Des.....Quoi ?! | Diane

"Tu veux...Quoi ?"

Perplexe, je regardais la brune Diane plantée devant moi, une demande plus que surprenante aux lèvres. Accroupie après un essieu qui gripait, je me redressais lentement, indécise. Elle se moquait de moi ou non ? A vrai dire, ce n'était pas vraiment le style de la jeune femme, mais sur le coup, j'avoue que j'avais un...doute...Et sérieux le doute. Lucia leva un regard sur mon visage, un éclatant sourire aux lèvres, le visage maculé de gambouis. Enfin, cela ne se voyait que difficilement sur sa peau sombre mais quand même, j'étais bonne pour la frotter dans le bain...

"Des...Poneys...Illuminés ?"

répétais je lentement pour être sure d'avoir bien compris. Et d'une parce que venant d'une femme aussi discrète que Diane, c'était déjà étrange, mais en plus des poneys ?! Non sérieusement...Je me baissai attrapant un torchon qui trainait et me nettoya les mains comme je le pus, préférant soudainement me concentrer sur le torchon tout en réfléchissant a ce qu'elle me demandait. Bon alors cette demande n'aurait pas dû me surprendre a ce point lorsqu'on savait qu'elle allait se marier avec le clown qui servait de frère a Lizzie. D'ailleurs, il n'y avait pas plus opposés que les deux là. Alors l'entendre me demander très sérieusement un poney illuminé...J'avoue que je faillis finir sur le cul. Je me souvenais qu'elle était arrivé avec le reste de la communauté New Yorkaise, fuyant les troubles et, a vrai dire, je ne m'étais pas totalement mêlée a eux. Pour autant, je leur rendais service, comme je pouvais le faire pour les autres. Par les temps qui couraient, on avait besoin de se serrer les coudes n'est ce pas ?

Je reposai le torchon avant de poser mes mains sur mes hanches, par dessus le jean de ma salopette, regardant Diane bien en face.

"Bon, je peux te faire ça mais...franchement Diane, tu es sûre de toi ? Pour les poneys hein ! tu n'aurais pas quelque chose de plus facile ? Comme des étoiles ?"

Lucia s'accrocha a la jambe de ma salopette. C'était une petite fille heureuse malgré tout et je dois dire que je faisais des pieds et des mains pour que ce soit le cas. On savait tout de suite que ce n'était pas ma fille. Africano-Américaine, Lucia dénotait par rapport a moi, mais je ne l'en aimais que davantage.

Pour le coup, je plaidais coupable. Dans son délire, Evan avait évoqué des poneys et je n'avais pas trop voulu le brusquer, alors j'avais dit oui sans trop réfléchir, espérant à moitié qu'il oublierait tout une fois qu'il serait revenu dans son état normal ( si tant est qu'Evan avait un état normal ). Malheureusement pour moi, mon fiancé n'avait pas eu de blancs de mémoire et j'étais prise pour m'occuper de la préparation du plus merveilleux mariage qu'il y avait eu ces dernières années. C'était ses propres termes, parce que franchement, je doutais qu'on puisse qualifier un mariage effectué sous la bénédiction de poneys de merveilleux. Encore, si l'entrée de la mariée se faisait sur eux, c'était une chose - mais ça, je n'allais pas en parler. Des plans pour qu'Evan me prévoit une arrivée à dos de chats de gouttière.

Et, évidemment, il fallait que ce soit moi qui présente l'idée, puisque monsieur était cloué au lit pour le moment. Franchement, je me voyais mal demander cela. Surtout que je ne connaissais pas beaucoup Jessica, même si on m'avait assuré qu'elle était très serviable et qu'elle était très habile de ses mains. Bon, moi je m'en fichais un peu, j'espérais à moitié que les poneys seraient ruinés, ça me donnerait une bonne excuse pour avoir un mariage NORMAL. Comme s'il ne fallait pas déjà que j'endure la soeur d'Evan et son meilleur ami...Bref, tout ça pour dire que j'avais répété devant le miroir avant de venir voir miss Emerton. Ça avait eu l'air ridicule et j'en aurais rougi de honte si mon fiancé m'avait entendue, mais les faits étaient là. Une telle demande ne pouvait pas être faite à la légère. D'ailleurs, tout avait eu l'air bien mieux lorsque je l'avais fait dans ma tête. Je bafouillais trop. Ça avait donné quelque chose du genre : Yeveuxdéponyponaypnopey? Et là, des yeux ronds. On recommence !

- Ahem...oui. Des poneys. Des bébés chevaux. Enfin, tu vois, quoi.

Je me grattai la nuque, pensive. Je ne voyais pas comment expliquer cela. Après tout, c'était mon mariage, je faisais bien ce que je voulais, non ? Enfin, ce qu'Evan voulait, surtout. S'il n'y avait que ça pour lui faire plaisir, moi, ça me convenait, cependant. J'étais de plus en plus nerveuse au fur et à mesure que la date approchait. Préparer un mariage en temps normal, c'était un stress, en préparer un à Elyzabethtown...c'était irréalistes. Ça mettrait un peu de joie dans la vie des villageois, certes, mais je me fendais en quatre pour arriver à un résultat minable. Une robe à peu près blanche, potable, rien de plus. Des poneys. Des serviettes roses. Le seul truc qui allait bien, c'était mon physique. Il y avait longtemps que ma peau n'était plus marquée et, dieu soit loué, mes cheveux avaient assez repoussés pour que je puisse en faire quelque chose d'intéressant. Mes mèches retombaient d'ailleurs dans mon visage. Je venais de passer la journée auprès d'un enfant malade, j'étais fatiguée, j'espérais juste que Jessica ne voudrait pas discuter trop longtemps.

- Bah, tu connais Evan. Il aime être original. Franchement, je pense qu'il serait capable d'annuler le mariage si jamais il arrivait et que les poneys n'étaient pas là...

Je baissai les yeux vers la petite puce qui se tenait contre elle. Un léger sourire se dessina sur mon visage. Les enfants étaient tellement innocents...si mignons.

- Et puis, tu as Lucia pour t'aider. Je suis certaine qu'elle ne sera pas contre un brin de bricolage.

Oui, je voyais très bien ce qu'était des poneys, seulement, je me demandais ce que ces animaux venaient faire dans la conversation ou même motiver une demande étrange de la part de Diane. Ok, elle était fiancée a l'huluberlu de service mais quand même, ce n'était pas contagieux si ? A la regarder, j'allais finir par penser que si. Je m'éclaircis la gorge.

"Si, si, je sais ce que c'est....Mais je t’avouerais que ta demande...Enfin tu imagine ce que je peux penser."

Et j'éclatai de rire. Ainsi, c'était Evan le responsable ? Cela ne m'étonnait plus vraiment tout d'un coup.

"Mon dieu ! Ce type a des idées bizarres ! Des coeurs, des fleurs...Des rubans illuminés, j'aurais compris mais des poneys...Franchement...."

Je secouai légèrement la tête, regardant Lucia qui me sourit de toute ses dents manquantes pour certaine. Je passai une main tendre dans ses cheveux crêpus avant d'ouvrir la bouche.

"Qu'est ce que tu en pense Lucia ? Tu crois que l'on peut fabriquer des poneys en lumière ?"

La petite fille s'agrippa a ma jambe, foura son pouce dans sa bouche, semblant réfléchir sérieusement a la question. Question que je n'étais pas sûre qu'elle ai bien comprise d'ailleurs. Mais Lucia possédait une réelle joie de vivre qui faisait défaut a beaucoup d'adulte par cet ère d'apocalypse. Elle fini par hocher la tête, l'air sûr d'elle. Très bien.

"Marché conclu."

repris je en levant les yeux sur Diane avant de me penchant pour attraper Lucia et la caler sur ma hanche.

"Viens boire un café, tu m'expliqueras ce que tu veux en détail. Tu as de la chance, j'ai récupéré des fibres optiques neuves dernièrement, une chance."

L'invitais je en indiquant la porte menant a ma maison située derrière moi. J'étais estomaquée d'une telle demande et en même temps, je sentais une légère excitation m'étreindre a l'idée de le faire. Cela serait franchement amusant, je le sentais. Et on manquait de rire dans cette ville, vraiment de beaucoup de rire. Lucia avait besoin d'entendre des rires autour d'elle...

Ah ça, ce qu'elle en pensait, je le devinais très bien. Elle devait hésiter entre prendre ma température pour voir si je n'étais pas malade ou me déclarer folle d'office. Allez, je m'étais posé les mêmes questions quand j'avais connu Evan et j'avais finalement passé par-dessus mes jugements. Ou presque. Je fus quand même soulagée lorsqu'elle se mit à rire, semblant accepter de m'aider dans cette étrange aventure.

- Ma faute. La prochaine fois qu'il se mettra à délirer, je saurai qu'il vaut mieux l'assommer avant de ne s'engager à toutes sortes de choses étranges...du genre se marier avec des poneys illuminés.

Malgré tout, je ne pouvais pas dire que j'étais malheureuse. Mon mariage serait seulement remarquable et tout le monde s'en souviendrait longtemps...il faudrait seulement que je pense à parler au prêtre pour lui mentionner que toute demande d'Evan était à approuver par moi, juste au cas où il aurait envie de me faire une surprise que je n'apprécierais pas vraiment. Un petit sourire aux lèvres, je regardai Jessica s'adresser à la belle enfant qui la collait. C'était tellement mignon...je voyais bien qu'elle l'aimait. Ça faisait toujours du bien de voir que l'amour existait quand même, alors que le monde était complètement fou. Puis, Lucia était du genre d'enfant qui aurait fait sourire n'importe qui. Je me demandai si je serais comme ça avec mes enfants. Si j'en avais. Aucun doute, Evan serait un papa des plus génials, ça c'était clair.

- Merci, vraiment, mais écoute, ne te démène pas trop, ok ? Je sais que c'est mon mariage, mais je m'en voudrais de te faire passer trop d'heures là-dessus.

Je n'avais jamais été du style à m'émoustiller pour un mariage princier. J'étais terre à terre et tout le flafla qu'il y avait autour des unions, j'avais toujours trouver que c'était beaucoup trop pour rien. Bon, certes, c'était mon mariage, donc j'étais forcément plus enthousiaste, mais je survivrais même si mes confettis n'avaient pas un diamètre parfait. Disons que je ne piquerais pas une crise, du moment que c'était joli et que j'étais avec Evan.

- Je les verrais à peu près grands comme ça, fis-je en lui montrant une dimension avec mes mains. Pour les couleurs, fais avec ce que tu as, c'est pas grave. Et la lumière, si c'est possible que ce soit coloré...je n'ai jamais aimé que ça soit trop blanc, tu vois ?

Je posai les yeux sur sa fille qui s'agrippait toujours à elle et remontai vers Jessica. Je ne la connaissais pas beaucoup, je n'avais pas passé énormément de temps avec d'autres personnes que mon frère et Evan, à vrai dire.

- Tu as été mariée, toi ?

Je secouai la tête, estomaquée malgré moi.

"Il faudra que tu m'explique cette histoire de poneys, je suis irrémédiablement curieuse a ce sujet !"

Mais j'acceptais. J'acceptais parce que cela serait hilarant, parce que nous avions tous besoin de cela. D'un petit grain de folie. C'était peut être pour cela qu'une femme aussi rationnelle et terre à terre que Diane s'apprêtait a se marier avec un clown. Peut être qu'il était ce grain de folie qui lui manquait, dont elle avait besoin pour oublier les horreurs de la guerre et de ce monde ravagé. Je n'en savais rien et j'étais trop pudique pour poser cette question, respectueuse du secret des autres.

Je haussai un sourcil amusé.

"Oh que si je vais me démener...Ecoute Diane, on a pas souvent l'occasion de rire un peu, de faire quelque chose de...léger, amusant, rigolo, alors crois moi, je risque de me lacher concernant tes poneys."

Même si ce ne serait sa ns doute pas simple a faire d'une certaine manière. J'avais de la fibre optique mais le tout était de trouver des leds de différentes couleurs. Je pourrais démonter de vieux appareils pour récupérer ce qui pouvait encore l'être, certainement même. Je ne savais pas vraiment comment, mais j'arriverais a le faire. Un peu de fantaisie ne serait pas du luxe, je voulais que Lucia apprenne a rêver...J'invitais donc Diane a venir en discuter chez moi et, tandis que déposai Lucia sur le carrelage de la cuisine, je commençai a préparer le café tout en l'écoutant, surveillant ma fille du coin de l'oeil.

Je fini par déposer deux tasses fumantes sur la table avant de lever un regard surpris sur Diane. Je ne m'attendais pas a cette question en vérité. Je pris le temps de m'assoir avant d'enrouler mes deux mains autour de la porcelaine chaude.

"Non, j'ai faillis seulement...Enfin, nous en avions parlé a l'époque, je n'étais même pas fiancée et puis, finalement, il aimait avoir le beurre, l'argent du beurre et surtout la crémière, donc ça ne s'est jamais fait...Tu as peur ?"

- Tu n'es pas au courant ? J'aurais cru que Jackson l'aurait conté à tous, tellement il a trouvé ça drôle. C'est assez stupide en fait. Pendant les attaques et tout ça, Evan s'est fait prendre et a - encore - essayé de jouer au héros. Le résultat c'est qu'une charmante balle a pris son corps pour un hôtel cinq étoiles et que c'est moi qui ai dû le soigner. Il perdait tellement de sang...Je ne sais pas trop s'il s'est frappé la tête en tombant ou quoi, mais il s'est mis à délirer complètement. À dire que je ne devais pas travailler pour ne pas me fatiguer, que je devais faire attention parce que je portais supposément ses enfants. Ensuite, il a parlé de notre mariage, sans me demander mon avis, et quand j'ai osé protesté, il a pensé que de mettre des poneys dans l'équation résoudrait tout. Je te jure, j'aurais vraiment dû l'assommer.

Malgré tout, j'avais un petit sourire aux lèvres. Passé la peur de le perdre, l'épisode était assez rigolo. Une bonne histoire à raconter lorsque nos enfants nous demanderaient comment on s'étaient rencontrés, en tout cas. C'était original. On n'aurait jamais vu un mariage comme ça à ELyzabethtown. ( Avait-on déjà vu et reverrait-on un mariage dans cette ville ? )

- Et c'est comme ça que tu te retrouves investie de la mission sacrée de création des poneys.

Je portai de nouveau la tasse à mes lèvres. C'était chaud et bon, ça faisait du bien. Entre Evan et l'infirmerie, je ne fournissais plus. J'étais assez éreintée, en fait. Me détendre et juste parler entre copines ( Diane, habiletés sociales, +45, évolution en PapoteuseDiane ), c'était ce que j'avais vraiment besoin. Ça et d'un bon bain moussant. On se contentait de peu, j'imagine.

- Bon d'accord, fis-je tout sourire avant de reprendre mon sérieux. Par contre, et j'y tiens, si Evan vient te demander quoi que ce soit, tu ne l'écoutes pas. Je n'ai pas envie de poney chantant ou qui se transforme en feux d'artifices, ok ?

Connaissant mon fiancé, c'était bien possible. Enfin, au moins le mien était sympathique, pas comme celui qu'avait falli épouser Jessica. La pauvre. La cupidité, ça ruinait beaucoup de couples, quand on y pensait. L'avantage, c'était que dans ce monde de fous, ce n'était pas près d'arriver.

- Tu n'as pas manqué grand chose en somme... Lucia te convient mieux, non ?

Je souris à la petite avant de reprendre, me confiant un peu plus.

- Je suis morte de trouille. Evan est mon premier copain...je sais, ça sonne ridicule à mon âge. Mais c'est quand même le premier et je vais l'épouser.

Euuh...Bouche bée, j'écoutais Diane me conter en détails sa...demande en mariage ? Pouvait on nommer cela comme ça ? Pas sur sur le coup. Je savais que la maison de Jackson avait été attaquée, que lui et sa compagne s'en était sortit avec des bobos, sans parler des autres habitants comme le disait si bien Diane, mais a ce point ? Comment pouvait on faire une demande en mariage...Quoique demande n'était pas vraiment le bon mot d'après ce qu'elle me disait, aux portes de la mort ? Et penser que des poneys feraient mouche ?

Ceci dit...

"Alors...Ce n'est pas...Conventionnel...Je l'avoue...Mais je remarque une chose, ça a marché apparemment, puisque tu viens me demander des poneys en fibre optique."

remarquais je, un large sourire aux lèvres. C'était diablement amusant ce genre de péripéties, cela me faisait dire qu'au moins, il existait encore de la fantaisie dans ce monde, du rire...Mais dans le cas d'Evan, c'était carrément de la folie en fait. Et carrément hilarant vu que j'explosais de rire.

Je m'étais installée en face de Diane, ma tasse entre les mains et j'eus un regard proprement malicieux lorsqu'elle me dit de ne SURTOUT pas accéder aux demandes d'Evan. Je levai les mains en signe d'acquièsement.

"D'accord, d'accord ! Si tu estime qu'il risque de faire des demandes abracadabrantes..."

De toute façon, je n'étais pas une magicienne, donc je ne pouvais faire qu'en fonction de mes moyens et, avouons le, depuis la guerre mes moyens étaient limités. Et puis, elle sembla curieuse a mon endroit. Avais je déjà été mariée. Je pris le temps de réfléchir a la réponse mais le fis sans mentir. Nous aurions pu Adam et moi, c'était vrai, si je ne l'avais pas surpris dans les bras d'une autre, de la fille de son patron par exemple. Avec le recul, je ne lui en voulais plus, c'était vrai et même si j'avais eu du mal a m'en remettre et bien...La vie continuait et comme le disait si bien Diane, j'avais Lucia.

Je souris légèrement avant de caresser les cheveux de ma fille.

"C'était la petite fille de mes voisins. Des gens adorables que j'aimais beaucoup...Elle venait de perdre ses parents lorsque la ville fut bombardée...Il n'y a qu'elle qui ai survécu et je dois dire qu'elle fait ma joie a bien des égards."

Parce que grace a elle, je n'oubliais pas de vivre, ni de sourire, ni même de rire. Cela dit, je ne pus m'empêcher de lui demander si elle avait peur et elle confirma. Je haussai les sourcils de surprise.

"Ton premier petit ami ? Attends, tu te moque de moi ? Regarde toi, tu es jolie comme une fleur !"

Riais je doucement sans moquerie avant de reprendre plus sérieusement.

"J'aimerais beaucoup te rassurer mais...N'ayant jamais été mariée, je ne peux pas parler de ma grande expérience en la matière."

Fis je avec une petite moue avant de continuer.

"Après, personne ne peut garantir de la réussite d'un mariage, l'important est que tu l'aime je suppose, mais ça fait cliché, l'amour ne suffit pas toujours. Non, je dirais que c'est a toi de voir, tu te sens bien avec lui, a l'aise, il te fait rire...Moi je dis qu'il y a les bons ingrédients pour que ça fonctionne."

concluais je en levant ma tasse a mes lèvres.

L'air incrédule de Jessica combiné aux souvenirs de cette nuit-là me firent éclater de rire. Oui, c'était à peu près l'effet que ça faisait...Encore que ça aurait pu passer si nous avions déjà été en couple, mais non. Evan s'était bien acharné à me redonner le sourire - et je devais avouer qu'on avait fait des compagnons moins agréables - mais il ne s'était rien passé entre nous encore. Ça faisait vieilles demandes en mariage, lorsque les choses étaient arrangées d'avance et que les fiancés se rencontraient pour la première fois quelques jours avant le jour fatidique. Ça allait, j'aimais bien le mien. Je fus bientôt rejointe par la jeune femme - c'était difficile de résister, surtout que les occasions de rire étaient bien rares. Quand on le pouvait, on ne se gênait pas. Même Lucia, qui n'avait pas tout compris, émit un petit rire carrillonant absolument charmant. Elle était tellement mignonne...J'étais triste pour elle, qu'elle doive vivre dans un monde si laid.

- Crois-moi, les poneys illuminés sont un moindre mal, finis-je par dire, souriant toujours.

Je n'avais pas beaucoup parlé aux habitants de la ville, depuis que j'étais arrivée. À vrai dire, les seuls que j'avais abordé étaient ceux qui se faisaient soigner à notre hôpital de fortune. Je n'étais pas d'un naturel sociable, mais Jessica me semblait assez chouette. On pourrait peut-être devenir amies ( dans les moments où Evan délirait vraiment, j'aurais une bonne raison de m'échapper ! ). C'était même parfait : Tomas pourrait jouer avec la petite, l'âge mental concorderait à peu près.

- Elle est magnifique.

C'était vrai qu'elle l'était. Peu importait que la couleur de peau ne soit pas la bonne, on voyait bien qu'elle aimait Jessica. Je lui souhaitais tout le bonheur possible, perdre ses parents c'était difficile ( j'étais plus vieille qu'elle quand mon père était décédé, ce qui ne m'avait pas empêchée d'être anéantie. ) Sa seule chance était d'avoir été assez jeune pour oublier, ainsi que d'avoir eu Jessica sur sa route.

- Jolie peut-être, mais aussi obsédée par ses études. Brad Pitt serait passé à côté de moi que je ne l'aurais pas remarqué. Alors sans être mariée, tu es au moins dix fois plus expérimentée que moi.

Ce qui était nul, c'était que le choix en hommes était assez limité ici. Je lui souhaitais tout le bonheur possible - qui ne passait, de toute façon, pas par le concubinage.

- Et puis de toute façon, il n'y a pas d'avocats, on ne peut pas divorcer, riai-je, nerveuse. Merci, tu me rassures.

"C'est vrai."

Approuvais je doucement en caressant lentement les cheveux de ma fille qui en eu subitement marre de se faire tripoter et repoussa ma main avec un coup d'oeil agacé qui me fit rire. Cependant la conversation roula sur les doutes de la jeune femme. Je marquais ma surprise alors qu'elle m'avouait le plus tranquillement du monde qu'Evan était son premier petit copain, quoique là, ils passaient directement au stade mari et femme. C'était un coup de poker d'une certaine façon mais j'étais bien incapable de lui donner des conseils vu mes propres relations. Il pouvait y avoir la lassitude, l'ennui, la routine qui s'installait. La mesentente, d'autre femme ou homme. Tellement de chose qui pouvait faire qu'un couple ne marche pas.

J'éclatai de rire.

"Brad Pitt carrément ?! Mon dieu, ce type serait passé a coté de moi que je l'aurais violé !"

Je pouffai encore un peu, le nez dans ma tasse avant de soupirer légèrement.

"Enfin,je suis peut être plus expérimentée mais je crois que cela n'a rien a voir, la preuve, je suis toute seule."

Je n'étais pas amère, loin de là, j'avais tellement a faire que de toute façon, je n'avais pas le temps d'y penser et puis, Lucia me suffisait même si parfois, j'aurais sans doute aimé l'épaule d'un homme pour me reposer un peu.

"Franchement Diane, avec un tel hurluberlu, je ne suis pas sure que la monotonie s'installe entre vous, déjà, donc tu oublie la routine en motif de rupture. Ensuite, ça a pas l'air d'être le genre de type a sauter tout ce qui bouge, pardon pour ma vulgarité. Mais il doit être fatiguant au quotidien non ?"

Je reposai ma tasse sur la table, posant une main sur celle de Diane.

"Et puis tu sais, même si il n'y a plus d'avocat, un accident est vite arrivé..."

Mon regard pétillait de rire contenu, il était évident que je plaisantais !

"Cependant, tu as peur de te marier avec lui ou peur du mariage tout court ?"