Je connaissais Liam, je… je… ne connaissais pas Liam. Enfin si, mais non. Pas comme il aurait eu besoin qu’un ami le connaisse. Je veux dire par là qu’à cet instant précis, je me suis rendue compte que je connaissais rien de Liam, à part bien sûr ce que tout le monde savait de lui : sa douceur, sa gentillesse, son altruisme, sa discrétion. Son passé ? Je n’en avais strictement aucune idée. Qu’avait-il vécu ? Etait-ce un passé heureux ou douloureux (bon ok, en même temps, des passés complètement heureux, je n’en connaissais pas beaucoup) ? Quelle avait été son histoire ? Il était vrai que je ne m’étais jamais vraiment posé la question, ou alors, ça ne m’avait pas perturbé jusqu’à aller le harceler comme j’étais en train de le faire. Les personnes dans la communauté qui devaient le connaître à ce point là étaient sans aucun doute peu nombreuses. Il y avait Ethan, c’était quasiment sûr. Un des points communs entre Liam et moi : notre amitié profonde envers Ethan. Je savais que les deux hommes se considéraient un peu comme des frères, et j’étais la petite sœur de cœur d’Ethan, et réciproquement (il était mon grand frère, pas ma petite sœur, du coup), et puis, pourquoi Liam serait-il venu vers moi pour me raconter son passé, que ce soit en détails ou non ? Il avait déjà du mal à cracher le morceau, là, alors je ne me faisais pas d’idées pour le reste. C’est vrai, j’étais une adolescente de dix-sept ans, donc par définition, beaucoup moins apte à comprendre, à être celle à qui on confierait ses plus grandes peines et douleurs. Du point de vue de Liam, ou de n’importe qui d’autre. Avec Ethan, ce n’était pas pareil, même si ces derniers temps, il semblait s’éloigner de moi… C’était vrai que ça n’avait pas été de tout repos entre le couple Jones ces derniers temps, ni même au sein de la Communauté entière, et ça n’était pas vraiment nouveau : étant enfermés jour après jour, les tensions ne pouvaient que se créer. Mais même si je refusais de le voir pour le moment, j’étais bien obligée d’admettre qu’Ethan et moi n’étions plus aussi proches. Ça me faisait peur, d’un côté, mais officiellement, techniquement, rien n’avait changé. J’espérais juste que ça ne soit qu’une courte période de floue, et que cela n’allait pas s’aggraver.

Pour en revenir à Liam, non, je ne savais pas grand-chose de lui. Je ne pouvais pas prétendre le contraire et lancer « Eyh, je te connais, ça va, tu peux tout me dire ! ». Même si c’était un peu ce que j’étais en train de faire… Non. Il y avait quand même une différence entre ça et ce qui se passait en réalité. De un, je n’avais encore pas prétendu tout savoir de lui. De deux, il ne pouvait pas tout me dire non plus, et c’était normal. On s’aimait beaucoup, mais il y avait quand même une différence d’âge importante entre nous, une différence de monde, de longueur d’onde. De trois, tout ce que je voulais, c’était l’aider, le soulager un peu. Il allait mal, et ça se voyait, ça se ressentait, que ce soit dans sa façon de regarder son interlocuteur, de parler, ou même de jouer du piano. On ne pouvait pas pondre quelque chose d’aussi beau, d’aussi poétique, d’aussi mélancolique sans avoir un sentiment profond à retranscrire à travers ces notes. Je n’étais peut-être pas le cerveau de l’histoire, mais ça, je pouvais le deviner.

Au bout de quelques instants, il finit quand même par s’asseoir à côté de moi. Je me redressai vivement et me redirigeai mon regard vers lui. C’était un bon début. Un très bon début. Non, je n’allais pas le laisser filer. Je savais que je n’avais rien à faire là, mais j’étais bornée comme… comme… je ne crois pas qu’il y ait d’expression avec « borner », en fait. Je notai intérieurement sur ma liste de choses à faire : « Réviser les expressions. », et reportai aussitôt toute mon attention sur Liam. Donc, en effet, bornée comme j’étais, je n’allais de toute façon pas bouger de là. Mais ça, c’était décidé depuis que j’étais entrée dans la pièce. Je voulais savoir en effet toute l’histoire. Ou au moins le principal. Ce qui le tourmentait, quoi.

« Tu m’as déjà vu avec une femme, Lilly ? »

La question était tellement inattendue que je ne pus m’empêcher d’ouvrir de grands yeux de surprise, mon sourire disparaissant malgré moi. Pourquoi me demandait-il ça ? Qu’est-ce que ça avait à voir avec… Ah, si, en fait, ça avait tout à voir avec l’histoire. Mes neurones ne furent pas longs à relier le tout, même s’il m’en manquait une grande partie pour tout comprendre – la partie explications. Une histoire de cœur. Bah oui, forcément, vous avez déjà vu quelqu’un se mettre dans un état pareil si ce n’est pour de l’amour ? Mais… Ce n’était pas quelque chose d’anodin, ce que Liam était en train de me dire, là. « Tu m’as déjà vu avec une femme ? » Qu’est-ce qu’il voulait dire par là ? Cela signifiait-il que le chagrin suite à la perte de la femme de sa vie – si femme de sa vie il y avait eu – remontait à la surface ? Ou étais-je complètement à côté de la plaque ? Lentement, pour lui montrer que je ne suivais pas très bien, je secouai la tête de gauche à droite, ne faisant qu’un aller-retour. Mais à voir son regard, ce n’était pas aussi simple. Simple n’était même pas le bon mot approprié. Non, le sens de sa question n’était pas là, c’était encore autre chose. « Tu m’as déjà vu avec une femme ? » Et puis là, ça fit tilt, enfin. « Une femme ». Liam ne parlait pas de son amour perdu (ou peut-être que si, quelque part, mais je n’en savais rien du tout), mais d’une information différente. Mon cœur se mit à faire des bons impressionnant dans ma poitrine, mais c’était plutôt du à la surprise qu’au choc. Tellement surprise que pendant un instant, mes lèvres formèrent un rond comme si j’allais prononcer « tu » et continuer ma phrase, j’en oubliai pendant une demi-seconde que j’étais muette. Sans le quitter des yeux, je cherchais ensuite à tâtons ma feuille et mon crayon que je saisis de façon énergique, et je griffonnai quelques mots rapidement. Relevant le regard vers lui, je lui tendis le verso du dessin d’enfant plus lentement, comme si nous redoutions tous deux l’instant où il poserait les yeux sur mes mots. Comme si je redoutais le moment où il confirmerait – parce qu’il allait confirmer, il m’avait fait mettre le doigt dessus, et c’était au fond ce que j’avais cherché à obtenir. Je ne m’étais pas attendue à ça.

Tu es homosexuel, c’est ça ?

Ou Lilly et sa délicatesse insoupçonnée.

Ça ne me choquait pas. Enfin si, bien sûr, mais pas dans le sens homophobe – je n’avais jamais eu de telles pensées ou propos dans cette idée – j’étais choquée dans le sens où ça surprenait. Et en même temps, je ne pouvais pas admettre que c’était tout. Ce que je veux dire par là, c’est que ce n’est pas en découvrant le fait que notre orientation sexuelle n’est pas forcément celle à laquelle on aurait pensé être qu’on va se mettre à composer de telles mélodies – de telles magnifiques mélodies. Non, ça, ce n’était que le début. Mais rien que ça, ça pouvait à la limite justifier sa tête d’enterrement, par rapport aux jumeaux, ou même le regard des autres au sein de la Communauté, ou juste par rapport à lui-même. Surtout par rapport à lui-même. Surtout que bon, les autres, on s’en fout un peu. Dans un cas comme ça. Je ne me foutais pas des autres. Juste de leur jugement. Je ne jugeais pas Liam (je n’en avais d’ailleurs aucun droit), et je ne comptais pas le faire. Je me doutais aussi qu’une telle révélation, il n’avait pas du la faire à tout le monde, et que même si j’avais un peu poussé la chose, il ne me l’aurait pas confiée s’il n’avait pas un minimum confiance en moi. Et j’en étais flattée, d’un côté. De l’autre, je lisais cette lueur dans son regard, et je ne savais pas vraiment comment réagir. Disait-il cela pour que je parte, croyant me faire fuir ? Ou au contraire, s’était-il convaincu que c’était le moment de se confier ? Ou pas. J’étais peut-être encore totalement à côté de la place. Je ne savais pas quoi faire. Déjà que je n’avais (une fois de plus) pas été très délicate avec mon « T’es homosexuel, c’est ça ? », mais j’avais aussi besoin d’en savoir plus. Il n’y avait pas que ça. Le regardant droit dans les yeux, je lâchai un soupir avant d’hausser les épaules l’air de dire « Et alors ? Qu’est-ce qu’il y a ensuite ? ». Non, je n’allais pas déguerpir. De toute façon, il en avait soit trop dit, soit pas assez.
Revenir en haut Aller en bas
Liam Marsden
In love with JUDASLiam Marsden


Messages : 130
Date d'inscription : 06/07/2010
Age : 44
Localisation : Elizabeth Town

Sadness & love aren't ephemeral... [Liam] Empty
MessageSujet: Re: Sadness & love aren't ephemeral... [Liam]   Sadness & love aren't ephemeral... [Liam] Icon_minitimeSam 30 Oct - 11:27

Au fond la peur qu’elle comprenne immédiatement était rongeante, malgré tout. D’un côté la manière la plus simple pour moi de l’informer de mon « état » sans lui en dire un mot ou presque était certainement de le lui faire deviner, simplement. Sauf que le résultat ne présenterait aucune différence : Elle saurait. Même si de mon point de vue, expliquer ce genre de chose à une personne si peu proche de moi me dérangeait. Enfin, c’était relatif. Lilly et moi étions proches dans le sens où chacun pouvait compter sur l’autre, dans le sens où nous nous faisions mutuellement confiance et où nous savions que nous pouvions nous parler librement. Ceci dit nous n’avions jamais abordé de sujet aussi délicat, aussi personnel et je ne savais pas très bien comment m’y prendre. Avec Ethan déjà, tout s’était montré d’une difficulté quasi insurmontable, et s’il ne m’avait pas poussé à tout lui dire je ne sais pas s’il serait réellement au courant de toute l’histoire. Mais Ethan était comme un frère, mon meilleur ami. Il connaissait tout ou presque de moi et l’inverse était sûrement tout aussi vrai, quoi que ces derniers temps… En tout cas il y avait une différence de taille entre Ethan et Lilly. Cette divergence ne tenait ni à leur age, ni à leur sexe, ni même à leur statut, mais tout simplement au fait que l’un connaissait l’histoire du début, et l’autre non. En admettant que la jeune fille qui me faisait face trouve ce dont il s’agissait, elle ne comprendrait certainement pas à quel point cette révélation me serait douloureuse car elle n’avait aucune idée de mon deuil. Elle n’imaginait sans doute même pas que je puisse avoir été presque marié, et presque père. L’horreur provoquée par la perte de ces deux rêves devait également lui échapper, et au fond elle en était chanceuse. Lilly semblait totalement perdue suite à ma question, ce qui me soulagea premièrement. Elle ne savait pas. Seulement je voyais bien que dans sa tête tout allait très vite, qu’elle réfléchissait et retournait dans tous les sens cette question si simple en apparence. Oui Lilly, il y a un sens caché mais, sauras-tu le déceler ? Et si non, que ferais-je ? Je supposais alors que la guider vers une histoire inventée de toute pièce aurait été la meilleure solution. J’ai perdu ma femme dans la guerre, c’est notre anniversaire de mariage, blablabla. Sauf que mentir d’une telle façon m’était désagréable et que je ne m’en sentais pas la force. Alors je ne savais pas, nous verrons bien.

Elle secoua doucement la tête de droite à gauche, toujours aussi perplexe. Que pouvais-je lui dire ? Je perdais tous mes moyens, me transformais en une plaque visqueuse, gluante au sol, fondant sous l’assaut du regard interrogateur de mon interlocutrice. Soudainement, ses yeux s’élargirent et sa bouche bougea, comme si elle s’apprêtait à m’interroger de vive voix alors que, comme nous le savions tous, elle était muette. Dès lors je fus persuadé qu’elle avait comprit, et elle devait être sacrément choquée pour en oublier ainsi son handicap, l’espace d’une seconde. Sans me quitter des yeux, elle chercha à tâtons à feuille afin d’y griffonner cette révélation, cette ultime affirmation qui allait tout faire basculer. Que me dirait-elle ? S’en irait-elle parce que je n’étais pas hétérosexuel et qu’elle craignait les gays ? L’homo phobie était une chose à laquelle je devrais certainement m’habituer, mais je n’étais absolument pas près à subir ces regards dédaigneux, ces murmures dans mon dos. Je n’étais pas près à assumer ma sexualité, de toute manière, et savoir qu’une personne que j’appréciais allait peut-être me tourner le dos à cause de ça me fit subitement mal. Mal, comme j’avais eu mal lorsque Ethan s’était enfuit de ma chambre sans un mot après que je lui ai annoncé. Mal, comme j’avais eu mal lorsque Samuel m’avait regardé avec haine après que je l’ai repoussé. Oui j’allais avoir mal, atrocement mal mais ce n’était peut-être qu’un début et il faudrait tôt ou tard que je me forge une carapace. La promesse était faite, et devais tenir : Je voulais être heureux. Si cela passait par un endurcissement, j’abdiquerai. Lilly trouva enfin sa feuille, son crayon, et y écris ses mots d’une manière plus énergique, quasi frénétique. Bon… Inutile de dire à quel point cela me mettait mal à l’aise, à quel point son regard était gênant et sa soudaine excitation déconcertante. Ce fut la première fois où j’aurais réellement souhaité qu’elle ne fût pas muette pour que tout cela aille plus vite, que ça se finisse. Mais c’était ainsi, elle lorsqu’elle me tendit enfin la feuille maudite, nos regards exprimaient la même appréhension.

Mes yeux glissèrent à une vitesse étourdissante sur ses mots. Mon cœur eut un raté, je fermai les yeux une seconde. Elle m’observait, je le sentais, mais j’étais incapable d’effectuer le moindre geste. Doucement, je rouvris les yeux, laissant vagabonder mon regard sur le sol. Même si ce n’était pas nécessaire car mon attitude me trahissait, je finis par hocher presque imperceptiblement la tête, quelque peu honteux. Oui, j’étais homosexuel. Et Lilly était à présent au courant. Elle aurait pu s’en aller sur le champ comme Ethan l’avait fait, je ne lui en aurais pas voulu. Après tout j’avais moi-même mis de longs mois à accepter cette défaillance alors un refus de la part des autres aurait été compréhensible. Douloureux, certes, mais compréhensible. Seulement les secondes passaient, et Lilly ne bougeait pas. Pas d’un centimètre. Alors, lentement je relevai les yeux vers elle et osai plonger mon regard dans le sien. Je n’y lu pas de haine, pas de peur ni même de dégoût. Elle semblait surtout curieuse, comme si quelque part elle sentait que ce n’était pas tout. Ce n’était pas tout, en effet, mais qu’allais-je lui dire d’autre ? Cela ne suffisait-il pas ? En y réfléchissant je compris qu’elle ne se doutait peut-être pas que cela était tout neuf, qu’avant j’aimais les femmes. Enfin, j’en ai surtout aimé une seule. Ma femme. Et maintenant ? Je ne savais pas quoi faire, ni quoi dire. Lilly était une vraie tête de mule lorsqu’elle s’y mettait, la preuve en était. Elle n’allait certainement pas me lâcher avant de ne m’avoir fait cracher le morceau, tout le morceau. Seulement il me serait difficile de lui faire deviner tout le reste alors, il fallait que je prenne mon courage à deux mains. De toute façon, je n’étais pas certain d’avoir le choix. Oui, j’aurais pu lui ordonner de partir puisque après tout nous nous trouvions dans ma chambre et j’étais plus âgé qu’elle, ayant donc un peu plus d’autorité mais ce n’était pas mon genre. Jamais je n’avais chassé quelqu’un de la sorte et je ne comptais pas m’y mettre maintenant alors, autant tout avouer. J’avais l’impression d’avoir commis un crime, mais après tout, ce n’était pas totalement faux. Un crime moral. C’est à ce moment qu’elle soupira avant d’hausser les épaules, comme si elle ne voyait pas où était le mal. C’était un moins ça de prit, elle n’allait pas me cracher dessus et courir dire à tout le monde que je méritais le bûcher.

Je soupirai à mon tour, me frottant un instant le visage avant de me tourner totalement vers Lilly pour lui faire totalement face. Je réfléchis une seconde avant de dire d’une voix lente, calme mais visiblement fatiguée :

« C’est très récent Lilly. Je ne suis pas homosexuel depuis des années, seulement quelques mois et… J’ai peur. Je sais que ça peut paraître complètement stupide mais je ne sais pas comment l’accepter. Ca me tombe dessus comme la misère sur le monde et moi… Moi je dois faire avec. Alors… Lorsqu’un homme m’approche, je le repousse…Je lui fais du mal…Alors qu’au fond, j’ai envie d’être avec lui… »

Samuel. Son prénom me brûlait les lèvres mais je ne désirais pas le donner à Lilly afin de ne pas l’impliquer. Je ne voulais pas que ma faiblesse lui porte préjudice. Finalement, j’avais révélé beaucoup de chose alors, je lui souris avec lassitude avant de murmurer :

« C’est bon ? Tu as finis l’interrogatoire ? »

Il ne fallait pas qu’elle le prenne mal mais je ne supportais plus son regard interrogatif, curieux, compatissant. Tout ça me donnait la nausée.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




Sadness & love aren't ephemeral... [Liam] Empty
MessageSujet: Re: Sadness & love aren't ephemeral... [Liam]   Sadness & love aren't ephemeral... [Liam] Icon_minitimeSam 30 Oct - 18:18

Liam avait peur. Il avait peur de ce qu’il était devenu, parce que ça lui été tombé dessus sans qu’il ne demande quoi que ce soit. Ç’avait été un choc pour lui, bien plus que je ne pensais l’imaginer. Parce que je ne savais pas ce qui se cachait derrière ça, je ne savais rien de son passé, de ce qui faisait que c’était si douloureux. Non, en effet, je ne l’avais jamais vu avec une femme, pas dans ce sens là, mais je n’y avais jamais fait attention. Les célibataires, au sein de la Communauté, il y en avait un paquet, notamment suite aux bombardements. Et puis comme il n’en parlait pas, je n’allais pas aller en parler non plus. Mais Liam avait visiblement surtout peur de faire du mal aux autres… à un autre. Il avait parlé d’un homme. C’était donc ça… Mais de quoi avait-il peur au juste ? S’il le repoussait alors qu’il voulait être avec lui, c’était assez contradictoire, et ça le torturer bien plus qu’autre chose. Ah mais oui, mais ledit homme n’était peut-être pas du même bord. D’où le rejet, et la torture mentale. D’où la composition au piano.

« C’est bon ? Tu as finis l’interrogatoire ? »

Vu son expression, il en avait assez. Il ne voulait pas me vexer ni quoi que ce soit, mais il en avait assez que je le harcèle de la sorte. Là, c’était le moment où je levais mes fesses de son lit et où je sortais de la pièce, seulement, j’en savais beaucoup trop pour me permettre de le laisser en plan. Pas comme ça, pas après ce qu’il venait de m’avouer. J’avais encore énormément de choses à savoir, notamment sur ce qu’il ressentait vis-à-vis de l’homme qui le mettait dans cet état – voire même carrément me renseigner sur son identité, mais je voyais bien que je l’embêtais. J’aurais peut-être du l’écouter un peu plus tôt et filer dès le début. Je serais revenue le lendemain, et j’aurais une fois de plus tenté de lui arracher les vers du nez. Mais j’étais restée, j’étais là, en face de lui, à me demander comment réagir. Aucun ami ne m’avait encore fait un tel aveu (et j’avais eu droit à toutes sortes de choses durant ces dernières années), et je ne savais pas quoi « dire », pas quoi faire. Le prendre dans mes bras et lui assurer que tout irait bien ? Formule toute faite, de secours, que les gens prononcent sans même être pleinement conscient de la situation. Ou ne veulent pas être conscient. Qu’est-ce qui irait bien ? Liam ? Il n’allait pas bien, il faisait une tête d’enterrement parce que sa vie avait pris une direction totalement différente que celle à laquelle il avait pu s’attendre (du moins, j’imagine). Et j’étais loin d’avoir de l’expérience dans la matière – niveau amour, j’avais eu quelques petits copains avant l’éclatement de la guerre, mais rien de sérieux, vous vous en doutez bien, donc tout ce que je pouvais savoir à ce sujet, je l’avais appris en écoutant les autres. Et j’en ai appris beaucoup. Certainement pas assez, mais un peu quand même. Bref, tout ça pour revenir au fait que je n’avais pas fini l’interrogatoire. Qui n’en avait jamais vraiment été un puisque je n’avais pas tout à fait posé de questions. Je voulais évidemment en savoir plus. Mais lui n’avait pas envie de m’en dire d’avantage. Seulement, vu l’état dans lequel il était, il aurait pu me dire n’importe quoi que je serais quand même restée. Je voulais simplement l’aider, le soulager de ce poids, ne serait-ce qu’un minimum. Je voulais le voir sourire avec un peu plus de sincérité qu’il n’en avait eu jusqu’à présent. Mais je ne pouvais pas le forcer à me parler, j’en avais déjà assez fait, tout comme je ne pouvais pas me lever, lui faire un signe en guise d’au revoir et partir de cette façon. Je n’en avais même pas envie. Je ne cessai de le regarder, mais n’osai pas lui poser plus de questions, même si elles me brûlaient les lèvres. Façon de parler, bien sûr. Haha.

Et puis le silence commença à devenir embarrassant. Je ne pouvais pas faire grand-chose contre ça, mis à part réécrire sur ma feuille de papier pour l’inviter à m’en dire encore plus, au risque de l’énerver pour de bon et de me faire jeter. Mais c’était pourtant ce que j’allais faire. Me ressaisissant, je baissai la tête et repris doucement le dessin et mon crayon, mais pris cette fois-ci la peine de choisir mes mots. Je comprends… Bon, ok, peut-être pas autant qu’il le faudrait, mais je visualise en gros la situation. Tu comptes faire quoi ensuite ? Par rapport à lui ? Tu ne peux pas rester là à te morfondre et à faire passer tout ce que tu ressens dans ton piano – même si c’est magnifique ; il faut que t’ailles le voir. Et je m’arrêtai là pour l’instant, on ne savait jamais.

« Il faut que t’ailles le voir. » Bah oui, forcément, c’était si simple ! Il l’aimait, alors par définition, il devait aller se planter devant lui et lui déclarer sa flamme, peu importe les conséquences, peu importe le fait de savoir si l’autre était hétéro ou non. Parce que des conséquences, il y en aurait forcément, ne serait-ce que pour le quotidien de Liam et de ses enfants. Pour le quotidien de celui qu’il aimait. Et c’était peut-être ça qu’il entendait par « j’ai peur. ». Il ne savait pas comment réagir, comment faire face à cette situation, et moi, tout ce que je trouvais à dire, c’était « C’est simple, vas-y, fonce ! ». Atterris, Lilly. Ici c’est la réalité, pas les contes de fées.
Revenir en haut Aller en bas
Liam Marsden
In love with JUDASLiam Marsden


Messages : 130
Date d'inscription : 06/07/2010
Age : 44
Localisation : Elizabeth Town

Sadness & love aren't ephemeral... [Liam] Empty
MessageSujet: Re: Sadness & love aren't ephemeral... [Liam]   Sadness & love aren't ephemeral... [Liam] Icon_minitimeDim 31 Oct - 13:59

J’aurais voulu qu’elle dise quelque chose, ou fasse quelque chose à la rigueur. J’aurais voulu qu’elle se lève, me gifle, ou m’incendie d’une quelconque façon. J’aurais aimé une réaction un peu plus prononcée que celle qu’elle abordait, de toute évidence dans le but de ne pas m’affoler ou me faire de mal. Avait-elle pitié ? Je n’aurais su le dire. En tout cas la compassion que je lisais dans son regard ne s’attribuait dans mon esprit pas à ma souffrance visible, marquant mon visage comme au fer rouge, mais plutôt à la nouvelle que je venais de lui donner. J’étais gay. Etrangement, dans mon esprit cela demeurait une trahison, un mensonge puisqu’aux yeux des autres jamais je ne m’étais montré ainsi, et pour cause : Je ne m’en étais « aperçu » que quelques mois auparavant. Ce n’est pas quelque chose qui vous frappe un beau matin alors que vous vous levez et vous exclamez « Mon dieu, je suis homosexuel ! » Ce changement s’opère en douceur, avec fourberie. Lentement le désir des hommes s’insinue dans votre esprit, votre regard s’attarde sur eux, les apprécie sans même que vous vous en rendiez compte. En réalité je n’avais pas commencé par désirer les hommes à proprement parlé, mais plutôt à complètement ignorer les femmes. Si cela peut revenir au même, pour moi il en était bien différent. J’avais perdu ma femme sans jamais en regarder une autre depuis et attribuais cela à mon deuil, à mon amour toujours présent pour Natacha. Aimer une autre femme aurait été une tromperie dans mon esprit, et dans mon cœur. Mais aimer un homme ? Non seulement je n’y avais jamais songé, mais lorsque cette idée me vint elle me sembla tout d’abord d’un stupide à hurler. De toute ma vie, jamais je ne m’étais épris d’un homme avant Samuel. Bien sûr, le premier qui effleura mon cœur fut Aaron, seulement il ne m’avait jamais regardé comme Samuel l’avait fait, il ne m’avait jamais même touché en pensant qu’un futur commun était envisageable. Dans son esprit je ne représentais pas un potentiel amour, mais uniquement un ami. Cette absence d’encouragement m’avait indéniablement poussé vers Samuel dont le regard avait une fois trahis son affection à mon égard. Une fois, et ça m’a suffit pour tout gâcher. Même si je ne l’aimais pas, même si mon cœur demeurait pleinement à Natacha, j’avais la certitude qu’il signifiait quelque chose, dont j’ignorais encore le sens. J’avais la certitude de devoir retourner auprès de lui, malgré ma faute et malgré sa haine.

Sa haine… Voilà ce qui me mettait dans un tel état de tristesse. Sans vouloir trop m’avancer, je pensais ne jamais avoir attisé la haine de personne, étant généralement agréable avec chacun. Même si je n’avais que peu d’amis proches, je pouvais m’approcher de n’importe qui sans crainte de récolter en retour le même regard que Samuel m’avait adressé. C’était atroce. Il n’y avait cependant pas que ça, mais pour le moment, je tentais de ne penser à rien. J’essayais simplement de retranscrire toute cette mélancolie dans ma musique qui redevenait petit à petit un refuge, et non une torture comme elle avait pu l’être. J’essayais de me vider la tête en travaillant sur mes partitions, tout comme avant que Lilly ne vienne et me replonge la tête la première dans mes sources de malheur. Malgré ma certitude qu’elle ne l’avait pas fait exprès, il m’était tout de même difficile d’accepter sa présence curieuse, qui me poussait à lui avouer ce que mes lèvres auraient préféré garder jalousement. Ca partait d’un bon sentiment, ceci dit, et c’était sans doute pour cela que je ne parvenais pas à lui en vouloir. Seulement, maintenant qu’elle connaissait une grande partie de l’histoire, elle ne bougeait toujours pas. Je supposais qu’elle flairait une suite potentielle et était bien décidée à tout, absolument tout savoir. A quoi cela lui aurait-il servit ? Après tout, comptait-elle me prendre par la main et me forcer à aller présenter des excuses à Samuel ? J’aurais peut-être été un tantinet retissant, sur ce coup. Ce fut cependant ce qui se profilait. Après une longue minute de silence, elle finit par baisser de nouveau les yeux sur sa feuille et y inscrire quelques mots que je ne parvins pas à lire par-dessus son épaule. Je laissai alors vagabonder mon regard au travers de la pièce, sans regarder réellement quoi que ce soit. Ce ne fut que lorsqu’elle déposa sa feuille sur mes genoux que je me ressaisis, et lu.
Un léger rire nerveux s’échappa de mes lèvres lorsque j’eus terminé, remarquant avec désespoir la naïveté dont faisait preuve Lilly. Aller le voir ? C’était prévu, mais beaucoup trop difficile. Si elle avait subit le même regard, le même ton tranchant et méprisant que moi, peut-être hésiterait-elle tout autant que moi à aller se présenter devant Samuel. Ce n’était pas comme si je l’avais repoussé et qu’il m’avait affirmé que cela ne faisait rien, non. Ce n’était pas comme si son cœur m’était toujours ouvert : il me haïssait. Il ne fallait pas sortir de Saint-Cyr pour remarquer à quel point son regard était soudainement devenu dur, emplit de rage à mon égard. Il était évident qu’il ne voulait plus entendre parler de moi, et bien que cela me fasse mal, je ne me sentais pas capable d’aller l’affronter une nouvelle fois. J’avais bien trop peur de me retrouver face à un mur, impitoyable et froid, et ce bien malgré le fait qu’au fond je le méritais. Oui, je méritais tout à fait son courroux. Alors non, je ne ferai rien. Rien de volontaire en tout cas.

« Aller le voir ne me servirait à rien. Il me déteste parce que je l’ai embrassé, puis repoussé alors que visiblement il avait envie de moi. Samuel me hait et c’est une fatalité acquise dans mon esprit. »

Il se passa une seconde avant que je ne réalise que sans même m’en rendre compte, j’avais dis « Samuel ». Immédiatement, la paume de ma main vint se fracasser sur mon front, signe d’une évidente erreur. Et merde… Ca m’avait échappé, sincèrement. Je ne m’en étais même pas aperçu. Soudain je compris que je venais de dévoiler que non seulement j’avais embrassé Samuel, mais qu’en plus lui aussi était homosexuel puisqu’il « avait envie de moi ». Son regard, bien avant notre baiser, me l’avait apprit. Je ne savais pas très bien si Samuel tenait à garder son orientation sexuelle secrète ou non, mais je venais de tout foutre par terre. Je m’en voulu terriblement avant de me retourner vers Lilly et lui adresser un regard résigné.

« Ca reste entre nous, n’est ce pas ? »

Je pris une profonde inspiration, déplorant mon manque de jugeote avant de murmurer, si bas qu’elle dû se rapprocher un peu de moi pour m’entendre.

« L’autre soir, quand tu es venue me ramener les jumeaux alors que je me trouvais dans la cuisine, j’étais entrain de boire un café avec Samuel, tu t’en souviens ? Eh bien c’était ce soir là que je l’ai embrassé. Les jumeaux sont partis une dizaine de minutes après que tu me les ai confié et… Et tout a dérapé. J’ai embrassé Samuel, une fois, mais ça a suffit pour gâcher toute notre relation. Je m’en suis immédiatement voulu et me suis éloigné, jusqu’à ce qu’il me dise qu’il avait apprécié, et que je le repousse. Il m’a haït, je l’ai immédiatement compris. Depuis je ne l’ai pas vu une seule fois, j’évite de trop sortir de cette chambre. »

Je me frottais le visage, oubliant l’espace de quelques secondes la présence de Lilly. Je savais que je pouvais lui faire confiance, qu’elle ne répéterait rien mais j’avais tout de même quelques scrupules. A présent au moins une personne en dehors de moi était au courant de l’homosexualité de Samuel, et bien que j’ignore si cela le dérange ou non, moi ça me dérangeait. J’aurais préféré ne pas m’étendre sur le sujet, et regrettais déjà ma bavarderie. J’étais un sombre idiot, voilà tout. Au bout d’un instant je me tournai de nouveau vers Lilly et murmurai toujours aussi bas :

« Absolument personne n’est au courant, et personne ne doit l’être. Je n’ai déjà pas vraiment fait exprès de t’en parler, ce n’est pas pour que toute la Communauté le sache… »

Si je me montrai quelque peu amer, cette amertume m’était cependant entièrement destinée. Conscient de la méprise possible, et peu désireux de vexer Lilly, je lui souris et rajoutai :

« Disons que ce sera notre secret. Mais…Même si Samuel est bien sûr au courant aussi… Tu pourrais éviter d’aller lui parler pour moi, ou de lui montrer que je t’en ai parlé ? J’ai pas vraiment envie qu’il vienne m’incendier parce que je crie sous tous les toits qu'il s'est mangé un rateau… »

Je ris doucement de cette dernière note légère, stupide certes mais tout de même nécessaire. Je ne voulais pas que ma tête d'enterrement se révèle contagieuse et contamine Lilly.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




Sadness & love aren't ephemeral... [Liam] Empty
MessageSujet: Re: Sadness & love aren't ephemeral... [Liam]   Sadness & love aren't ephemeral... [Liam] Icon_minitimeMar 2 Nov - 2:40

Liam venait de me dire qu’il aimait Samuel, qu’il l’avait embrassé et que ce dernier était homosexuel, tout ça dans la même phrase, ou presque. Ah oui, quand même. C’est surtout le nom de Sam qui me fit réagir. Je ne le connaissais pas beaucoup, à vrai dire, nous n’avions pas vraiment eu l’occasion de « discuter », mais je voyais très bien qui il était. Et d’un côté, ça me surprenait moins de savoir ça de lui que pour Liam, ce qui était peut-être normal, finalement. Mais quand ce dernier se frappa le front avec sa main, je sursautai légèrement et posai ma main sur son bras levé. Une fois qu’il eut tourné la tête vers moi, je secouai légèrement la mienne comme pour dire « Ce n’est pas grave, j’aurais fini par le savoir de toute façon. » Ce qui était vrai. Il aurait fallu que je sache à un moment ou à un autre, alors autant que ce soit maintenant, je pouvais ainsi mieux comprendre, voire analyser la situation. Oui, en effet, il venait de confirmer la stupidité de mon dernier message écrit. Aller n’était peut-être pas la bonne solution. En fait, si, ça l’était, mais pas de la manière la plus simple. Disons que je ne voyais pas Liam débarquer devant Samuel de façon naturelle et dégagée qui laissait entendre que rien ne s’était passé – ou au contraire, lui demander ce qu’il ressentait réellement. Parce que quelque chose clochait dans ce qu’il venait de me dire. On ne peut pas détester quelqu’un juste parce qu’il nous a embrassé puis repoussé, malgré les sentiments éprouvés envers lui. …. Mmh, si, on peut. Mais j’étais persuadée que Sam ne haïssait pas Liam, ce n’était pas possible, personne ne pouvait haïr Liam. Même après ça. Ce n’était qu’un mal entendu, puisque d’après ses dires, Samuel éprouvait quelque chose pour lui, et inversement. Le couple ne pouvait que se former ! Il fallait qu’ils se revoient, pour éclaircir les choses, que Liam se rende compte qu’il n’y avait pas de quoi se mettre dans un état pareil. Lilly et son optimisme trop débordant.

J’acquiesçai ensuite d’un rapide signe de tête : bien sûr que ça restait entre nous. Il ne m’était même pas venu à l’esprit d’aller crier sur tous les toits ce que je venais d’apprendre – déjà que ça me concernait à peine, alors qu’est-ce que j’irais informer le reste de la Communauté ? Et puis je me replaçai bien face à lui, ramenant ma jambe contre moi de façon à l’écouter plus attentivement ; il semblait à présent enfin lancé dans ses révélations, je n’allais pas l’arrêter en si bon chemin, mais je dus cependant me rapprocher de lui tant il parlait bas. Je l’écoutai pendant quelques instants, et je portai un ongle à la bouche pour le mordiller, presque inconsciemment. Je visualisai de mieux en mieux la situation, et mon optimisme commençait à s’estomper. Effectivement, ça n’allait pas être simple. Ni pour Liam, ni pour Sam. Si j’avais bien suivi, ce dernier en voulait au premier de l’avoir repoussé après l’avoir embrassé, ou de l’avoir repoussé tout court, mais il lui en voulait parce qu’il souffrait. La douleur qui se mêlait à la haine, ça ne faisait pas bon ménage, j’en avais la preuve sous les yeux. Liam, c’était la culpabilité qui le rongeait. Il s’en voulait d’avoir fait du mal à Sam, s’en voulait peut-être d’être ce qu’il était. Je ne pouvais que supposer, bien entendu, j’étais muette et non capable de lire dans les esprits des gens. Mais rester enfermé dans sa chambre n’était pas la solution. J’essayai pendant quatre ou cinq secondes de me mettre à sa place, de m’imaginer la situation, et me dis que j’aurais certainement agi de la même façon que lui – à savoir la fuite, la planque. Mais ce n’était pas la meilleure chose à faire, puisque viendrait un moment où il faudrait l’affronter. Il n’allait pas rester dans sa chambre jusqu’à ce qu’il pense avoir été oublié par Samuel (si cela venait seulement à se produire) ; il allait bien falloir avoir une discussion un jour ou l’autre. On doute sans cesse, on vit constamment dans l’incertitude, nos choix ne sont jamais sûrs, mais il y a toujours un moment où on doit se jeter à l’eau, faire semblant d’oublier ses peurs et avancer quelque part. Et à deux, on va toujours plus loin. Ils avaient envie d’être ensemble, mais Liam ne savait pas comment faire pour s’assumer, dans un premier temps. Et c’était déjà quelque chose d’important, j’en étais consciente.

Quand il se mit à rire doucement, je ne pus m’empêcher d’en faire autant ; c’était un peu un réflexe chez moi : quelqu’un souriait, hop, moi aussi. J’étais reliée à ça, d’une façon ou d’une autre. Même si bon, son sourire, ce n’était pas encore ça – mais il avait fait l’effort, et c’était déjà un très bon début, et puis il n’allait pas se mettre à sauter de joie d’un coup, comme ça. Bref, je ne suis pas là pour commencer une dissertation sur le fait de sourire, mais pour parler de Liam et de son problème de cœur. Donc non, je n’allais en parler à personne – signe de tête pour confirmer ceci, ni à Samuel, ni aux autres. Muette comme tombe. Non, sérieusement, je n’allais rien faire. Mais lui, en revanche, il allait devoir faire quelque chose. C’était vrai, il ne pouvait pas aller voir Sam comme ça, ce n’était pas facile, et puis de toute évidence, il le haïssait (Sam haïssait Liam, pas le contraire), mais… Je ne savais pas ce qu’on était censé faire dans un tel cas. Je repris malgré tout une nouvelle fois feuille et crayon, quittai mon ami des yeux pour voir quand même ce que j’écrivais. Il ne te haït pas. Disons que sur le moment, oui, il a sûrement du être en colère (un râteau a du toujours du mal à passer, hein), mais je t’assure que si tu trouves les bons mots et la bonne façon d’aller lui parler, il y a peut-être une chance pour que ça s’arrange. Je sais que je suis parfois trop optimiste, mais je t’assure que là, ce serait con de passer à côté. Même si c’est compliqué. Et voilà encore un discours rempli de philosophie ! Finalement, ça m’allait bien d’être muette, ça m’évitait de me rendre ridicule à voix haute – bien qu’il y avait du vrai dans ce que je venais de lui tendre. Ça n’allait peut-être pas l’aider, en même temps, des conseils d’une ado de dix-sept ans, ça pouvait parfois être utile, parfois non… Heureusement pour moi, il m’arrivait tout de même de sortir des trucs intelligents.

HJ : Bon, vu l'heure, tu te doutes que je suis très fatiguée, mais j'voulais pas aller me coucher avant de t'avoir répondu. Tu remarqueras aussi que je me suis risquée à l'utilisation d'une expression française - qui existe ! J'ai vérifié et tout, et puis t'en avais parlé, et... Ouais, je me tais.

Revenir en haut Aller en bas
Liam Marsden
In love with JUDASLiam Marsden


Messages : 130
Date d'inscription : 06/07/2010
Age : 44
Localisation : Elizabeth Town

Sadness & love aren't ephemeral... [Liam] Empty
MessageSujet: Re: Sadness & love aren't ephemeral... [Liam]   Sadness & love aren't ephemeral... [Liam] Icon_minitimeSam 27 Nov - 16:27

Samuel et moi. Nous deux, ensemble. Amoureux ? Je n’en savais trop rien. Samuel éprouvait-il réellement quoi que ce soit à mon égard, mis appart de la haine ? Rien n’était moins sûr. Toute la tendresse que j’avais eu la chance de lire dans ses yeux, peut-être avait-elle définitivement disparue. Peut-être ne fut-elle que passagère, sans importance. Après tout pour lui l’attirance avait pu n’être que physique, nous ne nous connaissions pas. Sans doute s’en fichait-il pas mal de moi, de ce que je pouvais ressentir. Sur le coup il avait dû être vexé de se voir ainsi repoussé, mais ça s’arrêtait là. Alors peut-être que nous pourrions être amis à présent, peut-être qu’il concèderait à m’aider sans rien envisager avec moi. C’était tout ce dont j’avais besoin : De l’aide. Et je savais que Samuel était la personne qu’il me fallait pour ça, bien qu’en dehors de cette soirée dans la cuisine nous n’avions jamais réellement eu de contact. En même temps, vu le contact que nous avons eu ce soir là… Mieux valait-il qu’il n’y en eut pas d’autres. Le pire actuellement était surtout de savoir qu’il me détestait de tout son corps, de toute son âme. En toute sincérité je n’avais jamais été sujet à une telle haine de toute ma vie, et j’aurais bien voulu que ça continu. Regardez-moi, avais-je l’air bien méchant ? Non, de toute évidence non. De nature je faisais d’avantage preuve de douceur que de mots durs et cassants, pour aider quelqu’un j’aurais remué ciel et terre. Mais plus maintenant. Maintenant, je voulais avant tout m’aider moi, m’accepter, me tolérer. Il est impossible que de vivre chaque instant aux côtés d’une personne que l’on déteste, impossible de vivre en étant cette personne. Je me détestais, pour tout ce que je faisais et devenais. Pourtant, mon souhait le plus cher aurait été de pouvoir respirer, remplir mes poumons de cet air frais, novateur afin de l’expulser ensuite pour qu’il emporte avec lui mes pleurs et mes déceptions. Ce n’était malheureusement pas possible. L’homosexualité, dans mon cas, n’était pas possible. Je ne pouvais pas l’affronter, la combattre, l’accepter. Je ne pouvais pas me montrer au grand jour comme étant celui que j’étais, de même que je ne pouvais pas aller voir Samuel pour le supplier de m’aider. Lilly le comprenait-elle ? Savait-elle que cela ne tenait pas seulement à sa colère, mais également à mon manque de courage ? J’aurais voulu être fort, être brave et faire au mieux. Dans le cas présent je n’y parvenais cependant toujours pas.

Ceci dit, mon sourire s’élargit un peu lorsque je vis Lilly rire avec moi, bien malgré la futilité de ma plaisanterie. Mon visage me tira, faute de sourire souvent ces derniers temps, mais je n’y prêtai pas attention. Bien malgré moi, mon esprit se perdit loin de cette chambre tandis que Lilly reprenait sa feuille pour y noter sa future réplique. Comme souvent depuis samedi dernier, je songeai à Samuel. Je l’imaginai dans sa chambre, vaquant à je ne sais quelle occupation. Pensait-il seulement encore à moi, ou bien sa haine avait-elle ravagée toute forme d’intérêt ? Je me demandais ce qu’il pouvait bien être entrain de faire, s’il s’inquiétait de ne plus m’avoir revu depuis notre baiser. C’était stupide, mais je me demandais sincèrement s’il en avait quelque chose à faire de moi au final. Je ne m’étais pas présenté dans la salle à manger depuis des jours, préférant venir grignoter entre les heures de repas quelques aliments que je trouvais. Cela n’avait même pas dû lui paraître étrange. Si ça se trouvait, en ce moment même il était déjà dans les bras d’un autre homme. Un homme qui ne l’aurait pas stupidement repoussé après l’avoir embrassé, un homme avec lequel il pouvait être heureux. Un homme qui serait près à lui ouvrir son cœur. Le mien se serra aussitôt, sans que je comprenne réellement pourquoi il m’était douloureux que d’imaginer Samuel avec un autre. Douloureux d’imaginer le ballet de leurs lèvres étroitement liées, leurs gestes emplis d’affection, leurs murmures sulfureux tandis qu’ils s’uniraient. Etait-ce… De la jalousie ? Je secouai la tête, chassant ces pensées de mon esprit. Samuel était bel homme, il ne devait pas lui être difficile de se trouver quelqu’un, et il aurait bien raison de le faire. Après tout, avec moi tout espoir était définitivement mort, alors pourquoi s’attarder sur l’épisode de la cuisine, qui au final ne signifiait rien du tout ? J’aurais été heureux pour lui si jamais il avait pu trouver une personne convenable. Heureux d’être simplement son ami, comme je l’espérais tant. Heureux qu’il m’aide sans arrières pensées aucunes.

Lilly me tendit soudain son papier, que je lu sans empressement. Cette petite Lilly était décidemment trop optimiste. Que je trouve les bons mots et que j’aille lui parler ? C’était inutile, je n’aurais pas su trouver quoi que ce soit à lui dire. Même si j’étais allé jusqu’à sa chambre, je n’aurais pas eu le courage de lui dire ce que je ressentais et ce dont j’avais besoin. Je n’avais pas le courage de lui demander une amitié dont il ne voulait certainement pas, et encore moins de la négocier. Il aurait posé sur moi ce même regard emplit de haine et alors, mon cœur se serrait tétanisé. Ca m’aurait complètement bloqué, j’aurais seulement eu l’air d’un idiot. Même s’il avait accepté de discuter avec moi, qu’aurais-je pu lui dire ? Que j’étais désolé, que je m’étais laissé aller, que je ne voulais pas lui donner de quelconque espoir mais au fond de moi, je savais que quelque chose sonnait faux. C’est très difficile à expliquer, mais je me rendais peu à peu compte qu’une simple amitié ne m’aurait pas convenu. Ce que je désirais profondément n’était pas pouvoir parler à Samuel, pouvoir être avec lui afin de seulement me libérer de mes peurs, non… Je voulais que ce soit lui qui me libère. Pourtant, je n’éprouvais il me semble aucune forme d’amour pour lui, je n’en étais pas profondément amoureux mais c’était quelque chose de plus fort que de l’amitié. Un besoin réel. Sans que je ne puisse mettre de mot sur ce que j’éprouvais, je sentais qu’il me serait difficile que d’être un ami à ses yeux. Ma surprenante jalousie en était la preuve, je ne désirais pas qu’il aille auprès d’un autre. Car soyons franc, non, je ne me serais pas réjouis que de le savoir heureux dans les bras d’un autre homme, et ce bien malgré le fait que je ne veuille pas moi-même le rendre heureux. Je ne voulais pas de lui, mais en même temps je ne supportais pas l’idée qu’il se détourne de moi. J’eus un sourire amer en m’imaginant de nouveau aller lui parler, aller jusqu’à sa chambre et l’y trouver en compagnie d’un autre. Cela m’aurait fait étrangement mal, aussitôt je me serais détourné de lui. Je l’aurais peut-être même haïs à mon tour. Pourquoi ? Pourquoi lui en vouloir ? Je n’en savais rien, je ne comprenais pas mais pourtant cette certitude ne me lâchais pas : Si Samuel était en couple avec un autre, j’aurais été affreusement jaloux. D’ordinaire je n’étais pas quelqu’un d’envieux, mais ce sujet là me dépassait tellement que je ne me reconnaissais de toute façon que très peu.

« Crois moi, je fais certainement beaucoup moins de mal en restant cloîtré ici qu’en essayant d’arranger les choses. De toute façon, je vois mal comment les choses pourraient s’arranger. Y’a pas de « happy end » en prévision dans ces cas là. »

Je soupirai avec résignation avant de lui rendre sa feuille et me lever, me dirigeant vers la table de chevet. En ouvrant rapidement le tiroir, je sortis la pomme que j’avais prise le midi même dans la salle à manger tandis que les autres s’étaient assis et déjeunaient paisiblement. Ne désirant pas m’attarder, j’avais seulement pris ce fruit en prévision d’une faim prochaine, et avais filé. Je croquai alors d’un air songeur dans la pomme avant de la tendre à Lilly, qui sembla hésiter une seconde avant de la prendre et finalement croquer à son tour. Le portrait était touchant : Nous deux assis sur mon lit – puisque je m’y étais de nouveau laissé tomber – mangeant une pomme, la mine sombre et résignée. Je mâchais doucement, ne pouvant chasser cette histoire de mes pensées. Mes réactions étaient difficilement compréhensibles, ce qui me troublait tout particulièrement. En réalité, je ne savais pas vraiment ce que j’avais avec Samuel. Je sentais que j’avais besoin de lui, pour une raison que j’ignorais c’était lui et personne d’autre. Peut-être tout simplement parce qu’il était le seul homosexuel que je connaissais ici. Peut-être parce qu’il semblait s’assumer parfaitement. Peut-être parce qu’au fond, si je n’avais pas eu si peur, il aurait pu me plaire… Je soupirai une nouvelle fois. J’étais désespérant.

« Et puis franchement, que voudrais-tu que je lui dise ? Que je suis un con ? Que j’ai fait une grosse bêtise ? J’en sais rien. Je ne suis pas bien sûr de ce que ça pourrait nous apporter… Je ne sais même pas pourquoi cette histoire me touche autant… Dans le fond je ne connais pas Samuel, que nous soyons amis ou non ne devrait pas vraiment me toucher. Ca m’ennuierait, mais pas de là à me morfondre dans mon coin toute la journée… »

Appréhendant une hypothétique question, je repris.

« Eh non, je ne suis pas amoureux de lui contrairement à ce qu’on pourrait penser. C’est clair que vu ma tête, je dois avoir l’air en pleine dépression amoureuse, mais je t’assure que non. C’est juste… Etrange. »

J’haussai les épaules avec tristesse avant de reprendre la pomme que Lilly me tendait, et en croquer un morceau. La faim tordait mon estomac, mais je ne voulais pas risquer de le croiser, alors je me contenterai de ça pour ce soir. Au bout de quelques instants, je me tournai vers Lilly, fronçant les sourcils. J’eus une légère moue avant de finalement lui demander :

« Je suis un cas désespéré, hein ? »
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




Sadness & love aren't ephemeral... [Liam] Empty
MessageSujet: Re: Sadness & love aren't ephemeral... [Liam]   Sadness & love aren't ephemeral... [Liam] Icon_minitimeMer 1 Déc - 21:55

    « Crois moi, je fais certainement beaucoup moins de mal en restant cloîtré ici qu’en essayant d’arranger les choses. De toute façon, je vois mal comment les choses pourraient s’arranger. Y’a pas de « happy end » en prévision dans ces cas là. »

    Liam avait raison, pas de happy end ici. Mais il n’y en avait pas vraiment, des happy-end. Ça se termine plus ou moins bien, mais on n’est jamais complètement heureux. Ça arrive, mais c’est rare. Surtout de nos jours. On sait tous où est-ce qu’on trouve systématiquement une happy-end, pas la peine que je le précise de nouveau. On l’a tous appris à nos dépends : on ne peut pas aimer sans souffrir. Ne peut être vendu séparément. Si on aime, on souffrira à un moment donné, si on souffre, c’est qu’on aime ou qu’on a aimé. Parfois on aime sans souffrir, et c’est bien. Parfois, on souffre sans aimer, et c’est pire. Et il y a des fois où on ne sait ni pourquoi on aime, ni pourquoi on souffre, on ne sait même pas si on ressent quelque chose. Il y a plein de combinaisons possibles, en fait. Celle qui s’appliquait au cas de Liam n’était malheureusement pas la plus agréable, ni la plus simple. Non, en effet, il n’y aurait pas de happy-end, parce qu’on était dans la réalité, et non dans un conte pour enfants. En revanche, il y aurait peut-être une histoire. Une belle histoire. Pendant une période que j’espérais sincèrement être la plus longue possible, il y aurait le mot « amour » en tête d’affiche, la souffrance écrasée quelque part dont on ne voudrait rien savoir. Qu’est-ce que Liam avait à y perdre ? Qu’est-ce qui l’empêchait de tenter de recoller les morceaux et d’espérer construire quelque chose d’autre à côté ? Non, il n’y aurait peut-être pas de fin heureuse, mais on pouvait toujours y croire. Parce que qui ne tente rien n’a rien. Pas d’histoire, pas de fin, qu’elle soit heureuse ou non. C’était comme ça que je voyais les choses.

    Je regardai Liam se lever et prendre une pomme dans un tiroir, pomme qu’il me tendit après avoir croqué dedans. J’hésitai un peu, me disant qu’il valait mieux qu’il la mange toute entière s’il avait faim puisqu’il ne semblait pas vraiment d’humeur à aller manger avec tous les autres, mais d’un côté, ça me fit sourire et je croquai à mon tour dans le fruit. Il réfléchissait à tout ça, je voyais qu’il ne savait plus trop où il en était, ce que je parvenais à comprendre. Puis il soupira et se remit à me parler, et je l’écoutai attentivement. Moi, je savais ce que ça pourrait leur apporter, qu’il aille le voir. Une histoire. Qu’il soit question d’amour ou non. Quelque chose. De toute façon, il n’allait pas rester comme ça jusqu’à la prochaine fin du monde, il y allait bien avoir un moment où il devrait affronter Samuel. Il marqua une brève pose pendant laquelle je m’étais apprêtée à reprendre la feuille de papier, mais il reprit aussitôt.

    « Eh non, je ne suis pas amoureux de lui contrairement à ce qu’on pourrait penser. C’est clair que vu ma tête, je dois avoir l’air en pleine dépression amoureuse, mais je t’assure que non. C’est juste… Etrange. »

    Je lui tendis la pomme sans le quitter des yeux, réfléchissant à ce qu’il venait de me dire. Il n’était pas amoureux… je voulais bien le croire. Étrange, ça, c’était le cas de le dire. J’étais tout de même persuadée qu’il se voilait la face. Il se disait ne pas être amoureux parce qu’il ne voulait pas l’être – et il y avait une différence entre les deux. L’homosexualité, c’était tout nouveau pour lui, et d’après ce qu’il m’avait dit, il n’était pas encore prêt à s’assumer. C’était ça, le problème…

    Un faible sourire se dessina sur mes lèvres lorsqu’il me dit qu’il était un cas désespéré. Mais non, il ne l’était pas. Pas encore. Il était juste effrayé de ce que la vie pouvait lui offrir, de ce que Samuel pouvait lui offrir – en admettant qu’il tente une nouvelle approche. J’étais certaine que Sam ne le haïssait pas, et puis même, de la haine à l’amour, il n’y a qu’un pas, plus simple à franchir qu’il n’y parait. Cette fois-ci, je repris vraiment la feuille sur laquelle j’écrivis un nouveau message pour Liam. Il faudrait déjà que tu arrêtes de te dire qu’il te déteste. Et tu as raison : les happy-end, c’est rare, mais ça existe. Donne-toi la possibilité d’arranger les choses. Ce n’est pas en restant là et en attendant que ça passe que ça passera. Si c’est étrange, comme tu dis, c’est qu’il y a quelque chose à en tirer. Oui, je suis optimiste, mais toi, tu ne l’es pas assez. J’avais atteint la moitié de la page, que je tendis une fois de plus à mon interlocuteur. Il avait dévoré la moitié de la pomme. Ce que je voulais, c’était qu’il prenne les choses en main. Ok, il avait foiré, mais rien n’était foutu. On peut toujours essayer d’arranger les choses, même si la fuite est à chaque fois beaucoup plus simple. On fuit, encore et encore, jusqu’à se retrouver dans l’ombre, impuissant aux évènements. On finit par fuir tellement qu’il nous parait impossible de faire quoi que ce soit pour empêcher que tout dégringole. Liam ne devait pas tout lâcher, ce n’était pas le moment. Il devait s’accrocher, car il avait une histoire à écrire. Une histoire d’amitié, une histoire d’amour, peu importait, au fond. Le principal, c’était que Liam aille mieux.

    Et je me dis aussi que dès que cette conversation prendrait fin, je me rendrais dans les cuisines pour lui rapporter de quoi manger ; j’entendais d’ici les gargouillements de son ventre.

Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





Sadness & love aren't ephemeral... [Liam] Empty
MessageSujet: Re: Sadness & love aren't ephemeral... [Liam]   Sadness & love aren't ephemeral... [Liam] Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
Sadness & love aren't ephemeral... [Liam]
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
This Is War :: New York survivants-
Sauter vers: