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 Se brûler les ailes ( Alexei)

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MessageSujet: Se brûler les ailes ( Alexei)   Se brûler les ailes ( Alexei) Icon_minitimeLun 9 Mai - 19:53

Vite comme ça, j’aurais dit que la vie m’en voulait personnellement. Pourquoi, je ne le savais vraiment pas. Mais sinon, comment expliquer tous les malheurs qui me tombaient dessus les uns à la suite des autres ? Soit j’étais maudite, soit Dieu avait un très mauvais sens de l’humour. Je penchais pour un mélange des deux. Enfin ! En moins d’un an, réussir à atterrir chez des hommes sans respect, à s’échapper, à se faire tirer une balle dans l’épaule lorsque ces dits-hommes envahissaient votre cachette, à être obligés de déménager ( sans compter quelques tentatives de meurtres, d’abandon de mon frère et un risque de viol). Non, vraiment, ma vie était d’une perfection !

Je pensais que c’était fini. Mais non. Tout allait toujours plus mal dans ma satanée vie. Je venais d’arriver qu’on m’emmenait loin de mon frère. On m’avait jurer qu’on ne lui ferait rien, qu’on voulait juste entendre sa version avant la mienne, que les autres ( Matthew, Isaac, Suzy) témoigneraient aussi, mais séparément. Histoire qu’il n’y ait pas de mensonges. Bien, très bien. Tant qu’on restait, le reste, je pouvais le tolérer. D’autant plus que, ça ce que je voyais, on avait hérité d’une des plus grandes parties du refuge. Certes, nous étions plus nombreux dedans ( je ne savais pas encore combien, mais c’était évident) mais au moins c’était confortable. Rien à voir avec les souterrains de New York.

J’entrai et visitai, mettant quasiment à la porte l’homme qui m’avait accompagnée. J’étais capable de rester toute seule quelques minutes, bordel ! D’ailleurs, tout ce que je voulais pour l’instant, c’était un peu d’intimité. Je filai assez vite sous la douche, qui se devait d’être rapide pour ne pas gaspiller d’eau, mais il fallait bien que j’enlève toute la crasse qui s’accumulait sur mon corps. La boue et le sang, surtout. Ça faisait si longtemps que je ne m’étais pas lavée comme ça… L’effet de l’eau qui roulait sur ma peau, toute la saleté qui tombait au fond du réservoir. Je me purifiais intégralement. Oui, pour la première fois depuis très longtemps, je me sentais propre. Je sentais bon, mes cheveux étaient dégoulinants mais sans nœuds et l’effet relaxant de la douche avait détendu mes muscles douloureux. Je souriais et, vêtue d’une simple serviette plus ou moins blanche, je pénétrai dans la pièce qui devait être ma chambre.

Dernier coup du destin. Je hurlai, me retournai et fonçai directement dans la porte que je venais de refermer, bataillai inutilement avec la poignée que je ne tournais pas dans le bon sens. Mon premier réflexe fut de me mettre à courir, mais à bien y réfléchir, avec une simple serviette et le suppôt de Satan, j’ai nommé Alexei en personne, peut-être qu’il valait mieux ne pas faire de bêtises. Je regrettais seulement de ne plus avoir la seringue sur moi, mais elle avait servi à soigner après l’attaque des Hors-la-loi… les amis de ce traître russe ! Enfin, j’attrapai la première chose que je pouvais et la pointai sur Alexei qui était installé sur le lit que je devais occuper, normalement.

- N’approche surtout pas ! Je suis armée !

Évidemment, son regard étonné ne tarda pas. Comment ne pas l’être, lorsqu’une fille dégoulinante d’eau, à moitié nue, vous menaçait avec…un simple bigoudi ?
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MessageSujet: Re: Se brûler les ailes ( Alexei)   Se brûler les ailes ( Alexei) Icon_minitimeMar 10 Mai - 10:46

Je savais qu'il y aurait probablement d'autre personnes. Nous n'étions que quatre, il restait encore trois chambres de libre, et de plus on avait sûrement pensé qu'Inessa et moi serions ensemble, sans compter les petites Leighton qui pouvaient aussi être dans la même pièce si besoin était. Il faudrait forcément accueillir d'autres gens, c'était évident, mais pourquoi elle spécifiquement ? J'ai cru que j'allais pousser un hurlement de frustration lorsque je l'avais vue par la fenêtre - quel délice d'avoir des fenêtres - accompagnée jusqu'à la porte par je ne savais quel planton. Et son frère chéri, alors, il ne venait pas vivre avec nous ? J'aurais adoré rencontré Aristide Tetropoulos. Je trouvais ça curieux qu'ils les aient séparés - ne se faisaient-ils pas passer pour un couple marié ? Alexander en voulait-il tellement à Aristide qu'il le privait de sa femme ? Non, c'était ridicule. Ce n'était pas le genre d'Alexander d'exercer une vengeance aussi puérile et de plus, il n'avait plus la même main-mise sur le groupe qu'avant. Si des dissensions quant aux répartitions apparaissaient, il serait facile d'échanger de place avec un autre.

Donc, Aristide n'était pas là pour l'instant. Mais il rappliquerait certainement plus tard, j'en étais certain, et de plus elle avait un peu trop de sacs, même pour une femme, sans doute avait-elle apporté ses affaires. Je ne l'avais pas accueillie. Je l'avais laissée prendre possession de sa maison, du moins le croyait-elle, je l'avais laissée s'installer et prendre ses aises. Et puis je m'étais installé sur son lit, fermant les yeux, bercé par le son de l'eau coulant sur sa peau. Les meurtrissures qu'elle avait subies chez Armando étaient-elles toujours visibles ? Elles devaient avoir disparu maintenant, ou presque. Je m'en fichais un peu. Pourquoi l'attendais-je, en fait ? Pour le simple plaisir de la torturer ? Je ne savais même pas. C'était sans doute l'idée de cohabiter avec une peste comme elle qui me rendait mesquin envers elle.

Lorsque l'eau cessa de couler, je m'étirai paresseusement et me relevai pour m'asseoir sur le bord du lit. Je lui donnais cinq minutes avant d'arriver. La poignée de la porte joua trente-sept secondes avant la fin du compte à rebours. Pas de chance, Diane chérie. Un sourire éclatant releva mes lèvres lorsqu'elle poussa un hurlement.

- Essaye dans l'autre sens voir ?

Tourner une poignée vers le chambranle de la porte n'a jamais donné de grands résultats. Je ne bougeai pas d'un cil alors qu'elle se retournait, débraillée comme la furie qu'elle devenait, et brandissant je ne sais quel bidouillis en métal vers moi. Je haussai un sourcil, ne pouvant masquer ma surprise. Avait-elle un plan machiavélique qu'elle pourrait mettre à l'œuvre pour se débarrasser de moi à l'aide d'un bigoudi ?

- Tu n'arriveras pas à grand-chose avec ça. Je te préfère les cheveux bouclés, alors ce n'est pas grâce à un bigoudi que tu m'effraieras.

Je me rallongeai sur le lit, croisant mes jambes, passant mes mains derrière ma tête.

- Tu as fait un bon voyage ?
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MessageSujet: Re: Se brûler les ailes ( Alexei)   Se brûler les ailes ( Alexei) Icon_minitimeMar 10 Mai - 23:45

Oui, enfin, peut-être que j’aurais dû regarder ce que je tenais à la main avant de le menacer. Un bigoudi, ça ne faisait pas grand-chose dans la vie. À moins que le Russe ait une peur bleue des permanentes, ce dont je doutais fortement, je pouvais lâcher le morceau dès maintenant. Quoi que…à bien y penser, ça avait juste la bonne grosseur pour être enfoncé à certains endroits stratégiques. Enfin, passons, je n’avais pas besoin de lui donner de nouvelles idées de torture, à ce fou furieux.

Note à moi-même : ne plus jamais laisser mes cheveux frisés. Toujours les aplatir, au fer à repasser si cela est nécessaire. Ou tout simplement les couper complètement ? N’importe quoi tant que ça n’impliquait pas les mots ‘’ Alexei ‘’ ‘’ Préfère’’ et ‘’ Moi’’ dans la même phrase. Je ne voulais pas lui plaire en quoi que ce soit. Pas mes cheveux, pas mes yeux, pas même mon ongle d’orteil, merde. N’importe quoi pour qu’il m’oublie et me foute la paix. Pas gagné si c’était avec lui que j’allais devoir vivre. Des heures de plaisir en famille… Surtout avec Aristide qui ne devait pas être très content de ce cher ami d’Armando !

- J’allais justement faire boucler mes mèches et me balader à poil devant le grand méchant loup, tiens !

Et je cachais Excalibur dans mes valises, aussi. Il ne fallait pas abuser quand même ! En grommelant, je me baissai et essayai d’ouvrir ma valise en retenant tout de même la serviette. Si ça allait lentement, j’avais bon espoir de réussir dans le projet de retirer quelques choses d’assez ample pour être mis sans avoir besoin de me cacher dans un garde-robe qui me semblait tout sauf fiable. Seulement, mon projet fut avorté lorsqu’il eut le malheur de sortir une phrase. Une seule phrase. Je me relevai, la bouche à moitié ouverte de stupeur qu’il ose agir de façon aussi décontractée !

- Merveilleux. Vraiment. Mon moment préféré, c’est quand on a rencontré tes petits amis et qu’ils m’ont foutue à moitié nue juste pour le plaisir d’emmerder mon frère ! Ah, sinon, il y a la fois où il s’est récolté une balle dans la jambe. Sans conteste, c’était mémorable. Oh, j’oubliais ! Quand Matthew lui a pété la gueule parce qu’il a dit que…

Oh, mon dieu ! Mais comme la vie était géniale, en fait. Alexeï. Ne. Savait. Pas. Que. Alexander. Savait. C’était tellement bien ! Je pouvais le menacer à mon tour, parce que je n’avais plus de secrets qu’il puisse divulguer si je disais la vérité à son sujet ! Peut-être, oh peut-être, que j’allais apprécier sa présence dans la maison finalement…

J’éclatai d’un rire presque incontrôlable, plutôt nerveux mais ô combien libérateur. Rira bien qui rira le dernier Aliocha…
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MessageSujet: Re: Se brûler les ailes ( Alexei)   Se brûler les ailes ( Alexei) Icon_minitimeSam 14 Mai - 11:30

Un sourire ironique releva mes lèvres alors qu'elle se proposait de se promener nue devant... eh bien moi, qui d'autre pouvait-elle bien entendre par le grand méchant loup ? Je ne doutais pas un instant que pour le moment, elle me détestait bien plus qu'Armando. Armando était loin. J'étais là. La déduction n'était guère difficile. Je susurrai en balayant du regard son corps si frêle, si tentant et si désirable maintenant qu'il n'était plus marqué ou presque :

- Je t'épargnerai cela, très chère. Cette vue-là me suffit amplement.

Pour lui faire peur, uniquement pour lui faire peur. Son petit corps fragile, aussi beau soit-il, ne m'intéressait pas. Je lui préférais de loin les déliés sauvages d'Inessa. Diane, on devait avoir peur de la casser si on allait trop fort. Et puis je tenais à ma vie aussi. Comment convaincre ma compagne si je regardais d'autres jolies jeunes filles ?

En l'occurrence, Inessa n'était pas là. Et visiblement, cette méthode était une excellente manière pour effrayer la jolie biche grecque. Tiens, il y a des biches, en Grèce ? Je n'en avais pas la moindre idée, et je m'en foutais. Ç'aurait été bien qu'elles restent chez elles, ceci dit, au lieu d'aller émigrer précisément dans la même ville étrangère que moi. C'était fou comme elle faisait ressortir tous mes mauvais instincts. Je devenais même pire avec elle que je ne l'avais été dans ma vie d'avant. J'avais déjà été mesquin, cruel, ironique, mais jamais totalement gratuitement, jamais totalement sans raison. C'était tellement facile de s'en prendre à une pauvre fille traumatisée déjà cent fois. Jamais je n'avais pensé que son supplice n'avait pas été loin de celui de Katarina. Sinon, j'aurais sans doute tout arrêté sur-le-champ. Mais j'exécrais tellement sa présence si douce, si tendre, si mièvre, que je ne pouvais la comparer à mon trésor.

Ça se passait plutôt normalement, jusque-là, alors qu'elle me déversait tous ses déboires sur le crâne en étant à la limite de m'en accuser - bien sûr, j'avais que ça à faire voyons ! Armando, y a ton ex-médecin dans le quatrième groupe, va donc les taquiner un peu ! Puis c'est une pouffiasse, elle m'a emmerdée dans les souterrains de la Communauté, hésite pas à bien t'amuser avec, hein ! Simplement, je fus totalement déstabilisé lorsqu'elle éclata de rire, parvenant par des années d'habitude à ne pas montrer ma surprise.

- Apparemment, ils ont achevé de te faire perdre la tête, persiflai-je. Jamais trouvé que se faire à moitié violer était très plaisant, mais si tu veux, je peux recommencer puisque tu as l'air d'aimer ça ?

En même temps que j'avais parlé, je m'étais levé d'un bond, et déplacé si vite que, toute coincée qu'elle était à maintenir sa serviette, encore à moitié penchée sur sa valise, elle n'eut pas le temps de se dégager. Acculée. Je ne souriais plus du tout. Malheureusement, il me semblait deviner ce qu'Aristide avait lâché à Matthew. Il n'y avait qu'une seule possibilité qui puisse lui faire tant plaisir face à moi alors que cela avait valu une raclée à son frère.

- Alors, Diane, soufflai-je d'une voix grondante, moqueuse. Fais-moi donc part de la vraie raison de ton hilarité. Sinon je pourrais continuer à me fourvoyer, et...

Ma main en suspension, effleurant le haut de son flanc, tout près de sa poitrine maladroitement masquée par la serviette blanche, parlait pour moi. Inutile qu'elle sache que jamais je ne ferais ça. C'était là toute ma technique - certainement vouée à une tentative de déculpabilisation - menacer sans jamais rien faire, faire parler rien qu'à l'idée de ce qui peut nous arriver. Armando faisait exactement l'inverse, lorsque nous n'avions pas envie de nous amuser à ces jeux trop subtils pour lui, ou que nous n'avions pas le temps. Il frappait et posait les questions ensuite. Elle en avait fait les frais aussi, du moins je le supposais. Et je ne la prenais même pas en pitié, juste parce que c'était elle. Diane.
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MessageSujet: Re: Se brûler les ailes ( Alexei)   Se brûler les ailes ( Alexei) Icon_minitimeSam 14 Mai - 23:45

Pitié ! N’importe quoi mais pas ça ! Je voulais bien retourner tuer quelques personnes si ça pouvait m’éviter le regard qu’il jeta à mon corps tout entier. J’allais en pleurer tant cela me rendait mal à l’aise, tant cela me faisait souffrir sans même qu’il soit près de moi. Il ne comprenait pas, c’était au-dessus de sa petite cervelle de psychopathe. Non, il ne pouvait pas savoir à quel point on restait marquée d’une expérience comme celle-ci. Toute ma vie, je souffrirais le toucher des hommes, l’amour. Comment pouvait-on même envisager d’aimer quand on avait vu à quel point la plus belle preuve de notre affection pouvait aussi être un cauchemar sans fin ? Quand l’acte d’amour lui-même était associé à milles souffrances, au sang, à la punition et la domination. Je le tenais responsable de ça. Lui et tous les hommes sur Terre. Quelle femme était assez tordue pour violer quelqu’un parce qu’elle n’était pas capable de sauver un homme avec une balle dans l’aorte ? Aucune. Nous n’étions pas ainsi. Ils étaient pervertis par nature. Je leur en voulais d’avoir crié et de n’avoir eu aucune aide. De m’être trouvée seule contre tous.


- Non merci, j’ai assez donné je pense !

Il n’empêchait, si la situation n’avait pas été aussi dramatique, j’aurais éclaté de rire. Encore une fois. Le grand Alexeï, complètement paniqué parce qu’une pauvre femme comme moi avait osé lui rire au nez ! Certes, ça ne devait pas lui arriver tous les jours, j’imagine. Qu’on se moque de lui. Qu’on prenne conscience qu’on ne devait plus avoir peur de lui. La rapidité avec laquelle il me coinça entre le mur et lui témoignait bien du côté tragique que la situation prenait pour lui. À quoi avait-il pensé ? Il voulait venir dans ma chambre, se moquer de moi, et au final c’était moi qui allais l’écraser. L’écho de mon sourire s’effaça complètement lorsqu’il leva sa main si près de ma poitrine cependant. Je me recroquevillai en croisant du mieux que je le pouvais les bras vers le haut de mon corps, tassant légèrement le bas pour qu’il n’effleure plus, même par accident, mes hanches ou mes cuisses. Je tentai de le regarder dans les yeux et d’être confiante.

- Tu ne m’auras plus, Alexeï. Ta menace est obsolète, maintenant. Ils savent. Par contre, ton passé, je peux toujours le dévoiler. Tu es fait ! Tu ne me fais plus peur…plus peur.


Quel énorme mensonge quand on savait que j’avais l’envie très dérangeante de fermer les yeux et de me rouler en boule en appelant ma mère chaque fois que je le regardais. Néanmoins, jusqu’à un certain point, c’était vrai ce que je venais de dire. Ce serait pire encore si je disais ce que je savais de lui ET ce qu’il savait de moi. Il savait le mensonge énorme que nous contions et il ne nous avait pas dénoncés à Alexander ! Ce dernier aurait toutes les raisons d’être furieux. Toutes les raisons de le foutre dehors ! Ou de le tuer, par crainte qu’il rejoigne son ancien ami. Je souriais niaisement, toujours tordue pour ne pas le laisser me toucher, mais un peu plus confiante. J’allais voir le bout de ce satané tunnel. J’avais eu ma part de malheur, mais le soleil se levait !
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MessageSujet: Re: Se brûler les ailes ( Alexei)   Se brûler les ailes ( Alexei) Icon_minitimeJeu 19 Mai - 12:17

Et voilà, j'en étais sûr. Cet abruti d'Aristide avait lâché la bombe et je n'avais plus aucune menace pour effrayer Diane. Ah non mais vraiment, on ne pouvait plus faire confiance à personne. Comment avait-il pu être assez stupide pour corrompre la seule et unique chose qui lui permettait de rester dans la Communauté ? Qu'est-ce qui lui avait pris, il avait décidé de tester la tolérance d'Alexander en balançant l'information juste au moment où tout le monde déménageait, espérant qu'il pourrait rester ainsi parce que la morale des autres les empêcherait de l'abandonner en plein New York ? Peut-être qu'en fait, Aristide Tetropoulos adorait emmerder son monde. Peut-être aimait-il se mettre à dos la Communauté. Moi qui étais expert dans l'art du mensonge, je ne voyais absolument pas comment l'on pouvait laisser échapper involontairement une vérité pareille.

Mais je souriais quand même. Je souriais parce que c'était un véritable délice de la voir se recroqueviller devant moi, malgré sa jubilation. Tu parles qu'elle n'avait plus peur ! Elle était terrifiée. Diane était une petite chose fragile qui aurait toujours peur de tout. Et je serais toujours tout en haut de sa liste, peut-être juste après tous ceux qui l'avaient traumatisée chez Armando, ça ne me dérangeait pas, je n'aimais pas faire peur aux gens de cette façon. D'ailleurs, en temps normal, je n'aimais pas spécialement faire peur aux gens, me souvins-je vaguement. Enfin, surtout quand je n'avais rien à en tirer. Pourquoi m'acharnais-je sur Diane ? Cette fille m'insupportait dans tout son ensemble, ses vagues tentatives de défense, sa faiblesse étalée au grand jour, je ne doutais pas une seconde que si elle n'avait pas eu les qualités devenues extrêmement rares d'un médecin, elle n'aurait pas survécu à l'après-guerre. Mais je n'arrivais pas à être simplement indifférent. Et je me refusais à l'aider, alors qu'il me semblait évident que jamais elle ne parviendrait à échapper à sa peur.

Ceci dit, cette petite garce était tout de même bien trop satisfaite à mon goût. Il était temps que je la calme un peu.

- Tu es tellement naïve, Diane. Tu crois donc que j'allais rester avec une épée de Damoclès si dangereuse au-dessus de la tête ? Les autres savent déjà la vérité. Tout le monde ici sait que j'ai été l'acolyte d'Armando. Essaye, parles-en, tu verras ! J'ai gagné ma place ici. Tu ne peux pas me menacer avec ça.

Ce que j'avais craint, c'était qu'elle révèle les détails des histoires enjolivées que je lui avais racontées pour l'effrayer, uniquement pour l'effrayer. Je n'avais pas fait la moitié de ce que je lui avais jeté à la figure, et je ne tenais absolument pas à ce qu'elle répande ceci comme la vérité pure. mais si je présentais les choses de cette manière-là, elle irait déjà parler de mon ancienne association avec l'ennemi de la Communauté. Et quand elle verrait que je n'avais pas menti à ce sujet, elle ne pourrait aller plus loin. Sauf si elle voulait s'acharner, mais Diane n'était pas très appréciée, oserait-elle insister ? Quoiqu'il en soit, les risques étaient bien moindres de cette manière. Et puis j'avais un autre atout dans la manche... Pas très difficile de retourner la situation.

- Et puis, imagine un peu... Oui, je savais qu'ils étaient frère et sœur. Diane l'a laissé échapper devant moi... Bien sûr, j'aurais pu le dire, mais la pauvre avait déjà été tellement traumatisée par son séjour chez les Hors-la-Loi, je ne pouvais pas lui faire ça ! Regardez, elle a eu tellement peur que je le dise qu'elle a même inventé des histoires totalement délirantes à mon sujet, pour me menacer afin que je me taise. Bon, évidemment, ce n'est pas pour ça que je n'ai pas révélé la vérité, de toute façon, ce n'est qu'un tissu de mensonges, mais c'est compréhensible étant donné ce qu'elle a subi... Je n'ai pas voulu en rajouter. Je ne pensais pas que ce serait si important, je suis désolé, si j'avais su...

J'avais reculé, bras croisés, toisant son petit corps frêle qui tremblait tellement à mon approche. En réalité, si elle se débrouillait bien, il y avait une chance pour qu'elle puisse faire valoir sa parole. Sauf qu'elle paniquerait. Et qu'on n'était jamais crédible lorsqu'on paniquait.
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MessageSujet: Re: Se brûler les ailes ( Alexei)   Se brûler les ailes ( Alexei) Icon_minitimeSam 21 Mai - 0:27

Je l’écoutais, mais je ne pouvais pas le croire. Certes, c’était ce diable russe. Il m’aurait dit que le soleil se levait chaque jour et je n’aurais pas voulu l’entendre. Cependant, là, c’était trop gros. C’était impossible que je le croie. Ça voudrait dire que toute ma vie ne servait à rien. Qu’on pardonnait tout. Que c’était futile de faire le bien. Mes yeux s’ancrèrent aux siens et je n’y vis pas le mensonge. Signe ou habileté ? Je ne voulais pas le croire.

Les larmes se mirent à couler doucement sur mes joues. Je ne pleurais par pour une raison précise. C’était à la mémoire de mes parents. De tous les enfants qui avaient disparus, qui avaient perdu leur famille, qui continuaient de souffrir. À celle des femmes qui se faisaient violer chaque jour par les hors-la-loi. Sans distinction envers les prostituées ou les vraies victimes. À mes yeux, elles étaient toutes pareilles. Perdues. Je pleurais pour la misère, pour tous ceux qui avaient mal. Et oui, je pleurais pour moi. Pour l’année que j’avais passée chez Armando. Pour le mal, les cicatrices, les viols. Pour ce que j’avais perdu. Pour mon frère qui n’avait pas sa place ici. Pour moi qui ne l’avait pas non plus. Parce qu’on ne me faisait pas confiance. Et je pleurais parce qu’on avait pardonné Alexeï.

- Ils savent tout, vraiment tout, et ils t’acceptent tout de même ?

Ma voix était étrangement calme. Pas ponctuée de sanglots, rien. Non, mes larmes étaient douces sur mes joues. J’étais trop désespérée pour en être vraiment éprouvée. Quelque part, je me disais que c’était injuste. Il avait tout fait de travers et on lui pardonnait. J’avais souffert milles morts, j’avais soigné des gens, ma seule faute avait été de vouloir protéger ma famille. Et moi, on ne me pardonnait pas. Nuls amis. Nulle pitié. Celle-ci s’était totalement envolée avec les dernières ecchymoses sur mon visage. Peu importe que l’intérieur soit meurtri. Ils pouvaient être méchants, maintenant que je n’étais plus visiblement une femme battue.

- Les enfants, les femmes, tes crimes, tout ? Ils savent tout et ils t’aiment.

Je n’ai cure qu’il s’éloigne. Je tombe assise sur le sol, contre la porte, le regard dans le vide. En état de choc total.

- Ils pardonnent aux menteurs, aux violeurs, aux meurtriers, à celui-là même qui fut le meilleur ami d’Armando Vennezzio, à toi le malfrat, l’homme mauvais jusqu’à la moelle. Mon seul crime a été d’aimer mon frère. Et personne ne comprends, personne.

Je plonge la tête contre mes genoux, pleurant doucement, en silence. Pour la première fois, ce n’est pas de la panique qui m’envahit devant le grand russe. Je suis triste, c’est tout. Qu’il se moque encore, s’il le veut. Moi, je n’en peux plus. Comment pourrais-je me battre contre lui si on fait tout pour l’accommoder ? J’en ai marre de me battre dans le vide. S’ils ne veulent pas d’un médecin supplémentaire, bien. S’ils ne veulent pas d’une femme honnête, soit. Mais mes pleurs, j’allais l’offrir à cette maison.
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MessageSujet: Re: Se brûler les ailes ( Alexei)   Se brûler les ailes ( Alexei) Icon_minitimeMer 29 Juin - 14:12

- Il faut croire, puisque je suis là, fis-je en haussant les épaules.

J'aurais eu pitié de n'importe qui d'autre, à le voir pleurer ainsi. Et, maladroit ou désintéressé, j'aurais haussé les épaules et me serais détourné, feignant d'ignorer ce qui se passait là. Incapable de compatir, incapable de réellement comprendre, je n'aurais pas pour autant profité du spectacle ni enfoncé davantage la victime de ses larmes. L'indifférence était mon attitude envers les neuf dixièmes de la Communauté. Mais envers Diane... Envers Diane, je ne pouvais pas. Pourquoi ? Pourquoi elle ? Pourquoi m'obstinais-je à m'acharner sur elle ? Je m'en fichais, et j'esquivais savamment le mot qui voulait à toute force se faire jour en moi, le mot décrivant mon attitude envers elle : cruauté.

Je levai un doigt, croyant bon d'ajouter une précision sur un ton quelque peu ironique:

- Aimer est un bien grand mot. Je ne voudrais pas qu'ils m'aiment. Ils m'indiffèrent, et l'inverse est vrai aussi. Mais je suis là, et je compte bien y rester.

Elle se fichait très certainement éperdument des détails de mes liens avec la Communauté, j'aimais juste délicieusement l'agacer ainsi. La voir tous les jours, partager son toit serait véritablement insupportable, je prenais de l'avance pour les jours à venir, au moins pourrais-je l'ignorer pendant un certain laps de temps. Je levai les yeux au ciel. Je n'en pouvais plus de l'entendre geindre, se plaindre sans cesse ! On lui offrait un toit, de la nourriture, la sécurité et la protection, et elle trouvait encore à râler parce qu'on rechignait à s'occuper de son frère incapable ?

J'avais conscience d'être injuste. J'étais toujours injuste avec Diane, et plus encore avec Tomas, affirmant sans rougir que c'était à cause de son poids et de son inutilité, alors que c'était uniquement parce qu'il était le frère de cette peste dont je ne supportais pas de voir la douceur, l'innocence et la peur. Sauf quand elle naissait de moi. Sans doute parce que si elle me connaissait ne serait-ce qu'un tout petit peu, elle aurait su que c'était injustifié... Je n'étais pas réellement comme ça.

Tu n'es PLUS réellement comme ça, souffla une petite voix. Et d'ailleurs, que lui importe ton comportement avec les autres ? Avec elle, tu es cruel. Sans la moindre raison. Tu n'y gagnes même pas quelque chose, mis à part le risque de te faire éjecter de la Communauté. Ta filiation ne te sauvera pas toujours...

- Apprends à te battre, Diane, ajoutai-je en me dirigeant vers la porte. Tu es pitoyable. On ne vit plus dans le même monde, aujourd'hui. Et si tu veux aider ton frère, il va falloir que tu apprennes à mordre au lieu de caresser.

Pourquoi ce conseil ? Je n'en savais rien. Enfin, elle m'avait au moins permis de me défouler, songeai-je en claquant violemment la porte de sa chambre derrière moi.
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