This Is War
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 Never thought that I would get here [PV Aristide]

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2 participants
AuteurMessage
Gabrielle McCord
Don't Worry About A ThingGabrielle McCord


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MessageSujet: Never thought that I would get here [PV Aristide]   Never thought that I would get here [PV Aristide] Icon_minitimeSam 3 Sep - 20:49



I've been standing on this mountain
I've been standing all alone
Never thought that I would get here
It just takes walking out the door

I went driving down these dark roads
And I got lost looking for the shore
When I got the scary feeling
That I've been here before

Used to want everything
I thought I could have that and more
We're not old, but I can't help it
I don't expect much anymore

There's a cold wind blowing from the north
Now emptiness has come back for more
Now I am quite certain
That I've been here before


Et si j'avais su que j'allais finir seule ? Et si j'avais su que j'allais les perdre tous les deux ? Aurais-je fait un autre choix ?

Voilà les questions que je me posais et qui tournaient encore et encore dans mon esprit alors que je fixais depuis un bon moment déjà, le vide devant moi. Le vide de ce qui allait faire partie de ma vie à présent. Ma vie sans lui. Parce qu'il m'avait quittée. Parce qu'il m'avait finalement avoué qu'il ne pourrait jamais me pardonner. Là, assise seule sur ce canapé, dans cette maison vide, j'avais encore du mal à croire à la conversation que j'avais eu avec Alexander à peine deux heures plus tôt. Il n'avait pas été agressif ou dur avec moi. Il n'avait pas été blessant enfin... Il m'avait fait du mal mais il n'avait pas été... Il avait juste... Il avait juste réalisé qu'il ne pouvait plus vivre avec moi, qu'il ne pouvait plus m'aimer parce que la femme qu'il avait aimée n'existait plus vraiment et surtout, qu'il ne pouvait pas me pardonner de l'avoir trompé et d'en avoir aimé un autre... Non, d'en aimer un autre parce qu'il était clair que mes sentiments pour Aristide étaient toujours présents. Nous étions devenus amis et faisions des efforts pour construire au mieux cette amitié mais l'amour, lui, n'avait jamais disparu. Aristide le savait. Je le savais. Et Alexander le savait. Alors, quand il s'était assis en face de moi en m'annonçant qu'il voulait me parler, mon estomac s'était noué parce que j'avais compris que quelque chose n'allait pas et au fond, même si je n'avais pas voulu y penser, j'avais su... J'avais su qu'il allait me quitter. Et j'avais pleuré... Tant pleuré parce que j'étais revenue vers lui, parce que j'avais voulu le retrouver, parce que je l'aimais tant. Mais je savais que je ne l'aimais pas assez pour qu'il puisse rester à mes côtés. J'en avais rêvé oui, mais j'aurais dû savoir que ça allait être impossible : Comment aurait-il pu supporter de me garder près de lui en sachant que mon cœur ne battait plus que pour lui uniquement ? J'aurais dû le savoir et je le savais sans doute au fond de moi mais l'entendre me dire que tout était terminé, qu'il allait aller s'installer au quartier général... J'avais pris une sacrée claque en pleine figure. La question d'Emma avait bien sûr été abordée et je lui avais dit sans aucune hésitation qu'il pourrait la voir et la prendre avec lui quand il souhaiterait. Il était son père et je ne voulais surtout pas qu'il s'éloigne d'elle. J'avais fait assez de dégâts, il ne fallait pas qu'en plus leur relation père-fille ne se détériore.

Oui, j'avais beaucoup de dégâts car tout ça, tout ce gâchis, c'était ma faute. On aurait pu mettre ça sur le dos d'Aristide mais ça aurait été complètement injustifié. Il m'avait laissé le choix et j'avais choisi de continuer à le voir, j'avais choisi de rester auprès de lui pour finalement lui briser le cœur. J'avais brisé aussi le cœur de mon époux et à présent, je n'avais même plus d'époux. Ni époux. Ni amant. A aimer deux hommes, je les avais tous les deux perdus. Il me restait ma fille et j'étais heureuse et reconnaissante de l'avoir dans ma vie mais... Cet autre vide qui maintenant hantait mon cœur, il allait être horriblement difficile à combler. Je devais pourtant me montrer forte pour Emma, je l'avais déjà abandonnée une fois et je ne voulais plus être cette Gabrielle là. Je devais être là pour ma fille, l'aimer, la protéger du mieux que je le pouvais. Cependant, pour arriver à faire cela, j'avais besoin de ces quelques heures seule, à pleurer mon mariage terminé, à pleurer cet amour perdu à jamais par ma faute. Ma faute... Mon regard se détourna finalement de ce vide que j'avais tant fixé pour se baisser et se poser sur ma main. Ma main gauche. Cette main où trônait une bague de fiançailles et une alliance qui n'avaient plus rien à faire là. Des anneaux qui ne voulaient plus rien dire puisque tout était terminé. Des anneaux que je ne pouvais pas supporter de garder à mon doigt une minute de plus. Je refermai ma main droite sur mon doigt et tirai avec force sur les bagues qui ne vinrent pas. Mes larmes ruisselaient toujours abondamment sur mes joues et je finis, après plusieurs instants d'efforts ne menant à rien, par me relever et me diriger vers la cuisine. Je mis l'eau à couler et glissai ma main en dessous avant de retenter de retirer les bagues mais rien. Rien du tout. Je pris alors la petite bouteille de produit vaisselle qui trônait sur le bord de l'évier avant d'en asperger ma main et de recommencer à tirer. Je sanglotais, hurlais presque et au bout de quelques instants, les anneaux quittèrent mon doigts. Je laissai mes mains sous l'eau quelques secondes le temps de les rincer avant d'observer les bagues qui se trouvaient à présent dans la paume de ma main. Pendant des années, ces bagues n'avaient pas quitté mon doigt et à présent... A présent...

Je quittai la cuisine précipitamment et allai jusqu'à notre... Ma chambre. Une fois à l'intérieur, je regardai à nouveau les bagues avant de m'approcher de la table de chevet, d'en ouvrir le tiroir et de les glisser à l'intérieur, derrière un livre.

Je refermai le tiroir.

C'était fini.

Je me laissai tomber au sol, observai un bref instant ma main gauche à présent dépourvue de la preuve de cet amour qui m'avait uni à Alexander avant de me mettre à frapper le sol avec cette même main. Peu importait la douleur. Les larmes qui noyaient mes joues n'étaient que des larmes de tristesse, rien d'autre. J'avais mal, mais j'avais mal au cœur, tellement mal au cœur que cette main qui devenait de plus en plus rouge ne me faisait pas mal. Les minutes passèrent ainsi et je finis par cesser doucement de frapper au sol. Je ne pris même pas la peine d'observer ma main qui était déjà bien rouge et avait légèrement enflé : Ça n'était pas grave. Je ne fis qu'un seul mouvement pour me redresser juste assez afin de pouvoir me glisser sur mon lit et m'y recroqueviller. Mes yeux me brûlaient tant j'avais pleuré et les larmes ne coulaient presque plus. J'avais fini par réussir à me calmer. Mes yeux retrouvèrent une nouvelle fois le vide et jusqu'à ce que ma fille rentre à la maison, j'allais rester là, à ne rien regarder, à essayer de ne plus rien ressentir. J'étais seule. Mère célibataire. Beaucoup de difficultés se profilaient à l'horizon et je ne voulais pas y penser. Je voulais fermer les yeux, dormir, rêver à un monde parfait ou rien n'aurait été aussi terrible, où tout ce serait bien terminé pour tout le monde. Mais au moment où je fermai les yeux, j'entendis frapper plusieurs coups à la porte. Je gardai les yeux fermés, décidée à ne pas répondre : Qu'on me laisse en paix. Et la paix s'installa, pour quelques secondes seulement puisqu'il y eut de nouveaux coups à la porte. Je rouvris les yeux et me redressai sur le bord du lit avant de glisser mes mains sur mon visage pour essuyer mes joues. Ce fut à ce moment-là et uniquement à ce moment-là que la douleur à ma main gauche apparût : J'y avais été plus fort que je ne l'avais pensé. Tant pis : Un peu de glace et il n'y aurait plus rien. Je me relevai et m'observai un bref instant dans le miroir : J'avais les yeux enflés et rouges. En fait, je faisais un peu peur à voir mais de toute façon, je n'avais pas le temps d'essayer de m'arranger. Avec un soupir, je quittai la chambre en jetant un dernier regard à la table de chevet.

J'avais l'impression d'être un fantôme. J'avais l'impression que mon corps bougeait tout seul mais que mon esprit était complètement déconnecté de tout ce qui m'entourait. Même lorsque ma main toucha la poignée de la porte, je ne le sentis presque pas. Un fantôme... Qui cessa aussitôt d'en être un quand j'ouvris la porte et que je me trouvai nez à nez avec Aristide. Non... Pas aujourd'hui... Pas maintenant... Je l'aimais... Je l'aimais toujours de tout mon cœur mais je ne pouvais pas lui parler maintenant parce que si je le faisais, si je lui disais... Tout pourrait changer. Il l'avait dit... Il avait dit qu'il m'attendrait mais je ne pouvais pas me tourner vers lui maintenant, pas parce qu'Alexander m'avait quittée. J'avais fait beaucoup de choses injustes mais je ne voulais pas faire celle-ci et s'il était auprès de moi, s'il était là... J'allais craquer. J'allais me jeter dans ses bras, lui demander de ne plus jamais me laisser mais il était trop tôt. Beaucoup trop tôt... Si je devais retourner vers lui, ça devait être pour de bonnes raisons et pas parce que mon mari avait mis fin à notre mariage. Et finalement, cette petite voix au fond de moi, cette petite voix qui me murmura qu'un jour j'allais pouvoir revenir vers lui... Oui, cette petite voix ralluma un semblant de braise dans ce feu qui avait été complètement éteint. Un jour... Un peu d'espoir dans ce vide... Mais alors que j'allais lui demander de revenir plus tard, il se jeta sur moi et me serra dans ses bras avec force. J'en fus surprise, déstabilisée... Parce que cette étreinte n'avait rien à voir avec nos étreintes du passé. Non... Cette étreinte était pleine de désespoir : Quelque chose n'allait pas. Il n'allait pas bien. Il n'allait pas bien et il venait me voir, moi qui était son amie. Alors j'allais être forte. Je n'allais pas penser à ce qui pourrait être notre vie dans quelques temps. J'allais être cette amie que j'avais tant voulu devenir.

-Viens... Rentrons.

Murmurai-je tout bas à son oreille. Cependant, il ne semblait pas décidé à me lâcher alors, je me reculai légèrement, le gardant près de moi et l'emmenant ainsi jusqu'à l'intérieur de la maison avant de refermer la porte en la poussant avec mon pied. Dès lors, mes bras s'enroulèrent autour du cou d'Aristide et je me mis à caresser ses cheveux avec douceur. Il n'y avait rien de sensuel dans ce geste, ou en tout cas, j'espérais ne pas paraître sensuelle mais juste réconfortante. Réconfortante comme une amie se devait de l'être.

-Tu veux t'asseoir ?

Pour toute réponse, son étreinte se resserra autour de moi. Bon, c'était clair : Il n'allait vraiment pas bien du tout.

-Dis-moi ce qui se passe...

J'allais l'écouter et l'aider si je le pouvais. Et pour le faire, j'allais mettre tout le reste de côté.
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Aristide Tetropoulos
Εἶς ἀνὴρ οὐδεὶς ἀνὴρ
Aristide Tetropoulos


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MessageSujet: Re: Never thought that I would get here [PV Aristide]   Never thought that I would get here [PV Aristide] Icon_minitimeLun 12 Sep - 17:51

Enceinte. Le mot ne cessait de se répéter en moi, se percuter contre les parois de mon crâne à tel point que j’aurais souhaité vouloir le faire éclater afin de relâcher l’horreur de ce mot. Enceinte, de moi. Quelle information pesait le plus dans la balance du tragique ? Que Kay a été enceinte d’un autre homme aurait de toute manière été un drame étant donné son addiction à la drogue, son âge également. Mais de moi ?... Pourquoi moi ? Sur tous les hommes avec lesquels elle avait dû coucher pourquoi fallait-il que ça tombe sur moi ? Des centaines d’images toutes plus morbides les unes que les autres défilaient devant mes yeux, mon futur si sombre : Un enfant trisomique, malformé, gravement malade dont nous aurions la charge jusqu’à la fin de notre vie, qu’il nous faudrait élever tout en ne sachant pas comment le faire correctement. Parce que Kay se droguait et qu’à cause de cela l’enfant qu’elle portait n’avait que peu de chances d’être normal. Dans tous les cas je ne voulais vraiment pas cet enfant mais, aussi triste que ce soit de l’avouer, j’en voulais encore moins s’il devait être attardé. C’était peut-être égoïste, méchant, odieux, tout ce que vous voulez mais quitte à donner la vie je préférais la donner à un être « normal ». Même si j’avais été marié, même si j’avais aimé ma compagne à en mourir, si jamais nous avions découvert sur une échographie que l’enfant que nous attendions allait être handicapé, j’aurais voulu qu’elle avorte. Si je devais avoir un fils, je voulais qu’il puisse monter aux arbres, jouer au baseball et draguer les filles. Si je devais avoir une fille, je voulais qu’elle soit capable de coiffer et habiller ses poupées, nourrir son chat et faire des bisous à maman. Peut-être n’étais-je qu’un con qui ne pensait qu’à sa gueule mais même pour l’enfant, je ne pensais pas que cette vie valait la peine d’être vécue. Une vie en fauteuil, à l’hôpital, une vie sans copains parce que tout le monde vous regarde avec pitié ou dégoût ? Non, une vie telle que celle là ne valait décidemment pas la peine d’être vécue, ni pour lui ni pour nous. Les avis quant à l’avortement sont divergents et tous défendables, le mien comme les autres : Si un enfant est indésiré, s’il va naître avec de graves problèmes de santé ou si ses parents n’ont pas les moyens de lui offrir une vie décente, alors mieux vaut le laisser où il est. Mieux vaut mettre fin à son existence dès l’œuf plutôt que de le laisser grandir dans un monde où il sera malheureux. Comment rendre un gamin heureux alors que ses parents ne s’aiment pas ? Alors que notre monde est détruit, pourri ? Alors que sa mère se drogue et son père est un connard ? A quoi bon ?

Le fait était que Kay et moi n’en voulions de toute manière pas et que nous n’avions aucun moyen d’avorter. Même en temps normal il aurait été bien trop tard pour cela, bien trop tard… Et dire que je n’avais rien remarqué… Je me trouvais con à en mourir. Quel con putain ! Qu’est ce que nous allions foutre avec ce gosse ?! Non… Non. Pas de « nous », mais « elle » ! Moi, je n’en voulais pas. Je m’en foutais de ce gamin, n’avais rien demandé à personne. Et puis j’avais déjà assez d’emmerdes comme ça. Puisqu’elle le voulait son môme, qu’elle le garde et me foute la paix, je refusais d’avoir quoi que ce soit à voir avec lui. Je refusais d’être son père. Voilà. Bravo Ari, tu es vraiment un homme. Un gros lâche, un gros égoïste, un gros con. Si ma mère était là… Seigneur si ma mère était là, elle pleurerait toutes les larmes de son corps. Je l’aurais déçu comme jamais auparavant dans ma vie. Et le fait que je refuse de m’occuper de cet enfant, quand bien même il ne fut pas souhaité, l’aurait encore davantage déçu. Même moi, elle ne m’avait pas abandonné, et si à la base j’étais je le suppose un enfant désiré, je fus pourtant rapidement déchu de ce privilège. Mon père voyait en moi un bâtard qui n’avait pas de place sous son toit mais elle ne m’a jamais laissé. J’ai vécu chez mes grands parents certes, ceci n’empêcha pas que j’étais aimé, chouchouté, gâté. Ma vie n’a pas été atroce là bas, bien au contraire. Or, la vie de mon propre enfant le sera sans doute car je me sentais absolument incapable de me montrer fort et assumer ma responsabilité. J’en étais incapable… Il suffisait de me regarder pour comprendre que je n’étais pas encore prêt pour cela, voire même que je ferais un père absolument horrible. J’aimais les enfants, j’en voulais, mais pas lui. Pas celui là. Pas avec Kay. Ce n’était ni le moment, ni la bonne femme. Dire que durant un long moment j’avais cru être stérile car justement je n’avais jamais rencontré ce problème et c’était plutôt étrange étant donné mon manque de précautions… Je crois que maintenant j’aurais préféré être incapable de procréer. La possibilité de donner à la vie à un être qui me sera semblable, en sachant toutes les erreurs que j’avais commises, me semblait intolérable. Et puis nous ne pourrions jamais lui donner une vie correcte, nous qui nous battions déjà pour survivre tant bien que mal. Certes notre confort à Elizabeth Town paraissait-il considérable en comparaison de New York mais ceci ne valait tout de même pas grand-chose si l’on réfléchissait à tout ce que nous possédions autrefois. Jamais il ne pourra aller s’acheter des bonbons dans une boulangerie, jamais il n’ira dans une école normale, jamais il ne verra ni la Grèce ni quoi que ce soit d’autre que ce village à moitié détruit. Or, comment construire un enfant droit dans un monde complètement anéantis ? J’aurais voulu pouvoir mourir de déshydratation à force de larmes mais mon cœur s’évertuait à battre en dépit des litres d’eau salée qui coulaient sur mes joues. Pas la force, pas le courage, je ne pouvais décidemment affronter ma vie qui désormais me semblait simple condamnation à perpétuité pour une erreur encore plus grave que toutes les autres.


Où allais-je ? Dans quel but ? Je n’en savais absolument rien, suivais mes pas indécis sans me poser la moindre question. J’aurais voulu pouvoir m’arrêter et hurler tout ce qui tourbillonnait dans mon esprit afin de m’en libérer définitivement tout en sachant que cela n’atténuerait en rien ma souffrance. Il n’y avait plus rien à faire, rien pour me sauver. Même une fausse couche n’aurait sans doute pas pu effacer les blessures profondes qui marquaient ma vie désormais. Même ne pas assumer cet enfant ne pourrait jamais me soulager de la culpabilité de l’avoir engendré, bien au contraire. Je n’en voulais pas mais comment allais-je réagir si un autre que moi l’élevait ? Comment allais-je réagir si je l’entendais un jour dire « papa » à un autre ? Comment ? Pire, comment pourrais-je supporter de voir cet enfant sans père, vaguer sans but dans une existence qui le dépasse tout en n’ayant aucun repère masculin vers lequel se tourner ? C’aurait été que trop injuste pour lui que de grandir sans père simplement parce que ce dernier était totalement lâche… Non, non, je ne pouvais pas l’abandonner… Je ne pouvais pas fuir à ce point ce que j’avais engendré. Il s’agissait de mon sang, ma chère, même les animaux n’abandonnent pas leur progéniture. Je me dégoûtais profondément, pleurais encore davantage. En réalité je ne savais plus vraiment que penser, comment appréhender la chose afin de la laisser pénétrer ma vie totalement. Quel choix devais-je faire ? En avais-je seulement un ? Allez savoir… Complètement paumé je finis par atterrir un peu au hasard chez moi mais rebroussai chemin aussitôt, désirant encore moins que tout franchir le pas de cette maison, voir ma sœur, Lyzee, Kay… J’avais besoin de faire le vide, le point. Mais j’avais également besoin d’une personne à laquelle parler de tout ce qu’il m’arrivait, une personne qui m’écouterait réellement. Sans réellement y réfléchir je pris le chemin de la maison de Samuel quand bien même il soit très tard et frappai à la porte sans doute beaucoup trop fort. Une faible lumière transparaissait de par la fenêtre, supposant une présence éveillée dans la maison et pourtant je n’obtins pas immédiatement de réponse. M’obstinant, je frappai une deuxième fois puis appelai Sam du plus fort de ma voix. J’avais besoin de le voir, lui, parce qu’il était un homme et que seul un homme peut comprendre ce genre de chose. Ma sœur m’aurait immédiatement dit d’assumer mon enfant, fervente opposée aux « salopards qui abandonnent leurs gamins ». Tellement facile à dire. Nous n’étions pas comme les femmes, nous n’avions absolument aucun moyen de nous débarrasser d’un enfant que nous ne voulions pas, nous n’avions pas ce pouvoir. Même si auparavant j’aurais moi aussi trouvé cette attitude détestable, pour le vivre je peux affirmer qu’il n’y a absolument rien de plaisant à apprendre que l’on sera bientôt père sans en éprouver l’envie. Moi-même j’hésitai encore énormément.

Au bout de quelques minutes on m’ouvrit la porte. Sans prendre le temps de regarder qui se tenait devant moi je me jetai dans ses bras en pleurs, me laissant totalement aller à mon malheur. Ce ne fut que lorsque j’entendis la voix de Giulio baragouiner des choses en italien que je me rendis compte que je m’étais trompé de personne. Cela ne faisait pourtant rien, j’avais seulement besoin que quelqu’un me tienne dans ses bras, me réconforte. J’avais besoin d’un peu de chaleur humaine tout en me sentant désespérément vide. Sans me poser de questions Giulio me berça contre lui quelques instants avant de se reculer et me prendre par le bras, m’emmenant dans la cuisine. Il m’assit, pris une tasse et la posa devant moi quelques instants plus tard. Chocolat chaud. Un sourire effleura ma joue au travers de mes larmes. Giulio était un peu comme un grand père avec tout le monde je crois. Toujours est-il qu’il se pencha finalement vers moi en m’ébouriffant doucement les cheveux.

« Samuel ? » demanda-t-il avec son fort accent habituel. Je sentais bien qu’il cherchait à formuler le moins de mots possibles afin de ne pas m’ennuyer avec son italien persistant et finis par hocher la tête. Oui, je voulais voir Sam. Il se redressa puis partit, revenant avec un Samuel qui semblait plus endormis que réveillé mais qui, en me voyant, fronça vivement les sourcils et sembla se défaire totalement de son sommeil. Quant à moi, je pleurais toujours au dessus de mon chocolat chaud. Sam tira une chaise près de moi, Giulio fit de même de l’autre côté de la table et tout deux me regardèrent avec un air grave. Alors, je racontai brièvement mon histoire, le temps passé dehors, ma folie en rentrant à la Communauté, la nuit avec Kay puis sa grossesse. Toutes ces choses qui s’étaient enchaînées comme tant de malheurs qu’une seule vie n’aurait pas dû avoir à contenir. Je passai la soirée entière en compagnie de mon meilleur ami et de Giulio qui parvinrent au moins à m’aider à cesser de pleurer. J’avais l’impression qu’ils me comprenaient, que je n’étais plus seul même si je ne savais toujours pas quoi faire. Lorsqu’il fut enfin dans les quatre heures du matin, je me levai tout doucement et regardai la pendule.

« Il faudrait que j’y aille… Je n’ai pas envie de rentrer chez moi… , murmurai-je comme pour moi-même.
- Tu veux rester ici ? »

Giulio me regardait très sérieusement puis me désigna une pièce opposé en déclarant qu’il pouvait me préparer le canapé si je voulais y dormir. J’hésitai une seconde, ne souhaitant pas les déranger quand bien même je sois au plus mal. Déjà que je venais de ruiner une grande partie de leur nuit… Je finis néanmoins par hocher la tête lorsque je croisai le regard de Sam, qui m’encourageait silencieusement à rester aussi. Peut-être sentait-il que j’aurais été complètement incapable de rentrer dormir dans une maison où je savais qu’un petit être, fruit de mes chaires, grandissait doucement tout en me détruisant par la même occasion. Toujours est-il que Giulio se dépêcha de disposer une couverture et un oreiller sur le canapé tandis que je le regardai d’un œil vide, particulièrement fatigué d’avoir tant pleuré. Je sursautai en sentant une main se poser sur mon poignet, relevant mon regard vers Sam alors qu’il m’attirait à lui pour me serrer contre son torse. Il s’était passé des choses étranges entre nous et pourtant cette étreinte ne me parut pas le moins du monde déplacée, bien au contraire. Elle me fit sans doute plus chaud au cœur qu’il ne l’imaginait. Finalement il me lâcha puis me conseilla de dormir avant de remonter à l’étage. J’hottai simplement mes chaussures, trop épuisé pour me déshabiller totalement et me glissai sous la couverture sans réfléchir. Alors que je tendais le bras vers une petite lampe posée sur un guéridon près du canapé afin d’éteindre la lumière Giulio entra de nouveau dans le salon et posa sur ce même guéridon un verre. A mon grand étonnement il se pencha ensuite sur moi et m’embrassa sur le front avec un air paternel. Puis il murmura :

« C’est du lait chaud avec un peu de miel, ragazzo. Ca te fera du bien. Buona notte, sogni d'oro. »

Je remontai la couverture jusqu’à mon nez avant de fermer les yeux alors qu’il éteignait la lumière et m’endormit sans même toucher au verre de lait.

La nuit me sembla trop courte. L’inconscience dans laquelle je m’étais plongé me manqua à peine eus-je ouvert les yeux, réveillé par des bruits provenant d’une pièce voisine. Et le chagrin retomba sur moi comme la misère sur le monde. Je fermai les yeux avec force, décidé à me rendormir afin d’oublier cette existence horrible mais n’y parvins pas, bien trop préoccupé pour pouvoir m’évader. Je décidai donc de me lever et rejoignis la cuisine dans laquelle je trouvai Giulio qui s’afférait dans tous les sens, préparant le petit déjeuner. Je bus finalement mon lait froid et partis avant que qui que ce soit d’autre ne ce soit levé, remerciant une dernière fois Giulio pour sa gentillesse. Même si je n’éprouvais absolument aucune envie de rentrer, j’y fus bien obligé, ne serait-ce que pour prendre une bonne douche. Seulement la douche pas plus que le reste ne parvins à me remonter un tant soit peu le moral : J’allais être père. C’était un fait qui ne pouvait laisser place au réconfort d’aucune sorte. Je tournai en rond un long moment avant de me décider à sortir sans croiser personne, laissant Patou derrière moi. Même sa présence à lui m’insupportait, c’est pour dire. Seulement même dehors je ne trouvai absolument rien à faire pour m’occuper définitivement l’esprit et enfin ne plus penser à cet enfant, ce maudit enfant qui allait arriver tellement vite… Trop vite. Il ne me restait plus que quatre mois de tranquillité, autant en profiter. Malheureusement pour ce faire j’aurais dû songer à autre chose, et j’en étais bien incapable. Passant devant la bibliothèque je baissai les yeux, décidé à ne pas y jeter le moindre coup d’œil. Ce lieu me rappelait trop l’annonce de la grossesse, je n’étais pas encore prêt à y remettre les pieds. Peut-être ne le serais-je d’ailleurs jamais. Que se passerait-il dans ce cas ? Allait-elle retomber en ruines car Kay ne pourra plus y travailler et que Sam n’aura jamais la force de tout faire seul ? Il faut croire… Tous, absolument tous mes rêves tombaient en miettes devant mes yeux, me serrant la gorge au point d’en avoir l’impression d’en étouffer. Retenant du mieux que je pus mes larmes j’accélérai le pas et me dirigeai vers la maison de Gabrielle.


Mauvaise idée. Tout d’abord vu l’état dans lequel je me trouvais, il était clair que j’aurais beaucoup de mal à me retenir de la serrer dans mes bras et l’embrasser jusqu’à en mourir. Or, nous devions être amis. Il s’agissait du moins de la seule possibilité que j’avais finalement accepté afin de continuer à la voir, même sans être proche d’elle. Avec le temps la douleur, bien que toujours présente, avait fini par s’atténuer de manière à me permettre de pouvoir l’approcher sans immédiatement fondre en larmes. Aujourd’hui néanmoins, je ne savais si je serais capable de tenir le coup. Comment pourrais-je supporter de me trouver en la présence de la femme de ma vie, celle avec laquelle j’aurais voulu construire un foyer, une véritable famille, alors qu’une autre quelque part attendait un enfant de moi ? Oui, ma décision d’aller la voir se révélait particulièrement stupide mais en cet instant de souffrance pure je ne pouvais plus entendre raison. Il fallait que je voie la seule personne pour laquelle mon cœur se devait encore de battre, sans quoi je sentais que j’allais complètement craquer. Malheureusement, Gabrielle ne vivait pas seule et j’en avais parfaitement conscience. Il se pourrait parfaitement que je tombe sur Alexander, que dirais-je dans ce cas là ? « Salut, je viens voir ta femme ! » Ou comment se prendre –encore- un poing dans la gueule. Sauf que cette éventualité, je ne l’envisageais qu’une fois arrivé devant la porte, y restant ainsi bête durant quelques instants. Frappera, frappera pas ? Me retrouver nez à nez avec Alexander restait bien l’un des derniers malheurs à ne pas encore m’être tombé dessus et je n’étais pas vraiment certain de vouloir tenter la chose. Cependant, la nécessité de voir Gabrielle, lui parler, la toucher peut-être m’enivrait bien trop pour que je ne recule à présent. Qu’importe Alexander, je me moquais bien de lui et de ses muscles : S’il voulait me piétiner qu’il le fasse, je n’avais plus rien à perdre. Aussi frappai-je finalement tout en me répétant ces quelques mots, bercé par l’espérance de pouvoir profiter d’un moment seul avec Gabrielle bien que cela ne soit sans doute pas sage du tout. Aucune réponse ne me parvint. Comme si mon espérance démesurée à la simple idée de la voir venait de subir une chute libre, je sentis mon désespoir croître de nouveau. Il fallait qu’on m’ouvre, il fallait que quelqu’un vienne à mon secours… Je finis par serrer les deux et poser mon front contre la porte avant de frapper une nouvelle fois, beaucoup plus faiblement ceci dit. N’entendant absolument aucun bruit à l’intérieur, je supposais que personne ne se trouvait dans la maison et dû me faire violence pour ne pas pleurer de nouveau. Mes yeux me faisaient déjà tant souffrir… Comme desséchés après de trop longues heures de pleurs incontrôlables. Mais il fallait qu’elle vienne… Viens… Ouvre moi, c’est moi… J’ai besoin de toi Gabrielle… Ouvre moi.

Et elle m’ouvrit, tellement subitement que j’en sursautai, restai quelques instants à la dévisager sans comprendre. Après avoir tant souhaité sa présence, me retrouver face à elle aussi brutalement m’apparaissait comme une soudaine illumination quasi subliminale et lorsque l’information parvint enfin à se créer une place dans ma raison, je me jetai sur Gabrielle sans réfléchir. Sans même prononcer le moindre mot, seulement guidé par mon besoin dévorant de la sentir au plus près de moi. Son parfum restait le seul à pouvoir me donner le courage d’affronter ma vie, la douceur de ses cheveux ma dernière source de plaisir. Elle était la seule à me faire encore sentir vivant. Alors que j’aurais voulu demeurer ainsi indéfiniment, la serrer contre moi sans me préoccuper de rien, je l’entendis me murmurer d’entrer mais ne pu me résoudre à la lâcher. J’avais bien trop peur de ne plus retrouver l’occasion de me blottir dans ses bras par la suite, or ce contact bien que défendu m’apaisait à un point inimaginable. Je me laissai néanmoins faire lorsqu’elle mis un peu d’espace entre nous afin de m’entraîner à l’intérieur, refermant la porte au passage d’un pied. Craignait-elle que quelqu’un ne nous surprenne ? C’aurait été problématique… Théoriquement nous n’étions plus que des amis et, même si deux amis peuvent s’enlacer, tout le monde savait très bien qu’entre Gabrielle et moi les choses étaient plus compliquées. Que quelqu’un nous aperçoive entrain de nous enlacer en l’absence d’Alexander (ou du moins je le supposais) aurait sans doute entraîné de graves conséquences sur nos possibilités pour nous voir. Car si Alexander lui demandait de ne plus avoir le moindre contact avec moi, je redoutais qu’elle n’accepte. Après tout n’était-il pas son mari ? Et moi… Seulement l’ex amant… Seulement un ami comme les autres… A cette pensée mon étreinte s’intensifia alors que Gabrielle me caressait doucement la nuque. Je fermai les yeux, me laissant totalement bercer par ses caresses tout en repoussant les tristes pensées qui m’avaient quelques instants assailli. Certes n’étions nous que des amis mais il fallait que je parvienne à me contenter de cela car il était à présent clair que nous n’entretiendrons plus jamais la même relation qu’auparavant. Je n’avais pas été parfait et elle avait choisi, le temps parviendrait-il à me le faire définitivement entrer dans le crâne ? Je l’espérais sincèrement car malgré tout, la possibilité de pouvoir une seule fois goûter de nouveau à ses lèvres m’hantait toujours, quand bien même je tente de la cacher par tous les moyens. En cet instant je ne pensais plus à rien qu’à elle, son corps contre le mien, ses cheveux caressant mon nez. Ces sensations me paraissaient tellement loin à présent… Et je ne voulais les perdre pour rien au monde, aussi déclinai-je silencieusement l’invitation lorsqu’elle me proposa de m’asseoir. M’asseoir, cela signifiait écarter mes bras, la laisser s’en aller, priver ma peau de sa chaleur. Or je n’y étais pas prêt encore.

-Dis-moi ce qui se passe...

L’horreur de ma situation me revint si brutalement que j’en demeurais quelques instants sans voix, incapable de bredouiller le moindre mot face à elle, incapable de lui expliquer la situation. Même si jusqu’alors je n’y avais pas pensé, je me rendais subitement compte qu’il m’était absolument impossible que de lui révéler la nature de mon désespoir car ceci reviendrait à lui avouer que j’aurais couché avec une autre femme qu’elle, après elle. Certes cela était-il vrai, il n’empêche que je ne parvenais pas à m’imaginer sa réaction tout en sachant qu’elle conservait sans doute encore des sentiments pour moi-même si la dernière fois que j’avais tenté une approche, elle m’avait repoussé. Gabrielle ne voulait plus de moi, elle cherchait sans doute à anéantir ses sentiments, les exterminer et je n’étais pas en droit de les lui imposer mais en même temps, je ne me sentais pas le courage de lui avouer quoi que ce soit qui aurait pu signifier que j’avais osé désirer une autre qu’elle. Les circonstances me paraissaient néanmoins atténuantes. Tout d’abord sur le plan psychologique, tout allait très mal pour moi. J’entendais des voix, avais d’importantes sautes d’humeurs tant mon réglage naturel s’en trouvait abîmé. De même que je vivais en reclus avec ma sœur, refusant de voir qui que ce soit, me bornant à fixer l’horizon lorsque je me trouvais en présence d’autres personnes qui me dévisageaient toutes avec le même air méprisant. Du mépris j’en avais bouffé, ça oui. Sur le plan sentimental bien évidemment rien n’allait mieux, ma rupture avec Gabrielle m’ayant laissé à vif. Alors oui, j’avais cédé à une pulsion stupide. J’avais craqué quand bien même je n’ai jamais eu aucun sentiment pour Kay. J’avais craqué, et voilà où je me trouvais aujourd’hui… Mais comment lui dire tout cela ? Comment parvenir à ne pas passer pour un salopard qui aurait continué à voir des femmes tout en prétendant être malheureux d’amour à en crever ? Le regard des autres ne m’importait pas, mais celui de Gabrielle m’était vital. Lire de la déception ou de la colère dans ses yeux n’aurait eu pour effet que de me tuer un peu plus alors… J’hésitais réellement, avant de murmurer tout bas :

« J’ai fais une connerie… Bien plus grosses que toutes les autres… »

Bien plus grosse que toutes les conneries de ma vie réunies, ce qui n’était pas peu dire. J’ouvris alors de nouveau les yeux, fixant avec obstination le mur en face de moi avant de continuer d’une voix complètement éteinte.

« Et je vais avoir de très sérieux problèmes… Ma vie est finie… »

C’est alors que je sentis les mains de Gabrielle se frayer un passage jusqu’à mon torse puis me repousser doucement, lisant dans son regard une appréhension que je ne lui connaissais pas. Qu’imaginait-elle ? A ses yeux qu’aurais-je pu faire de plus grave qu’avoir une liaison avec elle ? Ca. Seulement ce « ça », je ne me sentais toujours pas près à l’affronter sous son regard, aussi finis-je par baisser les yeux vers le sol et froncer doucement les sourcils.

« Sauf que… Si je t’en parle, j’ai peur de te décevoir. J’ai peur que l’image que tu as de moi change et que tout à coup tout soit remit en question… Que tu m’abandonnes… Que tu me méprises… C’est juste que, j’allais tellement mal… »

Je soupirai avant de me reculer et finalement lever les yeux au plafond, espérant parvenir à puiser suffisamment de courage en moi pour réussir à tout lui avouer. Au bout de quelques secondes de silence je pris mon visage entre mes mains et le frottai, tâchant de me remettre les idées en place. Si j’étais venu ici, c’était parce que j’avais besoin de soutien, or pour ce faire il fallait absolument que ma langue se délie en dépit de ma peur. Ca promettait donc d’être compliqué. Avec un soupir je finis par m’avancer vers un canapé et m’assis à même le sol, glissant mon menton sur les genoux de Gabrielle qui m’avait imité alors que je m’asseyais. Si quelqu’un nous surprenait nous étions dans de sales draps, mais pour le moment mon esprit était bien éloigné de cette idée.

« Quand je suis rentré à la communauté après notre séparation j’allais tellement mal que j’en devenais complètement dingue, j’entendais des voix, entrais dans des colères noires pour rien…Tu en as fait les frais aussi, d’ailleurs. »

En effet, le jour où elle était venue me voir dans ma chambre je m’étais montré particulièrement agressif à son égard.

« Mais tu n’es pas la seule, non… Kay aussi a subit ce sort… Sans doute bien plus violemment encore, sauf qu’elle a réussi à me ramener sur le chemin de la raison et… et… Enfin… »

Crache le ce putain de morceau Aristide Tetropoulos !

« … Nous avons couché ensemble. Une fois, parce que je ne savais vraiment plus où j’en étais, uniquement pour cela. Je ne l’aime pas. Et elle n’a aucune place si ce n’est celle d’amie dans mon cœur, sauf que… Parfois… Parfois les choses ne se déroulent pas comme prévu. »

Cette fois ci je retirai mon menton des genoux de Gabrielle tout en évitant soigneusement de la regarder dans les yeux de peur d’y lire de la déception, et poursuivis tout en joignant mes bras autour de mes propres genoux. Ma voix sembla descendre de quelques décibels.

« Dans quatre mois je vais être père. Dans quatre moi je vais devoir assumer la plus grosse connerie de toute ma vie et… J’en veux pas de ce gosse ! J’en veux pas de Kay ! Je veux pas de cette vie là… »

Je fondis soudainement en sanglots, portant mes mains à mon visage afin d’en cacher la honte. Mauvais amant, mauvais ami, mauvais père. A croire que j’étais profondément mauvais, quoi que je fasse, quoi que je tente. Il est des personnes qui, comme moi, sont décidemment vouées à une vie pleine de malheurs, qu’importe ce qu’elles tentent pour y échapper. Le Destin ne se laisse pas manipuler.
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Gabrielle McCord
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MessageSujet: Re: Never thought that I would get here [PV Aristide]   Never thought that I would get here [PV Aristide] Icon_minitimeVen 16 Sep - 20:40

Son silence me faisait horriblement peur. Il avait véritablement dû se passer quelque chose de terrible pour qu'il soit dans un tel état. Un accident était-il arrivé à la bibliothèque ? Samuel ou Kay étaient peut-être blessés... Ou Adonis ? Peut-être était-il arrivé quelque chose à sa sœur ? Parce que je ne voyais pas ce qui aurait pu se passer d'autre pour qu'il soit autant désespéré car oui, il avait l'air anéanti, au fond du gouffre. Je n'insistai cependant pas et ne reposai pas ma question. J'avais eu beau parler à voix basse, je savais qu'il m'avait entendu. Je devais donc attendre, avec patience, qu'il trouve enfin la force de me répondre, de m'expliquer. Une force qu'il mit encore longtemps à trouver au fond de lui. Et puis, finalement, au bout d'un temps qui me parut horriblement, il murmura quelques mots tout bas. Il m'avoua avoir faire une connerie, pire que toutes celles qu'il avait pu faire jusqu'alors. Mais quelles conneries avait-il fait ? Je n'en voyais pas... Moi, j'en avais fait de belles oui... Moi, je l'avais atiré dans mes filets et je lui avais fait beaucoup de mal mais lui... Lui, il était tombé amoureux et il avait souffert, il n'avait pas été responsable de rien. Bon, je ne pouvais cependant pas forcément me sentir visée dans ces « conneries » dont il parlait. Je n'avais jamais pensé qu'il avait été une erreur et j'osais croire, je voulais croire qu'il pensait la même chose. En tout cas, apparemment, il avait fait quelque chose de terrible ce qui, je dois bien l'avouer, me paraissait tout simplement impossible. Pas lui... Lui n'aurait pas pu faire quelque chose de mal... Lui qui était si tendre, si doux, si généreux... Et ce, même si ces derniers mois il avait changé et encore une fois, à qui la faute ? A moi, et à moi seule. Je pensais que puisqu'il avait commencé à s'expliquer il allait me lâcher mais son étreinte se resserra et finalement, il continua, doucement, et finit par m'avouer qu'il allait avoir des très sérieux problèmes et que sa vie était finie. J'eus l'impression de sentir mon cœur s'arrêter. Sa vie à lui ? Terminée ? Pour qu'il en vienne à penser cela, ce qu'il s'était passé était donc très grave, comme j'avais cru le comprendre. Sans qu'en cet instant, je n'imaginais pas à quel point ce qui avait terminé sa vie allait achever la mienne.

Doucement, mes mains quittèrent sa nuque et je les glissai avec précaution sur son torse pour le repousser doucement. Ce bref contact fit cependant remonter tout un tas de souvenirs auxquels je ne devais surtout pas penser. Aussi, je fis en sorte de les laisser de côté. De toute façon, mon inquiétude était trop grande pour que les bons souvenirs prennent le dessus sur cette dernière. J'avais eu peur quand je l'avais vu à la porte, j'avais eu peur quand il s'était jeté dans mes bras, j'avais eu peur quand il m'avait avoué avoir fait une connerie mais à présent, j'avais plus peur que jamais parce que pour qu'il en vienne à penser que sa vie était terminée... J'avais pensé à un accident, à Samuel, Kay ou Adonis mais il m'avait finalement avoué que c'était lui qui avait fait quelque chose de mal. Alors... De quoi voulait-il parler ? Qu'avait-il pu bien faire pour penser que sa vie était finie ? Subitement, je le vis détourner le regard et le poser avec obstination au sol, refusant d'affronter mon propre regard. Il avait horriblement honte... Ce qu'il avait fait lui pesait réellement et puisqu'il en venait à me fuir, enfin d'une certaine façon en tout cas, c'était qu'il avait peur de ma réaction. Mais pourquoi aurait-il eu peur de ma réaction ? Toutes ces questions se choquaient dans ma tête à tel point que j'en avais presque des vertiges. C'est alors que sa voix s'éleva à nouveau et je pus y entendre son appréhension, sa tension. Ainsi, il avait peur de me décevoir, peur de briser l'image que j'avais de lui, que je... L'abandonne ? Le méprise ? Comment aurais-je pu en arriver là moi qui l'aimais tellement ? Comment ? Jamais je n'aurais pu le mépriser ou l'abandonner, jamais. Enfin... En réalité, je l'avais déjà fait mais pas à cause de lui, à cause de moi, à cause d'Alexander, lui n'avait rien fait pour mériter que je le quitte et même si nous n'étions plus ensemble, bien qu'à présent cette idée était peut-être finalement réalisable un jour, je l'aimais toujours et je ne me voyais pas le mépriser ou l'abandonner, peu importe ce qu'il avait pu faire. L'amour n'était-il pas inconditionnel ? En tout cas, le notre l'était et nous nous en étions rendu compte à plusieurs reprises...

Il finit par soupirer et se reculer en levant les yeux au plafond. Moi, j'étais toujours silencieuse, attendant la suite. Que pouvais-je faire d'autre ? Je savais que sa confession avait à peine commencé. Il m'avait juste dit ce qu'il avait fait quelque chose de mal qui avait ruiné sa vie mais il ne m'avait pas encore avoué ce que ce quelque chose était et au fond de moi, petit à petit, face à son comportement, une autre peur s'insinua doucement en moi. Et s'il avait raison ? Et s'il avait fait une chose si abominable que tout allait changer pour moi, pour nous, pour toujours ? Il était de plus en plus nerveux et prit son visage entre ses mains avant de le frotter. J'eus un geste pour le toucher mais renonçai au dernier moment. J'ignorais pourquoi, mais j'étais persuadée qu'en cet instant précis, je ne devais surtout pas le toucher, je devais le laisser trouver la force de me parler tout seul. Je devais laisser remettre ses idées en place afin qu'il puisse enfin m'avouer ce qu'il avait bien pu faire. Honnêtement, je n'en pouvais plus d'attendre mais je ne pouvais pas le forcer. Ma peur grandissait au fur et à mesure que les secondes passaient et il est vrai que son comportement ne m'aidait pas à me rassurer... Au bout de quelques instants, il finit par lâcher son visage et par se diriger vers le canapé. Je n'hésitai pas un seul instant et le suivis avant de m'y asseoir sauf que lui, il prit place au sol avant de poser son menton contre mes genoux. Le réconfort... Voilà ce qu'il recherchait... Le soutien... Et tant qu'amie, même si j'avais les boyaux qui se tordaient par la peur, je me devais d'être là pour lui. Alors, je restai assise, silencieuse, attendant avec patience que sa langue finisse par se délier et ce fut le cas. Doucement, il commença à me parler de son retour à la communauté, ce qu'il avait vécu, les horreurs qu'il avait pu traverser... J'eus des frissons lorsqu'il m'avoua avoir entendu des voix. Je ne le savais pas. Je ne l'avais jamais su... Et oui, je me souvenais de notre entrevue, de notre dispute, de sa violence qui m'avait parue si disproportionnée quand il avait su que je fumais... S'il avait été comme ça, c'était parce qu'à ce moment là, il était au plus mal et je le savais mais de là à ce qu'il sombre presque dans la folie...

Dire que j'avais détruit sa vie était vraiment peu dire...

Il m'avoua alors que je n'avais pas été la seule à subir ses colères et que Kay aussi avait dû subir ses « attaques » mais qu'au moins, elle, elle avait réussi à le ramener à la raison. Tant mieux. Ca, c'était une excellente chose. Elle avait réussi là où j'avais échoué sans aucun doute car leurs liens étaient très différents des nôtres, que leur passé était différent du notre. C'est à ce moment-là que la révélation tomba. Alors que je venais tout juste de me réjouir de savoir que Kay avait réussi à lui venir en aide, il m'avoue qu'ils avait couché ensemble. A ce moment-là... A cet instant précis, je compris ce qu'Alex avait pu ressentir lorsqu'il avait appris ma liaison avec Aristide. C'était différent puisqu'Aristide n'a m'avait pas trahie car je l'avais quitté et que nous n'avions échangé aucun serment, mais la douleur... La douleur de savoir l'être aimé dans les bras de quelqu'un d'autre. Cette douleur là fut bien réelle dans mon cœur. Trop réelle même... Mais contrairement à ce qu'il avait pu croire, je ne lui en voulais pas, ou ne le méprisais pas : Je lui avais moi-même demandé de refaire sa vie car je n'avais pas voulu qu'il la gâche à m'attendre. Mais à l'entendre, il n'avait pas envisager Kay comme une femme avec laquelle il aurait pu refaire sa vie puisqu'elle n'était qu'une amie. Il avait été mal, il avait cherché du réconfort dans ses bras et l'avait trouvé alors... Non, je ne lui en voulais pas mais oui, j'avais mal, même si je n'avais pas le droit d'avoir mal. Aussi, malgré la douleur, je ne fus pas inquiète pour la suite. Si c'était ça l'horrible chose dont il se sentait coupable ce n'était, à mon sens, pas si grave. Je n'avais rien à lui pardonner et cela ne remettait pas en question mes sentiments pour lui, ni, je l'espérais, ses sentiments pour moi. A ce moment-là, j'espérais encore qu'un jour, nous allions pouvoir nous retrouver. Il me suffirait de lui dire au moment venu que j'étais prête et que plus jamais je n'allais le quitter. Oui, il me suffirait d'attendre le bon moment pour le lui dire même si ma séparation avec Alexander, j'avais l'intention de lui en parler bien avant de revenir vers lui. Bref, je ne voyais pas pourquoi il prenait ce moment qu'il avait vécu aussi mal. Je n'allais cependant pas tarder à découvrir pourquoi il le prenait si mal.

Pour mon plus grand malheur, j'allais le découvrir...

Il retira son menton de mes genoux mais continua d'éviter mon regard ce qui, une fois de plus, me noua les entrailles. Ce n'était pas terminé... Sa confession ne s'arrêtait pas là... La fameuse connerie n'était, en réalité, pas simplement le fait d'avoir couché avec Kay. Il noua avec fermeté ses bras autour de ses genoux et mon cœur s'emballa : S'il avait brisé le lien, c'était mauvais. Pour lui. Pour moi. Pour nous. Lorsque sa voix s'éleva, elle était encore plus basse que tout à l'heure mais je fus cependant bien capable d'entendre la révélation finale, la révélation qui allait tout changer, la révélation qui allait tout terminer : « Dans quatre mois je vais être père. » Quelques mots qui terminèrent de briser mon cœur déjà bien amoché en ce jour. Cet horrible jour où je perdais tout, absolument tout. Cet horrible jour où la vie se vengeait de moi et de ce que j'avais pu faire subir à ces deux hommes merveilleux. Qu'Aristide ne veuille pas de cet enfant ou de cette vie là n'avait pas d'importance car il n'y échapperait pas et au fond, il le savait très bien. Non, il n'allait pas pouvoir se défiler, pas de quelque chose d'aussi important. J'avais aimé ces deux hommes de tout mon cœur et j'en avais quitté un pour essayer de rendre l'autre heureux et en une journée, j'avais perdu les deux. C'était le retour... Le choc en retour de ce que j'avais fait et ce que, au fond, je méritais, car je ne méritais ni Alexander, ni Aristide. Je ne les méritais pas. Cependant, j'avais beau le savoir, en être parfaitement consciente, je n'en avais pas moins mal... Parce que ce petit espoir qui avait prit place au creux de mon espoir venait de disparaître pour toujours. Jamais nous ne pourrions nous retrouver. Jamais nous ne pourrions avoir cette vie qu'il avait tant espéré et que j'avais tant renié pour sauver mon mariage...

Jamais.

J'avais été perdue dans mes pensées pendant quelques secondes et me rendis soudainement compte qu'Aristide était en larmes, ses mains plaquées contre son visage pour cacher ses pleurs, et sans doute sa honte... Je le vis cependant de manière floue et ce fut à ce moment-là que je compris que je pleurais moi aussi. En silence, mais les larmes coulaient bel et bien sur mon visage et je ne pouvais pas les arrêter. Je n'avais cependant pas le droit de me laisser aller et de l'abandonner comme il avait eu si peur que je le fasse. Je ne lui en voulais pas... Il avait fait ce qu'il avait eu envie et besoin de faire et cela avait tourné d'une manière à laquelle il n'avait absolument pas pensé mais c'était ainsi : La vie était ainsi. Notre vie était ainsi. En cet instant, malgré la tristesse, malgré cette abominable douleur qui me donnait envie de hurler, je devais être son amie. Je devais être cette amie chez laquelle il était venu demander du réconfort, du soutien et de l'aide. Je devais être son amie et non pas cette femme, toujours amoureuse de lui qui venait de le perdre pour toujours. Alors, tandis que ma main gauche serrait avec fermeté le bord du canapé comme pour m'aider à tenir le coup, ma main droite se faufila jusque sa nuque que je me mis à caresser avec délicatesse. J'allais devoir être cette Gabrielle que j'avais tant voulu retrouver. J'allais devoir être cette femme forte que j'avais tant voulu redevenir. Je pris une profonde inspiration et doucement, ma voix s'éleva.

-Chut... Calmes-toi... Ca va bien se passer... Tout va bien se passer...

Il hocha la tête négativement, toujours incapable de retirer ses mains de son visage. Ma voix m'avait parût très calme et j'en fus heureuse : Je ne voulais surtout pas qu'il sente la moindre tristesse dans ma voix. A ses yeux, je ne devais pas être malheureuse. A ses yeux, je devais être son amie, forte et présente pour lui.

-Quand tu as couché avec elle, tu ne pensais pas que les choses se passeraient de cette façon mais tu n'y peux rien... Tu n'y peux absolument rien... C'est comme ça et oui, dans quatre mois, tu deviendras père...

Oh Seigneur... Que c'était difficile de garder une voix douce, calme et neutre en prononçant ces mots. Peut-être que mes larmes silencieuses me permettaient finalement de garder ce calme dont je ne me croyais pas capable.

-C'est un grand changement et c'est normal d'avoir peur mais tu ne dois pas voir cet enfant comme une connerie. Un enfant c'est... Merveilleux... Même si c'est un « accident »... Même si ta relation avec Kay est encore floue... Cet enfant sera un lien entre vous, il sera votre enfant et... Je sais que tu feras un bon père. J'en suis persuadée... Oui, ça, j'en suis sûre et certaine...

Et je parlais du fond de mon cœur. Il allait être un très bon père. Il retira doucement ses mains de son visage sans pour autant relever son regard vers moi, ce dont je fus reconnaissante car je ne voulais surtout pas qu'il me voit pleurer et pour le moment, j'étais incapable de retenir mes larmes. Vraiment incapable...

-Ecoutes... Je sais que ça te paraît impossible pour le moment. Tu viens d'apprendre la nouvelle et tout ton monde vient de changer et il va continuer de changer et c'est... Impressionnant, et effrayant... Je le sais ça. Mais tu ne sera pas seul, jamais. Je serai là, je te le promets. Je te soutiendrai toujours. Toujours...

Malheureusement, ma voix s'éteignit quelque peu sur ce dernier mot et soudain, il releva son regard vers moi et je vis son regard se figer à travers ses larmes : Il venait de voir que je pleurais. Vite... Vite... Vite... Je devais faire quelque chose... Je devais...

-Gabrielle...

-Ce n'est rien ! Ce n'est rien !

Je ramenai vivement mes mains à mon visage et me mis à taper sur mes yeux doucement puis un peu plus rapidement jusqu'à ce que cela se transforme en de bonnes claques. Je voulais que mes yeux arrêtent leur cirque, je voulais que larmes cessent de couler. En me tapant dessus ainsi, j'espérais réussir à les faire s'arrêter ce qui était, il faut quand même bien l'avouer, complètement stupide. Se taper les yeux n'avait jamais empêcher quelqu'un de pleurer, enfin, en tout cas pas à ma connaissance. Seulement voilà, je m'en voulais de pleurer. Je m'en voulais qu'il me voit ainsi alors qu'il aurait dû me voir avec un sourire réconfortant aux lèvres. Oh, je souriais, j'y arrivais, mais ce sourire était en total opposé avec ces maudites larmes, avec ces traîtresses. Je fis cela encore pendant quelques instants jusqu'à ce que je sente ses mains se refermer sur mes poignets et me forcer à baisser les bras pour arrêter de me frapper. Il relâcha mes poignets et dès lors, je détournai le visage, ne voulant pas qu'il me voit ainsi. Il ne méritait pas ça... Il méritait d'avoir son amie auprès de lui et pas la femme brisée. Il méritait mieux... Mais...

-Ce n'est rien... C'est juste que... C'est une journée vraiment particulière pour moi aussi... Une journée où tout change sans que je ne puisse rien y faire et... C'est juste... Une dure journée pour moi aussi... C'est tout... Je suis désolée...

De ma main gauche, je passai ma main sur mon visage pour essayer d'essuyer au maximum mes larmes. Je dus m'y prendre à plusieurs reprises mais bientôt, ces maudites larmes furent moins abondantes. Enfin, un petit peu moins et finalement, je me décidai à reporter mon regard sur lui. Sauf que son regard à lui était fixé sur ma main gauche. Ma main gauche où jusqu'à aujourd'hui avait trôné deux bagues qui à présent n'étaient plus là. Le temps semblait s'être arrêté. Il était figé. J'étais figée. Nous étions figés. Lui, sans doute en train de déduire ce que l'absence soudaine de ces bagues pouvait signifier, moi, incapable de dire à voix haute qu'Alexander m'avait quittée quelques heures auparavant. Quelle ironie, n'est-ce-pas ? Mon mari m'avait quittée, j'avais eu l'espoir de pouvoir retrouver Aristide mais lui, il allait devenir le père d'un enfant qu'il avait fait avec une autre que moi. En fait, c'était pire que de l'ironie... Le sort s'acharnait tout simplement contre nous... Mais le sort s'acharnait pour une seule et unique raison : Parce que j'avais été quelqu'un d'horrible et je ne faisais que récolter ce que j'avais semé alors que lui... Lui, il ne méritait pas tout ces regrets...

Lui...

Que j'avais véritablement perdu à tout jamais.
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Aristide Tetropoulos
Εἶς ἀνὴρ οὐδεὶς ἀνὴρ
Aristide Tetropoulos


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MessageSujet: Re: Never thought that I would get here [PV Aristide]   Never thought that I would get here [PV Aristide] Icon_minitimeDim 25 Sep - 18:48

Non, tout n’allait pas bien se passer, comment pouvait-elle me dire cela ? Comment pouvait-elle m’affirmer que tout irait bien ? Plus rien n’irait jamais bien ! J’allais être père, père ! Il ne s’agissait pas d’acheter une voiture ou manger un muffin, cette nouvelle allait changer ma vie entière alors non, tout n’allait pas bien se passer voire ce serait très bientôt l’horreur. Parce que je ne voulais pas d’un enfant, je ne m’en sentais ni capable, ni heureux. Après tout ce qu’il m’était arrivé je retrouvais enfin le sourire, la joie de vivre, j’aimais de nouveau me lever le matin tout en sachant que quelque part, quelqu’un m’attendait pour continuer une tâche qui comptait beaucoup à mes yeux. Grâce à Sam et Kay, je me sentais de nouveau utile, apprécié, pouvais rire et faire des conneries en toute liberté sans me reprocher quoi que ce soit et d’ailleurs, à qui faisais-je du mal ? Quelle faute de plus avais-je commise pour mériter cela ? Oh, je sais que j’en avais accumulé quelques unes depuis un certain temps mais je ne méritais quand même pas ça, non. Je ne méritais pas qu’on me piétine une nouvelle fois, qu’on me remette la tête sous l’eau aussi brutalement alors que, bordel, je n’avais rien fait à personne ! Si avoir une aventure avec Gabrielle m’avait valu d’être un paria dans la communauté, il me semblait avoir payé ma dette. Les mois passés dans la solitude la plus complète, la souffrance perpétuelle de sa perte, n’était-ce donc pas suffisant ? D’accord, cet amour avait été immoral, mais merde ! Merde ! Nous vivions au XXIe siècle, on ne flagellait plus les femmes adultères et les amants sur la place publique, si ? Et ce gamin… Ce gamin, non je n’en voulais pas. Gabrielle avait cependant raison : Je n’avais pas pu prévoir. Lorsque Kay et moi avions couché ensemble, je n’avais pas pensé une seconde à une possible grossesse car justement, je me pensais très sincèrement stérile, sinon comment expliquer que je n’ai jamais eu ce genre de problèmes tout en me protégeant très peu ? Vie de merde. Vraiment. Je n’en pouvais plus, et plus les secondes passaient, plus je pleurais contre les jambes de Gabrielle, plus je me disais que j’étais réellement maudit. Il n’y avait pas d’autre explication possible, j’étais maudit. Seule une malédiction pouvait justifier cet enchaînement de malheurs qui me tombaient dessus les uns à la suite des autres. Sa voix avait beau être calme, douce, cela ne m’apaisait en rien car je venais de comprendre, d’entrevoir à quel point le reste de mon existence serait minable et insensé. On ne devrait pas imposer aux gens des choses qu’ils ne souhaitent pas, la nature elle-même n’en était pas en droit. Les dieux non plus. Le sort non plus. Je les emmerdais tous, et jamais, jamais je ne m’occuperais de ce gosse parce qu’on ne m’avait pas demandé mon avis, et que je m’en foutais. Je m’en foutais, point final.

Bien sûr que c’était une connerie ! Peut-être que pour elle la naissance d’Emma avait été une bénédiction mais pour moi les choses étaient bien différentes, non ? Tout d’abord je n’aimais pas le moins du monde Kay, alors que elle avait déjà été mariée à Alexander. Emma était née dans le cadre d’un couple que j’imaginais alors soudé, uni, aimant, et ne découlait non pas d’une stupide erreur, d’un manque tragique de contraception. Il n’y aurait jamais de lien entre Kay et moi autre que l’amitié, même proche, même très importante, il ne s’agissait tout de même que d’amitié. Je la connaissais depuis longtemps maintenant, n’en serais-je pas tombé amoureux plus tôt si telle avait été la suite logique des choses ? Je ne pensais pas l’amour comme un être apprivoisable et domptable, ma seule histoire ayant découlé d’un coup de foudre. Voilà ce qu’était pour moi l’amour : Gabrielle. Il n’y avait de place pour nulle autre dans mon cœur et je ne comptais absolument pas y faire le ménage pour héberger qui que ce soit d’autre. Je ne voulais pas de lien avec Kay, mais seulement qu’elle se débarasse de cette chose… Mais comment ? Aucune échappatoire ne s’offrait à moi, et jamais je ne ferais un bon père, c’était impossible. Pas pour lui, pas pour ce gamin là. Pourtant j’adorais les enfants, et je savais comment bien m’en occuper, mais lui pourrait bien crever la bouche ouverte sans que je ne bouge une patte ou une oreille. Je ne l’aimais pas, c’est tout. Je ne l’aimerais d’ailleurs jamais, je voulais juste… qu’il disparaisse de ma vie avant même d’y être entré, sauf que je n’avais absolument pas le choix. Maintenant qu’il était là, il allait grandir, se développer, puis naître et alors il me serait impossible que de faire marche arrière. Remarquez, c’était déjà impossible. Sauf que lorsqu’il serait vraiment là, je veux dire lorsque je le verrais, le toucherais, eh bien tout me paraîtrait encore plus compliqué et horrible. Toute ma vie me paraîtrait compliquée et horrible.

Je finis par retirer les mains de mon visage, essuyant au passage mes dernières larmes. Non, je ne pleurais plus mais cela ne signifiait pas que j’allais mieux. J’étais seulement trop épuisé pour pleurer encore, mes yeux criaient au scandale. Cependant, je ne relevai pas les yeux vers Gabrielle alors qu’elle reprenait en m’assurant que la peur que je ressentais était normale, que ma vie changeait et allait continuer à le faire mais que tout se passerait bien. Qu’elle serait là. Un sourire triste étira mes lèvres car, sans doute serait-elle présente en tant qu’amie et jouerait le rôle qu’une amie doit jouer dans ce genre de situation mais nous savions très bien que ce n’était pas ce que je désirais. Pour mon premier enfant, j’aurais voulu qu’elle soit la mère, et non pas l’amie réconfortante qui vous tapote l’épaule en vous assurant que tout va bien se passer. J’aurais voulu bâtir une famille à ses côtés, offrir des petits frères et des petites sœurs à Emma mais ce ne serait jamais possible, jamais. Elle avait été très claire et quelque part, j’avais fini par l’accepter mais cela ne m’empêchait pas d’en souffrir, quand bien même cette souffrance s’apaise peu à peu, jour après jour. Disons qu’elle devenait quotidienne et habituelle, que j’y prêtais forcément moins d’attention sans qu’elle ne disparaisse pour autant. Elle me soutiendrait peut-être mais cela ne me suffisait pas, cela ne me soulageait pas… C’aurait dut pourtant, mais non. Je ne parvenais pas à me sentir complètement son ami et non plus son amant, comme autrefois. Sans doute ceci ne changerait d’ailleurs jamais, comment être réellement amis après tout ce que nous avions vécu ? Notre relation ne serait jamais semblable à une autre relation amicale, c’était clair. Néanmoins, je fus éloigné de ces pensées lorsque j’entendis la voix de Gabrielle légèrement dérailler sur la fin de sa phrase. Avait-elle senti à quel point je n’y croyais pas ou… ? Ou. Je relevai les yeux vers elle et découvrit, sans réellement le comprendre, qu’elle était en larmes. Mais pourquoi pleurait-elle ? Avait-elle pensé à la même chose que moi, à savoir que nous ne serions jamais réellement amis ou était-ce autre chose, une chose que je ne voyais pour le moment pas ? Je n’en savais rien. Toujours est-il que la voir pleurer, comme toujours, me serra le cœur. Je détestais ça au plus haut point, sauf que je ne savais pas quoi faire pour apaiser ses pleurs, n’en connaissant pas la cause exacte.

Je murmurais son prénom, la questionnant ainsi sans paraître je l’espérais trop brutal mais sa réaction, au contraire, fut beaucoup trop vive pour être normale. Elle me répéta plusieurs fois que ce n’était rien avant de se tapoter sur les yeux d’une manière particulièrement étrange sous mon regard médusé. Je fronçai les sourcils, l’observant en silence se frapper de plus en plus sur les yeux, sans doute dans le but de faire tarir ses larmes mais cela ne semblait pas très efficace. Et puis… Elle allait finir par se faire mal à ce rythme là. Le pire, c’est qu’elle souriait tout en pleurant et se tapant sur les yeux, ce qui me perturbait de plus en plus. J’avais l’impression d’assister à la scène sans réellement pouvoir y prendre part, figé, stupéfait. Puis, décidant de réagir avant qu’elle ne se blesse réellement, je posai mes mains sur ses poignets et la forçai à reculer ses mains, puis la relâchai. Là… C’était mieux. Elle pleurait toujours et cela me faisait toujours autant de mal mais, au-delà de la douleur de la voir si mal en point, je ressentais également une grande part d’incompréhension. Petit à petit le lien avec cet enfant à naître se fit mais, très sincèrement, je ne pensais pas que ce soit là la cause de son mal être. Peut-être avait-elle encore des sentiments pour moi mais ceux qu’elle vouait à Alexander étaient plus forts, je le savais, et ainsi elle ne devrait pas souffrir de me voir « fonder une famille » sans elle. Au contraire, son choix signifiait qu’elle s’en moquait et préférait se concentrer sur son mariage alors, finalement non, je ne comprenais pas. Je n’y comprenais rien et ses explications ne m’aidèrent pas davantage. Elle disait avoir vécu une dure journée elle aussi, une journée où tout avait changé mais je n’y comprenais toujours rien. Stupidement, je jetai un regard plus que rapide autour de moi et ne trouvai absolument rien de différent à sa maison, son intérieur. Cependant, entendre cette fatigue dans sa voix me serra un peu plus le cœur et j’eus l’envie presque incontrôlable de la prendre dans mes bras, de la serrer contre moi. Je ne le pouvais pas, ceci dit. Je ne le pouvais pas parce qu’Alexander habitait ici et que s’il débarquait sans prévenir, nous trouvant l’un dans les bras de l’autre, j’allais tout simplement mourir. Or, dans le cas présent, récolter une pêche de plus était bien l’une des dernières choses que je souhaitais.

Mon regard revint à Gabrielle qui s’essuyait les yeux avec plus de douceur à présent. Mon cœur loupa cependant un battement, alors que je l’observais s’essuyer les yeux, se calmer. Oui, mon cœur loupa un battement et aussitôt, je crus que je rêvais. Oui, voilà, je devais être dans un terrible cauchemar qui avait commencé par l’annonce d’une grossesse pour finalement terminer merveilleusement car en cet instant, Gabrielle ne portait plus aucune bague. Aucune. Ni celle de ses fiançailles, ni son alliance. Ce ne pouvait être qu’un rêve, n’est ce pas ? Pourtant, la douleur cuisante de mes yeux, de ma poitrine ne laissait pas envisager un quelconque songe, mais m’encrait avec force dans la réalité. Mais alors… Etait-ce possible ? Etait-il possible que Gabrielle ai quitté Alexander ? Le contraire ne m’apparaissait de toute manière même pas envisageable. Personne ne pouvait laisser une femme aussi merveilleuse que Gabrielle, Alexander n’aurait donc jamais pu la quitter. Puis, après tout le cirque qu’il avait fait pour la récupérer, y compris m’en coller une, je n’imaginais pas qu’il abandonne de cette manière. Par contre, peut-être avait-il fait quelque chose qui avait fortement déplu à Gabrielle ? Une dispute quelconque menant à la réalisation de mes souhaits les plus chers depuis plus d’un an à présent ? Je n’osais y croire. Je n’osais croire qu’ils se soient enfin séparés alors que j’attendais cela depuis le début, depuis des mois, que j’avais même prié pour que Gabrielle me revienne toute entière. Mes yeux ne pouvaient se détourner de son annulaire enfin libéré de ces bagues que j’avais très sincèrement haïes durant de longs mois. Je les avais détesté du plus profond de mon être et enfin, elles n’étaient plus là. Elles avaient disparu. Enfin ! Tout doucement, mon regard se détacha enfin de son doigt puis remonta vers son regard à elle, y lisant une douleur que je ne comprenais pas. Par contre, elle avait vu que j’avais vu, c’était certain. Je déglutis lentement, avant de demander d’une voix blanche :

« Depuis quand ? »

C’était ce qui m’importait le plus, en réalité. Qu’elle l’ai quitté ou le contraire ne signifiait rien, le résultait demeurait le même. Cependant, si cela datait de longtemps et qu’elle ne m’avait toujours pas mis au courant… Eh bien, c’était sans doute qu’elle ne comptait jamais le faire, ou qu’elle avait préféré ne pas le faire pour éviter que je ne reprenne espoir ou la harcèle pour qu’elle me revienne. Sauf que je ne comptais absolument pas la forcer à quoi que ce soit et après tout, l’avais-je déjà fait ? Non. Mais j’avais besoin de savoir depuis quand tout était fini parce que cela représentait énormément pour moi. C’était le but capital de ma vie depuis plus d’un an déjà.

« Tu ne m’en as pas parlé, tu ne m’as rien dit… Pourquoi tu te tais ? Pourquoi tu ne réponds rien, Gabrielle ? »

Ma voix n’exprimait rien de particulier. Je ne pleurais plus, ne pensais plus à ce foutu gamin à naître. Je m’en contre foutais, mais que Gabrielle soit enfin seule… Qu’elle soit enfin libre… Mon cœur battait plus fort qu’il ne l’avait jamais fait depuis notre séparation. L’espoir, je l’avoue, faisait de nouveau partie de moi. L’espoir de la retrouver, de vivre à ses côtés et pouvoir l’aimer librement, sans menace aucune, sans danger. Je me redressai finalement, puis pris ses mains entre les miennes et les serrai, peut-être un peu trop fort. Mon pouce glissa sur cet annulaire libre et ce fut plus fort que moi : Je souris. D’un sourire doux, aimant, plein d’espérance quant à l’avenir. D’un sourire que mes lèvres n’avaient plus mimer depuis longtemps. Sans que je ne cesse de caresser son doigt, je relevai les yeux vers elle, hésitant une seconde. Devais-je me montrer franc ? Devais-je me montrer direct ? Le mensonge ne servait de toute manière à rien, autant jouer carte sur table, quitte à y laisser quelques plumes de plus.

« J’attendais ça depuis des mois, c’est comme un rêve qui se réalise. Tu m’entends ? J’ai juré de t’attendre et… Je t’ai attendu. Je t’attends toujours. A présent plus rien ne nous empêche de… Si tu le veux… Je suis là. Je suis à toi. »

Mon visage se referma cependant quelques peu sur les derniers mots.

« Mais je suppose que si tu ne me l’as pas annoncé plus tôt… Si tu ne m’en as pas parlé… Peut-être que de ton côté il n’y a plus rien… Il n’y a plus rien ? Réponds moi Gabrielle. Depuis quand ? »

J’avais besoin de savoir. Maintenant. Tout de suite. Il fallait que je sache.
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Gabrielle McCord
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MessageSujet: Re: Never thought that I would get here [PV Aristide]   Never thought that I would get here [PV Aristide] Icon_minitimeJeu 29 Sep - 18:36

« Depuis quand ? »

Je fermai les yeux, de nouvelles larmes coulant sur mes joues. Depuis quand ? Depuis si peu et depuis si longtemps en même temps... Depuis peu car Alexander m'avait quittée le matin même, et depuis longtemps car je l'avais de toute façon perdu le jour où j'avais embrassé pour la première fois Aristide alors... Depuis quand ? Et puis, quelle importance ? Le résultat était le même de toute façon, non ? Mais quand je l'entendis me dire que je ne lui en avais pas parlé, je compris pourquoi il m'avait posé cette question et mes lèvres restèrent encore plus scellées malgré ses demandes, malgré ses questions, malgré sa supplique pour que je lui réponde. Il croyait que ma relation avec Alexander était terminée depuis un moment et que je ne lui avais pas dit alors que lui m'avait dit et juré qu'il allait m'attendre. Si souvent, je m'étais demandé ce qui avait pu se passer dans sa tête, en cet instant, je savais à quoi il pensait. Il pensait probablement que je ne l'aimais plus et que c'était pour ça que j'avais préféré ne rien lui dire. Il pensait que nous étions séparés depuis un moment mais je n'avais pas été vers lui parce que mes sentiments pour lui étaient morts. Comme ça aurait été plus simple s'ils avaient été morts. Oh, comme ça aurait été plus facile. Mais non, mes sentiments pour lui n'étaient pas morts, je l'aimais... Je l'aimais toujours à en mourir et c'était dur... C'était dur parce que j'étais célibataire depuis quelques heures seulement et je ne savais vraiment pas quoi lui répondre. Je n'avais pas prévu de lui en parler tout de suite parce que j'avais justement espéré qu'il m'avait attendu et je n'avais pas voulu qu'il puisse penser que je m'étais tourné vers lui par défaut. Alors non, je ne savais pas quoi lui répondre. Pas sur le moment en tout cas... Je finis cependant par rouvrir les yeux et baisser mon regard brouillé de larmes vers lui quand je sentis son doigt glisser sur cet annulaire à présent vide de toute preuve de l'amour qui avait existe entre Alexander et moi et mon cœur se serra lorsque je le vis sourire. Ce sourire qui m'avait tant fait chavirer... Ce sourire véritable, sincère et heureux.

Il était heureux. Heureux de ma séparation et je ne pouvais pas lui en vouloir.

Je ne pouvais pas lui en vouloir car, comme il me le dit doucement, il attendait cela depuis des mois. Il attendait cette chance de pouvoir être avec moi sans être mon amant mais en étant l'unique homme dans ma vie. Oui, il avait juré qu'il allait m'attendre et il m'avait attendu et à présent plus rien ne nous empêchait... Mais si... Si, quelque chose nous empêchait d'être ensemble et ce n'était pas rien. Bon sang, mais où avait-il la tête ? Comment avait-il pu oublier la raison de sa venue chez moi ? Une boule se forma dans mes entrailles en y repensant : Il allait être père, il allait fonder une famille. Si ça, ce n'était pas un obstacle à nos retrouvailles, qu'est-ce que c'était alors ? Et cette pensée lui traversa sans doute de nouveau l'esprit puisque je vis son visage se refermer. Sauf que lorsque sa bouche s'ouvrit pour laisser échapper de nouvelles paroles, il ne parla ni de Kay, ni de son enfant à venir. Non, il parla du fait que si je ne lui en avais pas parlé plus tôt c'était que peut-être, mes sentiments pour lui n'existaient plus. J'avais donc bien vu juste : Il croyait que nous étions séparés depuis un moment et que, parce que je ne l'aimais plus, je ne lui avais rien dit. Et alors, la question revint, encore une fois : Depuis quand ? Je fermai les yeux un instant et pris une profonde inspiration avant d'expirer tout l'air qui se pouvait se trouver dans mes poumons. Une fois... Deux fois... Trois fois... J'avais besoin de me calmer. Je savais que cette attente était une véritable torture pour lui mais j'avais besoin de me calmer un peu si je voulais être capable d'aligner plusieurs mots à la suite. Quand je sentis mon cœur battre à un rythme un peu plus régulier, j'essuyai mes larmes de ma main droite, laissant consciemment ma main gauche dans celle d'Aristide. Puis, je rouvris les yeux sur une dernière expiration et plantai mon regard dans le sien et je n'y vis qu'appréhension et peur. Il avait peur de ma réponse. Mais moi, je savais ma réponse allait l'apaiser. Elle ne pouvait que l'apaiser puisque...

-Ce matin.

Ses yeux s'agrandirent de surprise et je vis sa bouche s'entrouvrir mais je hochai doucement négativement la tête pour l'inciter à se taire. Maintenant que j'avais commencé, je devais poursuivre mon explication. Il devait savoir. Il avait le droit de savoir.

-Il a attendu qu'Emma soit avec les autres enfants et, alors que j'étais encore à table, il s'est assis en face de moi et... Il a dit...

Les images me revenaient. C'était comme si je revivais la scène. Je n'étais pas assez forte pour me retenir de pleurer et je sentis de nouvelles larmes ruisseler sur mes joues.

-Il a juste dit qu'il n'arrivait pas à me pardonner ce qu'il s'était passé entre toi et moi. Qu'il avait essayé mais qu'il n'y arrivait pas et que j'avais trop changé, que je n'étais plus la femme qu'il avait épousée, la femme qu'il avait tant aimée. Et surtout...

Ma main se resserra sur celle d'Aristide.

-Qu'il n'arrivait pas à me pardonner mon amour pour toi. Il n'arrivait plus à vivre avec moi en sachant que j'en aimais un autre même si lui, je l'aimais aussi... Alors...

Mon regard quitta celui d'Aristide et se posa sur ma main, sur cet annulaire que je ne distinguais plus puisqu'il était caché par les doigts d'Aristide mais je savais vierge de ces anneaux qui avaient été le symbole d'années de mariage et d'amour.

-Je les ai retirées tout de suite... Je ne pouvais pas les garder puisqu'elle ne représentent plus rien, ou... Si : Des souvenirs, rien de plus maintenant. Ce sont des souvenirs.

Je soupirai avant de reporter mon regard dans celui d'Aristide.

-Et donc... Si je ne te l'ai pas dit, c'est parce que je n'ai pas eu le temps de le faire... J'avais l'intention de t'en parler quand... Quand j'aurais été prête parce que...

A travers mes larmes, un sourire triste étira mes lèvres et je glissa ma main libre sur la joue d'Aristide.

-Je t'aime toujours, mais je ne voulais pas que tu penses que j'avais décidé de revenir vers toi juste parce que j'étais seule. Je voulais que tu saches que je revenais vers toi parce que je t'aimais...

Et l'horreur de la situation me frappa de nouveau de plein fouet et je fus incapable de soutenir son regard plus longtemps. Alors, je relevai les yeux vers le plafond, sentant mon cœur s'emballer à nouveau parce que je pensais à ce qui nous séparait lui et moi, parce que j'avais mal. Aujourd'hui, j'avais doublement mal. Je l'avais bien cherché, certes, mais j'avais horriblement et terriblement mal. Parce qu'il avait tort... Il avait tort quand il disait que plus rien ne pourrait nous empêcher d'être ensemble et mes larmes n'avaient rien de larmes de joies, je savais qu'il pouvait le voir, le sentir : Il me connaissait trop. Sa main libre glissa doucement sur ma joue pour essuyer mes larmes qui ne cessaient de couler et je sentis ses doigts se faufiler jusqu'à mon menton pour me forcer à rabaisser mon visage et donc le regarder à nouveau. Incapable de résister, je le laissai faire et glissai une nouvelle fois mon regard dans le sien et à ce moment-là, je vis et compris qu'il n'arrivait pas à saisir mon comportement, qu'il n'arrivait à comprendre pourquoi j'étais dans un tel état alors qu'il m'aimait, et que je l'aimais. Il avait donc bel et bien mis de côté ce qui l'attendait au dehors de cette maison. Tout doucement, il me murmura de me calmer, que tout allait bien se passer et je secouai doucement la tête. Non... Non... Non... Tout n'allait pas bien se passer. Rien n'allait bien se passer. Il avait libre, et je ne l'avais été. J'étais libre mais il ne l'était plus. Comment tout pouvait bien se passer en songeant à cela ? Je devais le lui dire. Je devais le lui rappeler. Je devais, encore une fois, être la briseuse de rêves.

-Non... Ça ne va pas bien se passer...

Une ombre passa dans son regard mais je savais qu'il ne comprenait toujours pas ma réaction, ni de quoi je parlais.

-Aristide...

Mon regard en disait long, j'essayais de lui faire comprendre mais au fond, je crois qu'il ne voulait pas comprendre. Il avait laissé ces informations cruciales dans un coin de son esprit pour éviter d'y penser, pour rester dans son rêve. J'aurais pourtant voulu qu'il comprenne afin qu'il m'évite de prononcer les mots qui suivirent.

-Tu vas être père... Et je ne suis pas la mère de cet enfant...

Nouveau coup en plein cœur. Le dire, ainsi, le lui dire, à lui... Je vis ses épaules s’affaisser et son regard perdit toute trace d'incompréhension pour laisser la place à la détresse : La même que la mienne.

-Tu as dit que rien ne nous empêchait d'être ensemble mais, tu avais tort. On ne peut pas être ensemble... On ne...

Et le ridicule de la situation m'apparût soudain et un rire sombre à la limite de l'hystérie s'échappa de mes lèvres. Lui restait toujours muet et de la stupéfaction s'ajouta aux sentiments que j'entrevoyais dans son regard. En même temps, il y avait de quoi être surpris. Je devais vraiment avoir l'air d'une hystérique.

-J'ai choisi Alexander parce que je voulais essayer de sauver mon mariage, parce que je l'aimais toujours malgré l'amour que j'éprouvais pour toi et tu m'as dit que tu allais m'attendre. Et maintenant... Maintenant, Alexander m'a quittée et toi, tu vas être le père de l'enfant d'une autre que moi. C'est... C'est... Complètement ridicule ! C'est...

Mon rire s'atténua doucement.

-Oh...

Nouvelle révélation.

-C'est ma faute... C'est moi... C'est moi qui a fait irruption dans ta vie, moi qui t'ait quitté, moi qui... Et maintenant...

J'éclatai littéralement en sanglots, ma main quittant celle d'Aristide pour aller se poser sur son autre joue afin d'approcher son visage du mien et de coller mon front contre le sien.

-Pardon... Je te demande pardon... J'aurais tant voulu faire mieux, j'aurais tant voulu...

Oui, en cet instant précis, je l'avoue : Je regrettais mon choix. Je regrettais d'avoir voulu sauver mon mariage parce que cela avait fini par tout gâcher. Parce que finalement, mon mariage n'avait pas été sauvé et qu'à présent, j'avais aussi perdu Aristide. Alors, à quoi tout cela avait-il servi ? A rien. A rien du tout sauf à nous faire plus de mal à tous. J'avais voulu être quelqu'un de bien mais en réalité, quitter Alexander aurait été la chose à faire. Ca, ça aurait fait de moi quelqu'un de bien. Ca, ça aurait évité des souffrances inutiles. Mais je n'avais pas fait ce choix, j'avais fait l'inverse. J'avais voulu essayer et maintenant, qu'est-ce qu'il nous restait ? A part les larmes, la douleur et les regrets, il ne nous restait plus rien et cette vérité était insupportable. Tellement insupportable que j'allais, encore une fois, être égoïste et faire du mal. Tellement insupportable que je lâchai les joues d'Aristide avant de me laisser glisser du canapé pour me mettre par terre à côté de lui et de me jeter dans ses bras, le serrant avec force contre moi, glissant ma tête dans le creux de son cou. J'avais besoin de sentir son cœur battre contre ma poitrine. J'avais besoin de le sentir contre moi. J'avais besoin de le serrer contre moi une dernière fois avant de lui dire encore une fois adieu. J'avais besoin de lui, tout simplement. Je le voulais lui, tout simplement. C'était impossible, mais je le voulais. En fait, je le voulais probablement plus que je ne l'avais jamais voulu, sans doute parce que je savais que je ne pouvais pas l'avoir. Etait-ce cela qu'il avait ressenti ? M'avait-il aimé avec autant de passion parce que je lui avait été en partie inaccessible ? Mais mon esprit ne divaguait même pas vers ces pensées en réalité. Non, mon esprit était focalisé sur ce fait indéniable : Je l'avais perdu lui aussi.
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Aristide Tetropoulos
Εἶς ἀνὴρ οὐδεὶς ἀνὴρ
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MessageSujet: Re: Never thought that I would get here [PV Aristide]   Never thought that I would get here [PV Aristide] Icon_minitimeDim 2 Oct - 15:47

Pourtant rien, si ce n’est un silence horrible, ne me fut offert comme réponse dans l’immédiat. Alors que je dévisageais Gabrielle dans l’attente atroce d’une réponse qui pouvait anéantir mon cœur comme l’emplir de joie, elle semblait tout simplement ne même pas avoir entendu ma question. Ce n’était pas faute de l’avoir répété, pourtant. Alors quoi ? Ne voulait-elle tout simplement pas me répondre, craignait-elle de m’avouer une deuxième fois que dans sa vie jamais je n’aurais de place autre que celle de l’amant ou l’ami ? C’était possible… Effrayant, mais possible. Elle savait pourtant que je n’insisterais pas si tel était le cas, que jamais je n’oserais la brusquer ou essayer de la persuader car je savais cela vain. A quoi bon forcer une femme à vous aimer ? Si son amour n’est pas sincère mais contraint, il ne possède absolument aucune valeur, en tout cas pas à mes yeux. De même que je n’aurais certainement pas le courage d’essayer de la séduire à nouveau si jamais elle me repoussait de nouveau, pas le cœur à me donner une fois de plus comme un amuse-bouche au désespoir. Et son silence me rendait dingue, bien que je ne bronche en apparences pas. Son silence me laissait trop de temps pour imaginer ce qu’elle allait justement dire, comment elle allait le dire, quels mots elle emploierait pour me rejeter une nouvelle fois. Plus les secondes passaient, plus ils devenaient durs, méchants, sadiques. Plus les secondes passaient plus mon cœur se préparait à recevoir un dernier coup, fatal. Je n’étais pas sûr de pouvoir l’encaisser. Ce terrible pressentiment s’accentua lorsque je vis Gabrielle prendre une profonde inspiration, puis une deuxième, comme si elle se préparait à me balancer une vérité de plus, une vérité allant toujours plus loin dans l’horreur et la déception. Pétrifié, je l’observai essuyer ses joues trempées de larmes, attendant toujours, ne sachant que dire ou que faire pour accélérer sa réponse tout en refusant de la brusquer. Je ne l’avais jamais fait, et ne comptais pas commencer maintenant, même si pour être tout à fait franc Gabrielle était tout simplement entrain de me rendre dingue. Ce n’était pas la première fois me direz-vous… Il n’empêche que je sentais mon cœur battre à la chamade, comme s’il cherchait à fuir avant de se faire une nouvelle fois piétiner. Le regard que posa soudain Gabrielle sur moi ne me rassura pas même si, au moins, il était franc, sincère. Je supposais qu’elle ne comptait pas me mentir mais en même temps, qu’elle me mente ou non changerait-il quoi que ce soit si jamais elle me repoussait ? Sans doute pas. La seule vérité qui importait à présent restait celle-ci : Savoir si oui ou non, elle avait cherché à me cacher sa rupture avec Alexander.

La panique courait dans mes veines comme un poison nocif, de plus en plus virulent au fil des secondes qui semblaient s’étirer, s’étirer encore comme une scène que l’on aurait mis sur « pause ». Puis, soudainement, la scène reprend son cours, les comédiens poursuivent leur jeu, déclament de nouveau leurs répliques. Ce matin. Mes yeux s’en agrandir de surprise d’une part car j’avais fini par me convaincre moi-même qu’elle allait très probablement m’annoncer que de toute manière elle ne voulait plus de moi, d’autre part parce que… Ce matin… Il y a seulement quelques minutes, quelques heures peut-être mais rien de plus. Ainsi, elle était libre depuis des poignées de minutes seulement, ce qui signifiait que Gabrielle n’avait du moins pas voulu me le cacher, ou en tout cas n’en avait pas eu l’occasion. Malgré moi, mes doigts se resserrèrent doucement autour des siens, éprouvant un soulagement palpable, visible. Ma bouche s’en ouvrit même tant ma stupéfaction était grande, mais Gabrielle coupa soudainement court à mes espoirs qui s’étaient réveillés. Pourquoi ce signe négatif ? Pourquoi cette mine dépitée, et ces larmes ? Nous étions libres ! Libres ! Nous étions enfin en droit de nous aimer au grand jour sans avoir de comptes à rendre à qui que ce soit, sans craindre qu’on ne nous surprenne jamais, sans craindre rien du tout même ! Personne n’aurait pu comprendre ce que je ressentais en cet instant, même pas Gabrielle et je dois bien avouer que son attitude me refroidissait quelque peu même si ma joie demeurait plus forte. Parce que après l’avoir perdu, je pouvais enfin l’aimer de nouveau comme j’avais tant rêvé de le faire. Parce qu’elle était la seule, l’unique, et que le destin nous accordait enfin une chance d’être heureux ensemble. Mais le mot « heureux » ressemblait fort à une injure lorsque l’on observait Gabrielle qui avait toujours ce visage fermé, triste. Puis, soudain, alors qu’elle commençait à peine sa phrase, je compris. Je compris et croyez-moi, j’aurais largement préféré ne plus parler un mot d’anglais en cet instant plutôt que de devoir écouter ce qui suivit parce qu’à chaque mot, à chaque bribe d’information, c’était comme si chacun de mes organes rétrécissaient dans mon corps, laissant la place à un seul mot, un seul. La fureur.

Comment avait-il pu… Comment avait-il osé… J’éprouvais l’envie virulente de me lever et courir tuer Alexander, le massacrer, le piétiner jusqu’à ce qu’il crève comme le chien qu’il était. Un homme digne de ce nom n’aurait jamais pu quitter une femme comme Gabrielle, il n’aurait jamais osé commettre cet affront… Non. Il ne lui aurait jamais fait à ce point du mal car oui, Gabrielle souffrait, je le voyais et le ressentais parfaitement malheureusement je bouillonnais tellement qu’il m’était totalement impossible que de tenter le moindre geste pour la consoler. Je ne le pouvais pas, obnubilé par la haine féroce que je ressentais à l’égard d’Alexander et qui me faisait serrer les dents. Pourtant, il fallait absolument que je me contrôle, par respect pour elle. Même si j’éprouvais l’envie tenace d’insulter Alexander de tous les noms et de tout fracasser autour de nous, je devais me maîtriser, d’une part car elle l’aimait, quand bien même cela me révulse de plus en plus, d’autre part parce que j’estimais de pas être en droit de lui imposer cela. Aussi, malgré toute ma haine, malgré tout mon courroux, je demeurais de marbre tandis qu’elle m’expliquait comment ce fils de pute s’y était pris pour la quitter. Elégant, je sais, mais en cet instant le mot « politesse » ne faisait absolument plus partie de mon vocabulaire. Je serrai un peu plus les dents lorsqu’elle me raconta qu’Alexander ne pouvait pas la pardonner pour ce qu’elle avait fait, qu’il la trouvait trop différente de la femme qu’il avait épousée et aimée. Calme. Il fallait que je conserve mon calme. Qu’importe ce que je ressentais, je me devais de rester le plus calme possible. Je ne comprenais même pas comment il avait pu lui dire cela, comment pouvait-on refuser son pardon à Gabrielle ? Elle n’avait même rien à se faire pardonner : Elle avait tous les droits. Du moins pour moi, elle les avait, et cela me suffisait pour penser qu’Alexander n’était vraiment qu’un… Je ne savais même pas. Même les chiens ont plus d’humilité. Une merde, voilà ce qu’il était. Mais en même temps… En même temps s’il ne l’avait pas quitté, l’aurait-elle fait ? S’il n’avait pas eu assez de culot pour l’abandonner Gabrielle serait-elle jamais redevenue libre pour moi ? Je préférais réellement ne pas me poser cette question, ayant peur de sa réponse. Elle en vint d’ailleurs à cela, m’expliquant qu’elle n’avait d’une part pas eu le temps de m’en parler, mais aussi qu’elle aurait voulu attendre d’être prête pour cela car elle ne voulait pas que je pense qu’elle revenait vers moi uniquement car Alexander ne voulait plus d’elle. Bien qu’elle m’ait affirmé deux fois de suite m’aimer, mots que je n’avais plus entendu de sa bouche depuis bien trop longtemps et qui me remplirent de joie, je dois bien avouer qu’au fond, je commençais sérieusement à douter. Quoi qu’elle puisse en dire, si son mari n’avait pas mis un terme à leur mariage, aujourd’hui nous n’en serions pas là, et sans doute demain non plus.

Je ne savais plus du tout quoi penser. Même ma colère s’était évanouie, le doute prenant toute la place dans mon esprit. Au final elle ne voulait réellement de moi que parce qu’elle était seule, même si elle m’aimait ce n’était pas cet amour qui me l’avait rendu mais l’abandon de l’autre. Nouveau coup en plein cœur. Je baissai lentement les yeux sur son annulaire que je tenais toujours entre mes doigts, sachant pertinemment qu’aujourd’hui il ne serait pas libre si Alexander n’avait pas pris la décision qu’il avait prise. Mais quelle importance ? Hein ? Est-ce qu’il valait mieux posséder Gabrielle suite à cette situation ou bien ne pas la posséder ? La réponse était très claire dans mon esprit, même si je souffrais des causes qui l’avaient poussé vers moi. Pourtant cela ne devait pas me faire souffrir, non… Je ne devais pas souffrir parce que même si elle aimait plus Alexander, elle allait me revenir à moi. Elle allait me revenir et je lui ferais oublier ce maudit Alexander, c’était une promesse que je m’étais faite il y a bien longtemps déjà. Même si à l’instant la situation n’était pas celle dont j’aurais rêvé, cela n’avait aucune importance. Seul le futur comptait et dans ce futur, seul moi compterais. Le choix d’Alexander ne l’affecterait plus car elle serait avec moi, rien qu’avec moi, et que je lui apporterais bien plus que lui. Voilà ce que je devais me dire, voilà ce que je devais penser. J’en fus rassuré. Relevant finalement les yeux vers elle, je la vis regarder le plafond, pleurant toujours. Cependant au lieu de colère ou d’incompréhension, ce fut surtout du désarroi que je ressentis, me sachant pertinemment incapable de la consoler dans l’immédiat de cette rupture. Il me faudrait du temps pour réussir à lui faire oublier Alexander, j’en étais conscient, et à présent les mots me venaient difficilement. Comment lui dire tout ce que je ressentais, tout ce que je voulais pour elle et à quel point la voir souffrir me faisait souffrir également ? Il fallait au moins que j’essaie de la rassurer, aussi glissai-je finalement mes doigts sur son menton pour qu’elle me regarde, qu’elle m’écoute. Je lui murmurai alors quelques mots rassurants, qui furent néanmoins balayés moins d’une seconde par un simple signe de tête négatif. Je me figeai, ne comprenant pas.

Tout allait forcément bien se passer parce que même si en cet instant elle avait mal, même si pour le moment elle soufrait, elle aurait dû savoir que je serais là, avec elle, et qu’ensemble nous parviendrons à tout arranger. Que lorsque nous serions ensemble, tout se passerait à merveille. Sauf qu’elle ne semblait pas d’accord avec moi ce qui, une nouvelle fois, me fit mal. Non seulement elle aimait Alexander davantage que moi mais en plus, elle doutait de ma capacité à le lui faire oublier. Alors quoi ? Qu’étais-je au juste pour elle ? Réellement une roue de secours ? Réellement le type vers lequel on se tourne lorsque l’on a le cœur brisé tout en sachant qu’il n’y changera rien ? Ma déception fut plus amère encore lorsqu’elle me confirma à haute voix que les choses ne se passeraient pas bien. Dans ce cas… Il ne me restait plus qu’à m’en aller, n’est ce pas ? Que pouvais-je faire ou dire contre cela ? Si elle ne voulait même pas essayer avec moi, je ne pouvais et ne voulais pas la forcer, encore moins en sachant qu’elle était persuadée de ne jamais pouvoir oublier Alexander. Alors j’allais abandonner, une fois de plus. Abandonner tout en sachant que mes espoirs étaient passés plus près que jamais de la réalisation mais cela ne faisait rien, non, cela n’avait plus aucune importance… Plus rien n’avait d’importance… Malheureusement, je ne parvenais pas à lever mes fesses et partir comme j’aurais dû le faire. Je ne parvenais pas à détacher mon regard du sien alors qu’il était si explicite, si clair, m’avouant tout simplement que tout était impossible entre nous. Encore une fois. Toujours le même refrain, toujours les mêmes rêves inassouvis. Pourtant, je ne m’attendais absolument pas à ce qu’elle me reparle de mon futur enfant que j’avais totalement oublié. Je ne m’y attendais pas et restai très con lorsqu’elle m’annonça que je serai bientôt père d’un enfant dont elle n’était pas la mère. Alors… C’était ça ? C’était ça la raison de son refus d’essayer quoi que ce soit avec moi ? J’en fus tellement abasourdi que je sentis mes épaules s’affaisser alors que je la regardais comme un débile, ne parvenant pas à admettre que j’avais bien compris ce qu’elle venait de me dire. En quoi cela nous empêchait-il d’être ensemble ? Ce n’était qu’un détail, mille fois moins important que ce qu’elle pouvait ressentir à mon égard et à l’égard d’Alexander. Un détail qui ne devait avoir absolument aucune incidence sur nous, notre relation, nos efforts pour justement construire cette relation. Je fronçai les sourcils, me préparant à lui répondre lorsqu’elle se mit subitement à rire, d’un rire étrange, aigue, effrayant. C’était comme si nous communiquions sans nous comprendre, comme si nous ne parlions plus du tout la même langue et n’avions absolument pas la même culture : Je ne comprenais rien à son comportement, et elle ne comprenait rien à mes priorités. Nous ne nous comprenions tout simplement plus.

J’avais l’impression d’être face à un chinois qui viendrait de me sortir une blague, sauf que bien évidemment j’avais loupé le comique de la chose. Même lorsqu’elle me l’expliqua, j’avoue ne toujours pas avoir saisi ce qu’il y avait de drôle. Pourtant, je restai muet, immobile, attendant que son calme revienne ce qui ne tarda pas. Je ne savais pas comment réagir, ne savais pas quoi répondre. C’était ridicule… Oui et non en fait… Parce que pour moi cet enfant ne signifiait rien alors, il ne comptait pas et le fait que je sois bientôt père ne nous empêchait pas de nous aimer mais… Mais une nouvelle fois Gabrielle et moi ne nous comprenions pas, pas plus qu’elle ne comprenait que rien n’était de sa faute. Je réprimai un soupir lorsqu’elle fondit de nouveau en larmes après s’être accusée de tous les maux de la terre. Rien n’était de sa faute et même si, ce n’avait absolument plus aucune importance à présent. Nous nous en fichions du passé, l’avenir ne se montrait-il pas plus clément avec nous ? Si… Bien sûr que si… Nous devions nous concentrer sur ça, et non pas sur nos erreurs qui de toutes manières ne pourront plus être rattrapées. Elle prit à ce moment là mon visage entre ses mains, le rapprochant du sien sans que je n’esquisse le moindre geste pour me reculer ou avancer. J’avais presque l’impression de ne plus exister, en réalité. Voilà pourquoi nous ne nous comprenions plus : Parce que Gabrielle monologuait. Elle ne me laissait pas en placer une, pas plus qu’elle ne semblait se préoccuper de ce que je pouvais penser ou ressentir alors que la situation me concernait tout autant qu’elle. Sérieusement, j’aurais eu des dizaines de choses à lui répondre pour la calmer mais à chaque fois que je m’apprêtai à prendre la parole, elle surenchérissait et à chaque fois, j’étais un peu plus perdu face à la situation. Du coup, je ne savais plus comment réagir. Je ne savais plus quoi répondre, ayant justement trop de choses à dire. Et lorsqu’elle en vint à finalement s’excuser et implorer mon pardon, j’aurais réellement voulu qu’elle se taise. Parce qu’elle disait n’importe quoi. Parce qu’elle n’avait rien à se faire pardonner. Parce que je me sentais de plus en plus inexistant et impuissant face à ses réactions, à ses paroles.

Heureusement, cette impression s’effaça totalement lorsqu’elle se laissa glisser du canapé, se réfugiant dans mes bras. Je glissai alors une main tout contre sa nuque, la caressant doucement, la berçant d’autre part afin de la calmer. A présent, c’était mon tour de parler et je comptais bien réussir à lui faire comprendre tout ce que j’avais sur le cœur, tout ce que je pensais de tout cela. Je l’aimais, je la voulais à mes côtés autant qu’autrefois si ce n’est plus et aucun de ses doutes, aucun de ses arguments ne tenaient face à mon amour alors, inutile de pleurer. Inutile de se faire du mal alors que la vie nous souriait, ou du moins en partie. Au bout de quelques instants, mes lèvres trouvèrent sa tempe et je l’embrassai doucement, tendrement, espérant parvenir à l’apaiser même si je savais que la douleur de sa rupture demeurerait encore longtemps. J’allais être patient et surtout, j’allais faire tout mon possible pour l’aimer au mieux et la rendre heureuse. Finalement je cessai pour quelques instants mes baisers mais ne la forçait pas à reculer son visage pour me regarder, n’ayant pas envie de lui imposer cela si son souhait était de rester blottie contre moi. Maintenant, à moi d’être adroit, de trouver les mots justes.

« Tu n’as rien à te faire pardonner Gabrielle, tu n’as aucune raison de t’excuser. Je ne t’en veux pour rien. Je t’aime trop pour t’en vouloir… Bien trop pour te reprocher quoi que ce soit… »

Je soupirai, me retenant de souligner cette différence avec Alexander. Inutile, ce n’aurait eu pour effet que la faire souffrir un peu plus.

« Alors maintenant tu vas arrêter de pleurer… S’il te plait. Je sais que tu aimes Alexander et je sais aussi que ce sera difficile pour toi mais… Je vais t’aider. Je te le promets, je vais t’aider à l’oublier parce qu’il ne te vaut vraiment pas, et que personne n’a le droit de faire pleurer une femme comme toi. C’est… C’est ça qui est ridicule, tu sais. »

Alors seulement, je me risquai à poser mes mains sur ses hanches et la faire reculer un peu, déposant immédiatement un baiser sur son front, puis essuyant ses larmes. Mon regard fut amour et réconfort.

« Tu es une femme forte, et moi une tête de mule alors… A nous deux, on peut venir à bout de tous les problèmes, tu ne crois pas ? Quant à cet enfant… Eh bien… Ce n’est pas un problème en réalité. »

Je marquai un léger silence, réfléchissant, avant de reprendre.

« Je ne peux pas l’abandonner lui et Kaylhen tout en partant vivre avec une autre femme, ce serait vraiment une attitude de connard mais, je ne vois pas pourquoi il nous empêcherait de vivre notre amour. J’ai été élevé par mes grands parents, je n’en suis pas mort, et puis des tas d’enfants vivent très bien même si leurs parents sont séparés. Tu n’es peut-être pas sa mère mais rien ne t’interdit d’être sa belle-mère, et il viendra chez nous quand il le voudra, et chez sa mère le reste du temps. Pourquoi pas ? Pourquoi pas être une famille recomposée ? A partir du moment où on s’en occupe normalement, je ne vois pas pourquoi un enfant pousserait mal sous prétexte de ne pas vivre avec ses deux parents. »

L’idée d’élever cet enfant en présence de Gabrielle m’était, je l’avoue, bien plus tolérable. En effet je ne pensais pas que naître dans une famille recomposée ait de conséquences nuisibles sur un enfant à partir du moment où on l’aime, où on s’occupe de lui. A la limite naître sans père aurait été bien plus grave pour lui, alors que selon la proposition que je formulais, il n’allait manquer de rien. Un sourire finit même par se glisser au creux de ma joue.

« Et puis Emma aurait un petit frère ou une petite sœur… Ils sont tellement petits, ils grandiraient ensemble… Ma sœur et moi n’avons pas le même père et pourtant nous sommes bien plus proches que beaucoup d’autres frères et sœurs. Ca ne veut rien dire. Ce ne sont que des mots, les sentiments comptent bien plus. Et de toute façon, on a le temps d’y réfléchir, d’en reparler… Cet enfant n’est même pas né encore. »

Petite pause.

« Au pire, on l’élèvera de manière à ce qu’il fasse le ménage, le repassage, la vaisselle…Et on l’appellera Dobby. »

J’ai ris à ma propre blague, tout seul. Gabrielle se contenta de me regarder avec un drôle d’air alors que j’essayais de détendre l’atmosphère. Bon. Les vannes Star Wars ne fonctionnaient pas avec Sam, pas plus que les Harry Potter avec Gabrielle. J’allais sérieusement devoir arrêter de me faire passer sans cesse pour un geek de première zone. A croire que j’étais le seul à trouver ça culte. Je cessai donc de rire comme un demeuré, esquissant un sourire à la fois désolé et amusé. J’étais heureux, même si les choses demeuraient compliquées. Oui, j’étais vraiment heureux et finalement, je me rapprochai de Gabrielle avant de la couvrir de baisers comme je rêvais de le faire depuis des mois. Mes mains glissèrent dans son dos, la collant un peu plus à moi tandis que je l’embrassais avec amour et fougue à la fois tant mon bonheur était grand. Nous allions nous retrouver, enfin ! Nous allions être heureux… Même si je sentais que Gabrielle n’était pas totalement rassurée ou convaincue, j’espérais réellement avoir réussi à la faire au moins changer d’avis quant à notre relation. Au bout de quelques instants, alors que je l’embrassai toujours, je la sentis hoqueter, sans doute à cause de ses sanglots, et me reculai doucement avant de l’observer avec tendresse. Elle ressemblait à une petite fille avec ses yeux rouges, son nez qui coulait. Cherchant des yeux une boîte de mouchoirs mais n’en trouvant pas, je lui tendis finalement le bas de mon t-shirt avec un sourire puis le lui posai sur le nez.

« Allez, souffle. » dis-je, amusé. Je préférais d’une part largement en rire plutôt qu’en pleurer mais surtout, j’essayais de lui arracher un sourire en faisant l’idiot. Finalement, au bout de quelques instants, elle se décida à se moucher dans mon t-shirt mais je m’en moquais totalement. Je la dévorai du regard encore quelques instants avant de glisser une main sur sa joue et lui sourire.

« J’ai promis de te faire oublier tes problèmes et je vais le faire… Au moins pour quelques heures. »

Le regard qu’elle me jeta me fit sourire un peu plus, comme si elle se demandait si je pensais réellement à ce qu’elle pensait aussi ou non. Mais si, je pensais bien à cela. J’y pensais même beaucoup. Aussi, resserrant mon étreinte autour d’elle je me relevai tout en la gardant dans mes bras, glissant une main sous ses genoux pour la tenir à la façon d’une jeune mariée. Ma mariée à moi. Elle passa ses bras autour de mon cou, me regardant toujours avec le même air mais je ne lisais pas d’opposition formelle dans son regard. Elle semblait surtout surprise mais pas forcément contre, ou bien me trompais-je ? Je n’allais pas tarder à en avoir le cœur net. Me dirigeant vers les escaliers qui menaient certainement à sa chambre, je m’arrêtai néanmoins avant la première marche pour l’embrasser dans le cou, sur les joues, sur la bouche avec de petits baisers plein de malice et de complicité, témoignages directs de mon bonheur de la retrouver, à moins qu’elle ne me repousse une nouvelle fois. Finalement, je me reculai avec un sourire entendu et l’observai quelques instants d’un regard de braise.

« Dis moi… Tu te rappelles un peu du grec ou… Je vais encore devoir te donner quelques cours de langue ? »

Aller, souris-moi Gabrielle. Ris pour moi. On s’en fout du reste, des autres, d’Alexander. On s’en fout.
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Gabrielle McCord
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MessageSujet: Re: Never thought that I would get here [PV Aristide]   Never thought that I would get here [PV Aristide] Icon_minitimeDim 16 Oct - 20:12

Tout était fini. Tout. Absolument tout. J'avais perdu Alexander et j'avais perdu Aristide. Les deux dans la même journée. Oui, c'était bel et bien une maudite journée... Je m'étais mise dans cette situation toute seule et je méritais ce qui m'arrivait mais il n'empêche que ça faisait beaucoup à supporter alors oui : Je craquais. Je me laissais aller dans les bras d'Aristide parce que j'en avais besoin, parce que j'avais besoin de lui. Une dernière étreinte, ce n'était pas trop demander, non ? Ce n'était pas grand chose, c'était juste... Un adieu. Parce que même après ça, être simplement son amie, ça n'allait plus être possible. J'avais trop mal, beaucoup trop mal pour être assez forte et brave pour le voir avec Kay, le voir élever son enfant et fonder une famille. J'avais pensé l'être, j'avais sincèrement voulu l'être mais c'était au-dessus de mes forces. J'étais devenue tellement faible alors qu'avant j'avais été si forte. Mais peut-être que ça allait finir par se calmer, peut-être allais-je retrouver cette force et finir par être capable d'être là pour lui en tant qu'amie. En attendant... Eh bien en attendant j'allais faire ma vie de mon côté, j'allais faire au mieux pour m'occuper correctement de ma fille pour qu'elle ne souffre pas trop de l'absence de son père même s'il allait la voir très souvent. Et en attendant d'en arriver là, je pleurais et laisser tout sortir une bonne fois pour toutes. Au bout de quelques instants, je sentis ses lèvres glisser doucement sur ma tempe et resserrai alors mon étreinte. Il essayait de me consoler mais rien de ce qu'il ne pouvait faire, pas même de tendres baisers, ne changerait quoi que ce soit à la situation. Je restai simplement là, contre lui, profitant de ces quelques instants qui nous étaient donnés. Et quand il me dit que je n'avais rien à me faire pardonner, cela n'arrangea pas la situation, au contraire. Mes pleurs redoublèrent d'intensité : J'avais tant à me faire pardonner. Il avait beau m'aimer trop pour m'en vouloir ou me reprocher quoi que ce soit comme il le disait lui-même, j'avais énormément de choses à me faire pardonner. La première était d'avoir fait irruption dans sa vie et d'avoir tout chamboulé de façon irréversible. La seconde de lui avoir fait tant de mal. La troisième... En fait, il y en avait beaucoup trop pour pouvoir les énumérer mais les faits étaient là : Contrairement à ce qu'il pouvait dire, j'avais beaucoup à me faire pardonner.

C'était comme ça.

M'arrêter de pleurer m'était impossible, malgré sa demande. J'avais trop mal pour ça. Seulement, malgré mes pleurs, malgré la douleur, ses mots me parvinrent et à travers mes larmes, je ne pus m'empêcher de froncer les sourcils. Mais qu'était-il en train de raconter ?... M'aider à oublier Alexander parce qu'il ne me valait pas et parce que personne n'avait le droit de faire pleurer une femme comme moi et que c'était ça qui était ridicule ? Avait-il perdu la raison ? Après tout le mal que je lui avais fait il arrivait à dire des choses pareilles ? Il arrivait à me dire qu'on n'avait pas le droit de me faire du mal ? Décidément, je ne le méritais pas. Je ne méritais pas son pardon. Je ne méritais pas son amour. Je ne méritais que son mépris et son indifférence. C'était un homme tellement bon et moi... Moi je n'étais qu'une raclure, ni plus ni moins. Je l'avais assez souillé comme ça... Et lorsqu'il posa ses mains sur mes hanches pour me faire reculer un peu avant de déposer un tendre baiser sur mon front puis d'essuyer mes larmes qui continuaient toujours de couler à flots, j'eus du mal à relever mon regard vers lui tant j'avais honte de moi-même mais je finis par y parvenir et lorsque je plongeais dans cet océan bleu que j'aimais tant, je sentis une vague de châleur et de réconfort m'envahir soudainement tant son regard était rempli de tendresse, de réconfort et d'amour. Comment pouvait-il encore me regarder de cette façon ? Comment ? Son amour était donc à ce point inconditionnel... Je le savais. Je savais qu'il m'aimait plus que de raison mais là, en cet instant, la puissance de cet amour me frappa de plein fouet. Et, contre toute attente, je parvins à me calmer doucement et l'écoutai avec attention, bien que je sois totalement perdue dans son regard comme je l'avais déjà tant été par le passé. Il se trompait sur bien des points et surtout sur le fait que j'étais une femme forte. Je ne l'étais plus du tout, en tout cas, c'était ce dont j'avais l'impression, mais lui semblait voir tout autre chose. Lui, il me voyait forte. Lui, il pensait qu'à nous deux nous pouvions venir à bout de tous les problèmes et que son enfant à venir n'était pas un problème.

Il devait avoir perdu l'esprit.

Bien sûr que c'était un problème. Enfin, façon de parler... Ce pauvre bébé n'y était pour rien mais c'était bel et bien le cas. Il allait être le père de l'enfant d'une autre femme : Comment cela pouvait-il ne pas être un problème ? Je n'allais pas tarder à le découvrir puisqu'il se lança dans des explications. Je glissai mes mains sur mes genoux, les crispant tout en l'écoutant. Je fronçai une nouvelle fois les sourcils en l'entendant me dire qu'il ne pouvait abandonner Kay et l'enfant mais que cela ne nous empêcherait pas de vivre notre amour. Je ne parvenais pas à comprendre où il voulait en venir. Puis, petit à petit, la lumière se fit. « Des tas d'enfants vivent très bien même si leurs parents sont séparés. ». Cela, j'allais bientôt le découvrir de mon côté puisqu'Emma allait vivre en ayant ses parents séparés et c'était sans doute de cela qu'il parlait. Ou pas. Ou plutôt, en partie : Famille recomposée. Rien ne m'interdisait d'être la belle-mère de son enfant, rien n'empêche ce même enfant de venir chez « nous » quand il le voudrait ? Oh, oh, oh... Alors, c'était là où il voulait en venir. Mes yeux s'en écarquillèrent de stupeur. Il ne voulait pas former un couple avec Kay. Il voulait que lui et moi nous remettions ensemble et... Non. Ce n'était pas possible. Je devais être en plein rêve, en pleine illusion parce qu'Aristide ne pouvait pas se tenir là, devant moi, et m'annoncer que nous allions être l'une de ses nombreuses familles recomposées qui avaient pu exister. Il ne pouvait m'affirmer que nous allions pouvoir vivre ensemble. Il ne pouvait pas me redonner cet espoir que j'avais perdu à l'instant même où il m'avait annoncé qu'il allait être père. C'était tout bonnement impossible. Et pourtant... Pourtant, un fin sourire étira ses lèvres et il continua. Moi, de mon côté, j'étais tout simplement incapable de prononcer le moindre mot tant j'étais abasourdie. Et je n'avais pas fini de l'être. Il voyait vraiment les choses de façon extrêmement positive et cela avait même quelque chose de déstabilisant. Un petit frère ou une petite sœur pour Emma... Ils grandiraient ensemble... J'en avais presque le tournis. Et j'eus encore plus le tournis quand il m'annonça qu'au pire, nous élèverions l'enfant de manière à ce qu'il fasse le ménage, le repassage, la vaisselle et que nous l'appellerions Dobby.

Pardon ?

Il se mit à rire tout seul et moi, je l'observais, de plus en plus perdue. Dobby... Ca me disait quelque chose ça... Dobby... Dobby... Malgré la situation, malgré tout ce qui me passait par la tête, je cherchais où j'avais déjà entendu ce nom. Cela ne me revenait cependant pas et du coup, je ne parvenais pas à comprendre ce qui pouvait autant faire rire Aristide. D'ailleurs, il se rendit compte que je ne comprenais pas qu'il finit par cesser de rire avant d'esquisser un sourire. Il semblait en paix, heureux ce qui me faisait réellement plaisir même si j'avais quand même du mal à croire que les choses pouvaient finalement être aussi simples telles qu'il les décrivait. Et alors que je doutais toujours, il se rapprocha soudainement de moi avant de me couvrir de baisers. Je fermai les yeux et soupirai doucement, me laissant aller, enveloppée par sa tendresse et son amour. Je sentis à peine ses mains glisser dans mon dos tant j'étais, en cet instant, sur un nuage. Puis, après m'avoir rapprochée de lui, il m'embrassa avec amour et fougue comme il l'avait déjà tant fait par le passé. Une partie de moi était comblée de le retrouver de cette façon, mais l'autre me criait d'arrêter tout de suite pour de nombreuses raisons. Déjà, parce que c'était tôt, beaucoup trop tôt et je n'avais pas voulu aller vers lui parce que je m'étais retrouvée seule. Qui plus est, j'allais devenir une briseuse de future famille si je me laissais complètement aller. C'était compliqué, très compliqué. J'avais déjà ressenti ce genre de sentiments contradictoires lorsqu'Aristide et moi avions commencé à nous voir et même si à présent il ces sentiments n'existaient pas pour les mêmes raisons, ils étaient bel et bien là, malgré tout. Et le choc de ces sentiments firent naître de nouvelles naître de nouvelles larmes que je fus incapable de contrôler. Mes sanglots redoublèrent rapidement d'intensité : Je le voulais. Je le voulais tant mais en même temps je ne le voulais pas. J'avais encore une fois l'impression de faire quelque chose de mal. Bientôt, il se recula, mes sanglots nous empêchant de pouvoir continuer à nous embrasser. J'étais perdue. Je ne savais pas quoi faire. Le repousser ? Je ne m'en sentais pas la force. Accepter de le retrouver et être une nouvelle fois égoïste ? Il était certain que cela était plus facile...

Et tellement plus tentant.

Il m'observa quelques instants avant de me tendre son t-shirt, de le poser sur mon nez puis de me dire de souffler dedans pour me moucher. Je restai un moment à le regarder avant d'abdiquer et de me moucher dans son t-shirt, chose particulièrement dégoûtante, je sais... Mais il n'y avait pas de mouchoirs à proximité et puis ça avait l'air de l'amuser plutôt que de le dégoûter. Je reniflai un peu avant de relever mon regard vers lui et fut une nouvelle fois submergée par une vague d'amour et de tendresse venant de lui, de son regard si tendre et amoureux qu'il m'avait toujours offert, sans condition. Il glissa doucement sa main sur ma joue et enfin, naturellement, un léger sourire étira mes lèvres. Je devais cesser de me poser trop de questions. Je n'avais plus à m'en poser. Il avait été très clair sur ses intentions et moi, de mon côté, j'étais célibataire. C'était dingue, ahurissant, mais c'était pourtant le cas. J'étais séparée et libre de faire mes propre choix. Je ne commettais plus un adultère mais acceptait d'ouvrir la porte de mon cœur pour accueillir cette nouvelle relation que j'avais espéré et que j'avais même failli choisir à une époque. Il avait raison : Rien n'était impossible pour nous et nous avions une seconde chance. Je ne pouvais pas la gâcher, je ne pouvais pas le perdre. Je ne pouvais pas imaginer le perdre tant cette idée m'était insupportable comme elle l'avait déjà été à l'époque où j'avais finalement décidé de choisir mon mari. Un choix que je ne regrettais pas et que je regrettais en même temps. Je ne regrettais pas ce choix car j'aimais sincèrement mon mari et que j'avais réellement voulu le retrouver et sauver notre mariage, et je le regrettais car ça avait finalement été un fiasco et qu'au final, j'avais perdu des mois auprès d'Alexander alors que j'aurais pu les passer auprès d'Aristide et lui ne se serait pas retrouvé dans la situation dans laquelle il se retrouvait à présent. Cependant, ce qui était fait était fait et je ne pouvais pas revenir en arrière. Par contre, ce que je pouvais faire, c'était embrasser l'avenir. Je n'allais pas oublier Alexander, jamais, une partie de moi l'aimerait toujours mais il arriverait un moment où il finirait par occuper une moindre place dans mon cœur. Il arriverait un moment où Aristide aurait pleinement possession de mon cœur et de mon âme mais d'ici là, je savais qu'il serait patient : Il l'avait dit lui-même. Alors...

Pourquoi pas ? Pourquoi ne pas essayer de goûter à ce bonheur ? Même si je ne pensais pas en avoir le droit, pourquoi pas ?

Nos regards étaient toujours plongés dans celui de l'autre quand il me murmura doucement qu'il m'avait promis de me faire oublier et qu'il allait le faire au moins pour quelques heures. Mon cœur se mit de suite à battre plus vite et je le fixai avec insistance, ayant réalisé de quoi il parlait. Nous avions passé une nuit ensemble. Une seule nuit. Elle avait été incroyable, magique, stupéfiante, inoubliable. Non, je n'avais jamais oublié ses baisers, ses caresses, la sensation de me lier à lui... Il avait été le premier homme avec lequel j'avais recouché depuis mon viol et il avait le seul puisqu'Alexander ne m'avait, lui, pas touchée même après que je sois retournée auprès de lui. Cela avait quelque chose de déroutant, comme si c'était un signe de Destin, comme si on me disait « Tu vois, c'était lui et pas un autre. ». Etait-ce vraiment cela ? Peut-être pas. Peut-être avais-je simplement besoin de réponses et m'invitais celles qui me faisaient le plus de bien mais ça n'avait pas d'importance. Il resserra son étreinte autour de moi avant de se relever tout en me gardant tout contre lui, me portant comme on porte une jeune mariée à qui on vient de faire passer la porte après son mariage. Au fond, cela avait plus ou moins cette connotation là. Nos retrouvailles en cet instant avaient quelque chose de solennel. Je glissai mes bras autour de son cou pour me tenir, l'observant toujours avec insistance. J'étais moins perdue, moins hésitante mais je n'étais pas complètement à l'aise et c'était normal. J'avais cependant confiance en lui et je savais qu'il ferait tout pour me mettre à l'aise, pour me rassurer et faire en sorte que je me sente mieux. J'avais une confiance aveugle en lui. Il se dirigea vers les escaliers et je le laissai faire, ne disant rien, profitant de l'étreinte de ses bras, essayant de ne pas me poser trop de questions. Arrivés en bas des escaliers il s'arrêta avant la première marche et déposa de petits baisers dans mon cou, mes joues, ma bouche et un nouveau sourire étira mes lèvres, fondant littéralement sous cet asseau de tendresse. Finalement, il se recula doucement, souriant lui aussi, avant de me demander si je me rappelais un peu du grec ou s'il allait encore devoir me donner quelques cours de langues. Mon sourire se fit plus large et ce fut plus fort moi : Un rire s'échappa de mes lèvres. Mais pas le même rire hystérique que tout à l'heure, non, ça n'avait rien à voir. C'était un rire joyeux. Moi : J'étais en train de rire joyeusement. Parce qu'en cet instant, le reste n'avait plus d'importance, parce que j'avais choisi de lui laisser cette place si importante dans ma vie même si c'était trop tôt. Le retour à la réalité allait me faire mal, il y allait avoir des hauts et beaucoup de bas au départ mais en cet instant, j'avais l'impression d'être dans une bulle de bonheur que personne ne pouvait pénétrer.

J'avais l'impression d'être redevenue moi-même.

-Eh bien...

Mon regard se fit tout autant malicieux que le sien et je levai quelques instants les yeux au plafond, faisant mine de réfléchir.

-Je me souviens de quelques petites choses mais...

Je reportai mon regard sur lui, un sourire rempli de tendresse accroché à mes lèvres.

-Je crois que j'ai besoin de revoir les bases en fait...

Son sourire s'élargit soudainement et il baissa les visage pour que nos lèvres se retrouvent pour un baiser un peu plus enflammé que tout à l'heure. Puis, il se recula et je posai ma tête contre son épaule quand il commença à monter les marches, me gardant précieusement dans ses bras et j'y étais si bien. Lorsque nous fûmes arrivés en haut, il glissa sa bouche près de mon oreille pour me demander où se trouvait ma chambre et là, ce fut le premier retour à la réalité. Mon sourire s'effaça instantanément et une horrible douleur me tordit les entrailles. Je reculai le visage pour le regarder et lorsqu'il vit mon expression, son sourire disparut à son tour. Je voyais bien qu'il était perdu et qu'il ne comprenait ce soudain changement de comportement de ma part. Comment lui expliquer ça ? Comment trouver les mots pour lui dire que je ne voulais pas faire l'amour avec lui dans ma chambre qui avait été, encore quelque heures auparavant, notre chambre à Alexander et moi. Comment lui expliquer que je ne voulais pas coucher avec lui dans ce lit que j'avais partagé avec mon mari ? Comment lui expliquer que c'était au-dessus de mes forces ? Eh bien, en fait, il n'y avait pas trente six mille façons de lui expliquer. Je devais lui dire ce que je ressentais. Si nous devions être ensemble officiellement, si nous devions devenir un véritable couple, nous allions tout partager, absolument tout et j'étais bien placée pour savoir que cacher ce que l'on ressentait pouvait entraîner de véritables catastrophes. Alors, après un long moment de silence qui dut être particulièrement difficile à supporter par Aristide, je finis par hocher négativement la tête avant de soupirer.

-Je ne peux pas... Pas là... Pas dans cette chambre.

Il fronça les sourcils et ma main gauche quitta son cou pour venir se poser avec délicatesse sur sa joue.

-J'ai dormi ici avec lui pendant des semaines et je ne peux pas faire l'amour avec toi dans ce lit ni dans cette chambre. C'est... Je ne peux pas... D'accord ?

Quelques secondes passèrent avant que son regard ne redevienne douceur et qu'il ne se penche vers moi pour déposer un tendre baiser sur mon front. Bien sûr qu'il comprenait... Comment aurait-il pu ne pas comprendre ? Il m'aimait plus que de raison et il savait ce que cela pouvait me faire de me lier à lui de cette façon dans cette chambre. C'était inconcevable, en tout cas pour le moment. Alexander avait quitté la maison le matin même. C'était déjà trop tôt pour retrouver Aristide mais c'était encore plus tôt pour le retrouver dans cette chambre. Avec douceur, il me demanda où nous pouvions aller et j'eus besoin de quelques instants pour me mettre à réfléchir. Repenser à Alexander m'avait véritablement ébranlée et j'avais l'impression que notre bulle de bonheur avait éclaté. J'avais peur qu'il faille un certain moment avant qu'elle ne revienne nous entourer et nous protéger du monde extérieur. Nous ne pouvions pas faire ça en bas car quelque pouvait rentrer à n'importe quel moment et si Riley nous tombait dessus, il tuerait Aristide, je le savais. Aller dans la chambre de quelqu'un d'autre était exclu, quant à la salle de bain... Non, ce n'était vraiment pas l'endroit idéal. En fait, en y réfléchissant, il n'y avait pas d'endroit idéal car nous devions malgré tout être discrets. Mon regard se posa sur le plafond et lorsque je vis la trappe, l'idée me vint. J'avais déjà mis les pieds au grenier et il était loin d'être habitable mais je savais qu'il y avait quelques meubles, un miroir cassé et un vieux canapé et qu'on y voyait assez grâce à une petite fenêtre. Elle était relativement salle dans mon souvenir mais un petit coup de chiffon dessus et ça serait correct. Nous n'avions que ça de tout façon. Je reportai mon regard sur Aristide et esquissa un petit sourire. Finalement, ce n'était peut-être pas plus mal de nous retrouver là-haut. Nous nous y sentirions en sécurité, à l'abri des regards, dans notre bulle, dans cette bulle de bonheur que j'avais besoin de retrouver.

-Le grenier... Mais tu vas devoir me poser car on ne pourra pas monter si tu me tiens comme ça.

Sur quoi, je tendis le cou pour rapprocher mon visage du sien et l'embrasser avec tendresse, ma façon à moi de lui montrer que cette proposition était réfléchie, que je n'avais pas pris ma décision à la légère et que j'étais prête, que je voulais le retrouver. Un instant plus tard, j'étais par terre et nous nous avançâmes vers le grenier. Etant trop petite pour atteindre la poignet qui allait permettre de faire descendre l'échelle, ce fut lui qui se mit sur la pointe des pieds et descendit la petite échelle qui ouvrit dès lors le grenier. Après avoir glissé brièvement sa main sur ma joue dans une tendre caresse, il commença à grimper et je le suivis, sans un regard en arrière pour le couloir ou ma chambre qui se trouvait à proximité. Je ne voulais pas y penser. Je ne voulais plus y penser. Je voulais être bien, retrouver mon Aristide et oublier le reste. C'était mal et égoïste mais c'était ce que je voulais. Lorsque je l'eus rejoint, il se pencha vers la trappe et remonta l'échelle. Je m'avançai dans le grenier qui était plus grand que dans mon souvenir et attrapai un drap gris qui trônait sur un meuble avant d'aller jusqu'à la fenêtre pour la nettoyer un peu. J'entendis quelques bruits derrière moi, signe qu'Aristide était en train de faire quelque chose mais ne me retournai pas, continuant de nettoyez jusqu'à ce que la vitre redevienne transparente et que le soleil ne finisse par percer et donner un peu plus de vie à ce lieu sombre et poussiéreux. Lorsque je me retournai enfin, je vis Aristide en train de poser un drap sur le vieux canapé. Un drap qu'il avait en réalité secoué puisqu'on pouvait encore voir les petites particules de poussière voltiger autour de lui. Nos regards se croisèrent et après l'avoir regardé quelques instants, je m'avançai vers lui, un sourire étirant mes lèvres mais sentant mes yeux me piquer. De nouvelles larmes semblaient être sur le point de se montrer mais ce n'était pas des larmes de tristesse. J'étais tout simplement extrêmement émue de le voir là, me regardant avec toujours autant d'amour et de tendresse. J'étais émue de m'approcher de lui et de savoir que nous allions pouvoir goûter au bonheur que nous avions tant désiré. J'allais me lier à lui sans tromper mon mari. Pour la première fois, j'allais être à lui, et rien qu'à lui. Arrivée à sa hauteur, mes mains glissèrent avec tendresses sur ses joues et je déposai un doux baiser sur ses lèvres. Je sentis ses mains glisser sur mes hanches et mes doigts finirent par quitter ses joues pour venir glisser sur son front, caressant sa peau doucement, avec délicatesse alors que je le dévorais littéralement du regard. Je me noyais dans ses yeux comme j'avais tant aimé le faire mais cette fois-ci, les circonstances étaient différentes.

Tout serait différent à présent.

Mes bras s'enroulèrent finalement autour de son cou et je glissai mes lèvres sur les siennes avant de l'embrasser : D'abord avec tendresse puis avec plus de passion. Ses mains se pressèrent contre mon dos et il me colla avec lui avec force et cette étreinte fit battre mon cœur encore plus vite tant elle avait quelque chose de désespéré, tant elle me faisait comprendre qu'à présent qu'il m'avait retrouvée, il n'allait plus me laisser partir et c'était cela que je voulais : Qu'il ne me laisse pas partir. Qu'il ne me laisse pas. Qu'il ne me laisse jamais. Que jamais je ne le perde. Que jamais rien ne nous sépare. Je sentis sa jambe bouger et faire un pas en avant et me laissai guider, reculant au fur et à mesure qu'il avançait. Lorsque je sentis le canapé derrière mes jambes, il m'allongea avec délicatesse sur le canapé, me gardant cependant tout contre lui. Nos cœurs battaient à l'unisson. Finalement, nos lèvres se séparèrent pour que nos regards se retrouvent une nouvelle fois. Il glissa tendrement sa main dans mes cheveux, les caressant doucement et un nouveau sourire étira mes lèvres tandis que mes doigts dessinaient le contour des siennes. C'était comme dans un rêve. L'espoir de le retrouver était revenu, puis il était reparti presque aussi vite et finalement, nous en étions là. Nous étions en train de commencer une nouvelle histoire alors que cela m'avait semblé impossible encore quelques minutes auparavant. Au fond, cette saleté de petite voix qui m'avait tant fait souffrir me soufflait encore que c'était impossible, qu'il allait devoir vivre avec Kay et que nous ne pourrions jamais être un véritable couple et former une véritable famille. Je l'ignorai, refusant que quoi que ce soit ne vienne gâcher ses retrouvailles tant désirées mais jamais envisagées. Je finis par rompre le lien de nos regard pour glisser mon visage dans le creux de son cou et y déposer de tendres baisers. J'allais vivre ces moments, sans me poser de question puisque de toute façon, je n'avais aucune question à me poser. Mes mains glissèrent doucement sur ses bras, dessinant les courbes de ses muscles avant de se glisser sous son t-shirt, sur son torse où elles coururent avec douceur, mes doigts caressant avec tendresse chaque petite parcelle de sa peau. Sa peau si douce... Et là, alors que j'étais dans ses bras, que lui-même déposait de tendres baisers sur ma tempe, alors que mes mains touchaient cette peau que j'avais cru ne plus jamais toucher, cela me frappa de plein fouet : L'amour que j'éprouvais pour lui était plus fort que jamais. Il n'avait jamais été moins fort. J'avais cru qu'il l'avait été. J'avais cru l'aimer moins mais j'avais eu tellement tort et là, j'en avais enfin pleinement conscience. Je reculai alors mon visage et plongeai une nouvelle fois mon regard dans le sien. J'aimais tant m'y perdre... Jamais je ne pourrais m'en lasser.

-Je t'aime Aristide. Je t'aime tellement...

Je vis ses yeux briller d'émotion. Je savais qu'il avait senti à quel point je venais de parler du plus profond de mon cœur. Jamais je ne l'avais oublié, jamais, et je savais qu'il le savait. Je savais qu'il avait pu en douter mais qu'à présent, il n'en doutait plus du tout, et quand ses lèvres se posèrent sur les miennes, quand il m'embrassa avec amour, avec passion, je sentis mon cœur battre encore un peu plus vite et mon corps frémir. Mon corps qui bientôt fut pris d'assaut par les tendres caresses de cet homme si tendre et si merveilleux. Ses doigts glissèrent sur le tissu de mon débardeur et bientôt, ils attrapèrent le bord du t-shirt. Aussitôt, je me soulevai légèrement mais suffisamment pour qu'il puisse le retirer. Un instant plus tard, ce fut mes mains qui tirèrent sur son propre t-shirt pour le lui retirer. Allongée sur le canapé, je le regardai avec amour, soupirant en sentant ses doigts glisser tout doucement sur ma clavicule puis entre mes seins avant que ses mains ne retrouvent le creux de mes reins pour me coller de nouveau à lui, nos lèvres se retrouvant de nouveau unies dans un baiser des plus passionné. Mes mains quant à elles se plaquèrent dans son dos avant de remonter jusqu'à ses épaules pour le serrer contre moi tout comme lui me serrait avec force contre lui. La voilà ma bulle de bonheur. Elle était là, enfin. Je l'avais retrouvée.

Je l'avais retrouvé, lui.
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Aristide Tetropoulos
Εἶς ἀνὴρ οὐδεὶς ἀνὴρ
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MessageSujet: Re: Never thought that I would get here [PV Aristide]   Never thought that I would get here [PV Aristide] Icon_minitimeSam 5 Nov - 22:27

Son rire magnifique finit par jaillir, me faisant sourire encore davantage. Il me semblait ne plus l’avoir entendu rire de la sorte de puis des semaines, des mois et sans n’abusais-je pas en pensant cela. Cela faisait tellement longtemps que nous ne nous voyions plus de cette manière à présent… Nous avions été ami mais jamais nous n’avions rit de cette manière pleine de simplicité et de joie, nous sachant parfaitement en droit d’éprouver du bonheur à être ensemble. Mais maintenant, nous avions ce droit, et personne n’allait nous le retirer. Personne ne viendrait empiéter sur notre bonheur même si, je le savais, Alexander repointerait certainement le bout de son nez d’un moment à l’autre. Je préférais néanmoins ne pas y penser, mais seulement me concentrer sur l’amour de ma vie que je tenais dans mes bras et qu’enfin j’allais pouvoir aimer comme telle. Je dû me retenir de rire à mon tour lorsqu’elle prit un air malicieux, faisant mine de réfléchir à mes paroles. Cependant, je ne me retins pas lorsqu’elle finit par m’annoncer qu’elle se souvenait de certaines choses mais que les bases lui manquaient, ne pouvant m’empêcher d’être extrêmement heureux du fait qu’elle réponde aussi ouvertement à mon invitation. Nous allions passer un moment magique, et rien n’allait venir le gâcher. Rien du tout. Aussi, après ce bref éclat de rire, je glissai avec tendresse mes lèvres sur les siennes et l’embrassai tout en laissant ma passion parler pour moi, n’ayant plus peur qu’elle me repousse. Comme c’était bon… Pouvoir l’embrasser de cette manière après tout ce que nous avions vécu représentait un véritable miracle pour moi. Dire que j’avais cru que plus jamais je ne la toucherais, plus jamais je ne l’embrasserais… C’était tout simplement merveilleux que de se rendre compte que la vie, finalement, ne nous jouait pas que de mauvais tours même si finalement, j’étais le seul à être pleinement heureux. Gabrielle souffrirait encore longtemps de la perte d’Alexander, c’était certain, mais j’avais bon espoir de l’aider à traverser cela et me revenir entièrement. Oui, j’avais l’espoir de la rendre heureuse de nouveau. Au bout de quelques instants, je me reculai légèrement avec ce même sourire aux lèvres puis commençai à monter les marches menant au second étage, désireux de lui faire oublier Alexander ne serait-ce que quelques heures tout comme je le lui avais promis. C’était bête, simple, mais quelques heures seraient toujours un répit que nous ne pouvions négliger et puis, elles signeraient également nos retrouvailles. Pourtant, je dois bien l’avouer, l’appréhension me serrait le cœur tandis que nous montions lentement à l’étage, prenant grand soin à ne surtout pas la faire tomber. Je craignais d’échouer, en réalité. De m’y prendre si mal qu’elle ne penserait à rien d’autre qu’à lui. Nous n’avions fait l’amour qu’une seule fois et quelque part, nous savions dès le début que ce serait l’unique fois alors… Peut-être que cette donnée avait faussé nos impressions. Peut-être que le fait de savoir que plus jamais je ne la retoucherais lui avait donné l’impression de plaisir alors qu’en réalité… Bon sang. Aristide, tais toi. Je n’allais quand même pas douter de mes compétences sexuelles maintenant, si ? Non. Mais je l’avoue, j’avais quelque peu la pression tout de même.

Arrivés à l’étage, je me penchai légèrement sur Gabrielle pour lui demander où se trouvait sa chambre, ne connaissant absolument pas sa maison pour n’y être quasiment jamais allé et même si, certainement pas dans sa chambre. C’est pourquoi son expression me surpris : Etais-je censé le savoir ? Avais-je fait une gaffe ? Je ne comprenais pas pourquoi son sourire s’était soudainement évanouit, et encore moins pourquoi elle me regardait de cette manière… J’avais dû louper quelque chose, ou dire quelque chose de débile mais j’avais beau répéter mes mots dans ma tête, je ne voyais pas. Et j’avais peur, très sincèrement peur d’avoir tout gâché sans même m’en rendre compte, alors que je désirais seulement lui faire du bien, participer à son épanouissement. Bref, j’étais complètement paumé et le temps qu’elle mit à m’expliquer ne m’aida pas à m’y retrouver, bien au contraire. Ce sentiment de peur s’accentuait en moi au fil des secondes, jusqu’à ce qu’elle hoche négativement la tête. Oh, d’accord. Je voyais. Elle venait de se rendre compte que finalement, elle n’en avait pas envie. Sinon pourquoi cette réaction ? Ce n’était pas grave après tout, je comprenais tout à fait. D’ailleurs, je m’apprêtai à la reposer par terre lorsqu’elle m’annonça qu’elle ne pouvait pas, m’arrêtant néanmoins à la fin de sa phrase. « Pas là ». Ah… Oui, ça aussi je le comprenais, et en y réfléchissant une seconde ça ne me disait rien non plus de coucher dans le lit de Monsieur Alexander. Elle n’avait pas besoin de s’expliquer, je la comprenais, aussi me penchai-je rapidement sur son front pour l’embrasser avec douceur sans répondre le moindre mot. Ce n’était pas un problème… Enfin, si, un peu parce qu’à ce compte là, où allions-nous pouvoir aller ? C’est ce que je lui demandai avec le plus de douceur possible, essayant de ne pas passer pour un obsédé impatient. Après presque un an d’attente, croyez bien qu’attendre encore un peu ne m’aurait pas dérangé mais il s’agissait d’une question que nous aurions à traiter à un moment ou à un autre. Où aller pour se retrouver seuls, pour avoir un peu d’intimité ?

Le grenier. C’était étrange, je l’admets, mais pas forcément désagréable. J’avais déjà fait l’amour dans des endroits incongrus (même si j’avoue que celle là on ne me l’avait jamais fait) et finalement cela ne changeait pas grand-chose. Finalement, Gabrielle tendit le cou pour m’embrasser puis, comme elle le souhaitait, je la reposai par terre avant de la suivre vers la petite trappe menant, je le supposais, au grenier. Je me mis alors sur la pointe des pieds pour attraper l’échelle puis tirai, nous ouvrant la voie vers… Eh bien, vers de très plaisantes contrées pour être tout à fait honnête. A cette pensée, je glissai une main pleine de douceur sur la joue de Gabrielle. Oui, nous allions passer un moment plus qu’extraordinaire… Un moment magnifique et heureux, celui de nos retrouvailles parfaites pour, je l’espérais, ne plus jamais nous séparer. Je finis par monter à l’échelle, attendis que Gabrielle en fasse de même, puis la remontai : Ni vu ni connu. Personne ne pourrait nous surprendre mis appart en venant ici par hasard ou en entendant quelque chose mais… C’était peu probable, et nous allions faire attention. Hors de question de voir Alexander pointer le bout de son nez dans les cinq prochaines heures (oui je rêve, et alors ?) sans quoi je risquais vraiment de quitter cette vie plus tôt que prévu. En tout cas semblions-nous tranquilles pour le moment. Me retournant, je jetai un coup d’œil aux lieux. C’était… Le bordel ? Oui, voilà, mais en même temps je ne pouvais m’empêcher de sourire. On aurait dit deux enfants qui se cachaient de leurs parents en montant au grenier, même si je devais bien admettre que c’était plutôt sale aussi. Je finis cependant par remarquer un canapé relativement en bon état et attrapai un drap posé sur un meuble avant de le secouer fortement. Après avoir manqué de mourir d’asphyxie, j’éternuai une bonne dizaine de fois puis posai enfin ledit drap sur le canapé. Là…C’était mieux comme ça. Alors seulement, je relevai les yeux et vis Gabrielle qui me regardait, un fin sourire étirant ses lèvres. Le même naquit sur les miennes, bien que je sentais soudainement une puissante impatience me serrer la gorge. J’avais envie qu’elle approche, qu’elle me laisse l’embrasser, la toucher. Qu’elle me laisse être cet homme que j’avais toujours voulu être : Son homme.

Comme si elle avait entendu mes souhaits, elle finit par s’approcher doucement puis glissa ses mains sur mes joues avant de m’embrasser. Aussitôt, je posai mes propres mains sur ses hanches, la ramenant lentement à moi, désireux d’être au plus près d’elle et sentant d’ores et déjà mon désir se manifester à la manière d’une douce chaleur qui se répandrait dans mon corps. Elle recula cependant son visage au bout de quelques instants, me permettant de la dévorer des yeux tout comme j’avais envie de la dévorer tout court. Mais j’allais le faire, puisqu’après tout j’en avais le droit. Désormais, oui, j’en avais le droit et croyez-moi, j’allais en profiter. Nous étions jeunes, nous étions beaux, nous étions en pleine forme, alors pourquoi ne pas vivre pleinement ? Pourquoi ne pas croquer cette vie qu’on nous offrait à pleines dents ? En tout cas, moi, j’avais envie de vivre, de me sentir réellement vivant. De rire et de l’aimer, de ne jamais me séparer d’elle. J’avais attendu, j’avais souffert, il était absolument hors de question que cela continue : Qu’importe les difficultés, qu’importe l’avis des autres, ils pouvaient tous aller se faire foutre. Tous. A présent je voulais vivre ma vie sans plus me soucier de rien si ce n’est le bonheur de ma Gabrielle, de mon fils, de mes amis. Les seules choses véritablement importantes en ce monde. Aussi, lorsque je sentis de nouveau les lèvres de ma bien aimée contre les miennes profitai-je de ce baiser comme si c’était le premier et finalement, oui : Le premier de notre vraie vie ensemble. Le premier de notre vraie relation. Il fut premièrement doux, tendre, avant de se teinter d’une passion qui accentua encore mon désir si bien que je finis par resserrer mon étreinte. Je ne voulais plus la laisser filer. Je n’allais, de toute façon, plus jamais la laisser filer. Au bout de quelques instants je finis par esquisser un pas en avant, désirant me rapprocher du canapé, puis un autre, et encore un autre jusqu’à l’y allonger doucement. Notre baiser cessa alors et je reculai un peu mon visage pour pouvoir l’observer, glissant une main dans ses cheveux. Seigneur, pourquoi ? Pourquoi ?! Pourquoi avait-elle coupé ses si beaux cheveux…

Je sentis ses doigts se poser sur mes lèvres, en dessinant les contours, et essayai de les embrasser au passage, avant qu’ils ne descendent vers mes épaules puis mes bras. Alors, j’avançai de nouveau mon visage vers le sien et embrassai doucement ses cheveux, sa tempe, sa joue, son menton. J’avais envie de la couvrir de baiser comme elle le méritait tant, envie de la traiter comme une muse, une déesse. Je savais que cette adoration que je lui vouais pouvait frôler le ridicule mais n’en avais cure, après tout mieux valait-il aimer mille fois trop sa femme plutôt que de la quitter, si vous voyez ce que je veux dire. Mes lèvres descendirent lentement dans son cou tandis que ses doigts vagabondaient sur mon torse et aussitôt, j’eus un léger regret de m’être relativement laissé aller ces derniers temps. Note pour moi-même : recommencer les séries d’abdos le matin, ne serait-ce que pour faire plaisir à mon Aimée. Il ne s’agissait pas à proprement parler de superficialité, mais je l’avoue, j’avais envie de lui faire envie. Envie de la faire fantasmer, de lui plaire, bref d’être à son goût et pour ce faire j’allais devoir me remettre à l’exercice. Je fus néanmoins sortis de ces piteuses pensées lorsque je la sentis se reculer légèrement et, à mon tour, me reculai pour la regarder. Un doux sourire étira mes lèvres alors que nous nous observions mutuellement, un sourire mis amusé mis ému. Je l’avoue, j’avais du mal à réaliser pour le moment. Ces instants me paraissaient irréels, comme dans un rêve, un simple songe. Il me faudrait sans doute quelques heures pour réellement me rendre compte de leur véracité, pour vraiment accepter que cette fois il ne s’agissait pas seulement d’un tour de mon imagination. J’avais rêvé tant de fois de la retrouver de cette manière qu’à présent, je ne savais même plus si je devais réellement y croire ou non mais préférai ne pas me poser la question, question qui finalement m’importait peu. Même si ces instants n’étaient qu’un songe, ils me rendaient heureux, voilà tout ce qui comptait à mes yeux. Néanmoins, j’eus encore davantage l’impression de rêver lorsque Gabrielle me dit finalement qu’elle m’aimait d’une voix particulièrement douce, particulièrement sincère et ce fut plus fort que moi, les larmes me montèrent aux yeux. Parce que j’étais heureux, bien plus que je ne l’avais été depuis longtemps, depuis qu’elle m’avait quitté en réalité. Sans elle… Non. Je ne voulais plus y penser, ni même formuler ces quelques mots dans mon esprit. Il n’y aurait plus jamais de « sans elle » désormais.

Glissant mes lèvres sur les siennes, je m’appliquai alors à l’embrasser passionnément, laissant totalement mon envie d’elle parler, mon amour également. C’était en cela que Gabrielle n’était pas comme les autres. A mes yeux elle n’était pas une jolie paire de jambes ou de fesses, pas uniquement un objet de désir et je savais que même lorsque l’aube pointera le bout de son nez, je l’aimerais encore. Je l’aimerais, demain, et après demain, et tous les autres jours de ce monde car elle était la femme de ma vie, la seule. On aurait pu me proposer n’importe quelle autre femme, même la plus belle du monde, je n’en aurais pas voulu, désirant seulement Gabrielle. Uniquement elle. Au bout de quelques instants, je glissai mes doigts sur son corps, ce corps que j’aimais tant, que j’avais toujours aimé. Elle était ma perfection, et quoi qu’on puisse en dire ou en penser, je refusais de lui trouver le moindre défaut. Je refusais de ne serait-ce envisager qu’elle ne fût pas parfaite. Et j’avais envie d’aimer cette perfection, de lui donner du plaisir, de la rendre folle. J’avais envie de mettre à profit toute mon expérience pour la combler elle car, au final, j’en venais à penser que toutes celles que j’avais connues auparavant n’avaient fait que me préparer à aimer Gabrielle. Alors, lentement, je finis par attraper le bord de son débardeur et le retirer sans pour autant cesser de l’embrasser. A son tour, Gabrielle retira mon t-shirt puis recula doucement son visage pour m’observer alors que mes doigts parcouraient lentement son corps, courant sur sa clavicule, puis entre ses seins délicieusement ronds. Je sentais mon désir augmenter au fil des secondes et, en un instant, reposai mes mains sur ses hanches pour la coller contre moi, l’embrassant de nouveau avec fièvre. Ses propres mains glissèrent dans mon dos pour remonter jusqu’à mes épaules et, lentement, mes lèvres finirent par redescendre dans son cou, y déposant des baisers enflammés. J’allais lui donner du plaisir. J’allais lui donner plus de plaisir qu’on ne lui en avait donné, lui faire absolument tout oublier, et plus particulièrement Alexander. J’allais la rendre folle, tout simplement, mais folle de moi. De moi et de moi seul.

Aussi, mes lèvres descendirent encore jusqu’à sa poitrine que j’embrassai par-dessus ses sous vêtements, lentement, prenant mon temps. Après tout, plus rien ne nous pressait cette fois. Lentement mes mains quittèrent ses hanches pour se poser sur les boutons de son jeans et les défaire, n’interrompant pas mes baisers de plus en plus marqués, de plus en plus démonstratifs de mon désir. Mes dents allèrent même jusqu’à mordiller légèrement sa peau jusqu’à trouver une bretelle de son soutien gorge et la faire glisser de son épaule, me permettant de l’embrasser un peu plus bas. Lorsque j’eus ouvert son jeans, je pris un instant pour me reculer afin de le retirer, l’observant une seconde avec un désir non dissimulé. Je posai alors mes mains sur ses hanches, remontant doucement jusqu’à sa poitrine avant de faire glisser son autre bretelle d’un geste lent, mes yeux pétillants très certainement de ce désir qui ne cessait de croître en moi. Cependant, je ne comptais pas me glisser en elle tout de suite, oh non… Avant cela, j’allais faire en sorte de la rendre aussi dingue de moi que je ne l’étais d’elle. Je me penchai de nouveau, embrassant sa poitrine, son cou, avant de glisser mes mains dans son dos afin de défaire totalement son soutien gorge tout en exerçant une légère pression de mon entre jambe sur la sienne, me frottant doucement contre elle. Dès lors je me laissai aller jusqu’à agacer le bout de ses seins de ma langue, de mes dents, encouragé par les légers soupirs qu’elle laissait échapper. Tout en faisant cela, je glissai une de mes mains entre nous jusqu’à rencontrer sa culotte et la caressai lentement, me délectant de sa douce chaleur par delà le tissu. Au bout de quelques instants je finis néanmoins par franchir la barrière de son sous vêtement afin de la caresser d’une manière plus prononcée, mes lèvres ne cessant de taquiner sa poitrine. Malheureusement, j’avais beau souhaiter prendre mon temps, prendre le temps de lui donner le plus de plaisir possible avant de me laisser aller à venir en elle, je ne pourrais pas tenir très longtemps encore. Je la désirais, la voulais. Maintenant. Je voulais la sentir se cambrer et gémir maintenant, aussi finis-je par descendre lentement le long de son ventre que j’embrassai avec chaleur jusqu’à atteindre son entre jambe. Mes doigts la quittèrent alors pour venir abaisser lentement sa culotte et, sans attendre une seconde de plus, je plaquai ma bouche contre son intimité, la dévorant tout comme j’en avais tant envie. Le bout de ma langue trouva rapidement le point le plus sensible de son anatomie, l’agaçant lui aussi, tandis qu’une de mes mains remontait progressivement le long de son corps jusqu’à trouver sa poitrine et la caresser sensuellement. L’autre me permit de défaire mon propre jeans dans lequel je me sentais de plus en plus à l’étroit.

Je la sentis se cambrer, gémir et soupirer sans doute de plaisir alors que ma langue s’appliquait, titillant sans relâche ce point si sensible de son corps. Les minutes s’écoulèrent sans que je ne me décourage, jusqu’à ce que je l’entende gémir un peu plus fortement et aussitôt, je reculai mon visage, refusant de la laisser jouir aussi vite. J’avais envie de jouer avec elle, même si je ne désirais pas la frustrer, aussi remontai-je lentement mes lèvres vers sa poitrine, puis son cou, laissant retomber l’excitation quelques instants avant de recommencer, toujours avec fièvre. Plusieurs fois, je la sentis sur le point d’atteindre la jouissance et me stoppais aussitôt avant de reprendre, quelques instants plus tard. Aussi, lorsqu’enfin je pris la décision de continuer jusqu’au bout, je sentis son corps entier se tendre, se crisper de plaisir alors qu’elle laissait échapper de profonds gémissements. C’est stupide, mais cela me rendait heureux. Heureux de lui avoir procuré du plaisir, de la satisfaction, heureux d’avoir su dompter son corps également. La laissant reprendre son souffle, je profitai de ces quelques instants de calme pour retirer tout à fait mon jeans puis mon boxer, m’allongeant alors de nouveau sur elle. Mes lèvres retrouvèrent les siennes que j’embrassai avec passion, avec fougue tandis qu’une de mes mains glissait entre nous deux pour me guider en elle. Je laissai échapper un profond soupir, retrouvant cette douce chaleur qui m’avait tant manqué, ce corps que j’avais tant aimé et que je pouvais de nouveau aimer aujourd’hui. Que j’allais aimer aujourd’hui. Lentement j’entamai une première série de vas et viens, l’embrassant toujours avec fougue, mes coups de reins se montrant doux bien que profonds. Puis, je glissai mon visage dans le creux de son cou, laissant échapper des gémissements rauques alors que j’accélérai doucement le rythme, l’embrassant et la mordillant au passage. Oui, je voulais faire durer le plaisir mais malheureusement, je ne pouvais pas me tenir davantage de lui faire l’amour passionnément, fiévreusement. Mon corps entier était brûlant d’amour pour elle. Mon corps entier réclamait son corps à elle.
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