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 Russian Roulette {ETHAN & ALEXEÏ}

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Katarina K. Jones
In the shadow of your heart.
Katarina K. Jones


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MessageSujet: Russian Roulette {ETHAN & ALEXEÏ}   Russian Roulette {ETHAN & ALEXEÏ} Icon_minitimeSam 2 Juil - 21:31

Deux semaines. Sasha avait deux semaines. Et il allait parfaitement bien, si l'on mettait de côté son caractère peureux. Il prenait du poids correctement, à un rythme tout à fait normal pour un nouveau né de son âge. Il allait bien. Et c'était tant mieux. J'étais bien heureuse qu'il soit en parfait santé. J'avais eu un petit peur pour lui, je le reconnais, à cause de ma grossesse difficile. Mais Sasha était fort, c'était un battant. J'étais extrêmement fière de lui, même si ce n'était encore qu'un bébé. C'était mon fils, je ne pouvais qu'être fière de lui. Je n'étais d'ailleurs pas la seule à être fière de lui. Ethan l'était, énormément. Il s'avérait qu'au final avoir un fils le rendait terriblement fier. Même s'il avait eu peur jusque là, il avait rapidement compris qu'avoir un fils n'était pas si différent d'avoir une fille. Évidemment que si, c'était différent, mais pas au sens premier du terme. Un fils c'était aussi la chair de sa chair et son sang, c'était son enfant. Un fils, c'était quelqu'un qui transmettrait son nom plus tard. Quelqu'un à qui il pourrait apprendre les choses réservées aux garçons. Ce n'était pas nécessairement quelqu'un qui ferait les mêmes erreurs que lui... Déjà parce qu'il ne le laisserait pas faire, parce que je ne le laisserais pas faire. Et surtout parce qu'ils n'étaient pas la même personne, voilà tout. Ce n'était pas une copie de lui même, c'était un être tout nouveau, tout différent. Et cela il l'avait enfin compris. Il s'était fait une raison plus vite que moi... Je m'étais calmée depuis que nous avions eu cette discussion après la naissance de Sasha. Je m'étais rendue compte que ma paranoïa n'était peut-être pas aussi justifiée que je le pensais. Je me détendais de plus en plus, ma paranoïa s'estompait lentement. Oh, je continuais à garder Sasha près de moi, et à le prendre quand il me réclamait. Mais je le laissais avec son père, je laissais nos visiteurs le prendre dans leurs bras... Ce qui ne durait jamais très longtemps, étant donné qu'il se mettait à pleurer presque immédiatement.

J'étais toujours fatiguée, mais je m'étais plutôt bien remise de mon accouchement, étant donné la difficulté de ce dernier. J'étais moins pâle, mon teint était moins blafard, j'avais repris des couleurs. Ce n'était pas vraiment étonnant, je passais la plupart de mon temps à me reposer. Je n'étais pratiquement pas sortie de chez nous depuis la naissance de Sasha. Tout le monde avait exigé que je me repose, Ethan et Jackson les premiers. Pas question de recommencer à travailler alors que je tenais parfois à peine debout. Et puis pour une fois je ne m'en plaignais pas, trop contente de passer du temps avec Sasha. Pour le moment je ne me voyais pas le confier à quelqu'un d'autre toute la journée. Ethan n'aurait certainement pas été d'accord avec cela non plus. Ce serait certainement délicat de le laisser à quelqu'un d'autre alors que je l'allaitais. Je ne me voyais pas faire des aller-retour toutes les deux ou trois heures. Ce ne serait absolument pas pratique. Je crois que je devrais trouver une solution pour le garder avec moi. Non pas que cela me dérange, loin de là. Et puis nous n'en étions pas encore là. Je n'avais pas l'intention de retourner à l'infirmerie avant encore deux semaines, le temps de vraiment reprendre toutes mes forces. Étant médecin, il fallait que je sois en parfaite condition physique, je ne pouvais pas me permettre d'être fatiguée. Je ne pouvais pas faire d'erreurs parce que j'étais fatiguée. Je ne pouvais pas risquer la vie des autres de cette façon. Certes, je culpabilisais un peu à l'idée de donner un peu plus de travail au autres, mais c'était plus simple ainsi, et surtout beaucoup plus sûr. Fort heureusement personne n'était gravement malade, et les autres n'avaient pas du travail par dessus la tête. L'avantage qu'il y avait à être en été, c'était que personne ou presque ne tombait malade. Et peut-être qu'il y aurait moins de malades cet hiver, puisque nous avions plus de moyens pour nous protéger du froid.

De toute façon, je n'avais pas vraiment la tête à être médecin pour le moment. Je n'avais envie que d'être une mère pour un certain temps. Évidemment je tenais à mon rôle d'épouse et de femme. Mais j'avais la sensation d'avoir négligé mon rôle de mère ces derniers temps, j'avais la sensation de trop m'être occupée des autres et pas assez de mes enfants. De Lena, surtout. Depuis que nous étions arrivés elle avait passé plus de temps avec Elizabeth qu'avec moi. Parce que j'avais voulu prendre mes marques à l'infirmerie, aider, m'occuper de la maison... Je ne savais pas si elle s'en était rendue compte, puisqu'elle semblait adorer jouer avec d'autres enfants et être dehors. C'était moi qui m'en était rendue compte, même Ethan n'avait rien remarqué. J'avais eu déclic en réalisant que je ne la voyais presque plus que le soir, pour le diner. J'avais donc décidé de la garder pour moi toute une journée. Elle ne s'en plaindrait, puisqu'elle ferait ce qu'elle voudrait de moi toute une journée. Pour une petite journée, j'avais décidé d'être souple avec elle, de la laisser faire ce qu'elle voulait. J'étais un peu moins permissive que son père, c'était un fait. Ethan se faisait avoir à chaque fois. Un petite sourire, une petite larme ou une petite bouille de malheureuse et hop! Elle avait ce qu'elle voulait. Elle avait essayé avec moi. Les trois de suite, puisqu'aucun ne marchait. Bon, elle ne faisait jamais de gros caprice, certes, mais tout de même. Il fallait bien que l'un d'entre nous soit un peu moins facile à avoir que l'autre... Et c'était moi. Même pas la peine de demander à Ethan de refuser quoi que ce soit à sa fille, c'était peine perdue. Il fallait espérer qu'elle ne demande pas un poney ou un château quand elle serait plus grande. Parce qu'il serait capable de tout lui trouver.

Malheureusement pour moi, Lena avait l'air toute fatiguée aujourd'hui. Ce n'était pas totalement étonnant, pourtant. Elle faisait ses dents, alors elle avait mal et passait de mauvaises nuits. Vers quinze heures, voyant qu'elle piquait du nez et manquait de finir la tête dans sa compote, j'étais montée la coucher. Elle n'a pas rechigné, elle n'a même pas bronché quand je l'ai déshabillée. Je ne lui ai laissé que sa couche et son tee-shirt pour qu'elle ait moins chaud. Elle a pris son Paddington dans ses bras et s'est roulée en boule dans son lit. J'ai attendu pour voir si elle ne se plaignait pas d'un quelconque mal de dent avant de sortir et de la laisser tranquille. Naturellement je suis allée voir comment allait Sasha. Il était réveillé et attendait sagement en suçant son pouce. Dès qu'il me vit il commença à s'agiter, à se frotter le nez et se mâchouillait son pouce. Il avait faim. J'ai retiré mon tee-shirt et mon soutien gorge et je me suis installée sur le lit, avant de le prendre dans mes bras. Une fois installée confortablement, je lui ai donné le sein, bien au calme. Il ne devait pas avoir très faim, puisqu'il n'a pas tété très longtemps. Lui aussi avait l'air fatigué. C'était certainement la chaleur... Après lui avoir fait faire son rot, j'allai le changer. Je lui retirai son pyjama et ne lui laissai que son body pour qu'il soit plus à l'aise. Cela eut l'air de lui plaire. Je le vis même tenter un sourire. C'était encore un peu vague, cela ressemblait encore à une petite grimace encore incertaine. Avant qu'il ne se soit endormi, je le déposai au centre de notre lit. En vitesse, je déplaçai son berceau dans sa chambre. J'avais prévu de faire du rangement et du ménage dans notre chambre pour occuper mon après midi, puisque tous les deux allaient faire une longue sieste. La chambre de Sasha n'était pas encore terminée, mais ce n'était pas grave, ce n'était que le temps d'une après midi.

Finalement, nous avions réussi à trouver de la peinture bleue. Après trois couches de blanc, Ethan avait tout repeint en bleu. Il y avait deux murs bleu ciel et deux murs d'un bleu un peu bleu profond. Les meubles de la chambre étaient tous blancs, rangés un peu dans le désordre dans la pièce. Il y avait une pile de vêtements sur la commode, et un tas de peluches entassées par terre. Les volets étaient ouverts. Je les ai refermés juste assez pour qu'ils restent entrouverts. Je voulais qu'il fasse sombre pour que Sasha puisse dormir, mais je voulais aussi que le peu d'air frais qu'il y avait passe. Je suis retournée chercher Sasha dans notre chambre, et après l'avoir bercé un moment, je l'ai déposé dans son berceau. Je suis restée à côté de lui le temps qu'il s'endorme, puis refermant un peu la porte derrière moi, je suis sortie. J'ai vérifié que Lena dormait toujours à poings fermés, et, rassurée, je suis allée me consacrer à mon petit ménage, me transformant en Cendrillon pour quelques heures. J'ai ouvert les volets complètement ainsi que les fenêtres, pour aérer la pièce. Puis j'ai refais le lit, retirant plusieurs couvertures, les nuits commençant à être trop chaudes pour les supporter. J'ai changé les draps, roulant les autres en boule pour les poser devant la chambre. Puis j'ai rangé l'armoire, que j'avais laissé se désordonner ces deux dernières semaines. Je n'ai pas pu m'empêcher de me dire que je ne porterais pas la moitié des tenues qu'Ethan m'avait forcée à ramener de chez moi. Enfin, au cas où... Ceci fait, je fis le ménage : je passai le balai, nettoyai les fenêtres, les meubles... Une vraie fée du logis ! J'étais assez maniaque quand je commençai à tout nettoyer. En une heure et demi, tout était parfaitement propre. Ethan ne s'en rendrait peut-être même pas compte, mais tant pis ! Moi je le savais et c'était l'essentiel.

Après avoir jeté un coup d'oeil aux enfants, j'allai m'allonger sur le lit avec un bon livre. Cela faisait une éternité que je ne m'étais pas mise au calme avec un bon livre. Je ne fis absolument pas attention à l'heure qui tournait, absorbée par ma lecture. Tant que les enfants ne me réclamaient pas, c'était que tout allait bien. Ou peut-être que non... J'eus un sursaut quand j'entendis quelque chose tomber au sol et se casser. Cela venait de la chambre de Sasha. Sasha qui était tout seul dans sa chambre. Est-ce qu'Ethan était rentré sans que je l'ai entendu, trop absorbée par mon livre ? Je refermai se dernier et sortis de la chambre, le cœur serré par un je ne sais quoi.

« Ethan ? Ethan, tu es rentré ? …Ethan ? »

Aucune réponse. Jetant un coup d'oeil dans le couloir, je vis que la porte de la chambre de Sasha était fermée. Fermée ? Je me souvenais pourtant de l'avoir laissée entrouverte. Et tout à coup Sasha s'est mis à hurler. Pas à pleurer, à hurler. Comme je ne l'avais jamais entendu hurler. Ses hurlements suintaient la peur, c'était terrible. Je fis un pas paniqué vers la chambre, quand je me figeai net, entendant une voix que je ne connaissais absolument pas. Je fis demi tour précipitamment, et me ruai dans notre chambre. Je savais qu'Ethan rangeait son arme dans le tiroir. Je tirai ce dernier violemment et m'emparai du pistolet, vérifiant vite qu'il y avait bien les balles à l'intérieur. Je le chargeai d'un geste sec, avant de me ruer à l'extérieur de la chambre. Je me précipitai sur la porte de la chambre de Sasha, que j'ouvris à la volée, la faisant claquer et rebondir sur le mur.

Je restai pétrifiée. D'horreur, d'effroi.

Un homme inconnu à l'allure absolument terrifiante tenait Sasha dans ses bras. Il était grand, blanc, mais sa peau était sale de terre et de je ne sais quoi d'autre. Ses cheveux étaient coupés très courts, presque à ras. Une barbe de quelques jours rongeait son visage. Ce dernier était couvert de cicatrices et de coupures encore fraiches. Ses yeux étaient sombres, très sombres. Il était maigre, entièrement vêtu de noir. Et il avait un sourire absolument sadique accroché aux lèvres. Sasha se débattait du mieux qu'il pouvait, remuant dans tous les sens. Il tendait les mains devant lui, comme pour repousser cet homme qui le terrifiait. Mais ce dernier le tenait fermement. Alors il hurlait. Il hurlait tellement fort qu'il devait en avoir mal. Jamais il n'avait pleuré si fort. Jamais il n'avait eu à pleurer si fort. Jamais je n'aurais cru l'entendre hurler de cette façon. Je ne pensais pas que la terreur pouvait si bien transparaitre dans les hurlements d'un nouveau né. Pourtant, si.

Sans réfléchir plus d'une demie seconde, je levai l'arme, visant du mieux que je pouvais le crâne de l'homme. J'étais morte de peur. Je ne tremblais pas, parce que j'étais pétrifiée par cette même peur. C'est comme si tout à coup mes craintes étaient confirmées, ma paranoïa était brusquement justifiée. On était en train d'essayer de me prendre mon fils. Je ne rêvais pas, je n'hallucinais pas, c'était bel et bien en train d'arriver. J'avisai des morceaux de porcelaine sur le sol. Un vase était tombé. Sans doute l'avait-il heurté en ouvrant la fenêtre, ou en entrant. C'était ce qui m'avait surprise. Et alertée. Je me souvins brusquement que j'étais seule. Seule, avec les enfants. Et ce voleur d'enfants. Déglutissant difficilement, je pris une profonde inspiration, l'arme toujours bien levée.

« Reposez mon fils immédiatement ! »

L'homme eut un petit rire, qui me glaça le sang. Toujours avec ce même air pervers et sadique, il caressa les cheveux de Sasha, qui se débattit et hurla de plus belle.

« NE LE TOUCHEZ PAS ! POSEZ LE ! POSEZ LE TOUT DE SUITE ! »

Bien sûr, que je perdis mon calme tout de suite. Cet homme avait mon fils, mon Sasha, mon bébé, entre les bras. Et il lui faisait peur. Affreusement peur. Ainsi qu'à moi. L'homme rit de nouveau.

« - Allons, allons, ma jolie... Ne crie pas... Tu lui fais peur...
- Reposez le. Reposez le tout de suite. Ne le touchez pas. Posez le et allez vous en.
- …Et pourquoi est-ce que je ferais ça ? Non... Je vais l'emmener avec moi... »

J'ai secoué la tête. Non, il était hors de question qu'il le prenne, qu'il l'emmène où que ce soit. C'était mon fils, il n'avait pas le droit de me le prendre. Il n'avait pas le droit. Non, il n'avait pas le droit.

« - Posez le. Remettez le dans son berceau. Immédiatement. Ou je vous jure que je vous tue...
- Je vais l'emmener avec moi... Il sera mieux avec nous... Si tu l'aimes, laisse moi le prendre, on va bien s'occuper de lui... Il ne se souviendra même pas de toi, il ne souffrira pas...
- TAISEZ VOUS ! Posez le, posez le ! Vous ne me le prendrez pas ! POSEZ LE. Je n'hésiterai pas à tirer. »

Oh non. Je n'hésiterais pas. Il ne me prendrait pas mon fils. Je le tuerais, je le tuerais... Je n'étais peut-être pas une excellente tireuse, mais j'étais certaine de pouvoir le tuer, sans faire le moindre mal à Sasha. S'il fallait que je le tue pour cela, je le ferais... Sans hésiter... Sans...

« Oh non, tu ne me feras rien... Je t'ai observée... Tu es l'adorable fille... Tu ne ferais pas de mal à une mouche... Laisse moi le prendre. »

J'ai secoué la tête. Non, c'était absolument hors de question. Oui j'étais l'adorable fille, mais là il s'agissait de mon fils. Mon fils, pour lequel j'avais craint pendant des jours entiers. Mon fils, que j'avais juré de protéger. J'avais juste voulu qu'il soit tranquille, le temps que je fasse la chambre, et... Et j'avais eu tort. Brusquement, je pensai à Lena. Oh mon dieu. Et si quelqu'un essayait de me la prendre aussi ? Oh mon dieu. Je ne pouvais pas aller vérifier. Si je sortais de la chambre de Sasha, il l'emmènerait. Mais si Lena... ? De panique, je me suis mise à pleurer. J'étais coincée. Terrifiée. Je ne pouvais bouger. Je perdais le peu de calme qui me restait très vite. Trop vite.

« POSEZ LE ! POSEZ LE, POSEZ LE, POSEZ LE !!! »

Lena s'est mise à pleurer elle aussi. Je fus soulagée de l'entendre pleurer. Elle était toujours là.

« Très bien, très bien... Je le pose... Regarde, je le pose... Du calme... »

Il s'est penché pour reposer Sasha dans son berceau. J'eus un soupir de soulagement. Un soupir toutefois plein de retenue. Ce n'était pas encore fini. Par inadvertance, je dus baisser mon arme de quelques centimètres. J'écarquillai les yeux lorsqu'il se redressa, l'arme au poing. Il fit immédiatement volte face, l'arme levée, l'air mauvais. Dans la panique, il a tiré au hasard, tandis que je faisais un pas sur le côté, par réflexe. Le coup de feu fit un bruit abominable. Pendant un dixième de seconde qui me parut interminable, je fus choquée, puis horrifiée, puis... Ce fut le vide total. Je me vis agir comme si j'étais une spectatrice extérieure. J'ai relevé l'arme, et visant approximativement, j'ai tiré. Autant de fois que j'ai pu. Une fois, deux fois, trois fois, cinq fois, six fois. Six fois, jusqu'à ce que le chargeur soit vide et que j'appuie sur la gâchette dans le vide. Le sang m'éclaboussa le visage, le corps entier. Lorsqu'il tomba, la tête de l'homme cogna contre le bord du berceau, laissant une trainée de sang sur ce dernier. À terre, le corps de l'homme fut agité de soubresauts nerveux pendant une minute interminable. Les yeux écarquillés d'effroi, je vis une mare de sang se former autour de lui très vite. C'était immonde, le sang giclait de sa poitrine, trouée par six balles, ce qui au final ne formait qu'un trou énorme. Des côtes avaient dû éclater, car je voyais des morceaux d'os sortir de sa poitrine. En plus d'autres choses, que je ne parvenais pas à distinguer assez clairement, tellement j'étais tétanisée par une brusque vague de dégout.

Réalisant ce que je venais de faire, je lâchai l'arme, qui tomba au sol avec un bruit métallique caractéristique. En larmes, je portai une main à ma bouche. Et puis soudain, une douleur brulante me foudroya l'épaule. Gémissant, je portai une main à mon épaule gauche. À peine effleurai-je cette dernière que la douleur me coupa le souffle de nouveau. J'avais cru qu'il avait manqué son coup. Qu'il m'avait ratée. Je m'étais trompée. Il m'avait touchée. Mais si je n'avais pas fait un pas, c'est en plein coeur que j'aurais été touchée. J'avais failli prendre une balle en pleine poitrine. À cause de l'adrénaline et de la peur, je n'avais rien senti. Je n'avais même pas senti que j'étais touchée, je n'avais même pas senti la douleur. Mais là, dans l'immédiat, j'avais envie de m'évanouir. J'avais l'impression que la balle s'était fichée dans ma clavicule. Je n'en étais pas certaine, je n'étais pas en état de vérifier. Toujours en larmes, j'avançai vers le berceau de Sasha. Il s'était arrêté de pleurer, mais il était toujours aussi paniqué. Il était tout rouge, et respirait vite et fort. Malgré la douleur, je me penchai pour le prendre. J'étais poisseuse de sang, sale de sang, mais il fallait que je le prenne dans mes bras. Manquant de hurler, je l'attrapai et me redressai. Serrant les dents, je le calai contre moi, contre mon épaule intacte. Flageolant sur mes jambes, je sortis de la chambre, très lentement, mesurant chacun de mes pas. Arrivée devant la porte de Lena, je poussai la porte du genou. Elle était toujours là, personne n'était dans sa chambre. Elle était debout dans son lit, en larmes elle aussi. Mon apparence devait l'effrayer, et ce n'était guère étonnant. Sentant que je perdais pied, je décidai de poser rapidement Sasha dans son berceau avec elle, ne faisant pas attention aux taches de sang que je laissai derrière moi. La main sur l'épaule je m'éloignai et sortis de la chambre en tremblant.

Il fallait que j'aille chercher quelqu'un. J'avais besoin d'aide. J'avais besoin d'Ethan. J'étais en larmes. Je ne réalisais pas encore ce que j'avais fait. Dans le couloir, alors que je me dirigeai difficilement vers les escaliers, j'eus un haut le coeur. Je tombai à genoux, la main sur la bouche. Non, je n'allais pas y arriver. Je m'écroulai sur le côté, sur mon épaule blessée. Je poussai un cri, avant de me tourner sur le dos pour pour ne pas appuyer dessus. Je posai ma main tremblante dessus, et tentai de presser la plaie maladroitement. J'étais totalement en état de choc. Je tremblais, mon corps était agité de spasmes nerveux. Je pleurais comme je n'avais jamais pleuré de toute ma vie. J'étais complètement essoufflée, j'avais l'impression d'avoir couru pendants des heures. Des étoiles dansaient devant mes yeux, je luttais contre l'évanouissement.

Pourquoi est-ce que personne n'était encore là ? Pourquoi est-ce que j'étais encore toute seule ? Sept coups de feu ne pouvaient pas passer inaperçus, n'est-ce pas ? Fallait-il que je hurle encore ? Je ne pouvais pas, j'avais la gorge en feu, la gorge serrée. Mais Ethan avait forcément entendu, n'est-ce pas ? N'EST-CE PAS ?


Dernière édition par Katarina K. Jones le Dim 10 Juil - 7:14, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Russian Roulette {ETHAN & ALEXEÏ}   Russian Roulette {ETHAN & ALEXEÏ} Icon_minitimeDim 3 Juil - 20:49

J’avais repris, bon gré mal gré, le travail depuis deux jours. Et ça avait été assez difficile. Si jusque là je m’étais contenté de passer dans la maison dont on se servait comme quartier général pour donner chaque matin ma liste de directives, et d’y retourner le soir pour aller chercher les comptes-rendus que j’exigeais des gens qui travaillaient avec moi et d’Alexander et Aaron, il avait fallu que je me rende à l’évidence. Si la naissance de Sasha avait été difficile et que la première semaine avait été rude, la situation s’arrangeait peu à peu.

Katarina, après notre petite discussion deux jours après la naissance de Sasha, avait essayé de faire des efforts. Elle était toujours aussi protectrice avec Sasha, mais elle le laissait plus volontiers dans son berceau ou acceptait de me laisser le prendre. Bien sûr, les premiers jours elle n’était jamais loin, les bras prêts à se tendre si Sasha se mettait à geindre. Peu à peu, elle s’éloignait de lui pour s’occuper un peu de Lena ou pour faire des choses dans la maison. Et c’était ces moments là que je chérissais. Pas parce que ma femme n’était pas prés de moi, mais parce que je pouvais enfin créer un véritable lien avec mon fils.

Un fils. C’était bien la dernière chose au monde que j’aurais voulu. J’avais encore trop l’image de mon père et moi. Pour moi, c’était l’image parfaite d’une relation père/fils. Il avait toujours été là pour moi, de ma plus tendre enfance au dernier jour de sa vie. J’avais des centaines, voire des milliers de souvenirs avec lui. Je me souvenais ces moments où il m’emmenait au parc quand je n’étais qu’un enfant. Je me souvenais de nos moments passés rien que tous les deux dans différents lieux et circonstances. Mon premier concert, je m’y étais rendu avec lui : les Rolling Stones. Mon père était un véritable fan, et il m’avait très tôt fait partager sa passion pour la musique. Je me souviens du Noel de mes six ans. Ma première guitare…Et il m’avait appris à en jouer, pour qu’ensuite nous passions des heures et des heures à jouer ensemble. Il y avait eu aussi toutes nos vacances que nous passion dans les îles. Nous chahutions Maman, qui au fond adorait ça. Je ne m’étais jamais disputé avec mon père. Je pense ne l’avoir jamais déçu…Et pourtant comme toute personne, j’avais été adolescent. Mais j’avais eu des parents formidables…Des parents qui, même s’ils avaient failli me perdre et qu’à cause de moi ma mère s’était retrouvée dans l’incapacité de porter de nouveau un enfant, avaient fait en sorte que je fasse mes propres expériences. Ils m’avaient donné le meilleur modèle de famille qui soit. Et j’espérais un jour arriver à ce que ma famille à moi soit aussi unie que celle que j’avais connue.

En tout cas, avec Lena, j’avais déjà une relation forte. Katarina se moquait de moi d’ailleurs, parce que je cédais à tous ses caprices. Mais je ne supportais pas de la voir bouder ou pleurer, quand bien même j’étais conscient qu’elle jouait avec moi et mes faiblesses paternelles. Je ne voulais pas que mes enfants puissent un jour dire que j’avais été trop dur avec eux. Et, j’étais aussi tendre avec Sasha qu’avec Lena. Ce fils, que je n’avais pas voulu au départ, s’avérait être moi sans être moi. Oui il était moi...Parce que j’étais son père et que je lui avais transmis la moitie de mes gênes. Mais il était différent de moi. Sasha était un petit garçon sauvage. Pas dans le mauvais sens du terme pourtant. Mais Sasha n’aimait pas trop que les gens le prennent dans leurs bras. Il ne se sentait rassuré que dans peu de bras. Ceux de sa mère bien entendu. Mais les miens aussi, ou ceux de son parrain et de sa marraine…Pour les autres c’était un peu plus délicat…

J’aimais passer des heures avec mon fils, laissant Lena aux bons soins de Katarina. Ce lien père/fils se développait. Si je laissais facilement Sasha avec sa maman pour qu’elle lui donne le sein, je voulais absolument le changer ou lui faire prendre son bain. Pas uniquement parce qu’il était différent de Lena concernant la nudité ou le bain, mais parce que cela nous permettait de créer un lien. Il s’apaisait quand je le massais ou le touchait. J’avais remarqué que si Lena avait tout de suite été sensible à la voix, Sasha lui était très tactile. Il aimait que les gens qu’il portait dans son cœur établissent un lien charnel avec lui. Il m’était arrivé de nombreuses fois de l’endormir en retirant mon tee-shirt, et en le laissant en body. Il collait toujours son petit corps contre le mien. Et je finissais, la plupart du temps par m’endormir avec lui.
Mon petit bonhomme m’apportait tant de joie. J’en avais presque oublié ce que c’était d’avoir un tout petit bébé à la maison. Bien sûr, Lena était loin d’être grande et de se débrouiller seule mais elle faisait déjà sa petite vie, et elle avait moins besoin de nous. Dans deux semaines, elle aurait déjà un an. Un an…J’étais père depuis un an...Mais je me rendais compte que je n’avais pas vécu cette grossesse de Katarina de la même manière. Tout comme Sasha n’était pas Lena…Tout était nouveau, différent. Les gestes étaient les mêmes à la base, mais il avait fallu les adapter à la personnalité de Sasha. Si avec Lena, je pouvais lui parler tout le temps et je savais qu’elle aimait ça. Sasha, bien qu’il apprécie le son de la voix de sa maman ou son papa avait besoin en permanence d’un contact. J’apprenais à communiquer d’une manière différente et c’était émouvant. Il recherchait toujours un coin de peau, n’appréciant que peu la rugosité des tissus visiblement. Non, ces deux là n’étaient pas semblables. Et mon amour pour eux était différent. Aussi grand mais différent.
Et si j’avais eu peur d’avoir un fils, maintenant mes peurs avaient disparues. Je savais que Sasha n’était pas moi. Il ne reproduirait pas les mêmes erreurs, et je ne le laisserais pas faire. Il saurait très vite que j’aurais pu ne jamais le voir. Il saurait très vite que malgré la douleur et la peine, il y a des choix qu’il ne faut pas faire. Mon fils saurait tout ça, et il serait un meilleur homme que moi. Mais pour le moment il n’était qu’un tout petit bébé. Un tout petit bébé qui comptait déjà beaucoup…

Il comptait tant que nos vies avaient changé. Si Sasha m’avait changé, il avait changé Katarina aussi. Quand elle avait accouché de Lena, elle avait voulu presque immédiatement retravailler. Et là, elle aimait rester à la maison. Je n’avais même pas à l’obliger à rester tranquille à la maison. Sans non plus vouloir empêcher ma femme de se rendre utile et de travailler, je trouvais qu’il y avait un temps pour tout. Les femmes, avant, ne reprenaient jamais le travail avant les trois ou autres mois de l’enfant. C’était bien qu’il y avait une raison. Et puis, Katarina allaitait. Si pour Lena, elle avait hésité et que j’avais du insister ; avec Sasha, la question ne semblait même pas s’être posée. Elle allaitait Sasha avec plaisir. Et l’allaitement profitait à Sasha, s’il avait perdu trois cent grammes le troisième jour, il avait tout repris et en avait même repris deux cent supplémentaires. Oui, mon petit bonhomme allait très bien.

Lena, elle , avait compris qu’elle avait désormais un petit frère. Ce petit bonhomme qu’elle voyait souvent dans nos bras n’était pas là pour quelques jours. Et j’aimais la regarder l’observer et me le montrer quand il grimaçait. Elle voulait déjà le porter et prendre soin de lui, mais nous la trouvions encore trop petite. Elle réclamait chaque soir à pouvoir l’embrasser. Paddington avait un sérieux rival…au moins nous pouvions être rassurés : Sasha aurait une grande sœur très protectrice.
Elle n’en voulait même pas à Sasha de lui voler un peu sa mère. Parce qu’au final elle aurait pu… Katarina avait été épuisée par l’accouchement, et l’accouchement n’arrangeant rien, nous l’avions laissé avec Lizzie. Non pas que je ne veuille pas m’en occuper, mais j’avais concédé que la présence d’autres enfants ne lui serait que profitable. Et puis elle aimait beaucoup tata Lizzie. Enfin…je soupçonnais tout de même Lizzie de trouver l’excuse parfaite de sociabiliser Lena, pour pouvoir s’occuper d’une petite fille.
Nous en avions parlé en privé avec Evan, et nous craignions qu’elle ne décide de faire la bêtise de tomber enceinte. Cela pourrait la tuer, et nous tendions le dos. C’était pour ça que nous surveillions Jackson de très prés, et que nous prefererions le voir s’eloigner de Lizzie.

Oui, notre vie était paisible…Si les choses semblaient difficiles à New-York, ici j’avais l’impression que l’air frais, le soleil permanant, et la verdure apaisait les mœurs. Et puis, comme j’avais veillé à dispatacher les maisons selon les affinités des gens, la vie était plus douce pour tout le monde. Certains étaient venus nous féliciter pour la naissance de Sasha, mais peu avaient eu le droit de rentrer chez nous. Si je devaus faire bonne figure dans les souterrains, maintenant je preferais tout de même vivre une vie normale. Je n’aimais pas tout le monde et tout le monde ne m’aimait pas. Je ne pouvais forcer personne. Et puis, il y avait les gens que je ne voulais pas chez moi parce qu’ils n’étaient pas de bonnes personnes.

Si j’étais plus aimable, je ne le faisais que parce que j’étais considéré comme un des leaders de la communauté. Et ce rôle ne me permettait pas de faire ami-ami avec les gens. Si j’étais trop souple, je savais que certains n’hésiteraient pas à en profiter. Je partais du principe que je n’avais aucun compte à leur rendre. Alexander était le seul à qui j’acceptais de rendre des comptes.

Mes relations avec Alexander s’étaient détendues. Elles n’étaient pas redevenues ce qu’elles avaient été mais nous étions en chemin de recouvrer notre amitié d’antan. Et il était fier que nous ayons décidé d’appeler Sasha ainsi. S’il n’était pas son parrain, au moins avait-il un lien avec lui. Nous ne parlions pas beaucoup de sa vie privée. Alexander était d’un naturel discret, et je ne voulais pas risquer notre amitié en lui posant certaines questions. Après une semaine et demie passée chez moi sous les « ordres » d’Alexander, j’avais du revenir travailler. L’intérim avait été assuré par Alexander la plupart du temps, et Riley avait été celui qui avait distribué les vivres. Décidément, Riley semblait de plus en plus enclin à aider. Si je n’avais compris que récemment son lien avec la jeune Cassandre, au moins je pouvais dire qu’elle avait réussi l’impossible. Riley était plus souriant. Et miracle….il ne semblait plus chercher à séduire toutes les filles ou les femmes. Je n’aurais pas été jusqu’à dire qu’il était amoureux de Cassandre, mais il avait l’ait de tenir à elle. J’étais heureux pour lui. Sincèrement oui…Et je me disais, égoïstement, qu’au moins il ne chercherait plus à séduire Katarina…J’avais compris qu’il l’appréciait beaucoup, et il avait du se faire une raison. Bien sûr nous n’étions pas les meilleurs amis du monde, mais nos relations étaient cordiales et même amicales. J’avais beaucoup aimé sa visite il y a une semaine où il avait été cueillir un bouquet de fleurs pour Katarina. J’avais été touché de l’attention. Sans doute tout autant que Katarina…

Katarina qui, je m’en doutais, aurait préféré que je reste un peu plus à la maison. Mais je ne pouvais pas rester indéfiniment à la maison. Et je me disais qu’au moins j’avais mis à profit cette dizaine de jours passée avec elle et les enfants. J’avais du mal, depuis deux jours, à les laisser chaque matin et à ne les voir qu’au déjeuner et le soir. J’essayai de m’échapper, prétextant une chose à aller chercher à la maison pour aller embrasser Katarina ou Sasha. Tout comme je prétextais une chose à vérifier à l’école pour jouer cinq minutes avec Lena. Oui, j’avais besoin en permanence de les voir. Mais j’essayais de ne plus les étouffer. J’avais compris à quel point l’indépendance était importante pour Katarina. Je la laissais voir certaines personnes supplémentaires, même si je veillais toujours aux visites que nous recevions. Finalement, l’accord tacite que nous avions passé nous satisfaisait tous les deux.

Je n’avais pas pu cet après-midi là embrasser Katarina ou les enfants, bien trop occupé avec Riley dans mon bureau à faire un débriefing de sa semaine d’intérim. Nous évoquions les difficultés qu’il avait rencontré à faire rentrer des vivres, et à faire accepter aux gens que nous faisions du mieux que nous pouvions. Il m’informa de l’avancée du potager dont Cassandre avait la charge, et me parla des animaux qu’ils avaient récupérés. J’espérais pouvoir rendre Riley à Alexander le plus rapidement possible. Je savais qu’il préférait être à ce poste de sécurité intérieure plutôt qu’être au ravitaillement. Mais il a vait bien fallu trouver quelqu’un de « confiance » pour me remplacer. J’avais pensé à demander à Alexei Kuryenko, mais je ne lui faisais pas confiance. Je savais pertinemment qu’il ne saurait pas être équitable avec tout le monde et qu’il ne respecterait pas mes directives. Au moins, avec Riley il n’y avait pas eu de surprise.

J’épluchai les listes interminables et les comptes de Kara en réfléchissant à certaines choses et aux dernières questions et interrogations, quand nous avons entendu des coups de feu.

Des coups de feu !

Nous nous sommes regardés une seconde avant de courir hors de la maison et de regarder tout autour de nous. Quelques personnes avaient eu la même idée que nous. La seule maison où personne n’était sorti c’était la mienne. MA maison…J’ai su tout de suite au fond de mon cœur que le problème venait de chez moi…Je n’ai pas réfléchi et j’ai couru chez moi.

J’aurais du le savoir que je n’aurais pas du baisser la garde. J’aurais du faire preuve de plus de vigilance. Comme un idiot, je pensais qu’ici nous serions en sécurité. C’était sans compter sans la détermination d’Armando Venezzio. Cette fois-ci j’allais vraiment tuer mon beau-père de ne pas avoir tué son ancien associé quand il en avait encore la possibilité.
Je m’en voulais d’avoir cédé à Katarina qui me trouvait trop paranoïaque.

En courant en direction de chez moi, je ne cessais de me répéter la même chose : « je le savais !! je le savais !! ». Je n’avais pourtant aucune idée de ce qui avait pu se passer. Tout ce dont j’étais sûr c’est qu’on était venu m’enlever ma femme et qu’il y avait eu des coups de feux. Je ne voulais pas me demander ce qu’avaient pu être ces coups de feu. Je ne pensais qu’à la même chose, Riley sur les talons. On m’avait enlevé ma femme. On l’avait peut-être même tuée.
Les trois cent mètres qui séparaient notre Quartier Général de notre maison me parurent une éternité. Je ne faisais même pas attention à la douleur qui m’enserrait les côtes et me coupait le souffle. Je m’en moquais de toute façon. Rien n’avait plus d’importance que d’aller voir ce qui s’était passé. Je savais que je courais devant quelque chose qui allait me mettre dans un état que je n’avais encore jusque là jamais atteint, mais j’y courais avec toute la force dont j’étais capable.

Je n’entendais même pas Riley qui me disait d’attendre et de ne pas me précipiter. Je l’entendis me dire que je n’étais pas armé et que c’était dangereux, j’en avais cure. Ma femme était en danger. Mes enfants aussi peut-être. Il y avait eu des coups de feux bon sang. Je montais alors les quelques marches en quelques secondes et tentait d’ouvrir la porte. Seulement elle était fermée à clés. Bien sûr….j’avais insisté (pas trop tout de même) pour que Katarina ferme toujours à clés derrière elle. Certains ne fermaient pas chez eux, se sentant encore à l’abri. Mais je savais que moi j’avais raison. Une maison se ferme à clef, un point c’est tout.

Alors que je m’énervais sur la porte d’entrée, ne réalisant pas encore vraiment que je ne l’ouvrirais pas sans mettre la clé dans la serrure, j’entendis une voix paniquée crier. LA voix de Katarina !! Seigneur, elle était vivante. Elle était vivante ! Mais…

Non, non, non, non !!

Pas mes enfants. Surtout pas mes enfants !

Je sentis Riley me pousser et fouiller dans la poche de mon jean alors que je m’énervais toujours, tambourinant à la porte.

-Mon ange j’arrive. J’arrive ! J’ARRIVE !

Une fois la porte ouverte, je poussai Riley et me précipitai sur Katarina. Elle était affalée sur les premières marches des escaliers, et elle était rouge de sang.



Je restai bloqué sur sa main rougie sans comprendre. On avait tiré sur elle. On avait essayé de me l’arracher. Mais le bon sens me revint, je ne sais comment d’ailleurs. Il fallait que je me calme…La vue du sang depuis quelques temps me faisait tourner l’œil mais je ne devais pas. Je n’avais pas le droit.

-VA CHERCHER UN MEDECIN ! TOUT DE SUITE !!!

Mais déjà j’avais hurlé à Riley qu’il fallait qu’il aille chercher un médecin. Diane, Mathilda, Jackson, peu importe…Mais Katarina était blessée…Je calculais alors rapidement. Elle était blessée…Une balle…Mais nous avions entendu plusieurs coups de feux…

-Mon amour, ça va aller. Je suis là, Riley est parti chercher quelqu’un.

Elle avait du le voir, et je ne savais pas très bien pourquoi je le lui disais. Peut-être pour me rassurer… Je regardai ma femme, couverte de sang, et je repoussais sa main pour coller la mienne à la place. Je l’embrassais sur le front et sentit l’angoisse monter peu à peu. Je me retenais de crier, et de perdre pied. Mais je bouillonnais.

Je voyais ses yeux se fermer. Plus longtemps à chaque fois…

-Reste avec moi Katarina ! Reste avec moi ! Garde les yeux ouverts, on va te soigner. Katarina !!!

C’était trop tard. La panique me gagnait. Je ne savais pas ce qu’il avait bien pu se passer, et même si je voulais savoir si nos enfants avzient éte blessés, la vie de ma femme me semblait essentielle. J’accueillis alors comme une bénédiction les cris de Lena et Sasha réunis. Oh mon dieu, ils étaient en vie. En vie !!
Je n’avais encore aucune idée de ce qui avait pu se passer, mais ils étaient en vie. Et en cet instant, c’était tou ce qui comptait pour moi. Mais pas le temps de souffler, je sentais Katarina sombrer.

-KATARINA ! NE ME FAIS PAS CA MON ANGE ! NE ME FAIS PAS CA !!!

Elle n’avait pas le droit de me laisser ! Qu’étais-je sans elle ?
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Katarina K. Jones
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MessageSujet: Re: Russian Roulette {ETHAN & ALEXEÏ}   Russian Roulette {ETHAN & ALEXEÏ} Icon_minitimeLun 4 Juil - 17:16

Je ne parvenais pas à calmer les tremblements de mon corps. C'était incontrôlable. La peur panique que je continuais à ressentir ne m'aidait pas à me calmer. Et je continuais à pleurer, à pleurer, à pleurer... Je sentais le sang qui séchait sur mon visage. Sang qui n'était pas le mien. Mes larmes laissaient des sillons sur mon visage, le nettoyant légèrement. J'avais l'impression d'être à moitié aveugle. Ma vue était teintée de rouge, et des étoiles dansaient devant mes yeux. J'avais beau cligner des paupières pour tenter de les chasser rien n'y faisait, c'était même presque pire. Je ne devais pas perdre connaissance, il fallait que je reste consciente. Mais la douleur de mon épaule était telle que j'en avais la tête qui tournait. J'avais mal, terriblement mal. C'était cette même épaule qu'Armando avait manqué de briser en me frappant. Elle était déjà fragilisée. Je venais de me prendre une balle dans cette même épaule. Elle n'était pas ressortie, elle avait dû se ficher dans l'os. Ce n'était certainement pas très grave... Si je ne me vidais pas de mon sang. Ce n'était certainement pas très grave... Mais la douleur était telle que si elle persistait, j'allais devenir folle. J'avais pourtant un seuil de tolérance à la douleur extrêmement élevé. J'avais même revu ce seuil à la hausse pendant mon accouchement. Je pouvais beaucoup en supporter. Mais c'était peut-être la goutte d'eau qui faisait déborder le vase. Enfin, la goutte de sang. Je me sentais faiblir à une vitesse extraordinaire. Je luttais réellement contre l'évanouissement. Les cris de Lena et Sasha me vrillaient les tympans tout en m'aidant à rester éveillée. Les pauvres devaient être totalement paniqués. Ils ne devaient pas comprendre ce qu'il venait de se passer. J'espérais que Lena fasse attention à Sasha. Je n'avais pas pu faire autrement que le laisser dans son berceau. Je ne pouvais pas le laisser dans le sien alors qu'un cadavre continuait à se vider de son sang sur le tapis de sa chambre. Je ne pouvais pas... J'aurais aimé pouvoir les calmer tous les deux, mais je ne pouvais pas. Je ne parvenais déjà pas à me calmer moi même, comment aurais-je pu m'occuper d'eux ? Respirer correctement sans m'étouffer à moitié demandait toute ma concentration et presque toutes mes forces. Parce que la peur et la douleur me serrait la gorge, j'avais du mal à prendre de profondes inspirations. Je respirais par à-coups, faute de mieux. Mon épaule s'engourdissait peu à peu, et malgré la pression que je tentais d'exercer dessus, je sentais le sang qui coulait entre mes doigts. Je n'arrivais pas à appuyer plus fort. Je sentais mes forces m'abandonner aussi rapidement que mon sang. Je ne pus m'empêcher de penser, ironiquement, que cela faisait beaucoup de sang perdu en seulement deux semaines.

Haletante, je tournai la tête vers la porte. Quelqu'un y tambourinait violemment. J'entendis la voix d'Ethan, comme si elle me parvenait de très, très loin. Ma vue se brouillait, je fermais les yeux de plus en plus longtemps. Ce n'était pas du tout bon signe. Il fallait que je continue à lutter pour rester consciente. Au moins jusqu'à ce qu'Ethan arrive, jusqu'à ce qu'il me rassure, qu'il me dise que tout irait bien... Il fallait que je tienne jusque là. Cela promettait d'être la minute la plus longue de toute ma vie, mais je devais être forte, rassembler mon courage à deux mains, et tenir le coup. J'eus un sursaut lorsque la porte s'ouvrit avec fracas. Je ne sais pas si ce fut de soulagement ou non, mais à ce moment là mes sanglots redoublèrent d'intensité. Ethan eut vite fait de se précipiter vers moi, alors que je gisais dans le couloir, tout près escaliers. J'aperçus vaguement quelqu'un derrière lui, mais je ne parvins pas à l'identifier, ma vision se brouillant peu à peu. J'avais presque du mal à comprendre ce qu'Ethan me disait. Qu'on était parti chercher quelqu'un... ? Je me contentai d'un léger hochement de tête pour répondre. Je ne résistai pas une seule seconde quand il repoussa ma main pour faire pression sur la plaie à ma place. Je ne pus retenir un gémissement de douleur. Il me faisait mal. Mais il était efficace, le sang ne coulait plus, ou moins. Si cela pouvait changer quelque chose, étant donné la quantité de sang déjà perdue... J'étais plus ou moins allongée dans une flaque de sang collante, dont l'odeur de sel et de rouille mêlées me montait à la tête. J'avais l'habitude du sang, mais cette fois ci, j'avais réellement envie de vomir. Peut-être parce qu'il s'agissait de mon sang et que j'étais responsable de la seconde mare de sang.

Mes paupières se faisaient de plus en plus lourdes. J'avais du mal à garder les yeux ouverts, comme me le demandait Ethan. C'était la phrase tout à fait typique. "Garde les yeux ouverts". J'essayais, mais c'était de plus en plus dur. Tout tournait autour de moi, tout était flou. Serrant les dents, je posai ma main sur celle d'Ethan. Je n'avais pas envie de fermer les yeux. Je n'avais pas envie. Mais lutter devenait de plus en plus difficile. Pour tenter de ne pas perdre pied, j'ai décidé de me forcer à fixer quelque chose, pour me calmer, pour respirer, pour rester consciente. Mais je n'avais pas beaucoup de choix. Fixer le plafond risquait de ne pas être très efficace, et le visage d'Ethan était un peu trop affolé pour me détendre. Des yeux, j'ai cherché autre chose. Rien que des portes, des murs ternes. Rien qui puisse m'aider à me calmer. En dernier recours, j'ai tourné la tête vers Ethan. Il appuyait tellement fort sur mon épaule que je me demandais presque si ce n'était pas la pression qu'il exerçait qui allait faire éclater mon os. N'en pouvant plus et avec ce qui me restait de force, j'ai saisi son poignet, pour essayer de le faire bouger. Sans succès, néanmoins.

« Tu me fais mal ! »

Evidemment, qu'il me faisait mal. Mais il ne pouvait pas enlever sa main. S'il le faisait, ce serait une catastrophe. C'est pourquoi il ne la retira pas, et ce malgré que je tente désespérément de repousser sa main. Il ne devait même pas sentir que j'essayais de la repousser, tant j'avais peu de force. Je finis par abandonner, laissant ma main retomber sur ma poitrine. Je déglutis lentement. La nausée était de plus en plus importante. J'étais toute engourdie. Mes tremblements s'étaient calmés, mais ce n'était pas forcément bon signe. Ça n'allait pas du tout. Je me sentais sombrer, comme attirée inexorablement par le sommeil. Comme si la fatigue de plusieurs mois me retombait dessus d'un coup, ou comme si j'avais pris un coup de massue et que j'allais m'effondrer à la suite du coup. Sauf que j'étais déjà écroulée par terre, et que je ne souffrais pas d'une simple petite commotion. J'avais un trou béant dans l'épaule, une balle fichée dans je ne sais quel os, et je souffrais visiblement d'une hémorragie, qui bien qu'à moitié endiguée, m'avait beaucoup affaiblie. Tout cela, mêlé à la peur et à la panique ne m'aidait pas à tenir le coup. J'avais presque envie de me laisser aller. Mais Ethan ne semblait pas de cet avis, et il me criait de rester consciente. Je clignai plusieurs fois des yeux, pour tenter une énième fois de chasser ces étoiles de devant mes yeux, là encore sans aucun succès. Plus le temps passait et moins j'y voyais clair. Ma vision se teintait d'un voile noir. À tâtons dans ma semi-obscurité, j'ai cherché le visage d'Ethan. Mes doigts poisseux de sang rencontrèrent sa joue, que je sentais trembloter. Il avait peur, et il avait bien raison d'avoir peur. J'ai dégluti.

« Je l'ai tué... Je l'ai tué, Ethan, je l'ai tué... »

Ma voix n'était qu'un murmure rauque et tremblant. Ethan s'est penché pour mieux m'entendre.

« Je ne voulais pas... Mais il a... Il a essayé de me tuer. Il a essayé de me tuer... »

Et qui sait, peut-être qu'il avait réussi, finalement.

« Il voulait prendre Sasha... Il a dit qu'il le prendrait... Je voulais juste qu'il s'en aille... Mais il m'a... Alors j'ai tiré... »

Une fois, deux fois, trois fois, quatre fois, cinq fois, six fois. Une fois aurait suffi, puisque je l'avais touché en pleine poitrine. Mais je n'avais pas su m'arrêter. J'avais continué à tirer, jusqu'à ce que le chargeur soit vide. J'avais littéralement fait exploser la cage thoracique de cet homme. Je l'avais tué. Je n'avais jamais voulu tuer cet homme. Je voulais juste qu'il s'en aille. Mais il m'avait menacée... Si je n'avais pas tiré sur lui, il m'aurait tuée, et il aurait emmené Sasha. Peut-être même Lena, aussi... Je m'étais défendue, j'avais défendu nos enfants. Mais pourtant, le tuer, je n'avais pas voulu. Non ça, jamais. Mais c'était fait. C'était bien son corps qui était en train de refroidir dans la chambre de Sasha. Ce ne serait jamais une chambre pour bébé. Jamais. Jamais je ne remettrais mon fils dans cet endroit. Je déménagerais toutes ses affaires dans la pièce qu'il restait. Je condamnerais celle ci. Je nettoierais toute la maison à la javel. Je... Je... Je perdais pied. Tout tournait autour de moi. Je fermais les yeux, sans plus parvenir à le rouvrir, malgré mes efforts, mes maigres efforts. Et puis j'ai perdu le contrôle de mon corps, comme si j'étais brusquement paralysée. Ma main a quitté la joue d'Ethan et est lourdement retombée au sol. Et puis je n'ai plus rien senti. Plus rien. Ni mon corps, ni mon environnement. Je n'entendais plus Ethan. Je n'entendais plus. Et bientôt je n'eus plus conscience de rien. Je n'étais plus consciente tout court. Je m'étais laissée happée par cette inconscience si tentante, si douce et si dangereuse à la fois.

Inconscience, blackout, absence, déconnexion avec la réalité.
Réveil du subconscient.

J'avais une étrange sensation de flottement. Je me sentais extrêmement légère, comme apaisée. Légère, comme si tout allait bien. Comme si tout était parfait. Plus rien n'était sombre. J'y voyais parfaitement clair. Mais j'étais éblouie par une forte lumière blanche, qui me forçait à froncer les sourcils pour ne pas être aveuglée. Je ne savais pas où j'étais. Pas là où j'aurais dû être, je le savais, j'en avais conscience sans trop savoir pourquoi. Tout l'endroit respirait le calme et la sécurité, mais je ne m'y sentais pas à l'aise, je n'étais pas sereine. Je ne me sentais pas à ma place dans cet endroit que je ne connaissais ni d'Eve ni d'Adam. J'étais perdue, perdue dans cet endroit blanc comme neige et éblouissant. Je ne voyais rien d'autre que du blanc, encore et toujours à perte de vue. Aucune porte, aucune fenêtre, j'étais dans un désert blanc. Qui n'était pas aussi rassurant que cela. Je ne devais pas être là. Je ne voulais pas être là. Je ne devais pas rester là. Je devais m'en aller. Mais comment sortir d'un endroit que l'on ne connait pas ? Un endroit qui ne semble avoir ni sortie ni entrée ? Pouvais-je seulement partir d'ici ? Il le fallait, absolument.

« N'aie pas peur, Katia, tu ne vas pas rester là longtemps. »

Je tressaillis, reconnaissant cette voix, et me retourne brusquement, les bras croisés sous la poitrine. Je n'osais plus bouger, pas plus que je n'osais vraiment relever les yeux. Je le fis pourtant, après quelques secondes d'hésitation. Le moins que l'on puisse dire, c'est que cela fait un drôle d'effet, un effet terrible de se retrouver seule face à sa mère. Mère que l'on sait morte depuis vingt-trois ans. Non, cela ne me laissait pas insensible et cela laissait de sérieux doutes quand à ma santé mentale et psychologique. Je ne pensais pas être schizophrène ou victime d'hallucinations.

« …Est-ce que je suis morte ? »

Doute terrible. Je ne pouvais pas être morte. Je n'avais PAS le droit de mourir. Pas maintenant. J'avais un mari que j'aimais, que j'adorais, et qui avait besoin de moi. J'avais deux enfants, deux bébés, qui étaient beaucoup trop jeunes pour devenir orphelins et perdre leur mère. Je n'avais pas le droit. La mort allait attendre, je n'étais pas décidée à tout abandonner là. PAS MAINTENANT. J'étais trop jeune, j'avais trop de responsabilités, je ne pouvais pas être morte.

« - Oh, mais bien sûr que non, mon trésor.
- Alors qu'est-ce que je fais là ? »

Elle s'est contentée de me sourire avec un air bienveillant. Si je n'étais pas morte, qu'est-ce que je faisais là ? Où est-ce que j'étais, d'abord ? Je ne croyais absolument pas à toutes ces idiotes comme le Paradis, l'Enfer et j'en passe. Non. Je n'étais pas croyante une seule seconde, même alors que j'étais vraisemblablement en train de vivre une expérience assez singulière. Il n'y avait donc qu'une seule explication : j'avais des hallucinations. J'hallucinais. Sinon, comment expliquer la présence de ma mère morte ? C'était un rêve, une hallucination, c'était tout. J'hallucinais... Mais et si c'était là l'occasion de revoir ma mère une dernière fois ? De la déterrer, de réveiller son souvenir ? À la fois curieuse, effrayée et honteuse, je relevai vraiment les yeux. Elle était exactement comme dans mon souvenir. Mon souvenir de petite fille qui s'était retrouvée sans sa mère beaucoup trop vite. Amer sentiment d'injustice. Ma mère était tellement différente de moi. Je ne lui ressemblais pas, pas vraiment. Elle était beaucoup plus grande que moi, beaucoup plus typée slave que moi. Ses yeux étaient d'un vert amande profond, brillant et pétillant. D'aussi loin que je m'en souvenais, elle avait toujours eu ces longs cheveux d'un blond platine à en faire pâlir de jalousie les américaines qui se teignaient les cheveux, pour finir par ressembler à des prostitués. Oui, ma mère était absolument magnifique. Sauf qu'elle était morte et qu'elle n'aurait jamais dû se retrouver devant moi. Surtout pas en n'ayant pas vieilli et en donnant l'impression d'avoir le même âge que moi. Elle avait le même âge que moi quand elle était morte. Elle était morte, alors comment pouvais-je ne pas l'être et tout de même être là avec elle ? Ce n'était pas possible, pas logique. Soit j'étais bel et bien morte, soit j'avais de gros problèmes psychologiques. Qu'est-ce qui était le pire ?

« - Tu rêves. Ce n'est qu'un rêve. Un rêve un peu spécial, mais un rêve tout de même.
- Non. Non ! Je ne parle pas aux morts, dans mes rêves ! »

Oh, ça non ! Ça, certainement pas ! Ce n'était pas un rêve normal, puisque j'avais l'impression d'être parfaitement consciente. Je sentais mon corps, ce qui n'était pas le cas dans les autres rêves. Les rêves normaux ! C'était terriblement angoissant. Je ne savais pas ce qui m'arrivait, je ne comprenais pas. Je voulais m'en aller, je voulais m'en aller. Je ne savais où j'étais mais je ne voulais pas rester, aussi contente puis-je être de revoir ma mère. Son sourire ne me rassurait pas.

« - Je suis tellement fière de toi, Katarina. Tellement, tellement fière de toi.
- Je ne veux pas rester ici. Je veux m'en aller. J'ai peur.
- N'aie pas peur, il ne faut pas. Tout va bien. Tu ne vas pas rester très longtemps. Il ne faut pas que tu aies peur. Tout va s'arranger, tu verras. »

J'acquiesce bêtement, sans trop savoir pourquoi. Peut-être parce que même si j'hallucine, il s'agit de ma mère et qu'entendre sa voix m'apaise. Je me contente de me recroqueviller sur moi même, resserrant mes bras autour de moi faiblement. Nous sommes proches l'une de l'autre, et pourtant ni elle ni moi ne faisons un pas vers l'autre. J'aurais voulu la prendre dans mes bras, mais j'avais peur qu'elle ne disparaisse, qu'elle ne m'échappe ou que... Je ne sais pas. Mais je n'ose pas. J'ai peur. Je veux simplement m'en aller d'ici. Retourner d'où je viens, même si je suis dans une fâcheuse posture. Même si rien n'est parfait, je veux y retourner. Parce que je ne peux pas les abandonner.

« - Tu diras à ton père que je ne lui en veux pas. Que je le pardonne.
- Pourquoi ferais-tu une chose pareille ?
- Il est comme il est. Pas bien différent de celui que j'ai connu. »

Je fronçai les sourcils. Je n'osais pas lui dire qu'il avait retrouvé une femme qui était son sosie. Une femme aussi jeune qu'elle quand elle était morte. Mais cette femme n'était pas ma mère. Elle ne la remplacerait jamais, et jamais je ne verrais en elle ma belle-mère. Il était hors de question que je me soumette à l'autorité d'une femme de mon âge. J'avais un peu d'amour propre.

« Je t'aime mon trésor. Je serai toujours là pour veiller sur toi. C'est promis. »

Quoi ? Non, elle ne pouvait pas veiller sur moi, elle était morte. Et moi j'étais vivante. Vivante...
Ah oui ? Vraiment ?


Sursaut violent. J'ai rouvert les yeux, les clignant plusieurs fois. J'ai froncé les sourcils, pour m'habituer à la lumière. Le moins que l'on puisse dire, c'est que je ne me souvenais plus de grand chose, et que je fus fortement étonnée de découvrir ce que j'ai découvert. Je vis tout d'abord Jackson, les deux mains sur ma poitrine, vraisemblablement en position pour faire un massage cardiaque. À en voir la tête qu'il faisait, j'avais dû leur faire peur, très peur. Il a eu un soupir de soulagement, et puis après avoir vérifié mon pouls et ma tension, il s'est penchée sur mon épaule. Qui me faisait toujours affreusement mal. J'étais cependant moins engourdie, moins nauséeuse. Mais pour autant, je ne me sentais pas réellement mieux. Je me sentais terriblement faible. J'ai pris une profonde inspiration. Je n'avais pas la moindre idée de ce qu'il venait de m'arriver. Quoique, les indices laissaient penser que... OH. Cela expliquait beaucoup de choses. Comme le fait qu'Ethan soit affalé contre la rampe d'escaliers, à pleurer toutes les larmes de son corps.

« …Est-ce que mon coeur s'est arrêté ? »

C'était une chose que je n'avais pas prévue. Mais en y réfléchissant, ce n'était pas vraiment étonnant, étant donné la quantité de sang que j'avais perdu... Mais cela signifiait également que j'avais failli mourir, que j'avais failli y rester pour de bon cette fois ci. Et je n'avais pris cette balle que dans l'épaule. Si je n'avais pas eu le réflexe de faire un bond sur le côté, cette balle je l'aurais prise en pleine poitrine ou en plein ventre, et je n'aurais pas eu le temps de hurler que j'aurais été aussi morte que l'homme que j'avais abattu. Je n'avais jamais frôlé la mort d'aussi près, et pourtant Dieu sait que je nous n'en étions pas à notre première rencontre. Jusque là j'avais été la plus forte, mais cette fois ci j'avais été à deux doigts de me laisser dominer et de me laisser emporter, par la même occasion.
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Ethan Jones
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MessageSujet: Re: Russian Roulette {ETHAN & ALEXEÏ}   Russian Roulette {ETHAN & ALEXEÏ} Icon_minitimeJeu 7 Juil - 10:35

A chaque fois que je pensais la perdre, je voyais les mêmes images qui dansaient devant mes yeux. Ma vie sans elle. Et c’était le néant. Je n’étais absolument rien sans ma femme. Elle me faisait avancer alors que je ne cessais de reculer. Elle m’apportait tout l’amour et la douceur dont j’avais besoin. Elle me souriait toujours alors que j’avais envie de pleurer. Elle était la seule et l’unique. Faite pour moi. Née pour moi.

La voir comme ça, allongée dans les escaliers, perdant pratiquement connaissance, était plus que je ne pouvais supporter. J’ai presque accueilli comme une bénédiction qu’elle tourne la tête vers moi et me regarde. J’en aurais pleuré sur l’instant tellement j’étais heureux qu’elle me regarde. Ses beaux yeux gris s’accrochaient aux miens. J’en aurais pleuré sur l’instant tellement j’étais effrayé de voir cette peur panique dans ses yeux. Elle était terrifiée et j’ai appuyé plus fort sur son épaule. Pas question de la laisser mourir. Pas questions de la laisser me quitter. Elle n’avait pas le droit, elle m’avait promis de ne jamais me laisser. Elle avait promis d’être toujours là pour moi. Elle avait promis ! Elle avait promis ! Et même si elle avait mal, je continuerais à appuyer. J’appuierais autant qu’il le fallait mais elle ne m’abandonnerait pas. J’avais beau sentir ses doigts sur moi, je serrais les dents, appuyant encore. Encore plus fort.

J’aurais hurlé de ne voir personne arriver. Elle avait perdu beaucoup de sang, et si je n’appuyai pas aussi fort, elle en perdrait sûrement encore. J’avais envie d’hurler. Mais c’était mes enfants que j’entendais hurler. Peut-être sentaient ils aussi qu’il se passait quelque chose ? Peut-être sentaient ils au fond de leur cœur que leur maman n’allait pas bien...Et je ne pouvais rien faire. J’étais en train de paniquer à mon tour. Je ne voulais pas perdre ma raison de vivre. Je ne voulais pas non plus entendre mes enfants pleurer. Mais je devais faire un choix…C’était eux ou mon ange. Et quand bien même on dirait que j’étais un bien piètre père, mon choix était fait. C’était elle. C’était Katarina…Le choix était pourtant déchirant mais il était fait. Je la redressais un peu alors que je sentais qu’elle s’affaissait. Les dents toujours serrés, je la ramenais un peu plus prés de moi.

-Ne ferme pas les yeux mon amour.

Je t’en supplie, ne les ferme pas tes si jolis yeux. Regarde-moi ! Continue à me regarder. Voilà comme ça…
Mais à peine les rouvrait-elle qu’ils se refermaient. Je voulais hurler mon désespoir mais rien ne sortait. J’étais mort de peur. Et personne ne venait. Personne…Ils n’allaient tout de même pas la laisser mourir quand même. Ils n’avaient pas le droit. Je ferais quoi moi sans elle ? JE FERAIS QUOI ? J’embrassais désespérément ses cheveux et la scène m’en rappelait étrangement une autre. Les galeries…Les galeries effondrées sur elle. Lena n’avait qu’une semaine à peine aussi. Fallait-il que le scenario se répète pour chacun de nos enfants ? Et si il fallait qu’après chaque naissance je manque de perdre encore ma femme de manière brutale…non, je ne voulais pas la perdre. Je ne pouvais pas la perdre. Oui…je revivais cette même souffrance qui m’étranglait. J’avais l’impression qu’elle mourait dans mes bras sans que je ne puisse rien faire. Et j’avais l’impression que la terre s’arrêtait de tourner, et que personne ne viendrait m’aider. J’avais beau lui insuffler toute ma vie dans mon étreinte et mes baisers, elle s’enfonçait davantage dans ce sommeil éternel.

-RESTE AVEC MOI ! RESTE AVEC MOI ! KATARINA RESTE !!

Il fallait qu’elle m’entende l’appeler. Il fallait qu’elle ouvre les yeux. Je ne savais plus très bien qui de nous deux tremblait. J’avais peur. Si peur…De la perdre…La perdre…Ces deux mots étaient difficiles à prononcer, même intérieurement.

J’ai commencé à pleurer quand j’ai senti sa main si douce effleurer mon visage. Non, mon amour ne me dis pas adieu. Ne fais pas ça je t’en supplie. Je l’étreignis encore plus, sentant que j’allais craquer. Et je voyais ses lèvres bouger sans bien comprendre ce qu’elle me disait. Elle me parlait si bas que les cris et les pleurs des enfants en haut masquaient ce qu’elle murmurait. J’ai posé ma joue contre la sienne pour réussir à entendre. Je n’ai réussi à comprendre que : « Sasha…je l’ai tué.. ». Mais Sasha était vivant…Je l’entendais. Je connaissais ses pleurs. Et elle ne l’avait pas tué. Je ne comprenais pas.

-Tu ne l’as pas tué mon ange, tu ne l’as pas tué.

Mais je ne sais pas si elle a entendu ce que je lui disais. J’en doute puisque j’ai senti peu à peu qu’elle m’échappait. Ma respiration redoublait d’intensité. J’allais craquer. Je sentais que j’allais craquer. Les secondes qui passaient me semblaient des heures. Des heures où personne ne semblait se soucier de nous. J’ai jeté un œil à la porte qui ne s’ouvrait pas. Une seconde seulement. J’avais détourné le regard une seule seconde et elle avait fermé ses jolis yeux.

-KATARINA ! KATARINAAAAAA !

Mais elle ne m’entendait plus. J’avais peur de la secouer. Je ne voulais pas aggraver ses blessures. Mais elle ne m’entendait plus.

Non !!!

Non !!!

NOOOOOON !

-KATARINA BON SANG REVEILLE-TOI ! REVEILLE-TOI MON AMOUR, NE ME LAISSE PAS !!

Etait ce trop tard ? Je n’eus pas le temps de vérifier que j’entendais déjà la porte s’ouvrir à la volée. Je serrai encore plus fort Katarina contre moi alors que j’appuyai encore plus fort sur son épaule. Il était hors de question qu’elle continue à perdre du sang. Je ne saurai dire combien de personnes étaient arrivées parce que je ne voulais plus détourner une seule seconde le regard de la vision de ma femme. J’esperais qu’elle finirait par me regarder. J’attendais qu’elle rouvre ses jolis yeux bleus gris et qu’elle me sourit. Mais elle n’était déjà plus là…

Quelqu’un me bouscula. Quelqu’un s’approcha de moi et je sentais qu’on essayait de m’arracher Katarina. Je tremblais de tous mes membres, incapable de dire quoi que ce soit. J’étais incapable de détacher mon regard de mon ange. On poussait ma main sur son épaule, tout en essayant de me l’arracher et je résistais.

-Ethan !

Je levais les yeux un instant pour voir le regard paniqué de Riley qui en profita pour me prendre un peu plus ma femme. Mais c’était sans compter sur mon amour pour elle. Non, je ne voulais plus qu’on lui fasse du mal.

-ETHAN LACHE-LA !

-Elle meurt !! Elle meurt !!

-SI TU NE LA LACHES PAS, ELLE VA MOURIR OUI !

La voix de Jackson…Il était arrivé. Enfin !! Il allait la sauver !

J’embrassai ses cheveux et laissait quelqu’un me la prendre. Je les entendais parler mais j’étais comme parti ailleurs. J’étais reparti presque un an en arrière. Je revoyais ces gravas autour d’elle, cette barre métallique plantée dans sa cuisse. Je revivais cette scène de chaos et d’horreur. Et si jusque là je m’étais gardé de me laisser trop gagner par la panique, cette fois je la laissai remporter la partie.

-SAUVE-LA !!

Moi j’avais été incapable de la sauver. J’avais été incapable de la protéger. J’avais cru que je saurai faire. J’avais cru que mon amour pour elle la mettrait hors de tous les dangers et je m’étais trompé. Je n’étais qu’un sombre idiot. Je m’en voulais de l’avoir laissée seule ce matin. J’aurais du sentir qu’il allait se passe quelque chose. Qu’est ce que j’allais dire à nos enfants ? Que je n’avais pas été un aussi bon mari et un aussi bon papa que j’aurais du ? Ils m’en voudraient de ne pas avoir su protéger leur maman et ils auraient raison.

Je voyais déjà ce que pourrait être ma vie sans elle. Enfin non…Justement je ne voyais rien. Ma vie sans elle était un néant. Ma vie sans Katarina n’était pas une vie, et je préférais mourir plutôt que de supporter ça. Oui, j’étais parfaitement égoïste. Mais qu’est ce que je pouvais apporter à nos enfants si leur mère n’était plus de ce monde ?

Je me suis écroulé dans les escaliers, laissant Jackson et Riley s’occuper de Katarina. De toute façon il n’y avait plus rien à faire non ? Je l’avais perdue. Je l’avais perdue. Je me laissais aller à mon chagrin alors que je me rendais compte que des tas de gens évoluaient autour de moi. Le monde s’était pourtant arrêté de tourner autour de moi. Mon monde c’était Katarina. Et elle était morte dans mes bras. Morte !!

J’avais beau entendre sa voix et Jackson hurler qu’il allait l’emmener à l’infirmerie maintenant que son cœur était reparti, je ne pouvais pas bouger. Je ne pouvais que pleurer. Recroquevillé sur moi-même, je n’ai pas senti des bras puissants me relever. Quelqu’un m’aidait à marcher et à quitter la maison, mais ma vue était brouillée par les larmes qui ne cessaient de couler. Tout mon corps était secoué par des tremblements et je me suis écroulé dans l’herbe avant qu’à nouveau on me relève et qu’on me soutienne.

Une voix dure retentit à mon oreille.

-Ca suffit Ethan !

Je relevais la tête pour voir le visage crispé d’Alexander. Je me figeai alors et comme un enfant, j’obéis alors à mon ami et je les laissai me conduire jusqu’à l’infirmerie où l’on avait amené Katarina. Je regardais partout autour de moi, à la recherche de ma femme, mais Riley était devant un rideau et d’un geste de la main me défendit d’ouvrir le rideau. On m’amena un peu plus loin et on m’assit sur une chaise de force. Je pouvais presque me sentir étranger à tout ça. Etranger et pourtant si proche.

Je ne savais pas comment allait Katarina et je mourais de peur. Je séchai alors mes larmes avant de jeter un coup d’œil à mes mains. Rouges ! Du sang. Je poussais alors un cri, et fut secoué par des sanglots à nouveau. Je sentis quelqu’un me retenir à une chaise alors que quelqu’un appelait Diane.

-Il fait une crise d’hystérie je crois !

Je secouai la tête, regardai partout autour de moi, cherchant ma femme, cherchant à me dérober à ces personnes qui m’éloignaient d’elle. J’étais son mari ! On n’avait pas le droit de me l’arracher. Si elle était vivante, il fallait qu’ils me laissent la voir.

Soudain, j’ai entendu la porte s’ouvrir brusquement et une voix familière me parvint.

-Où est ma fille ?

De la panique aussi. Alexeï…

J’ai profite d’une seconde d’inattention de la part de mes geôliers pour m’échapper et j’ai couru vers mon beau-père. Pour finir par m’écrouler dans ses bras, fondant à nouveau en larmes.
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MessageSujet: Re: Russian Roulette {ETHAN & ALEXEÏ}   Russian Roulette {ETHAN & ALEXEÏ} Icon_minitimeJeu 7 Juil - 20:53

J'étais morte. Pendant une minute, une toute petite de rien du tout, j'étais morte. Peut-être moins d'une minute même, qui sait. Mais pendant une minute, une poignée de secondes, je l'avais abandonné. Parce que j'étais morte. Peut-être qu'on m'avait ramenée, oui... Mais déjà un lourd sentiment de culpabilité m'envahissait. Je n'avais pas su m'accrocher suffisamment fort. J'avais essayé, mais je n'avais pas pu m'empêcher de me laisser happer par l'inconscience. J'avais renoncé, j'avais fermé les yeux... Sans savoir que j'aurais pu ne jamais les rouvrir. Il n'aurait fallu qu'une petite minute de plus et... Je préférais ne pas y penser. J'étais vivante, dans un état pitoyable, mais vivante. Je penserais à ce à quoi j'avais échappé plus tard. Il fallait que je garde mes forces, que je ne m'affole pas, que je ne m'affole plus. Je n'avais pas le droit. Plus je paniquais, plus mon cœur battait vite, et plus le sang s'échappait de la plaie. Il fallait que je me calme. Comme m'y encourageait Jackson, je pris de profondes inspirations. J'avais envie de hurler, encore et toujours, mais je me forçais à respirer. Respirer me faisait atrocement mal, ma gorge me brulait, et chaque inspiration me donnait l'impression que l'on enfonçait des milliers d'aiguilles dans mes poumons. Mais je respirais profondément. Parce qu'aussi douloureux cela puisse être, c'était toujours un milliard de fois moins douloureux que mon épaule. À voir la tête de Jackson, ce n'était pas très beau. Il allait falloir m'emmener à l'infirmerie pour me soigner. Je ne pouvais décemment pas rester étendue dans notre couloir. Venu en urgence, Jackson n'avait pas dû emmener la moitié de son matériel médical. Ce que je comprenais aisément. Il fit ce qu'il pouvait avec ce qu'il avait. Il déchira mon tee-shirt, et appliqua plusieurs compresses sur mon épaule. Une douleur fulgurante traversa mon bras et j'eus un violent réflexe, me redressant brutalement et involontairement. Ce fut Riley qui me plaqua de nouveau au sol pour m'y maintenir. Je poussai un cri, surprise par la douleur.

Je voyais à peine Ethan d'où j'étais. Il était affalé dans les escaliers, en larmes, tremblant de tous ses membres. Ce n'était pas ma faute, mais j'avais honte. J'avais dû lui faire une peur terrible. Encore. Je ne comptais plus les fois où j'avais failli l'abandonner. Et j'osais lui en vouloir de me surprotéger ? Combien de fois avais-je failli mourir dans ses bras ? Trop souvent, et cela recommençait... A chaque fois, c'était la même chose. C'était un cercle vicieux, un cercle infernal. J'étais fatiguée, j'en avais assez. Pourquoi est-ce qu'on ne nous laissait pas tranquilles ? Nous avions fui New-York, et pourquoi ? Pour retrouver de nouveaux ennemis ici ? Mais à quoi bon se battre ! Cela semblait inutile... Je sentis des bras se passer autour de moi, dans mon dos et sous mes genoux. Je ne pus m'empêcher de gémir, serrant les dents. Je relevai les yeux sur Riley, c'était lui qui me portait. Jackson vérifia que je ne perdais plus de sang avant d'annoncer qu'il fallait m'emmener rapidement à l'infirmerie. Je cherchai Ethan du regard. J'aurais voulu que ce soit lui qui me prenne dans ses bras. J'avais besoin que ce soit lui. Mais de toute évidence, il n'était pas en état de me prendre dans ses bras. Je ne pouvais pas lui en vouloir, son cœur avait dû s'arrêter en même temps que le mien. Je n'étais pas naïve, je savais ce que je représentais pour lui, parce qu'il représentait la même chose pour moi. Si je le perdais, ou manquais simplement de le perdre, je n'y survivrais pas. J'avais plus de chance à survivre à une chute de trois cent mètres plutôt qu'à sa disparition. Ethan représentait tout pour moi. Et inversement, je représentais tout pour lui. C'était effrayant, excessif, abusif, incompréhensible, mais c'était ainsi. Et cela ne changerait certainement pas maintenant.

Ma tête pendant mollement dans le vide, de même que mon bras. Riley me serrait fermement contre lui, et marchait rapidement. J'avais beau être mal en point, une pensée me traversa soudain.

« - … Les enfants… Les enfants… Il faut s'occuper des enfants…
- Ne t'inquiète pas pour eux. On s'en occupe. Garde tes forces, Katarina. Ça va aller. Ça va aller.
- Ethan… Je veux… »

Je ne parvins pas à en dire plus. Riley me jeta un coup d'œil un peu angoissé, pour vérifier que je n'avais pas perdu conscience. Je clignai des yeux plusieurs fois. Mes yeux avaient du mal à s'habituer à la lumière extérieure. Mais je me forçai à les garder ouverts. J'avais peur de les fermer, maintenant. Le trajet jusqu'à l'infirmerie me parut extrêmement long. Certainement parce que le moindre des pas de Riley réveillait la douleur. Je me sentais plus faible que jamais. Ce n'était pas étonnant. Je venais de me faire tirer dessus. Je n'arrivais pas à réaliser qu'on m'avait tiré dessus. C'était différent des autres fois où j'avais failli mourir. Ce n'était pas comme quand les galeries s'étaient effondrées sur moi. Ce n'était pas le fruit du hasard. Ce n'était pas comme quand j'avais été battue. Un coup ne tue pas, pas forcément. Mais une balle... Cela peut ôter une vie en une seconde. La mienne, en l'occurrence... Ou celle de mon agresseur. Impossible pour moi, pour le moment, de réaliser que je l'avais tué. J'avais eu peur, j'avais paniqué, je m'étais défendue. Mais j'avais ôté la vie. Aussi pourrie et mauvaise cette vie soit-elle, je l'avais arrachée. Violemment. Pour sauver mon fils. Le plus dur à accepter, c'était que j'aurais certainement recommencé pour les mêmes raisons. Parce que j'avais beau être un agneau, je pouvais devenir le loup pour protéger mon bébé.

J'entendais plusieurs voix autour de moi. Exclusivement des voix masculines. Il y avait Riley, Ethan, Jackson, et il me sembla reconnaître celle d'Alexander. Ces voix étaient angoissées, mais sécurisantes. Je faisais confiance à tous ces hommes, je savais qu'ils me protègeraient. Je n'avais jamais eu autant besoin d'eux qu'en cet instant. Je voulais être protégée, j'avais besoin d'être protégée. J'en aurais presque réclamé mon père. Je ne pensais plus au conflit qui nous opposait. Manquer de mourir changeait tout, absolument tout. Cela remettait les pendules à l'heure et faisait tout repartir de zéro. J'étais sa fille, et j'avais failli mourir. J'avais besoin de mon père. Mais plus que quiconque, j'avais besoin d'Ethan. Ethan que je ne voyais plus, que je n'entendais plus. Je n'eus pas la force de l'appeler. Mais il était près de moi. N'est-ce pas ? Je le connaissais suffisamment pour savoir qu'il ne me laisserait pas m'éloigner de lui de plus de deux mètres. Mais je ne le voyais pas, je ne l'entendais pas et cela accentuait terriblement mon stress. Cependant, je n'étais plus à cela près.

Brusquement, je me suis retrouvée allongée sur une table d'auscultation. Je n'avais même pas réalisé que j'étais rentrée dans l'église, puis dans l'infirmerie. Un rideau fut tiré, et Riley passa derrière ce dernier. Cette pièce de tissu m'empêcher d'avoir le moindre contact avec Ethan. Je me suis remise à pleurer, tandis que Jackson se penchait au dessus de moi, me murmurant des paroles qui se seraient voulues rassurantes. Mais elles ne l'étaient pas. Ou alors, c'était moi qui restait totalement insensible. C'était probablement moi qui était insensible. Mes doigts se sont refermés nerveusement sur les bords de la table tandis qu'il découpait mon tee-shirt avec une paire de ciseaux. Oh, pas parce que j'étais pudique et que je ne voulais pas qu'il me voit à moitié nue. De toute façon, même si ça avait été le cas, il m'avait accouchée, alors niveau pudeur, je crois qu'il n'y avait rien à sauver... J'avais mal. Voilà pourquoi je plantais mes ongles dans le matelas. Le sang avait commencé à coaguler et avait séché en accrochant au tissu. C'était une horreur. J'avais du sang absolument partout. Je serais tombée dans une piscine de sang que cela n'aurait pas été pire. Je ne sais pas pourquoi je ne hurlais pas quand Jackson s'occupa de mon épaule. Certainement le choc. Ou encore, la fatigue. Ou peut-être que je ne sentais plus la douleur, à force. Tout mon bras était endormi. Néanmoins j'eus un sursaut violent quand il nettoya la plaie, pour y voir plus clair. L'alcool pénétra dans mes chairs, les brulant au passage. Je m'accrochais de plus belle au matelas. Jackson faisait une drôle de tête. Je connaissais cette tête. Il la faisait toujours quand il voyait quelque chose qui n'allait pas. Je fis une tête qui ne valait pas mieux que la sienne quand il m'annonça qu'il fallait m'anesthésier. Je secouai la tête. Non, c'était hors de question, je ne voulais pas ! Dormir me faisait peur, l'inconscient me faisait peur. Je ne voulais pas. Qu'il m'anesthésie localement s'il le voulait, mais je préférais sentir chacune de ses interventions plutôt que de fermer les yeux de nouveau.

Avec un soupir, il céda à ma demande. Je tournai de l'œil quand l'aiguille s'enfonça dans mon épaule. Je crus que j'allais m'évanouir. Mais je tins bon. Mon seuil de tolérance à la douleur venait de gagner plusieurs niveaux. Je décidai pourtant de tourner la tête. Je n'avais pas très envie de tout voir. J'avais déjà eu la nausée, et elle réapparaissait lentement. Je n'avais pas envie de vomir et de perdre un peu plus de forces de ce forces. Néanmoins, je ne pus m'empêcher de jeter un regard de temps en temps. Après tout, j'étais médecin, alors un peu de sang ne devrait pas m'effrayer... Oh. Quoique. Je détournai le regard lorsqu'il sortit la balle de mon épaule. Il désinfecta la plaie très longuement, la nettoyant plusieurs fois pour être certain qu'il n'y aurait aucune infection. Visiblement j'avais de la "chance", l'os n'avait pas éclaté, la balle s'était "contentée" de se ficher dedans. Merveilleux. C'était toujours cela de moins. Mais vu ma chance, il y aurait quelque chose d'autre, forcément... Ou peut-être pas, j'avais suffisamment souffert. Il fallut plus d'une heure à Jackson pour me recoudre correctement. Décidément, je l'aidais à pratiquer ses sutures. Avant de me bander l'épaule, il posa plusieurs compresses stériles et imbibées d'antiseptiques sur la plaie. Puis il la banda, avant de me mettre l'épaule en écharpe. Malheureusement, je ne me sentais pas vraiment mieux. L'anesthésie commençait à s'estomper et la douleur revenait. J'allais avoir besoin d'antalgiques et de morphine... Et de sang. Je regardai Jackson d'un drôle d'air. Où comptait-il me trouver du sang ? Je le regardai d'un air incrédule, tandis qu'il passait derrière le rideau.

Je fixai le plafond de l'infirmerie. Les larmes continuaient à rouler sur mes joues. Je pensais qu'elles se seraient taries depuis le temps que je pleurais. Je ne savais même plus pourquoi je pleurais. Je ne voulais penser à rien. À rien du tout. J'aurais tout le temps de ressasser tout cela pendant mes prochaines nuits d'insomnie et mes prochaines crises de nerfs. Pourtant, dur de penser à autre chose. J'avais failli perdre mon fils. On avait voulu me le prendre, me l'enlever. Si je n'avais pas été là... S'il n'avait pas pleuré... Lena, elle, n'aurait probablement pas pleuré. Seigneur... J'avais vidé un chargeur sur cet homme. Il l'avait mérité, mais je l'avais fait. Et je n'arrivais pas à le croire. Moi, la douce Katarina, l'adorable Katarina, j'avais tué un homme. Pour me défendre et sauver mon fils, mais je l'avais fait. Et rien ni personne ne changerait ça, jamais. J'allais devoir vivre avec. Et je savais déjà que je ne pourrais pas le supporter aussi facilement qu'Ethan. Je n'étais comme lui. Je n'y arriverais pas aussi aisément. Je ne le supporterais pas. J'étais médecin. Les gens je les soignais, je ne les tuais pas. Et surtout pas de six balles dans la poitrine. Mais pour autant, impossible de regretter d'avoir sauvé mon fils. C'était mon fils, la chose la plus précieuse dans mon univers.

Je me tournai vers Jackson quand il revint, un peu moins d'une heure plus tard, une poche de sang dans les mains. Où avait-il... ? Il n'y avait pas une tonne de personnes qui étaient compatibles avec moi. J'étais du groupe B-. Il y avait beaucoup plus de personnes de rhésus positif dans la communauté, et je ne me souvenais pas d'avoir vu quelqu'un du même groupe sanguin que moi. Et dans mon entourage immédiat... Évidemment. C'était Ethan. Je ne posais même pas la question. Je savais que cela restait un effort important pour lui. Il avait trop de mauvais souvenirs avec les aiguilles, et il était toujours très mal à l'aise quand il s'agissait de dévoiler ses bras couverts de cicatrices dues aux piqures à d'autres personnes que moi. Cependant, il n'avait pas dû hésiter bien longtemps cette fois ci. Je tendis le bras à Jackson, toujours muette. Il désinfecta la peau au creux de mon coude, avant de me perfuser. La pochette de sang se vida lentement. Et j'étais toujours isolée derrière ce rideau, que j'avais envie d'arracher. Cependant, vidée, je restai figée, attendant patiemment que la transfusion se termine. En espérant qu'un autre problème ne découle pas de celle ci. Quand ce fut terminé, Jackson banda mon bras. Puis il étendit une couverture sur moi, avant de nettoyer mon visage avec un gant humide. Ce dernier, rougi, termina à la poubelle. Je me sentais mieux. Moins sale, moins souillée. Je n'oubliais pas que ce sang m'avait éclaboussée. Quelle horreur. Quelle horreur... C'était trop. Trop pour mon pauvre petit cœur fragile.

« Je veux voir Ethan. S'il te plait. »

Il soupira, rétorquant que j'avais besoin de calme, de repos. Je secouai la tête, me redressant malgré ses recommandations. La tête me tournait. Jackson redressa le dossier pour que je ne risque pas de me faire mal si jamais je retombais en arrière. Il fit bien, parce que je m'appuyai rapidement contre le dossier. Je lui lançai un regard suppliant. Il finit par soupirer de nouveau, et m'annonça qu'Ethan avait fait une crise de nerfs monumentale. Mais je continuai à le supplier. J'avais besoin d'Ethan, réellement besoin de lui. Il secoua la tête avant de passer derrière le rideau. Tendant l'oreille, je distinguai une voix en plus de la sienne et celle d'Ethan. Mon père. Quand était-il arrivé ? Je ne m'en étais même pas rendue compte. Mais, et bien que j'aie envie de le voir, c'était Ethan qui m'importait le plus. Je m'impatientais, et c'était bel et bien à mon tour d'être au bord de la crise de nerfs. J'ai pris une profonde inspiration pour me calmer. Ce fut totalement inefficace. Je hurlai.

« ETHAN ! »

Crier me brula la gorge, mais peu importe. Le rideau fut tiré si brutalement que je crus qu'il allait être arraché. Inutile de préciser qui avait manqué d'arracher ce rideau. Voyant Ethan se précipiter sur moi, je sentis toute ma fragilité me tomber dessus d'un coup, comme une chape de plomb. J'éclatai en sanglots et tendis mon bras valide vers lui tandis qu'il refermait les siens autour de moi. Jamais je n'avais été si soulagée que maintenant de le serrer dans mes bras. J'enfouis mon visage dans son cou, pour me cacher, me dissimuler, me protéger. J'avais envie qu'il me protège. Adieu les reproches quant à ses excès. Là, je bénissais ses excès. Mais même eux n'auraient rien pu faire... Je me serrai contre lui, respirant à fond son odeur.

« Il a essayé de me tuer... Il voulait enlever Sasha, il voulait... Je l'ai tué... Je l'ai tué... »

Honteuse, je me blottis davantage contre lui. Je voulais me dissimuler au reste du monde. Mon père était là, mais encore une fois il devait se sentir bien lésé par rapport à Ethan. Mais étant donné les circonstances, je ne le voyais pas me le faire remarquer. En plus d'être déplacé, c'eût été plus que risqué. Je savais pertinemment que ce n'était pas le moment d'ennuyer Ethan. Il était tellement raide que j'aurais eu peur de le casser en deux en le serrant trop fort. Il était tellement nerveux qu'il en tremblait. Et il avait pleuré, ses yeux étaient encore rouges, irrités par les larmes.

« Je voulais juste le protéger... Je suis désolée... »

Ce n'était pas vraiment de ma faute, mais j'étais tout de même désolée. J'avais transformé notre maison en véritable marre de sang. Je m'en voulais. Mais pas seulement pour cela.

« Je ne voulais pas t'abandonner, je suis désolée, je suis désolée... »

Et si j'étais vraiment morte ? Que se serait-il passé ? Si je mourrais, qui prendrait soin de lui ?
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MessageSujet: Re: Russian Roulette {ETHAN & ALEXEÏ}   Russian Roulette {ETHAN & ALEXEÏ} Icon_minitimeSam 9 Juil - 16:31

C'était une journée banale. Terriblement, affreusement banale. Et atrocement ennuyeuse. La seule chose qui me permettait de mieux supporter cette vie si répétitive qu'à New York, dans les galeries souterraines, était d'être dehors, de pouvoir sortir, me défouler lorsque j'en avais assez. Devoir travailler avec Ethan me donnait envie de hurler, et plus encore depuis que je m'étais disputé avec ma fille. Elle commençait à me manquer, pourtant j'étais toujours en colère contre elle, d'une façon terriblement irrationnelle. Et comme un enfant, je refusais d'être celui qui ferait le premier pas vers l'autre. C'était ridicule, mais je ne pouvais m'empêcher de lui en vouloir encore. Par ricochet, je supportais de moins en moins Ethan. La seule manière que j'avais de pouvoir le tolérer était de penser à l'amour que Katarina éprouvait pour lui. Or, en ce moment, je n'avais absolument pas envie de complaire à Katarina.

C'était une journée banale. Et je priais pour qu'il se passe quelque chose, n'importe quoi, qui me tire de mon ennui.

Si j'avais su...

Un vacarme retentit au dehors, voix affolées, bruit de course, et attira mon œil à la fenêtre de la maison. Absent, je regardai vaguement ce qui se passait, et ne compris pas tout de suite ce que je voyais, me détournant, indifférent. C'était trop gros. Trop impossible.

Non, non, non.

Je me précipitai de nouveau vers la fenêtre. Jackson, c'était Jackson, le médecin d'Elizabethtown, et Riley qui portaient... Non, seigneur, non, non, NON ! Pas elle ! Pas encore ! Pas Katarina ! Pas ma fille ! J'étais tétanisé, paralysé, incapable de réagir. Mon cerveau refusait d'accepter les informations qu'il recevait. C'était ma fille que j'avais vu passer, là ! Inconsciente ! Pleine de sang ! L'épaule déchiquetée ! NON ! Il n'y avait plus que ce mot dans mon esprit. Impossible, non, impossible. Et puis une autre image, aussi, une autre femme évanouie et ensanglantée, blessée, terriblement... Sonja. Katarina. Sonja.

Sonja était morte, depuis longtemps. Katarina ne l'était pas encore. Katarina n'avait PAS LE DROIT de mourir !

Des hurlements résonnaient encore. Katarina, Jackson et Riley avaient disparu, certainement à l'infirmerie. Non, celui que j'entendais, c'était Ethan, Ethan qu'essayait de retenir Alexander...

Et ce fut seulement lorsque le silence fut revenu que je parvins à m'arracher à ma paralysie.

Je partis en courant de la maison et me jetai presque dans l'église, courant vers l'infirmerie. Je n'ai même pas regardé qui était là, je me suis jeté vers le seul lit entouré de rideaux, elle était forcément là, elle ne pouvait être que là, et je VOULAIS la voir, je voulais savoir ce qui s'était passé ! En colère ? Pas prêt à faire le premier pas ? J'avais même complètement oublié que nous étions censés être en froid. C'était ma FILLE, la chair de ma chair, la prunelle de mes yeux, celle pour qui j'aurais tout donné, tout sacrifié, celle que j'avais recherchée, sans jamais perdre espoir, pendant plus de deux ans, celle pour qui j'avais tout abandonné ! J'avais senti au plus profond de moi pendant ces deux années d'errance qu'elle n'était pas morte. Je le savais. Je n'aurais jamais pu tenir sinon, je n'aurais jamais survécu. Mais un fil était toujours omniprésent, entre elle et moi, toujours. Et là, je sentais brusquement qu'il avait faibli. Qu'il s'était rompu, presque, et peinait à se renouer. Et je ne m'en étais même pas rendu compte, parce que je lui en voulais ! Mais pourquoi je lui en voulais, déjà ? Comment pouvais-je trouver la moindre raison de lui en vouloir ? Ma fille était parfaite, un véritable ange, et ma fille avait failli mourir à l'instant, et je ne m'en étais même pas rendu compte. Je criai en entrant dans l'infirmerie, en me précipitant vers ce lit où Katarina revenait à la vie.

Mais je n'ai pas eu le temps de l'atteindre parce que quelqu'un m'a intercepté en se jetant dans mes bras.

Ethan. Ethan, en larmes. Ethan, peu ou prou dans le même état hystérique que moi.

Ethan, qui aimait Katarina autant voire plus que moi. Ethan, qui souffrirait autant voire plus que sa disparition. Ethan, que j'étais censé détester. Pourquoi déjà ? Nous voulions la même chose. Nous avions toujours voulu la même chose ! Le bonheur de Katarina, sa sécurité, sa bonne santé. Le bonheur de Katarina ? Comment avions-nous pu être aveugles à ce point ? Ce n'était pas en nous déchirant que nous pourrions assurer son bonheur ! Nous l'avions forcée à choisir entre nous, et je ne pensais même pas que c'était Ethan qui aurait voulu lui interdire de me voir. C'était ma faute, entièrement ma faute, j'avais refusé d'accepter son mari, alors que j'aurais dû savoir que rien que le fait que ma fille, mon trésor, mon ange, le joyau de toute ma vie, l'ait choisi signifiait que c'était le bon. J'avais tout fait pour qu'il me rejette, parce que c'était bien plus facile de lui faire porter la faute. Je l'avais rabaissé, arguant de son passé de junkie, alors que ce n'était justement QUE du passé. Pourquoi n'avais-je pas accepté cela ? J'avais toujours tout accepté de Katarina, tout, et je ne pouvais pas accepter son mari ? Pourtant... Pourtant Ethan était le seul qui pouvait me comprendre. Le seul et unique. Il était le seul à tenir à Katarina autant que moi. Il était le seul qui pourrait réellement partager mes affres.

Et il pleurait, dans mes bras, image incroyable et pourtant réelle. Il pleurait, et je pleurais aussi, sans m'en rendre réellement compte, lui tapotant le dos en une étreinte maladroite, en murmurant sans cesse :

- Ça va aller... Ça va aller...

Non, ça n'allait pas du tout. Et ça n'irait pas du tout tant que Katarina serait encore blessée, ça n'irait pas tant qu'elle courrait encore le moindre risque ! Je disais d'Ethan qu'il était parano ? J'allais monter la garde avec lui désormais, oui !

- Ne dis pas ça ! Elle n'est pas morte ! Elle n'a pas le droit de mourir !

Elle n'avait pas le droit de mourir parce qu'elle avait son mari et son père qui la voulaient, qui avaient besoin d'elle, qui l'attendaient. Elle n'avait pas le droit de mourir parce qu'elle avait deux enfants, deux beaux enfants, qui n'avaient même pas un an, qui avaient besoin de leur mère ! Katarina avait de très faibles souvenirs de Sonja. Lena et Sasha, eux, n'auraient aucun souvenir d'elle. Elle n'avait pas le droit de leur faire ça ! Elle n'avait pas le droit de les abandonner ! Elle ne pouvait pas leur faire subir ce qu'elle avait connu, ce n'était pas juste, ce n'était pas Katarina, ça, d'être aussi rancunière ! Reste avec nous... Reste avec nous... Elle avait pratiquement le même âge que Sonja... Est-ce que je portais une foutue malédiction ? Est-ce qu'Inessa allait bientôt mourir elle aussi ? Est-ce que Lena ne connaîtrait pas trente printemps ?

Et brusquement, le vide. Je vis que l'on tirait Ethan en arrière, mais je ne reconnaissais même pas les autres visages qui nous entouraient. Il n'y avait qu'Ethan et moi, subissant la même douleur atroce, nous dévorant le cœur. Je ne savais même pas ce qui s'était passé ! Je ne savais même pas pourquoi ma fille était au seuil de la mort !

- Foutez-lui la paix ! hurlai-je, avant de sentir qu'on me ceinturait aussi. Ethan, qu'est-ce qui s'est passé ? Qu'est-ce qui s'est passé ?

- La ferme, Alexeï ! me cria-t-on à l'oreille.

Un rude coup sur la tête m'étourdit soudainement, faisant retomber toute combativité, leur permettant de me maîtriser.

- Quelqu'un a réussi à s'introduire chez eux... Elle s'est fait tirer dessus et a pris la balle dans l'épaule. Elle a fait un arrêt cardiaque. On est en train de la soigner ! Tout va bien ! Elle va guérir !

- Où est-ce qu'il est ? Je vais le tuer. Je jure que je vais le tuer !

- Il est déjà mort ! Elle a réussi à lui tirer dessus, il est mort !

- Et Lena ? Et Sasha ? Ils sont tout seuls ? Avec un cadavre dans la pièce ? LÂCHEZ-MOI !

- Il y a Elizabeth avec eux ! Tout le monde va bien, tout le monde est en sécurité !

- COMMENT OSEZ-VOUS DIRE QUE TOUT LE MONDE EST EN SÉCURITÉ ALORS QUE MA FILLE S'EST FAIT TIRER DESSUS ? rugis-je.

Et vlan ! Un autre coup, qui manqua m'assommer cette fois-ci. Je mis bien cinq minutes à reprendre mes esprits.

Et le temps passait... passait... passait... Ils avaient carrément attaché Ethan. Moi, je m'étais calmé, enfin, du moins parvenais-je à me contrôler. J'étais agenouillé à ses côtés, ma main pressant la sienne. Ça va aller... Ça va aller... Ça va aller... Mots que l'on se répétait sans cesse, vides de sens. Vides d'espoir. Vides de tout.

J'étais totalement tétanisé, désormais, à peine conscient de ce qui se passait autour de moi. Même la transfusion de sang d'Ethan ne parvint pas à me faire sortir de ma bulle. Je me contentais de lui serrer la main, et d'attendre. C'était si long... Tellement long... Beaucoup trop long !

Jusqu'à ce qu'un cri résonne et qu'Ethan se jette vers le lit. Enfin, il l'aurait fait si Alexander ne l'avait pas retenu une nouvelle fois. Et là, j'ai craqué. Mais vraiment craqué. J'ai serré les doigts et je lui ai carrément décoché un coup de poing en pleine mâchoire. Ethan se libéra et fila voir Katarina. Mon regard soutint celui d'Alexander et je grondai :

- Si ma fille veut voir Ethan, vous le laissez aller la voir. Et peu importe qu'il soit hystérique, drogué, parano ou qu'il ait toutes les psychopathologies du monde. Si ELLE veut le voir, vous la LAISSEZ le voir !

Je lui tournai le dos et les rejoignis sans plus de cérémonie, restant cependant en retrait. Je ne voulais pas intervenir, j'avais juste besoin d'avoir Katarina dans mon champ de vision pour m'assurer qu'elle allait bien, enfin.
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Ethan Jones
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MessageSujet: Re: Russian Roulette {ETHAN & ALEXEÏ}   Russian Roulette {ETHAN & ALEXEÏ} Icon_minitimeSam 9 Juil - 20:55

Si on m’avait dit qu’un jour, je serais soulagé de voir débarquer mon beau père à qui j’en voulais pour tous les mensonges qu’il avait servi à ma femme et sa lâcheté, je ne l’aurais jamais cru. Et pourtant c’était ça. Je me sentais soulagé qu’il soit là. Même si je refusais la plupart du temps de l’accepter, je savais qu’Alexeï Kuryenko aimait sa fille sans doute autant que moi je l’aimais. Il avait été prêt à tout pour venir la chercher alors que la guerre faisait rage. Il avait fait fi des bombardements pour partir à la recherche de sa fille. Il n’avait jamais perdu espoir de la retrouver. Pendant deux ans, il n’avait jamais cédé au désespoir en se disant qu’elle était sans doute morte. Non, il n’avait jamais faibli. Et c’était de cette force là dont j’avais besoin. J’avais besoin qu’il me dise que tout allait aller bien, que Katarina ne pouvait pas mourir. Je ne savais pas trop bien pourquoi je m’étais précipité sur lui, mais c’était la seule personne que je voulais voir à ce moment là. J’avais besoin de pleurer avec quelqu’un qui aimait autant Katarina que je pouvais l’aimer.
Je m’accrochais à mon beau père pour ne pas m’écrouler à terre. Je savais qu’ils s’occupaient de Katarina et que son cœur était reparti. Je savais que je pouvais leur faire confiance, mais ils ne pouvaient pas comprendre. Personne ne pouvait comprendre. Le seul qui pouvait essayer de comprendre c’était son père.

Elle était morte dans mes bras. Encore une fois ! Combien de fois avait-elle laissé son cœur cesser de battre alors que je la tenais dans mes bras ? Deux fois ? Trois fois ? C’était trop pour un seul homme. C’était bien trop pour moi. Et on voulait que je me calme ? Mais c’était impossible. Elle était morte dans mes bras !!! Peu m’importait que je fasse une crise d’hystérie, elle était morte dans mes bras. Elle avait fermé ses jolis yeux et ne les avait pas rouvert alors que je la suppliais de le faire. Je voulais simplement qu’une fois on se mette à ma place. Je ne voulais pas grand-chose. Je voulais qu’on me comprenne. Aussi étrange que cela puisse paraitre, Alexeï pouvait me comprendre lui. Il s’agissait de sa fille, pas d’une inconnue. Et lui aussi avait du faire face à la mort de sa femme qu’il aimait par-dessus tout. Même si Katarina semblait avoir plus de chances que sa mère, Alexeï avait du subir l’épreuve de la disparition de l’être aimé.

J’eus alors, pour la première fois depuis qu’il avait fait refait surface dans nos vies, un sentiment de compassion pour cet homme. Oui, il avait une personnalité que je n’aimais pas vraiment, et j’avais du mal à accepter qu’il ne m’aime pas. Mais maintenant je le comprenais, et je ressentais de l’admiration pour lui. Il avait perdu sa femme, il s’était retrouvé seul avec sa fille. Et il y avait fait face. La tête haute. Il avait mis de côté son chagrin pour soutenir sa femme. Et moi tout ce que j’avais fait, c’était lui arracher sa fille. Je comprenais maintenant qu’il puisse me détester. Cette fille qu’il avait tant protégé, qu’il avait cherché pendant des mois, un homme le lui avait pris. On lui avait pris l’affection de sa fille. Et je n’avais pas compris. J’avais voulu qu’il accepte sans lui laisser le temps de digérer la nouvelle. Je m’étais imposé, l’empêchant carrément de voir sa fille. Tout ce qu’il avait pu faire de mauvais venait de disparaitre, au profit d’un nouveau sentiment en moi. Je ne haïssais plus Alexeï…Je le comprenais…Il n’avait toujours voulu que le bien de sa fille. Bien sûr il n’avait pas tiré sur Armando…et je ne comprendrais jamais, mais il n’avait toujours voulu que le bien de Katarina…

Je pleurais comme un enfant dans les bras de son père. Sauf qu’en l’occurrence j’étais un homme de bientôt 30 ans et je pleurais dans les bras de mon beau-père. Mais je m’en moquais. Il ne me repoussait pas, et nous pleurions ensemble.

-Elle…est..morte…dans mes…bras…

A chaque mot ,les sanglots etreignaient ma voix et je devais faire un effort surhumain pour réuissr à dire l’insoutenable. Oui, Katarina était morte dans mes bras. Encore une fois…Et la situation s’arrangerait elle ? Est-ce qu’au fond, ce n »tait pas à cause de moi que Katarina subissait ça à chaque fois ?

J’ai senti les mains de mon beau père me tapoter le dos. Je savais qu’il devait être dans le même était que moi, si ce n’est pire. Après tout Katarina était sa fille, la chair de sa chair, le sang de son sang, et il devait me consoler moi. Alors qu’il devait sans doute me rendre responsable de tout ça. Il l’avait déjà fait par le passé. Mais je ne lui en voulais pas. Il avait sans doute raison. Je devais être celui qui empêchait Katarina d’être tout à fait en sécurité. Mais je n’arrivais pas à me calmer. Rien ne me calmait. J’avais tenu bon quand j’attendais du secours. J’avais fait preuve de tout mon sang froid à ce moment là. Mais quand on me l’avait arraché des mains pour pouvoir réussir à la sauver, j’avais laisse le masque tomber. Je tremblais comme une feuille. Pas comme quand j’étais en manque. C’était même pire. Je ne savais pas me calmer de toute façon. La seule qui réussissait à me calmer était encore entre la vie et la mort.

Alors quand j’ai senti une main m’arracher de l’étreinte rassurante de mon beau père, j’ai eu un geste brusque. J’ai envoyé mon poing en arrière. Mais je n’ai fouetté que de l’air. Jusqu'à ce que des bras puissants me bloquent les mains et qu’on me tire en arrière. Toujours cette même voix. Forte, autoritaire.

-Il faut lui donner quelque chose pour le calmer.

Je ne savais pas à qui il s’adressait. J’étais aveuglé par mes larmes et mon désespoir. Je ne voyais plus rien autour de moi. Mais je savais que je ne voulais rien. Je ne voulais pas de leurs saloperies. Je ne voulais pas de médicaments, je n’en avais jamais voulu. J’avais trop peur de ces choses là. Pourquoi est ce que personne ne comprenait que je n’avais pas le droit de prendre quoi que ce soit, que c’était dangereux ? Pourquoi est ce qu’ils n’en avaient pas conscience ? Katarina, elle, elle le savait. Elle savait qu’il ne fallait rien me donner. Elle savait toujours ce qu’il fallait faire avec moi. Elle ne m’aurait jamais rien donné qui puisse me faire du mal.

Je secouais la tête à Alexander. Non, je ne voulais pas de médicaments, je n’en avais jamais voulu et ça n’était pas prêt de commencer. Je n’avais pas besoin de ces merdes.
C’était elle que je voulais. Je ne voulais qu’elle. Alors je me suis débattu, rassemblant toutes mes forces. Je voulais me débarrasser de cet étau qui m’enserrait pour aller retrouver ma femme.

-Il faut que je la voie ! Je veux la voir ! Laissez-moi la voir !

Mais je sentis quelqu’un derrière moi m’agripper, m’enlacer pour que je cesse de me débattre et de m’échapper.

-Ethan, laisse-les faire leur travail.

Je m’en fichais qu’ils fassent leur travail. Enfin non…je ne les empêcherai pas de le faire. Je voulais qu’ils la sauvent. Mais je voulais être à ses côtés, je voulais lui tenir la main. J’avais besoin de la voir. J’avais peur qu’on me la prenne à nouveau. Je ne voulais plus être séparé d’elle. Je voulais la voir nuit et jour. Je voulais ne plus la quitter des yeux pour être sur qu’elle était en sécurité. Et on m’en empêchait. Avec force ! On m’a assis de force, et j’avais beau me débattre et faire de grands gestes, on m’a attaché à une chaise. Oui, je sentais qu’on m’attachait les mains dans le dos et qu’on les liait à une chaise sur laquelle on m’avait assis.

C’était cruel. Méchant. Sadique…Je ne demandais rien d’autre qu’être là pour ma femme. Qui étaient-ils pour décider ce que je devais faire ? Je tapais du pied pendant plus de cinq minutes mais je m’épuisais alors je me suis laissé retomber, tête baissée, cherchant à ravaler mes sanglots. Je les entendais un peu parler entre eux, mais je n’entendais pas. Ils parlaient trop bas pour moi. Et puis, j’essayais aussi de comprendre ce qu’il se passait vingt mètres plus loin, derrière ce rideau. Et pour l’instant je ne comprenais rien.

Alors que je ne l’espérais plus, le rideau a bougé et j’ai levé la tête vers Jackson. Je ne savais jamais ce qu’il pensait. Il ne montrait jamais ses sentiments, et il ne souriait pas ni ne montrait qu’il était inquiet. J’étais fou d’inquiétude et il ne cherchait même pas à me rassurer. Je n’aimais pas ça… Il s’approcha d’Alexander, et lui parla tout bas. Je suivais la scène avec intérêt. Alexander hocha la tête, et fit signe à Maxim de me détacher. Enfin !!!

Mais alors qu’on me détachait j’allais me précipiter sur Katarina mais Alexander se mit devant moi et posai ses mains sur mes épaules. Je voyais bien qu’il cherchait à attirer mon attention, mais j’essayais d’apercevoir ma femme. Je voulais juste la voir, je ne voulais pas les empêcher de la soigner, je voulais la voir.

-Ethan elle a besoin de sang. Tu crois que tu pourrais… ?

Elle a besoin de sang…C’est tout ce que j’avais entendu. Elle avait besoin de sang. On n’a pas besoin de sang quand tout va bien. Elle avait besoin de sang…J’avais pourtant vu tout le sang qu’elle avait perdu et je n’aurais pas du être étonné, mais la vérité c’est que je n’avais pas compris ce que cela signifierait à long terme. Oui, ma femme avait besoin de sang. Très vite sans doute. Beaucoup de sang, vu ce qu’elle avait perdu. Et on voulait quoi de moi ?

Ha…ils pensaient que je pouvais être celui qui lui donnerait du sang. Bien sûr ! Je ne savais pas pourquoi on me demandait à moi plutôt qu’à son père par exemple, mais il était évident que j’allais dire oui. J’étais prêt à tout pour qu’elle aille bien. Je n’aimais pas trop le sang, les aiguilles et tout ça, mais je le faisais pour elle. On pouvait me prendre tous mes organes s’il le fallait. Pourvu qu’elle vive, je n’avais besoin de rien.
Jackson me regardait avec insistance, attendant impatiemment que je me décide. Je me jetais alors contre lui, le prenant par les épaules. Ma voix était celle d’un fou. Un fou d’amour pour sa femme qui se mourait sans doute.

-Prends-tout mon sang. Prends tout !

Je n’en avais pas besoin moi. Enfin si…mais c’était Katarina qui avait besoin de ce sang. Alors je lui donnerais tout, ne gardant que le nécessaire. Je voulais seulement qu’il la soigne rapidement. Je voulais qu’elle aille bien. Je voulais revoir ses beaux yeux gris-bleus, je voulais l’embrasser à nouveau, je voulais enfouir mon visage dans son cou, je voulais sentir ses doigts dans mes cheveux, je voulais entendre son rire et sa voix. J’avais besoin de ma femme. Je fis à nouveau un pas pour parcourir les quelques mètres qui nous séparaient, mais à nouveau on me barra le chemin.
On me conduisit de l’autre côté de l’immense pièce et on me força à m’allonger. Pourquoi m’éloignait-on encore plus de ma femme alors que nous avions besoin l’un de l’autre. Je voulais simplement la voir. Je voulais être sûr qu’elle allait bien. Je les laissai m’allonger sur le lit, une main me clouant sur ce même lit, et quelqu’un s’agitant autour de moi. Je n’avais pas fait attention à qui se trouvait vers moi. J’avais la tête tournée vers ce rideau qui m’empêchait de voir mon ange. Qu’on ouvre ce rideau, que je puisse la voir. Je ne demandais que ça.

Je sentis alors des mains expertes et féminines m’enlever mon tee-shirt à manches longues. Je n’aimais pas les longues manches surtout en été, mais je n’aimais pas qu’on s’attarde sur mes bras. Avec le temps, cela ne me faisait plus rien que Katarina me voit entièrement nu, mais j’étais toujours gêné quand je devais me retrouver bras nus devant les gens. Je savais que leurs regards se posaient automatiquement sur mes bras criblés de traces de piqures, et mes veines un peu étranges maintenant. Et je n’aimais pas qu’on ait pitié de moi ou quoi que ce soit. Alors je cachais mes bras le plus possible. Et que Diane me confronte au regard des gens qui étaient là avec nous me gênait.

-Ca va aller Ethan. On ne va pas te prendre tout ton sang. L’aiguille est impressionnante mais…Ha…

Je secouais la tête. Je n’avais pas peur de l’aiguille. Aussi grosse qu’elle puisse être, ce n’était pas ça qui me faisait peur. Mais comment dire à un médecin que vous avez honte de votre passé au point de ne pas vouloir vous montrer. De toute façon ce n’était pas comme si personne ne savait que j’avais été un junkie. Certains pensaient même que je me droguais encore, j’en avais conscience. Mais non, je n’avais sombré que peu de temps. Et encore…c’était quand je pensais que Katarina avait perdu Sasha. Sans ça, je ne serais jamais retombé dans cet enfer.

Je concédais alors à retirer mon tee-shirt, et je fermai les yeux en tournant la tête. Je ne voulais pas voir cette aiguille. Je ne voulais pas la voir rentrer dans ma veine. Je ne voulais pas voir ça. J’avais trop peur de ressentir cette sensation d’avoir besoin de quelque chose pour surmonter cette épreuve. Je ne sursautais même pas quand je sentis quelque chose de froid sur ma peau et l’aiguille s’enfoncer dans ma veine. J’étais même étonné que Diane ait pu trouver une veine aussi rapidement. Je les avais toutes explosées en me piquant quasi quotidiennement. Et il n’était pas rare qu’elles soient encore douloureuses. Je devais concéder cela à Diane. Elle était un bon médecin…pour autant, j’aurais préféré qu’Evan ne se soit pas entiché d’elle. Son frère Tomas et elle me sortaient toujours par les yeux.
Je pris sur moi de jeter un œil et vit alors mon sang couler dans un tuyau et partir dans un petit sac comme ceux où l’on mettait le liquide pour les perfusions. Il se remplissait lentement et il y en avait même un deuxième à côté. Elle n’allait tout de même pas me prendre deux sacs entiers ?

Je me sentis tourner de l’œil quand je me rendis compte de ce qu’il se passait. Bien sur je voulais donner mon sang à ma femme, je ne reculerais pas. Mais la vue du sang me faisait tourner la tête. L’odeur me montait aux narines et je dus fermer les yeux pendant plus d’une demi-heure pour ne pas avoir envie de vomir.

-Ethan c’est fini, tu peux rouvrir les yeux…

Hein ? Quoi ? Comment ? Qu’est ce qui était fini ? J’avais presque l’impression que je m’étais endormi…Je les aurai presque soupçonné de m’avoir donné quelque chose contre mon gré. D’ailleurs c’était peut-être le cas… Mais il avait suffit que Diane me dise que c’était fini pour que je repense au pourquoi du comment. J’étais allongé dans un lit d’hôpital à l’infirmerie de la communauté. Je venais de donner mon sang pour ma femme qui en avait perdu énormément. Et maintenant que c’était finii, je voulais qu’on me laisse la voir. On n’avait pas le droit de m’empêcher de la voir. C’était ma femme !!

Je me redressai dans le lit, prêt à poser un pied par terre quand on me rallongea d’une main. Des étoiles dansaient devant mes yeux et je sentis ma tête me tourner. J’avais presque un haut le cœur subitement et je ne savais pas d’où me venait cet état. Je voulais que ça passer parce que ma femme était dans un état critique et que je ne pouvais même pas la soutenir. Je voulais simplement qu’on me laisse lui tenir la main. Je voulais qu’elle sente que j’étais là, et que je le serais toujours. Là, elle devait certainement avoir l’impression que je ne la soutenais pas. Elle avait failli mourir, elle l’avait été même, et je n’étais pas là pour elle. Donner mon sang pour elle n’était qu’une petite goutte d’eau. Ce n’était pas assez pour moi. Je voulais prendre sa souffrance et l’en délivrer. Elle n’avait pas à souffrir. Elle était trop gentille, trop douce, trop maternelle pour souffrir. Elle avait déjà assez souffert comme ça.

Diane revint alors vers moi, un plateau dans les mains, et le posa sur une petite tablette qu’elle me colla devant. Je regardais le plateau avant de la regarder elle. Je ne comprenais pas pourquoi elle m’amenait une assiette de légumes, un jus d’orange et des pâtes. Ma femme était dans un état grave et elle m’apportait à manger. Décidément cette femme était plus qu’étrange. Je repoussais la petite table et me dégageai pour aller voir Katarina. Cette fois ci j’étais bien décidé à ce que personne ne m’empêche d’aller voir ma femme.

-Il faut que tu manges.

Alexander était toujours debout à côté de moi et remit la tablette devant moi. Il me désigna le plateau du regard, et il avait l’air sérieux. J’avais l’impression qu’il s’adressait à sa fille de trois ans. Mais je n’étais pas un enfant. J’étais un adulte et j’avais des responsabilités. Ma première responsabilité était envers ma femme. Et là, on m’empêchait complètement de faire ce que je devais faire. Mais ils avaient perdu l’esprit ou quoi ? Je n’entendais plus Katarina et j’étais angoissé. Et si en fait elle avait succombé à ses blessures ? Et si elle avait perdu connaissance ? Et si on m’empêchait de la voir parce qu’on avait peur qu’elle ne meure ? Non !! Non !!! Je ne voulais pas qu’elle meure. Elle n’avait pas le droit de me laisser. Je me sentais si vide sans elle.

-Je veux Katarina ! Je veux Katarina !!

-Ils s’occupent d’elle Ethan ! Laisse-les travailler !

Sous le regard d’Alexander, je fins par manger un peu. Mais j’avais les yeux rivés vers le rideau. J’attendais qu’il s’ouvre. J’attendais de pouvoir voir Katarina. Je n’avais même pas faim. J’étais bien trop nerveux pour manger, mais je voyais bien qu’Alexander ne me lâcherait pas. Je levai les yeux vers Alexeï. Alexeï qui depuis qu’il était rentré à l’infirmerie ne m’avait pas lâché d’une seule semelle. Je me rendais compte maintenant que nous avions mis nos différends de côté. Et je réalisais qu’il avait été là pour me tenir la main et me soutenir. Il m’avait soutenu moralement alors qu’il était certainement aussi impatient de voir Katarina. Je pouvais lire l’inquiétude dans son regard. Je voyais enfin en lui le père investi que Katarina m’avait maintes fois décrit. Est-ce que je ressemblais à ça avec Lena et Sasha ? Est ce que j’avais ce même regard fou à l’idée que mes enfants puissent avoir le moindre problème ?
Certainement…

Mais déjà j’arrêtais de me questionner. Je venais d’entendre Katarina m’appeler. Elle m’appelait moi. Personne d’autre. Elle n’appelait que moi. Mon amour, mon ange… Si elle savait à quel point je m’en voulais qu’elle ait du souffrir encore une fois. J’avais tout essayé pour que plus personne ne lui fasse de mal et j’avais encore failli. J’avais encore failli la perdre, et je ne devais m’en prendre qu’à moi-même.
Je poussai la tablette et me levai rapidement. Personne ne me retiendrait cette fois-ci. On n’avait pas le droit de m’empêcher de voir ma femme et d’être là pour elle. Elle me réclamait.
Alors que je fus le plus rapide, j’entendis Alexeï interdire à Alexander de m’empêcher d’aller retrouver Katarina. Il prenait ma défense, et n’en profitait même pas pour prendre ma place. Les choses avaient changés. J’aurais aimé que cela se fasse dans d’autres circonstances. Mais au moins nous nous comprenions. Et notre amour pour Katarina nous avait liés.

Katarina…

Katarina sur qui je me jetais littéralement, poussant le rideau à l’en déchirer tellement je n’en pouvais plus de cette distance qu’on nous avait imposés alors que nous en avions besoin. Moi j’avais besoin de voir qu’elle était vivante. Et on m’avait séparé d’elle pendant prés de deux heures. Deux heures à me ronger les sangs. Je pensais alors à mes enfants l’espace de quelques secondes. Mes deux petits amours qui avaient du être terrifiés par ce qu’il s’était passé. Pourtant, je savais que si Evan et Lizzie n’étaient pas ici, c’est qu’ils étaient avec Lena et Sasha. Je le sentais au fond de mon cœur. Ils ne m’auraient jamais laissé m’inquiéter. Et ils n’auraient jamais laissé Katarina manquer de mourir sans être là. Ils étaient nos plus proches amis, ils étaient des membres à part entière de notre famille.
Je me fichai des gens autour de nous .Je me moquai bien de leurs recommandations. Plus personne ne m’empêcherait d’être là pour ma femme. Je me jetai littéralement sur Katarina et l’enlaçai. Je devais la serrer si fort qu’elle pourrait se briser, mais je n’en avais pas conscience. J’étais tellement soulagé qu’elle soit finalement en vie. J’étais soulagé qu’elle ne m’en veuille pas et qu’elle me réclame. Je me sentais terriblement coupable de l’avoir laissée seule cet après midi pour aller faire des trucs sans importance. J’aurais du être là. Je n’aurais pas du laisser quelqu’un lui faire du mal. J’avais promis que plus personne ne lui ferait de mal. Et c’était encore raté. On avait tiré sur elle. On avait failli encore une fois me l’arracher.

Elle fondit en larmes dans mes bras et je ne fus pas en reste. J’avais eu si peur quand j’avais entendu les coups de feux et que je m’étais rendu compte qu’ils provenaient de chez nous. Sans parler du moment où je l’avais vu perdant conscience dans les escaliers. J’avais eu si peur quand ses yeux avaient refusé de se rouvrir. Et même si maintenant elle était en vie, la paranoïa dont tout le monde m’affublait n’était pas prêt de disparaitre. Je n’étais pas fou ! On nous en voulait vraiment personnellement. Ce n’est pas comme si j’étais paranoïaque sans raison. Oui, je voulais bien admettre que je l’étais. Mais j’avais de très bonnes raisons de l’être, d’excellentes raisons d’ailleurs. En deux ans, je ne comptais plus les fois où elle avait failli mourir. Et à chaque fois c’était dans mes bras…Non, je ne pouvais pas être serein. Et je ne le serai sans doute jamais plus. Impossible.

Je ne la quitterai plus jamais. Nous resterions toujours ensemble. Tous les quatre. Où qu’on aille, nous ne nous quitterons plus. Je préférais mourir que de me savoir séparé de ma famille. La sentir contre moi, passer mes mains sur elle était certainement ce qui me réconfortait le plus en cet instant. Quand elle enfouit son visage dans mon cou, je me sentis enfin bien. J’étais à ma place et elle était à la sienne. Il ne manquait que Lena et Sasha.

Elle avait tué un homme ? Et alors ? Elle avait cherché à protéger Sasha. Elle venait de dire qu’il avait essayé de nous prendre Sasha. Elle avait bien fait. Au moins, je n’aurais pas à le traquer pour le tuer de mes propres mains. Ma femme s’en était chargée avant moi. Je ne comprenais pas pourquoi elle s’excusait de quelque chose de naturel. On voulait nous enlever nos enfants, il était tout à fait normal qu’elle tue ces gens là. N’importe qui aurait tiré. Je ne voulais pas qu’elle se sente coupable d’avoir protégé Sasha. Elle n’avait fait que son devoir de mère.
Rien n’était sa faute. C’était peut-être un peu la mienne, mais je m’en moquais. Ce n’était pas sa faute un point c’est tout. Et je ne voulais pas qu’elle pense que je pouvais lui en vouloir une seule seconde d’avoir failli m’abandonner. C’était moi qui lui devait des excuses. S je n’avais pas quitté la maison pour aller travailler, personne ne se serait introduit chez nous pour tenter de prendre Sasha. J’étais sur qu’ils avaient attendu que je sois parti. Qui ? Ca restait un mystère. Mais pour le moment tout ce qui m’importait c’était de consoler ma femme, de lui montrer à quel point je l’aimais. Lui dire aussi…

-Je t’aime, je t’aime, je t’aime.

Je l’aimais tellement. Je voulais la garder contre moi toute la vie. Je ne voulais plus la quitter une seule seconde. Je me détachai un tout petit peu pour pouvoir ne pas aggraver sa blessure, et pouvoir à nouveau voir son si beau visage. Je séchai alors ses larmes du bout des doigts, et passai une mèche de cheveux encore poisseuse de sang derrière son oreille. Ses grands yeux gris rougis par les larmes me paraissaient si essentiels à ma vie. J’avais eu tellement peur de ne plus les voir que je me mis à les contempler pendant prés de cinq minutes, ses mains dans les miennes. Et n’y tenant plus je me suis rué sur ses lèvres, à la rencontre de sa langue. J’avais besoin de la sentir contre moi. Et si étrange que cela puisse paraitre en ce moment, j’aurais aimé pouvoir l’avoir entièrement à moi. J’aurais aimé ne former qu’un avec elle. Parce qu’elle me manquait physiquement mais pas seulement…C’était la seule façon de savoir que personne ne me l’arracherait…

Je quittai alors ses lèvres pour embraser ses joues, ses tempes, son front, ses yeux, son nez, sa bouche encore, son cou, le lobe des ses oreilles…Je la dévorais des lèvres, tellement avide d’elle. Je me fichais de mettre Jackson, Diane, Alexeï, Alexander dans l’embarras. Il n’y avait qu’elle qui comptait.

-Je vous laisserai plus tous seuls. On restera toujours ensemble.

Nuit et jour. Toujours. Je ne voulais plus être séparée d’elle ou des enfants. Il était hors de question que quelqu’un nous sépare. Je me suis levé, et j’ai passé une main dans son dos pour pouvoir la porter. J’allais la soulever pour la ramener chez nous quand Jackson m’en empêcha.

-Elle reste ici ! Elle est blessée et encore fragile Ethan.

J’ai regardé Katarina, cherchant du soutien. Je voyais bien qu’elle aussi préférerait être avec nos enfants. Elle ne tarderait pas à réclamer Sasha. Et c’était même un miracle qu’elle ne l’ait pas encore fait.

-Mais...Mais…mais…
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MessageSujet: Re: Russian Roulette {ETHAN & ALEXEÏ}   Russian Roulette {ETHAN & ALEXEÏ} Icon_minitimeDim 10 Juil - 19:04

Mes doigts s'étaient refermés nerveusement sur le tee-shirt d'Ethan, si fort que je devais pincer sa peau sans le vouloir. Je ne voulais plus le lâcher, plus jamais. Je voulais sentir ses bras autour de moi continuellement. Je voulais rester tout contre lui, tout contre sa poitrine. Je ne me sentais jamais plus en sécurité qu'au creux de son étreinte toute masculine. Il n'y avait que dans les bras d'Ethan que je me sentais à l'abri. QUE dans ses bras. Ethan n'était pourtant pas un homme très impressionnant. Il était grand, oui, mais pour autant il n'avait pas la carrure d'Alexander ou d'Aaron, qui pourtant n'étaient pas bien plus grands que lui. Il était mince, certains diraient même maigre, et sans avoir l'air d'un gringalet, n'avait qu'une musculature sèche. Pourtant, même s'il n'avait pas un physique de jeune premier, j'étais sûre, certaine, qu'il ne m'arriverait jamais rien tant que j'étais blottie dans ses bras. Il ne m'était jamais rien arrivé quand j'étais avec lui. Toutes ces choses affreuses qui m'étaient arrivées, elles étaient arrivées quand je n'étais pas avec lui. Quand cette galerie s'était effondrée sur moi, il n'était pas là. J'étais avec Gabrielle et Aristide. Là, il avait failli me perdre une première fois – ou seconde, si l'on compte mon premier accouchement. Et quand Alan m'avait enlevée, je n'étais pas avec lui non plus... Ce jour là, j'avais seulement prévu de descendre à la réserve cinq petites minutes. J'avais bien failli ne jamais revenir. C'était plus morte que vive qu'il m'avait retrouvée. Et aujourd'hui, cela avait été pire que tout. Je serais morte, bel et bien, s'il était arrivé cinq minutes plus tard. Mon cœur s'était arrêté, et sans les talents de Jackson, il aurait pu ne jamais repartir. Et je serais morte. J'avais failli mourir tellement de fois que maintenant, cela me terrifiait, alors que jusque là j'avais été plutôt sereine face à la mort. Comment pourrais-je continuer à l'être ? Je ne pouvais plus, et surtout pas maintenant que j'avais une famille entière qui comptait sur moi. Je n'avais pas le droit d'abandonner Ethan, de faire de lui un veuf. Et je n'avais surtout pas le droit de faire de mes enfants des orphelins. Et puis, je ne voulais pas mourir. J'adorais ma vie, du moins quand cette dernière était paisible. J'adorais les gens qui m'entouraient. Et comme on dit, j'étais trop jeune pour mourir. Je n'avais que vingt-six ans. C'était encore trop peu. Je commençais à peine à vivre ma vie pleinement. Si il n'y avait pas eu la guerre, je n'aurais même pas terminé mes études... Si il n'y avait pas eu la guerre, peut-être que je ne serais pas mariée à un homme extraordinaire, peut-être que je n'aurais pas donné naissance à deux petits anges.

Comme je regrettais de m'être disputée avec lui... Comme je regrettais de lui avoir reproché de me surprotéger... J'avais été bien idiote. Je pensais pourtant bien faire en lui demandant de moins me surprotéger. Tout ce que je voulais c'était être un peu plus libre de mes mouvements, un peu plus indépendante... Tout ce que j'avais voulu, c'était simplement avoir le droit de voir quelques amis, de sortir un peu... Je n'avais pas compris pourquoi il me surprotégeait tant, alors que selon moi il n'y avait pas de danger. Qui parmi nos proches pourraient nous vouloir le moindre mal... ? Seulement voilà, le danger venait toujours d'ailleurs... Je comprenais maintenant un peu mieux pourquoi il me mettait tant de barrières, tant de limites. Il avait peur. Tout simplement. Il avait peur, parce que sa famille, c'était tout ce qui lui restait. Parce que sans moi il était aussi perdu qu'un enfant... Plus jamais je ne lui ferais de tels reproches, je m'en faisais la promesse. Après ce qu'il venait de m'arriver, je préférais encore me menotter à lui pour une durée indéterminée. Voire pour l'éternité s'il le fallait. Je ne voulais plus le lâcher, je ne voulais plus m'éloigner de lui d'un seul centimètre. J'étais en état de choc, tout comme lui. Je le sentais encore qui tremblait, il avait du mal à rassembler ses forces pour me serrer contre lui. Moi j'étais si nerveuse que je m'étonnais encore de ne pas avoir déchiré son tee-shirt. Quoique étant donné son état, je doutais qu'il songe à le garder. Il était déjà troué en plusieurs endroits, poussiéreux, couvert de sang séché. Et il n'y avait que moi pour songer à l'importance d'un malheureux tee-shirt en un moment pareil. Mais c'était tout à fait moi. Je pensais toujours à des futilités incroyables alors qu'il y avait nettement plus important. J'avais, par exemple, toujours songé que j'allais ruiner les draps alors que j'accouchais, que ce soit de Lena ou de Sasha. J'étais la reine des pensées stupides au mauvais moment. À croire que c'était un mauvais moyen de me défendre et de me protéger des atrocités.

J'acquiesçai plusieurs fois de suite, automatiquement à chaque fois, alors qu'Ethan me disait qu'il m'aimait. Je le savais, mais j'avais terriblement besoin de l'entendre. C'était rassurant, apaisant. Surtout alors que vous êtes persuadée que jamais plus vous n'entendrez ces mots. Si j'étais morte, vraiment morte, la dernière chose qu'il m'aurait dite aurait été « ne me laisse pas ». Du moins, cela aurait été la dernière chose que j'aie entendu. Et cela n'aurait fait que renforcer ce puissant sentiment d'abandon, du culpabilité... Je ne voulais pas que ce soit la dernière chose qu'il m'ait dite. Je ne voulais pas que ce soit les derniers mots que j'aie entendu. Je voulais entendre un beau et sincère « [color=tan]je t'aime[/i] », sur mon lit de mort, dans soixante ans. Je ne voulais rien d'autre. Je voulais à tout prix éviter une mort brutale et violente. Je ne voulais pas l'abandonner. Que ferait-il sans moi ? Qui s'occuperait de lui ? Ethan avait besoin qu'on prenne soin de lui. Il ne pouvait pas être tout seul. Il avait besoin de moi, au moins autant que moi j'avais besoin de lui en cet instant. J'étais plus vulnérable qu'une enfant de cinq ans. À ceci près que je ne m'étais pas contentée de glisser et de m'écorcher le genou sur un caillou. J'étais passée à quelques centimètres de la mort. La balle n'avait fait que se loger dans l'os. Mais elle aurait pu le traverser de part en part, elle aurait pu sectionner une artère, ou un muscle important... Dans mon malheur, j'avais eu une chance incroyable.

J'ai eu un petit gémissement plaintif quand Ethan m'a légèrement détachée de lui. Est-ce que je le serrais trop fort ? Est-ce que je lui avais fait mal sans le vouloir ? Je lui lançai un regard désolé, avant de me rendre compte qu'il ne s'agissait absolument pas de cela. Si je l'avais serré trop fort, il n'aurait même pas pensé à me le faire remarquer. J'ai baissé les yeux, presque honteuse, quand il s'est mis à sécher mes larmes. J'avais tellement pleuré que mes yeux étaient irrités. J'ai relevé les yeux et ai tenté un maigre sourire quand il a replacé une mèche de cheveux derrière mon oreille. Et puis il s'est mis à regarder d'une façon telle que j'eus l'impression d'être le centre de l'univers. Il me dévorait carrément des yeux, comme si c'était la dernière fois qu'il pouvait le faire. Je suis restée muette et pétrifiée tandis qu'il me regardait. Tout à coup je me suis moi même mise à le regarder, réalisant que j'avais bien failli ne plus jamais le revoir. J'aurais pu ne jamais revoir ses grands yeux bleus si expressifs que j'aimais tant. J'aurais pu ne jamais le prendre dans mes bras une fois encore. J'aurais pu ne jamais ébouriffer ses cheveux comme j'adorais le faire. J'aurais pu ne JAMAIS le revoir, tout simplement. C'était une chose inacceptable. Nous ne pouvions pas être séparés de cette façon. « Jusqu'à ce que la mort nous sépare » était la phrase la plus stupide du mariage. Non, la mort pouvait bien aller se faire voir ailleurs, ce n'était pas elle qui me séparerait de mon âme sœur.

J'eus un petit sursaut quand brusquement, il m'embrassa. Il voulait juste m'embrasser. Et moi je ne voulais que ça, qu'il m'embrasse comme il était en train de le faire. Il était si passionné qu'il me laissait à peine le temps de répondre à son baiser. Oh, mais loin de moi l'idée de me plaindre. Je le laissai faire lorsqu'il quitta mes lèvres pour embrasser mes joues, mes tempes, mon front, mon cou... Il me couvrait de baisers de la tête aux pieds, me dévorant carrément. Il y avait une petite note désespérée dans ses baisers qui me donnait envie de me remettre à pleurer. À la seconde où il cessa de m'embrasser, je décidai de me blottir de nouveau contre lui.

« Je ne veux plus que tu me laisses, Ethan. Pas une minute, pas une seconde, jamais. Je ne savais pas quoi faire, toute seule... Je me suis sentie tellement... tellement... démunie... »

Et c'était peu dire. J'avais complètement paniqué, ne sachant pas quoi faire pour défendre mon fils, pour me défendre. Mon premier réflexe avait été de me saisir d'une arme... Et de m'en servir. Je tressaillis. J'avais tué cet homme... Je n'en revenais pas. Pourtant les faits me revenaient de plus en plus clairement. Je me revoyais très nettement appuyer sur la détente six fois de suite. Une fois aurait suffi. Mais j'avais tout simplement paniqué. Je n'avais pas le sang froid d'Ethan dans une telle situation. Lui n'avait jamais paniqué. Il s'était toujours débrouillé pour ne pas se retrouver dans une situation comme la mienne. Lui n'avait jamais hésité... Il avait toujours su quoi faire. En cette occasion, il aurait su gérer la situation parfaitement. Il n'aurait pas retapissé la moitié de notre maison de sang. Il n'aurait pas manqué d'y laisser la vie. J'avais tout fait de travers. J'avais laissé la panique m'envahir, devant la peur de me faire voler mon fils. Devant cette peur concrétisée, que j'avais redoutée à la seconde où je l'avais mis au monde...

J'ai regardé Ethan avec un drôle d'air, en fronçant les sourcils, lorsque je le vis se lever, avant de passer un bras dans mon dos et l'autre sous mes genoux pour me... porter ? Il voulait déjà me ramener chez nous ? Soudainement prise de panique, je lançai un regard un peu paniqué autour de moi, croisant les yeux de mon père, puis ceux de Jackson. Ce dernier eut vite fait de calmer les élans d'Ethan. J'étais blessée, encore faible, il valait mieux que je reste à l'infirmerie un jour ou deux, le temps de vérifier que tout allait bien, et... Le temps de débarrasser la maison. Avec un air d'incompréhension totale, Ethan m'a reposée sur la table d'observation. J'ai eu une grimace. J'ai attrapé la couverture que Jackson me tendait, et je l'ai plus ou moins étalée sur moi, de ma main libre, et avec un petit coup de main d'Ethan. J'ai eu un soupir, me passant une main dans les cheveux. J'ai grimacé. Mes cheveux étaient poisseux de sang, c'était quelque chose que je détestais.

« Je ne veux pas retourner chez nous, Ethan, je... Je ne peux pas. Je ne VEUX PAS. Il y a... Il y a encore cet homme et... Il y a du sang partout. Il y a du sang partout ! C'est... Je ne veux pas y retourner. Pas tant que la maison sera dans cet état. Je ne veux plus une seule goutte de sang dans cette maison. »

Ethan ne se rendait pas compte du traumatisme que cela représentait pour moi. Il devait seulement penser que j'avais fait ce qu'il fallait faire. Mais pour moi, c'était plus dur que cela. J'avais beau savoir que j'avais fait tout ce qu'il y avait à faire... J'avais tout de même tué un homme. Puisse-t-il être le pire être que la terre ait jamais porté, cela n'y changeait rien. Je l'avais tué. Je me rendais compte qu'il n'y avait rien d'autre à faire. C'était lui ou moi. Et si je n'avais rien fait, il aurait enlevé Sasha. Mais pourquoi ? Pourquoi vouloir me le prendre ? Il était si petit ! Il n'avait que deux semaines, pourquoi me l'enlever ? Pour l'emmener où, et avec qui ? J'étais complètement terrorisée. On avait voulu m'enlever mon bébé. Mon minuscule bébé. J'avais eu raison d'avoir si peur. Cet homme était tout simplement passé par la fenêtre ! Si il s'était retrouvé dans la chambre de Lena, il aurait pu l'enlever sans que je m'en rende compte. Parce que Lena, elle, n'aurait pas pleuré. Lena ne pleurait jamais... Il l'aurait prise, sans que je m'en rende compte. Et j'aurais pu ne jamais la revoir...Cette simple pensée suffisait à me rendre folle. Je n'aurais pas fini de m'en vouloir si c'était arrivé. Je crois que cela m'aurait donné envie de me tuer. Je n'aurais pas supporté que l'on me prenne un de mes enfants. Ils n'étaient même pas en sécurité avec moi... Tout ce que j'avais voulu, c'était le laisser au calme pour qu'il ne soit pas dérangé par ce que je faisais... Je ne l'avais pas laissé très longtemps. Je n'aurais jamais osé. Mais je voulais juste qu'il puisse dormir au calme...

J'ai relevé les yeux vers mon père, enfin. Je savais qu'il était là depuis un certain temps, mais j'avais eu trop besoin d'Ethan pour faire réellement attention à lui. J'étais heureuse qu'il soit là, qu'il soit venue. Après notre dispute, je ne m'attendais pourtant pas à le revoir de si tôt... Il faut croire que la peur de me perdre avait été la plus forte. Ce que je pouvais comprendre aisément. Si j'étais été à deux doigts de perdre un être cher, même après une dispute, j'aurais fait fi de nos différences pour me précipiter à son cheveux. C'était normal, non ? Enfin, peu importe. J'étais simplement heureuse de le voir là. C'était soulageant. Il aurait fallu que je manque de mourir pour que lui et Ethan cessent de se taper dessus... En espérant que cela dure, bien évidemment.

« …Papa ? »

Ma voix était cassante, hésitante, rauque. Je soupirai, secouant la tête doucement.

« J'aimerais... J'aimerais que tu ailles chercher Sasha... S'il te plait. Mais pas Lena ! Pas Lena... Elle est assez grande, elle pourrait comprendre, je ne veux pas qu'elle me voit comme ça... Juste Sasha. S'il te plait. Je veux mon fils. »

Je voulais lui parler, le rassurer, lui dire que j'étais là... Je ne l'avais encore laissé longtemps avec personne. J'avais une confiance totale en Elizabeth et Evan, mais cela ne m'empêchait nullement de le vouloir près de moi. Le pauvre devait se demander pourquoi je n'étais pas avec lui. Il avait dû se remettre à pleurer... L'imaginer pleurer sans que quelqu'un d'autre que moi puisse le rassurer me rongeait. Je ne voulais pas qu'il pleure, surtout pas. Tout ce que je voulais c'était le rassurer, être là pour lui. Être sa mère, tout simplement. Tout ce que je voulais c'était mon bébé. Et puisque l'on ne me laisserait certainement pas aller le chercher moi même, j'avais besoin que mon père y aille pour moi. Il pouvait bien faire cela pour moi, n'est-ce pas ? Après tout, ce serait également l'occasion pour lui de faire connaissance avec son petit fils, qu'il n'avait pas encore vu.
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MessageSujet: Re: Russian Roulette {ETHAN & ALEXEÏ}   Russian Roulette {ETHAN & ALEXEÏ} Icon_minitimeLun 11 Juil - 23:04

Je restais distant, mais je ne quittais pas Katarina des yeux, enfin du moins ce qu'Ethan me laissait voir de Katarina. Je ne disais rien, me contentant de les regarder, de voir Ethan comme je ne l'avais jamais vu. Amoureux fou de ma fille. Prêt à tout, absolument tout, pour qu'elle soit heureuse et en sécurité, loin de tous les malheurs de ce monde, prêt à tout pour l'épargner, prêt à tout pour lui sauver la vie, y compris sacrifier la sienne, sans hésitation. Il l'aimait à un point tel que cela aurait pu m'effrayer, si je ne m'étais pas reconnu. Moi aussi, j'avais été comme ça avec Sonja... Oh, notre relation n'était pas la même. Dû à mon cynisme et sa fierté, la nôtre était plus caustique, plus ironique, mais cela n'empêchait pas les moments de tendresse. Parfois, sans autre raison que celle de l'aimer et de vouloir lui montrer, je lui organisais une surprise, une sortie romantique, un dîner que j'avais moi-même préparé, que sais-je, et alors les masques tombaient, ne restait plus que deux adolescents amoureux.

Et Inessa... Cela aurait dû être comme ça. Vraiment. J'aurais dû être fou d'elle, me moquer de sa dépendance envers moi, m'amuser à lui dissimuler mon amour, et puis soudain, sans prévenir, vouloir la rassurer, lui prouver que je l'aimais, m'arranger pour quitter cette maison pleine de monde, ne plus être aigri, ne plus penser à Katarina, mes petits-enfants, voire même Sonja, la voir seulement elle, éclatante, si jeune, si belle, si tendre et sauvage à la fois. Sa grossesse gâchait tout, m'empêchait de retrouver le manque que j'avais eu d'elle lorsqu'elle m'avait quittée. Je crevais d'envie de pouvoir à nouveau l'aimer comme Ethan aimait Katarina, et je n'y arrivais pas. Alors que si elle avait été enceinte de moi, j'aurais été à ses pieds pendant toute sa grossesse, délaissant sans aucun doute Katarina alors qu'elle me l'avait si bien reproché...

Katarina. Seigneur, notre dispute me revenait en mémoire, et je ne parvenais pas à croire ce que l'on s'était dit. Cela avait été jusqu'aux insultes. Et je lui avais menti, encore une fois ! Je ne lui avais pas dit la vérité concernant la paternité de l'enfant d'Inessa. Pourquoi ne lui avais-je pas dit ? Pourquoi lui cachais-je quelque chose de si important ? Katarina était tolérante, pas du tout encline à juger les gens. S'il y en avait une seule qui pouvait ne pas jeter la pierre à Inessa, c'était elle. Même si elles ne s'entendraient jamais, je ne me faisais pas d'illusions. Inessa avait pratiquement le même âge que Katarina, elle aurait pu être ma fille, et elle ressemblait beaucoup trop à Sonja pour qu'on ne puisse pas trouver ça malsain. Et je ne pouvais pas prétendre que ce n'était qu'une coïncidence. Je l'aimais elle, j'aimais son caractère, j'aimais cette subtile sauvagerie se détachant de sa silhouette féline, oui. Mais c'était cette ressemblance qui avait attiré mon attention sur elle. Pauvre Alexeï, aveugle à ce qui n'était pas ceux à qui il tenait. Katarina, Sonja... ou l'argent. Même si en cet instant, Katarina était la seule et l'unique à captiver mon intérêt.

Je crevais d'envie de repousser Ethan, de la serrer contre moi, de m'assurer qu'elle était bien là, bien vivante, en la touchant, en la tenant, en la voyant de plus près, mais je restais miraculeusement à distance, conscient qu'elle ne voulait que son mari, qu'elle avait besoin de lui. Et de façon assez incroyable et nouvelle, je n'étais même pas jaloux. Ça me blessait, mais je n'étais pas jaloux. Je n'étais que son père après tout, et elle avait vingt-six ans. Je ne pouvais pas être éternellement celui qui veillerait sur elle, il était temps que je passe le flambeau. C'était ainsi, ce serait toujours ainsi, tout le monde devait le faire. Même Ethan le ferait pour Lena, peu importe combien cela lui coûterait. Alors je ne m'imposais pas, me contentant d'attendre qu'elle daigne remarquer ma présence. L'important, la seule et unique chose qui comptait, c'était que ma fille soit rassurée. Tant qu'elle était heureuse, peu importait par qui viendrait son bonheur.

Cependant, il ne m'en fallait pas trop m'en demander non plus. Je me précipitai à ses côtés lorsqu'elle se détacha légèrement d'Ethan, m'appelant d'une voix qui m'effrayait presque. Elle n'aurait pas dû hésiter à se tourner vers moi ainsi. Nous n'aurions jamais dû nous disputer si fort, je n'avais pas le droit de faire en sorte que ma fille doute de moi et de mon amour pour elle. J'étais fou d'elle. Et j'aurais tout fait pour qu'elle se sente bien, en sécurité, choyée. Je posai mes mains sur ses joues, encadrant son visage, et lui embrassai le front avant de la lâcher, une ultime caresse paternelle sur son visage.

- Je suis là, trésor, je suis là. Je ne te laisserai plus jamais, je te le promets. Je te protégerai toujours, comme j'aurais dû le faire ces deux dernières années. Je suis tellement désolé...

J'avais pris soin de me mettre de l'autre côté du lit. Je ne voulais pas être obligé de repousser Ethan. Puisqu'elle avait besoin de lui, eh bien il resterait avec elle, peu importait ce que je pensais de lui.

- Je vais aller le chercher. Ne t'angoisse pas. Ton fils sera dans tes bras dans deux minutes. Ne la fatigue pas ! soufflai-je à l'intention d'Ethan.

Je quittai son chevet et me précipitai vers la maison. J'y trouvai Elizabeth et Evan au rez-de-chaussée avec Lena et Ethan et fus soulagé de voir qu'ils avaient déjà nettoyé un peu le sang, tant bien que mal. Quelque part dans la maison, il y avait un cadavre. Quelque part dans la maison, une pièce était éclaboussée de sang. Mais celui-là, qui s'était incrusté dans le bois de l'escalier et tachait encore le parquet, c'était celui de ma fille. Oh, que le coupable s'estime heureux qu'elle l'ait tué ! Sinon les tortures qu'il aurait subies avant la mort auraient dépassé son imagination. J'avais de l'expérience dans le domaine ; être le meilleur ami d'Armando Venezzio pendant vingt ans ouvrait certaines portes sur les idées de souffrance.

Evan et Lena jouaient ensemble, riant aux éclats, alors qu'Evan poursuivait ma petite-fille partout dans le living-room. Allons bon, ce n'était pas elle qui risquerait d'être traumatisée. Je ne savais pas si elle avait assisté à la scène, mais visiblement, si c'était le cas, elle avait déjà tout oublié. En revanche, Sasha hurlait à pleins poumons, et Elizabeth semblait avoir mal aux bras de le bercer sans discontinuer. Elle et son frère tournèrent vers moi un regard terrifié pour l'une, prêt à en découdre pour l'autre, lorsqu'ils entendirent la porte grincer ; je levai immédiatement les mains. Evan repartit à la chasse à la Lena alors qu'Elizabeth se levait, crispée, se dirigeant vers moi.

- Je n'arrive pas à le calmer ! Il n'arrête pas de pleurer comme ça depuis des heures. J'ai tout essayé, biberon, tétine, doudou, rien n'y fait.

- Katarina le réclame. Je pense qu'il n'y aura guère qu'elle pour le calmer. Vous voulez bien me le donner ou vous préférez m'accompagner avec lui ?

Je savais trop bien, en ayant moi-même fait les frais, la paranoïa qui entourait cette famille et j'aurais compris qu'Elizabeth, qui ne me connaissait presque pas et était en plus une amie d'Ethan, refusât de me le tendre. Néanmoins, après une seconde d'hésitation, elle haussa les épaules et me le tendit en maintenant soigneusement sa tête. Je le pris délicatement et le calai contre ma poitrine. Il se mit à pleurer de plus belle.

- Merci.

- Vous êtes son grand-père. Se protéger des inconnus est une chose, devoir repousser même sa famille en est une autre. Dites à Katarina que je lui souhaite un rétablissement rapide et à Jackson que s'il continue à s'occuper d'elle comme ça, je vais être obligée d'être jalouse.

Ses yeux pétillants de malice ne purent que me faire sourire.

- Je transmettrai le message.

Arrivé dehors, je ne repartis pas tout de suite vers l'infirmerie, maintenant Sasha contre moi et le berçant en rythme. Ses yeux accrochèrent les miens et il se calma un peu, néanmoins il pleurait toujours, ses mains tendues à l'aveuglette devant lui, accrochant ma chemise pour la lâcher aussitôt après, tâtonnant autour de lui dans le vide. Il était évident qu'il réclamait sa maman à cor et à cri. Je murmurai en russe, attendri par ce petit-fils que je voyais pour la première fois de ma vie :

- Alors c'est toi le bonhomme pour qui les parents n'ont pas été fichus de trouver un vrai prénom ?

Il cessa instantanément de pleurer lorsqu'il entendit ma voix, me regarda avec un petit air d'incompréhension, et se remit à geindre de plus belle. Je me remis en marche vers l'infirmerie le plus rapidement possible, sans courir toutefois, pas alors que j'avais un bébé dans les bras. Arrivé à quelques mètres de Katarina, je le changeai de position de manière à ce qu'il puisse voir sa mère. La réaction fut immédiate ; ses cris s'intensifièrent encore alors qu'il tendait désespérément ses mains vers Katarina, gigotant de toutes ses forces alors qu'il tentait de se libérer de mon étreinte. Je le déposai au creux des bras de sa mère et reculai légèrement. A peine l'avais-je lâché qu'une bulle s'était créée autour d'eux. Je levai les yeux et croisai ceux d'Ethan. Cette osmose entre eux, qui rejetait tous les intrus autour d'eux, était fascinante et presque effrayante.

- Elle est toujours comme ça avec lui ? murmurai-je d'une voix inaudible - alors que j'étais certain qu'ils ne m'auraient pas plus entendu si j'avais hurlé. Depuis sa naissance ?
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MessageSujet: Re: Russian Roulette {ETHAN & ALEXEÏ}   Russian Roulette {ETHAN & ALEXEÏ} Icon_minitimeMer 13 Juil - 17:00

Je n’ai pas compris pourquoi personne ne me soutenait, et que tout le monde semblait être d’accord avec Jackson. Il avait soigné Katarina. Elle était en vie. Et je la ramenais à la maison c’était tout. Je ne l’empêchai pas de venir soigner Katarina chez nous. Mais je voulais retrouver mon foyer. Je voulais que nous soyons tous les quatre. Je ne voulais en cet instant personne d’autre. En parfait égoïste oui. Je ne voulais ni Alexeï, ni Lizzie, ni même Evan. Je ne voulais que ma femme et mes enfants. J’avais besoin de les sentir tous les trois contre moi. Je m’en voulais tellement de les avoir laissés et d’avoir provoqué ce drame. Parce que même s’il s’était fini relativement bien – Sasha n’ayant pas été enlevé et Katarina étant toujours vivante- ca n’en restait pas moins un drame. Il aurait pu très mal tourner. Et je ne voulais plus perdre qui que ce soit. J’avais perdu mes parents parce que je n’avais pas voulu rester avec eux, préférant aller m’amuser avec Evan, et je ne voulais pas recommencer avec Katarina, Lena et Sasha. Dussé-je m’attacher physiquement à eux, que je ne voulais plus les laisser. Je ne les avais laissés qu’une heure à peine pourtant. J’avais accepté de laisser à Katarina un peu plus d’espace, et les conséquences étaient désastreuses. Bien sûr, je ne me voyais pas lui en faire le reproche. D’ailleurs, je ne lui faisais jamais aucun reproche. Elle était bien trop parfaite pour ça.

Jackson ne comprenait-il donc pas ? Je ne savais pas trop quoi penser maintenant puisque Katarina semblait ne pas vouloir rentrer chez nous. Je l’ai aidée à se couvrir. Il ne fallait pas qu’elle prenne froid, elle avait été blessée tout de même. Je coulai un regard interloqué vers mon beau-père qui ne sembla pas le voir. Je compris alors que personne ne serait d’accord avec moi.. Je me suis assis à côté d’elle, la dévorant des yeux comme pour graver une nouvelle fois son beau visage dans mon esprit. Je ne m’étais jamais lassé de la regarder. Et à chaque fois, j’avais l’impression de la voir pour la première fois. Dans mon cœur, je ressentais toujours ce petit quelque chose de magique et féérique. Ses lèvres pleines légèrement rosées et finement dessinées, ses légères fossettes au creux des joues, la forme légèrement ovale de son visage, ses beaux grands yeux d’un bleu gris que je n’avais encore jamais vu de toute ma vie, ses longs cils qui battaient comme des papillons lorsqu’elle semblait fatiguée, son joli petit nez que j’aimais à embrasser. Ma femme ressemblait à un ange. Et elle l’était. C’était mon ange…

Et dire que je n’aurais pu ne jamais la rencontrer…Non, je ne voulais pas penser à ça. Nous nous serions trouvés, ce n’était pas possible autrement. Je n’imaginais pas une vie sans elle. J’aurais aimé pouvoir la serrer contre moi encore. Je repris sa main dans la mienne après qu’elle l’ait passée dans ses cheveux. Je comptais bien les lui laver moi-même. Je voulais qu’elle puisse se sentir à nouveau propre. Ce ne serait tout de façon pas la première fois que je le ferais. Lorsqu’elle avait été enlevée, à son retour, je l’avais lavé tous les jours pendant plus de deux semaines. Sa main dans la mienne, je me mis à la serrer, me retenant de ne pas la reprendre dans mes bras. Je luttais vraiment contre ce besoin vital de la sentir toute entière. Je savais qu’à ce moment là mes pensées étaient totalement hors de contexte mais j’avais envie de guérir nos blessures en lui faisant l’amour. Je voulais qu’elle le ressente. Je voulais ne faire qu’un avec elle pour être sûr qu’on ne me la prendrait pas. Ce n’était pas seulement parce que je ne l’avais pas touchée depuis des semaines. J’avais toujours eu envie d’elle. Il me suffisait de la regarder pour vouloir me perdre en elle. Notre amour n’était pas basé totalement sur cet amour charnel, mais il était évident pour moi que cela en faisait partie. Perversion ? Non…

Je la couvais du regard sans m’attendre à ce qu’elle perde pied de cette façon. Je me rendais compte qu’elle était secouée par ce qui s’était passé. Je savais que c’était idiot de ma part de croire que maintenant qu’elle était « sortie d’affaire » elle n’y repenserait pas. Katarina n’aimait pas la violence. Et là…elle avait tué un homme. Je n’aurais pas été jusqu'à dire que j’y étais habitué, mais je le faisais par nécessité et je n’y pensais plus après. J’avais toujours veillé à ne pas repenser à ces gens que je tuais. De toute façon c’était eux ou moi…

Mais pour Katarina c’était différent...Elle était si douce et gentille. Et tout ce que je pouvais faire c’était la prendre à nouveau dans mes bras pour la rassurer. Je ne savais pas encore comment j’allais faire pour ne jamais la quitter une seule seconde et nettoyer chaque centimètre carré de notre maison. Mais pour l’instant je ne voulais pas lâcher ma femme d’une semelle. Je voulais lui montrer à quel point je l’aimais, et combien j’étais prêt à tout pour elle. J’aurais aimé trouver les mots pour la rassurer mais je n’étais pas doué avec ça. C’était dans ces moments-là où j’aurais aimé avoir la verve d’Evan. Lui, il savait parler aux femmes. Il avait toujours su. Moi j’étais toujours le brun qui ne parle pas, et qui suit tout le monde. Sans être un bêta, jusque là je m’étais laissé emporter par le cours de la vie.

Je ne savais pas à qui me raccrocher. D’habitude quand je paniquais, c’était vers Katarina que je me tournais. C’était contre elle que je me reposais et me laissait aller. Et là, Katarina avait subi un des pires traumatismes qui soit. Même si physiquement elle était plus vivante que lorsque je l’avais retrouvée au Quartier General des Hors-la-loi, psychologiquement c’était cent fois pire. Elle pouvait supporter la douleur et qu’on s’en prenne à elle. Mais là, on avait voulu lui prendre son enfant. Katarina était déjà très protectrice avec Lena, mais avec Sasha c’était différent. Ils semblaient connectés et dans leur monde. Ils s’étaient crée un petit monde rien qu’à eux, et il nous était même difficile à Lena ou à moi d’y entrer. Je n’étais pas particulièrement jaloux et je trouvais cela touchant, mais je comprenais un peu mieux ce qu’elle pouvait ressentir. Je ne dis pas qu’elle se serait moqué qu’il nous arrive quelque chose à Lena ou à moi, mais avec Sasha c’était…particulier dirons-nous.
Je ne savais pas quoi lui dire. J’étais gauche et j’avais peur de dire une bêtise. Si je lui disais que « ce n’était pas grave » j’avais peur qu’elle se mette à crier qu’elle avait tué un homme. Si je lui disais que nous allions tout nettoyer, je craignais qu’elle me dise que ça ne suffirait pas. Si je lui disais que nous allions demander à Alexander si nous pouvions échanger avec une autre famille, j’avais peur qu’elle ne s’énerve et qu’elle me dise qu’elle ne voulait pas créer de problèmes. Je me sentais totalement perdu dans mon rôle d’époux. Je ne savais jamais ce qu’il fallait faire j’en avais conscience. Et c’était encore pire aujourd’hui. J’avais l’impression que je n’étais pas « armé » pour supporter de telles choses. Je me rendais compte aujourd’hui d’une seule chose…je m’étais toujours reposé sur elle. Et j’étais incapable d’être l’homme sur lequel elle puisse se reposer. C’était comme ça que je me sentais. Et ça m’énervait à un point qu’il n’est pas possible de capter.

J’embrassais sa main après l’avoir porté à mes lèvres et je me tournai vers Alexeï quand Katarina l’appela à son chevet. Nous ne nous étions pas vraiment parlé, mais j’avais senti qu’il était là. Il avait été là pour moi, sans me reprocher quoi que ce soit. Il aurait pu me reprocher de l’avoir laissée seule et de ne pas être capable de prendre soin d’elle mais il ne l’avait pas fait. Il ne l’avait pas fait et je ne comprenais pas pourquoi. Fallait-il la possible mort de Katarina pour que nos différends s’estompent ? Après tout, qu’est ce que nous avions à nous reprocher ? Moi ? A part d’avoir menti à Katarina, finalement je ne lui reprochais pas grand-chose. Bien sûr, l’enlèvement de Katarina avait été orchestré pour le retrouver mais il ne pouvait pas savoir. Après tout, il l’avait cherché pendant deux ans avant de tomber par hasard sur elle . Lui ? De lui avoir un peu volé sa fille peut-être. Mais au final nous avions exactement le même but lui et moi. Rendre Katarina heureuse. Alors, j’allais tout faire pour que cela se passe bien maintenant. A deux on est toujours plus fort non ? Et nous ne serions pas assez de deux pour veilleur sur Katarina et les enfants. Après tout en épousant Katarina, j’étais rentré dans sa famille, aussi réduite soit-elle. Et Alexeï était son père, que je le veuille ou non. Alors il fallait que je l’accepte.

Il se précipita et je me vis presque dans chacun de ses gestes. J’aurai presque pu me voir avec Lena. Il s’assit à ses côtés, prenant son visage entre ses larges mains et lui embrassant le front dans une attitude très paternelle. Il aimait sa fille. Je m’en rendais compte maintenant. Enfin, j’acceptais de m’en rendre compte. Peut-être aussi parce que je me sentais père maintenant. Nous partagions cela que nous le voulions ou non. J’étais rassuré qu’il aime sa fille autant que je pouvais aimer mes enfants. Et puis…Lena grandissant, je savais que je serais tout autant protecteur qu’il l’était avec sa fille. La seule chose qui nous différenciait c’était que je voulais que Lena n’ignore rien de moi. Bien sûr j’avais peur de son jugement, mais je voulais qu’elle sache qui était vraiment son père. Et que rien de ce que mon passé pouvait être ne changerait mon amour pour elle.

Alors que je me laissai attendrir par leurs retrouvailles, vu leur dernière dispute, et que je ne cherchais pas à m’accaparer l’attention de Katarina, elle réclamait à son père d’aller lui chercher son fils. Elle ne voulait que Sasha. Pas parce qu’elle ne voulait pas voir Lena. Mais parce qu’elle connaissait nos enfants. Je me doutais que Lizzie et Evan n’avaient pas tardé à aller veiller sur Lena et Sasha…Il me semblait même avoir aperçu Lizzie accourir, mais tout était encore flou dans ma tête. Enfin pas flou…mais il n’y avait que Katarina et ma peur de le perdre. Et cela dépassait toujours tout. Lena, je l’espérais, devait avoir été calmée plus facilement. Elle avait une faculté effarante à oublier la douleur et le malheur. Et puis…Katarina avait raison. Sasha devait être effrayé et complètement paniqué de ne pas avoir revu sa mère depuis plusieurs heures. La séparation imposée avait du avoir la même durée quantitative que ce que Katarina avait du laisser Sasha… Sasha n’avait jamais passé plus de 20 minutes éveillé sans voir sa maman. J’eus soudainement envie de me précipiter pour aller moi-même chercher nos enfants. Mais j’ai encore eu ce cruel dilemme : choisir entre ma femme et mes enfants. Et…je n’ai pas bougé, je n’ai rien dit. C’était sans doute inhumain et inconcevable, mais en toute occasion c’était Katarina…

Je couvais ma femme du regard, caressant ses cheveux. Si elle avait besoin d’un contact permanant avec Sasha, moi j’en avais besoin d’un avec elle. Je ne voulais plus détacher mes yeux d’elle. Je voulais la regarder encore et encore, quitte à ne plus dormir du tout. Mais j’avais eu tellement peur que j’étais irrationnel.
Son père lui promit de lui ramener Sasha et s’adressa à moi. Je fus tout de même étonné de ce ton radicalement différent qu’il échangeait avec moi maintenant. Je ne sentais pas de « ou je te tue » derrière. Non, c’était fini…Enfin pour moi ça l’était…
Alexeï quitta l’infirmerie et j’en profitai pour à nouveau m’accaparer toute l’attention de Katarina. Je l’embrassais dans le cou, m’attardant un peu trop et risquant de lui faire un suçon. Oui je voulais poser ma marque partout sur elle.

-Je t’aime mon ange.

J’avais toujours besoin de lui dire que je l’aimais. J’avais toujours peur qu’elle ne sache pas à quel point je pouvais l’aimer. Les mots me semblaient si naturels. Je devais certainement lui dire tous les jours et plusieurs fois par jour, c’était un besoin vital. Si elle en était lassée, elle n’avait jamais rien dit. Et je le disais chaque matin au réveil, chaque soir avant de m’endormir. Je voulais que ce soit la première chose et la dernière chose qu’elle entende dans sa journée.

Je me détachai un peu d’elle et décidai que je ne pouvais pas la laisser dans cet état. Elle était encore poisseuse de sang et je savais qu’elle voudrait être le plus présentable possible pour Sasha. Alors je demandai à Jackson qui s’activait autour de nous, s’il pouvait me ramener une bassine d’eau et un gant de toilette. Ce qu’il fit en trente secondes. Le remerciant, je tentai un sourire vers Katarina. Et en silence, je passai le linge humide et frais sur son visage en épongeant son front, puis ses joues pour finir par son cou. Et je tentai de donner un aspect plus propre à ses cheveux. Je la laverais entièrement lorsque Sasha serait endormi et qu’on nous aurait laissé tranquille. Pour le moment, j’empêchais quiconque de venir nous déranger. Je savais qu’ici, avec moi, elle était à l’abri mais je ne voulais pas qu’on puisse l’embêter avec des questions inutiles. Pour le moment, je voulais qu’on nous laisse tranquille. Qu’ils se débrouillent pour sécuriser les lieux ou faire ce qu’ils avaient à faire, mais je voulais protéger ma femme.

Je pris sa main dans la mienne et la portai à mes lèvres. Je voyais bien à quel point elle avait peur. Et je ne savais pas quoi dire. Je ne savais pas la réconforter aussi bien qu’elle savait le faire. Et puis, nous avons commencé à entendre des pleurs. Sasha ! Il pleurait ! Et mon cœur se serra, sans doute moins que celui de Katarina cependant. Elle avait sans le vouloir sans doute repoussé ma main et à nouveau je sentais qu’il n’y aurait plus que Sasha. Elle m’aimait et avait besoin de moi oui ; mais Sasha, elle en avait besoin. Dirait-elle aussi qu’elle voulait que son fils ne la quitte jamais ? Sûrement. Elle se redressa dans le lit, créant un petit nid sur son ventre et se préparant sans doute à lui donner le sein. Je ne savais pas si Sasha pleurait parce qu’il avait faim aussi, mais ses cris déchirants emplissaient l’église et l’infirmerie. J’aurais aimé pouvoir dire qu’il me réclamait, mais je savais qu’il ne réclamait que l’étreinte réconfortante de sa maman. Je me suis donc un peu éclipsé. Je ne voulais pas chercher à m’accaparer ma femme alors que mon fils en avait plus besoin que moi.

Combien de fois avais-je assisté à cette scène. Leurs regards qui s’accrochent, et les pleurs de Sasha qui cessent au moment où il voit sa maman. S’il ne reconnaissait pas encore très bien notre entourage, il semblait avoir un sixième sens pour reconnaitre sa mère. J’étais toujours aussi admiratif de ce lien entre eux…même si je me sentais toujours mis de côté. Je laissai courir mon regard ailleurs pour ne pas continuer à me sentir rejeté. Parce que c’était un peu ça. Je me sentais toujours rejeté lorsqu’ils étaient ensemble. Rejeté par mon fils qui préférait sa mère, et rejeté par ma femme qui regardait son fils avec un amour inconditionnel pour ce petit être. Etait-ce ainsi entre Lena et moi ? Je ne voyais pas ça entre Katarina et Alexeï. Bien sûr ils s’aimaient mais il n’y avait pas ce même éclat, ou alors je ne savais pas le voir.

Je croisai le regard de mon beau-père et fut surpris qu’il me demande à voix basse si Katarina avait toujours été comme ca avec Sasha depuis qu’il était né. C’est vrai qu’Alexeï n’avait encore jamais vu son petit fils. Son premier petit-fils. Ce petit fils qu’il était allé chercher et qu’il nous avait ramené. Je me demandais comment il l’avait trouvé. Moi je trouvais mon fils absolument parfait.

-Hein ?

Sur le moment, j’étais encore un peu dans mes pensées pour comprendre le véritable sens de la question de mon beau –père. Alors qu’il s’agissait d’une question simple, d’une interrogation légitime. Katarina n’avait jamais agi comme ça avec Lena. Elle aimait sa fille mais elle l’avait toujours laissé, à mon grand dam, apprivoisé le monde et les gens. Avec Sasha, c’était tout à fait le contraire. Elle écartait tout le monde pour ne voir que lui. Je n’avais pas osé lui dire que cela pouvait être malsain et je savais que jamais je ne le lui dirais. J’attendais qu’elle s’aperçoive d’elle-même que Sasha avait aussi besoin de sa sœur et de son père par exemple. Bien sûr c’était avant. Avant qu’on ne tente d’enlever Sasha sous ses yeux. Avant qu’elle ne tire sur un homme pour défendre son fils. Avant qu’on ne tire sur elle et qu’elle manque une nouvelle fois de mourir. Je ne voulais pas penser qu’elle était réellement morte, et que Jackson l’avait réanimée. Ma femme ne pouvait pas mourir.

- Heu oui…ils ont besoin d’un contact permanent. Sasha est très craintif.

Je tentai une approche vers mon beau –père après cette confidence. J’étais plus serein avec lui. J’essayais de me dire qu’il ne voudrait pas de mal à Sasha. Après tout, il l’avait ramené rapidement vers sa maman. Je voulais et j’avais besoin de lui faire confiance. Pas seulement pour Katarina et les enfants mais pour moi aussi. Parce que j’espérais que je puisse le considérer comme un père de substitution et que j’en avais besoin. Je désignai Sasha du regard.

Câlinez le Alexeï, allez-y…Sasha ne se laissera apprivoiser que s’il prend l’habitude de votre contact.

C’était comme cela que ça s’était passé avec moi. Il m’avait fallu des heures entières à le câliner pour qu’il reconnaisse mon doigté sur sa peau, ma chaleur. Et je voulais qu’il reconnaisse son grand-père. Je m’approchai alors de Katarina, qui ne me voyait plus vraiment et posait ma main dans le dos de mon fils et me penchai sur lui, humant à pleins poumons son parfum délicieux.

-C’est Papi mon bonhomme. Il ne te fera jamais aucun mal. Shhhhhhh…

Je savais qu’Alexeï, aussi mafieux qu’il soit, aimait sa famille. Il allait être père oui, mais il était grand père, et je ne voulais pas que nos enfants croisent leur grand père chaque jour sans le connaître. Je n’aurais pas voulu de ça avec mes propres parents. Et maintenant que j’avais failli perdre Katarina, je ne voulais plus qu’elle se sente déchirée entre son amour pour son père et son amour pour moi. Comme je ne voulais pas qu’elle choisisse entre ses enfants et moi.
Je posai ma main sur celle de Katarina, tentant de la faire revenir sur sa décision.

-Mon ange…Tu es sûre que tu ne veux pas qu’on aille chercher Lena ?

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Katarina K. Jones
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MessageSujet: Re: Russian Roulette {ETHAN & ALEXEÏ}   Russian Roulette {ETHAN & ALEXEÏ} Icon_minitimeMer 13 Juil - 20:58

J'avais besoin de mon fils. Je ne voulais plus que mon fils, soudainement. J'avais besoin de lui autant qu'il avait besoin de moi. Cela faisait des heures que nous étions séparés l'un de l'autre, et cela m'était totalement insupportable. Je l'imaginais sans trop de mal en train de pleurer à s'en faire mal. En train de pleurer si fort que personne ne réussirait à le calmer. Il n'y avait que moi pour calmer ses colères et ses crises de larmes. Même Ethan se retrouvait parfois démuni face à ses pleurs. Sasha n'était pas un bébé facile. Et ce n'était pas entièrement ma faute, quoique je reconnaissais volontiers que j'alimentais ses angoisses en le gardant presque toujours avec moi. J'avais pourtant fait des efforts, de réels efforts. J'avais tout simplement voulu le mettre au calme le temps de faire ce que j'avais à faire, et le résultat avait été catastrophique, désastreux, apocalyptique. Et ensuite on me reprochait de faire attention, trop attention, à lui ? On ne pourrait plus rien me dire, on ne pourrait plus remettre en question mes craintes. Et s'il s'agissait simplement d'instinct maternel ? J'avais toujours eu peur pour lui, avant même sa naissance. Comme si j'avais toujours su qu'il lui arriverait quelque chose... Oui, j'avais toujours su. Et tout le monde n'avait vu qu'une mère affolée par une grossesse difficile, rendue paranoïaque par les récents évènements. C'était beaucoup plus que cela. Mais qui viendrait me contredire maintenant ? Maintenant que mon fils avait été victime d'une tentative d'enlèvement ? Maintenant que j'avais dû tuer pour le sauver ? Maintenant que j'avais manqué de mourir pour le sauver ? Qui oserait me dire que j'avais perdu l'esprit ? Je n'en savais rien, et le premier à oser me faire la moindre remarque risquerait fort de voir ma main atterrir sur leur joue à une certaine vitesse. J'admettais volontiers que j'avais des défauts, mais être excessive et paranoïaque n'en faisait certainement pas partie. Je l'avais prouvé à de multiples reprises. J'étais généralement très modérée. Pourquoi est-ce que tout le monde m'avait tout de suite jeté la pierre ? Personne n'avait vraiment cherché à comprendre pourquoi j'agissais de la sorte. Même pas Ethan, il s'était contenté de penser que c'était ma grossesse qui m'avait traumatisée.

Ce n'était pas tout à fait faux, mais c'était loin d'être la stricte vérité. Ce n'en était rien qu'une partie. Mais je ne blâmais pas Ethan, je savais qu'il n'était pas doué pour creuser la surface des choses. Surtout avec moi. Si je savais lire parfaitement en lui, j'avais parfois l'impression qu'il se laissait berner par mon masque. Celui que je portais pour faire croire que j'allais bien. Il faut dire que je jouais le rôle de la femme qui va parfaitement bien à la perfection. J'avais eu vingt-six ans pour me perfectionner. J'avais toujours tendance à trop prendre sur moi, surtout avec Ethan. Il avait changé, il était beaucoup plus adulte, mais j'avais toujours envie de le protéger. C'était devenu comme un réflexe. Mais de quoi cherchais-je encore à le protéger ? Il savait combien combien le monde était pourri. Il en avait fait les frais bien avant moi, bien plus souvent que moi. Et quand je souffrais, il souffrait aussi. Ce n'était peut-être pas lui qui avait pris cette balle, mais il en souffrait tout autant. Je savais qu'il s'en voudrait toute sa vie pour ne pas avoir été là. À chaque fois que quelqu'un me faisait du mal, on lui en faisait aussi. C'était comme si on arrachait un bout de son cœur pour le piétiner devant ses yeux. C'était à se demander comment il pouvait toujours en avoir un, tant il avait dû en perdre des miettes. Même avec toute ma bonne volonté, j'étais bien en peine de le rafistoler à chaque fois. J'avais besoin de plus en plus de patience, et de plus en plus de colle à réparer les cœurs. Parce que la blessure était de plus en plus profonde à chaque fois.

À peine mon père fut-il parti qu'Ethan vint de nouveau m'embrasser. J'eus une grimace. Non pas que je n'en ai pas envie, mais le moment était peut-être un peu mal choisi... Pourtant je ne le repoussais pas, le laissant m'embrassant autant qu'il en avait envie. Je savais qu'il en avait envie autant qu'il en avait besoin. D'un certain côté, il était aussi dépendant de moi que Sasha l'était. J'eus un petit soupir quand Ethan me répéta qu'il m'aimait. J'aurais bien voulu lui dire que je l'aimais aussi, mais je restais muette. J'étais réellement en état de choc. Je comprenais peu à peu ce que je venais de faire. Je venais de tuer un homme... Son sang avait éclaboussé toute la chambre de Sasha, Sasha lui même. Et mon visage. J'avais senti son sang encore chaud couler sur mon visage. J'eus un haut le cœur, que je réprimais en plaquant soudainement ma main sur ma bouche. Je pris une profonde inspiration, reprenant mon calme petit à petit. Je tâchais de penser aux cas les plus graves que j'avais vu au bloc pour me convaincre que j'avais vu bien pire. J'avais vu bien pire. Mais ces cas là, j'avais tenté de les sauver, et ce n'était pas moi qui avait troué leurs poitrines de six balles. Si je continuais à y penser j'allais réellement me mettre à vomir. Je pris une autre profonde inspiration. Il fallait que je cesse d'y penser pour le moment.

Je ne saurais dire combien je fis soulagée et reconnaissante quand Ethan entreprit de me laver le visage plus encore. Silencieuse, je le laissai faire. L'eau fraiche me fit du bien, et je fus bien contente qu'il achève d'enlever le sang sur mon visage. Jackson avait commencé, mais il avait rapidement trouvé plus urgent de s'occuper de ma blessure que de ma figure toute sale. Ce que je comprenais aisément, bien qu'être collante de sang soit loin d'être la chose la plus agréable du monde. Ce que je trouvais le plus dégoutant, c'était mes cheveux. Je ne supportais pas d'avoir les cheveux sales. C'était idiot, mais cela m'insupportait totalement. C'était l'une de mes rares obsessions, avoir les cheveux propres. Je ne savais absolument pas d'où me venait cette obsession. Mais je ne supportais pas cela, c'était tout. Ethan le savait très bien, et c'est pourquoi il entreprit de me laver les cheveux du mieux qu'il le pouvait. Je me suis sentie nettement mieux après. J'eus un petit soupir de contentement, avant de laisser ma tête retomber contre son épaule.

« Cпасибо. »
Spasiba - Merci.

Je faillis répéter en anglais, mais je me ravisai. Après je t'aime, merci était un mot qu'il comprenait parfaitement en russe. Il comprenait de mieux en mieux le russe. Il faut dire que je ne lui laissais pas trop le choix, puisque je ne parlait qu'en russe avec nos enfants. C'était plus fort que moi, je ne pouvais pas m'en empêcher. Je voulais que mes enfants parlent ma langue, c'était important pour moi. Il ne me le reprochait jamais. Quand il ne comprenait pas, il me demandait de traduire, tout simplement. Il m'encourageait même, tant il était fier que nos enfants aient ces origines bien particulières. C'était vrai qu'un anglais avec une russe, ce n'était pas très courant... C'était drôle, parmi tous ces américains j'étais tombée folle amoureuse du seul anglais du coin. J'allais finir par croire que son petit accent n'y était pas pour rien... Tout comme le mien d'ailleurs. Je parlais couramment anglais et ce depuis des années, mais impossible de faire taire mon accent russe. Je continuais et continuerais à rouler les r, comme en russe. Il me semble qu'Ethan aimait beaucoup le côté typiquement slave de mon accent. Il était doux, quand celui de mon père était presque à couper au couteau. Il faut dire que j'avais eu un peu plus de temps que lui pour adoucir mon accent.

Je sursautai brusquement, tirée de mes pensées par des cris que je connaissais bien, que je connaissais par cœur. C'était mon Sasha. Qui pleurait, comme je l'avais craint. Sans vraiment le vouloir ni m'en rendre compte, je repoussai Ethan et me redressai subitement, prête à tendre les bras pour y accueillir Sasha. Mon cœur fit un bond dans ma poitrine quand mon père entra dans la pièce avec lui. Le pauvre trésor ne pleurait même plus, il hurlait. Il avait peur, je sentais la panique dans ses pleurs. Il se débattait dans les bras de son grand-père et tendait ses petites menottes vers moi. Je manquai de hurler à mon père de me l'amener plus vite. Sasha avait besoin de moi. Ses pleurs étaient si paniqués que j'entendis Jackson demander s'il n'était pas blessé. Je secouai la tête. Non, je m'en étais assurée. Il pleurait parce qu'il avait eu peur, qu'il avait toujours peur... Je faillis l'arracher des bras de mon père quand il s'approcha pour le déposer dans mes bras. Quand ce fut fait, presque immédiatement, Sasha cessa de pleurer. Aussitôt qu'il croisa mon regard, il se tut. Je le blottis contre moi, calant sa tête contre mon sein. Je posai ensuite ma main sur sa poitrine. Sa petite poitrine se soulevait très rapidement, il était tout essoufflé. Il respirait bruyamment, mais il se calmait. Il était tout rouge, rouge de colère et d'angoisse. Je posai des doigts sur son front, pour voir s'il n'avait pas un peu de température. Il était un peu chaud, mais rien de dramatique. Il allait se calmer. J'étais là, tout irait bien maintenant. Je repliai la couverture autour de moi, pour l'emmitoufler un peu plus. Il adorait être au chaud dans les couvertures, contre moi ou dans sa gigoteuse. J'avais remarqué qu'il adorait être au chaud... En voilà un qui ne serait pas malheureux en hiver comme en été...

Quand je vis une main s'approcher du visage de Sasha, je la repoussai par réflexe. Je levai les yeux, outrée, et posai un regard courroucé sur mon père. Je lançai ensuite un regard choqué à Ethan, qui lui conseillait tout bêtement de le câliner pour l'apprivoiser. Mais ils avaient perdu l'esprit ou quoi ?

« Non mais, vous pensez vraiment que c'est le moment ? Vous pensez vraiment que Sasha a envie d'être câliné ? Vous pensez vraiment qu'il a envie que n'importe qui le prenne dans ses bras, que n'importe qui le... le... le câline ? Mais enfin, regardez le ! Il tremble de tous ses membres, il respire à peine correctement ! Son cœur bat si vite que c'en est effrayant pour un bébé de son âge ! »

Ils me regardaient tous les deux avec un air de stupéfaction totale. Ils ne comprenaient pas. J'ai secoué la tête et j'ai attrapé la main d'Ethan brusquement, avant de la plaquer sur la poitrine de son fils. Alors, est-ce que tout allait bien ? Est-ce que Sasha avait l'air de vouloir des câlins ?

« Est-ce qu'il a l'air d'humeur à être tripoté par tout le monde ? Tu ne sens pas à quel point il a peur ? Regarde le ! »

Sasha ne pleurait plus, mais il n'était pas totalement rassuré pour autant. Il regardait toujours partout autour de lui. Il se frottait le visage d'une main, et l'autre était posée sur ma poitrine. Il était tendu, je le sentais nerveux. Je repoussai la main d'Ethan et posai la mienne à la place. Je massai doucement la poitrine de Sasha, pour l'apaiser. Il planta ses yeux dans les miens, cherchant sans doute une autre forme de réconfort. Je lui souris, tentant de paraître le plus rassurante possible. Il fallait au moins que je le sois pour lui. Personne ne le rassurerait à ma place. Il attendait que ce soit moi qui le réconforte. Pas son père, pas son grand-père, sa mère. Il fallait que je le rassure, parce qu'il avait failli être enlevé alors que j'étais censée prendre soin de lui. Moi, et personne d'autre. Je me sentais obligée de lui prouver que j'étais une bonne mère, que je le protégeais. Je l'avais protégé. J'avais fait une chose horrible pour le protéger, et bien que j'aie des remords, je savais que j'aurais recommencé mille fois s'il l'avait fallu. Personne ne pouvait savoir ce que j'avais ressenti quand j'avais vu cet homme avec mon fils dans les bras. J'étais toute seule à ce moment là. Je ne m'étais jamais sentie aussi seule de toute ma vie. Seule, parce que j'étais la seule à pouvoir faire quelque chose. La seule à pouvoir le sauver, la seule à pouvoir empêcher qu'on me l'arrache. La seule à pouvoir sauver mon fils. Je l'avais fait, mais à quel prix ? Les conséquences seraient lourdes, bien plus lourdes que ce qu'ils pouvaient imaginer. Je n'étais pas manichéenne au point de pouvoir tuer sans remords, et je n'étais pas une mafieuse sans ressenti qui pouvait tuer sans se poser la moindre question. J'étais Katarina. La douce, la gentille, la délicate Katarina. La Katarina qui venait de tuer quelqu'un.

« Avez vous la moindre idée de ce que j'ai ressenti quand j'ai vu cet homme avec mon bébé dans ses bras ? Quand il m'a dit qu'il allait l'emmener, qu'il allait s'en occuper mieux que moi ? Quand il a dit qu'il était si petit qu'il ne se souviendrait jamais de moi ? »

Je m'étais remise à trembler.

« Mieux que MOI ? Non ! Je suis une mère parfaite ! PARFAITE ! Personne ne s'en occuperait mieux que moi ! Je suis sa mère ! »

Peut-être que j'étais un peu trop présomptueuse, peut-être que j'en disais un peu trop. Mais c'était ni plus ni moins ce que je ressentais. Comme toutes les mères, je ferais des erreurs, mais j'aimais mon fils plus que tout, et je ferais toujours ce qu'il y avait de mieux pour lui. Un inconnu n'avait pas le droit de venir me le prendre. JE l'avais porté pendant neuf mois. JE l'avais mis au monde. JE prenais soin de lui, mieux que quiconque. Et tout à coup, on venait pour me le prendre, comme si rien de tout cela n'avait compté ? Sasha était encore à moi ! C'était ma chair, mon sang, un morceau de mon cœur, une partie de mon âme. PERSONNE n'avait le droit de poser les mains sur lui sans que je l'y ai autorisé. Personne. Et surtout pas un malade mental qui venait me le voler. Surtout pas.

« Il allait le prendre ! Il m'aurait tuée pour ça... Il aurait pris Lena aussi... Si il avait voulu la prendre elle en premier, elle n'aurait pas pleuré ! ELLE N'AURAIT PAS PLEURE ! Qu'est-ce que j'aurais fait, si je m'étais rendue compte qu'elle n'était plus là ? »

Je me tournai vers Ethan, les yeux pleins de larmes.

« Je voulais juste qu'il dorme tranquillement pendant que je rangeais... Je voulais juste... Et il s'est mis à hurler... Et j'étais toute seule, et j'ai paniqué, et... J'ai juste pris ton arme et... Il a essayé de me tuer, alors je me suis défendue... J'ai vidé le chargeur... Je n'ai même pas réalisé qu'il m'avait touchée. Tout ce que je voulais c'était protéger Sasha. Je l'ai tué... Je ne voulais pas... Mais j'ai... J'ai juste tiré... Je suis tellement désolée, Ethan... Je ne savais pas quoi faire... »
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MessageSujet: Re: Russian Roulette {ETHAN & ALEXEÏ}   Russian Roulette {ETHAN & ALEXEÏ} Icon_minitimeSam 23 Juil - 13:46

Un contact permanent... Que Sasha fût très craintif, cela, je voulais bien le croire. Les bébés pouvaient avoir des centaines de caractères différents, et il fallait croire que Sasha marquait l'équilibre avec Lena, toujours enjouée et souriante et encline à aller vers les gens. Mais qu'on ne me fasse pas croire que c'était la seule chose qui créait cette atmosphère invisible et pourtant aussi infranchissable qu'un mur de béton autour d'eux. Si vraiment cela n'était venu que de Sasha, lui n'aurait eu conscience que de la présence de sa mère, et cette dernière nous aurait prêté attention. Or, Katarina semblait... effacée. Comme si elle avait disparu. Elle ne nous voyait plus, ne nous entendait plus, certainement, ne nous pressentait plus. En un mot, tout autour d'elle était devenu invisible, sauf Sasha. Il était craintif, oui... mais Katarina l'était sans doute encore plus. Avec l'effroyable grossesse qu'elle avait dû subir, quelque part, ce n'était pas étonnant, mais confusément, je sentais que ce n'était pas bon, ni pour elle, ni pour son fils.

Je n'ai pas entendu tout de suite ce qu'Ethan me disait, sans doute parce que c'était trop énorme, trop incroyable, trop impossible. Au début, je me suis contenté de hocher vaguement la tête, les yeux perdus sur ma fille et mon petit-fils. Et puis j'ai réalisé que c'était bien lui qui avait parlé. Que je n'avais pas déliré, que j'avais bien compris ses paroles. Ethan venait juste de me dire comment apprivoiser son fils. Le même Ethan qui avait été tellement déçu que Lena soit si sociable, et apprécie tellement son grand-père. En temps normal, il aurait dû être ravi que Sasha soit si sauvage, et là, il me donnait des conseils pour que son fils n'ait plus peur de moi ! Mon expression était incrédule quand je levai les yeux sur lui, mais je me repris bien vite. On me donnait une autorisation, je n'allais pas m'en priver. Il serait toujours temps de s'étonner après. Je ne savais pas pourquoi Ethan devenait d'un coup si ouvert, moins méfiant, mais je comptais bien en profiter. L'agression de Katarina devait lui avoir autant secoué les neurones qu'à moi, mais on ne savait jamais, ça pouvait bien se remettre en place. Le voir se pencher sur son fils et chuchoter ce mot que je n'avais jamais eu le droit d'être jusqu'à présent, ou alors clandestinement, me toucha plus que je ne l'aurais cru. Je tendis une main timide vers Sasha, effleurant ses cheveux en une caresse maladroite. A vrai dire, Katarina était tellement absorbée avec lui que je doutais que l'un ou l'autre remarquât que je le touchais.

Grossière erreur, d'ailleurs.

A peine ma main avait-elle senti les fins cheveux de Sasha sous ses doigts qu'une autre la repoussait vivement. La voix de Katarina me heurta de plein fouet. Je relevai les yeux sur Ethan, un peu déstabilisé. Jamais je n'avais vu Katarina si sauvage, si farouche. Absolument jamais. Même lorsqu'elle défendait Ethan près de moi. Même lorsqu'elle me critiquait à tout va, me lançant mon passé et mes mensonges à la figure. Même lors de notre dernière dispute. Et ça, ce n'était pas peu dire, pas peu dire du tout.

- D'accord, Katarina, fis-je d'une voix patiente. Si tu dis qu'il a peur, on ne le touchera plus. Tu es seule juge, ne t'inquiète pas, on te fait confiance.

Derrière l'amabilité exacerbée, de l'inquiétude perçait, terriblement. Je voyais ma fille bouleversée, traumatisée, et j'avais soudain terriblement peut pour elle. Je n'étais même pas sûr qu'elle m'ait entendu ; elle avait replongé dans sa bulle pour un cours instant, alors que Sasha avait cherché son regard et qu'elle lui avait répondu en lui souriant. Oui, c'était effrayant ; effrayant qu'elle repousse même la main d'Ethan, qu'elle l'accuse lui de ne pas comprendre, alors qu'elle m'avait vanté son empathie et sa sensibilité tant de fois.

Je la voyais s'énerver et je ne savais pas quoi faire pour la calmer. Voir ma fille faire une crise d'hystérie était la dernière chose dont j'avais envie, et ça me faisait mal, au plus au point. Seulement je ne savais pas comment la calmer. Était-ce seulement possible, d'ailleurs ? Rien n'était moins sûr. Je regrettais franchement qu'elle ait té cet homme. Non content d'avoir essayé de voler Sasha, il avait traumatisé ma fille en lui lançant de véritables horreurs, juste avant d'essayer de la tuer. J'aurais voulu qu'il survive, pour pouvoir le torturer à loisir durant les dix prochaines années. Ou vingt. Voire le garder comme un petit plaisir pour mes vieux jours. Plus sérieusement, cette vague d'enlèvement commençait sérieusement à ressembler à une bande organisée, avec un plan bien précis, et là, cela en devenait effrayant. Nous vivions dans un monde post-apocalyptique ; il n'y avait plus aucune base de société, seulement de petits microcosmes comme le nôtre, disséminés partout dans le monde. A partir de là, il ne fallait pas grand-chose pour qu'un illuminé décide de monter une armée, une secte ou je ne sais quoi, et de faire sombrer le monde dans l'obscurantisme. Bon, le monde, à vrai dire, je m'en fichais un peu, mais j'aurais apprécié que nous, la Communauté et Elizabethtown - c'était la première fois que je m'intégrais dans la Communauté en en parlant - ne soyons pas comptabilisés dedans. Et à partir du moment où ces salopards décidaient de traumatiser MA fille, alors cela devenait une affaire personnelle.

- On n'a jamais douté de ça, Katarina ! plaidai-je. On sait que tu es la meilleure mère que Lena et Sasha puissent rêver d'avoir, d'accord ? On le sait, on l'a toujours pensé.

Je me glaçai à l'idée qu'elle évoqua. Elle avait effroyablement raison, Lena n'aurait pas pleuré, et on ne se serait pas rendu compte qu'elle n'était plus là avant qu'il soit trop tard. C'était une vraie chance en un sens qu'il s'en soit pris à Sasha, même si Katarina était bien plus atteinte. Au moins avions-nous pu le sauver de ses griffes à temps.

- On va s'en occuper, Katarina. Je te jure que plus personne ne touchera à tes enfants. On va s'en occuper, n'est-ce pas, Ethan ? Tu as bien fait de le tuer. C'était la seule solution. Tu n'as plus à t'en faire maintenant.

Je jetai un coup d’œil éloquent à Ethan. Il était hors de question que nous ne fassions rien alors qu'il était évident que tous les derniers événements étaient le fait d'une bande organisée.

- Mais en attendant, tu devrais te calmer. Je suis certain que Sasha sent ta nervosité, ça ne va pas aider à l'apaiser. Plus personne ne te le prendra, Katarina. Et tu seras toujours la meilleure mère qui soit, je te le promets.
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MessageSujet: Re: Russian Roulette {ETHAN & ALEXEÏ}   Russian Roulette {ETHAN & ALEXEÏ} Icon_minitimeMar 26 Juil - 14:40

Je ne m’occupai plus de mon beau-père pour le moment, attendant la réponse de Katarina pour savoir si elle voulait que j’aille chercher Lena. Elle devait surement attendre au fond d’elle que son papa et sa maman viennent la voir. Et moi, j’avais besoin de savoir ma fille avec moi et prés de nous. Pas que je ne fasse pas confiance à Lizzie ou à Evan, j’avais même une confiance aveugle en eux. C’était seulement que je ne voulais plus lâcher ma famille du regard. Pour le moment, j’avais besoin de les avoir tous les trois réunis prés de moi. Mais alors qu’Alexeï était surement en train d’essayer d’apprivoiser son petit fils, je n’ai pas vu venir la crise d’hystérie de Katarina. Mais alors absolument pas. Peut être parce que cela ne lui ressemblait pas tout simplement.

Cependant là, je me suis simplement retrouvé bouche bée devant elle et son père. Elle avait repoussé son père comme s’il n’était qu’un étranger et me fusillait littéralement du regard. Elle prétendait que Sasha ne voulait pas qu’on le câline et qu’il était si choqué que son cœur battait à tout rompre contre sa poitrine alors que moi je ne voyais qu’un bébé blotti contre sa mère et qui se calmait peu à peu. J’avais l’impression de ne pas voir la même chose qu’elle et cela m’effrayait. Je n’osais rien dire. Je ne savais même pas ce que j’aurais pu rétorquer.
Il n’y avait pas de mot pour rassurer Katarina, je le sentais. Rien n’aurait pu la ramener sur Terre. Dans sa tête, elle imaginait déjà Sasha complètement paniqué parce qu’on l’avait enlevé. A mes yeux, il n’avait eu peur que pour une seule raison. C’était quelqu’un d’autre que sa mère qui l’avait pris dans ses bras. Il avait senti quelqu’un d’autre qu’il ne connaissait pas et il avait eu peur. Mais il le faisait avec tout le monde. Dés qu’il voyait sa maman, il se calmait. Comme là, quand elle l’avait pris contre elle. Maintenant sa crise semblait être de l’histoire ancienne pour lui. Et Katarina ne voulait pas s’en arrêter là.

J’ai été plus que surpris qu’elle prenne ma main violemment et la pose sur la poitrine de Sasha. Son petit cœur battait de façon ordonnée. Un peu vite oui, mais Mathilda m’avait dit, un jour où je m’inquiétais pour Lena, que le cœur des bébés bat toujours plus vite que celui d’un enfant ou d’un adulte. Alors je ne m’en étonnais pas. Mais que dire à Katarina qui semblait devenir folle et penser des choses qui n’avaient pas lieu d’être ? Je maudissais presque mon beau-père qui n’avait pas plus de courage que moi pour dire à Katarina que Sasha allait bien. Il regardait partout oui, mais je prenais plus ça pour de la curiosité. Je ne savais pas quoi faire, et cela me faisait mal. Je ne disais rien, cherchant ce qui pouvait la rassurer. Et si j’avais cru que les paroles rassurantes de son père allaient la faire se détourner de nous, je venais de me bercer de douces illusions.

Elle était totalement paniquée. Elle revivait la tentative d’enlèvement de Sasha, et cherchait à nous raconter. Moi, je ne demandais qu’a oublier et à mettre ça derrière nous. Alors que Katarina cherchait je ne sais quoi en se souvenant de ce que ce type lui avait dit. Bien sur qu’il avait tort, mais comment dire à Katarina que c’était du passé, qu’elle devait réaliser que personne ne lui prendrait plus Sasha. Oui...J’avais peur de lui dire la vérité. Parce que je ne voulais pas qu’elle s’en prenne à moi. Lâchement, je me taisais, mettant mes mains dans mes poches pour ne pas avoir envie de poser ma main sur la sienne et qu’elle la rejette. Et je ne pouvais même pas poser ma main sur Sasha de peur qu’elle se mette à hurler. Oui, j’avais peur de Katarina. Elle était effrayante. Et cela me blessait. Parce que je ne voulais pas voir ma femme comme ça. Je voulais la voir sourire à son fils. Peu importe qu’elle m’ignore, mais je voulais la voir calme et détendue avec Sasha.

Ce n’était pourtant pas gagné. Elle me fendit le cœur lorsqu’elle se tourna vers moi, ses jolis yeux tout embués de larmes. Je n’avais jamais aimé la voir pleurer. Mais là, je ne l’avais jamais vu dans cet état. Elle pourtant si forte d’ordinaire semblait complètement bouleversée. Elle me racontait ce qu’il s’était passé. Et je n’arrivais pas à reconnaître ma femme. Pas seulement parce qu’elle me disait avoir tuer un homme pour défendre Sasha, mais parce qu’elle était toujours si maitresse d’elle-même. Elle ne paniquait pas comme ça avant. Mais depuis la grossesse de Sasha, depuis cette fausse fausse-couche, elle n’était plus vraiment comme avant. Serait il possible qu’elle ait réalisé sans l’avouer réellement qu’elle avait tout de même perdu un enfant et qu’elle répercute cet amour-là sur Sasha ?. J’aurais aimé avoir quelqu’un à qui parler. Un professionnel qui aurait su m’apporter des réponses. Bien sur j’avas des gens à qui me confier. Mais personne dont c’était le métier. Bien sur il y avait ce pasteur à Elizabethtown, et même s’il avait l’air digne de confiance, je n’avais jamais pris la peine d’aller vers lui. Et puis, c’était son métier d’écouter mais il n’avait pas de compétences de psychologue hélas…

Je ne savais pas quoi lui répondre. J’avais peur de dire quelque chose qu’elle démonterait en une seconde chronomètre en main. Heureusement que son père réagissait plus vite que moi et semblait trouver les mots justes. Bien sûr j’aurais aimé qu’l lui dise que tout allait bien maintenant et qu’elle se faisait des idées, mais s’il réussissait avec ses mots à lui à la calmer, je le bénissais. Qu’il me regarde cherchant mon approbation m’a fait me sentir encore plus mal. Je sentais des frissons m’envahir et j’avais envie de me secouer pour faire disparaitre cette étrange sensation qui m’envahissait. J’acquiesçais d’un hochement de tête, mais en réalité cela glissait sur moi. Je ne faisais plus attention à rien. Comme un automate, j’apportas ma pierre a l’édifice. Mais ma voix ne dénotait aucune émotion. J’aurais récité l’annuaire que j’aurais parlé exactement de la même façon.

-Pardon mon ange, on ne touchera plus Sasha. Ton fils est en sécurité avec toi oui. Vous allez vous reposer d’accord ?

Je dégageais ma main et me redressait, regardant partout autour de moi quelqu’un qui puisse me venir en aide. Mais Alexeï semblait vouloir jouer les pères aimants et parfaits, ce qui renforçait mon sentiment d’impuissance total. Moi, tout ce que je voulais c’était que tout redevienne comme avant. Mais Katarina n’avait encore pas fini sa crise. Elle posait ses mains sur son fils et je sentais la folie prête à reprendre le contrôle sur elle. J’avas besoin de partir d’ici. Je n’arrivais pas à rester là. J’avais besoin de m’échapper. J’ai alors trouvé la première excuse qui me soit venue en tête. Lena était pourtant en sécurité, et je l’utilisais comme moyen d’échapper à ma femme. J’avais honte mais je le fis quand même.

-Je vais aller voir Lena et la rassurer.

Je doutais que Lena ait besoin de vraiment être rassurée. Elle avait cette capacité à oublier rapidement les choses. Comme moi, elle passait vite à autre chose, repoussant le mauvais pour ne garder que le bon. Et je ne doutais pas d’Evan pour être inventif et trouver de quoi occuper l’esprit de ma fille. D’autant plus qu’une complicité réelle s’était établie entre eux. Bien sûr elle voudrait surement son papa et sa maman, mais si elle était avec Tonton Evan, elle devait pour le moment bien s’en moquer.

-Ton père va rester avec toi d’accord.

Je ne sais même pas si je l’ai regardée ou pas. Je ne me souviens que lui avoir dit une seule chose.

-Il ne touchera pas à Sasha, personne ne touchera à Sasha mon ange. Ne t’inquiète pas, calme-toi.

Je me suis alors écarté et j’ai quitté l’infirmerie le plus vite possible. Tout ce que je voulais c’était mettre le plus de distance entre elle et moi pour le moment. J’ai marché comme un automate jusqu'à la maison, et me suis effondré en pleurs dans les bras d’Evan…
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