This Is War
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 Talk to me... Talk, it's me... [Aristide]

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Gabrielle McCord
Don't Worry About A ThingGabrielle McCord


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MessageSujet: Talk to me... Talk, it's me... [Aristide]   Talk to me... Talk, it's me... [Aristide] Icon_minitimeLun 28 Fév - 18:36

(Pardon si y'a des fautes, je corrige après avoir mangé ♥)

-Merci Lilly... Tu es adorable...

J'avais besoin d'aller fumer une cigarette, j'avais besoin d'aller marcher, j'avais besoin de... Je ne savais pas réellement en fait, ce dont j'avais besoin, mais ce qui était certain, c'est que je ne pouvais pas rester auprès d'Emma parce que je n'étais pas en état de m'occuper d'elle. Pas tout de suite... En fait, la conversation avec Kat m'avait beaucoup plus chamboulée que je ne l'avais pensé. En marchant dans les couloirs pour retourner jusqu'à notre chambre, le poids de tout ce qui avait été dit avait soudain accablé mes épaules et j'avais pleinement pris conscience de ce qu'il s'était passé, de ce qu'elle avait dit, et de ce qu'elle ressentait à mon égard. Certes, elle ne voulait pas me perdre, c'était elle-même qui le disait, mais elle n'était pas prête à me pardonner mes choix, pas prête à m'accepter telle que j'étais et je ne savais pas où tout ça allait nous mener. Je savais plus ou moins ce qu'elle ressentait mais l'entendre de sa bouche de cette façon avait été en réalité particulièrement difficile même si moi, de mon côté, je n'avais pas non plus été tendre avec elle... Du coup, oui, en marchant dans les couloirs, j'avais finalement décidé de laisser Emma à Lilly, si cette dernière était d'accord, pendant un moment. Peut-être juste dix minutes, peut-être une heure, je n'en savais rien, mais je devais m'éloigner de ma fille pour éviter qu'elle ne me voit dans cet état : Je n'avais pas envie de ça. Avant de quitter la chambre de Lilly, j'embrassai tendrement Emma qui me fit un câlin digne de ce nom, sentant probablement que quelque chose n'allait pas : Elle avait un instinct assez incroyable pour ce genre de choses malgré son jeune âge... Une fois dans le couloir, je m'empressai de sortir mon paquet de cigarette. Je passai devant plusieurs chambres, l'une d'entre elles avait la porte grande ouverte mais je ne m'arrêtai pas... Tout de suite. Au bout de quelques pas, je me stoppai, la main près de mes lèvres, prête à y mettre une cigarette. Pendant quelques instants, je restai sans bouger avant de baisser doucement mes mains et de me retourner. J'avais du croire voir ce que j'avais vu, sans doute parce que j'avais remué beaucoup de souvenirs en parlant -pardon, en me disputant- avec Kat. Je fis demi tour et m'avançai doucement jusqu'à la chambre dont la porte était ouverte et dès l'instant où mon regard se posa sur cette silhouette qui était assise sur le rebord du lit, de dos, je sentis mon coeur s'emballer. Au moins, je n'avais pas eu d'hallucination... Ces épaules, ce dos, ces cheveux, tous ces détails j'aurais été capable de les reconnaître entre mille et il ne faisait aucun doute qu'il s'agissait d'Aristide... Auquel je n'avais pas reparlé depuis notre rupture... Que j'avais pris soin d'éviter depuis son retour en compagnie de sa femme. Sa femme... Rien qu'à cette pensée, je sentis mon estomac se tordre : Choquant, n'est-ce-pas, d'être jalouse alors que j'étais moi-même mariée? Que voulez-vous?... Les sentiments ne se contrôlent pas et mes sentiments vis à vis d'Aristide étaient particulièrement incontrôlables même si moi, je me contrôlais relativement bien. D'ailleurs, je me contrôlais tellement bien qu'il était tant de faire demi-tour.

Je me retournai et fis un pas, prête à repartir, mais je fus incapable d'en faire un deuxième. J'avais cette image de lui, de dos, assis sur ce lit, l'air plus abattu que jamais. Oh oui, l'air abattu... Je le savais, sans même avoir vu son visage, il me suffisait de regarder la façon dont il se tenait, la façon dont son dos était courbé, vouté, la façon dont il avait la tête baissée, les mains sur la nuque... Comme s'il portait le poids du monde sur ses épaules, et c'était peut-être la sensation qu'il avait, même si je ne pouvais pas savoir pourquoi. En tout cas, ce qui était certain, c'était qu'il n'allait pas bien. Mais quoi? Je me retournai et l'observai à nouveau. Peut-être s'était-il disputé avec Diane... Mais même si c'était le cas, il fallait regarder les choses en face : J'étais sans aucun doute la dernière personne à qui il voudrait en parler et très sincèrement, je n'étais pas certaine d'avoir envie qu'il m'en parle. Après tout, même si je l'avais quitté, je l'aimais toujours et même si j'avais pensé à lui proposer que nous soyons amis sans le lui avoir jamais demandé, je n'étais plus certaine d'en être vraiment capable. Pourtant... Je n'arrivais pas à me convaincre que je devais le laisser tout seul pour régler ses problèmes, quels qu'ils puissent être. Je voulais être là pour lui... Je ne supportais pas de le voir souffrir. Oh je savais bien que j'avais en grande partie responsable de beaucoup de ses souffrances mais cela ne voulait pas dire que je n'avais pas mal pour lui pour autant... Cela ne voulait pas dire que je ne ressentais rien... Cela ne voulait pas dire que j'avais aimé lui faire du mal... Bien au contraire. J'aurais tant aimé pouvoir l'épargner... Mais ce n'était pas le moment de se poser ces questions qui avaient déjà tant balayé mon esprit et mon coeur. J'aurais du partir... Je le sais bien, mais c'était au-dessus de mes forces. Alors, je fis quelques pas, jusqu'à être à l'intérieur de la chambre avant de refermer doucement la porte. Non, je n'avais rien à cacher parce que je ne faisais rien de mal : Je n'avais pas l'intention de tromper encore une fois Alexander. J'avais fait des choix et j'avais l'intention de m'y tenir. Non... Si j'avais fermé cette porte c'était par souci d'intimité et pour éviter que quelqu'un ne nous voit parce que même si je savais pourquoi j'étais dans cette chambre, même si je savais ce que j'avais ou non l'intention de faire, les autres, eux, ne le savaient pas et si jamais on me voyait seule dans la chambre d'Aristide, tout allait recommencer et je ne voulais pas supporter ça à nouveau.

Lorsqu'il tourna doucement son visage vers moi, après avoir entendu la porte se fermer, je fus choquée par ce que je vis et me collai contre la porte, mon coeur manquant un battement. Sur le moment, je ne fis pas attention à son expression, à cet air choqué qu'il avait de me voir là. Non, je ne vis rien de cela au départ. Je vis ses yeux rouges, comme s'il avait beaucoup pleuré, je vis des poches sombres sous yeux, comme s'il n'avait pas dormi depuis des jours, je vis une barbe mal rasée, comme s'il n'avait rien à faire de lui et de son corps et surtout, je vis son visage déformé par la détresse. Et le pire, dans tout ça? J'avais déjà vu ce visage... Je l'avais déjà vu, une fois... Je l'avais vu, à Harlem, lorsqu'il m'avait retrouvée par hasard et qu'il était complètement perdu... Mais à ce moment-là, ça pouvait se comprendre... Je lui avais fait beaucoup de mal et il avait vécu dans la rue pendant un long moment, seul, en essayant de survivre... Il était à bout... Mais pourquoi, aujourd'hui, était-il dans un tel état? N'avait-il pas retrouvé sa femme? N'était-il pas heureux avec elle? N'avait-il pas, comme j'avais tant voulu qu'il le fasse (pour lui, non pour moi), réouvert son coeur à quelqu'un d'autre qu'il aimait profondément? Je ne comprenais pas. Non, ça n'avait aucun sens... Il aurait du être heureux... Il devait l'être... Forcément... Pourtant, ce visage ne trompait pas. Le choc passé, je réalisai soudain qu'il était véritablement choqué de me voir. D'ailleurs, il s'était même levé et à présent, il ne me regardait plus : Il regardait la porte avec convoitise. Il ne voulait pas se trouver dans la même pièce que moi. Comment lui en vouloir? Après ce que j'avais fait, c'était compréhensible, même si, encore une fois, puisque je le pensais heureux, j'avais cru qu'il pourrait supporter ma présence. Subitement, il s'avança rapidement vers moi ou plutôt, vers la porte . J'aurais pu ouvrir et sortir afin de le laisser tranquille mais au lieu de ça, je me poussai rapidement sur la gauche, ayant peur qu'il ne me pousse pour sortir. Sincèrement, j'étais persuadée qu'il en était capable et qu'il n'allait pas hésiter pour pouvoir s'éloigner de moi. Etrange... Il avait le même comportement, en plus agressif (si je puis dire), que Kat. Elle aussi, en me voyant, avait voulu prendre la fuite et je l'en avais empêché. Le résultat, finalement, n'avait pas été brillant puisque nous avions fini par nous dire des horreurs et même... Même si il avait été important que ça sorte, ça n'en faisait pas moins mal. Ce ne fut pas très judicieux de repenser à cela en cet instant car, la douleur de la dispute mélangée à la douleur de voir Aristide dans un tel état n'arrangea pas mes affaires... Je n'avais cependant pas le droit de pleurer, pas devant lui, pas après ce que je lui avais fait subir. J'allais donc simplement attendre qu'il sorte ou qu'il ouvre la porte et m'ordonne de sortir pour ne plus jamais revenir. Je fermai les yeux et soupirai en entendant le bruit de la porte.

Je rouvris les yeux en entendant une nouvelle fois le bruit de la porte, pensant qu'il avait préféré partir plutôt que de m'adresser la parole. Sauf qu'en fait, il était toujours là et à présent, c'était lui qui adossé contre la porte. Nos regards se croisèrent et ma tristesse n'en fut que plus grande : Voir une telle perdition, une telle détresse dans ce magnifique océan qu'était son regard... C'était difficile à supporter. Mes yeux me piquaient et je sentais les larmes arriver. Je devais cependant mon contrôler : Ca, je devais en être capable bon sang! Mais au fur et à mesure que les secondes passaient, cela devenait de plus en plus difficile. Aucun de nous ne disait quoi que ce soit et je ne pouvais pas deviner ce qu'il se passait dans sa tête mais dans la mienne, c'était plus ou moins le chaos. Je devais cependant dire quelque chose... J'étais entrée dans sa chambre, j'avais fait ce premier pas vers lui et je devais m'expliquer. Tout allait bien se passer. Je devais juste... Je ne faisais rien de mal. Je devais juste... Dire quelques mots...

-La porte était ouverte...

Sans rire?! Gabrielle! « La porte était ouverte »! Et après? Ca te donne le droit d'entrer dans sa chambre qui est aussi, il ne faut pas l'oublier, la chambre de sa femme?!

-Je... Ca n'avait pas l'air d'aller et...

Je baissai le regard, incapable de croiser le sien plus longtemps. Mais qu'est-ce que je faisais là? Ce n'était pas ma place. Ce n'était plus ma place et au fond, ça ne l'avait jamais vraiment été puisque j'avais été mariée et en plus, lui aussi, avait été marié... Non, ça n'avait jamais été ma place... Pourtant, c'était plus fort que moi... J'étais inquiète pour lui et je ne supportais pas de le voir dans un tel état. Je me souvins soudain de jusqu'où j'avais été prête à aller pour lui lorsque je m'étais rendue compte à quel point il était mal. Le souvenir du canon de fusil que j'avais braqué sous mon menton était encore particulièrement vif, et pourtant, je n'y avais pas repensé depuis un moment. Est-ce qu'aujourd'hui, j'étais encore capable d'un tel sacrifice? Honnêtement, non. Parce que je ne pouvais pas abandonner Alexander. Je ne pouvais pas abandonner Emma. Mais si, au lieu de me sacrifier, je pouvais au moins essayer d'être là pour lui, d'être une amie, comme j'y avais pensé, c'était déjà ça... J'allais devoir me faire violence et puis, il n'allait peut-être pas accepter mon aide et puis... Oh, il y avait tout un tas d'obstacles à cette amitié très peu probable mais... J'étais là pour les gens que j'aimais, point. Même si au fond de moi, je devais en souffrir, j'étais là pour les gens que j'aimais. Je ne fuyais plus, je ne m'éloignais plus... Je faisais face. Alors, je relevai le regard et replongeai dans le sien, tout en essayant de rester concentrée sur ce que j'avais en tête et ce que je devais lui dire.

-Je suis désolée d'être entrer sans t'avoir demandé mais, je t'ai vu, tu n'avais pas l'air bien et... Tu n'as vraiment pas l'air bien et... Ca m'inquiète...

Avais-je seulement le droit de m'inquiéter pour lui? En tout cas, je le prenais, ce droit.

-Est-ce que... C'est... Diane? Vous vous êtes disputés?...

Oh, spectacle pitoyable d'une femme toujours amoureuse de son amant qui essaye d'avoir le comportement d'une amie à son égard! En y pensant, il s'agissait là des premiers mots que je lui disais depuis notre rupture. Qui dit mieux?... Etait-je seulement crédible? J'aimais à penser que oui, je l'étais. Je l'aimais sincèrement et mon inquiétude était tout autant sincère que mes sentiments à son égard. Qui plus est, j'espérais sincèrement, même si au fond j'avais de gros doutes, pouvoir avoir ce rôle d'amie dans sa vie. J'y avais pensé au moment où j'avais rompu avec lui et même si ça allait être douloureux, et difficile, ce n'était peut-être pas impossible? Et peut-être... Peut-être qu'avec le temps, mes sentiments se transformeraient en une simple amitié. Les siens devaient sans doute avoir déjà changés puisqu'il avait retrouvé sa femme alors... C'était à moi, de faire des efforts. Cependant, mes efforts n'allaient peut-être pas être suffisants : A travers sa fatigue et sa détresse, j'étais incapable de lire en lui. En cet instant, j'en étais incapable alors que j'avais tant su, auparavant, lire en lui, dans ses yeux... Ses yeux... Secrètement, ils resteraient toujours mon océan de liberté, rien qu'à moi...
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Aristide Tetropoulos
Εἶς ἀνὴρ οὐδεὶς ἀνὴρ
Aristide Tetropoulos


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MessageSujet: Re: Talk to me... Talk, it's me... [Aristide]   Talk to me... Talk, it's me... [Aristide] Icon_minitimeMar 1 Mar - 12:46

Bonsoir, je m’appelle Aristide Tetropoulos. En plus d’être un gros looser, je m’acharne à ressembler à un déterré en ne me présentant plus à aucun repas, en restant éveillé des nuits entières. Pourquoi ? Ah ah ah, la question fatidique ! Je cherche juste de nouvelles petites femmes mariées à me taper, ça me bouffe le cerveau voyez-vous, ça me…
- FERME-LA.

Le silence ne faisait plus partie des rares privilèges auxquels j’avais encore le droit, seule cette voix impatience, pleine de reproches et d’ironie m’accompagnait encore en fond sonore, comme une terrible radio que personne ne pourrait éteindre. Partout où j’allais, partout où je posais les yeux, il ne lui fallait qu’une seconde pour débiter les pires horreurs qu’il soit, sur n’importe quel sujet elle avait toujours un commentaire. Personne ne peut comprendre ce supplice à moins de le vivre. Kaylhen avait tenté de comprendre, mais force est de constater qu’elle n’y était pas parvenue. Comment l’aurait-elle pu ? Je devenais complètement dingue, voilà la seule explication logique à cette satanée voix qui ne me lâchait plus… Je n’osais en parler à Diane de peur de l’effrayer, ne désirant pas rajouter ce poids à ses épaules très largement torturées. Pourtant, ma sœur se doutait de mon état et me questionnait parfois longuement. Pourquoi parlais-je si peu ? Pourquoi ne souriais-je plus ? Pourquoi mangeais-je seulement lorsqu’elle me traînait de force jusqu’à la salle à manger ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi. Trop de questions, je n’en pouvais plus. Non, je ne parlais presque plus, parce que je ne le pouvais pas, tout simplement. Parce que j’avais trop mal, trop peur, pour oser bredouiller le moindre mot. Non, je ne souriais plus, parce qu’il n’y avait pas matière à sourire, parce que tout était si sombre autour de moi, parce que j’étais désespérément seul. Non, je ne mangeais presque plus, parce que je ne voulais plus me retrouver dans la même pièce que toutes ces personnes que je haïssais, parce que je n’en voyais pas la nécessité, parce que, au fond, je crois que je désirais mourir. Mourir. Le silence enfin. Une quiétude éternelle que rien ne viendrait entacher, une solitude merveilleuse, juste moi et ma vieille dépouille, moi et plus personne d’autre que moi. Comme cela serait bon, comme cela serait doux ! Mais non, la réalité en était tout autre. Je me retrouvais coincé ici, sous terre, accompagné de cette voix qui ne me laissait aucun instant de répit, et de mes sombres idées. Le suicide en faisait de plus en plus partie, mais une chose me retenait. Une seule et unique. Diane. La peine que cela causerait, ses larmes incendiant de nouveau ses joues, son cœur brisé à jamais. Ne serait-ce que pour Diane il m’était impossible que de m’ôter la vie, ne désirant pas lui faire davantage de mal encore. Ma sœur, dont le maigre corps tremblait contre le mien la nuit, alors que mes bras l’enlaçaient de sorte à lui tenir chaud, à lui montrer que j’étais là et que personne ne viendrait plus lui faire de mal. Et ses joues que je couvrais de baisers, et son souffle que j’écoutais longuement tandis que tous dormaient. Sauf moi. Je ne dormais plus, sorte d’insomnie terrible qui m’empêchait de me reposer et remettre de l’ordre dans mon esprit. Tout s’embrumait, il n’y avait donc aucune échappatoire ? J’aurais aimé croire le contraire, pourtant la tragique réalité me revenait trop souvent en pleine figure : Je n’étais plus qu’un fou ayant perdu toute raison de vivre.

Autrefois j’étais beau garçon. Oui, j’étais beau. Les femmes me regardaient avec envie et je le leur rendais bien, pour cause : J’étais un homme à femmes. J’adorais sentir leurs souffles dans mon cou, leurs jambes passées autour de mon bassin tandis que je les emmenais avec moi vers de nouvelles contrées encore inexplorées. Une sorte de voyage spirituel et physique dont nous étions les seuls hôtes. Il fut un temps durant lequel la vie me souriait, je possédais un bel appartement, un métier convenable, des week-end remplis de plaisirs faciles mais pourtant indispensables. Le lundi matin était dur, mais cela n’avait aucune importance. J’avais des amis. Des gens m’aimaient, et je les aimais en retour. J’avais une famille, aussi. Une mère qui s’inquiétait de me voir manger si peu à sa table tandis que je me goinfrais de spécialités grecques, une sœur qui riait de mes stupidités et un père dont le regard dur ne changeait jamais. Mais c’était le bon temps, si vous voulez savoir. Un temps où nous étions libres de nos mouvements, libres de traverser l’océan et rentrer à la maison, libres de baiser qui on voulait. Libre. La liberté et le silence étaient deux choses dont je me retrouvais totalement détaché désormais. Le bel homme que j’étais avait disparu, ne subsistait qu’une sorte de loque à peu près humaine, à peu près vivante. Les jours passaient, emportant avec eux tout souvenir de cet Aristide qui, indéniablement, avait disparu avec Gabrielle. Ce prénom me hantait jour et nuit sans qu’il me soit possible de le bannir de ma mémoire. Je n’étais plus un gamin et pourtant je me cachais comme tel, évitant avec le plus de soin possible tout contact, ne serait-ce que visuel, avec celle qui avait consumé ma vie. Je me souvenais de son parfum, du goût de ses baisers, de la douceur de sa peau. Et ses cheveux dont les boucles glissaient entre mes doigts. Et ses yeux qui me criaient de l’embrasser tandis que je désirais seulement l’observer, encore, des heures durant me délecter de l’image parfaite de cette femme, femme ? non, Gabrielle était une déesse à mes yeux, de cette déesse qui régnait impitoyablement sur ma vie. Chacun de ses gestes m’avait rendu dingue, chacune de ses paroles… J’en étais dingue, dans tous les sens du terme. Cette voix tyrannique n’était que le résultat de notre relation, j’en étais intimement persuadé. Sans elle ma vie aurait poursuivit son court paisible, calme et lent, mais non. ELLE était arrivée. ELLE avait tout gâché. Ou donné un sens, tout dépend de l’angle sous lequel on voit les choses. D’un côté elle avait ruiné ma vie, de l’autre elle l’avait illuminé. Un soleil, voilà ce qu’était Gabrielle. Et tout le monde sait ce qu’il arrive lorsque l’on s’en approche de trop près.

- Lalalala, Aristide est tombé bien bas, lilaluloulou, il est devenu fou.
- Mais ta gueule putain.

De mes journées, je ne faisais plus rien. Je me levais, allais prendre une douche avant de m’habiller. Parfois j’accompagnais, par simple politesse, Diane prendre son petit déjeuner et l’observait. Sa beauté reprenait peu à peu ses droits, ses cheveux redevenaient un peu plus longs, ses bleus disparaissaient, rendant à ce visage magnifique tous ses rayons. Je la regardais mordre dans une tartine ou boire une gorgée de café, qu’importe qu’il soit un véritable tord boyaux. Elle me souriait parfois, ou posait sur moi un regard qui m’intimait silencieusement de manger quelque chose, sans quoi j’allais souffrir. Je m’y pliais, ou non, et récoltais le fruit de mon impétuosité. Mais ses colères s’apaisaient toujours, Diane finissait sans impairs par se jeter contre mon torse et me murmurer des mots doux. Des mots d’une sœur, des mots d’une femme. Jouer la comédie en publique ne me gênait pas, puisqu’en réalité il ne s’agissait pas d’une comédie. J’aimais Diane, bien plus que n’importe quel homme ne pourrait jamais l’aimer, et cet amour était visible même sur mes traits considérablement tirés par la fatigue. Il n’y avait pas une attention, pas un mot doux que je m’abstenais de lui promulguer, qu’importent les regards qui pesaient sur nous. Au début ils me pesaient, mais au bout d’un certain temps on s’y fait. Le sujet de conversation que je représentais avait sans nul doute été épuisé depuis bien longtemps, de nouvelles friandises se présentaient aux nombreuses commères de la communauté. Pourtant, cela ne les empêchait pas de me cracher dessus aussi souvent que possible. On me mettait à l’écart, c’était évident et pourtant je ne pouvais réellement m’en plaindre. N’avais-je pas engendré tout cela ? N’en étais-je pas l’auteur ? Même Mathilda me jetait des regards encore plus froids qu’à l’ordinaire, je vous laisse imaginer. Une fois je m’étais même fait incendié par un mari car j’aurais prétendument regardé sa femme d’un peu trop près. La femme en question n’était ni belle, ni particulièrement gentille, ni même de mes connaissances passées. Si mon regard l’avait effleuré ce n’était sans doute qu’une coïncidence, qu’un triste coup du sort. Heureusement que Diane avait été présente pour me défendre, sans quoi je me serais sans doute pris un poing dans la figure, mais au nom de quoi ? Une fois, j’avais couché avec une femme mariée ( dans la communauté ). Les autres ne m’importaient pas, et ne m’avaient pas importé plus tôt. Que les maris dorment sur leurs deux oreilles, leurs poules pondeuses, je les leur laissais bien volontiers.

J’évitais également Alexander comme la peste, me souvenant bien de ses mots. Il ne voulait ni entendre parler de moi, ni me voir, et il était servi : Une ombre. Voilà ce que j’étais devenu. Un genre de fantôme allant de sa chambre à la salle de bain, au salon, à l’infirmerie, jusqu’à sa chambre pour y demeurer des heures entières, à seulement fixer le plafond. Afin de me rendre utile, seule condition de base imposée à quiconque désirant demeurer ici, je m’occupais de temps en temps des gamins mais n’y trouvais plus aucune source de plaisir. A quoi bon ? Même Lilly n’osait plus m’adresser un regard. En même temps, je m’en fichais pas mal de Lilly, des enfants, ou de n’importe qui dans cette communauté. J’aurais donné cher pour pouvoir m’en aller et crever à l’extérieur, abandonner ce monde qui m’avait abandonné. Mais je ne le pouvais, pour Diane et pour Kaylhen il me fallait rester, et être fort. Beaucoup trop demandé le dernier adjectif. Disons simplement rester. Et Kaylhen, ma Kay, s’occupait elle aussi de moi du mieux qu’elle le pouvait. Elle savait pour mes délires, mes peurs, elle connaissait chacun de mes sanglots et les essuyait d’un revers mais cela était loin. Même elle, je l’évitais. Pour d’autres raisons, mais je l’évitais. Au fond je crois qu’elle m’évitait de la même manière, si bien que nous ne nous croisions jamais. J’avais l’impression de mourir, enfermé ici, sans possibilité de m’enfuir. Je mourrais. Tout ce pour quoi j’étais fait ne m’était plus d’aucune utilité. J’aimais les enfants, mais ne m’en occupais plus. J’aimais les femmes, mais ne les regardais plus. J’aimais rire et discuter, mais demeurais seul des journées entières. Jusqu’à ce que Diane ne revienne à notre chambre et ne me raconte ses journées, nulle parole de s’échappait de ma gorge, nul regard ne se posait réellement sur un quelconque objet. Oui, j’étais un cadavre, un cadavre trop vivant pour partir, mais pas assez mort pour ne plus ressentir la douleur. Cette douleur cuisante, vivace, qui me broyais les entrailles. Cette douleur que l’on ne ressent que lorsqu’on sait, lorsqu’on ressent SA présence, sans possibilité d’aller LA voir et LA serrer dans ses bras. Elle, elle seule. Elle qui détruisait encore ma vie après l’avoir saccagé de toutes parts. Jamais je ne m’en sortirais, j’en avais l’ultime certitude. Il n’y a pas d’issue à ce genre de douleur, pas de « joker » qui tomberait sur le jeu de cartes de manière à nous sauver la mise. Je ne tirais que la reine de cœur, la reine de mon cœur le tirait vers le fond.

Perdu dans mes sombres pensées, je revenais de l’infirmerie d’un pas rapide, le regard rivé au sol. J’étais allé voir Diane, lui montrer que j’étais toujours en vie comme elle me l’avait fait promettre. J’avais goûté au regard assassin de Mathilda, mais fort heureusement Katarina n’était pas présente. Heureusement ou non, je m’en fichais après tout. J’avais embrassé ma « femme », avant de m’en retourner comme j’étais venu. Le regard vide, le cœur vide, l’espoir enfuit bien loin. Puis j’étais revenu jusqu’à notre chambre, laissant sans y prendre garde la porte ouverte. Il n’y avait rien de particulier à faire, aussi me laissai-je simplement tomber sur le lit, prenant mon visage entre mes mains, tentant de me libérer de tous mes démons. C’était cependant impossible. Mon corps fonctionnait, mon cerveau fonctionnait, mais mon cœur manquait à l’appel. Il devait se trouver plus loin, dans une autre chambre, auprès d’une femme à laquelle je m’interdisais de penser. Son prénom ne se formulait plus dans mon crâne, je l’avais exilé de ma vie, aussi ridicule soit-elle. Je soupirai avec difficulté avant de retirer mes mains et poser mon regard sur le sol dur de la chambre, tâchant de ne penser à rien. J’étais épuisé, sincèrement. En une semaine, je n’avais sans doute pas dormis plus de cinq heures et cela ce voyait, de vilaines poches étaient apparues sous mes yeux, rougis de trop pleurer. Je ne savais même plus pourquoi je pleurais. Peut-être parce que je n’en pouvais plus de vivre, peut-être parce que je voulais juste m’en aller, tout quitter. J’aurais pu essayer mais cela ne m’aurait mené qu’en Enfer, là où je le savais, je retrouverais une image mariée de Gabrielle, une image qui danserait dans les flammes en me narguant jusqu’à la fin des temps ; Je vivais un véritable enfer. Mais il ne fallait pas y penser. Ne plus penser à rien, oublier. Oh, comme l’oubli devait être délicat. Comme j’enviais tous les amnésiques du monde qui pouvaient perpétuellement se réinventer, expier leurs péchés pour repartir à zéro chaque jour. J’aurais donné n’importe quoi pour l’oublier, elle. L’enchantement de ma vie. Le désastre de ma vie. L’oublier. Ne rien savoir de son existence et donc, ne plus la désirer. Ne plus rêver d’elle entre mes bras, ne plus rêver de l’entendre me dire ces mots qui suffisaient à me damner. L’oublier. Mais je ne pouvais pas. Dans le couloir j’entendais des gens passer, des bruits de pas claquer sur le béton pour finalement continuer leurs courses jusqu’à des destinations qui m’étaient inconnues et dont je me moquais éperdument. Ils pouvaient bien aller en Enfer que cela ne m’aurait pas dérangé. D’une certaine façon, nous y étions tous.
- Ari ?
- …Quoi ?
- Y’a quelqu’un.
- Ferme-là.
- Non sans déconner, y’a quelqu’un.

J’entendis la porte se refermer dans mon dos, me retournai avec lenteur. Ce ne devait être que Diane, ou Kaylhen. Et pourtant… Pourtant mon visage dû se décomposer lorsque je reconnu celle qui se pressait contre la porte de ma chambre. Ce fut comme si mon cerveau s’était mis en pause l’espace d’une seconde qui me parut interminable ; Je ne comprenais pas. Je ne comprenais pas, mais surtout, j’eus très soudainement peur. Peur de comprendre, justement. Peur que tout ne recommence. Peur qu’elle ne soit là pour me demander des choses auxquelles je ne pouvais imposer de refus et qui, pourtant, allaient achever mon pauvre cœur déjà bien amoché. Gabrielle. Qu’est ce qu’elle faisait là ? Pourquoi ? Que voulait-elle ? Je n’étais ni stupide, ni assez fou pour croire qu’elle nécessitait spontanément mon aide, si Gabrielle était là, c’était pour une bonne raison. Elle n’avait pas juste besoin d’un homme assez grand pour lui attraper quelque chose sur une étagère ou planter un clou. Elle était là pour moi, et cela me glaçait le sang. Je me levai rapidement, et, poussé par un instinct primaire de survie, voulu m’en aller. Oui, je voulais fuir, la fuir, parce que je ne pouvais pas. Je ne pouvais plus. Nous avions joué avec le feu trop longtemps et j’y avais perdu mes ailes, mon sourire, ma joie de vivre. J’avais tout laissé dans cette relation terrible et ne possédais plus rien. Pourtant, mon cœur battait de nouveau. Il battait même à tout rompre, comme un chien remuerait la queue en apercevant son maître. Il fallait que je m’en aille, pour ma survie et la sienne, que nous ne nous retrouvions plus jamais dans la même pièce. Si elle était assez folle pour céder, moi pas. Je connaissais que trop bien la douleur, la souffrance, je l’avais déjà perdue et ne voulais pas revivre l’expérience. Depuis mon retour je ne l’avais qu’aperçue, à la volée, tentant d’arracher mes yeux de cette vision qui emplissait mon être tout entier de bonheur. Un bonheur bien amer cependant. Je voulais m’en aller, cela ne faisait aucun doute. Mes jambes qui me portèrent jusqu’à la porte renforcèrent cette impression. Lorsque j’y parvins enfin, lorsque mes doigts effleurèrent la poignée… Ciel… Pourquoi est-tu si cruel ? Pourquoi me torturer ainsi ? Je n’étais qu’à quelques centimètres d’elle, de sa peau, de son corps, je sentais son parfum qui m’emplissait les poumons. Sa présence me tuait un peu plus et pourtant… J’étais incapable de m’en aller…Incapable de cesser de jouer avec le feu… Incapable de m’éloigner de cette lumière. Je n’étais qu’un insecte stupide qui se prenait dans les pièges que le destin lui imposait. La vie était tyrannique avec moi. Que Gabrielle soit là, contre cette porte, dans ma chambre, représentait la pire des tortures possibles. Je l’ouvris, sans conviction. Je l’ouvris et inspirai l’air frais et humide qui régnait dans le couloir avant de la refermer, cette porte. Sans être sortis, incapable de le faire. J’étais faible, et elle horrible. Gabrielle était mon tyran, ma hantise, mon cœur et mon Amour. Elle était ma perte comme ma vie.

M’adossant contre cette maudite porte, je baissai finalement la tête vers elle, posant de nouveau mon regard sur ce corps que j’avais aimé de tout mon être. Que j’aimais toujours. Cette femme qui déchirait le doux voile de mes nuits pour ne laisser que de nombreux cauchemars et des heures blanches. Nos regards se croisèrent, ma respiration se coupa d’elle-même. Tout cet amour que je tentais de refouler, d’éradiquer… Tout cet amour me revenait en plein visage sans que je ne puisse l’étouffer, le chasser de mon corps. Pourtant je ne pouvais rien dire, rien faire. Je ne voulais ni la toucher ni lui parler. La regarder me suffisait. Et puis je ne lui devais rien, c’était elle la responsable de tout, elle qui avait pénétré dans ma chambre, elle qui avait refermé la porte. Elle qui me devait des explications. Et quelles explications ! Elle lâcha finalement que la porte était ouverte, cela ne lui donnait pourtant pas le droit de s’engouffrer dans n’importe quelle pièce non vérrouillée. Fallait-il que je me baricade pour qu’elle m’oublie, qu’elle me laisse définitivement dans mon malheur et cesse de jouer avec moi de la sorte ? Car c’était ça, tout bonnement. Elle m’avait quitté, elle avait préféré Alexander et j’avais accepté ce choix. Je l’avais même compris, au fond. Mais à partir de là, elle n’était plus en droit de venir m’importuner quand bon lui semblait. Plus en droit d’entrer dans cette chambre, de poser ce regard sur moi. D’une certaine façon j’avais l’impression de n’être qu’un jouet entre les griffes d’un prédateur redoutable qui voulait encore s’amuser. Pourtant j’avais connaissance de son amour, et je ne pouvais imaginer qu’en m’aimant, elle prendrait un malin plaisir à me faire souffrir. Il devait il y avoir une réponse. Je me contentai de froncer les sourcils lorsqu’elle déclara finalement que je n’avais pas l’air d’aller bien. Comment…Que…Quoi ?! C’était une blague ? Elle se pointait là, avec ses beaux yeux, parce que j’avais pas l’air d’aller bien ? Coucou Gabrielle, tu m’as plaqué, je crève sans toi, alors NON, je ne vais pas bien ! Dans quel monde est-ce qu’elle vivait ? Dans quelle réalité se trouvait-elle ? Même si nous ne nous étions plus parlé depuis Harlem, même si j’osais à peine la regarder dans la communauté, cela n’effaçait en rien mon amour. Et puis, subitement, je compris. Je compris que ce qui lui apparaissait être la réalité, n’était en fait qu’une sombre supercherie.

Diane. Ma pseudo femme. Gabrielle pensait très certainement que j’aimais Diane, plus que je ne devais l’aimer elle, car il s’agissait de ma femme, de l’amour de ma vie. Je comprenais mieux… Malheureusement, il ne s’agissait que d’une pirouette ayant pour but de garantir une vie convenable à celle qui n’était que ma sœur, et non pas ma femme. L’amour de ma vie, il se trouvait à quelques centimètres de moi, quelques maigres centimètres pourtant infranchissables. Elle releva son regard vers moi tandis que le mien s’était également perdu sur les murs de cette chambre pour finalement m’avouer qu’elle s’inquiétait. De nouveau, je fronçais les sourcils. Elle ne devait pas s’inquiéter pour moi, elle ne devait même pas se poser la moindre question à mon sujet. Elle en avait perdu le droit le jour où elle m’avait abandonné, le jour où elle avait préféré son mari. A présent il nous fallait n’être que des étrangers, et je craignais qu’elle ne laisse finalement son rôle de côté. Cependant, je la savais bien trop décidée à retrouver Alexander pour me retomber finalement dans les bras, et l’obstacle que Diane représentait la freinerait sans doute. Voilà. Si moi j’étais incapable de tenir le cap, Gabrielle n’allait pas lâcher, j’en étais à peu près certain. Et puis… Sa dernière question m’acheva. Sa dernière question m’arracha le cœur, vraiment. Si je m’étais disputé avec Diane ? Bon sang… S’inquiétait-elle réellement de telles choses ? Ma pseudo vie de couple l’intéressait-elle donc tant que ça ? J’eus un mouvement de recul, fronçant de nouveau les sourcils avant de sourire avec froideur. Je secouai lentement la tête avant de m’écarter de cette porte, et d’elle, d’un pas uniquement. Je ne comprenais vraiment pas pourquoi elle était là, ce qu’elle me voulait, le prétexte de mon état plus que déplorable ne tenait pas. Je crevais… A cause d’elle… Elle le savait au fond, j’en étais certain. C’était pourtant d’une évidence limpide. Il n’y avait qu’elle qui puisse être capable de me faire autant de mal, Diane n’avait rien à voir là dedans. Et entendre le prénom de ma sœur dans sa bouche me plongea dans une grande, terrible colère…

« Tu voudrais vraiment me faire plaisir ? »

Je l’observai, le visage plein d’interrogations. C’était la première fois que je lui adressai la parole depuis Harlem et cela me secoua tout entier mais je me retins d’exprimer quoi que ce soit. A l’instant, je m’en contre fichais. Elle sembla hésiter une seconde avant de finalement hocher la tête.

« Alors ne prononce plus jamais ce prénom. Je crois… Je crois que tu n’en es pas digne. »

Et quelque part, je le pensais sincèrement. J’avais beau aimer Gabrielle de tout mon être, mon amour pour Diane était bien plus fort, elle était mon sang, ma famille et mon repère. Et à la différence de Gabrielle, Diane ne me voulait que du bien. Elle prenait soin de moi en dépit de sa propre douleur, elle me relevait à chaque fois que j’avais un coup dur. Gabrielle avait été ma plus grosse chute et à présent ma sœur payait les pots cassés, son frère n’était plus qu’une loque bien loin de l’homme aimant qu’elle avait connu. Au fond, je lui en voulais pour ça. Pour m’avoir brisé, et avoir arraché à Diane l’Aristide qu’elle aimait. Elle m’avait détruit. Ce que je lu dans ses yeux à cet instant, pourtant, éloigna la colère pour laisser place à une profonde détresse. Non… Elle ne devait pas me regarder de cette manière… Elle ne devait pas me donner envie de la serrer contre moi et m’excuser pour tout le mal que j’aurais pu lui faire. C’était elle qui me faisait du mal, elle qui était venue. Je ne lui avais rien demandé moi. Fuyant ces yeux pleins de tristesse, j’abaissai mon propre regard qui croisa alors un… Paquet de cigarettes ? Gabrielle tenait un paquet de cigarettes dans sa main ? Je mis un certain temps à comprendre avant de m’en emparer d’un geste lent, comme engourdit par la surprise. Est-ce qu’elle… Fumait ? Déduction à toute épreuve, je vous l’accorde. Pourtant je ne parvenais pas à y croire. Je ne parvenais pas à croire qu’elle détruisait ainsi sa santé, et que personne ne lui disait rien. D’un geste brusque, je jetai le dit paquet contre le mur d’en face et posai un regard plus qu’en colère sur elle. J’eus finalement quelques gestes dénués de sens, purs produits de ma stupeur et de mon courroux, avant de me retourner brusquement vers elle.

« C’est quoi ça ? C’est quoi cette merde Gabrielle ? Bon sang, mais t’en as pas marre, sérieusement, de toujours faire tout ce qu’il ne faut pas faire ? Et Alexander il en dit quoi ? Il s’en fout que tu détruises ta santé ? Il s’en fout que tu te ravages ? Si j’étais ton mari… »

Et là, je m’interrompis, étant allé beaucoup, beaucoup trop loin. Les reproches que je lui adressais étaient fondés, je connaissais les effets nuisibles du tabac… Mon père était mort d’un cancer, je savais donc à quel point cette merde était dangereuse. Mais aller jusqu’à prononcer ces mots… Ces mots qui avaient une signification toute particulière entre nous, car ne l’oublions pas… J’avais souhaité être son mari… Je l’avais même souhaité ardemment durant de longues semaines. J’aurais donné n’importe quoi pour être à la place d’Alexander mais le fait était là : Je n’y étais pas. Je n’étais que l’amant rejeté que tout le monde détestait, que Gabrielle avait délaissé volontairement. Je n’avais pas le droit de prononcer ces mots, tout comme elle n’avait pas le droit de parler de Diane.

« … Je ne te laisserais pas faire ça… »

Terminai-je, dans un murmure. Je baissai doucement le visage, une vague de douleur me submergeant. J’aurais voulu qu’elle s’en aille maintenant, qu’elle me laisse avec ma détresse, ma peine, qu’elle me laisse simplement mourir comme je le souhaitais si fort. Oui, je le souhaitais réellement, en cette minute encore plus que n’importe quand. Je ne savais pas si elle se rendait réellement compte du mal qu’elle me faisait en venant jusque dans ma chambre, me voir, me parler, comme si nous n’étions que des étrangers, des connaissances tout au plus. Cependant, jamais nous ne serrions des étrangers. Jamais nous n’oublierons et à cette pensée, à l’idée qu’elle aussi se souvenait, je dû m’éloigner un peu d’elle. Elle m’était nocive, nuisible, Gabrielle représentait un véritable poison pour moi. Le venin et le remède se ressemblent beaucoup, parfois. Je soupirai avant de passer une main sur mon visage, réfléchissant. J’étais trop faible pour m’en aller, et trop faible pour lui ordonner de partir sur le champ. Ainsi, nous nous retrouvions coincés ensemble tant qu’elle n’aura pas décidé de s’en aller. Que pouvais-je bien dire ou faire ? Que dit-on à l’amour de sa vie des semaines après l’avoir perdu ? Je souffrais de sa perte, souffrais de la savoir si proche de moi sans jamais pouvoir ni la toucher, ni même la regarder. Mon état ne pouvait tromper : Je l’aimais toujours, c’était évident. J’en mourrais à petit feu tant la douleur était cuisante, dévorante. Je savais que ce n’était pas la même chose pour elle, après tout il s’agissait d’un choix de sa part. Et puis elle avait Alexander… Elle n’était pas aussi seule que je l’étais. Ma sœur avait beau être une sainte, un ange, un espoir infini, elle ne possédait pas le pouvoir de guérir ce genre de blessures, malheureusement. Elle était impuissante tout comme je l’étais, au final. De longues secondes s’écoulèrent avant que je ne relève un regard trahissant sans doute ma fatigue vers elle, et, d’un geste las, lui désignai la chaise du bureau située non loin d’elle, l’invitant donc à s’asseoir. Elle semblait décidée à rester là, jusqu’à… Jusqu’à quoi, au fait ? Que je lui dise pourquoi j’étais épuisé, terrassé de douleur ? Parfois, je devais bien avouer que Gabrielle me tapait littéralement sur le système. Je contournai alors le lit et marchai jusqu’au coin opposé à la chaise sur laquelle elle se trouvait, craignant toujours de jouer avec le feu. Sa présence m’était insoutenable mais il fallait que je fasse avec.

« Mes problèmes ne te regardent plus. Ils ont cessé d’être les tiens à partir du moment où tu m’as quitté. »

Ma voix avait été blanche, neutre. Il n’y avait pas de reproches dans ces phrases, uniquement une vérité inébranlable : Elle nous avait séparé, c’était son choix, il n’y avait plus aucune possibilité de rassemblement à présent. Je secouai doucement la tête, sourcils fronçés, avant de relever mon regard vers elle.

« Et puis franchement, me parler de Diane… Comment… Comment tu peux oser faire ça ? Pour qui tu te prends à la fin ?! »

J’étais injuste, j’en étais bien conscient. Je connaissais Gabrielle, il ne s’agissait sans doute pas de moi, fondamentalement. Elle avait sûrement voulu être altruiste, tenter de soulager les douleurs des autres. Les miennes, cependant, ne cicatriseraient sans doute jamais. Contrairement aux apparences, je ne souhaitais ni la blesser, ni la vexer. Mon but n’était pas de provoquer de nouvelles blessures entre nous, il en existait déjà de trop nombreuses. De nouveau je me frottai le front, fermai les yeux un instant et inspirai profondément. Ca va aller… Ca devait aller… Je pouvais survivre à quelques minutes de sa présence, quand bien même elles me charcuteraient. Il le fallait, apparemment.

« Excuse-moi. Je suis fatigué. Et tu as raison, ça ne va pas très bien mais il ne faut pas t’inquiéter. Qu’est ce que ça peut faire après tout ? »

J’haussai les épaules, mon regard se perdit sur le sol pour finalement tomber de nouveau sur cet infâme paquet de cigarettes. Je haïssais par-dessus tout la nicotine, c’était viscéral, impossible à contrôler même si ma réaction avait sans doute dû être excessive. Je me baissai et l’attrapai, le tournai quelques instants entre mes doigts avant de finalement le laisser retomber sur mon lit, entre nous deux, et relever les yeux vers elle.

« Et ça, c’est pour quoi faire ? Je crois que tu ne fumais pas, avant… »

Oui, avant. Mais cet « avant » était sans doute bien loin.

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Gabrielle McCord
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MessageSujet: Re: Talk to me... Talk, it's me... [Aristide]   Talk to me... Talk, it's me... [Aristide] Icon_minitimeDim 6 Mar - 20:47

Difficile à supporter, ce regard hostile et ce sourire froid, même glacial. Venant de lui, jusqu'à moi, c'était difficile à supporter. La dernière fois qu'il m'avait regardée de cette façon c'était, et je m'en souviens avec une vivacité incroyable, le jour où j'avais rompu avec lui, à l'infirmerie. Quand nous nous étions séparés à Harlem, la séparation avait été... Différente... Il y avait ce lien entre nous, cet amour, cette passion, cette tristesse dévorante qui nous rongeait de l'intérieur. Hors, là, comme à l'infirmerie, il n'y avait plus que distance et froideur de sa part. Lui en voulais-je? Bien sûr que non... J'avais fait un choix qui ne s'était pas porté sur lui et j'avais, on peut le dire sans détour, détruit sa vie. Du moins, jusqu'à ce qu'il retrouve sa femme. C'était ce que moi, en tout cas, je pensais sincèrement. Je pensais l'avoir détruit mais je pensais surtout que puisqu'il avait retrouvé sa femme qu'il croyait avoir perdue, tout allait être pour le mieux : Il allait être enfin réellement et pleinement heureux, aimé comme il méritait d'être aimé... Pourtant, il était dévasté et mon amour pour lui m'empêchait d'être détachée et de ne pas m'inquiéter. Peut-être aurais-je dû me faire violence pour ne pas m'inquiéter ou au moins, prétendre que je ne m'inquiétais pas et que son état, quel qu'il puisse être, ne m'intéressait en rien. Malheureusement, j'avais été incapable de faire tout ça. Non, moi, j'étais entrée dans cette pièce et j'avais craqué : J'avais laissé mon inquiétude pour lui prendre le dessus et j'avais fait une grave erreur car il était clair que ma présence ne l'aidait pas. Non, en fait c'était encore pire : Il ne voulait pas de ma présence. Tout, dans son attitude et son regard, me le faisait bien comprendre. Petit à petit, j'arrivais à lire en lui et ce que je lisais me faisait mal mais je n'avais pas le droit de me plaindre : Ca m'était interdit. Après ce que je lui avais fait, je devais tout accepter venant de lui. Tout. Parce que je méritais ce sort, je méritais cette attitude... Lorsqu'il me demanda si je voulais lui faire plaisir, il me fallut quelques instants pour bien intégrer ces mots : Lui faire plaisir? Quoi? Pourquoi? Bien sûr. La question ne se posait même pas : Oui, je voulais lui faire plaisir. Enfin... Dans la limite de ce qu'il m'était possible de faire. Dans la limite de ce que j'avais le droit de faire... Alors, je finis par hocher doucement la tête : Oui. A quoi est-ce que je m'attendais? A ce qu'il me demande de sortie de sa chambre? A ce qu'il me demande de ne plus venir l'importuner? A ce que je ne prononce plus jamais le prénom de sa femme parce que je n'en étais pas digne? Ca, non...

Je m'attendais à tout mais pas à ça.

Ces quelques mots me heurtèrent en plein coeur et la douleur fut telle que j'en eus le souffle coupé pendant quelques secondes. C'était pire que tout et je dois l'avouer, c'était même pire que tout ce qu'Alexander avait pu me dire ou me faire subir... Pire que tout. Entendre, de la bouche d'Aristide, que je n'étais pas digne de prononcer le prénom de sa femme... Me traîter de putain m'aurait fait moins mal que CA. Je n'étais pas digne... Le pire, c'était qu'il avait raison. Au fond, depuis que j'avais trompé Alexander je n'avais plus été digne de rien... Même pas de l'amour que m'avait alors porté Aristide. Décidément, ce n'était pas ma journée. Tout ce que je subissais et affrontais était mille fois mérité mais... Bon sang que c'était dur et douloureux... J'aurais dû me construire une carapce, là, dans l'instant et ne rien montrer à Aristide de l'effet que ses mots avaient eu sur moi mais comme j'avais été incapable de tout garder en moi face à Katarina, j'étais incapable de prétendre que ce qu'il venait de me dire ne me touchait pas : Incapable... N'est-ce pas ironique? Après avoir tant menti, tant trahi, j'étais à présent incapable de cacher quoi que ce soit alors que c'était justement le moment? Idiote... Je croisai le regard d'Aristide pendant quelques instants avant qu'il ne l'abaisse, incapable de supporter mon propre regard sans doute. En même temps, il n'avait pas à le supporter. Il n'avait rien à supporter de ma part. Nom d'un chien... Pourquoi étais-je toujours là? J'aurais dû déjà quitter cette chambre depuis un moment... En fait, je n'aurais même pas dû y entrer. Ca aurait été tellement plus simple... Pour lui... Pour moi? Peut-être également... Perdue dans ces pensées, dans cette certitude que je devais partir même si je ne le faisais pas, je ne vis pas son mouvement brusque venir et sursautai lorsque je sentis sa main toucher la mienne avant de m'arracher mon paquet de cigarettes et de l'envoyer valser contre le mur d'en face. Le regard noir de colère qu'il posa sur moi me glaça le sang et j'eus même un mouvement de recul lorsque je le vis faire tout un tas de geste dénués de sens. Puis, il se tourna brusquement vers moi : Un autre mouvement de recul de ma part.

Oui, j'avais peur de lui.
En cet instant précis, j'avais peur de lui.

Il se mit soudain à me crier dessus et je fus dès lors incapable de bouger du moindre millimètre et encaissai ses paroles. Il était hors de lui parce que je faisais toujours ce qu'il ne fallait pas faire (sans déconner?), il pensait qu'Alexander se fichait que je me détruise (Ah?) et si lui, avait été mon mari... Il ne l'était pas. Pourtant, il venait justement de me crier dessus comme s'il avait été mon mari... Et moi, je m'inquiétais pour lui comme si j'avais été sa femme. Folie que tout cela... Folie pure et simple. Je ne savais pas quoi dire. J'étais devenue muette. J'étais tellement chamboulée parce tout ce qu'il avait pu me dire en l'espace de quelques instants que je l'entendis à peine lorsqu'il murmura tout bas qu'il n'allait pas me laisser faire ça. Il n'allait pas me laisser me ravager, c'était ses mots. Je détournai mon regard pour observer quelques instants le paquet de cigarettes : Je n'avais pas pensé à ça et sincèrement, même maintenant qu'il m'avait rappelé que fumer était dangereux pour moi, je n'avais pas envie d'arrêter. En réalité, en cet instant, j'avais plus que jamais envie de fumer une cigarette tant j'avais besoin de me vider la tête et de décompresser... Lorsque je reportai mon attention sur Aristide, il avait baissé le visage et me sembla encore plus fatigué que lorsque j'avais pénétré sans la chambre. Et c'était ma faute. Ma faute. Encore et toujours. A mon tour, je baissai le visage et glissai un regard en biais vers la porte : Il était peut-être temps de partir et de le laisser tranquille. En fait, il était temps de partir mais... Finalement, je n'avais pas découvert ce qui n'allait pas... Enfin, si... Au fond de moi, il y avait une voix qui me criait la réponse car elle était flagrante mais je refusais de l'écouter parce que je refusais d'entendre ce qu'elle avait à me dire. Pourquoi? Mais parce que ce qu'elle disait n'avait aucun sens. Il avait retrouvé sa femme alors sa douleur n'avait sans aucun doute aucun rapport avec moi. Aucun rapport... Et si ça n'avait aucun rapport avec moi, peut-être allais-je être capable de l'aider, même si pour l'instant il ne voulait pas de mon aide. Mon regard quitta la porte pour se reporter sur Aristide : Je n'allais pas abandonner. Je voulais, plus que tout, essayer de le soulager de ce qui l'accablait tant. Un long silence s'installa entre nous... Le genre de silence intimidant, effrayant, paralysant... Je savais que je lui imposais ma présence mais très sincèrement, je ne pensais pas à mal, trop décidée à croire des choses qui n'étaient en fait pas réelles pour me rendre compte que le fait de rester avec lui faisait plus de mal que de bien.

Lorsqu'il releva finalement son regard vers moi, mes soupçons concernant sa profonde fatigue se confirmèrent : Son regard n'avait jamais été aussi las... D'un geste, il me désigna la chaise du bureau qui se trouvait juste à côté de moi, m'invitant donc à m'assoir. Bon... Au moins, il acceptait ma présence, c'était déjà un bon pas en avant. J'allai donc m'installer et ce fut son tour : Il contourna le lit pour aller s'y assoir de façon à être à l'exact opposé de l'endroit où je me trouvais. Si il y avait eu un pas en avant, il venait d'y en avoir deux en arrières et c'était loin d'être terminé. Nous reculâmes encore de plusieurs pas lorsqu'il me lança à la figure que ses problèmes ne me regardaient plus, qu'ils avaient cessé d'être les miens le jour où je l'avais quitté. Un autre coup en plein coeur... Pourquoi? Pourquoi n'avais-je plus le droit de m'inquiéter pour lui?... Parce que j'avais choisi mon mari? Oui... Bon... D'accord... C'était une raison tout à fait suffisante seulement voilà : J'aimais toujours Aristide et je m'inquiétais pour lui, c'était comme ça, point. Est-ce que cela faisait de moi quelqu'un de plus mauvais? J'aimais à croire que non... Je croisai mes mains sur mes genoux, pétrifiée et j'avais raison de l'être puisqu'il était décidé à continuer. Il releva un regard pour le moins hostile vers moi avant de me demander comment j'osais lui parler de Diane... « Pour qui tu te prends à la fin ?! » Et encore un autre coup en plein coeur. Je me mordis l'intérieur de la bouche pour me retenir de pleurer : Je n'avais pas le droit de pleurer, je le savais. Pourtant... C'était très difficile d'entendre de tels mots sortir de sa bouche, ces mots qui me visaient... J'avais juste été inquiète pour lui et j'avais essayé d'être là pour lui, comme aurait pu l'être une simple amie même si être amie avec lui paraissait exclu... J'avais juste voulu être là parce que je ne comprenais pas sa détresse, parce que je le croyais heureux avec sa femme et c'était pour ça que j'avais parlé d'elle. Juste pour ça...

Mais j'avais eu tort.

Selon lui, je n'étais même pas digne de prononcer le prénom de sa femme, alors l'aider à régler des problèmes s'il en avait avec elle... Je reportai mon regard vers la porte : Cette fois, il était temps de partir. Il avait été clair et j'allais donc devoir vivre avec mon inquiétude, faire avec et ne plus jamais lui poser de questions. J'amorçai un geste pour me relever lorsque je l'entendis s'excuser. Je reportai dans la seconde mon regard vers lui. Il était fatigué (Ca, je l'avais remarqué) et il n'allait pas bien. Donc, j'avais eu raison de m'inquiéter... Enfin, pas selon lui... Selon lui, je n'avais pas à m'inquiéter parce que... Oui, qu'est-ce que ça pouvait bien me faire, hein? Il pouvait bien crever de chagrin, ça n'allait rien me faire du tout! Je baissai le regard en essayant de contrôler mes pensées et mes sentiments : Il avait le droit de réagir comme ça... Et c'était sans doute mieux. Peut-être pensait-il que j'avais menti ce jour-là... Peut-être pensait-il que j'avais oublié et que je ne lui avais finalement laissé aucune place dans mon coeur... C'était sans doute cela qu'il pensait... Sinon, il aurait compris pourquoi je m'inquiétais tant pour lui. Alors que j'étais décidée à regarder ailleurs le temps de prendre mon courage à deux mains et de partir, je le vis bouger et ne pus m'empêcher de relever doucement mon regard vers lui. Je le vis en train de tourner entre ses doigts mon paquet de cigarettes avant qu'il ne le jette sur le lit entre nous deux. Et la fameuse question tomba : Pourquoi fumais-je? Il avait raison : Je ne fumais pas, avant... La même réflexion que Katarina et j'allais lui donner la même explication. Si je n'avais pas pu dire à Katarina que j'avais commencé à fumer à cause du retour d'Aristide, je n'allais certainement pas le dire au principal concerné. Alors quoi, un autre mensonge? Ma foi... Ce n'était pas vraiment un mensonge, c'était plus une vérité que je gardais secrètement cachée, voilà tout. Je restai quelques instants silencieuse, essayant de me reprendre afin de ne pas laisser paraître une quelquonque tristesse dans ma voix. Rien... Rien ne devait paraître.

-Tu as raison. Je ne fumais pas avant...

Première victoire : Ma voix n'avait pas tremblée. C'était déjà ça. Seulement, si j'avais réussi à garder une voix sereine, intérieurement, je ne l'étais pas du tout et je fus incapable de soutenir son regard plus longtemps de peur qu'il ne finisse par comprendre pourquoi j'avais pris cette mauvaise habitude. Je baissai donc le regard et le posai sur le paquet de cigarettes : C'était plus facile ainsi. Mais j'avais oublié mes mains... Ces mains qui se tortillaient sur mes genoux comme si elles avaient une volonté propre, ces mains qui, en réalité, était en train de montrer ma nervosité à Aristide alors que je souhaitais la cacher plus que tout.

-A un moment, je n'ai pas été très bien et... Je n'ai trouvé que ça pour me calmer. Je sais que ce n'est pas bien, que je me détruis la santé mais je n'ai rien d'autre pour me calmer alors oui... Voilà... Je fume une cigarette quand j'en ai besoin...

Et là, j'en avais vraiment besoin.

Soudain, surgissant de nulle part, les mots qu'avait prononcés Aristide me revinrent : Qu'en disait Alexander? Pourquoi me laissait-il me détruire de cette façon? Moi, j'en avais une petite idée... Quand je lui avais dit que j'avais commencé à fumer, il n'avait pas du tout apprécier l'idée mais il n'était pas idiot : J'avais commencé à fumer au moment où Aristide était revenu et il était évident qu'il avait fait le rapprochement. Il connaissait mes sentiments pour Aristide et il n'en avait rien dit (le sujet n'était jamais abordé entre nous) mais il avait compris mon trouble.

-Quant à Alex...

Prononcer le prénom de mon époux face à Aristide me fit un effet étrange, désagréable, à la limite du supportable.

-Je ne lui ai pas laissé le choix. C'était ma décision...

Ma décision. Ma vie. Mes problèmes. Je relevai soudain mon regard vers Aristide : J'avais encore très mal à cause de ses mots et à présent que j'y pensais, tout me revenait. Je sentis ma mâchoire se crisper : Je n'étais pas en colère, mais j'avais mal, et j'allais lui renvoyer ses mots, ses paroles, ses propres principes.

-De toute façon, j'ai pas bien compris en quoi c'était ton problème...

Mâchoire crispée, épaules tremblantes, yeux humides.

-Tu as dis toi-même que tes problèmes ne me regardaient pas alors, ça marche aussi dans l'autre sens. Tu ne vas pas bien, ça ne me regarde pas. Je me détruis la santé, ça ne te regarde pas.

Que pouvais-je lui dire d'autre? Après tout, c'était ce qu'il pensait, non? Alors autant entrer dans son jeu et aller dans son sens puisque c'était ce qu'il voulait. Il refusait que je m'inquiète pour lui et il était donc hors de question qu'il s'inquiète pour moi : C'était logique. Je n'avais pas vu la suite de cette façon mais c'était sa vision à lui qui comptait et pas la mienne puisque je l'avais quitté, alors... Seulement, sans que je m'en rende compte, la blessure de ses mots devint plus douloureuse, plus présente et bientôt, au lieu d'aller simplement dans son sens mes mots et mon attitude se transformèrent en provocation délibérée. Aussi, lorsque je me relevai pour récuperer mon paquet de cigarettes, j'étais dans la provocation. Lorsque je sortis une cigarette et la glissai entre mes lèvres, j'étais dans la provocation. Lorsque je fis craquer une allumette avant d'allumer la dite cigarette, j'étais dans la provocation. Lorsque j'insipirai une profonde bouffée avant de lui souffler la fumée au visage, j'étais dans la provocation. Là, j'allais loin mais je ne m'en rendais même plus compte. Il m'avait fait comprendre que je n'avais plus rien à voir avec lui et c'était ma façon à moi de lui faire comprendre la même chose. Oh, je pensais tout le contraire : J'aurais préféré pouvoir essayer d'être vraiment son amie (même si mes sentiments étaient bien différents d'une simple amitié) mais il avait décidé que sa vie ne me regardait plus, alors... Ma vie non plus ne le regardait plus... Sauf qu'apparemment, il avait décidé du contraire... Il se redressa si brusquement que j'eus un sursaut. Malgré sa fatigue, il fut rapide et m'arracha la cigarette des lèvres avant de l'écraser. J'étais cependant décidée et aussitôt, mes mains se refermèrent sur le paquet de cigarettes pour aller en chercher une autre mais très vite, ses mains à lui se refermèrent sur les miennes et il ne mit pas longtemps à m'arracher le paquet des mains. Nos regards se croisèrent et se fixèrent et c'est à ce moment-là, lorsque je vis trouble, que je me rendis compte que j'étais en fait un train de pleurer, alors que je n'en avais toujours pas le droit. J'étais cependant toujours autant crispée. Je ne comprenais pas et n'acceptais pas son attitude... Certes, je l'avais quitté mais c'était lui qui venait de décider de cette règle ridicule stipulant que je n'avais pas le droit de penser à lui et de m'inquiéter pour lui. Il n'avait donc pas le droit de s'occuper de moi!

-C'est quoi ton problème?!

Moi! Mais ça, je le savais déjà... Sauf que là, j'étais tellement emportée que je n'y pensais plus. D'un geste rageur, je le frappai au niveau du torse pour le faire reculer.

-Je ne fais qu'appliquer tes propres principes! Chacun se fout de ce qui peut arriver à l'autre. En gros, c'est ça maintenant qu'on doit faire, non?

J'avais de toute façon dépassé les bornes, alors un peu plus ou un peu moins...

-Oui, je t'ai quitté! Et si parce que je l'ai fait, je dois me foutre de ce qu'il peut t'arriver, très bien! Si c'est ce que tu veux, je le ferai! Mais en retour, tu n'as pas le droit de m'interdire quoi que ce soit ou même de te soucier de ce qu'il pourrait m'arriver! Je ne vois pas pourquoi ça ne fonctionnerait que dans un sens!

Ca, tu l'as déjà dit Gabrielle... Et là, on peut savoir pourquoi tu ne prends pas tes jambes à ton cou pour quitter cette chambre avant que la dispute ne se poursuive et que la situation n'empire? Quoi? Parce que tu es une idiote? Oui... Et? Parce que? Ah oui...
Parce que ce n'est pas ta journée de toute façon...
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Aristide Tetropoulos
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MessageSujet: Re: Talk to me... Talk, it's me... [Aristide]   Talk to me... Talk, it's me... [Aristide] Icon_minitimeJeu 10 Mar - 16:21

Son attitude ne me surprenait pas, la manière qu’elle avait d’encaisser sans rien dire ne me surprenait pas. Gabrielle aurait pu, dès l’instant où je lui avais interdit de prononcer le nom de Diane devant moi, s’en aller ou même répliquer, mais non. Elle ne répliqua pas davantage par la suite, ce qui me semblait judicieux. Quelque chose s’était brisé… Nous nous étions brisés. Notre relation était brisée. Il n’y avait plus cette fusion, cette union entre nous, comme elle l’avait choisi et c’était sans doute ce qui me faisait le plus mal. Impossible de fuir l’évidence désormais, impossible de nier : Je n’étais plus rien pour elle. Un étranger, car à ne pas s’y tromper, son attitude était significative, en réalité, d’une grande indifférence. Lorsque l’on aime quelqu’un et qu’on sait qu’on lui fait du mal, un minimum de respect serait de ne pas aller l’importuner par notre présence et le laisser tranquille. Or, Gabrielle était bel et bien là, dans ma chambre, à me demander des nouvelles comme si j’étais disposé à lui en donner. Elle se moquait de moi, très clairement. Se moquait de ce que je pouvais éprouver tandis que cet entretien se prolongeait. A sa place il était clair que je ne me serais jamais permis d’aller la voir, d’ailleurs je n’y étais pas allé. Même si j’avais été l’auteur de notre rupture, je n’aurais plus cherché à avoir de contact. Au plutôt : Surtout si j’avais été l’auteur de notre rupture. C’était comme offrir un bol de riz à un miséreux, le lui retirer, puis venir lui demander s’il avait faim. En clair, c’était de l’ironie pure et dure, ce qui m’agaçait particulièrement. J’étais fatigué de Gabrielle, fatigué de ses incertitudes et de ses jeux qui n’amusaient qu’elle. Non, ça ne m’amusait pas de me retrouver coincé avec elle, de même que je n’éprouvais aucun espoir quant à une possible réconciliation entre nous. Brisé. Foutu. C’était foutu et plus les secondes s’étiraient, plus cette certitude prenait de place dans mon esprit. Finalement, elle m’annonça d’une voix calme qu’effectivement, elle ne fumait pas avant. Son indifférence me donnait envie de l’attraper et la jeter dehors, mais au fond je craignais ce qu’elle aurait pu faire. De toute évidence, il y avait désormais un monde entre nous. Une frontière infranchissable. En toute sincérité la Gabrielle qui me faisait face, je ne la connaissais pas. Ce n’était pas celle que j’avais aimé, et qu’est ce qui me disait que celle-ci n’irait pas dire n’importe quoi à son cher Alexander si jamais je la renvoyais sans plus de manières ? Oui, j’en venais même à me demander si elle n’était pas capable de telles facéties. J’étais fatigué, et sans doute paranoïaque mais voilà… Elle était là, et c’était tout simplement insupportable.

Son regard fini par se poser sur son paquet de cigarettes qu’elle observait avec obstination. J’eus soudainement l’impression de priver une petite fille de son doudou, ce qui me répugna fortement. Ses doigts qui gigotaient sur ses genoux ne faisaient que renforcer cette impression de manque, de besoin vital. Elle avait besoin de fumer, c’était évident. Je soupirai face à cette vision plus que difficile à supporter. Kaylhen, Gabrielle… Il ne manquait plus que Diane pour se trouver une quelconque addiction, et cette fois je mettrais la clef sous la porte. Il n’y avait même aucune différence entre Kay et Gabrielle : L’une se tapissait les narines de cocaïne, l’autre les poumons de fumée. Formes différentes de drogues, mais qui demeurent, indéniablement, toutes deux des drogues. L’explication tomba, un peu faible à mes yeux : Un besoin de décompresser ? Belle manière que voilà pour se détendre ! Intoxiquer ses poumons, et encore, s’il n’y avait que les poumons. On connaissait depuis bien longtemps à présent les risques du tabac : Cancer des poumons, du larynx, de la bouche (palais, langue, etc.), cancer de l’œsophage, de l’estomac, infarctus, AVC, bronchites chroniques… J’en passe et des meilleures. Toutes ces abominations pour quelques minutes d’insouciances, cela me semblait bien cher payé. Et puis, ses mots me sortirent de mes pensées. La manière dont elle abrégeait le nom de son époux, ce petit « Alex » tout mignon, me donnait la nausée. Comme si je me retrouvais tout à coup plongé dans l’intimité d’un couple qui, pardonnez-moi, me répugnait tout de même. Aurais-je pu trouver à leur mariage d’heureuses pensées, de bons sentiments ? Je n’étais pas profondément méchant, mais il ne fallait pas pousser non plus. Ce n’était, après tout, peut-être rien, seulement mon irritation présente qui me faisait haïr à ce point cet « Alex », il n’empêche que j’eus du mal à ne pas grimacer. A croire qu’il me fallait absolument endurer des choses dont je me serais bien volontiers passé, mais qui, de toute évidence, paraissaient à ses yeux dignes de m’être apprises. La suite du menu ? Elle comptait me raconter tout ce qu’ils faisaient, avec son « Alex » ? Comme il était gentil, son « Alex » ? Quels mots doux il lui murmurait, son putain d’« Alex » ? Calme. On respire. J’entendis à peine la suite de la phrase, plongé dans mes sombres pensées, rythmées par tous ces « Alex » qui se déclinaient à l’infini dans mon crâne. Alex. ALEX. aLex. AaaaaLEX. A…Lex ! Ahahahlex. A.L.E.X.

Wowowo ! On se calme, on zappe. Je me sens envahi là, normalement l’intrus dans ta tête c’est moi, pas Alexander !

La paume de ma main vint s’écraser sur mon front afin de sortir définitivement de mon esprit Alexander, que je voyais danser devant mes yeux, répétant à l’infini l’abréviation de son prénom qui m’agaçait tant. Je repris le fil de la conversation lorsque Gabrielle me dit ne pas comprendre en quoi c’était mon problème. L’espace d’une seconde je dû chercher de quoi elle parlait avant de me souvenir. Ce n’était pas vraiment mon problème, si on allait dans ce sens. Je ne supportais simplement pas l’idée qu’elle se fasse autant de mal pour rien. Et lorsqu’elle enchaîna en reprenant mes propres mots pour m’attaquer, je dois bien avouer que je restai abasourdi. Ce n’était pas pareil. Pas pareil du tout même. Ne me demandez pas la différence, à l’instant elle ne m’apparaissait pas très clairement, mais dans mon esprit il y en avait une, c’était évident. Peut-être parce que moi je n’allais pas lui coller mes problèmes sous le nez, qu’elle était venue d’elle-même me poser des questions alors que j’avais remarqué son paquet de cigarettes. Elle, elle se mêlait très clairement de ma vie en s’y imposant. Moi, je soulignai un détail qui m’apparaissait important. Plaidoirie assez peu convaincante, je vous l’accorde. La principale différence, en réalité, résidait dans le fait que c’était Gabrielle qui m’avait quitté. Elle m’avait abandonné et en cela, avait laissé derrière elle tout ce qui avait attrait avec moi, tandis que j’avais subis ce choix. Ainsi, la responsabilité lui revenait, et elle avait beaucoup moins de droits que moi. Je n’aimais cependant pas la façon dont elle me renvoyait ça en pleine figure, on aurait dit une enfant pourrie gâtée. Ou une vieille loi du talion remaniée selon ses soins et à sa guise. Les choses ne marchent pas comme ça dans la vie. Lorsqu’on abandonne quelqu’un, on n’a pas le droit d’aller lui quémander des choses par la suite. Lorsqu’on est abandonné, tout est différent. On est la victime de l’histoire, celui qui n’a pas eu son mort à dire et qui subit en silence. Je subissais en silence, je crevais en silence, et très sincèrement, m’inquiéter pour elle me semblait un faible privilège auquel j’avais le droit, en conséquence. Si Gabrielle continuait à vivre sa vie comme si rien ne s’était passé, moi pas. Voilà toute la différence. Voilà la limite entre celui qui peut s’en faire pour l’autre, et celui qui ne peut pas. Elle ne pouvait pas. Tout ça, c’était terminé.

Aller vas-y, rebelle toi ! On a pas besoin d’elle de toute façon, on a pas besoin d’elle, tralalala !
- Tu voudrais pas juste arrêter de chantonner, s’il te plait ? C’est…Fatiguant.
- Je sais. J’aime bien.
- D’accord…

Je fronçai les sourcils en la voyant se lever.
J’eus une moue dégoûtée lorsqu’elle reprit son paquet.
J’ouvris la bouche pour protester lorsqu’elle glissa une cigarette entre ses lèvres et l’alluma.
Je serrai les poings lorsqu’elle me souffla sa merde au visage.
Oh la garce ! Sans réfléchir j’arrachai d’un geste brusque sa cigarette et la jetai au sol avant de l’écraser. De toute évidence, cela ne lui plu pas mais il était absolument hors de question qu’elle fume devant moi, dans ma chambre ! Non mais sérieusement, elle se prenait pour qui ? Elle croyait quoi ? Que j’allais croiser les bras et la regarder se détruire sans un mot ? Si « Alex » laissait faire, moi pas ! Parce que nous n’étions pas pareils, parce que si lui avait la délicatesse de respecter ses choix, moi pas ! Pas tous en tout cas. Pas celui-là. Il en était, simplement, hors de question. Visiblement elle ne l’entendait pas de cette oreille puisque ses doigts se crispèrent sur le paquet, prêts à sortir une nouvelle cigarette. Les miens firent de même, et malgré ma fatigue, malgré ma lassitude, j’étais toujours plus fort qu’elle. Assez en tout cas pour lui ôter cette bombe à retardement des mains, quand bien même cela lui déplaise. Je me fichais bien de ses protestations, de ses arguments stupides, de tout ce qu’elle aurait bien pu dire ou faire. Comment pouvais-je accepter que la femme que j’aimais nuise à sa santé d’une telle manière sans broncher ? C’était inadmissible. Son attitude était inadmissible. Elle me défiait très clairement de lui refuser ce qu’elle voulait, et bien que dans le passé je ne lui ai jamais rien refusé… Le passé était révolu. Et même dans le passé, je n’aurais jamais toléré ça. Elle me lança finalement un regard plus que révolté, ses yeux baignés de larmes. De larmes… Bon sang. Bon sang Gabrielle ! Voilà qu’elle se mettait à pleurer alors que je faisais ça pour son bien, pour elle, pour qu’elle soit en bonne santé. Etait-ce si mal ?! Etais-je vraiment sadique en lui arrachant cette merde des doigts ? De toute évidence, oui…Laisse tomber, elle te tape seulement sa crise comme une gamine. Ca va passer. Mais la manière dont elle me regarda me brisa le cœur, et de nouveau, je reculai. Je reculai encore davantage lorsqu’elle frappa furieusement mon torse en me demandant quel était mon problème. Mon problème ? Il était simple… Très simple même. Elle me ressortit ce que je lui avais dit plus tôt, toujours d’une manière erronée. Ce n’était pas ce qu’on devait faire, mais ce qu’elle devait faire. Je fermai brièvement les yeux jusqu’à ce qu’elle se taise enfin. Je ne supportais plus de la voir pleurer, d’entendre cette voix pleine de reproches et de colère, je ne la supportais tout bonnement plus. Maintenant il fallait qu’elle s’arrête, car j’arrivai à un stade où je sentais moi aussi la colère me submerger, et ça risquait de ne pas être joyeux. Ca ne l’était, de toute façon, pas. Alors, brusquement, j’attrapai sa main et y collai son foutu paquet. J’approchai mon visage du sien et adoptai la même attitude : Provocation, quand tu nous tiens !

« Tu veux te tuer mon Ange, vas-y. N’oublie pas de m’envoyer une carte d’invitation pour ton enterrement, dans quoi ? Aller, 10, 15 ans ? Super, on va bien rigoler. »

J’embrassai d’une manière plutôt sèche son front avant de la contourner. La fausse jovialité dans ma voix ne cachait rien du profond mépris que je ressentais, le même que le sien après tout. Plus les secondes passaient, plus je l’entendais pleurer, plus ce mépris augmentait. Elle voulait rentrer dans ce rapport de force, très bien, nous y étions ! Je n’avais pas été agressif en lui disant que mes problèmes ne la concernaient pas, contrairement à elle. Je n’avais pas fait une scène, estimant qu’il y en avait déjà eu suffisamment entre nous. Visiblement elle pensait le contraire, elle allait être servie. Après tout, elle avait raison. Qu’est ce que ça pouvait me faire qu’elle fume ? Elle ne devait plus rien être pour moi, il fallait qu’elle ne représente plus rien. Même si ce résultat n’était pas encore obtenu, même si dans mon cœur rien n’avait changé et que j’en souffrais énormément, il me fallait au moins feindre. Feindre ne plus attacher aucune importance à cette femme, feindre l’avoir oublié. Je ne savais pas si j’en étais capable, cependant. Durant tout ce temps la seule chose que j’étais parvenu à faire avait été de me cacher, fuir le monde extérieur pour ne pas avoir à l’affronter. Aujourd’hui elle me mettait au pied du mur. Impossible de retourner à ma cachette, puisqu’elle l’avait forcée. Elle avait pénétré mon seul refuge, aussi dérisoire soit-il. Mon seul recourt pour l’en déraciner était d’abuser. De mentir, parce qu’à l’instant, je souffrais énormément. Lui faire du mal m’en faisait aussi, or je ne pouvais la consoler. Je ne pouvais m’excuser en la prenant dans mes bras, en lui murmurant que j’avais été idiot et lui révéler à quel point elle me manquait. Je ne pouvais pas tomber à ses pieds et lui avouer ne pas m’être remis d’elle, que j’étouffais sous le poids de mon amour, que je la voulais, encore, toujours. Non, je ne le pouvais pas. Alors il me fallait jouer un jeu qui creuserait définitivement le fossé entre nous. Je me retournai vers elle et l’observai avec froideur avant de lâcher d’une voix pleine de mépris :

« Tu as raison, je ne dois pas me soucier de ce qui pourrait t’arriver. Au final je ne le fais même pas ; Je m’en fous. Je m’en fous de te voir, et je m’en fous de tes questions à deux balles comme si nous étions bons amis. On est rien l’un pour l’autre, en tout cas pour moi tu n’es rien, alors lâche-moi. »

Acide. Tranchant. Destructeur.

« C’est facile de te ramener ici, la bouche en cœur, et me demander des nouvelles. Facile de me parler de Diane, comme si cette conversation était normale, censée. Entre toi et moi y’a plus rien de possible, pas même une foutue amitié alors maintenant, oublie-moi. Définitivement. Si j’ai pu le faire, tu y arriveras aussi. »

AHAHA. Dans tes dents blondasse !

« C’est pas un putain de principe, ni une manière de fonctionner, ni quoi que ce soit. Tu me fous la paix, c’est tout. Est-ce que je suis venu te voir, moi ? Est-ce que je suis venu dans ta chambre pour te demander si Alexander et toi vous vous disputiez ? Putain mais je m’en fous d’Alexander et toi ! Je m’en fous de votre vie, de vos problèmes, de vos préoccupations ! »

Cette fois je détournai le regard, tâchant de reprendre ma respiration tandis que je m’étais quelque peu emporté. Je mentais, c’était évident. Sur beaucoup de points j’avais menti, y compris en lui disant que je m’en foutais d’elle mais au fond, je ne regrettais pas. Cette colère, cette rancœur, elle était en moi, je l’éprouvais réellement à son égard parce qu’au fond je pensais vraiment qu’elle n’avait rien à faire ici. J’avais accepté la séparation, accepté de la perde, car c’était là son choix et qu’il m’aurait été impossible d’aller contre. Si elle voulait sauver son mariage, je ne comptais plus être un obstacle mais alors qu’elle me laisse. Qu’elle m’oublie. Bien sûr cette pensée était terrible pour moi mais je ne pouvais supporter l’entre deux. Soit Gabrielle restait avec moi, soit elle restait avec Alexander. Il n’y avait aucune autre possibilité, pas même celle d’une amitié entre nous. Comment être amis après tout ce que nous avions vécu ? Au fond, je lui en avais déjà voulu pour m’avoir abandonné, et m’avoir fait si mal, mais à présent je lui en voulais bien plus de continuer à remuer le couteau dans la plaie, comme si ma souffrance lui était agréable. Il fallait néanmoins que je me calme, pour le bien de tous cette nouvelle dispute ne servait à rien. Epuisement et colère ne font pas bon ménage, je risquais de mourir bien plus tôt que prévu si jamais cela continuait. Mais après tout, n’était-ce pas mon but inavoué ? Je me redressai finalement en lâchant un grand soupir, puis posai un regard moins dur que précédemment sur elle.

« Mon père est mort d’un cancer, voilà pourquoi je déteste le tabac. Que ce soit toi ou quelqu’un d’autre, je ne supporte pas. Je te le répète, je m’en fiche de ce qu’il peut t’arriver parce que ce ne sont plus mes affaires, alors si tu veux fumer, vas-y , mais soit gentille et quitte cette pièce. Si je ne peux pas te forcer à protéger ta santé, je peux au moins exiger que tu ne nuises pas davantage à la mienne. »

Davantage. Le mot de trop. Le mot qui soulignait à quel point cette phrase était à double sens. Le mot qui me trahissait également : En admettant qu’elle me fasse du mal, j’avouais lui accorder encore énormément d’importance. On ne souffre pas de la présence de ceux qu’on méprise réellement, l’ignorance est souvent la réponse la plus juste à ce genre de situation. Je priai alors silencieusement pour qu’elle ne remarque pas cette erreur de ma part, cet indice lâché par mégarde qui l’informait, sans nul doute possible, que presque chacun de mes mots précédents n’étaient que mensonges.
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Gabrielle McCord
Don't Worry About A ThingGabrielle McCord


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MessageSujet: Re: Talk to me... Talk, it's me... [Aristide]   Talk to me... Talk, it's me... [Aristide] Icon_minitimeSam 14 Mai - 15:48

[ C’est très court, c’est nul, je te demande pardon mon Pipoup… :’( ]

C’était cruel. J’étais cruelle, et je le savais au fond mais c’était plus fort que moi. J’avais fait preuve de courage quand je l’avais quitté. Oui, de courage, contrairement à ce que vous pourriez penser… En le quittant, j’avais fait un choix difficile et il m’avait fallu tout mon courage pour aller jusqu’au bout et passer à autre chose. Passer à autre chose… En réalité, ce n’était pas le cas. En réalité, je l’aimais toujours plus que de raison. Le fait est que j’aimais plus mon époux et que je ne pouvais pas me faire à l’idée de ne plus avoir Alexander dans ma vie. Pouvais-je me faire à l’idée de ne plus avoir Aristide auprès de moi ? Sincèrement, pas vraiment non. Mais j’avais fait plus d’efforts depuis qu’il était revenu en compagnie de sa femme. Sa femme bon sang ! Voilà pourquoi j’étais là, parce que je m’inquiétais pour lui, parce que je le voyais sombrer de plus en plus alors qu’il aurait dû être enfin heureux ! Certes, il estimait que j’avais perdu le droit de m’inquiéter pour lui lorsque je l’avais quitté et je savais qu’au fond il avait raison mais je ne pouvais pas m’empêcher de penser à lui et de me faire du souci pour lui : C’était ainsi. J’étais ainsi. Seulement voilà, au lieu d’être un soutien pour lui, j’étais une torture. Au lieu de l’aider, j’étais en train de le provoquer. J’étais en train de creuser le fossé entre nous alors que je souhaitais le contraire. J’étais en train de… Pleurer. Encore une fois. Je ne devais pourtant pas lui infliger ce genre de spectacle mais… J’avais beau avoir fait des efforts, j’avais beau avoir réussi à devenir forte, là, cet instant, tout ressortait. Absolument tout. Nos merveilleux moments comme les moments les plus terribles. Je l’aimais toujours et j’avais encore beaucoup de chemin à parcourir pour que mon cœur ne batte plus autant pour lui. Lorsque je sentis sa main attraper brusquement la mienne et y mettre avec violence mon paquet de cigarettes, je sursautai et relevai mon regard noyé de larmes vers lui. Je fus surprise de voir son visage si près du mien et j’aurais pu être tentée, j’aurais pu vouloir me rapprocher mais le regard avec lequel il me fixa me glaça le sang. Et la voix avec laquelle il s’adressa à moi quelques secondes plus tard me glaça encore plus.
Il avait raison, bien sûr. J’étais en train de me tuer petit à petit mais la façon dont il amena la chose était très perturbante. Et surtout… Le " on va bien rigoler à ton enterrement "… Ca, ça avait de quoi refroidir n’importe qui. Enfin, selon moi. Enfin… Bref…

J’étais pétrifiée. Littéralement pétrifiée.

Le bref baiser qu’il me donna sur les front fut tellement froid et sec que j’en fus encore plus perturbée.Jamais… Jamais il n’avait eu ce genre d’attitude envers moi. Peut-être que je le méritais… En fait, je le méritais vraiment mais ça n’en faisait pas moins mal voyez-vous… Il me contourna et je tentai d’essayer mes larmes mais c’était peine perdu puisqu’aussitôt essuyées, d’autres revenaient : Les traîtresses. Je devais faire quelque chose : Partir. Voilà la solution. Voilà ce que j’aurais dû faire depuis le début. Sauf qu’au moment où enfin j’étais prête à faire ce premier pas qui allait me mener vers la porte, il se retourna et me regarda une froideur dont je ne soupçonnais même pas l’existence. A côté de ce regard là, ce regard pénétrant et déchirant, le regard qu’il m’avait lancé juste avant n’était absolument rien du tout. Ce qui me frappa le plus fut cependant le mépris qu’il eut dans la voix lorsqu’il s’adressa à moi. Et les mots… Ces mots… Ses mots… J’aurais mille fois préféré la colère comme lorsqu’il m’avait crié dessus à Harlem. J’aurais préféré ça plutôt que d’entendre des " je m’en fous de toi ", " tu n’es rien pour moi ", " oublie-moi. Définitivement. Si j’ai pu le faire " et là, plus rien. " Si j’ai pu t’oublier ". Voilà ce qu’il venait de dire. Alors qu’il m’avait suppliée de ne pas l’oublier, alors que je lui avais fait cette promesse, alors qu’il m’avait juré, en me regardant droit dans les yeux qu’il m’attendrait toujours, il m’avait oubliée. Je sais, je lui avais dit de le faire, je lui avais dit de trouver le bonheur et je le pensais sincèrement : Il méritait d’être heureux. Mais, égoïstement, j’aurais voulu qu’il me garde une petite place dans son cœur comme moi, malgré mon choix, j’avais gardé une place dans mon cœur pour lui, et pas qu’une petite… Quand il était revenu avec Diane, j’avais eu mal de savoir qu’il m’avait caché son existence et finalement, j’avais pris sur moi : Il était heureux, c’était tout ce qui devait m’importer. Seulement voilà, il n’était pas heureux et c’était pour cette raison que j’étais venue et là… Entendre de sa bouche que lui, il m’avait oubliée…

Terrible. Douloureux. Insupportable.

Pour être tout à fait honnête, la suite, je ne l’entendis pas. Je voyais ses lèvres bouger mais plus aucun son ne me parvenait. Mon esprit restait bloqué sur " Je t’ai oublié ". J’étais pathétique… Je me trouvais dans la chambre de mon ancien amant pour qui je ressentais toujours beaucoup d’amour alors que, pourtant, j’aimais mon mari et je pleurais sans pouvoir m’arrêter parce qu’il venait de me dire que finalement, il m’avait oubliée. Pathétique… Je baissai doucement le visage, submergée par cette révélation, par cette vérité : Il n’y avait plus aucune place pour moi dans sa vie. Pas même en tant qu’amie alors que ça m’aurait pourtant fait tellement plaisir. Oui, ça m’aurait fait plaisir d’être une toute petite partie de sa vie, d’assister à son bonheur… Mais je n’étais plus rien. Ce que nous avions eu n’existait plus, ce que j’avais été pour lui n’était plus qu’un souvenir. JE n’étais plus qu’un souvenir. Alors non, il avait raison : Même une simple amitié ne pouvait pas être possible. Comment être amie avec cet homme qui m’avait tout simplement rayée de son existence alors qu’il m’avait lui-même supplié de ne jamais le faire ? Comment ? Petit à petit, la vérité s’installa et bientôt, je fus capable de l’entendre à nouveau. La tête toujours baissée, je l’entendis m’avouer que son père était mort d’un cancer et que c’était pour cela qu’il détestait le tabac. Le reste suivit, calme, moins froid mais pourtant toujours autant douloureux pour moi. Non, ce qui pouvait m’arriver ne le concernait plus puisqu’il n’en avait plus rien à faire de moi. Je pouvais bien crever la bouche grande ouverte qu’il n’en aurait rien à faire, alors que moi… S’il devait mourir… S’il devait disparaître…
Non. Stop Gabrielle. Ca suffit maintenant ! Il t’a oublié ? Bien. Fais de même…

Facile à dire, moins facile à faire…

Ces derniers mots me firent l’effet d’une décharge électrique : " je peux au moins exiger que tu ne nuises pas davantage à la mienne. " C’était clair. Je lui avais fait beaucoup de mal, je le savais, mais de là à dire que je lui avais été nuisible… Le pire dans tout ça ? C’était vrai. Je lui avais apporté beaucoup plus de malheur que de bonheur… Alors… Je devais faire ce que je n’avais pas eu le courage de faire lors de notre premier rendez-vous secret dans sa chambre. Je devais faire ce que je n’avais eu le courage de faire que bien trop longtemps après avoir causé de nombreux dégâts. Je devais partir. Je devais le laisser tranquille. C'était de cette façon là que j’allais pouvoir le soulager : C’était clair maintenant. Alors qu’il me faisait face, alors que je voyais son visage plus sombre que jamais, tout était clair et évident de là où j’étais. Je devais partir. Non pas pour sauver mon couple, me sauver moi, mais le sauver lui. J’étais toujours incapable de me retenir de pleurer mais à quoi bon ? De toute façon… Un sourire étira cependant mes lèvres. Il n’était pas forcé, c’était juste que… Il allait enfin être heureux. Enfin. Ma voix, lorsqu’elle s’éleva doucement fut tremblante, à l’image même de la douleur qui me tiraillait mais je n’avais pas peur qu’il m’entende ainsi. Je lui étais indifférente alors ma voix, mes larmes ou quoi que ce soit d’autre ne changerait rien pour lui.

" J’ai compris. Je ne te dérangerai plus jamais. Je te promets de ne plus jamais venir t'embêter maintenant. "

Sur ces derniers mots, j’entendis ma voix trembler encore plus et je baissai le visage en plaquant ma main contre ma bouche pour étouffer mes sanglots. Je n’avais plus le droit d’être ici. En fait, je n’avais jamais eu ce droit. J’avais été mariée et j’avais pourtant été vers lui. J’avais couché avec lui alors que j’avais choisi mon mari. Je l’avais quitté alors que je l’aimais, tout en sachant que j’allais lui faire du mal. Depuis le début, je n’avais jamais eu ma place auprès de lui. Tout était de ma faute, et je ne faisais que récolter ce que j’avais semé, voilà tout. Je tournai les talons et me dirigeai vers la porte, prête à quitter cette pièce, prête à le quitter définitivement.

Son amante, je ne l’étais plus depuis longtemps.
Son amie, je ne le serais jamais à présent.
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Aristide Tetropoulos
Εἶς ἀνὴρ οὐδεὶς ἀνὴρ
Aristide Tetropoulos


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MessageSujet: Re: Talk to me... Talk, it's me... [Aristide]   Talk to me... Talk, it's me... [Aristide] Icon_minitimeSam 28 Mai - 17:32

Mensonge. Chacun des mots qui s’échappaient de mes lèvres, chacune de mes respirations, chacun de mes gestes, tout n’était que mensonges. Peut-être parce qu’au-delà de l’amour que je lui portais se trouvait une part de haine à son égard, ce qui aurait été tout à fait plausible. La frontière entre amour et haine, je l’avais déjà franchis pour elle. Je lui avais déjà craché un tas d’horreur au visage, horreurs que je pensais pour la plupart car je lui en voulais de m’avoir tant fait souffrir, de ne pas avoir su me protéger et m’épargner. Elle aurait pu, du me repousser le jour où je l’avais embrassé dans le salon. Si mes souvenirs sont bons, elle était déjà mariée à cette époque là, et moi… J’étais tombé dans le piège, trop attiré par elle pour réfléchir une seconde aux conséquences. Ou bien m’en foutais-je. J’avais repoussé toute morale, toute conscience pour me livrer tout cru dans la gueule du loup, par simple désir de goûter moi aussi à l’amour, le vrai, celui que je n’avais jamais connu auparavant. Celui que je n’avais, en réalité, jamais connu tout court… Son cœur n’avait jamais été mien tout entier, Gabrielle ne m’avait jamais appartenue sans condition et sans échéance, était-ce donc cela l’amour ? Ma vision des choses se révélait dans ce cas utopique et fantasmagorique… J’aurais voulu les promesses, les certitudes, la fidélité et l’abandon. J’aurais voulu que nous ne voyions plus que l’un part l’autre, que nous n’envisagions pas une seconde de nous séparer, que nous construisions le futur, notre futur, jour après jour. Or, cela n’était jamais arrivé, et cela n’arriverait jamais. Il n’y avait jamais eu de futur pour nous deux, seulement un laps de temps prêté, une brève pause dans nos vies pour nous offrir l’un à l’autre. Et finalement, le prêt touche à sa fin, il faut rembourser avec les intérêts. Le rêve prend fin. Voilà ce qu’avait été ma relation avec Gabrielle et voilà pourquoi, au fond, je lui en voulais de m’avoir fait croire à quelque chose d’impossible. Même si elle n’avait jamais rien promis, même si elle ne m’avait jamais parlé de quitter Alexander, elle demeurait toujours auprès de moi, m’embrassait toujours, me caressait toujours comme si j’avais été totalement sien. Qu’est ce que j’aurais dû faire ? Qu’est ce que j’étais censé faire ? La repousser ? Offrez un peu de rêve à un pauvre type dans mon genre et espérez donc qu’il crache dessus, vous.

Je me retins de grimacer lorsqu’elle m’annonça qu’elle avait compris. Non, elle n’avait absolument rien compris mais cela ne faisait rien, il était même préférable qu’elle pense le contraire. Préférable qu’elle se tienne à l’écart de moi désormais, de toute manière nous ne serions jamais amis, inutile de continuer à nous faire souffrir tout deux. Et elle souffrait, j’en avais la certitude rien qu’en entendant sa voix tremblante. Je n’aimais pas lui faire de mal, mais comment pouvais-je m’en sortir ? Comment ne plus nous faire de mal à présent ? Cela me paraissait impossible. Nous souffrirons tous deux tant que nous nous aimerions, il n’y avait absolument aucune issue possible, et malgré mes mots oui, je l’aimais toujours. Je l’aimais tellement que j’en crevais à petit feu, et tout ce qu’elle attribuait à une éventuelle dispute avec Diane résultait uniquement de notre séparation. Je ne dormais plus, ne mangeais plus, ne parlais presque plus tant elle me manquait, tant vivre sans elle m’apparaissait insupportable et injuste. Je n’étais pas assez fort pour survivre à ça, ou en tout cas n’avais-je même pas envie d’essayer. Je ne voulais pas lui survivre. Tout ce que je voulais c’était abréger une vie entière de souffrances à venir, une vie qui serait basée sur des souvenirs et des regrets. Finalement, elle me promit de ne plus jamais venir me voir, de ne plus jamais m’embêter. Elle n’avait vraiment pas compris, elle croyait en mes mots, croyait que je ne l’aimais plus… Bien sûr que je venais de le lui affirmer mais je pensais que mon mensonge était évident, flagrant, elle n’allait pas s’y laisser prendre. Inconsciemment je crois que j’avais en tout cas espéré qu’elle n’y croirait pas, car dès lors, elle n’aurait plus cru en aucun de mes mots, aucune de mes promesses. Même si c’était de ma faute, j’étais soudainement aussi déçu que triste. Déçu parce que finalement, j’aurais pu lui promettre des dizaines de milliers de fois que jamais je ne l’oublierais et cela n’aurait rien changé, triste parce qu’à ses yeux je ne devais plus être qu’un lamentable menteur. Pourtant, je n’avais pas mentis. Pas une seule fois, pas lorsque je lui jurais fidélité éternelle, pas lorsque je lui promettais que mon cœur serait toujours sien, pas lorsque je lui déclarais mon amour, encore et encore. Et tout ça n’avait servis à rien. J’avais fait tout ça pour rien. Je m’étais insurgé contre tout le monde pour rien, j’avais mentis aux autres pour rien, je m’en étais pris une par Alexander pour rien, j’avais vécu l’enfer dehors pour rien… Pour rien. Puisqu’elle ne croyait si facilement plus en mon amour, tout ça n’avait servis à rien. A rien dutout.
Comment accepter la nouvelle ? Comment accepter qu’elle oublie si facilement tout ce qu’il s’était passé entre nous, tout ce que j’avais perdu et abandonné sans hésiter pour elle ? J’avais mal, et je lui en voulais. Finalement, elle ne devait pas avoir beaucoup cru en mon amour tout au long de ces mois, sans quoi il ne suffirait pas d’une dispute pour soudainement tout effacer. Il ne suffirait pas de si peu pour remettre en question des mois entiers d’amour dévoué et passionné. Je serrai les dents tant je sentais en moi monter une froide colère, encore. Cependant, cette fois je savais que je ne serais plus capable de mentir, quand bien même ce soit la meilleure solution, je ne tolérais pas l’idée qu’elle puisse penser que je ne l’aimais plus. C’était faux. Bon sang, c’était faux ! Le simple fait que je réagisse aussi violemment en la voyant constituait une preuve assez suffisante de mon amour, sans quoi j’aurais pu supporter sa présence sans broncher, répondre à ses questions sans broncher, être totalement indifférent à sa présence. C’était ça l’absence d’amour : L’indifférence. Pas la haine ou la colère, jamais. Ou alors seulement dans des cas très particuliers, mais le nôtre était bien simple. Elle m’avait quitté, et j’avais en apparences du moins accepté cette séparation. J’avais respecté son choix sans l’insulter ou hurler, quand j’étais parti je n’avais pas fait de scène ou de crise… J’avais juste abandonné… Pourquoi ne comprenait-elle pas ? Pourquoi ne voyait-elle pas la différence ? Ma colère ne fit que s’accentuer lorsque je la vis étouffer un sanglot, se détournant par la suite de moi pour se diriger vers la porte. Comment pouvait-elle y croire ?! Comment osait-elle y croire ?! Je n’en revenais pas. Impulsivement, je me détournai à mon tour avant de débarrasser la surface complète du bureau de son contenu d’un coup sec, envoyant le tout valser contre le mur. La colère, la déception et la tristesse se mêlaient en moi, or le mélange possédait un goût bien amer. Je serrai les dents avant de réitérer l’opération avec une étagère, puis une autre, et finalement j’explosai, me mettant soudainement à hurler.

« Alors c’est ça, hein ?! C’est ça l’opinion que tu as de moi ?! C’est si facile à changer ?! »

J’attrapai la chaise du bureau et l’envoyai carrément contre le mur. Elle se cassa, mais cela ne fit en rien descendre la pression qui s’accumulait dans mon corps depuis que je m’étais rendu compte que Gabrielle n’avait plus foi en moi amour.

« Il te suffit de quelques mensonges pour que je devienne un menteur et un hypocrite ?! Putain ! Mais putain Gabrielle ! »

Furieusement je refermai la porte qu’elle avait ouverte d’un coup sec, la faisant claquer. Puis je me tournai vers elle et ce fut plus fort que moi, je continuai à hurler.

« J’ai failli crever pour toi, et plus d’une fois, mais ça ne pèse rien, n’est ce pas ? Tout ce que j’ai fais pour être avec toi et tout ce que j’endure maintenant comme punition tu ne le voies pas ? Et mes promesses, mes mots d’amour, mes caresses, tout ça ce n’aurait été que du vent alors ?! Tu sais pourtant ! Tu sais qu’il n’y a jamais eu que toi dans mon cœur, qu’avant ce n’était que du sexe, que je m’en foutais ! La seule que j’ai jamais aimé c’est toi et je te l’ai répété au moins des centaines de fois, mais non ! Non ! »

C’était tellement simple de ravager la chambre et se mettre à hurler. Tellement simple de réagir violement alors que c’était de ma faute, que visiblement je n’avais pas su être assez convainquant. Je ne l’avais peut-être pas aimé assez fort, ou en tout cas pas assez montré. C’était de ma faute et pourtant, je ne voyais pas où j’avais failli… A chaque fois que je m’adressais à elle, à chaque fois que je la regardais ou la touchais, j’étais aux anges, j’étais l’homme le plus heureux du monde et jamais je n’avais manqué d’égards pour elle. En tout cas, c’était ce dont j’étais persuadé mais de toute évidence, ça n’avait pas été suffisant. Peut-être même était-ce ce qui avait fini par me l’arracher, peut-être qu’Alexander la traitait avec beaucoup plus de respect, de tendresse ou de douceur que moi. Peut-être que je m’étais imaginé comme un homme attentif et aimant alors qu’en réalité je n’avais été qu’un goujat sans nom. Je tombais de très haut et bien vite, la colère disparue totalement pour ne laisser place qu’à la tristesse. J’aurais voulu pouvoir revenir en arrière pour pouvoir lui promettre encore, plus souvent, plus fort, que jamais je ne pourrais l’oublier et qu’elle représentait tout ce que j’aimais en ce monde. J’aurais voulu pouvoir lui faire des dizaines, des centaines de déclarations en plus pour que jamais, absolument jamais, elle ne doute de mon amour. Pour que quoi qu’il arrive, elle sache au moins que moi je l’attendais encore, et ce même dans dix, vingt ou cinquante ans. J’allais vieillir en espérant qu’un jour elle me revienne, et si cette certitude était en moi bien ancrée, il fallait croire que pour elle ce n’était absolument pas le cas. Je n’étais qu’un idiot… Et pourtant, j’avais cru qu’elle savait. Cette nuit à Harlem aurait dû définitivement lui faire comprendre que j’étais prêt à brûler sans hésiter ma vie pour elle. La manière dont nous avions fait l’amour, et toutes nos caresses, même nos adieux… Nos adieux auraient-ils été si déchirants si mon amour n’avait pas été aussi fort qu’il l’était ? Non, c’était impossible, et qu’elle n’y songe même pas me brisait un peu plus le cœur. Alors, même si je savais que je n’aurais jamais dû faire ça, même si je savais que c’était une très mauvaise idée et que j’allais encore une fois y laisser ma peau, je la pris soudainement dans mes bras, la serrant avec force contre mon torse. Tant pis, j’allais de nouveau souffrir le martyr pour elle et, espérons que cette fois elle s’en rende compte. Espérons que cette fois qu’elle comprenne une bonne fois pour toutes. Je glissai mes doigts dans ses cheveux et, ce fut plus fort que moi, caressai doucement ses cheveux. Ma voix ne fut qu’un murmure brisé par la tristesse.

« Comment tu peux croire ces mensonges ? Je t’aime… Je t’ai toujours aimé et si j’ai affirmé le contraire, c’est seulement parce que te voir, être avec toi… Si tu savais comme j’en souffre, comme il m’est insupportable que de me retrouver dans ma même pièce que toi sans pouvoir ni te toucher, ni t’embrasser. »

Je relâchai alors mon étreinte et me reculai légèrement, plongeant mon regard dans le sien. Une larme coula sur sa joue et aussitôt, j’y glissai mon pouce pour l’essuyer doucement, ma main restant tout contre sa joue.

« Tu m’es indispensable, à la manière d’une drogue à laquelle je serais constamment confronté sans jamais pouvoir y toucher. C’est insupportable, ça me rend dingue. Mais ton absence aussi me rend dingue… Si je vais mal, ce n’est pas à cause d’une quelconque dispute avec Diane ou n’importe quoi d’autre d’aussi futile, mais parce que tout est terminé entre nous. Et je pensais que tu le comprendrais immédiatement… »

Plongé dans son regard, y lisant par delà la souffrance et les larmes son amour, l’amour qu’elle me portait toujours et qui, je le savais, répondait au mien, je failli commettre l’irréparable. Je failli me laisser aller à l’embrasser comme j’aurais tant voulu le faire, mais ce geste m’était à présent défendu. Il ne fallait surtout pas que je cède, je savais que cela n’aurait fait que nous entraîner tout deux plus profondément dans notre océan commun de douleur alors, rapidement, j’ai retiré ma main de sa joue et me suis éloigné. C’était terminé.

« Pardonne moi si je n’ai pas été assez attentif, aimant, doux… Pardonne moi si je n’ai pas fait assez pour toi, j’aurais tellement voulu être meilleur pour toi… Pour toi… J’aurais fait n’importe quoi pour devenir un homme parfait pour toi, mais je ne le suis pas, et même si mes promesses étaient maladroites, même si je n’ai pas su te faire croire en mon amour, s’il te plait crois moi aujourd’hui alors que je te jure que je t’aime. Je te jure que je n’ai jamais mentis, et que je t’attendrai toujours, même si tu ne veux plus de moi, même s’il n’y a aucun espoir et que je le sais… J’attendrai, parce que ma vie n’a plus aucun autre sens qu’espérer qu’un jour tu me reviennes. »
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Gabrielle McCord
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MessageSujet: Re: Talk to me... Talk, it's me... [Aristide]   Talk to me... Talk, it's me... [Aristide] Icon_minitimeJeu 2 Juin - 16:46

Que pouvais-je faire d'autre ? Je devais partir. C'était ce que j'aurais dû faire dès le départ et que je n'avais pas eu le courage de faire. Aujourd'hui, j'avais ce courage. Ca me faisait mal, mal à en crever de lui dire adieu, de le laisser là derrière moi, mais c'était ce qu'il y avait de mieux à faire. Il ne m'aimait plus, ne voulait plus du tout de moi dans sa vie et je ne pouvais même pas être en colère contre lui. Je ne pouvais pas être en colère parce qu'il avait le droit d'être heureux, il avait le droit de refaire sa vie loin de moi, loin de toute la peine que je lui apportais... Oui, c'était son droit alors je ne lui en voulais pas. J'avais juste mal. Horriblement mal... J'avais déjà ressenti cette douleur et je croyais ne plus jamais la ressentir et pourtant, là, alors que je m'avançais vers la porte, alors que j'avais l'impression que le temps tournait au ralenti, j'avais l'impression de me retrouver en arrière, de me retrouver derrière cette porte de ce vieil appartement de Harlem alors qu'Aristide venait tout juste de franchir la porte, alors que je venais tout juste de lui dire adieu... Cette douleur qui m'avait détruite de l'intérieur, cette douleur qui m'avait tant fait mal qu'à ce moment-là j'avais cru finir par en mourir... Oui, c'était bien la même qui me déchirait en cet instant. Pourtant, j'avais choisi Alexander. Pourtant, j'aimais Alexander, de tout mon cœur. Alors pourquoi ? Bon sang, pourquoi mon cœur continuait-il à appartenir tout autant à Aristide alors que j'avais décidé de l'oublier ? Pourquoi étais-je incapable de réellement passer à autre chose ? Pourquoi ?! Comme à cette époque, je n'avais plus qu'une envie : M'arracher le cœur pour ne plus rien ressentir. C'aurait été tellement plus facile à supporter... Seulement voilà, mon cœur était là, battant toujours pour ces deux hommes, entraînant le bonheur de l'un et la souffrance de l'autre. Souffrance qui n'avait pas lieu d'être pour Aristide puisqu'il avait retrouvé sa femme et c'était pour cela que je n'avais pas compris son attitude, sa tristesse. C'était insensé... Enfin, non, pas tant que ça. En fait, quelque chose n'allait sans doute pas avec Diane et c'était pour cela qu'il était mal. Ca n'avait rien à voir avec moi, ni avec nous, il l'avait dit lui-même : Il m'avait oubliée. Si à Harlem la souffrance avait été partagée, il n'en était plus rien à présent. J'étais seule face à ma souffrance, face à mes doutes : Seule.

Un bruit soudain me sortit de mes pensées. Si soudain que j'en sursautai : Apparemment, Aristide avait envoyé valser quelque chose, j'ignorais cependant quoi puisque je lui tournais le dos. Bientôt, d'autres bruits suivirent : Il était très en colère et bientôt, ce fut sa voix que j'entendis. Non, en fait, j'entendis ses hurlements. Dès lors, je plaquai mes mains contre ma bouche, pétrifiée, toujours en larmes. Je ne comprenais pas ce qu'il voulait dire, ce que l'opinion que j'avais de lui avait à voir avec ce qu'il venait de se passer, d'être dit... Il m'avait oubliée, point. J'en souffrais mais que pouvais-je y faire ? Pourquoi serais-je restée là alors qu'il ne voulait pas de moi ? Alors qu'il ne voulait plus de moi, même pas comme une simple amie ? Alors qu'il voulait... Non, alors qu'il m'avait déjà rayée de son existence ? Que voulait-il de moi ? Je n'y comprenais rien, et j'avais peur. Oui, j'avais peur de lui. Peur de sa colère, peur de ses gestes puisque bientôt je vis une chaise se fracasser contre le mur avant qu'il ne se remette à crier. Alors, ce fut plus fort que moi, instinctif : Ma main trouva la poignée qui n'était plus très loin et j'ouvris la porte, prête à m'enfuir au courant. Il fut cependant plus rapide que moi et en un instant, il avait refermé la porte d'un coup sec, m'empêchant ainsi toute fuite. J'étais bloquée. Il se tenait face à moi, dos à la porte et me bloquait la seule issue... J'avais peur. Horriblement peur et cette peur avait même réussi à prendre le dessus sur ma souffrance, c'est pour dire... Ses nouveaux hurlements n'arrangèrent pas mon état, bien au contraire. Petit à petit, la souffrance venait se mêler de nouveau à la peur. Comment pouvait-il me dire tout ça ? Comment pouvait-il dire que tout ce qu'il avait fait pour moi ne comptait pas ? Mais d'où est-ce qu'il sortait d'où ça ? Je n'avais jamais rien dit ou pensé de tel, au contraire ! Puis, une nouvelle fois, c'est l'incompréhension qui se mêla à tous ces autres sentiments. Comment pouvait-il, en me regardant droit dans les yeux, m'affirmer qu'il n'y avait jamais eu que moi dans son cœur alors qu'en ce même instant, quelque part, non loin de nous, sa femme se trouvait là ? Comment pouvait-il ?... Est-ce qu'il s'était marié par intérêt ? Est-ce qu'il l'avait jamais seulement aimée ?... Ca ne lui ressemblait pas, ce n'était pas lui... Ce n'était pas l'homme que je connaissais, l'homme que j'aimais qui était si entier, si sincère, si passionné... Passionné dans ses regards, passionné dans ses mots, passionné dans ses gestes...

Ses gestes.
Un geste.
Ses bras autour de moi.

Je ne m'y attendais pas et j'eus un sursaut lorsque ses bras se refermèrent autour de moi avant de, bien que j'aurais dû fuir et ne surtout pas lui rendre son étreinte, me blottir dans ses bras avant de fermer les yeux. Dieu que sa chaleur m'avait manqué... Dieu que son odeur m'avait manqué... Dieu qu'il m'avait manqué... Et bien que cela puisse paraître incroyable, il ne me fallut pas plus que quelques secondes pour me détendre et me laisser aller contre lui. Il avait toujours eu cet effet là sur moi, cet effet apaisant, rassurant... Dans ses bras, j'oubliais le reste. Enfin, cela avait été comme ça jusqu'à présent mais là... Là, je n'arrivais pas à oublier que près de nous, il y avait mon mari, sa femme... Que près de nous, il y avait tout ces gens qui avaient tant condamné notre amour... Que près de nous, il y avait d'autres souffrances qui nous attendaient, encore, et encore... Il avait menti. Il m'avait menti... Il n'avait rien oublié du tout, au contraire. Alors là était la raison de sa colère : J'avais trop vite cru à ce qu'il m'avait dit, j'avais trop vite abandonné... Et ses mots... Comme je les comprenais... Comme j'avais mal moi aussi d'être près de lui sans pouvoir être vraiment près de lui... Et cette envie de faire partie de sa vie, d'être son amie à défaut d'être plus, elle venait de là, elle venait de cette souffrance, de ce manque cruel et inexplicable... Un manque qui réapparût lorsque je le sentis desserrer son étreinte et se reculer doucement : Ca avait été tellement court, trop court. Ca serait toujours trop court... Nos regards se croisèrent et une nouvelle larme coula sur ma joue : Je l'aimais tellement. C'était... Impossible. Comment pouvais-je aimer deux hommes avec autant de force, autant d'ardeur ? Comment ? Il n'aurait pas dû glisser sa main sur ma joue... Il n'aurait pas dû avoir ce geste en plus parce que, plus que jamais, j'avais envie d'être près de lui, j'avais envie de pouvoir l'aimer à nouveau bien que cela me soit interdit et impossible. Finalement, il n'avait pas tort : La distance... C'était sans doute ce qu'il y avait de mieux parce qu'il fallait que je sois lucide et honnête envers moi-même : Peu importait mon envie d'être près de lui, je ne pouvais pas être son amie.

Pas encore en tout cas.

J'étais une drogue pour lui mais il en était une pour moi et c'était ça qui était terrible : Nous avions tant besoin de l'autre que nous en souffrions, encore, et encore, et encore. Diane n'était pour rien dans sa souffrance mais en cet instant, sa relation avec sa femme ne soulevait plus d'interrogations puisque j'étais trop enfermée dans ma bulle de douleur. Je n'avais pas compris et une fois encore, je lui avais fait du mal : Je n'étais bonne qu'à ça. C'est quand même fou d'aimer autant une personne d'être pourtant incapable de faire son bonheur... J'aurais tant voulu... Il y a tant de choses que j'aurais voulu... J'aurais voulu qu'il laisse sa main sur ma joue... J'aurais voulu qu'il me reprenne dans ses bras... J'aurais voulu qu'il m'embrasse et que Dieu me pardonne pour avoir voulu cela, mais je l'aurais voulu... Il fit cependant ce qu'il fallait et se détourna de moi avant que nous commettions une nouvelle fois une erreur qui nous ferait beaucoup de mal. Je restais quelques secondes sans esquisser le moindre geste. Puis vint ses excuses... Des excuses qui n'avaient pas lieu d'être. Doucement, je me retournai vers lui et quand je le vis, debout, là, les épaules et la tête baissées, en train de s'excuser de ne pas avoir été assez attentif, aimant ou doux... S'excuser de ne pas avoir assez fait pour moi, ne pas avoir été meilleur, ne pas être devenu un homme parfait... Oui, quand je le vis, ce fut plus fort que moi : Je m'avançais jusqu'à lui et glissai mes bras autour de sa taille, me collant contre son dos et le serrant doucement contre moi. Je le sentis se raidir sur l'instant mais ne relâchai pas mon étreinte : Des choses devaient être faites, dites, et c'était maintenant. Je ne pouvais pas revenir en arrière, je ne pouvais pas le choisir, mais je pouvais lui dire la vérité, lui dire mes sentiments, lui dire ce que j'avais dans mon cœur, lui dire...

-Chut... Ne dis pas ça ce genre de choses... Tu te trompes... Tu as tort...

Mes mains se resserrèrent un peu autour de lui. Tout n'était que vérité dans mes gestes et dans mes mots, et je voulais qu'il le comprenne. Je voulais qu'il le sache.

-Tu n'as pas à t'excuser et tu n'as rien à te faire pardonner. Tu crois vraiment ne pas avoir assez fait pour moi, alors que tu m'as absolument tout donné ? Alors que tu m'as aimée de tout ton cœur ? Alors que tu as toujours été là pour moi ? Tu n'as pas besoin d'être meilleur parce que tu l'es déjà. Et parfait, personne ne l'est, tu le sais très bien, mais je n'avais pas besoin que tu sois parfait. En fait, tout ce dont j'avais besoin, tu me l'as donné...

Je marquai un silence, sentant ma voix trembler de plus en plus. Peut-être n'aurais-je pas dû lui dire tout ça. Peut-être aurais-je dû lui faire croire que j'étais passée à autre chose mais j'étais persuadée que ça n'aurait fait qu'empirer la situation. Il avait été sincère alors je devais l'être aussi, même si ça allait lui faire du mal parce que malgré mes mots, la situation allait rester inchangée... Mais la vérité... Je lui devais cette vérité... Comme lui n'avait pas voulu que je doute de son amour, je ne voulais pas qu'il doute du mien.

-Je te demande pardon d'avoir cru à tes mensonges... Mais je ne t'en aurais pas voulu tu sais... Parce que tu as le droit de m'oublier... Parce que ce serait tellement mieux pour toi... Mais je sais que ça ne se contrôle pas...

Je soupirai avant de desserrer mon étreinte et de me reculer doucement avant de le contourner pour le regarder dans les yeux. Un petit sourire étira mes lèvres au moment où je pris sa main dans la mienne avant d'y déposer un baiser.

-C'était à moi de faire plus pour toi. Tu ne dois pas inverser les rôles dans cette histoire... Toi, tu n'as rien à te reprocher et mes choix... Oh bon sang, mes choix, je ne les ai pas fait parce que tu étais moins bien que lui, moins parfait, moins attentif ou... Non. Je refuses que tu crois ça parce que ça n'a vraiment rien à voir... Je n'ai jamais douté de ton amour pour moi...

Stop. Mensonge.

-En fait si... J'ai douté... Quand tu es revenu avec Diane...

Je relâchai sa main et me reculai. Il n'avait pas voulu que je prononce son nom et je venais seulement de m'en souvenir.

-Désolée... Je sais que... désolée... Mais quand tu es revenue avec elle, avec ta femme, j'ai eu mal de savoir que tu avais été marié et que tu ne me l'avais pas...

Silence. Attendez un instant...

-... Dis...

Silence. Attendez encore un instant...

-Oh... Mon Dieu...

Là, comme ça, ça me revint. Je plaquai ma main contre ma bouche, étonnée par ce que je venais de réaliser et surtout, étonnée par ma propre bêtise. Comment avais-je pu les croire ? Comment avais-je pu oublier ce qu'Aristide m'avait raconté sur lui, sur sa vie, sur son passé ? Tout était clair, tout était limpide et tellement plus compréhensible. Bien sûr que son état n'avait rien à voir avec Diane... Bien sûr qu'il n'avait jamais aimé une autre femme comme il m'avait aimé moi... Bien sûr, puisque Diane était sa sœur et pas sa femme. Il m'avait parlé d'elle et il me l'avait même décrite mais quand ils étaient revenus, j'avais tellement été choquée que je n'avais même pas fait le rapprochement et par la suite... Eh bien par la suite, je n'y avais plus pensé à part jusqu'à récemment puisque j'avais vu Aristide être de plus en plus mal mais... Non, je n'avais pas compris. Mais à présent, j'avais compris.

-C'est ta sœur...

Je vous le dis ? Allez, je vous le dis. Je n'avais absolument pas le droit d'être soulagée, mais bon sang, vous ne pouvez pas savoir comme je l'étais... Terrible n'est-ce-pas ? Horrible, impardonnable, égoïste... Mais voilà : Il ne m'avait jamais menti, il n'avait pas été marié et ne m'avait pas caché cette relation... Il avait toujours été sincère et ça... Oui, ça, ça me faisait un bien fou. Mais passé le soulagement, je vis une étrange expression traverser son visage : Avait-il peur que j'en parle ? J'étais pourtant bien placée pour garder les secrets et ça, il le savait mieux que personne. Alors, je m'empressai de le rassurer.

-Je ne dirai rien, c'est promis. Je ne tiens pas à ce que vous soyez mis à la porte... Je préfère vous savoir ici...

Et je comprenais mieux sa réaction lorsque j'étais entrée dans la chambre et que j'avais parlé d'elle. Lorsqu'il m'avait parlé de sa sœur, il l'avait fait d'une manière douce, aimante, passionnée (comme il l'était). Il aimait sa sœur de tout son cœur, elle représentait tant pour lui et moi... Oui, moi, j'avais osé parler d'elle alors que je n'en avais pas le droit... En fait, vis à vis de lui, je n'avais aucun droit, pas après ce que je lui avais fait subir et ce que je lui faisais encore subir...
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Aristide Tetropoulos
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MessageSujet: Re: Talk to me... Talk, it's me... [Aristide]   Talk to me... Talk, it's me... [Aristide] Icon_minitimeDim 19 Juin - 18:33

Sauf qu’elle ne me reviendrait pas, et je le savais pertinemment. Qu’importe mon espoir, qu’importe ma stupidité, je ne me faisais plus aucune illusion de ce côté-là, même si je ne pouvais empêcher mon cœur de battre, encore et toujours, à cette simple idée. Dans des années peut-être, mais qu’importe ? Je l’attendrai, quoi qu’il se passe, quoi qu’il advienne. De toute ma vie jamais je n’avais aimé une femme aussi fort, jamais je n’avais désiré à ce point bâtir un futur à ses côtés, alors comment aurais-je pu faire une croix sur ce si beau futur à présent ? Aucune idée. Sans doute ne le pourrais-je jamais, en dépit de la souffrance, en dépit des larmes, en dépit des années qui allaient inlassablement passer, je ne l’oublierai pas. Jamais. A un moment donné, c’est certain, je fréquenterai d’autres femmes, je rirai de nouveau, ressentirai ce bonheur jusque là ternis avec une intensité semblable au passé, mais ce sera pourtant bien différent du passé. Ma vie ne serait jamais la même, et même si j’allais être forcé de vivre de nouveau, une partie de mon âme est morte avec notre relation, pour ne jamais ressusciter. Pour le moment, bien évidemment, je ne concevais même pas pouvoir un jour sourire de nouveau, n’imaginais en rien être capable de me relever de cette chute atroce et pourtant, il le faudrait. Pour moi tout d’abord, mais également pour Diane, pour Kaylhen, pour cet enfant qui, lentement, très lentement, se formait déjà et n’attendait qu’un père doux et aimant. Un père que j’allais devenir.

Un sursaut de surprise m’anima lorsque je sentis Gabrielle passer ses bras autour de ma taille pour finalement se coller contre mon dos, me serrant doucement contre elle. Immédiatement je me crispai, redoutant plus que n’importe quoi son contact, son contact qui m’était vital mais malheureusement interdit. Notre amour devait à présent mourir, à défaut de l’être déjà dans nos cœurs il devait au moins se cacher le plus possible, se faire le plus discret du monde. Nous n’avions plus le droit de nous enlacer de la sorte, même si au fond nous ne l’avions jamais eu, ce droit. Etais-je donc devenu plus sage qu’autrefois ? Avais-je donc appris de mes erreurs ? C’aurait été trop beau, malheureusement la réalité en était toute autre. Je redoutais simplement ce contact qui, lentement, allait réussir à me faire totalement reprendre espoir, qui allait me pousser à me retourner, là, maintenant, sans attendre une seconde de plus, et l’embrasser comme je rêvais tant de l’embrasser. Oublier le passé, oublier les obstacles, pour ne se concentrer que sur l’instant présent et cette envie de plus en plus pressante. Ses mots ne firent qu’accentuer ce besoin viscéral de la prendre dans mes bras et, une fois de plus, laisser parler pour nous cet amour dont la puissance dépassait de bien loin n’importe quel discours. De plus, son étreinte se resserra doucement autour de ma taille, la chaleur de son corps se faisant plus présente contre le mien, douce, agréable, tout comme le foyer dans lequel se réfugier après une rude journée de pluie. J’aurais voulu pouvoir me réfugier en son sein, en cet amour profond, qu’elle ôte mes vêtements trempés et réchauffe mon cœur transi de froid. Malheureusement, mon futur ne semblait destiné qu’à la solitude, la douleur, l’absence de cet être que j’aimais tant. Comment étais-je censé supporter cela ? Qui l’aurait pu à ma place ? C’était tellement facile de nous juger, tellement simple de nous condamner mais bon sang, les sentiments ne se contrôlent pas… Une fichue bague passée à un doigt n’enferme pas pour autant le cœur, n’emprisonne pas les sentiments, ne leur impose pas qu’un seul et unique maître. N’y avait-il donc que nous qui pouvions comprendre cela ? Comme si le monde avait basculé des dizaines de siècles en arrière, prônant fidélité, dévotion à son époux comme à une religion, une force supérieure. Autour de cela, la pluie, uniquement. De lourdes goûtes d’eau qui, inlassablement, s’écoulent et ruissellent sur le cœur de ceux qui, comme moi, n’ont pu trouver leur âme sœur.

Pourquoi m’avoir quitté dans ce cas ? Pourquoi m’avoir abandonné si je lui avais offert tout ce dont elle avait besoin ? Je ne comprenais pas, plus, impossible de faire fonctionner mon cerveau de manière à obtenir une réponse logique. Si je n’avais pas fauté, pourquoi ne plus vouloir de moi ? Que Diable Alexander pouvait-il posséder de plus que moi pour parvenir à conserver si adroitement le cœur de Gabrielle tandis que j’avais moi-même assez fait pour elle ? Sans doute cet « assez » n’était-il, justement, pas suffisant. Sans doute l’époux remarque avait-il fait plus, toujours plus, et pourtant j’envisageais si mal cette possibilité. Je ne voyais pas comment un homme qui avait pu ne pas se rendre compte de la liaison extraconjugale de sa femme, et y avait répondu par l’ignorance pouvait être meilleur que moi. Si j’avais été à sa place… Si j’avais été trompé par Gabrielle… Bon sang, j’en serais mort de douleur, mais je n’aurais jamais pu réagir de la même manière. Je n’aurais jamais pu la traiter comme une étrangère. Sincèrement, sur le coup je pense que j’aurais hurlé, j’aurais laisser toute ma colère parler à ma place et s’extérioriser et puis… J’aurais cherché à comprendre pourquoi. Pourquoi d’autres bras que les miens, pourquoi d’autres lèvres, pourquoi son cœur se serait-il ouvert à un autre que moi. Et puis, j’aurais essayé de changer, de la retrouver, la retenir, et non pas la laisser partir comme lui l’avait fait… Mais cela n’avait absolument aucune importance. Je n’étais pas son mari. Ni celui qu’elle avait choisi, point final. Ses excuses achevèrent de me sortir de mes pensées, j’aurais voulu l’arrêter, lui demander de se taire. Non, je n’avais pas le droit de l’oublier. Jamais. De toute manière, cette possibilité n’était dans mon esprit même pas envisageable, il ne servait donc à rien de la mentionner. Peut-être que c’aurait été la meilleure chose à faire pour avancer mais de toute évidence, je ne voulais pas avancer. Je ne voulais pas passer à autre chose. Tout ce que je voulais, c’était qu’elle me revienne, que nous vivions heureux, que nous ayons des enfants. Voilà ce que je voulais !

Alors que je croyais que la tension qui s’accumulait doucement dans mon corps allait retomber, alors que Gabrielle me lâchait enfin et s’éloignait de moi, alors que mon souffle reprenait enfin un cours normal, je la vis me contourner puis m’attraper la main, ce qui une nouvelle fois provoqua un mouvement de recul chez moi. Recul qui s’évanouit, cependant, dès qu’elle eut posé ses lèvres sur ma peau, ses lèvres dont je rêvais jour et nuit, ses lèves qui m’avaient appartenu le temps d’une nuit. Comme c’était cruel de sa part que de jouer ainsi avec mes nerfs, comme c’était sadique ! Cependant, à la douleur se mêlait le plaisir, plaisir de la sentir si proche de moi, si douce… Plaisir qui s’évanouit bien vite à l’écoute de la suite de son discours. Je fronçai doucement les sourcils, ne comprenant pas où elle voulait en venir : Je n’inversais pas les rôles, et j’avais beaucoup à me reprocher. Affirmer le contraire relevait soit d’un besoin de fermer les yeux, soit d’une bêtise à tout épreuve or, je la savais intelligente. Alors pourquoi s’obstiner à s’attribuer le mauvais rôle tandis que nous avions tout les trois quelque chose à nous reprocher dans cette histoire ? Autant elle que moi ou qu’Alexander avions notre part de responsabilité, qu’elle me dédouane ainsi de la mienne me fâchait. Je n’aimais pas l’idée que tout ne puisse qu’être de sa faute, quand bien même je l’ai moi aussi pensé. Avec un soupçon d’objectivité, n’importe qui se rendrait à l’évidence en affirmant que la faute ne pesait pas sur un seul d’entre nous mais bel et bien sur nous tous. Ceci dit, cette erreur passa au second plan lorsqu’elle m’affirma que si son choix s’était porté sur Alexander, ce n’était pas de ma faute. Une nouvelle fois, je n’y comprenais rien, ne sachant au final toujours pas ce qui avait pu être le détail décisif. J’hésitai à le lui demander mais n’en eut pas le temps, me figeant déjà. Elle venait de m’affirmer n’avoir jamais douté de mon amour puis revint sur ses mots. J’en étais sûr. Il n’y avait pas que les mensonges qui suffisaient à détruire tous mes efforts pour la combler, mais alors quoi ? Qu’est ce qui avait bien pu lui faire croire ça ? Rapidement, la réponse tomba. Diane, bien sûr… Le mensonge me paraissait si énorme que je l’avais, l’espace de quelques instants, totalement oublié. Finalement je pouvais le comprendre, je l’avais même prévu. J’avais su que j’allais lui briser le cœur en revenant avec une autre femme, une femme qui aurait soit disant été mienne. Cependant, au fond de moi un détail me retenait de totalement y croire : Je lui avais déjà parlé de Diane, et elle savait très bien qui elle était pour moi. Mon visage dû laisser entrevoir mon agacement puisque aussitôt elle lâcha ma main, puis se recula.

Qu’elle ai pu oublier si vite tous nos instants passé m’énervait. Bien sûr qu’elle savait que Diane était ma sœur, et même si la description physique ne collait plus vraiment en raison des nombreux coups et maltraitances infligés à ma sœur, le nom, le simple « Diane Tetropoulos » aurait tout de même fait « tilt » dans son esprit. C’était bien la peine d’avoir pris le temps de lui raconter toute ma vie… Alors évidemment, elle était tombée dans le piège, le même qu’Alexander. Pour elle, Diane était ma femme, nous nous étions mariés très jeunes, perdus durant la guerre, retrouvés récemment. Je m’étonnais de voir que tout le monde y croyait alors que c’était l’histoire la plus grotesque que j’avais entendu. Alors que devais-je faire ? Rétablir la vérité, entretenir le mensonge ? J’hésitais réellement et lorsqu’elle s’arrêta finalement en pleine phrase, me dévisageant, je su qu’elle avait enfin compris. Les traits de son visage, la manière dont elle m’observait soudainement me laissait très clairement comprendre qu’elle avait enfin fait le rapprochement entre mes confessions et Diane. Gabrielle plaqua soudainement sa main contre sa bouche, visiblement très choquée de cette révélation. Pourtant, il n’y avait pas réellement de quoi être choquée, elle le savait déjà… Sans même s’en rendre compte, elle le savait déjà. Dieu n’avait rien à voir là dedans, hormis si l’on considère que Dieu c’était moi. Pensée plutôt agréable, bien que narcissique, pour une fois. Bref, j’attendis patiemment qu’elle lâche ces quelques mots d’une évidence limpide pour moi mais qui, visiblement, avaient mis du temps à mûrir dans son esprit. Je tentai de déchiffrer l’expression de son visage, comprendre vainement ce qui pouvait bien lui passer par la tête en cet instant précis mais très sincèrement, je n’y parvenais pas. En même temps, j’étais bien incapable de prononcer le moindre mot sans même savoir pourquoi. Pourquoi étais-je tout à coup figé face à elle, dans l’incapacité d’ouvrir la bouche ou esquisser un geste ? Sans doute parce que je craignais une tempête, une montagne de reproches qui menaçait de s’effondrer sur moi. Finalement, je lui avais bel et bien menti, même si intentionnellement puisque j’avais pensé qu’elle comprendrait immédiatement la véritable nature de notre relation avec Diane. Finalement, j’avais bravé une nouvelle fois la loi d’Alexander en me défiant bien de lui, n’hésitant pas à lui mentir pour parvenir à mes fins. Finalement, j’avais encore pris un risque de plus et ce, au détriment même de ma propre sœur condamnée à passer pour ma femme jusqu’à… Jusqu’à la fin ? Oui, voilà. Je nous condamnais à une vie entière de mensonges alors, pour tout cela, oui, je craignais qu’elle n’éprouve soudainement l’envie brutale de m’arracher les yeux.

- Je ne dirai rien, c'est promis. Je ne tiens pas à ce que vous soyez mis à la porte... Je préfère vous savoir ici...

Il fallu un certain temps pour que ses mots parviennent jusqu’à mon cerveau, si bien que j’en restai tout d’abord totalement con. Quoi ? De quoi elle parlait là ? Sincèrement, je n’y avais même pas songé une seconde. Je n’avais même pas envisagé qu’elle ait pu nous trahir en allant tout raconter à Alexander, et en même temps, comment l’aurais-je pu ? Elle m’aimait, même si elle l’avait choisi lui, elle avait des sentiments pour moi et rien que pour cela, j’avais l’intime certitude qu’elle n’irait jamais me dénoncer. Sans doute ne désirait-elle pas me savoir agonisant au dehors plutôt qu’au chaud ici… Et puis sincèrement, Gabrielle n’était le genre de femme à faire dans la délation. Malgré tout ce qu’on pouvait penser d’elle, moi je savais qu’elle n’était que douceur et gentillesse, que compassion et amour aussi savais-je très bien qu’elle n’irait jamais me vendre de la sorte à Alexander. Inutile de le cacher, savoir qu’elle prenait sur elle pour me défendre contre son mari emplissait mon cœur de joie, d’une fierté certes stupide, mais totalement incontrôlable. Si incontrôlable, que lorsque l’idée parvint à se faire une place dans mon esprit, j’éclatai de rire. Pas un rire forcé, ni un rire empli de désespoir, non : Un rire amusé comme il n’en avait pas fusé d’entre mes lèvres depuis bien longtemps. Un rire si joyeux que Gabrielle m’observa immédiatement avec un drôle d’air, le genre de tête à dire « Non mais ça va pas ? » Alors que si, tout allait très bien. Enfin disons que sur ce sujet, je ne me faisais absolument aucun souci. Pourtant, j’aurais peut être dû m’en faire, après tout il y avait bien des possibilités qui pour le moment ne parvenaient à s’immiscer dans mon esprit. Elle pourrait, par exemple, choisir de me dénoncer par la suite en voulant par-dessus tout laisser s’épanouir son couple dans les meilleures conditions possibles, or ma présence n’en faisait pas partie. Oui, elle pourrait choisir de sacrifier notre amour afin de laisser toute la place nécessaire à celui d’Alexander, m’éradiquer une bonne fois de leur bonheur renouvelé. Le ferait-elle seulement ? Serait-elle prête à aller jusque là pour lui, m’oubliant totalement ? Pour le moment, je ne me posais même pas la question. Peut être cela viendrait-il avec le temps de la réflexion… Toujours est-il que mon rire finit par se taire, laissant derrière lui un fin sourire.

« Je n’y avais sincèrement même pas pensé… »

Et, sans réfléchir, je m’approchai un peu plus d’elle avant de glisser ma main tout contre sa nuque.

« Je sais très bien que tu n’aurais jamais fait ça… Tu n’es pas comme ça… »

Peu à peu, mes lèvres s’étaient rapprochées des siennes et finalement, je l’embrassai avec tendresse, avec douceur, je l’embrassai en écoutant simplement mon cœur. Ce cœur qui battait toujours si vite pour elle, seulement pour elle… Malheureusement, si ce geste n’avait été guidé que par l’envie de la sentir au plus près de moi, je ne cessai cependant pas lorsque ma raison se manifesta de nouveau. Je n’avais pas le droit de l’embrasser, elle m’avait quitté, et pourtant… Pourtant ce fut plus fort que moi : Je ne voulais pas mettre un terme à ces sensations retrouvées, au bonheur qui m’animait de nouveau et se répandait en moi. Alors, craignant qu’elle ne cherche à se dérober à mes caresses, et bien que je n’aurais jamais dû faire ça, je glissai mon autre main dans le bas de son dos et la serrai contre moi, pressant mon corps contre le sien, me ravissant de sa chaleur qui réchauffait de nouveau mon pauvre corps décharné. Je l’aimais, et ne serait-ce que pour une minute, je voulais plus que tout la sentir de nouveau contre moi, ses lèvres contre les miennes, son cœur battant contre ma poitrine. Qu’avais-je de plus à perdre ? Tout ce à quoi je tenais, on me l’avait déjà arraché, alors… Quitte à n’être plus qu’un misérable, je voulais au moins pouvoir me protéger quelques instants de la pluie glaciale, là-bas, au dehors.
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MessageSujet: Re: Talk to me... Talk, it's me... [Aristide]   Talk to me... Talk, it's me... [Aristide] Icon_minitimeDim 26 Juin - 15:07

Voilà qu'il riait. Il riait avec légèreté, joie, gaieté. Pourtant, je ne voyais pas ce que j'avais pu dire de si drôle. J'avais beau essayer de comprendre ce qui pouvait le faire rire, rien ne me venait. Il dut sans doute comprendre que j'étais un petit perdue et déboussolée face à son attitude parce que son rire se calme petit à petit pour se transformer en un fin sourire qui, et ce fut plus fort que moi, entraîna mes propres lèvres sur le même chemin et, doucement, je lui rendis son sourire. Cela faisait tellement longtemps que nous ne nous étions pas souris de cette façon, tellement longtemps qu'il n'y avait pas eu cette douceur et ce calme entre nous. J'avais l'impression que cela faisait des millénaires et pourtant, cela ne faisait que quelques mois. Est-ce pour cela qu'il s'approcha doucement de moi comme il avait pu le faire tant de fois auparavant ? Est-ce que parce que la tension qui était jusque là palpable entre nous avait disparue qu'il eut ce geste envers moi alors que depuis de longues minutes je voyais qu'il préférait plutôt s'éloigner de moi. Quand il s'approcha encore un peu avant de poser sa main sur ma nuque je fermai les yeux un instant avant de les rouvrir. Une erreur car il avait profité de ce petit laps de temps pour se rapprocher encore un peu plus. A son contact, mon cœur s'était remis à battre la chamade mais mon sourire, lui, avait à présent disparu. J'étais tendue, très tendue... Parce que la dernière fois qu'il avait posé sa main sur moi de cette façon, nous avions partagé des moments magiques d'amour pur mais je ne pouvais pas recommencer. C'était tout simplement hors de question. Et j'avais peur... Peur de ne pas réussir à lui résister. Peur de ne pas être encore assez forte alors que je pensais l'être. Peur de lui refaire du mal et de blesser à nouveau mon mari qui avait tant fait pour me pardonner et pour retrouver notre vie d'avant.

Peur.

Que dire de cette peur lorsque ses lèvres se posèrent sur les miennes ? Eh bien, elle amplifia à vitesse grand V. Il était doux, tendre, et il ne fallait pas qu'il le soit... Etais-je assez forte pour l'en empêcher ? Au départ, non. Parce que redécouvrir ses lèvres était magique, merveilleux. Sentir son parfum était toujours autant envoûtant. Alors, pendant quelques instants, je me laissai aller à ce baiser, mon cœur ignorant les protestations de ma raison. Puis, je sentis sa main se poser dans le bas de mon dos pour me serrer contre lui et là, j'eus l'impression de recevoir une décharge électrique. Non, non, non... Je n'avais pas le droit de lui rendre ce baiser, je n'avais pas le droit de lui faire ça : Lui redonner un bref espoir pour le lui retirer ensuite ? Non... J'avais déjà été trop égoïste, trop inhumaine avec lui et il fallait que ça cesse. Alors, je posai ma main sur la sienne qui était collée dans mon dos et la serrai avec force en cessant tout geste tendre envers lui, en cessant de lui rendre son baiser et en contractant mon corps. Le message ne tarde pas à passer puisqu'il recula doucement le visage sans pour autant me lâcher. Pendant quelques secondes, je plongeai dans l'océan de ses yeux comme je l'avait fait tant de fois avant de doucement éloigner sa main de mon dos et me détacher de lui puis de me reculer. Je croisai les bras contre ma poitrine : Non pas pour me protéger de lui mais comme pour créer une barrière entre nous que je n'allais plus franchir. Plus jamais. Bien sûr, mon attitude le blessait, cela se voyait très clairement mais je préférais le blesser de cette façon plutôt que de le détruire encore plus après.

-Je suis désolée...

J'avais les larmes aux yeux et j'avais mal de le repousser alors que mon cœur me criait de me jeter dans ses bras. Mais mon cœur me criait aussi de retourner auprès d'Alexander.

-Il ne faut pas faire ça... Je ne peux pas...

J'aurais mieux fait de dire « Je ne veux pas » mais ça aurait été lui mentir et je ne voulais pas me jouer de lui et lui raconter encore une fois des mensonges. Et là, alors que je me tenais face à lui, incapable d'esquisser le moindre mouvement pour le moment, une vérité s'imposa à moi : Je ne pouvais pas être son amie. En tout cas, pas encore... J'avais souhaité le devenir, avec sincérité et honnêteté mais c'était tout simplement impossible. Parce qu'il voulait plus de moi comme moi je voulais plus de lui. Parce que nos cœurs saignaient encore l'un pour l'autre. Comment être amis dans ces conditions ? Je voulais faire partie de sa vie mais je n'étais pas prête, et lui non plus. Nous ne le serions peut-être jamais... Et cette idée, cette vérité me faisait horriblement souffrir parce que cela signifiait que j'allais devoir rester loin de lui, garder mes distances encore plus qu'auparavant et c'était vraiment très difficile à accepter. Je baissai doucement le visage pour cacher mes lèvres tandis qu'un sourire triste se dessinait sur mon visage. Lorsque ma voix s'éleva, elle ne fut qu'un murmure qu'il pouvait malgré tout entendre car le calme régnait autour de nous.

-Je voulais tant devenir ton amie... Je voulais tant pouvoir faire partie de ta vie de cette façon...

Je relevai doucement mon regard vers lui et plongeai dans ses yeux : J'y lus une tristesse qui était bien plus profonde que la mienne. Après tout, moi j'avais quelqu'un auprès de moi, j'avais mon époux et lui... Il avait sa sœur mais, c'était différent. La femme qu'il aimait ne serait plus jamais à lui et comme je comprenais sa douleur même si, ironiquement, j'en étais instigatrice...

-Mais nous ne sommes pas des amis... Je pourrais le faire croire à n'importe qui... Mais je ne peux pas me mentir à moi-même... Si je le faisais, je ferais encore plus de mal autour de moi...

Je marquai un silence, en profitant pour desserrer mes bras autour de ma poitrine : J'étais plus sereine à présent même si j'avais toujours autant mal. Je savais que ma volonté n'allait plus faiblir.

-J'étais vraiment inquiète pour moi et je n'arrêterai jamais de m'inquiéter pour toi parce que tu feras toujours partie de ma vie... De mon cœur... Mais tu n'as pas besoin de mon aide parce que...

Je soupirai. Je n'avais pas besoin de terminer ma phrase. Ce n'était pas de mon aide qu'il avait besoin mais de moi tout court et ça, c'était impossible.

-Alors je vais m'en aller maintenant.

Je n'avais pas envie de partir mais il le fallait. Lui non plus ne voulait pas me voir partir et le pas qu'il fit vers moi me confirma cette pensée. Cependant, je fis aussitôt un pas en arrière pour qu'il ne réduise pas la distance qu'il y avait entre nous. Il ne fallait surtout pas réduire cette distance.

-Peut-être un jour...

Mais je n'y croyais pas vraiment. L'amour que nous éprouvions l'un pour l'autre allait-il un jour être moins fort pour laisser la place à une solide amitié ? Non, ça paraissait vraiment impossible. Alors, nous n'avions pas d'autre choix que de nous dire :

-Au revoir.

Encore une fois. Une fois de trop. Je me retournai, me dirigeai jusqu'à la porte et l'ouvrit avant de la refermer rapidement derrière moi sans adresser un seul regard en arrière à Aristide. Je savais que si j'avais le malheur de poser mes yeux sur lui, je risquais de faiblir, de craquer, et ça n'aurait été bon pour personne. Une fois dans le couloir, je plaquai mes mains contre ma bouche pour pas qu'il ne m'entende pleurer. Je restai quelques instants adossée à la porte, pensant à lui, qui se trouvait juste derrière et puis, je partis en courant vers un endroit isolé Je ne voulais pas qu'Alexander me voit dans cet état parce que ça lui aurait fait trop mal et je ne voulais plus lui faire de mal. Je ne voulais plus faire de mal à personne et pourtant... A croire que c'était plus fort que moi... Sur le chemin, j'eus la chance de ne croiser personne. Je fonçais dans les galeries souterraines avant de me retrouver non loin de cet endroit qui avait tout changé. Cet endroit où j'avais croisé Katarina aujourd'hui même avant d'aller voir Aristide. Je finis par me cacher derrière un large tuyau qui faisait toute la hauteur du mur. Assise par terre, je ramenai mes jambes contre moi avant de poser mon front contre mes genoux et pleurer en silence. Il fallait que ça sorte, il le fallait pour arriver à estomper ne serait-ce qu'un tout petit peu la douleur. A ce moment-là, j'ignorais qu'il allait me falloir plusieurs heures avant de me calmer et trouver la force de retourner auprès de mon mari en lui souriant.

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