This Is War
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le Deal du moment :
Cartes Pokémon 151 : où trouver le ...
Voir le deal

 

 Come on Baby, light my fire. [ Samuel B. ]

Aller en bas 
AuteurMessage
Liam Marsden
In love with JUDASLiam Marsden


Messages : 130
Date d'inscription : 06/07/2010
Age : 44
Localisation : Elizabeth Town

Come on Baby, light my fire. [ Samuel B. ] Empty
MessageSujet: Come on Baby, light my fire. [ Samuel B. ]   Come on Baby, light my fire. [ Samuel B. ] Icon_minitimeSam 25 Sep - 18:55

Comptine d'un autre été; l'après midi - Yann Tiersen.


Les jours passaient, emportant avec eux les larmes et les soupirs de mécontentement. Autour de moi je voyais la vie continuer comme si ces efforts en valaient la peine, sans pouvoir y croire encore. Je n’avais plus envie d’y croire, plus la force également. Pourtant tout semblait propice à s’arranger, si on pouvait dire cela comme ça. Ethan avait retrouvé Katarina, Dieu seul sait comment, et cela aurait dû en soi être une nouvelle si joyeuse, si puissante que tous auraient dû avoir un sourire béat aux lèvres. Cependant personne ne l’avait, et ce parce qu’il n’y avait pas matière à l’avoir. Je n’avais pas vu Katarina depuis la fin de son supplice, mais ce que j’en savais me suffisait largement pour pouvoir dire qu’il n’y avait aucune raison de se réjouir : Elle était à moitié morte. Et ça, tout le monde le savait. Ce que nous ignorions en revanche était le pourquoi de cette attaque, la raison de cet enlèvement, de cette torture atroce. Quelque part j’étais soulagé de ne pas avoir aperçu son corps meurtris, je crois que j’en serais mort de tristesse. N’importe qui ici aurait pu dire sans mentir qu’elle ne le méritait pas, que personne ne méritait d’être traité de la sorte, et c’était que plus horrible que de savoir qu’une personne innocente avait souffert au nom d’une absurde cause, sans doute. Autant dire que rien n’allait en s’arrangeant, voire même en s’empirant. Après une brève entrevue avec Mathilda qui m’avait expliqué exactement ce dont souffrait notre Katarina, j’avais été quelques peu rassuré : Elle s’en sortirait. Malgré la faiblesse de cette certitude, il était tout de même rassurant que de savoir qu’un jour, nous pourrions oublier. Rassurant de penser que nous n’aurons pas cette mort sur la conscience, cette mort qui aurait pesé si lourd sur nos cœurs. Alors nous attendions, c’était tout ce qu’il y avait à faire. Par l’intermédiaire de Mathilda je prenais des nouvelles de Katarina, sachant pertinemment qu’Ethan ne m’aurait pas répondu. Ethan était devenu un fantôme, et j’étais bien incapable de le lui reprocher. Il m’était aisé de savoir à quel point la mort d’une personne aimée à ce point était difficile, mais la torture l’était sans doute encore d’avantage. Il était choqué, nous l’étions tous.
Du côté de Gabrielle, je n’avais aucune nouvelle. Alexander n’était pas plus communicatif qu’Ethan en ce moment, voire même moins. La seule chose relativement bénéfique qu’avait provoqué le « retour » de Katarina était qu’Aaron avait relativement reprit les rennes, m’épargnant ainsi de devoir continuer à jouer la comédie. Comme les autres, je pouvais à présent me réfugier dans ma tristesse et me protéger du regard des autres. Du regard de Samuel, plus précisément. Une honte effroyable me tenait depuis le jour où je l’avais malheureusement embrassé, qui remontais à présent à environs une semaine. Une semaine de doute et de crainte. Une semaine de réflexions également.

Certains auraient pu dire que j’avais exercé sur moi-même un travail colossal, je les aurais sans doute cru. Pendant ces longues journées durant lesquelles je ne faisais rien d’autre que m’enfermer dans ma solitude, j’avais compris beaucoup de choses. Dans ma solitude… C’était un bien grand mot. En réalité Lucy et Lucas avaient passé le plus clair de leur temps en ma compagnie, si bien que nous avions finis par ne plus sortir du tout certains après-midi, heureux que nous étions de nous retrouvés enfin. Les jours précédents avaient été rythmés de longues absences et de brèves retrouvailles, périodes d’abandon injustes. Mes enfants m’aidaient inconsciemment à me retrouver, à me sentir pleinement moi-même. Il est extrêmement déconcertant que de savoir que nos actes et nos paroles sont guidées non pas par notre nature profonde, mais uniquement par notre peur. Voilà, c’était là que j’avais beaucoup progressé. A présent je me rendais compte de ma méprise passée : Ce n’était pas moi le problème, pas moi dans le sens profond. Mon être tout entier n’était pas gouverné par la médiocrité, mais seulement par la peur de l’inconnu. Cette peur acide qui vous ligote le cœur sans même que vous vous en rendiez compte, et vous empêche d’aimer de nouveau. Depuis Natacha nulle affection naissante ne m’avait effleuré, et ce car je les avais toutes repoussées bien avant la naissance. J’avais avorté de l’amour, tout simplement. A présent que je m’en rendais si pleinement compte, j’éprouvais le désir sans doute risqué de vouloir de nouveau goûter aux doux plaisirs d’une relation amoureuse. Le deuil de ma femme serait terminé à partir du moment où je m’ouvrirai de nouveau aux autres, et ce moment était arrivé. Il devait arriver.

Seulement, se défaire d’une si grande crainte, nourrie depuis des années, relevait d’une extrême difficulté, à fortiori lorsque l’on était seul pour l’affronter. Je n’étais pas certain de pouvoir m’en sortir seul, de parvenir à m’échapper de cette prison de souffrance sans y laisser quelques plumes, encore. Or, je ne voulais plus souffrir. Ca aussi c’était un changement radical. Pendant de longues, trop longues années, j’avais vécu dans cette soumission à la douleur qui m’avait rendu esclave de sa cruauté, cruel à mon tour. Aujourd’hui je devais me libérer, tout simplement. Plus que n’importe quoi, je voulais sourire de nouveau. A la vie, aux hommes si cela était mon destin. Contre mon homosexualité, je ne pouvais rien. Etaient-ce des choses que l’on peut contrôler ? En quoi une orientation sexuelle se choisissait-elle ? Il n’est pas difficile d’imaginer à quel point j’avais parcouru de chemin pour en parvenir à cette conclusion. Oui, j’étais homosexuel. Oui. Seulement je n’étais pas tout à fait prêt à l’assumer encore, il me faudrait du temps. Après tout, cela n’était rien en comparaison de ce que j’avais déjà vécu, je pouvais bien attendre encore un peu avant de m’assumer pleinement. Maintenant que je ressentais de nouveau l’envie d’aimer, l’envie de profiter du bonheur que cela procurait, tout irait bien. Ou presque. En théorie, tout aurait pu bien aller. En théorie j’aurais pu déjà être heureux, mais voilà, j’avais tout fichu en l’air. Bien plus qu’Aaron, Samuel représentait à mes yeux l’issue, la finalité de ce combat intérieur. Mon combat, pour lui. Oui, c’était pour lui que j’avais cherché en moi la force de m’en sortir, plus que pour n’importe qui, plus que pour moi-même. Dans ses yeux j’avais trouvé ce que je cherchais tant, cette affection, cette tendresse qui me manquaient cruellement. Je savais que dans ses bras j’aurais pu redevenir un être d’amour, je le savais. Ce que je savais également, c’est qu’à présent tout cela était devenu impossible. Que j’avais tout gâché en jouant l’imbécile, en ne me rendant pas assez rapidement compte de mon besoin de changement. Maintenant, Samuel me détestait. Et moi je crevais d’envie de lui demander pardon, sans pouvoir m’y résoudre cependant. Je n’aurais jamais supporté un rejet de sa part, même s’il était mérité.

Je ne sais plus exactement quand j’ai compris que ma solution était Samuel. Peut-être quelques jours à peine après notre rencontre désastreuse. N’allez pas penser que j’étais amoureux de lui, car je ne l’étais pas. Cependant, j’avais l’impression indécise mais pourtant bien présente que quelque chose en lui me convenait, quelque chose sur laquelle je ne parvenais pas à mettre de mot. Comme si du plus profond de moi, j’avais la certitude qu’il aurait pu m’aider. Il aurait pu, oui, mais il ne le fera jamais. En le repoussant j’avais attisé sa haine, j’avais anéantis mes chances sans même savoir que je le voulais. De nouveau, je souffrais. Si la souffrance n’était plus dû à mon manque de confiance en moi, elle était tout de même forte, et surtout perpétuelle. Mes pensées se dirigeaient souvent vers lui, sans réellement savoir pourquoi. J’aurais aimé aller le voir, lui parler, lui demander pardon. J’aurais aimé, mais je n’en avais pas la force. Ne serait-ce qu’être son ami m’aurait infiniment aidé, j’en étais persuadé. Sans vouloir profiter égoïstement de sa tendresse, je voulais ses conseils, son vécu. Il était le seul homme homosexuel que je connaissais ici et auprès duquel j’aurais pu apprendre à gérer cette nouveauté dans ma vie qui me paraissait aussi mystérieuse qu’effrayante. Ceci dit, j’étais résolu. J’allais l’apprivoiser. Alors je vivais, depuis ce début de semaine, seul avec Lucy et Lucas. La plupart du temps je les laissai tout de même vagabonder dans la Communauté, avec les autres enfants ou auprès de Lilly à qui j’accordais pleinement ma confiance. Je prenais à peine le temps d’aller manger avec eux, tant j’avais peur de croiser Samuel que je savais dans les cuisines. Stupide, n’est ce pas ? Mais j’avais peur de ce qu’il aurait pu dire ou faire, surtout en publique. J’avais peur qu’il ne me trahisse tant sa déception était grande, alors plutôt que d’aller me balader sous son nez, je demeurais en totale autarcie dans mon monde, réfléchissant à ce que j’étais, à ce que je devenais, à ce que j’allais bientôt être. Comme une larve se préparant à devenir papillon dans sa chrysalide, je me préparais à devenir pleinement homosexuel, aussi difficile ce changement soit il.

C’est également à ce moment là que je me remis sérieusement au piano, ou plutôt au synthé. Nous avions trouvé l’instrument en presque bon état lors d’une expédition et j’avais choisi de le ramener, d’en profiter pour pouvoir continuer à jouer, même si le cœur n’y était plus depuis quelques années. Certaines touches ne fonctionnaient pas au début, mais grâce à l’aide de plusieurs personnes qui connaissaient relativement bien les circuits électroniques, elles avaient à peu près retrouvé vie. Le plus souvent, je jouais avec Ethan. Il y eut des soirées durant lesquelles nous ne parlions pas, jouant simplement. Les notes se suffisaient à elles-mêmes. Seul, il était rare que je m’autorise à effleurer ces touches qui produisaient des sons électroniques certes semblables aux vrais, mais cependant fausses. Elles sonnaient fausses pour moi, bien qu’en réalité elles ne le soient pas car elles me rappelaient de trop mauvais souvenirs. La musique n’était plus un refuge, mais un problème. Il est difficile que de se replonger ainsi dans son passé, observer de nouveau le bonheur évanouit comme derrière une vitre, cette vitre étant le temps passé. Pourtant je l’avais fait, ou du moins j’avais essayé. Un soir, alors que Lucy et Lucas étaient partis manger, j’avais allumé le piano de misère, observé ses touches, ses boutons. Ce n’était pas un piano, mais ça y ressemblait dans le fond. Alors, doucement mes doigts avaient reprit leur valse, faisant naître des mélodies que je n’avais plus jouées depuis des années. Ces mélodies que j’avais écrites pour mon enfant, qui jamais ne les avait entendu, et ne les entendra jamais. Rejouer ces notes relevait peut-être du sadisme, j’allais cependant jusqu’au bout des partitions qui défilaient dans ma tête, gravées trop profondément dans ma mémoire pour que je puisse m’en défaire un jour. Jusqu’au retour de mes enfants mes mains allaient et venaient, puis s’arrêtèrent pour ne reprendre leur course que le lendemain. Tous les soirs, alors que le premier service du repas se faisait, moi je jouais. Très vite mes vieux automatismes revinrent et je me remis à écrire, en plus de jouer. Je ne savais pas trop pour qui et pourquoi, mais les sons s’accordaient, se mélangeaient comme d’eux-mêmes dans ma tête pour enfin jaillir sur le papier, notées indélébilement. Comme dans mon cœur.

Et un jour je compris. Enfin, j’avais compris. Mes notes avaient toujours été dédiées à quelqu’un, d’abord à mon père, puis à ma femme, à mon enfant. C’étaient les êtres pour lesquels j’éprouvais un amour ineffable et indestructible qui m’inspiraient. Et à présent, c’était Samuel qui tenait ce rôle. L’aimais-je réellement ? N’était-ce pas seulement le besoin de douceur qui me poussait à penser à lui ? Je n’en savais rien. Absolument rien, mais le fait était là : je jouais pour lui. Même s’il ne m’écoutait pas, il était présent dans la pièce puisqu’il illuminait mes pensées. Il était là, à travers moi, et les notes qui s’envolaient dans les airs me rappelaient sa voix que j’avais aimé écouter. J’avais comme l’impression qu’il me parlait, me rassurait. C’était tout ce dont j’avais besoin. De lui, voilà de quoi j’avais besoin. Cependant, cette maigre présence ne me suffisait pas. Seul dans ma sombre chambre, je ne parvenais pas à écrire tout ce que je voulais, je ne trouvais pas les combinaisons de notes suffisamment belles pour lui. Je savais qu’elles existaient, et j’avais la sensation de bientôt les toucher, d’enfin les dénicher, mais à chaque fois il m’en manquait une. Il me manquait cette toute petite touche de lui, celle sur laquelle je ne parvenais pas à mettre de mot. D’ailleurs, il n’y avait pas de mot, il était inutile de le chercher. Cette chose qui m’était à la fois nécessaire et inconnue chez lui n’avait pas de nom, mais elle possédait forcément une note, et j’étais bien décidé à la trouver. Sauf que la seule manière de m’en approcher était des plus… interdites. Je savais qu’il travaillait en cuisine, et je savais qu’il y avait peu de monde qui traînait dans les couloirs aux heures des repas. D’ailleurs, lorsque je sortis de ma chambre, mon instrument sous le bras, pour m’aventurer dans la sienne, je ne croisai personne. Oui, je m’étais introduis dans sa chambre alors qu’il n’était pas là, respirant aussitôt l’air parfumé de son odeur singulière. La première fois, j’ai été tenté de tout fouiller comme un adolescent aurait été tenté de pénétrer dans les douches des filles afin de les observer, mais n’étant pas pervers à ce point je m’en abstenu. Je ne cherchais pas à avoir des informations sur lui, mais seulement à être dans son univers, dans son monde. Aussi ne touchai-je à rien. Moi j’entrais dans les douches après qu’elles y soient passées pour sentir l’odeur du savon qui avait effleuré leur peau, mais je ne pénétrais pas plus que cela dans leur intimité. J’avais simplement tiré la chaise du bureau, m’étais assis en posant le clavier sur mes genoux et avais joué. Très simplement. Et croyez moi, les notes vinrent beaucoup plus facilement. Elles me paraissaient tellement harmonieuses, tellement belles et tendres. Elles étaient à son image. Magnifiques.

Je m’étais échappé bien avant la fin du dîner afin d’être sûr de ne pas me faire voir de quiconque, mais je ne résistais pas le lendemain à l’envie d’y retourner. Le surlendemain non plus, jusqu’à ce soir. A chaque fois j’y trouvais un repos infini, une quiétude toute nouvelle que j’appropriais à Samuel désormais. Bien sûr, nous ne nous étions pas revus, ce qui renforçait ce besoin de me trouver au plus près de lui, même si je ne l’étais pas en personne. Plus le temps passait et plus je voulais aller lui parler, plus j’en ressentais le besoin douloureux. Dans ma tête, j’écrivais les paroles que j’allais prononcer en sa présence, je préparais soigneusement mes excuses afin de les rendre les plus parfaites possibles, sans jamais les prononcer à haute voix. Je craignais qu’elles ne tombent et se fracassent au sol si jamais je les forçais à s’envoler avant l’heure dans les airs. Ce soir, de nouveau, je ne me dirigeai pas vers la salle à manger où j’aurais pu le trouver, mais bel et bien vers sa chambre, me répétant bêtement les mots que je lui adressai silencieusement. A chaque fois que j’en ouvrais la porte, le frisson du délit me parcourait, et la peur de le voir là me caressait. A chaque fois, il était absent. Je refermai soigneusement derrière moi et m’assis à même le sol, au pied de son lit en posant une nouvelle fois l’instrument sur mes genoux. A côté de moi j’abandonnai les quelques feuilles griffonnées de notes que j’avais écris la veille, et repris là où j’avais arrêté. Petit à petit j’en rajoutais, en retirais, rayais certains passages ou en répétais d’autres. Et enfin, j’eus terminé. Terminé, vraiment. Tout était dedans, tout était d’une importance vitale et tout s’accordait à merveille. J’eus un sourire tendre en caressant le clavier, ce clavier qui allait devenir celui de Samuel le temps d’une mélodie. Alors, relisant la partition une dernière fois avant de ranger mes feuilles en un petit tas correct, je lâchai mon stylo et commençai à jouer. A tout rejoué, depuis le début. Je fermai les yeux, et souris : C’était exactement ce que je voulais. J’avais enfin trouvé ce petit détail anonyme en lui, je le tenais, enfin ! Doucement, les notes parfumaient l’air de cette chambre que j’aimais tant, ce refuge : Comme Samuel. Tout chez lui était réconfortant, ne l’avais-je pas déjà dit ? Tout, sauf le bruit d’une porte que l’on referme, sans l’avoir entendue s’ouvrir.

Je sursautai, lâchant le clavier qui de toute façon glissa de mes genoux pour tomber au sol tandis que je me relevai d’un bond, faisant face à Samuel qui me regardait fixement. Mon visage dû se décomposer, être arraché au bonheur qui l’animait quelques secondes à peine plus tôt. Très bêtement, je cherchai des yeux un endroit par lequel m’enfuir, évitant soigneusement son regard mais la mascarade avait assez duré : je ne pouvais plus m’enfuir. Alors je fis face. Réellement. Pour la première fois de ma vie je me sentis apte à le faire et enfin, mon regard se plongea dans le sien, se teintant immédiatement d’une tristesse infinie. Si j’avais été affolé en le voyant, à présent je me tenais face à lui et le regardai avec cette unique douleur qui m’animait. Il me manquait. Je ne le connaissais pas mais je savais qu’il manquait à ma vie. Je le savais. Et c’est la seule chose que je trouvais à lui dire.

« Tu me manques. »

Je vis son étonnement et repris conscience de la situation : j’avais pénétré dans sa chambre pendant son absence, jouant du piano, et il m’avait prit en flagrant délit. Cela méritait une explication, même si je n’en avais pas vraiment.

« Je suis désolé. Je sais que je n’ai rien à faire ici, que c’est ta chambre et que m’y introduire pendant ton absence est quelque chose de stupide ou pervers mais je n’ai pas pu… Pas pu m’empêcher… Je m’en vais. Ne crois pas que j’ai fouillé tes affaires ou pris quoi que ce soit. Je n’ai touché à rien. Tu vérifieras si tu veux… »

Où étaient les excuses si travaillées, préparées ? Envolées. Les mots si soigneusement formulés ne me venaient pas, ils étaient comme bloqués par une honte qui me serrait la gorge jusqu’à m’étouffer. D’un geste rapide j’entrepris de ramasser toutes mes affaires, mes feuilles éparpillées, mon instrument, mes illusions écorchées. Ecrire pour lui, en pensant à lui, en étant aussi proche de lui m’avait presque fait oublier à quel point nous étions éloignés désormais. A quel point il me haïssait. Il me haïssait. Soudainement la situation changea du tout au tout, je jetai le synthé sur le lit et lui refis face, les yeux emplis de larmes. Je ne pouvais plus faire s’emblant. Non, à présent je voulais être honnête, du début jusqu’à la fin. Ma voix était empreinte d’une tristesse limpide, rapide et presque hurlante.

« J’en peux plus Samuel ! J’en peux plus de vivre sans toi ! Ca fait trop longtemps que je vis sans toi… Je ne le savais pas, mais maintenant j’en suis sûr. J’en suis sûr tu m’entends ?! Je t’aime ! Moi, Liam, je t’aime ! Je me fous que tu sois un homme, je me fous d’être homosexuel, je me fous du monde entier s’il doit continuer de tourner sans toi à mes côtés.Je jetai furieusement mon stylo contre le mur, puis me figeai. – J’ai eus peur. J’ai peur. Mais je sais que tu peux m’aider, je sais que tu peux m’aider… Pardonne-moi d’avoir hésité. »

Ma voix fini par se briser et je le regardai, me mordant la lèvre tandis que mon visage se déformait sous la colère envers moi-même, sous la douleur. En le voyant entrer, ce que j’avais ressenti en jouant avait explosé en moi. Cet amour, je voulais le partager avec lui. Je voulais qu’il l’accepte. Je voulais qu’il me pardonne et m’aime en retour.

Je ne voulais plus avoir peur sans lui. Sans lui.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




Come on Baby, light my fire. [ Samuel B. ] Empty
MessageSujet: Re: Come on Baby, light my fire. [ Samuel B. ]   Come on Baby, light my fire. [ Samuel B. ] Icon_minitimeDim 26 Sep - 19:25

Un automate, un pantin, une marionette vide sans coeur et sans vie. Voilà ce à quoi je ressemblais depuis... Je ne savais plus trop. J'avais décidé de ne plus compter les jours qui me séparaient de Liam. Depuis ce baiser si magique et pourtant si tragique, le temps était passé beaucoup trop lentement pour me permettre de supporter la situation et chaque respiration me faisait mal, chaque moment sans lui m'était douloureux. Même ma discussion avec Katarina ne m'avait pas aidé : Pendant un temps, j'avais réussi à penser un peu à autre chose en étant à ses côtés, mais ma douleur et mes démons avaient vite repris le dessus sur tout le reste. Je portais un masque qui ne laissait rien voir de ma détresse intérieure : Des paroles chaudes et des sourires, voilà ce que j'offrais aux autres alors qu'à l'intérieur tout n'était plus que détresse et larmes. Comment avais-je pu en arriver là? Comment avais-je pu tomber si bas? Très simple : J'étais tombé amoureux d'un homme, j'avais imaginé que jamais il ne pourrait m'aimer et je m'étais fait à l'idée de devenir son ami quand cet homme m'avait embrassé sur un coup de tête et pendant quelques minutes, j'avais cru que nous allions pouvoir vivre une belle histoire, mais c'était sans compter sur son dégoût envers moi, envers le geste qu'il avait eu. Et là, tout s'était brisé en moi : Il s'était enfui et depuis, je ne l'avais pas revu. A chaque fois que je gagnais la salle à manger pour aller faire la cuisine, je m'attendais à le croiser et j'appréhendais cette rencontre. J'étais cependant décidé à garder mon masque et à faire comme s'il ne s'était rien passé. En faisant cela, je pensais me protéger moi mais au fond, celui que je voulais vraiment protéger c'était Liam car malgré ce qu'il s'était passé, je l'aimais toujours autant. J'avais mal bien sûr qu'il soit dégoûté ainsi de moi et de ce baiser que nous avions échangé mais je l'aimais de tout mon être. De son côté, il était décidé à m'éviter puisqu'il ne vint jamais à aucun service, venant prendre ses repas en dehors des heures prévues à cet effet. J'aurais pu prendre mon courage à deux mains et aller jusque dans sa chambre pour essayer de parler avec lui mais je ne parvenais pas à le faire : Puisqu'il m'évitait et qu'il ne voulait pas me voir, je ne voulais pas le forcer. S'il ne voulait plus me voir du tout, alors il allait être servi et j'allais lui rendre la tâche facile.

J'avais parlé à Kat de mon idée de faire un potager et depuis, je traînais beaucoup dehors à la recherche de l'immeuble que je pourrais utiliser pour arriver à mes fins. C'était une façon comme une autre d'éviter de penser au manque cruel qui tiraillait mon coeur à cause de l'absence de Liam. Alors, la journée, j'arrivais à m'occuper l'esprit et cela me faisait du bien mais quand venait le soir et que je me retrouvais seul dans cette chambre, seul dans ce lit, seul dans ces draps glacés, tout me revenait toujours de plein fouet et avec plus de violence et à chaque fois, je craquais. Chaque soir je m'endormais au rythme de mes sanglots silencieux. Chaque soir j'avais l'impression de revivre ces moments terribles où j'avais croisé le regard rempli de dégoût de Liam. Chaque soir je sentais mon coeur se déchirer sous l'assaut de mes pensées et de mes souvenirs. Chaque soir j'avais envie de mourir. J'aurais pu mettre fin à tout ça, j'aurais pu le faire ou en tout cas essayer mais malgré ma souffrance, malgré mon désir d'en terminer, j'avais trop de respect pour la vie pour m'y résoudre. Alors je survivais. Tant bien que mal, mais je survivais. Pourtant, ça n'était pas facile. Ca l'était encore moins quand j'entendais les autres parler de Liam comme ce jour où j'avais entendu quelques personnes parler d'un synthétiseur qu'ils avaient réussi à réparer pour Liam. J'avais grâce à eux appris qu'il jouait du piano, un détail que j'ignorais et dont je me serais bien passé puisqu'à présent, je rêvais de le voir jouer pour moi. Bref, je n'étais pas vraiment aidé... Je faisais ce que j'avais à faire, je me laissais aller à ma souffrance quand j'étais seul et c'est ainsi que les journées passèrent. J'étais entré dans une sorte de routine en fait. Je n'avais pas rediscuté avec Kat et ce, même si elle avait essayé à plusieurs reprises de savoir ce qui me travaillait lorsque je lui avais apporté les repas que je lui avais préparé. Je préférais tout garder pour moi, poutant, cela m'aurait peut-être fait du bien de me confier mais je n'arrivais pas à en parler. Je ne m'imaginais pas dire à Kat « Liam m'a embrassé et m'a repoussé tout de suite après, et depuis il m'évite comme la peste... ». Je n'avais pas le droit de révéler cela à Kat, pas sans l'autorisation de Liam. Ce qui s'était produit était personnel, intime, et il aurait été incorrect de ma part d'en parler avec Kat. Oh, j'avais confiance elle, je savais qu'elle n'irait pas en parler et dans un sens je ne devais rien à Liam me direz-vous, mais je ne pouvais m'y résoudre, c'était comme ça.

Bref, quand ce soir là je quittai la salle à manger pour retourner dans ma chambre et pleurer jusqu'à ce que la fatigue me gagne, je fus surpris d'entendre une mélodie s'élever discrètement dans le couloir. Enfin, elle ne semblait pas venir du couloir mais d'une chambre. Moi qui d'ordinaire marchait vite pour retourner jusqu'à ma chambre, je ralentis le pas et tendis l'oreille afin d'écouter cette mélodie qui, sans que je comprenne pourquoi, me toucha en plein coeur. Ces notes étaient pleines d'affection, de tendresse et d'amour. Au fur et à mesure que je m'approchais de ma chambre, la mélodie se rapprochait également et lorsque j'arrivai devant ma porte, je compris que la mélodie venait en réalité de ma chambre et je sus qu'il était là. C'était comme si je pouvais sentir sa présence derrière cette porte et comme si je sentais son coeur battre. Je glissai doucement mes mains sur la porte et y collai mon front avant de fermer les yeux : Je pouvais presque le voir en train de faire glisser ses doigts sur le clavier... Je finis par avoir les larmes aux yeux tant la mélodie me touchait au plus profond de mon être. J'aurais tant voulu qu'il joue comme cela pour moi... J'aurais... Là, je rouvris les yeux : Il était dans ma chambre. Que faisait-il dans ma chambre? Pourquoi venir jouer là si ce n'était pas justement pour moi? Je faillis me frapper la tête contre le mur tant je me sentis ridicule de penser à des choses pareilles : Il avait été clair à mon sujet le jour où il m'avait embrassé... S'il jouait dans ma chambre, il devait y avoir une autre explication beaucoup plus logique, beaucoup plus réaliste et je n'allais pas tarder à la découvrir. Cette raison allait me faire mal, mais c'était mieux que de se replonger dans une fantaisie ridicule. J'entrai alors dans ma chambre et refermai la porte derrière moi avant de m'y adosser, mon regard se posant aussitôt sur Liam. J'eus l'impression de sentir mon coeur se briser un peu plus : Je l'avais tant de fois imaginé sur ce lit avec moi... Mais là, il y était seul, un clavier posé sur ses genoux. Cela dit, le clavier ne resta pas longtemps sur ses genoux car il sursauta, et lâcha le clavier qui tomba au sol au moment où il se releva d'un bond.

Je ne pouvais m'empêcher de le fixer : Je ne comprenais pas ce qu'il faisait là. Je n'y comprenais rien et j'aurais vraiment voulu comprendre. J'aurais voulu que tout cela cesse une bonne fois pour toutes. A quoi jouait-il bon sang? Est-ce qu'il avait décidé de me pourrir la vie? Est-ce qu'il avait parié avec quelqu'un qu'il était capable de me rendre encore plus dingue? En tout cas, il ne s'attendait pas à me voir et étant donné la façon dont il détourna le regard et chercha un moyen de s'enfuir, je compris que rien n'avait changé : Je ne savais pas ce qu'il faisait dans ma chambre mais en tout cas, il n'était pas là pour moi. Je le mettais toujours autant mal à l'aise. J'aurais dû me pousser et lui laisser la porte libre pour qu'il puisse s'enfuir mais je n'avais pas envie de bouger : J'avais droit à des explications. Il devait arrêter de jouer avec moi ainsi. Il devait me dire ce qu'il voulait, une bonne fois pour toutes! Il devait me soulager, me permettre d'avancer! Il n'avait pas le droit de me garder prisonnier... Au bout de quelques instants, il se décida enfin à me faire face et je le regardai droit dans les yeux et ce que je vis me fit horriblement mal : Il souffrait. Je pouvais le voir comme dans un verre d'eau claire. Il avait mal... Mais moi aussi j'avais mal... Moi aussi je souffrais... J'aurais voulu pouvoir le soulager mais je souffrais trop pour pouvoir le soulager, lui. Lorsque sa bouche s'entrouvrit, les mots qu'il prononça me firent l'effet d'un choc électrique : « Tu me manques. ». Quoi? Moi, je lui manquais? J'écarquillai les yeux, étant de plus en plus perdu. Il m'avait embrassé, puis repoussé, puis ignoré et maintenant, il jouait en douce du piano dans ma chambre et disait que je lui manquais? Il y avait de quoi être complètement largué franchement... Alors, quand il se lança dans des explications, je l'écoutai attentivement, décidé à comprendre ce qui pouvait lui passer par la tête, décidé à le comprendre car en le comprenant, j'allais peut-être pouvoir réussir à trouver un sens à tout ce qui était en train de se produire. Je devais cependant ressembler à un gros débile avec les yeux écarquillés et la bouche ouverte tant j'étais complètement paumé. Effectivement, il n'avait rien à faire dans ma chambre mais le fait qu'il n'ait pas pu s'en empêcher ne m'expliquait pas pourquoi il était là, pourquoi il n'avait justement pas pu s'en empêcher, et non, je ne croyais pas qu'il avait fouillé dans mes affaires : Où est-ce qu'il allait chercher des idées pareilles? Pour qui me prenait-il? Et bien sûr, fidèle à lui-même, il m'annonça qu'il s'en allait : La fuite, encore une fois.

J'étais de plus en plus perdu. Ses explications ne m'aidaient pas du tout, bien au contraire. Mon trouble n'en était que plus grand parce que je ne comprenais pas pourquoi il était venu. Il disait que je lui manquais mais ça n'avait aucun sens bon sang! Il m'avais repoussé, je l'avais dégoûté alors comment pouvais-je lui manquer? Tandis qu'il ramassait ses affaires, j'essayais de comprendre, de trouver les réponses, les expliquations. C'était cependant impossible : Je n'y arrivais pas. Je ne parvenais à faire fonctionner mon cerveau. Tout ce que je voyais c'était que Liam s'activait pour pouvoir quitter cette chambre au plus vite et donc, finalement, rien n'avait changé. Même si, je ne savais pour quelle raison, je lui manquais, rien n'avait changé... Je baissai doucement le visage, la douleur se faisant de plus en plus vive : J'allais bientôt craquer, je le savais. Qu'il parte oui... Qu'il s'en aille et me laisse pleurer en paix, c'était tout ce que je demandais. Lorsqu'il jeta le synthé sur le lit, je relevai mon visage vers lui : Il pleurait. Franchement, c'était de pire en pire. Je ne savais vraiment plus sur quel pied danser et j'avais l'impression de devenir complètement cinglé. Et quand sa voix s'éleva, pleine de tristesse et de douleur, je ne pus retenir mes larmes. J'avais tant espéré ces mots... Je les avais tant rêvé que j'avais du mal à croire qu'ils étaient réellement en train de parvenir jusqu'à moi. J'avais du mal à croire qu'ils m'étaient adressé... Pourtant, c'était bien face à moi que Liam se trouvait. C'était bien dans ma chambre qu'il s'était réfugié pour jouer du piano. C'était bien dans mes yeux qu'il me regardait sans ciller malgré ses larmes. L'entendre me dire qu'il ne pouvait pas vivre sans moi et qu'il m'aimait fit éclater pour de bon cette bulle de douleur mais c'était pour le mieux : Si elle éclatait enfin, c'était, je l'espérais, pour qu'elle ne se reforme plus jamais. Je pleurais parce que j'avais eu mal, terriblement mal et qu'à présent, la lumière au bout du chemin m'aparaissait enfin. Je pleurais parce qu'il m'aimait autant que je l'aimais. Je pleurais parce qu'il avait eu peur de son homosexualité, peur de son attirance pour moi... Non... Peur de son amour pour moi et c'était cela qui l'avait éloigné de moi. Je pleurais parce que nous avions déjà trop souffert pour rien. Il m'aimait, il voulait que je l'aide à s'accepter, à nous accepter.

«...Pardonne-moi d’avoir hésité. »

Sa voix se brisa et quand je vis son visage se déformer par la colère que je savais qu'il dirigeait contre lui-même et non pas contre moi, ce fut trop pour moi. Je me jetai sur lui et le prenai dans mes bras avant de le serrer presque à l'en étouffer. Mes mains se séparèrent : L'une se posa dans son dos et l'autre glissa dans ses cheveux. Ma tempe était collée contre la sienne et je voulais lui faire comprendre mon amour par cette étreinte. Je voulais retirer ses peurs et ses doutes.

-Tu n'as rien à te faire pardonner...

Ma voix était autant brisée que la sienne et je savais qu'elle laissait parler ma douleur mais je ne pouvais pas la contrôler. Il fallait que la souffrance quitte mon corps et ça n'allait pas se faire en quelques secondes. Cependant, à la douleur se mêlait l'amour et la tendresse.

-Tu n'auras pas à vivre sans moi... Je t'aime... J'en crève tellement je t'aime Liam... Alors... Tu n'auras pas à vivre sans moi parce que je ne te laisserai pas, je ne quitterai pas. Jamais, tu m'entends?...

Non. Jamais. Sans que mes mains ne quittent son corps, je reculai doucement mon visage et posai mon front contre le sien avant de le regarder droit dans les yeux.

-Je suis là... Et ta peur, on va la faire disparaître... Je vais la faire disparaître...

Et parce que j'avais trop eu mal sans lui, parce que j'avais trop attendu, parce que ce premier baiser avait été trop bref et trop douloureux, je posai mes lèvres sur les siennes : Je devais effacer nos douleurs passées et je devais me battre pour vaincre sa peur.
Revenir en haut Aller en bas
Liam Marsden
In love with JUDASLiam Marsden


Messages : 130
Date d'inscription : 06/07/2010
Age : 44
Localisation : Elizabeth Town

Come on Baby, light my fire. [ Samuel B. ] Empty
MessageSujet: Re: Come on Baby, light my fire. [ Samuel B. ]   Come on Baby, light my fire. [ Samuel B. ] Icon_minitimeMar 28 Sep - 17:54

Le regard emplit de larmes de Samuel provoqua chez moi une nouvelle et profonde colère, une vague de révolte à l’intérieur de mon corps. Il m’était à présent insupportable de voir cette souffrance liquide s’abattre sur ses joues comme la misère sur le monde tout en sachant que c’était de mon entière et unique faute. Si j’avais su plus tôt, si au lieu de fuir j’avais immédiatement affronté ce qui me paraissait être une honte effroyable nous n’en serions pas là aujourd’hui. Non, aujourd’hui nous serions ensemble, heureux sans doute. Car je ne doutais pas un seul instant de sa capacité à me redonner le sourire, à endormir les blessures de mon cœur ; de toute manière il avait déjà réussi. Il avait déjà apporté une part d’enchantement dans ma vie en m’offrant la chance d’enfin prendre conscience de ma stupidité. Seulement, cela passait par une souffrance commune. Le baiser que je lui avais « offert », ce cadeau empoisonné, m’avait certes réveillé, mais d’autre part avait provoqué une haine chez lui à mon égard que je me sentais incapable de surmonter. Je savais ce qu’il en était, il me haïssait. Il me haïssait. Pourtant, il s’avança vers moi. Très sincèrement, je cru d’abord qu’il allait me frapper. Il se jeta sur moi avec une telle rapidité que cela me fit sursauter de nouveau, mais lorsqu’il m’enlaça, oui lorsque je me retrouvais au creux de ses bras, je me détendis immédiatement. Comme si d’un coup un poids énorme avait été retiré de mes épaules. Cette haine à mon égard, je ne la retrouvais pas dans son étreinte. Il n’y avait qu’amour et tendresse dans ses gestes, qu’affection pour moi tandis qu’il me serrait si fort contre lui, contre son cœur. Pourtant je ne résistai pas et me laissai doucement aller, respirant profondément son odeur que je connaissais à présent bien pour m’en être délecté chaque soir cette semaine lors de son absence. Chaque soir, je m’étais imprégné de lui sans même qu’il le sache, sans même que je m’en rende moi-même totalement compte. Lorsqu’il parla, et bien que ses mots se veuillent rassurants, je me crispai de nouveau. J’aurais voulu lui dire d’arrêter, j’aurais voulu le supplier de se taire afin de ne plus jamais entendre dans cette voix magnifique ces tonalités propres à la douleur. Il était à mon sens sacrilège que de gâcher une si belle mélodie, car en s’opacifiant de ce voile de souffrance elle perdait cette petite chose, sans petit détail sans nom auquel j’étais tant attaché. Prenant mon courage à deux mains je m’abstins de tout commentaire, de toute supplication. Si cette chose en lui s’était envolée, c’était à cause de moi, et je n’étais en droit de le lui reprocher.

Il m’était facile d’entendre les sanglots qui le secouait, nos visages étant si proches l’un de l’autre que je sentais sa respiration sur ma peau, me faisant frissonner. Rectification : nos visages étaient collés l’un à l’autre, et très nettement, je sentais sa peau contre la mienne. Cependant, une nouvelle lueur d’espoir s’alluma en moi, car cette étreinte nous rendait proches, tellement proches et pourtant je n’avais aucunement envie de me dérober à ses bras. Au contraire, si nous n’avions pas tout deux été en larmes en moi auraient pu de nouveau fleurir les fleurs mortes d’un hivers lointain. Mais contre toute attente, malgré mes doutes et ma douleur, je sentis en moi ces fleurs jaillir doucement des terres brûlées, je sentis les douces caresses que procurent de tendres paroles. Chacun de ses mots, et bien qu’ils soient tous teintés de cette profonde tristesse qui m’arrachait le cœur, chacune de ses paroles me donnaient envie de le serrer encore d’avantage contre moi. Pourtant, elles me faisaient aussi très peur, me plongeaient dans un océan d’appréhension. Au fond il n’y avait pas d’issue. Nous soufrerons, quoi que nous fassions. A présent un choix s’imposait à nous, qui malgré ses mots serait inévitable : rester ensemble au prix de grands efforts ou nous séparer là au risque d’y laisser notre cœur en lambeaux. Malgré mes efforts et toute ma volonté, il était évident que dans l’immédiat je ne pourrais être celui qu’il attendait. Je ne pourrais répondre à tous ses désirs, dont certains dépasseront très largement mes plus grands progrès. Tôt ou tard il souffrira de ce nouveau refus, qui bien loin d’être dirigé contre lui sera seulement commandé par mon inexpérience et ma peur toujours bien présente. Je n’étais pas en mesure de le rendre heureux, je le savais. Pas tout de suite en tout cas, et en attendant je me demandais ce qu’il adviendrai de nous. Ne finirait il pas forcément par me quitter ? Fatigué de mes inconstances, usé de mon manque de pratique. Il me restait tant de chemin à accomplir… J’avais bien peur qu’en dépit de ses promesses l’impatience le gagne et qu’il ne me quitte finalement. D’autres hommes auraient été heureux d’être en sa compagnie, ouverts et spontanés. Moi j’étais pétrifié à l’idée qu’un jour il envisage d’aller plus loin, trop loin. Même un baiser me semblait le bout du monde, alors qu’en serait-il pour le reste ?
Une de mes larmes se fracassa au sol. Samuel éloigna quelque peu son visage de moi pour cette foi poser son front contre le mien, me regardant dans les yeux. Si je baissai d’abord les miens, intimidé par ce contact invisible, bien vite je répugnai ce geste et plantai mon regard dans le sien. J’avais décidé d’être vrai, d’être franc. La fuite n’était plus à mes yeux le meilleur chemin vers la paix mais au contraire, une souffrance de plus. Encore une.

-Je suis là... Et ta peur, on va la faire disparaître... Je vais la faire disparaître...

Un sourire tendre étira mes lèvres au travers des larmes. Oui, il allait la faire disparaître, j’en étais certain. Depuis une semaine cette certitude ne me lâchait pas et l’entendre de sa bouche me procura un bien fou, comme une douce caresse. En l’estimant capable de m’aider dans mon acceptation je n’avais pas eu tort, lui seul était à la hauteur d’un tel défit. Il était la seule personne au monde à l’heure actuelle que je jugeais réellement en mesure de m’aider. La seule personne pour laquelle j’éprouvais une telle affection également. Car alors que son regard était vrillé au mien, j’avais l’impression stupide d’être l’homme le plus merveilleux au monde. Dans ses yeux je puisais tellement d’amour et de tendresse que j’aurais pu en revendre à tout va. Mais il en était hors de questions, égoïstement je voulais à présent le garder pour moi, et pour moi seul. Samuel avait une place si énorme dans mon cœur à présent qu’il m’était inconcevable de nous quitter, bien que cela soit peut-être l’échéance finale de notre relation. Aussi ne reculai-je pas d’un pas lorsque doucement ses lèvres se lièrent aux miennes. Cela n’était pas forcé, je n’avais spontanément eu aucun mouvement de recul, contrairement à notre premier baiser où j’avais manqué de vomir tant l’horreur m’avait noué l’estomac. Seulement l’horreur avait disparu, me laissant enfin profiter des délices que m’offraient Samuel. Mes mains qui jusqu’alors n’avaient osé se poser sur lui finirent par braver les interdits et mes doigts se perdirent dans ses cheveux tandis que je passai les bras autour de son cou, me rapprochant encore un peu plus de lui en admettant que cela soit possible. Je ressentais l’envie irrépressible d’être contre lui, sentir son corps contre le mien, sentir son souffle chaud se mêler au mien. Je me laissai aller, entrouvrant légèrement les lèvres alors que sa langue rejoignit instantanément la mienne. Une nouvelle vague de frissons me parcourut, frissons de plaisir. C’était magnifique, tout simplement. Pour la première fois depuis des années j’avais l’impression de vivre, réellement. Dans ses bras le monde extérieur ne subsistait plus, oui, il parvenait à m’ôter mes peurs. Déjà, il y parvenait à merveille. Samuel était parfait, pour moi, tout court. Il était. Et cela suffisait pour rendre au monde toute sa beauté fanée.

Si notre premier baiser avait été un fiasco total, celui-ci se révélait magnifique à mon sens. Mes lèvres étaient scellées à celles d’un homme que j’aimais, qui était tendre et doux à mon encontre et jamais, jamais je n’aurais cru pouvoir prendre autant de plaisir à être dans les bras d’un homosexuel. Puisque j’avais vu mon orientation sexuelle comme une honte acide, les rapports amoureux qui en découleraient avaient été imaginés de la même manière. J’avais cru ne jamais me sentir bien auprès d’un homme et pourtant lui me faisait comprendre, ressentir le contraire. J’avais fermé les yeux alors qu’il m’embrassait et pourtant sous mes paupières seule son image persistait. Natacha n’avait pas disparue, elle était toujours présente dans mon esprit mais le premier plan revenait à Samuel, celui avec qui j’étais prêt à refaire ma vie. Non pas que j’oubliais ma femme mais j’avais besoin de tourner cette page, après de trop longues années solitaires j’estimais qu’un peu de bonheur ne serait pas volé. Après avoir vécu dans le noir Samuel allumait enfin la lumière. Doucement ma langue cessa de caresser la sienne, nos lèvres se séparèrent et je rouvris les yeux. Un nouveau sourire éclaira mon visage, fait de joie, de soulagement également. Cependant si mes larmes s’étaient taries, celles de Samuel ne cessaient et je ne le voulais. Après ce que nous venions de vivre et qui était à mes yeux un miracle il n’avait cette fois plus le droit aux larmes. Je désirais les laisser de côté, loin de nous et de notre bonheur qui, à présent j’en étais presque sûr, serait éclatant. Alors mes mains glissèrent de ses cheveux et prenant son visage, j’essuyais de mes pouces ses joues humides, ce même sourire toujours présent. Un murmure amoureux s’envola doucement dans la pièce.

« Ne pleure pas. Je t’aime, j’ai confiance en toi. Les larmes ne servent plus à rien…»

Sur quoi mes mains glissèrent dans son cou, rapprochant de nouveau ses lèvres des miennes en un doux baiser. Je tentai de me faire le plus tendre possible entre ses bras pour que comme il me l’avait dit, jamais il ne me quitte. Pour que jamais il ne veuille trouver ailleurs ce que je pouvais lui offrir, même si ce n’était pas grand-chose. Pour ce que je n’étais pas encore capable d’accomplir, j’étais persuadé que le temps et son amour en viendraient à bout. Oui, une confiance absolue en lui. Cela lui donnait le droit de m’aider à me relever ou bien de m’enterrer. A présent mon sort était entre ses doigts et même si j’étais prêt à tous les efforts du monde pour le satisfaire, il en serait toujours ainsi. En un battement de cil tout pouvait s’effondrer et de nouveau, la pénombre règnerait sur ma vie. Ce nouveau baiser me paru encore d’avantage enivrant, je m’abandonnai tellement dans ses bras que j’en avais presque des vertiges, perdant totalement pieds. La vie avait une saveur si agréable, c’en était grisant. Je me reculai alors une nouvelle fois, secouant légèrement la tête. Je devais ressembler à un adolescent qui savourait son premier baiser, et moi je savourais Samuel. Mon cœur s’accéléra lorsque de nouveau je portai mon regard au sien. J’avais l’impression qu’il me dévorait tout cru… Cette fois je ne pu faire preuve de suffisamment de courage et baissai les yeux tandis que mes mains quittaient sa peau et que je me détournai. Rien n’était gagné. Mon sourire s’évanoui alors et de nouveau l’imaginer s’ennuyer de mes défaites intérieures me donna mal au cœur. Je ne savais pas comment accélérer les choses, comment m’ouvrir le plus vite possible au monde sans risquer de me braquer définitivement. Le plus amusant dans cette histoire était que c’était moi, mon corps, mon esprit, et pourtant mis appart Samuel personne n’était capable de débloquer cet engrenage rouillé. Même moi je doutais pouvoir m’en débrouiller. Perdu dans mes songes je glissai un doigt rêveur sur le clavier toujours posé sur le lit, puis soupirai. Il n’y avait qu’en lui parlant que je m’en sortirai, qu’en étant honnête avec Samuel.

« Tu finiras par te lasser. »

Je relevai brièvement les yeux vers lui puis continuai, ignorant son expression.

« Je ne peux pas te promettre de parvenir à m’assumer, nous assumer. Je ne peux pas non plus te promettre de parvenir à être l’homme que tu souhaites rapidement… Et ta patience s’épuisera au fil du temps. »

Mes doigts s’interrompirent et je me laissai tomber sur son lit, n’osant se fixer dans ses yeux, mon propre regard se bornait à demeurer au sol.

« Tu es vraiment prêt à ce sacrifice pour moi ? Vraiment sûr que ça en vaut la peine ? Il y a d’autres hommes ici qui seraient sans doute moins… Emmerdeurs…avec qui tu pourrais… »

Je ne finis pas ma phrase. Elle me faisait souffrir et pourtant, je ressentais l’obligation de le lui dire car je ne voulais pas qu’il regrette par la suite. Je ne voulais pas qu’il me reproche plus tard de lui avoir fait perdre son temps. En réalité, tout ce que je désirais était que d’une manière ou d’une autre, je me libère. Je voulais être bien avec Samuel, avec cet homme pour lequel j’éprouvais tant d’affection et de tendresse. En retour je voulais qu’il se sente bien à mes côtés et qu’ensemble, tout devienne plus facile.

Seulement j’avais depuis bien longtemps appris que dans la vie les choses ne se déroulent jamais comme nos souhaits le suggèrent. Et j’avais peur de découvrir cette fatalité d’une manière encore plus poignante.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




Come on Baby, light my fire. [ Samuel B. ] Empty
MessageSujet: Re: Come on Baby, light my fire. [ Samuel B. ]   Come on Baby, light my fire. [ Samuel B. ] Icon_minitimeJeu 30 Sep - 16:35

Pendant un instant, pendant l'espace d'une seconde qui me sembla interminable, je crus qu'il allait réagir comme lors de notre premier baiser. Je crus que la tendresse et l'amour n'allaient rien pouvoir changer à son dégoût et à sa peur légitime. Moi, j'avais toujours été homosexuel et j'avais appris à m'aimer et à m'accepter en envoyant les autres sur les roses mais lui... Lui venant seulement de se découvrir cette attirance pour le même sexe et cela devait être horriblement perturbant. Alors, ressentir du dégoût en embrassant un homme... Oui, finalement, je pouvais le comprendre. Cependant, il n'y eut pas de mouvement de recul et cette seconde finit par passer sans que Liam ne m'éloigne de lui, sans que je ne le sente se raidir. Il se laissa au contraire aller contre moi et ses mains se perdirent dans mes cheveux. Dès lors, mes propres mains le collèrent un peu plus à moi et toute crainte de le voir me repousser s'envola définitivement quand il entrouvrit les lèvres et que, pour la première fois, nos langues se trouvèrent pour donner à ce baiser plus de force, plus de passion, plus de châleur. Une vague de châleur me parcourut des pieds à la tête. Une châleur qui n'était que le reflet de mon plaisir et surtout de mon bonheur de pouvoir goûter à Liam de cette façon. C'était si magique que je ne pus empêcher les larmes de couler un peu plus sur mes joues. J'avais tant désiré le sentir contre moi ainsi, l'embrasser de cette façon, lui montrer à quel point je l'aimais, et à présent, c'était réellement en train de se produire. C'était notre moment et le début d'une belle histoire, j'en étais persuadé. Avec Liam, tout allait être à la fois simple et magnifique. Tout allait prendre son sens. Mon existence même allait réllement prendre son sens : J'allais lui appartenir... Non, en fait, je lui appartenais déjà, corps, âme et coeur. Plus les secondes passaient, et plus j'avais envie de me rapprocher de lui, encore et toujours plus. J'aurais tant voulu pouvoir lui transmettre tout ce que je ressentais... J'aurais tant voulu que nos esprits puissent se lier comme nos corps se liaient de façon à pouvoir partager absolument tout... Cela ne faisait malheureusement pas partie des possibilités humaines, à mon grand regret.

Alors que le temps semblait s'être arrêté, nos lèvres se quittèrent et nos regards se croisèrent une nouvelle fois. Le sourire qui éclaira son visage fit vibrer mon coeur et mon corps tout entier : C'était un sourire auquel j'avais rêvé, un sourire que j'avais espéré le voir arborer pour moi et mon espoir devenait enfin réalité. Il était bien avec moi : Il était heureux. Moi, Samuel, j'arrivais à le rendre heureux et c'était tout ce que je voulais. A mon tour, je me mis à sourire : J'étais tellement heureux... Et pourtant, je pleurais toujours et ce n'est que quand Liam essuya mes larmes de ses doigts que je réalisai qu'elles coulaient toujours sur mes joues. Lorsque sa voix s'éleva, son ton et ses mots furent d'une telle tendresse que j'eus l'impression de sentir un voile de douceur se poser sur ma peau : Comme une barrière pour repousser le mal et les douleurs. Je fermai les yeux et soupirai : Ce n'était pas un soupire las, bien au contraire. J'avais juste envie de relâcher toute la pression et de me laisser aller. Quand ses mains glissèrent dans mon cou, un frisson me parcourut la peau et je n'eus pas le temps de rouvrir les yeux que ses lèvres se reposèrent déjà sur les miennes. Alors ainsi, j'avais encore droit à un peu de lui? Franchement... N'étais-je pas l'homme le plus chanceux au monde puisqu'il avait décidé de m'offrir son coeur? Bien sûr que j'étais l'homme le plus chanceux au monde. Il était tellement tendre avec moi, tellement doux... J'avais du mal à croire que nous avions vécu cet horrible épisode dans la cuisine. En réalité, c'était comme si cette scène ne s'était produite que dans un mauvais rêve, comme si elle n'avait jamais réellement existé. A présent, il ne subsistait que la paix et le bonheur d'être dans les bras l'un de l'autre. Mes bras l'entourèrent une nouvelle fois au moment où nos lèvres se séparèrent une nouvelle fois. Il secoua légèrement la tête et je ne pus m'empêcher de sourire en le dévorant des yeux. Il était magnifique, parfait. Son visage, ses yeux, son nez, sa bouche, sa chevelure, son corps... Bon sang... J'étais dingue de lui et maintenant que je savais qu'il ressentait la même chose, j'avais l'impression que mon coeur battait plus que jamais pour lui. Je n'avais pas pensé être capable de l'aimer plus que je ne l'aimais déjà : J'avais eu tort.

Puis, une nouvelle fois la fuite. Il baissa les yeux et ses mains quittèrent ma peau avant qu'il ne se détourne complètement de moi. Mon sourire disparut doucement mais je ne fus cependant pas choqué : Déçu oui, mais pas choqué. Pourquoi déçu? Mais parce que j'aurais voulu le garder dans mes bras indéfiniment. Je savais cependant que tout cela devait probablement aller trop vite pour lui et je n'avais pas l'intention de le brusquer, bien au contraire. Cette relation allait se construire pas à pas, dans la simplicité. Je ne voulais pas que les choses soient compliquées. Je préférai rester silencieux, le laissant rassembler ses idées et me parler en premier : Je voulais qu'il me dise ce qu'il avait sur le coeur. Je dois bien avouer que quand il glissa d'un air songueur ses doigts sur le clavier, j'eus l'envie quasi irrésistible de lui demander de me rejouer l'air que j'avais entendu avant d'entrer. Je me retins cependant : Ce n'était pas le moment de lui demander cela. Quelque chose clochait, quelque chose le dérangeait et le bloquait, et il fallait absolument que ça sorte car s'il le gardait en lui, ça n'allait qu'empirer. De ça, j'étais certain. Je ne m'attendais cependant pas à ce qu'il m'annonce que j'allais finir par me lasser de lui. Je ne pus m'empêcher d'écarquiller les yeux : D'où sortait-il un truc pareil? Il trouva le courage de relever les yeux vers moi et je regrettai de ne plus porter de masque : Je ne devais pas le mettre très à l'aise à le dévisager de cette façon. Il parvint malgré tout à dire ce qu'il avait sur le coeur et je l'écoutai attentivement, absorbant ses mots pour essayer de bien les saisir. Ne pas parvenir à s'assumer était une chose... Etre incapable de devenir l'homme je voulais qu'il devienne en était une autre... Je fronçai les sourcils, ne comprenant pas où il voulait en venir : Je ne lui avais pas demandé de devenir quelqu'un d'autre et je n'en avais absolument pas l'intention. Je l'aimais tel qu'il était alors pourquoi aurais-je cherché à le faire devenir un autre homme? Encore une fois, je me demandai où il allait chercher des idées pareilles... Finalement, il se laissa tomber sur le lit et détourna une nouvelle fois le regard avant de poursuivre et... De terminer. A la fin de sa phrase, je me détendis et un large sourire étira mes lèvres : J'avais compris. Enfin. C'était clair : Il avait peur de ne pas être capable de faire l'amour avec moi. Je secouai doucement la tête, n'en revenant pas qu'il s'inquiète de ça... Juste de ça...

Je m'avançai doucement vers lui avant de le contourner et de grimper sur le lit. Il ne bougeait toujours pas et semblait pétrifié : Il n'avait cependant aucune raison d'avoir peur et j'étais bien décidé à le lui prouver. Je me mis à genoux derrière lui et l'entourai ensuite des mes bras, mes mains venant se poser sur ses épaules : Il était enfermé dans une cage, dans ma cage d'amour. Il n'y avait aucune insistance dans ce geste, aucune force : Juste de la tendresse et de la douceur. Voyant qu'il n'arrivait toujours pas sà se détendre, je finis par glisser doucement ma joue contre la sienne, fermai les yeux et quand ma voix s'éleva, elle ne fut qu'amour et tendresse, à l'image de ce que je ressentais pour lui.

-Je ne me lasserai pas de toi et je ne te demande rien. Je ne souhaite pas te voir changer... Je t'aime tel que tu es et je ne veux pas que tu changes, surtout pas pour moi.

Il se détendit légèrement et je marquai un silence avant de continuer. Ma voix se teinta d'une légère tristesse mais elle n'était pas liée à Liam : Elle était liée au sujet que j'allais aborder. Un sujet qui me faisait mal et dont je n'avais pas parlé depuis longtemps...

-Quand j'étais en Irak, j'ai rencontré un homme. Ca a été le coup de foudre pour nous deux. Ca a été rapide et déstabilisant car je n'avais jamais connu ça. J'avais aimé, mais pas de cette façon là... Malheureusement, dans l'armée, l'amour entre hommes est un sujet dont on ne veut pas entendre parler... On ne voit jamais deux hommes ensemble... Alors...

Mes mains se crispèrent un peu sur les épaules de Liam : Je n'aurais jamais cru parler de Jason avec lui et pourtant, c'était ce que j'étais en train de faire.

-Lui et moi n'avons jamais couché ensemble. Pas une seule fois. Pendant quatre mois, nous nous sommes aimés avec le plus de discrétion possible : Des baisers volés, des caresses furtives et des regards, mais jamais rien de plus. Et puis un jour, nous avons été pris dans une embuscade... Et il est mort. Pas moi. J'ai survécu...

Je sentis les mains de Liam se poser sur mes poignets et je soupirai avant de poursuivre : Je n'en avais pas terminé.

-Bien sûr, j'aurais voulu pouvoir faire l'amour avec lui. J'aurais voulu pouvoir connaître ce bonheur ultime avant qu'il ne disparaisse mais je ne regrette rien. Pour moi, faire l'amour est une façon de concrétiser son amour mais ce n'est pas un acte auquel j'attache tant d'importance. Ce n'est pas une obligation.

Je rouvris les yeux et mes doigts caressèrent doucement les épaules de Liam avant de les quitter. Ses mains glissèrent de mes poignets et je déposai un tendre baiser sur sa joue avant de me pousser et de venir m'assoir à côté de lui. Je posai ensuite mes mains sur ses joues et le forçai à tourner le visage vers moi. Il prit cependant soin de garder son regard braqué sur le sol.

-Maintenant tu vas m'écouter. Et pour commencer, tu vas me regarder. S'il te plaît Liam...

Je lui demandais beaucoup, je le savais, mais après quelques secondes, il fit l'effort de plonger son regard dans le mien. Je lisais l'appréhension et le doute dans ses yeux : Il était hors de question que cela continue.

-Premièrement, je ne veux plus que tu baisses les yeux face à moi. Jamais. Tu n'as pas à avoir honte de quoi que ce soit et tu peux tout me dire. Tout.

Décidé à ne pas le laisser protester, je continuai rapidement.

-Deuxièmement, je me fous du sexe Liam. Dans ma vie, j'ai couché avec deux hommes, et je l'ai fait parce que j'avais des sentiments pour eux... Je ne suis pas le genre de type qui couche pour le plaisir et collectionne les conquêtes... Je ne suis pas comme ça. Alors... J'attendrai. Je t'attendrai. Si un jour tu es prêt à te donner à moi, alors ce sera merveilleux, et si tu n'es jamais prêt, alors tant pis. C'est l'amour qui nous lie. C'est l'amour qui importe. Le sexe, on s'en fout.

Je n'aurais pas pu être plus franc.
Revenir en haut Aller en bas
Liam Marsden
In love with JUDASLiam Marsden


Messages : 130
Date d'inscription : 06/07/2010
Age : 44
Localisation : Elizabeth Town

Come on Baby, light my fire. [ Samuel B. ] Empty
MessageSujet: Re: Come on Baby, light my fire. [ Samuel B. ]   Come on Baby, light my fire. [ Samuel B. ] Icon_minitimeVen 1 Oct - 21:13

Le froid, de nouveau. Un froid qui vous glace jusqu’aux os, vous coupe presque la respiration. Là, sur le lit de Samuel, le bonheur aurait dû m’enlacer calmement. Comme quelques instants auparavant j’aurais dû ressentir les doux battements illusoires de mon cœur s’affoler pour lui, s’accélérer au même rythme que nos langues, que nos vies. Seulement le froid anesthésie tout et à présent je ne sentais plus rien. Plus rien si ce n’est de la crainte envers ce que je venais de lui expliquer, envers sa réaction et qui clouait nerveusement mon regard au sol. Samuel avait un regard chaud, un regard qui vous faisait fondre et le mien était glacial. Le mien s’effritait, coulait, dégoulinait lorsqu’il se rivait au sien. Il se réchauffait, mais ça, je le percevais uniquement dans le mauvais sens du terme à l’instant. Ma mémoire bien courte m’empêchait de me souvenir des quelques minutes plus tôt durant lesquelles dans ses bras j’avais de nouveau sentis la sève de la vie circuler en moi, sa douce et réconfortante chaleur m’envahissant. Ou du moins cet instant était masqué par mes peurs. Il perdait petit à petit de sa saveur. Lorsque Samuel s’avança doucement vers moi, j’hésitai une seconde à le repousser avant de me souvenir de son regard la dernière fois que cela s’était passé, la dernière fois que je m’étais montré faible et qu’en retour il m’avait haït. Bien sûr à présent je doutais qu’il ne ressente cette même rage envers moi puisqu’il connaissait mes sentiments et mes craintes, seulement la possibilité de le blesser ne disparaissait pas et il était hors de question dans mon esprit de renouveler cela consciemment. Du moins pas en cet instant, pas alors que nous étions seuls et que je n’aurais aucun regard à affronter si ce n’est le mien, mon propre regard et ma propre conscience perpétuellement rivés sur mes moindres faits et gestes. Pour le moment j’étais en sécurité, à l’abris sous ce seul amour qui, je l’espérais, continuerai de m’envelopper encore longtemps. Lorsque Samuel passa derrière moi, me prenant dans ses bras, je compris que le nid douillet de ses bras me serait encore offert pour quelques minutes. Seulement cela ne suffisait pas à me détendre, et tandis que ses bras s’enroulaient autour de moi, mon souffle se coupa de lui-même, apeuré. En sachant que son geste était tendre et affectueux, il était stupide d’avoir encore peur des mots qu’il pourrait me répondre mais c’était ainsi, je ne pouvais rien faire contre. La peur avait toujours été le sentiment le plus dérangeant chez moi. Nocif, acide, déstabilisant.

Il glissa sa joue contre la mienne, et lorsque sa voix s’éleva doucement dans l’espace restreint de la chambre, je me détendis comme par magie. Mon corps était certainement plus réactif que mon esprit car je mis un bon moment à comprendre le sens de ses paroles, tant elles me paraissaient invraisemblables. Que l’on m’aime pour ce que j’étais relevait du domaine du fantasme mais je ne bronchais pas, me laissant doucement aller dans ses bras. Malgré ma décision de révolte face à la douleur, à l’auto critique abusive et au masochisme absolu, il m’était impossible de m’estimer digne d’être aimé. C’était juste impossible. Regardez-moi, qu’avais-je d’aimable ? Je ressemblais à une bête affolée, prise au piège à chaque instant. Un grand dépressif chronique, une vieille boîte vide et cornée. Sans aucun intérêt. Alors que Samuel était charmant, doux, agréable, rassurant… Moi j’étais l’angoisse incarnée. Beaucoup de femmes – et d’hommes – risquaient d’énormément m’en vouloir si jamais, un jour, nous apparaissions ensemble en public ; Leur seule pensée sera « mais qu’est ce que Sam fait avec une telle loque ? » et très sincèrement je leur donnerai raison. Qu’est ce qu’il pouvait bien me trouver ? Je n’en avais aucune idée mais ces pensées furent bien vite balayées tandis qu’il parla de nouveau. Immédiatement, un vent de tristesse passa dans la pièce et je fus emporté avec lui, déplorant plus que tout le passé de Samuel lorsqu’il s’agissait de l’Irak. Puisqu’il m’en avait déjà parlé, j’étais bien sûr au courant. J’imaginais les horreurs qu’il avait dû commettre au nom de son pays et d’une cause aveugle, qui me donnaient la chair de poule, des frissons d’épouvante. Ces frissons s’accentuaient au fil de ses mots, et plus ils défilaient, plus mon cœur se serrait. Je ne comprenais pas pourquoi il me parlait de tout cela, pourquoi il me confiait de telles choses maintenant. Mon cœur se serrait de plus en plus, et bien malgré moi je sentis mes yeux me piquer. J’imaginais très bien ô combien sa douleur avait dû être forte puisque, à peu de choses près, j’avais vécu la même. J’avais aimé de toutes mes forces. J’avais perdu l’être aimé. La plaie ne se refermera jamais.

Mes doigts se refermèrent autour des poignets de Samuel, ne sachant si c’était là un geste de soutient ou une supplication de silence. Au fond j’aurais préféré qu’il se taise, car la douleur qui transperçait ses mots était celle qui transperçait mon cœur et sa brûlure devenait de plus en plus vive. Ses mains se crispaient sur mes épaules jusqu’au point où j’aurais peut-être dû me retourner et le prendre dans mes bras, le serrer à en mourir contre moi afin d’écraser impitoyablement notre douleur commune entre nos deux corps soudés, cependant je ne le fis pas. Il n’en avait pas terminé, ses confessions n’arrivaient pas encore à leur fin bénéfique et de ce fait je n’étais pas en droit d’y couper court. Tant pis pour la blessure, nous nous guérirons mutuellement plus tard. Alors que les abcès seront crevés. La joie de nouveau bien accueillie. Lorsqu’il en revint au point de départ, que j’avais totalement oublié pour le coup, mes doigts le serrèrent encore d’avantage. J’avais l’impression de revivre ce qu’il avait vécu, ce que j’avais moi-même vécu, j’avais l’impression qu’il savait et qu’il attendait une réponse. Pourtant, je n’osai ouvrir la bouche. Je n’osai prononcer la moindre parole, même pas réconfortante car premièrement je savais pertinemment que je ne pourrais jamais le consoler, et deuxièmement… Je ne pouvais lui parler de mon propre passé, de ma propre souffrance. Je ne pouvais lui avouer pour Natacha, pour notre enfant, pour tous ces rêves écorchés. Je n’étais pas encore prêt pour cette confession là, qui de toute façon me serait arrachée un jour ou l’autre. Non pas que je répugnais à lui dire, mais simplement à en parler. Lui ou quelqu’un d’autre, cela revenait à peu près au même dans mon esprit et pourtant ça n’aurait pas dû. Ma confiance en lui se révélait sans doute moins forte que je ne l’aurais cru, moins solide fasse aux assauts de cette tempête qui faisait toujours rage. Non, je ne pouvais pas lui dire quoi que ce soit. Je ne voulais pas. Pas maintenant, pas déjà. Je ne voulais pas mettre entre nous cette froide distance propre aux horribles souvenirs remués, surtout pas après que lui l’ai fait. Les siens pourraient encore être broyés, mais pas les nôtres, pas combinés. C’était ainsi. J’avais peur de tuer nos moments avec le passé. Peur de ramener trop de souffrance d’outre tombe. Peur, toujours peur, encore peur.

Si Samuel n’avait déposé de doux baiser sur ma joue, j’aurais très certainement cru qu’en effet, la souffrance avait détruit nos instants. Il s’était détaché de moi, avant de se reculer et ainsi me laisser totalement seul pour la destruction de la douleur. Je n’allais pas y arriver. J’étais complètement à l’ouest, en réalité. Je parvenais difficilement à assimiler toutes ses paroles tant elles me faisaient du mal, me serraient le cœur de plus en plus fort. J’avais mal pour lui, pour moi. Pourtant il m’avait raconté tout cela afin de m’expliquer que nos relations sexuelles n’étaient pas obligatoires, ce qui en soit aurait dû me rassurer. Mais ça ne me rassurait pas, bien au contraire. Il posa ses mains sur mes joues et m’obligea à relever mon visage vers lui mais pourtant, mon regard demeura au sol. Il contemplait les ruines déjà bien avancées de notre bonheur furtif. Je savais ce qui allait se passer. Je savais qu’il allait m’annoncer quelque chose d’horrible et face à quoi je ne pourrais me défendre. Malgré ses mots, ses caresses, ses confessions… Il m’intimidait. Beaucoup même. A tel point que je me retrouvais totalement pétrifié entre ses bras, alors que quelques instants plus tôt tout mon être respirait de sérénité et de calme. N’allez pas chercher pourquoi, il n’y avait rien de logique là dedans. L’angoisse n’est jamais logique. Ou alors elle l’est trop et l’on fini par craquer, cet entre deux était quant à lui insupportable. Qu’allait-il faire, dire ? Il en avait suffisamment dit pour me réduire au silence une semaine entière, tant je partageais sa tristesse et tant son deuil suscitait mon respect. Au fond, je ressentais une pointe de jalousie. Parce qu’il parlait de coup de foudre. Parce que si ça se trouve, aujourd’hui il serait toujours éprit d’un autre et moi… Je me frappai intérieurement la tête contre un mur : il était plus que ridicule que d’être jaloux d’un mort. Comme si Samuel était jaloux de Natacha. Pourtant, cela revenait exactement au même, si jamais ma défunte femme était toujours en vie aujourd’hui, si jamais nous avions des enfants, non, je n’aurais jamais viré homosexuel. J’en étais persuadé. Alors au fond, je n’avais rien à dire. Le passé appartenait au passé. Pourquoi sans cesse s’y reporter, comme une bouée de sauvetage alors que c’était, au contraire, un mirage destructeur ?

-Maintenant tu vas m'écouter. Et pour commencer, tu vas me regarder. S'il te plaît Liam...


Gros moment de doute.
Gros moment de peur.

Je n’en avais pas envie. Vraiment pas. Parce que j’allais de nouveau fondre comme neige au soleil sous son chaud regard, parce que j’étais plus que terrifié, parce qu’il m’imposait énormément de respect et qu’au fond je me sentais minable à ses côtés… Seulement je trouvai la force. Ne me demandez pas où ni comment, mais j’y parvins. Pour lui faire plaisir sans doute, pour lui être agréable, j’accédai à son désir. Celui là au moins, je pouvais le satisfaire sans trop me marcher dessus. Immédiatement je reçu de plein fouet les irradiations de son regard et manquai d’abaisser à nouveau le mien. Bon sang, j’avais l’impression de crever de chaud subitement. J’avais l’impression de me retrouver dans une fournaise infernale dont aucune issue ne m’était offerte : impossible de fuir cette fois-ci. Il continua en essayant de me convaincre de garder mon regard dans le sien. Selon lui je ne devais pas avoir honte, seulement j’étais loin d’être d’accord avec ça. Non, je ne pouvais pas tout lui dire. Ou du moins je ne le pouvais pas tant qu’il y avait cette bulle de douleur entre nous. Je m’apprêtai à ouvrir la bouche afin de lui demander de justement la crever mais je n’en eus pas le temps : il fut plus rapide que moi et enchaîna trop rapidement. Alors, j’allais de surprises en surprise. Il n’avait réellement connu que deux hommes ? Lui ? Cela m’étonnait énormément. Il était si beau, comment avait-il pu ne céder qu’à deux hommes tandis que des dizaines devaient être à ses pieds ? Et de nouveau je me sentis stupide. Evidemment qu’il n’était pas un Dom Juan. Evidemment qu’il ne couchait pas que pour le plaisir du sexe facile et des jouissances rapides. Décidemment, il me perturbait de plus en plus. C’était la faute de son regard, je m’y noyais totalement. Lorsqu’il se tut, je compris qu’il en avait fini et malgré moi je fixai de nouveau le sol. Malgré ce qu’il m’avait demandé, c’était plus fort que moi et je ne pouvais aller contre. Son regard m’empêchait de réfléchir, or en cet instant, j’en avais absolument besoin. D’une main je retirai les siennes de mes joues et, ne le regardant toujours pas, fronçai vivement les sourcils. Il ne comprenait pas ce que je voulais…

« Je ne sais pas quoi te dire Samuel. Sincèrement, j’ignore si mes mots te blesseront ou non. Tu sais que ce n’est pas mon intention mais… Tu veux que je sois sincère avec toi et je vais l’être. »

Mes yeux se plantèrent alors dans les siens et mes mains retrouvèrent les siennes : Dans ma tête tout était plus clair et à présent j’étais capable d’affronter la fournaise qui s’emparait de moi.

« Moi je m’en fous pas… Je ne veux pas que ça se passe comme avec cet homme. Je suis désolé de ce qu’il s’est passé. Crois-moi, je comprends et ressens ta souffrance comme si c’était la mienne. Et je ne veux pas que ce soit pareil. Même si tu ne regrettes pas, si jamais nous devions nous quitter, je veux pouvoir me dire qu’au moins j’aurais connu l’amour dans tes bras. Il n’y a qu’avec toi que je voudrais vivre ça. Seulement pas maintenant. Pas aussi tôt. Tu comprends ? Mon refus n’est pas définitif, j’aimerais réellement pouvoir me laisser aller avec toi, me laisser aimer. Mais je ne le peux pas. Alors… - je posai un doigt sur ses lèvres, les caressant doucement. – Tu m’apprendras. Tu seras mon seul repère, comme pour le reste. D’accord ? Tu m’aideras à affronter cette peur également. Je le veux. Je te veux. Mais pas maintenant. »

Ma main retomba mollement, lâchant ses lèvres. Je ne savais pas comment lui expliquer ce que je ressentais, mes envies et mes freins. Samuel m’inspirait d’avantage de tendresse que de sulfureuses caresses, cependant cela n’était étrangement dans mon esprit pas complètement interdit. Je n’étais pas prêt, et je ne savais pas si je le serai un jour, mais si jamais il y avait une maigre chance de pouvoir y parvenir je désirais plus que tout que nous essayons. Attention, ce n’était pas demain la veille, il nous faudrait encore beaucoup de temps et de patience afin de réussir cette union, mais au moins je n’y étais pas totalement opposé. Je ne me bloquai pas obstinément sur ce sujet. Mais soudain, quelque chose me vint en tête, une chose à laquelle je n’avais absolument pas pensé jusqu’à présent et qui me fit avaler de travers ma salive tant elle s’imposa avec violence dans mon esprit, me faisant tousser brutalement : Mes enfants. Qu’est ce que j’allais dire à Lucy et Lucas ? A Lucy surtout… Je savais qu’elle était déjà très attachée à Samuel mais pas dans le sens « deuxième papa ». D’ailleurs, ce sens n’existait même pas dans leurs esprits, car il était anormal, étrange, insensé. Seulement voilà, à présent il existait dans mon cœur et je me voyais mal vivre cette relation caché durant des années. Pour le moment le mieux était de conserver le secret afin de pouvoir pas à pas me construire, m’assumer grâce à Samuel. Mais après, viendrait l’envol, le moment d’enfin oser lui prendre la main en public et à ce moment là mes enfants seront forcément au courant. En admettant que ce moment arrive un jour, bien sûr. Portant une main à mon cou, je tentai de calmer ma toux avant de prendre une grande inspiration et de poser un regard plus qu’affolé sur Samuel, qui visiblement ne comprenait absolument rien. Il se passa quelques secondes d’attente durant lesquelles je tentai de me calmer, commençant à gesticuler en tous sens. Je me levai d’un bond, fis les 100 pas, me rassis. Puis me relevai, avant de me laisser tomber à genoux devant Samuel, me tordant les doigts, visiblement anxieux. Tentant certainement de me rassurer, il posa une main sur ma joue mais je le repoussai immédiatement, incapable d’accepter le moindre geste d’affection tant que je devais réfléchir. Tout allait à cent à l’heure dans ma tête et très vite, ce fut le trop plein d’informations, de réflexions, de doutes. Tout allait trop vite. Répondant à son regard, je déclarai d’une voix rapide et sèche, visiblement préoccupé.

« Lucy et Lucas. Comment je vais leur dire ? Comment on va faire ? Samuel, je ne peux pas leur dire ! Je ne peux pas leur faire ça ! »

Je me relevai et recommençai mon manège infernal, tournant et virant au travers de la pièce. Mon trouble se transformait en une nouvelle angoisse qui cette fois ci me donnait de véritables sueurs froides. Je ne pouvais leur imposer ça, ayant bien trop peur qu’ils ne l’acceptent pas et peut-être me rejette. J’avais peur de les choquer. Le problème ne se posait pas pour le moment mais un jour ou l’autre, il deviendra incontournable. Je ressemblais très certainement à un pantin désarticulé, dont les fils coupés ne laisseraient rien d’autre qu’une loque en éternel mouvement, agitée, impulsive, stressée et stressante. Je frôlais dangereusement la crise de nerfs, écartelé par un trop plein d’émotions déchirantes. D’autre part, je sentais sur moi ce regard, ce brasier qui ne cessait de me suivre dans le moindre de mes mouvements, de mes impulsions frénétiques. Sa chaleur ne faiblissait pas. Je mourais de chaud. De chaud.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




Come on Baby, light my fire. [ Samuel B. ] Empty
MessageSujet: Re: Come on Baby, light my fire. [ Samuel B. ]   Come on Baby, light my fire. [ Samuel B. ] Icon_minitimeSam 2 Oct - 16:45

Et voilà qu'il baissai de nouveau les yeux. C'était donc plus fort que lui... J'essayais pourtant de rendre les choses plus faciles, j'essayais de le mettre à l'aise mais il fallait croire que ce n'était pas suffisant. Je n'allais cependant pas abandonner : Je l'aimais et j'allais rester à ses côtés jusqu'à ce que lui décide de me congédier. Tant qu'il me voudrait à ses côtés, je n'allais pas le quitter : C'était un fait indéniable. Quand il retira mes mains de ses joues, un horrible frisson me parcourut le dos : Je n'aimais pas ça et j'avais peur. Peur que justement il ne me congédie déjà. Peur qu'il décide d'arrêter tout maintenant. D'arrêter tout avant que cela ait même réellement commencé. J'avais une trouille monstrueuse de l'entendre prononcer des mots qui allaient terminer de me détruire. Il ne voulait pas me blesser mais cela ne voulait pas dire qu'il n'allait pas le faire. J'étais pétrifié et quand son regard se planta finalement dans le mien au moment où ses mains retrouvèrent les miennes, je le fus encore plus : Sa détermination me faisait peur. J'avais peur qu'il ne s'agisse de sa détermination à mettre fin à notre histoire. Pouvait-on seulement dire « notre histoire »? Probablement pas... Puis, ses lèvres s'ouvrirent enfin pour déverser des mots auxquels je ne m'attendais pas : Il voulait connaître l'amour dans mes bras. Il ne voulait pas que notre histoire se termine comme mon histoire s'était terminée avec Jason. Pourquoi fallait-il qu'il parle déjà de fin?... J'évitai cependant de me fixer sur cette partie là de son discours : Ce que je devais retenir, c'était qu'il voulait vivre ces moments avec moi mais qu'il n'était pas encore prêt et qu'il ne savait pas quand il le serait. Ce que je devais retenir, c'était qu'il voulait que je sois son repère, que je lui apprenne à m'aimer, tout simplement. Il voulait que je l'aide à affronter sa peur. Même si les mots s'entrechoquaient et parfois se contredisaient, je comprenais ce qu'il voulait dire et j'aurais voulu qu'il m'ait aussi bien compris : Bien sûr que j'allais l'aider, être là pour lui. J'avais décidé d'être à ses côtés, quoi qu'il puisse arriver. Je le voulais plus que tout au monde.

J'aurais voulu qu'il laisse son doigt sur mes lèvres, j'aurais voulu qu'il ne mette pas fin à ce bref contact qui avait réveillé en moi l'envie de l'embrasser de nouveau. Je ne dis cependant rien, décidé à le laisser faire à son propre rythme. C'était tout ce dont il avait besoin : Avancer pas à pas, à la vitesse qu'il le souhaitait. J'allais me laisser aller à glisser ma main sur sa joue quand son visage se figea subitement dans une expression horrifiée. Aussitôt, mon coeur se serra : Je ne pouvais pas deviner ce qui était en train de lui passer par la tête mais ça lui était apparemment douloureux. Puis, il se mit à tousser brutalement et porta une main à son cou pour essayer de se calmer. Mes mains à moi étaient figées dans les airs, prêtes à le toucher mais n'osant le faire de peur d'aggraver la situation. Il souffrait et je pus lire pleinement cette souffrance et sa panique lorsqu'il posa un regard affolé sur moi. Je ne savais pas quoi faire, j'étais pétrifié : Je voulais le prendre dans mes bras pour le calmer et en même temps, je voulais le laisser tranquille. Je balançais entre ces deux décisions, ne sachant pas du tout sur laquelle porter mon choix. Il se mit alors à gesticuler avant de se lever et de faire les cent pas dans la chambre. De mon côté j'étais de plus en plus perdu. Un coup il se rasseyait, un coup il se relevait, remarchait et puis, de nouveau, il reprenait place à côté de moi. Au bout de quelques instants, il finit par s'arrêter et se laissa tomber à genoux devant moi. Il était anxieux, je le voyais bien mais je ne savais toujours pas pourquoi. Je n'hésitai plus une seconde et posai main sur sa joue : Grave erreur puisqu'il la repoussa aussi sec. Je pris sur moi pour ne pas avoir mal face à ce rejet brutal. Je me contentai de le fixer, attendant qu'il m'explique enfin ce qui le mettait dans un tel état de nerfs. Mes mains quant à elles retrouvèrent mes genoux pour s'y poser et ne plus en bouger jusqu'à ce que je ne décide du contraire. Et puis, ses mots tombèrent, telle une bombe détruisant tout sur son passage.

« Lucy et Lucas. Comment je vais leur dire ? Comment on va faire ? Samuel, je ne peux pas leur dire ! Je ne peux pas leur faire ça ! »

Il se releva aussi brutalement qu'il s'était laissé tomber à genoux et recommença à faire les cent pas dans la chambre. Moi, je restais là, assis sur le lit, incapable de bouger, incapable de parler, mon regard ne quittant pas Liam un seul instant. Alors c'était ça... Il avait pensé à ses enfants et à ce que notre relation pouvait représenter pour eux... Bien sûr, ç'aurait été difficile de leur expliquer que leur papa aimait un autre homme mais j'étais persuadé que Lucy et Lucas auraient fini par comprendre et par accepter la situation dès l'instant où leur papa aurait été heureux. Et puis, avec le temps, je serais devenu leur second papa et nous aurions formé une belle famille, comme d'autres couples homosexuels avec leurs enfants l'avaient déjà été. Nous aurions été heureux tous les quatre. Cette vision de Liam, moi et des jumeaux heureux se tinta de poussière, de flou pour finalement disparaître aussi vite qu'elle était arrivée. Comme ces mots m'avaient fait horriblement mal... Comme je souffrais de me rendre compte qu'il ne voulait pas me donner cette place là dans sa vie... Comme je souffrais de savoir que je ne serais jamais père... Je pleurais... Intérieurement, j'étais en larmes mais extérieurement je ne laissais rien paraître. Parce que je l'aimais. Parce que je lui avais promis d'être toujours auprès de lui. Parce que je ne pouvais pas le quitter. Renoncer si près du but à ce rêve de fonder une famille avec lui m'était presque insupportable mais il était hors de question de le lui dire. Je ne pouvais pas le perdre... Je ne voulais pas le perdre. Alors, je remis mon masque et après avoir puisé assez de force en moi, je me relevai et l'arrêtai dans son élan en le prenant par les épaules. C'est ce même regard pétrifié qu'il posa sur moi. Le mien était à l'opposé : Châleureux, tendre et rassurant. Et en fait, mon regard était à l'inverse de ce que je ressentais au plus profond de moi. Je lui adressai même un tendre sourire avant de poser mes mains sur ses joues.

-Calme-toi Liam. Tout va bien se passer.

Je le sentais sur le point d'exploser à nouveau et j'avais peur que l'hystérie ne finisse par le gagner alors, je prononçai ces mots qui me brisèrent le coeur, ces mots que j'aurais préféré ne pas avoir à dire, ces mots qui faisaient voler mes rêves en éclats.

-Ils ne le sauront pas... Ils n'ont pas besoin de le savoir. Personne n'a besoin de le savoir. D'accord? Tes enfants ne seront jamais au courant...

Ses enfants ne sauraient jamais rien et ils ne seraient jamais les miens. En matière de « Je suis capable de cacher ce que je ressens » on peut dire qu'en cet instant, je me surpassais comme jamais auparavant. J'avais toujours été capable de bien cacher mes sentiments mais là, c'était carrément du hors-catérogie. Jamais de ma vie je n'avais dû prendre autant sur moi. Jamais. Pourtant, ma relation avec Jason n'avait pas été facile et j'avais dû porter un masque pour éviter que les autres ne comprennent que nous étions amoureux. Oui, j'avais porté ce masque mais uniquement vis-à-vis des autres, jamais vis-à-vis de Jason. Je lui avais toujours tout dit, tout montré et je ne lui avais jamais rien caché. Hors, avec Liam, ça allait être différent. Pour le protéger j'allais devoir porter ce masque. J'allais devoir prétendre supporter de ne pas fonder une famille avec lui. J'allais devoir prétendre être complètement heureux alors qu'au fond, j'allais ressentir le manque cruel de ne pas faire complètement partie de sa vie. Il en était cependant ainsi. Il m'avait volé mon coeur et je ne souhaitais pas le reprendre alors, j'étais prêt à tout accepter pour pouvoir être lui : Absolument tout.

-On gardera tout ça pour nous. On les protégera, ne t'en fais pas...

Enfin, non, techniquement « on » n'allait rien faire du tout : Il allait les protéger. Moi, j'allais me contenter d'être... Quoi au juste? Son petit ami? Est-ce qu'on pouvait vraiment dire cela étant donné que notre relation allait rester un secret? Je ne savais pas. Je ne savais plus, et j'avais beau être doué pour porter un masque, je sentis une vague de tristesse monter en moi et plutôt que de le laisser voir et comprendre ma souffrance, je le pris dans mes bras : Une façon comme une autre de cacher mon visage sans éveiller ses soupçons. Il se raidit tout de suite et je soupirai sans pour autant me reculer. Je voulais être dans ses bras, juste ça. Je voulais être contre lui et pouvoir me reposer sur lui un petit instant afin de contrôler cette vague de tristesse qui semblait décidée à mettre un petit peu de temps avant de se fondre dans le sable. Finalement, au bout de quelques instants, il finit par se détendre et il glissa ses bras autour de moi. Si intérieurement je me reposais sur lui et si je le lui cachais, lui ne le cachait pas du tout, au contraire. Il s'accrocha à moi comme on s'accroche à une bouée de sauvetage et je finis par lui caresser doucement les cheveux. Il avait encore très peur de tout un tas de choses, je le savais, et il avait particulièrement peur pour ses enfants mais j'espérais avoir réussi à le convaincre que tout allait bien se passer. Dans le doute, je décidai de le lui répéter.

-Fais-moi confiance Liam. Personne ne saura jamais...

Alors que j'aurais voulu le crier au monde entier. Alors que j'aurais voulu lui prendre la main devant tout le monde, leur dire fièrement que nous nous aimions. Alors qu'au fond je détestais l'idée de devoir me cacher comme je m'étais caché avec Jason, comme je m'étais caché de mes parents lorsque j'avais été adolescent... Alors, vous vous demandez pourquoi j'étais encore là, à le serrer contre moi et à le rassurer? Je vous l'ai dis : Je l'aimais. Je l'aimais de tout mon coeur, de toute mon âme, et j'étais prêt à subir mille souffrances si cela pouvait me permettre d'être à ses côtés et le rendre heureux. Après tout, avant qu'il ne m'embrasse dans la cuisine, j'avais pris la décision de n'être que son ami si je ne pouvais pas être avec lui. J'avais choisi de n'être qu'un petit rien plutôt que rien du tout et finalement, aujourd'hui, il m'offrait la chance de pouvoir l'aimer. En secret, mais je pouvais l'aimer et il m'aimait alors oui : J'allais supporter la souffrance de ne pas être plus pour lui. J'allais supporter la souffrance de vivre cet amour caché. J'allais supporter la souffrance de ne pas être père. Parce qu'il en valait la peine. Parce que sans lui, la vie n'avait plus aucun sens. Quand on y pense, c'est incroyable de voir ce qu'on est prêt à faire par amour. Certains pensent qu'il ne faut pas autant donner de soi-même quand on aime parce que finalement, on finit par en souffrir et c'est vrai, quand on se donne trop on finit irrémédiablement par en souffrir un jour ou l'autre mais pour moi, ça en valait la peine. Rien que pour croiser son regard plein d'amour, rien que pour être dans ses bras, rien que pour l'embrasser, rien que pour l'entendre me dire qu'il m'aimait... Oui, ça en valait la peine. Alors, même si j'allais passer pour un grand con, même si je savais que j'allais me brûler les ailes, j'avais envie de m'envoler avec lui. Et qui sait? Peut-être qu'un jour tout allait s'arranger. Peut-être qu'un jour il allait se sentir près à en parler à ses enfants et peut-être que ce jour-là, j'allais devenir plus que ce que j'étais pour lui en cet instant précis. Peut-être que ce jour-là viendrait. Dans des mois, des années, mais peut-être que cela viendrait et je devais m'accrocher à cet espoir. Hey... Toi, la vague de tristesse... Laisse le sable t'absorber et laisse-moi profiter de ces instants sans penser aux choses douloureuses. Laisse-moi juste en paix pendant un petit moment.
Revenir en haut Aller en bas
Liam Marsden
In love with JUDASLiam Marsden


Messages : 130
Date d'inscription : 06/07/2010
Age : 44
Localisation : Elizabeth Town

Come on Baby, light my fire. [ Samuel B. ] Empty
MessageSujet: Re: Come on Baby, light my fire. [ Samuel B. ]   Come on Baby, light my fire. [ Samuel B. ] Icon_minitimeVen 8 Oct - 21:53

Samuel, Samuel, Samuel. Je vais te faire du mal. Beaucoup de mal. Samuel…

L’horreur, c’est lorsque la vérité devient tout aussi effrayante que le mensonge, lorsqu’il n’y a plus aucune issue de secours et pour quelqu’un comme moi qui, invariablement, cherchait à s’enfuir, cela se révélait purement insupportable. Il n’y avait pas de solution présentement, pas de manière d’éviter les problèmes comme je le faisais si bien d’habitude. Se dérober aux souffrances, se cacher à la douleur, mais surtout se faire oublier, tapis dans un coin en attendant que la tempête ne s’éloigne. Voilà en quoi se résumait mon caractère, et aujourd’hui je devais me faire violence afin d’échapper à ce cercle vicieux. Etre en perpétuelle fuite, vouloir ignorer envers et contre tout la douleur qui de toute façon nous attendait un peu plus loin sur le chemin n’était pas une solution. Je m’étais juré de ne plus agir de la sorte, d’être courageux et fort afin d’enfin pouvoir m’en sortir et vivre heureux, vivre normalement. Seulement il était difficile de se sortir d’un schéma que l’on appliquait depuis de nombreuses années, surtout face à une telle difficulté. Comment pourrais-je jamais annoncer à Lucy et Lucas que jamais, jamais ils n’auraient de nouveau une « mère » ? Attention, je ne prétendais pas que j’étais leur véritable père puisque c’était bien sûr faux et que je ne pourrais jamais remplacer leurs vrais parents mais au moins, j’essayais d’être celui qui remplissait au mieux ce rôle. J’essayais d’être une personne tout aussi aimante qu’un père, à défaut de l’être réellement. Et cela avait à peu près marché. Une fois Lucy m’avait appelé « papa », je ne savais pas si elle s’en était réellement rendue compte mais alors mon cœur avait littéralement explosé de joie. Oui, j’étais ce qui se rapprochait le plus d’un père, mais deux pères ? Deux pères pour eux ? J’étais persuadé qu’ils n’étaient pas préparés à ça et qu’ils rejetteraient cette éventualité. Ils me rejetteraient, moi, parce que j’étais homosexuel et que j’allais leur imposer mes choix personnels. Or, il en était hors de question. Je ne voulais pas qu’ils payent pour moi, qu’on les regarde avec insistance ou quoi que ce soit parce que leurs parents seraient deux hommes. C’était peut-être stupide mais j’avais l’impression que j’allais gâcher toute leur vie si jamais je me dévoilais au grand jour. Si jamais je m’assumais réellement. Et cela me faisait peur, en plus de mal. Oui, mal. Parce que désormais j’étais certain de ne jamais pouvoir tenir la main de Samuel en public et ce même si dans ma tête le blocage avait disparu : Pour Lucy et Lucas, il y aura toujours cette gêne et cette appréhension atroce.

Aussi mes mouvements de panique ne se calmaient pas, bien au contraire. Plus les secondes passaient et plus je sentais mon corps s’envenimer de cette sensation de vide préoccupante que j’avais besoin de combler par des gestes inutiles. Brasser du vent ne suffisait cependant pas à détendre mon corps, à relâcher toute la pression qui s’accumulait en moi et me laissait près à exploser. J’allais entamer un énième aller-retour lorsque Samuel posa ses mains sur mes épaules, m’arrêtant net dans mon geste. Oh non, il ne fallait pas qu’il me touche. Je n’en avais pas envie, pas la force. Pas maintenant, alors que j’étais en plein doute et en pleine réflexion. Il me déstabilisait beaucoup trop pour que je ne puisse réfléchir réellement, tout, tout chez lui me faisait perdre pieds. Son regard pour commencer, et lorsqu’il se revêtit de tendresse et encore d’avantage de chaleur, j’eus une nouvelle fois l’impression de fondre littéralement, de n’être plus qu’une vulgaire flaque d’eau gisant au sol, sans importance, sans but. Il me sourit. Et moi je cru mourir. Parce qu’il était beaucoup trop calme comparé à la situation, beaucoup trop serein et au fond cela me déstabilisait également. Certes, Samuel se différenciait bien de moi de part son attitude posée et réfléchie, cependant, il y avait quelque chose qui clochait. Quelque chose qui, renforcé par ma panique, semblait totalement déplacé. Lorsqu’il posa ses mains sur mes joues, je ne pu le repousser une nouvelle fois et dû lui faire face. Pourtant, ma seule envie était de déguerpir sur le champ, de tout laisser tomber. Oui, en cet instant le quitter me semblait la meilleure des choses à faire. Parce que nous allions souffrir, que Lucy et Lucas allaient souffrir, que cette relation ne mènerait jamais à rien. Mon homosexualité ne mènerait jamais à rien. Alors ça ne servait à rien, tout simplement. A rien de m’aider, à rien de me pousser en avant pour qu’enfin j’accepte la lumière du soleil sans en ressentir les infâmes brûlures. En cet instant, je savais que l’ombre était la seule cachette suffisamment opaque pour m’envelopper totalement et me laisser demeurer en paix. La seule cachette.

Tout n’allait pas bien se passer, non. Au contraire, nous nous apprêtions à engendrer la pire chose qui soit, les pires souffrances possibles. Nous allions nous détruire pour vouloir trop nous aimer. Alors non, tout n’allait pas bien se passer, parce qu’il n’y a que dans les contes de fées que tout se passe bien. Dans la réalité, les problèmes et les peurs ne s’effacent pas comme par magie dès que le preux chevalier arrive, et ça, je m’en rendais bien compte. Dans la vraie vie, on souffre toujours, quoi qu’on fasse. Et puis, il prononça ces mots qui me réconfortèrent, ces mots qui sauvèrent mes rêves. Ces mots qui me firent croire que peut-être, nous y parviendrons. Nous parviendrons à être heureux. Lucy et Lucas seraient protégés de l’horreur d’avoir des parents homosexuels, et nous, nous allions nous protéger du regard des autres également. Nous allions vivre dans le secret le plus absolu, à la seule lumière de notre amour qui brillera encore longtemps, je l’espérais. Oui, j’avais inconsciemment espéré ces mots, ces paroles qui me promettaient de ne jamais souffrir d’injures ou de rabaissant regards. Cette fois ci, oui, j’étais égoïste. J’étais même un monstre d’égoïsme mais je ne m’en rendais pas compte, je ne voyais pas que sous cette proposition se trouvait une souffrance indicible. Je ne le voyais pas, ne l’imaginais même pas alors qu’elle aurait dû m’être évidente. Moi, j’avais peur. Moi, j’étais faible. Mais pas Samuel, et en acceptant de vivre caché à ses côtés, je le tirais vers le fond avec moi. Je le noyais dans la noirceur qui m’était chère et dont j’aurais dû pourtant vouloir m’extraire à tout prix. J’allais éteindre ma seule lumière, sans même m’en rendre compte. J’allais tout gâcher mais que voulez-vous, je faisais preuve d’une incroyable stupidité. Et voilà, nous y étions. A l’effroyable choix entre sa sauvegarde personnelle et ses envies profondes. Tu vois Samuel, je te l’avais dis… Tu souffres. Tu vas souffrir encore longtemps. Et le pire, c’est que je ne m’en rends même pas compte…

Il me prit dans ses bras ; Je me raidis. Ca en devenait presque un réflexe. Un réflexe certainement dur à accepter pour lui, aussi me fis-je violence afin d’enfin me laisser aller. Si je ne savais pas jusqu’à quel point ma présence lui était à la fois bénéfique et nocive, je savais du moins qu’en le repoussant à chaque geste tendre je l’égratignais un peu plus. Toujours un peu plus. Or, c’était exactement ce que je ne voulais pas faire. J’étais en réalité tiraillé entre mon envie d’être avec lui et mon refus, déchiré entre l’amour et la gêne. Pourtant, ma décision de ne plus souffrir tenait toujours. Plus que jamais, je voulais m’en sortir. Réellement. Pour l’alcool se fut pareil, pendant de longues années j’avais vécu avec ce poison acide et puis, un jour, j’ai décidé que tout cela serait purement terminé et depuis je n’y avais plus touché. Maintenant, je décidais de ne plus laisser la honte s’immiscer dans ma vie, et j’allais y arriver. Grâce à Samuel, grâce à son amour et sa tendresse, je réussirai. Alors mes bras finirent par le serrer également, me raccrochant à lui comme ma seule solution, ma seule issue. Pourquoi fuyais-je toujours devant lui ? En réalité, c’était lui la fuite. Fuir la souffrance, fuir la honte, fuir le malaise, tout cela passait par lui et lui seul. Liam, fais un effort. Essaye de t’enfoncer ça dans le crâne une bonne fois pour toute : Repousser Samuel revient à repousser ta seule chance de bonheur. Il me caressa lentement les cheveux, tandis que je resserrai mon étreinte. Il fallait que je lui montre, que je lui fasse ressentir à quel point il était important pour moi. A quel point je dépendais de lui à présent car, je le répète, il n’avait qu’un mot à dire pour me détruire de nouveau. Ma vie était entre ses mains à présent et du plus profond de mon être j’espérais qu’il en prendrait soin, qu’il prendrait soin de moi comme au fond j’aurais aimé prendre soin de lui. Seulement, je n’étais pas encore tout à fait capable de cela. En réalité je n’avais même aucune idée de la manière dont je devais procéder afin de le rendre réellement heureux à mes côtés, car je comprenais difficilement ce qu’il me trouvait. Un homme comme moi n’aurait jamais dû lui plaire, j’étais si faible, et lui… Il était solide. Vraiment solide, car pour avoir le courage de m’accepter tel que j’étais, de m’aimer malgré mes nombreux défauts et mes multiples peurs, il fallait sincèrement posséder un caractère hors du commun.

-Fais-moi confiance Liam. Personne ne saura jamais...

J’eus un pincement au cœur, sans réellement savoir pourquoi. Sincèrement, je n’avais aucune idée de ce que je désirais. Vivre cet amour caché était pour le moment la meilleure solution à adopter car je ne me sentais pas encore capable d’assumer pleinement mon homosexualité en public, certes. Cependant, j’aurais aimé que tout soit différent. J’aurais aimé pourquoi être avec lui comme n’importe quel amant. J’aurais aimé que notre couple s’épanouisse et que nous vivions dans la simplicité des jours baignés d’amour. Ne croyez pas que mon souhait était de me cacher car cette idée m’était quasi insupportable, seulement tout allait trop vite pour moi. Notre relation ne pouvait prendre une dimension aussi importante alors qu’il était le premier, le seul, et que j’avais tout à apprendre. Vouloir me montrer à son bras revenait à vouloir habiter une maison en construction, c’était totalement aberrant. Je ne savais pas s’il le comprenait vraiment, je ne savais pas s’il réalisait ce que cela signifiait. Sans doute que oui. Oui, il l’avait compris, puisqu’il m’avait promis d’être toujours là. Comme j’espérais que cela serait vrai… Les difficultés seraient certainement nombreuses, et la souffrance parfois trop présente cependant j’étais décidé à me purger jusqu’au bout de mes craintes, et même si je me révélais souple et compréhensif, j’avais bien l’intention de me montrer intransigeant à ce sujet. J’allais me faire violence, jusqu’à ce qu’enfin les mouvements de recul dont j’étais si souvent victime finissent par s’épanouir et nous laisser en paix. Ce jour arrivera, tôt ou tard. Aussi décidai-je de mettre immédiatement mes souhaits en application et de doucement me reculer, plongeant ainsi mon regard dans le sien. Etrangement, son regard ne me fit plus fondre littéralement. Il était au contraire plein de douceur et d’affection, à tel point que j’en oubliai un instant les chaînes qui ligotaient mon cœur ; il en faisait sauter tous les verrous. Ce fut alors seulement à ce moment que je me détendis tout à fait et tentai un maigre sourire qui, je l’espérais, lui ferait tout de même plaisir. Mes mains quittèrent son dos pour remonter jusqu’à son torse où elles demeurèrent puis je murmurai :

« Merci. »

Oui, merci d’accepter mes faiblesses. Merci de pardonner mes fautes. Merci de m’attendre, malgré tout. Une vague d’affection me parcouru tout entier, et sans réfléchir je posai de nouveau mes lèvres sur les siennes. Sans réfléchir. C’était sans doute la solution, au final. Je fermais totalement mon esprit en cet instant pour ne percevoir que le contact de ses douces lèvres contre les miennes, sa respiration chaude et sucrée sur ma peau, ces petits détails qui rendaient Samuel à la fois commun et exceptionnel. Il est difficile d’expliquer en quoi une seule et unique personne peut nous convenir, la manière dont cette certitude nous investit un jour pour ne plus nous quitter par la suite. Je n’aurais pas pu mettre de mots sur cette particularité qui lui donnait à mes yeux une importance capitale, et ce bien que je l’ai déjà traduit de manière musicale. Un jour je traduirai également les sensations qui me parcouraient tandis que nos corps se rapprochaient, se caressaient d’une manière si discrète et pourtant tellement enveloppante que je ne me sentais nullement mal à l’aise. C’était donc ça le secret, laisser son esprit vagabonder loin de la pièce en elle-même, emportant Samuel au passage, et ignorant totalement une conscience dégénérée et tyrannique. Ce baiser n’alla pas très loin, et fut peut-être un peu court, mais à mon sens il suffisait pleinement à soulager mes tensions. Ce fut donc calmement que je caressai la joue de Samuel, un faible sourire aux lèvres, avant de m’éloigner doucement, sans le quitter des yeux. La vague d’affection ne me quittait pas. Comme si, pour une durée indéterminée, j’avais laissé de côté mes peurs. La légèreté de mon corps et de mon esprit me paraissait si bénéfique que j’en oubliais tout autour de nous, désireux plus que tout de ne pas briser le contact silencieux de nos regards qui semblaient tout aussi hypnotisés l’un que l’autre. Je reculai, bêtement, sans m’en rendre compte, jusqu’à rencontrer un obstacle qui me fit immanquablement tomber. Entraînant avec moi Samuel qui, vainement, avait tenté de me rattraper par la main.

Je trébuchai sur quelque chose, avant de chercher à me rattraper et de finalement, sous le poids se Samuel qui en voulant me retenir tomba lui aussi, sur moi, m’affaler au sol et me taper la tête par terre. J’eus alors une grimace, portant difficilement une main à ma tête qui soudainement sembla se transformer en véritable bombe à retardement. Une douleur lancinante s’empara de moi, mes tempes cognant furieusement. Je me redressai sur un coude, mon autre bras massant fébrilement mon cuir chevelu tandis que Samuel se poussait. Il semblait à la fois gêné et inquiet et ce ne fut qu’au bout de quelques secondes que je pris la peine de lui répondre, la douleur s’apaisant d’elle-même.

« Outch… Ca va. Je crois que ça va. Je secouai la tête, avant de chercher du regard sur quoi j’avais glissé, puis je reportai mon attention sur lui.Tu veux me tuer ou quoi ? »

Un sourire étira mes lèvres, je ne m’étais pas fait bien mal. Juste un peu sonné sur le coup. J’étais alors allongé au sol, m’appuyant sur mes coudes, sans bouger. Je ne pensais à rien de particulier mais en réalité je ne savais plus quoi dire ou faire. La tension avait en tout cas déserté mon corps. La situation était étrange, ni l’un ni l’autre ne disait mot, et nous demeurions là, côte à côte, sans réaction. Bon d’accord, je venais de lamentablement me viander mais ce n’était pas un motif de silence, si ? Je tournai la tête et l’observai, tentant de comprendre où se situait le malaise si malaise il y avait. Seulement Samuel ne me regardait pas. Pas du tout même. Suivant son regard, le mien se porta sur le synthétiseur qui gisait toujours sur son lit, attendant que mes doigts ne se reposent sur lui et reprennent leur danse. Mes yeux firent alors l’aller-retour entre lui et mon instrument et lorsqu’il s’en rendit compte, baissant les yeux, mon sourire s’étira. Il avait envie de m’entendre en jouer mais visiblement pas le courage de me le demander. Pour une fois que c’était lui qui manquait de courage, j’en avais presque envie de rire. Aussi me relevai-je doucement et allai-je récupérer mon clavier et mes notes avant de retourner m’asseoir. Il se tenait contre le mur, et ce fut naturellement qu’il écarta les genoux pour me faire une place tout contre lui, entre ses jambes. Ses bras s’enroulèrent alors autour de ma taille tandis que je ramenai le piano à moi et tentai de relire ce que j’avais noté. Les notes étaient griffonnées dans tous les sens, les indications de rythme également, et au final personne mis appart moi n’aurait certainement pu la déchiffrer. Si je ne l’avais pas très clairement eu dans la tête, sans doute aurais-je moi-même éprouvé certaines difficultés à la rejouer. Seulement je relisais ces notes uniquement pour m’en imprégner une dernière fois, et doucement, les laissai retomber au sol. Mes mains se joignirent alors à celles de Samuel, laissant aller ma tête contre son épaule. C’était si agréable d’être contre lui de cette manière, si agréable de ne penser à rien d’autre que ce plaisir indéfinissable qu’il me procurait. Cette fois je me sentais totalement en sécurité contre son corps, entre ses bras. Je tournai brièvement la tête afin de déposer un baiser sur sa mâchoire, puis, enfin, mes doigts agiles retrouvèrent leur place.

Son regard ne me brûlait plus. Je le sentais, je sentais ses yeux rivés sur mes mains qui se mouvaient avec une aisance toute particulière sur les touches, les caressaient, les effleuraient à peine comme la brise légère d’un début d’été. Les notes s’envolaient puis explosaient dans les airs, répandaient sur nous leur tendresse comme un feu d’artifices aux couleurs innommables. Devinait-il seulement qu’elles lui étaient entièrement destinées ? Qu’en signant cette partition je signais le plus bel acte d’amour que je pouvais lui offrir pour le moment ? Cette chose, ce petit tout qui faisait de lui LA personne idéale, eh bien elle transparaissait de nouveau. Elle devenait évidente, tellement simple et limpide que j’en regrettais d’avoir hésité, d’avoir pleuré, d’avoir hurlé. Les hurlements n’avaient rien à faire dans notre histoire. Les larmes devaient sécher, s’évaporer pour ne plus jamais revenir nous hanter. Je l’aimais. En cet instant je l’aimais plus que n’importe quoi au monde, car ma mélodie, car son corps, car son regard, tout cela se mélangeait dans l’atmosphère pour former une bulle d’amour si parfaite, si douce, que j’aurais voulu y vivre jusqu’à la fin. Et enfin je me sentais de nouveau vivre. Qu’est ce que la vie ? Que ressent-on lorsque l’on est vivant ? Maintenant je savais. J’avais oublié depuis longtemps mais Samuel me ramenait à la vie. Il avait réussi. Je souris de nouveau, avant de fermer les yeux et simplement me laisser guider par mes automatismes acquits depuis de nombreuses années déjà. Vous voulez savoir ce qui était gravé sous mes paupières ? Lui. Nous, les enfants, une famille. Cette famille que je n’avais jamais eu et qui à présent se profilait à l’horizon. Un jour, peut-être. Alors que mes craintes auraient été dilapidées, peut-être. En attendant, ne subsistaient que nos deux corps profondément amoureux, que nos esprits qui dansaient eux aussi sur cette mélodie. Ils tournaient, virevoltaient avec ces touches de lui qui s’arrêtèrent trop rapidement à mon goût ; j’avais presque oublié l’identité du pianiste cette fois, et qu’ainsi j’étais seul maître de ces notes. Mes doigts se crispèrent alors sur les touches à la blancheur immaculées, puis glissèrent sur leur pureté pour se retrouver sur mes genoux. Mes yeux clos rêvaient toujours de cet inaccessible futur que j’aurais aimé posséder.

Qu’est ce qu’est la vie ? Samuel. C’est Samuel, ma vie.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




Come on Baby, light my fire. [ Samuel B. ] Empty
MessageSujet: Re: Come on Baby, light my fire. [ Samuel B. ]   Come on Baby, light my fire. [ Samuel B. ] Icon_minitimeLun 18 Oct - 18:15

Voilà ce que je devais faire : Je devais m'emparer d'une boîte, l'ouvrir, y glisser mes désirs, mes envies, la douleur qui allait avec, refermer la boîte et jeter la clé le plus loin possible pour ne plus jamais ouvrir cette boîte. Il n'y avait que de cette façon que je pouvais vivre pleinement cet amour sans trop en souffrir. Oui, c'était la seule et unique façon. Parce que si je laissais mes désirs prendre le dessus, j'allais souffrir, c'était indéniable et j'allais surtout finir par ne plus supporter ma relation avec Liam alors qu'elle commençait à peine et je ne pouvais imaginer ma vie sans lui. Alors... Cette boîte allait être mon salut. Notre salut à tous les deux. Par amour... J'allais m'oublier moi, par amour pour lui : C'était la seule chose que je pouvais faire pour le rendre heureux. Je l'aimais de tout mon coeur et je n'aspirais qu'à son bonheur : Je voulais le voir sourire, je voulais voir briller cette lueur dans ses yeux... Alors, je pris la clé et l'envoyai loin, très loin au fond de l'océan et jamais, jamais plus que je ne la retrouverais, et jamais plus je n'ouvrirais cette boîte. Je voulais le garder contre moi, ne pas m'éloigner de lui, profiter de cette étreinte et arrêter le temps mais il choisit justement ce moment-là pour se reculer. Il n'eut heureusement pas un autre mouvement de recul et ne me repoussa pas, au contraire : Il resta tout près de moi et plongea son regard dans le mien. Je ne pus m'empêcher de le regarder avec une tendresse infinie. En cet instant, je sus, je compris que j'avais fait le bon choix en le choisissant lui, et en jetant le plus loin possible cette clé parce que rien n'avait d'importance, tout pouvait m'arriver, s'il m'était seulement donné de pouvoir croiser son regard chaque jour, de pouvoir l'embrasser tendrement, de pouvoir lui dire à quel point je l'aimais... Et quand un sourire, aussi maigre fut-il, se dessina sur ses lèvres, je fus dautant plus conforté dans mon choix : Le voir sourire était ce qui m'importait le plus. Il glissa ses mains sur mon torse et doucement, les miennes se posèrent sur les siennes.

« Merci. »

Ce ne fut qu'un murmure mais pourtant, il me toucha au plus profond de mon coeur. J'étais heureux de l'aimer et d'avoir décidé d'être là pour lui, quoi qu'il puisse arriver. J'étais heureux de pouvoir faire partie de sa vie et surtout, j'étais heureux de pouvoir lui apporter un peu de bonheur et de lire ce bonheur dans ses yeux... Non, je n'avais besoin de rien d'autre. En tout cas, j'arrivais à y croire : C'était peut-être un mensonge, une utopie parce qu'après tout je n'étais qu'un être humain et j'étais loin d'être parfait mais en cet instant, je croyais réellement n'avoir besoin de rien d'autre que son sourire et son bonheur. Même quand il posa doucement ses lèvres sur les miennes : Tout me semblait parfait. Avoir jeté la clé avait eu l'effet recherché... Quand nos lèvres se touchèrent, mes mains quittèrent les siennes et je les glissai autour de sa taille pour le rapprocher de moi : A chaque fois qu'il s'approchait de moi, j'avais envie qu'il se rapproche encore plus, j'avais envie de le sentir tout contre moi pour avoir cette impression que jamais il n'allait me laisser, me quitter, que jamais nous n'allions devoir nous séparer et que le monde n'appartenait qu'à nous. Alors que l'une de mes mains était délicatement posée dans le bas de son dos, l'autre trouva sa nuque et glissa dans ses cheveux : Mon coeur battait à tout rompre et j'avais l'impression qu'il allait s'arrêter d'un instant à l'autre tant ses battements étaient frénétiques. J'avais cru ne jamais pouvoir ressentir ces sensations à nouveau, j'avais cru ne jamais pouvoir retrouver le bonheur et pourtant, le Destin avait décidé de s'en mêler et il m'avait donné ce nouvel espoir, cette nouvelle vie qui se nommait Liam. Le baiser fut court en réalité, mais il me sembla durer une éternité et quand il recula doucement son visage et posa délicatement sa main sur ma joue, je fus submergé par l'amour que j'éprouvais pour lui, par l'amour qu'il me transmettait rien qu'avec son regard : Plus besoin de mots, nos regards suffisaient et parlaient à notre place. Finalement, il se recula doucement sans pour autant détacher son regard du mien et moi, je le regardais en souriant bêtement : Oui, je devais avoir l'air d'un idiot à sourire de cette façon.

Tout se passa très vite.

En quelques secondes, je me retrouvai au sol, au-dessus de Liam, mes mains posées à côté de ses épaules, mes bras tendus pour m'éviter de tomber sur lui. Sur le moment, je ne pensais plus à la façon dont nous nous étions retrouvés ainsi, je ne pensais plus au fait que j'avais simplement essayé de rattraper Liam par la main pour essayer de lui éviter une chute quand il avait trébuché. Pour tout dire, je ne pensais même plus au fait que Liam s'était cogné la tête et qu'il avait pu se faire mal. Non... En cet instant, je pensais simplement au fait que nos corps étaient dangereusement proches, que je n'avais qu'un geste à faire pour l'enfermer dans l'étreinte de mes bras et pour l'embrasser sauvagement parce que c'était ce dont je crevais d'envie de faire. Je vous l'ai dit : Je ne suis qu'un être humain, je suis faible, et même si la boîte était à présent fermée, cela ne m'empêchait pas de désirer Liam de tout mon corps, de tout mon être et quand il se redressa sur un coude, se frottant la tête et surtout, rapprochant encore plus son corps du mien, mon esprit mit la sonnette d'alarme en marche et m'intima de reculer tout de suite avant de comettre l'irréparable et moi, sage, je l'écoutai : C'était mieux, beaucoup mieux comme ça. Je me redressai donc et m'appuyai contre le mur en étant cependant incapable de détourner mon regard de Liam. Je le fixai, le dévorai du regard mais j'étais surtout pétrifié par mon désir. Il interpréta sans doute mon regard comme de l'inquiétude puisqu'il s'empressa de m'expliquer qu'il allait bien et moi de détourner enfin le regard quand il me demanda sur le ton de la plaisanterie si je voulais le tuer : Non, je ne voulais pas le tuer, je voulais tout autre chose qui pouvait, cela dit, signer notre arrêt de mort à tous les deux si je me laissais aller. Cherchant à poser définitivement à porter mon attention sur autre chose que l'homme que j'aimais et que je mourais d'envie d'embrasser avec frénésie, je finis par porter mon regard sur le synthétiseur : Dieu devait être avec moi. Oui, il devait avoir pitié de moi pour me permettre si vite de penser à autre chose qu'à mon corps contre celui de Liam, qu'à nos lèvres scellées...

Soudainement, l'envie de lui faire l'amour disparût pour laisser la place à l'envie quasi irrésistible de l'entendre me rejouer le morceau qu'il avait joué avant que je n'entre dans ma chambre. J'avais envie de voir glisser ses doigts sur le clavier, j'avais envie qu'il me transpote avec cette merveilleuse mélodie. Au bout de quelques instants, je m'aperçus que Liam me regardait et je baissai les yeux, gêné de savoir qu'il avait vu l'objet de ma curiosité et surtout, gêné d'imaginer qu'il avait sans doute compris pourquoi je fixais son instrument de cette façon. Pourtant, je n'avais aucune raison d'être gêné... Je veux dire, les pensées qui m'avaient traversé l'esprit quelques instants auparavant auraient dû plus me gêner que mon envie de l'entendre me jouer un morceau et mon manque de courage de le lui demander. Je l'observai du coin de l'oeil se relever, récuperer son clavier et ses notes. Je ne réfléchis pas lorsque j'écartai les genoux pour l'inviter à venir s'assoir par terre contre moi et il ne réfléchit sans doute pas non plus quand il répondit à l'invitation. Bientôt, il se retrouva tout contre moi, son dos contre mon torse, le synthétiseur posé sur ses genoux, mes bras entourant sa taille pour le garder tout contre moi. Il y eut un instant de silence où il relit ses notes avant de laisser retomber la partition au sol et de glisser ses mains sur les miennes, laissant aller sa tête contre mon épaule. Mon sourire se fit plus large et je fermai brièvement les yeux quand il déposa un bref baiser sur ma mâchoire avant de glisser ses doigts sur le clavier. Alors, je rouvris les yeux et les posai sur ses mains que je ne quittai plus. Peu à peu, la musique m'envahit comme elle m'avait envahit lorsque je l'avais entendue quelques minutes auparavant et elle était dautant plus puissante, dautant plus forte, dautant plus pleine de sens à présent que je connaissais ses sentiments pour moi... C'était comme si ses doigts qui glissaient sur les touches me criaient l'amour qu'il éprouvait pour moi. Voilà ce que me disait sa musique : « Je t'aime. ». Avait-il composé cette mélodie pour moi? Pour me crier son amour? Etait-ce pour cela que cette musique me faisait cet effet-là? J'aimais le croire. Bientôt, je sentis des larmes de bonheur me monter aux yeux et je les fermai, posant doucement ma tempe contre celle de Liam, me laissant pleinement emporté par cette déclaration d'amour.

Ce fut trop rapide à mon goût. J'aurais voulu l'entendre me jouer ces notes, encore, et encore, mais la mélodie prit fin. Je rouvris doucement les yeux, noyés de larmes bien malgré moi, mais puisqu'il ne s'agissait pas de larmes de tristesse, ce n'était pas grave au fond. Ces larmes trahissaient simplement mon bonheur, mon émotion, mon amour pour lui. Il avait lui aussi fermé les yeux et ma main gauche quitta alors sa taille pour venir se poser sur sa joue et lui faire doucement tourner son visage vers moi : Il n'eut aucun mouvement de recul et mon émotion n'en fut que plus grande. C'est à ce moment-là qu'il ouvrit les yeux alors que je le regardais avec tout mon amour et toute ma tendresse. Nos visages étaient si proches l'un de l'autre que lorsque ma voix s'éleva, elle ne fut qu'un murmure.

-Merci...

Mes doigts vagabondèrent doucement sur sa joue et j'approchai doucement mes lèvres des siennes.

-Je t'aime.

Et je l'embrassai. Au départ, ce fut la tendresse qui parla pour moi, et ce baiser fut doux, tendre, délicat mais très vite, l'amour et la passion l'emportèrent et ma main quitta sa joue pour se poser sur sa nuque et s'y accrocher alors que ma langue franchissait la barrière de ses lèvres pour un baiser plus endiablé que les précédents. Mon coeur se remit à battre frénétiquement et nos corps étaient tellement proches que je pouvais également sentir le sien battre très vite. D'ailleurs, c'était sans doute parce que nos corps étaient si proches que nos coeurs s'emballaient de cette façon : C'était la première fois que nous nous embrassions alors que nos corps étaient ainsi l'un contre l'autre et ce n'était vraiment pas la chose à faire si je voulais réellement faire taire ce désir que j'avais réussi à oublier depuis quelques minutes. Seulement voilà... Je l'embrassai avec fougue et lui me rendait mon baiser, en se laissant complètement aller. Alors, dans mon esprit, dans mon corps et dans mon coeur, ce fut comme une invitation à aller plus loin et mon autre main qui entourait toujours sa taille vagabonda sur sa chemise, cherchant un bouton à défaire avant de se frayer un chemin à travers le tissu et une décharge électrique me parcourut le corps tout entier quand mes doigts touchèrent sa peau. Mais si cette décharge n'était que la manifestation du plaisir que je ressentais à enfin le toucher, la décharge qui sembla parcourir le corps de Liam ne fut sans aucun doute pas la même puisqu'à nouveau, il se raidit et retira soudainement ses lèvres des miennes. Il ne recula cependant pas trop son visage, mais je pus y lire une anxiété non dissimulée. Nos souffles étaient courts, saccadés mais cela ne m'empêcha pas de remettre les pieds sur terre et de retirer sans attendre ma main. Je ne la reposai cependant pas sur sa taille et la laissai tomber par terre, sachant que j'avais franchi une limite beaucoup trop rapidement et préférant donc ne pas brusquer une nouvelle fois les choses. D'ailleurs, mon autre main quitta également sa nuque pour terminer sur mon genoux et je soupirai en posant mon front contre le sien : Je fus soulagé de ne pas le voir se reculer.

-Je suis désolé... Je...

Comment l'expliquer? Avais-je seulement besoin de le faire? Il savait que je l'aimais plus que tout et que je le désirais plus que tout et que mon geste n'avait été guidé que par l'amour.

-Je me suis laissé emporter. Excuses-moi...

Je reculai doucement mon visage et déposai un baiser sur son front avant de reglisser mes mains sur sa chemise non pas pour le caresser mais pour refermer le bouton que ces traîtresses avaient osé défaire. Puis, n'osant plus trop me rapprocher de lui, de peur de le brusquer une nouvelle fois, je me contentai de reprendre appui contre le mur en laissant mes mains au sol. Je préférais lui laisser le soin de ce qu'il voulait, ce qu'il préférait. S'il voulait que je l'entoure une nouvelle fois de mes bras, j'allais le faire, mais pas sans accord : J'avais été trop loin et je ne voulais pas tout gâcher. Alors, plutôt que de laisser un silence pesant et gênant s'installer, je décidai de lui poser cette question qui me brûlait les lèvres.

-Cette mélodie... Est-ce que tu l'as composée pour moi?

Et là, je sentis les joues me chauffer : J'étais tout simplement en train de rougir comme une pivoine tant j'étais gêné par ce que je venais de lui demander. C'est que j'allais avoir l'air d'un idiot s'il m'annonçait qu'en réalité, cette mélodie n'avait absolument rien à voir avec moi... Bon, au point où j'en étais, ce n'était pas trop grave me direz-vous, mais bon...
Revenir en haut Aller en bas
Liam Marsden
In love with JUDASLiam Marsden


Messages : 130
Date d'inscription : 06/07/2010
Age : 44
Localisation : Elizabeth Town

Come on Baby, light my fire. [ Samuel B. ] Empty
MessageSujet: Re: Come on Baby, light my fire. [ Samuel B. ]   Come on Baby, light my fire. [ Samuel B. ] Icon_minitimeMer 20 Oct - 13:06

L’air était parfumé de mes notes de musique, de mes notes d’amour. Une déclaration toute nouvelle et particulièrement intense puisque silencieuse, à sa façon. J’aurais pu lui dire qu’il était tout, mon tout, mon espérance, seulement cette mélodie s’y dévouait mieux que moi. Les mots sont parfois moins beaux que les notes. Je n’osais bouger de peur de dissiper malencontreusement cette atmosphère délicieusement amoureuse, qui nous englobait tout deux. J’avais presque oublié les sensations qu’une belle écriture provoquait, ces partitions oubliées, écorchées, m’avaient trop longtemps hanté pour que je puisse de nouveau en apprécier d’autres. Cependant, Samuel balayait ces mauvais souvenirs, et plus les secondes passaient, plus cette évidence s’amplifiait. Il était l’unique personne à réussir cet exploit, et pourtant de bien nombreuses s’y sont essayées. Pendant de longues années j’avais vécu en reclus car la présence des autres m’insupportaient, et ce bien que leurs mots se veuillent rassurants et apaisants. Personne n’avait pu apaiser ma souffrance, personne mis appart ce fameux liquide brûlant qui accompagnait mes nuits. Voilà la seule chose que je supportais encore : la bouteille. A présent Samuel était mon alcool à moi, ma drogue à la fois bénéfique et destructrice car je savais malgré tout que nous souffrirons tôt ou tard, il ne pouvait en être autrement. Comment être pleinement heureux alors que nous devions vivre cachés, supporter ce lourd secret et nous croiser chaque jour comme si nous nous connaissions à peine ? Jouer ce jeu ne m’enchantait guère, et ne pas le jouer me terrifiait alors, il n’y avait aucune issue. Après tout je me sentais déjà beaucoup trop dépendant à lui pour pouvoir me passer de sa tendresse, aussi ne pourrais-je sans doute jamais me séparer volontairement de cet être qui pour le moment m’offrait la possibilité de m’en sortir définitivement. J’espérais simplement que nous ne nous abîmerions pas trop avec cette folie car cette fois, je serai incapable de me relever. Après tout, comment pourrais-je puiser de nouveau en moi la force et l’envie de m’en sortir après tant d’épreuves ? Cette tentative de bonheur était la dernière, l’ultime espoir. Si mon histoire avec Samuel se terminait brutalement, je tirerai définitivement une croix sur l’amour, la vie, les autres. C’était une résolution qui ne me quitterait plus.

Alors que je me laissais totalement aller à cette douce béatitude, une main délicate se posa sur ma joue. Je frissonnai à ce contact mais n’opposai aucun mouvement de résistance lorsque Samuel m’obligea à tourner le visage vers lui, et rouvrant les yeux, je su que je n’avais pas eu tort de me laisser faire. Il m’observait avec une telle tendresse et un tel amour qu’immédiatement mon cœur sembla fondre sous l’assaut de son regard, fondre sous sa chaleur réconfortante. C’est fou comme son regard me touchait, j’en étais complètement accro. Il avait ce genre de regard qui vous émoustille, vous hypnotise presque. Cependant, il était voilé de larmes et cela me déplut fortement ; je ne comprenais pas. Je ne comprenais pas pourquoi il avait l’air si heureux alors que sur ses joues coulaient les infâmes signes d’un mal être intérieur. Une brutale inquiétude m’assaillit et soudainement je me demandai si ce que j’avais joué lui avait déplu, si c’était moins que ce qu’il attendait, si finalement je ne le contentais pas. Seulement il fut plus rapide que moi et lorsqu’il parla, ce ne fut qu’un doux murmure qui s’échappa de ses lèvres. Il me remerciait. Je compris alors que ses larmes n’étaient pas des larmes de tristesse mais belles et bien de joie et mon cœur s’en serra encore d’avantage, ému que j’étais. J’avais la folle impression d’être sur un petit nuage, me sentant à la fois léger et détendu tout comme si je me trouvais dans un bain chaud. J’avais parfaitement confiance en lui mais surtout mes gênes et mes peurs m’avaient, pour le moment, abandonné. Aussi n’eus-je aucun mouvement de recul tandis que je sentais ses doigts caresser ma joue, rapprochant presque imperceptiblement mes lèvres des siennes. Il me traitait comme si j’étais l’homme le plus fabuleux du monde, me regardait avec une telle douceur que j’aurais tout aussi bien pu être le prince de je-ne-sais-quel-pays, il n’aurait pas pu avoir d’avantage de délicatesses envers moi. Dans ses yeux je n’étais plus le simple Liam que tout le monde appréciait plus ou moins, non. J’étais un autre homme, un homme meilleur et même si ce n’était qu’une vaine illusion, elle me faisait un bien fou.

- Je t’aime.

Son souffle chaud caressa ma peau alors qu’il posait ses lèvres sur les miennes, me procura un frisson de plaisir intense et déraisonné. J’aimais l’embrasser, bien que j’aie déjà repoussé ses baisers. J’adorais sentir sa bouche lentement se coller contre la mienne, formant un mélange parfait de nos deux êtres. Sentir sa douceur, sa tendresse tandis que ses mains me rapprochaient doucement de lui, collant ma peau à la sienne. Il y avait entre nous une calme affection, comme un nid douillet dans lequel nous cacher, nous enfoncer afin de mieux nous en imprégner. Samuel me touchait avec tant de précautions que j’avais réellement le sentiment d’être une chose à la fois fragile et précieuse entre ses doigts. Sa langue rejoignit la mienne et presque aussitôt, mon souffle s’emballa d’avantage. J’étais parfaitement collé tout contre Samuel, et cela me plaisait tellement, m’enivrait à tel point que je m’abandonnai totalement dans ses bras. Ce baiser possédait une force plus électrique que les précédents, une sorte d’accélération étrange mais délicieuse. Alors oui, même lorsqu’il posa sa main contre ma nuque, me rapprochant encore de lui, et qu’il devint plus passionné dans ses gestes, je me laissai faire. Non pas pour lui faire plaisir ou éviter de le blesser, mais tout simplement parce que je ne ressentais pas l’envie de me dérober à ses caresses, bien au contraire. Mes propres mains se perdirent dans ses cheveux alors que j’oubliais tout ce qui aurait dû freiner cet ébat naissant. Mes doutes, mes hontes, tout cela avait disparu pour laisser place à cette envie incroyable de prendre du plaisir avec lui, du plaisir à l’embrasser et profiter du goût savoureux de sa langue dansant avec la mienne. Me rendais-je réellement compte de ce que j’étais entrain de faire ? Probablement pas, car dans mon esprit il n’y avait aucune tendance charnelle. Bien sûr mon cœur battait à tout rompre et mon souffle s’accélérait de plus en plus, seulement ce n’était pas dû à l’excitation, mais uniquement au bonheur que je ressentais. J’étais heureux d’être avec lui, heureux de pouvoir l’embrasser de cette façon et par-dessus d’avoir la certitude que oui, il m’aimait. On ne m’avait pas dit cela depuis tellement longtemps que j’en avais presque oublié doux papillonnements qu’une telle affirmation provoquait. Il m’aimait, et cet amour était plus que jamais réciproque, sans quoi jamais je n’aurais pu demeurer ainsi dans ses bras. C’était peut-être simplement une question de confiance, mais j’étais persuadé qu’avec un autre homme, jamais je n’aurais fait cela. Car un autre homme ne m’aurait pas satisfait. Un autre homme ne m’aurait pas rendu heureux comme Samuel le faisait. Je n’avais pas besoin, ni envie d’un autre homme : Il était le seul qui comptait à mes yeux.

Seulement, nous n’étions visiblement pas sur la même longueur d’ondes. Alors que je savourais pleinement l’ivresse de notre amour, innocent et presque chaste, lui pensait à des choses qui ne m’effleuraient absolument pas. Sauf que sur le moment, je ne remarquais même pas que ses doigts cherchaient à me déshabiller, pénétrer sous cette fine protection, cette ridicule armure contre quelque chose à quoi je n’étais pas encore décidé. Ce ne fut que lorsque je sentis sa main se poser sur ma peau que je compris, je compris où il voulait en venir et cela brisa immédiatement la magie de l’instant. Je me reculais, brisant avec brutalité notre échange amoureux que je ne souhaitais pas prolonger. En réalité j’avais très peur de devoir faire des choses auxquelles je n’étais pas encore préparé et qui arrivaient beaucoup trop vite. Je n’étais pas capable de faire l’amour avec Samuel, et ce bien malgré toute ma tendresse et toute mon affection à son égard car cela représentait quelque chose de trop puissant dans mon esprit pour que je sois en mesure de le supporter. Je l’avais prévenu, pourtant. Je lui avais dis qu’en dépit de toute mon envie, tout mon désir pour lui le moment viendrait, plus tard. Pas maintenant, pas si vite. Et dire que j’avais cru que cela lui était égal, comme il me l’avait affirmé… Je ne savais plus vraiment comment réagir. Je ne lui en voulais pas, aussi ses excuses furent-elles de trop, je m’en voulais à moi au contraire. J’aurais aimé lui offrir mon corps, en plus de mon amour et de mon cœur. J’aurais voulu lui procurer ce plaisir intense car je sentais, je voyais bien qu’il me désirait énormément seulement ce n’était pas possible et j’aurais espéré que cela était clair. Peut-être aurais-je essayé si jamais il avait poursuivit ses conquêtes, je fus tout de même soulagé de voir qu’il retira rapidement cette main qui me glaçait. Comme si d’un seul coup, il avait introduit quelque chose d’horriblement pervers entre nous alors qu’en réalité c’était basique d’avoir des relations sexuelles dans un couple. Après tout, lorsque l’on s’aime il est normal que de vouloir concrétiser cette affection, et nous nous aimions beaucoup, alors je supposais qu’il aurait été également normal de ne pas attendre d’avantage. Sauf que je n’étais pas certain d’y prendre un quelconque plaisir si nous forcions ainsi les choses, si nous allions à l’encontre de mes besoins d’attente. J’avais eu besoin de temps pour prendre conscience de mon amour et il m’en faudrait encore afin de pouvoir m’offrir à lui, je n’y pouvais rien.


Lorsqu’il laissa tomber ses mains loin, trop loin moi, une poussée de colère m’envahit. Je ressentais l’envie de lui dire que ce n’était rien, que je n’étais pas offusqué de son geste et qu’au fond je le comprenais, même s’il m’était impossible de le satisfaire. Cependant il posa son front tout contre le mien et à ce contact je me détendis légèrement. Je craignais d’avoir infiltré dans notre atmosphère tant chérie une froideur propre au refus, or c’était loin d’être volontaire. Samuel me demanda de l’excuser une nouvelle fois, prétextant à un emportement : cela n’était pas nécessaire. Il n’avait pas besoin de me demander pardon car il n’avait aucune faute à expier. Je comprenais parfaitement qu’il puisse déraper, après tout j’avais agit d’une manière étrange, répondant à son baiser enflammé alors que dans mon esprit rien ne se profilait. Comme un enfant, dans ma tête il n’y avait pour le moment rien au-delà du seuil du « bisou ». Aussi n’allais-je pas lui reprocher quelque chose que j’avais, malgré moi certes, encouragé. Tout comme lui j’étais un homme et je savais que parfois, nos corps parlent plus que notre raison et que nous nous laissons facilement débordés. C’était humain, c’était pardonnable. Et en comparaison à tout ce qu’il m’offrait, je n’aurais pas eu raison que de lui reprocher quoi que ce soit. Finalement, il se recula doucement et déposa un calme baiser sur mon front, ce qui me fit doucement sourire. De nouveau cette tendresse, cette douceur dont j’aurais voulu me délecter des heures entières. Ses doigts glissèrent de nouveau sur ma chemise et bien que cela me surprit d’abord, mon sourire s’élargit un peu plus lorsque je compris qu’il entreprenait en réalité de reboutonner tout à fait ma chemise, comme s’il avait fait une bêtise qu’il souhaitait réparer. Malheureusement, ce sourire se fana lorsque Samuel se plaqua de nouveau contre le mur, ses mains au sol. Alors, il ne voulait plus me toucher, ou bien avait-il peur de me brusquer de nouveau. Dans tous les cas, cela me chagrinait car pour ma part, il n’y avait aucun malaise. Il savait que je l’aimais de tout mon cœur, il connaissait les raisons de mon refus et même s’il avait éprouvé une légère faiblesse, rien de ce qui s’était passé n’avait d’incidence pour moi. Un infime faux pas qui, je l’espérais, ne gâcherait pas nos moments à venir comme il avait gâché notre baiser. Il suffisait de le laisser de côté. Il suffisait de lui ôter toute importance.

-Cette mélodie... Est-ce que tu l'as composée pour moi?

Mon regard qui s’était perdu au sol tandis qu’il s’éloignait se posa de nouveau sur Samuel, et je fus surpris de déceler de légères rougeurs sur ses joues. Il…Rougissait ? Parce que je lui avais écris un morceau ? J’eus envie de rire mais ne le fis pas car en l’espace d’un instant, le superbe, le parfait Samuel ressemblait à un enfant, rien d’autre qu’un enfant et cela m’amusait. Je pouvais comprendre qu’il fut ému comme précédemment, mais pas gêné de poser une telle question qui me semblait insensée. Si j’avais composé ce morceau pour lui ? Pour qui d’autre aurais-je bien pu le faire ? Pourquoi serais-je venu le jouer justement dans sa chambre ? Il n’avait donc pas compris. Craignait-il que je réponde par la négative et me moque de lui, de l’audace dont il aurait pu faire preuve en pensant que je lui dédiais mes notes ? Après l’amusement, un étonnement silencieux s’empara de moi à tel point que je fus incapable de prononcer le moindre mot pendant quelques secondes. J’avais ouvert la bouche, oui, mais rien ne me venait. Je fronçai les sourcils, cherchant une part de plaisanterie sur son visage car après tout, cette question aurait bien pu en être une. Seulement, plus je le dévisageai et plus ses joues s’empourpraient, aussi compris-je que non seulement ce n’en était pas une, mais qu’en plus il se sentait sincèrement gêné. Je levai les yeux au ciel, secouant doucement la tête alors que mes lèvres s’étiraient de nouveau. Puis, je me retournai tout à fait et me mit à genoux face à lui, m’asseyant sur mes talons. Je posai sans réfléchir mes mains sur ses joues en lui adressant un regard emplit d’affection et de douceur, à l’image de ma voix qui se fit caressante et rassurante.

« Bien sûr que je l’ai composée pour toi. Pour qui aurais-je pu déclarer ainsi mon amour, mis appart toi ? Qui en dehors de toi accélère de cette manière les battements illusoires de mon cœur, Samuel ? »

Puis je repliai mes jambes sous moi et me laissai aller contre son torse, mon visage se nichant au creux de son cou. Je désirais d’une part lui montrer que je ressentais toujours l’envie de le tenir tout contre moi, et d’autre part renforcer le sens de mes paroles en l’étreignant de cette manière. Une de mes mains glissa sur son torse alors que l’autre cherchait une des siennes et une fois trouvée, j’y nouai mes doigts. Finalement je sentis ses bras se refermer autour de moi et me blottis encore d’avantage : J’adorais cette douceur dans nos étreintes, cette tendresse infinie qui se traduisait par de lentes caresses et de calmes sourires. J’espérais que tout irait bien cette fois, qu’il ne succomberait pas de nouveau à de trop brutales caresses dont la saveur m’aurait parue bien âcre. Il y eut un nouveau moment de silence durant lequel je me demandais à quoi pouvait bien penser Samuel, quelles images se ravivaient dans sa tête alors que nous étions ainsi enlacés comme deux amants. Dans la mienne, ne subsistait que des souvenirs joyeux, ce qui était pour le moins inhabituel. Je me rapellais mes premiers cours de solfège, mes années au conservatoire, l’orchestre… Finalement, ma bouche s’entrouvrit et comme un secret, je murmurai tout cela à Samuel. Telle une confession.

« J’étais pianiste il y a bien longtemps… Je passais mes journées à jouer, composer, répéter inlassablement. J’ai toujours adoré ça. Ce n’était pas un métier, mais véritablement une passion. Seulement… La guerre est arrivée et… Et tout a volé en éclats. Je m’apprêtais à me lancer dans une carrière solo, après avoir passé des années en orchestre. Tout ça me semble si loin. »

Et pour cause : tout cela remontait à bien plus longtemps que la guerre. Seulement je ne me sentais pas la force de lui avouer que j’avais eu une femme, que nous attendions un enfant et que j’avais perdu les deux. Je ne me sentais pas la force de raconter à Samuel ces horribles événements qui avaient fait de ma vie ce qu’elle était aujourd’hui. Mon sourire s’évanouit définitivement et je serrai un peu plus fort ses doigts sans même m’en rendre compte, à la simple évocation de ces souvenirs qui eux, étaient douloureux. Je ne savais pas si j’allais un jour ouvrir mon cœur comme lui l’avait fait en me parlant de son ami mort en Irak, peut-être n’en aurais-je jamais le courage. Peut-être prendrait-il pitié de moi et c’était tout ce que je ne voulais pas. Dans ses yeux je ne représentais plus cet homme brisé et fatigué, mais simplement Liam, juste Liam. Il m’aimait en ignorant tout de mon passé et cela devait continuer. Même si en gardant le silence je lui mentais, tout lui avouer m’aurait semblé trop cruel et trop néfaste quant à notre relation, ne me demandez pas pourquoi mais j’avais l’impression qu’il me repousserait s’il savait. Aussi changeais-je rapidement de sujet, même si au final je doutais qu’il ai deviné quoi que ce soit.

« Les jumeaux doivent m’attendre, je devrais m’en aller. »

Je soupirai en fermant les yeux, laissant aller ma tête contre lui. Je n’avais aucune envie de le quitter par peur de ne plus jamais pouvoir profiter des secondes amoureuses qui nous étaient à présent offertes. J’avais peur qu’en m’en allant je n’emporte avec moi nos moments, or je voulais les vivre et les revivre à l’infini. Aussi ne bougeais-je pas, contre toute attente. J’aurais dû me lever et partir, ne pas le faire aurait pu éveiller les soupçons mais non, je demeurais là, contre lui, à me délecter de son odeur et de son souffle agréablement chaleureux sur ma peau glacée. J’aurais tant voulu que tout soit plus simple, que nous puissions vivre ensemble sans le moindre dérangement. Il n’en était cependant pas question et je devais m’y faire. Je devais apprendre à me passer de lui durant les longues heures qui nous sépareraient souvent. Seulement sans lui, la certitude de mourir me reviendrait à une vitesse fulgurante. J’avais besoin de Samuel pour vivre.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




Come on Baby, light my fire. [ Samuel B. ] Empty
MessageSujet: Re: Come on Baby, light my fire. [ Samuel B. ]   Come on Baby, light my fire. [ Samuel B. ] Icon_minitimeLun 25 Oct - 18:17

Oui, j'étais gêné. Je devais avoir l'air d'un gosse ayant été vu en train de faire une bêtise mais c'était plus fort que moi : Je me sentais con de lui avoir posé cette question. Cette mélodie avait hurlé tout son amour pour moi mais je ne pouvais pas être certain qu'il l'avait composée pour moi et, aussi dingue que cela puisse paraître étant donné l'assurance que j'affichais, j'avais besoin d'être rassuré, de l'entendre de sa bouche. Le problème était que Liam me fixait et que cela ne faisait qu'amplifier la gêne que je ressentais. Je finis même pas détourner carrément le regard, incapable de supporter un instant de plus de voir ses yeux braqués sur mon visage. Il devait me prendre pour un imbécile de rougir de cette façon pour si peu. Un long moment passa et j'avais de plus en plus envie de disparaître sous terre tant j'étais gêné. Puis, il s'éloigna de moi et j'eus l'impression de perdre une partie de mon être. Même si j'avais cessé de le toucher, il était resté contre moi et j'aimais le sentir près de moi de cette façon : J'avais besoin de lui, de sa présence, c'était vital. Ce sentiment de perdition ne dura que quelques instants puisqu'en réalité, il ne s'en alla pas mais se retourna et se mit à genoux face à moi avant de poser ses mains sur mes joues. Aussitôt, je me risquai à reporter mon regard sur lui et quand je vis l'affection et la douceur qui flottaient dans ses yeux, je me sentis de nouveau à l'aise et plus gêné du tout. Lorsqu'il parla d'une voix qui était pour le moins douce et rassurante, toute crainte s'envola définitivement : J'étais tellement bien avec lui... C'était quand même incroyable, non? Nous nous connaissions à peine et pourtant, nous avions échangé nos coeurs, nous étions liés l'un à l'autre et nous nous aimions profondément, passionnément... Tout cela allait très vite mais ça n'avait pas d'importance : A partir du moment où cet amour ne disparaissait pas, à partir du moment où je ne perdais pas Liam, notre amour pouvait aller plus vite que la vitesse de la lumière, ça m'était égal.

Finalement, il me confirma qu'il avait composé cette mélodie pour moi et je m'en voulus de lui avoir posé la question parce qu'il avait raison : Il m'aimait... Pour qui d'autre aurait-il pu faire parler ainsi son amour à travers la musique? Malheureusement, lorsque je lui avais posé la question, je n'avais pas pensé aux sensations que j'avais éprouvées en l'écoutant jouer. Je n'avais pas pensé à cette bouffée d'amour que j'avais absorbée... J'esquissai un sourire et c'est à ce moment-là qu'il se laissa aller contre mon torse, nichant avec tendresse son visage dans le creu de mon cou. En le sentant ainsi se rapprocher de moi, je soupirai d'aise, rassuré de voir qu'il ne pensait déjà plus au geste déplacé que j'avais eu. Il glissa doucement une main sur mon torse, l'autre trouvant ma propre main pour y nouer ses doigts. Nous restâmes quelques instants ainsi puis, mon autre bras l'entoura dans une étreinte qui, je l'espérais, allait lui faire comprendre à quel point je l'aimais, à quel point je voulais qu'il reste auprès de moi, à quel point je refusais de le voir s'éloigner de moi, à quel point j'avais besoin de lui... Je sus qu'il avait compris le message lorsqu'il se blottit un peu plus contre moi, nos épaules se soulevant au rythme de nos respirations lentes et apaisées. Oui, nous étions en paix, ainsi l'un contre l'autre. C'était comme si le monde extérieur n'existait plus, comme si les jugements des autres n'existaient plus, comme si nous pouvions nous aimer sans nous cacher. Des pensées illusoires mais tellement délicieuses... J'étais tellement bien dans ses bras... Le désir que j'avais ressenti plus tôt était toujours présent mais il se faisait plus doux, plus calme. Je ne ressentais plus l'envie de le posséder : La seule chose que je souhaitais c'était le garder contre moi et lui apporter douceur, tendresse, et amour. Je ne pouvais m'empêcher de sourire, savourant pleinement cette étreinte d'une tendresse infinie. Nous étions faits l'un pour l'autre : J'en avais la certitude. Ainsi, je laissais vagabonder mon imagination, rouvrant pendant un bref instant la boîte que j'avais décidé de fermer. Je m'imaginais vivant à ses côtés, élevant les jumeaux avec lui, nous quatre formant une merveilleuse famille. Oh, comme cela allait être merveilleux... Oui, je caressais encore cet espoir qu'un jour il serait prêt, qu'un jour nous pourrions nous aimer au grand jour et surtout, qu'il allait me donner une place encore plus importance dans sa vie.

J'étais bien. Le silence n'était pas pesant, au contraire. Nous n'avions pas besoin de mots pour combler un vide quelquonque : Nous nous aimions et notre étreinte suffisait à le faire savoir. Finalement, au bout de quelques instants, alors que le temps semblait s'être de nouveau arrêté, la voix de Liam s'éleva doucement pour me raconter qu'il avait été pianiste. Dès lors, tout en l'écoutant, j'effaçai l'image de nous deux et des jumeaux pour l'imaginer lui, au conservatoire, ses doigts glissant sur un magnifique piano, devant une salle noire de monde avec des personnes qui ne seraient là que pour lui, que pour le voir, que pour l'entendre jouer. Et moi, dans un coin, dans les coulisses, qui le regarderait avec amour et fierté parce qu'il serait mien. L'image idyllique et parfaite disparût quand il mentionna la guerre et je sentis mon coeur se serrer : Il y avait plus qu'une simple mélancolie dans la voix de Liam... J'y décelais une tristesse profonde qui habitait son coeur depuis longtemps... Depuis trop longtemps... Je réalisai alors que je ne savais presque rien de son passé : Je savais qu'il avait été alcoolique, et à présent, je savais qu'il avait été pianiste. Avait-il sombré dans l'alcool à cause de la guerre? A cause de la perte de son rêve? Avait-il vécu d'autres évènements qui lui avaient fait si mal qu'il avait préféré noyer son chagrin et ses souvenirs dans l'alcool? J'aurais voulu le savoir non pas par curiosité mais afin d'être capable d'essayer de guérir ses blessures. Cependant, je n'avais pas l'intention de lui poser ces questions qui risquaient de raviver la blessure au lieu de la soulager. Si un jour, le besoin de me parler venait, j'allais être là pour lui, j'allais l'écouter, mais jusque là, j'allais me contenter de ce qu'il allait me confier. Je savais qu'il avait mal rien qu'en repensant à ses souvenirs dont j'ignorais tout puisque ses doigts se ressèrent sur les miens. Mon autre main le serra un peu plus contre moi : « Je suis là ». Voilà ce que mon étreinte et mon coeur lui murmuraient.

« Les jumeaux doivent m’attendre, je devrais m’en aller. »

Je l'entendis et le sentis soupirer, laissant toujours sa tête contre moi. De mon côté, je finis par murmurer un seul mot :

-Oui...

Il manquait cependant énormément de conviction, tout comme les quelques mots que venait de prononcer Liam manquaient également de conviction. Je n'avais aucune envie de le voir partir, même s'il devait aller s'occuper des jumeaux et à la façon dont il restait contre moi sans bouger, sans même esquisser le moindre geste, il était clair que lui non plus ne souhaitait pas me quitter. Allons bon... Nous pouvions encore profiter de quelques minutes ensemble, non? Nous pouvions rester ainsi l'un contre l'autre pendant encore quelques instants sans que personne n'en souffre... Ce n'était pas de l'égoïsme... Après tout, nous allions devoir nous aimer en cachette, nous allions devoir vivre notre amour à l'abri des regards, nous allions devoir prétendre ne pas nous aimer en public, alors, ces moments que nous vivions, tous les deux, nous avions le droit de les vivre le plus longtemps possible puisqu'ils allaient être tout ce que nous allions avoir. Soudain, la douleur refit son apparition : Quel idiot... J'avais rouvert la boîte et j'avais oublié de la refermer... Rapidement, je repris la clef et refermai la boîte, jusqu'à la prochaine fois. Je fermai les yeux, et ma main quitta la sienne avant que mon bras ne vienne rejoindre l'autre pour l'enfermer définitivement dans mon étreinte. Il y avait une certaine détresse dans ce geste : « Ne pars pas. Ne me laisse pas. ». Je voulais qu'il reste encore un petit peu parce que je savais qu'une fois que je l'aurais quitté, je n'allais le retrouver que le lendemain, sans doute vers la même heure, au moment où nous pourrions nous voir sans éveiller aucun soupçon...

-Non... Ne pars pas encore s'il te plaît... Reste juste un peu... Je veux t'avoir encore à moi pendant quelques instants... Je veux qu'il n'y ait plus que nous pendant quelques minutes. Après...

Je ne terminai pas ma phrase mais il savait très bien ce que je voulais dire : Je n'avais pas besoin de le préciser. Après, il allait retourner à sa vie, moi à la mienne, et nous allions faire comme s'il ne s'était rien passé, en tout cas devant les autres. Dans nos coeurs, l'amour allait subsister et allait nous lier sans cesse, mais à l'extérieur, nous n'allions rien laisser paraître. Nous allions jouer le jeu de l'indifférence ou de la simple amitié. C'était notre décision... Enfin, c'était plutôt sa décision même si je lui avais fait croire qu'il s'agissait de ma décision. C'était en réalité le seul moyen de pouvoir l'aimer et de ne pas le perdre. Le seul moyen de faire un peu partie de sa vie à défaut de ne pas en faire complètement partie. J'allais m'en satisfaire : Je l'aimais trop pour me séparer de lui et je devais m'estimer chanceux d'être aimé de lui en retour, de pouvoir goûter à ses lèvres, à l'étreinte de ses bras, de pouvoir être son inspiration... J'avais énormément de chance. La boîte était à présent bel et bien fermée et un sourire étira mes lèvres. J'étais heureux de l'avoir rencontré, heureux de l'aimer, heureux, tout simplement. Doucement, je glissai ma main dans ses cheveux et me mis à les caresser avec tendresse. Je voulais lui faire part de ce que je ressentais, je voulais tout partager avec lui. Alors, tout doucement, ma voix s'éleva. Ce ne fut qu'un murmure mais il était si proche de moi qu'il allait pouvoir m'entendre, je le savais.

-Je suis tellement heureux de t'avoir rencontré... Tellement heureux de pouvoir t'aimer Liam... Et je ne vais vivre que pour ces moments que nous allons partager. J'attendrai, chaque jour, de te retrouver. Même si devant les autres j'aurai l'air de ne pas faire attention à toi, tu ne quitteras pas un seul instant ni mes pensées, ni mon coeur. Tu es mon coeur Liam... Et je t'aimerai toujours...

Oui, toujours... Quoi qu'il puisse arriver, quoi qu'il puisse advenir de nous, j'allais l'aimer jusqu'à mon dernier souffle de vie, et même au-delà. Il était devenu le centre de mon existence et j'allais être son satellite. J'allais, toute ma vie durant, flotter en orbite autour de lui : Il allait être la planète à laquelle j'allais être lié. Nos destins allaient s'entremêler et chaque événement que vivrait l'un aurait des conséquences sur l'autre. Notre relation allait certes être secrète mais elle n'allait pas en être moins réelle, bien au contraire. Nous allions lui donner vie, nous allions lui donner du sens. Doucement, ma main qui caressait ses cheveux glissa sur sa nuque avant de se poser sur sa joue. Avec tendresse, je lui fis reculer le visage avant de baisser le mien et de venir poser mes lèvres sur les siennes pour l'embrasser avec tendresse. Plus de baiser endiablé plein de fougue, non... Juste de la tendresse, de la douceur, et de l'amour. L'amour... Notre amour... Je me reculais au bout de quelques instants et glissai mon pouce sur ses lèvres avant caresser de nouveau sa joue avec délicatesse. Je l'aimais à en mourir... Finalement, ma main quitta sa joue, trouva sa main et doucement, je la lui fis poser sur mon torse, contre mon coeur.

-Il t'appartient.

Oh oui, mon coeur lui appartenait, et plus encore. Corps, coeur, et âme. Tout mon être était à lui et à personne d'autre. Je n'étais pas du genre à aimer à la légère : Quand j'ouvrais mon coeur, c'était pour le donner entièrement de façon à ce qu'il n'appartienne qu'à mon élu. Liam était mon élu. L'unique. Le seul. Il était celui que j'avais attendu. J'étais à présent persuadé que j'avais été destiné à cette histoire d'amour. J'étais persuadé qu'à chaque fois que mon coeur avait aimé, puis souffert d'une séparation, il avait en fait été préparé pour cet amour là, pour cette histoire là, pour Liam. Mes histoires précédentes n'avaient été qu'un simple préambule, une simple introduction à cet amour si fort, si puissant, si unique auquel je goûtais à présent. Liam était l'homme de ma vie : J'allais vivre auprès de lui, pour lui. A jamais.
Revenir en haut Aller en bas
Liam Marsden
In love with JUDASLiam Marsden


Messages : 130
Date d'inscription : 06/07/2010
Age : 44
Localisation : Elizabeth Town

Come on Baby, light my fire. [ Samuel B. ] Empty
MessageSujet: Re: Come on Baby, light my fire. [ Samuel B. ]   Come on Baby, light my fire. [ Samuel B. ] Icon_minitimeVen 29 Oct - 13:40

Les bras de Samuel étaient d’un réconfort sans pareille, d’une chaleur si douce que j’aurais aimé y demeurer longtemps encore. Seulement je savais que le repas devait approcher de son terme à l’heure qu’il était et qu’ainsi, les jumeaux allaient attendre en vain que je vienne les chercher. Cette semaine, nous nous étions réellement retrouvés après une longue période trouble durant laquelle beaucoup trop de responsabilités me furent mises sur le dos, à tel point que je n’avais plus beaucoup de temps à consacrer à mes enfants. Moi qui étais d’ordinaire calme et doux, j’étais rentré si exténué dans notre petit cocon familial qu’au final, très peu de caresses et de baiser furent distribués. Mais je m’étais bien rattrapé, ou du moins je le croyais puisque Lucy et Lucas avaient passé les quelques dernières après-midi en ma seule et entière compagnie. Cela peut paraître surprenant tout en sachant que techniquement nous ne possédions aucun lien génétique seulement dans mon cœur, ils étaient mes enfants véritables, quoi que puisse en dire n’importe quel test ADN. Alors oui, je culpabilisais de les savoir peut-être seuls alors que moi je me trouvais bien au chaud dans les bras d’un homme. Ma vie amoureuse, aussi complexe soit-elle, ne devait pas passer avant Lucy et Lucas. Seulement j’aurais besoin de tellement de force, de tellement de courage pour construire solidement cette relation qu’il était primordial que je lui consacre du temps. Peut-être qu’en avouant mon idylle aux jumeaux tout aurait été plus simple, peut-être que j’aurais pu gérer ces deux parties de moi en parallèle plus facilement mais je ne parvenais pas à me convaincre qu’ils l’accepteraient. Après tout, si les jumeaux ne m’avaient jamais vu accompagné d’aucune femme, ils ne devaient très certainement pas imaginer que c’était parce que j’étais homosexuel. D’ailleurs, cette évidence m’était apparue bien trop tard pour qu’ils puissent eux même y songer plus tôt. Et c’était sans doute ça le problème, tout était beaucoup trop frais pour moi, beaucoup trop difficile déjà sans que je n’aille en plus impliquer mes enfants là dedans. Après tout, qui sait notre histoire allait marcher ? Personne ne pouvait prévoir ce qui allait se passer, et bien que je sois près à m’investir le plus possible, je n’étais moi-même pas totalement sûr de parvenir à un résultat durable. Samuel était le premier homme que j’approchais réellement, je n’avais pas l’habitude encore. Je ne savais pas très bien si les relations entre deux personnes du même sexe fonctionnaient de la même manière que les autres, mais Samuel allait m’apprendre. J’étais convaincu de sa patience, qui ne s’amenuiserait pas, je l’espérais ardemment, malgré mes nombreuses peurs et défaites intérieures. J’avais choisi d’être heureux, et ce bonheur passait par lui. Mais personne ne pouvait prédire l’aboutissement de ce choix, même pas moi.

Samuel approuva d’un maigre « oui » qui me fit clairement comprendre que tout comme moi, il aurait désiré demeurer ainsi encore, encore d’avantage. La raison sera-t-elle plus forte que l’envie dans ce bras de fer infernal ? La réponse fut limpide dès lors qu’il lâcha mes doigts pour m’enfermer dans l’écrin de ses bras, battant à plate couture mon devoir paternel. Il était cruel que de me prendre ainsi par les sentiments, seulement je devais bien avouer que cette cruauté était très largement atténuée par la douceur de son geste, le confort qu’il me procurait. C’était invraisemblable, le sentiment de réconfort qui émanait de lui était si délicieux, si délicat qu’il suffisait à apaiser totalement mes doutes l’espace de cette étreinte, alors que pendant de longs mois j’avais énormément souffert de mon défaut d’acceptation quant à ma sexualité. Tout cela me semblait bien loin à présent. Sa voix me surprit lorsqu’il me demanda de ne pas le quitter déjà, de demeurer à lui encore quelques instants. Je comprenais son envie puisque je la partageais mais… J’allais demeurer sien, même lorsque j’aurais quitté cette chambre. Même lorsque je serai totalement seul et que sa présence rassurante m’aura été enlevée, mes pensées lui seront toujours destinées. Non, je ne comptais pas emporter avec moi ces moments et les réduire ainsi à l’état de simples souvenirs. Je ne comptais pas cracher sur ma promesse d’amour, ni sur ma déclaration. Même si au départ je ne m’étais même pas rendu compte de ces sentiments, à présent ils étaient bel et bien là et je voulais en profiter, les laisser grandir en moi pour reformer cette parfaite bulle d’amour. Ca avait été simple, limpide, en le voyant j’avais compris. J’avais immédiatement su que c’était lui. Je le savais un peu avant, c’est vrai, il y avait cette impression que Samuel représentait l’échappatoire mais l’amour, le véritable amour ne m’était apparu qu’il y a quelques minutes. Pour en revenir à sa demande, ma seule réponse fut claire : Je n’avais pas bougé d’un centimètre. Oui j’allais rester encore un peu car après tout, je le voulais aussi. Au bout de quelques instants il caressa de nouveau mes cheveux dans un geste tendre, doux et je fermai les yeux, profitant simplement de ce petit cadeau qu’il m’offrait.

-Je suis tellement heureux de t'avoir rencontré... Tellement heureux de pouvoir t'aimer Liam... Et je ne vais vivre que pour ces moments que nous allons partager. J'attendrai, chaque jour, de te retrouver. Même si devant les autres j'aurai l'air de ne pas faire attention à toi, tu ne quitteras pas un seul instant ni mes pensées, ni mon coeur. Tu es mon coeur Liam... Et je t'aimerai toujours...

Ce ne fut qu’un murmure, qui me glaça le sang. Mes yeux se r’ouvrirent immédiatement et bien que je ne bougeai toujours pas, quelque chose venait de se briser au loin. Ses mots… Ses mots étaient à la fois terribles et magnifiques. Terriblement magnifique peut-être. Ils faisaient battre mon cœur plus fort, trop fort. Depuis de nombreuses années personne ne m’avait parlé de cette manière, personne ne m’avait aimé aussi fort et savoir que d’un seul coup Samuel était là ressemblait de très près à un conte de fée. Je ne parvenais même pas à y croire. Savoir qu’il m’attendrait, qu’il m’aimait si fort, qu’il était heureux d’être avec moi… C’était limite trop. Trop d’un coup. J’allais faire une over dose d’amour s’il continuait, et même si au fond cela me plaisait énormément, c’était tout à fait déroutant. Bien sûr, je n’allais pas m’en plaindre, je n’allais pas le repousser car ça aurait été tout simplement idiot et aberrant, seulement il me faudrait du temps pour m’habituer. Mon cœur avait demeuré fermé si longtemps aux autres qu’il en était comme engourdi à présent, ivre de trop de sensations d’un coup. Je fus même incapable de répondre quoi que ce soit tant j’étais choqué, choqué de voir à quel point je pouvais compter pour quelqu’un. C’était comme si j’avais oublié. Tout oublié. Natacha me parlait autrefois de cette manière, mais c’était si différent qu’au final cela ne représentait rien. Natacha avait été ma femme à une époque où tout allait bien pour moi. J’étais heureux, réellement heureux. Ma carrière de pianiste avançait bien, je possédais une femme extraordinaire, pour laquelle j’aurais tout donné et d’avantage encore lorsque j’avais su qu’elle était enceinte. Oui, c’étaient là les derniers épisodes heureux de mon existence puisque après tout devint sombre, triste et mélancolique. Cependant j’avais l’impression que Samuel allait créer de nouveaux moments magiques. J’en avais même la certitude, et ma confiance en lui n’avait pas de limite. Je me rendais subitement compte que j’avais moi-même bloqué ma vie. Pendant de longues années je ne m’étais résous à faire mon deuil, puis de longs mois durant lesquels je n’acceptais pas mon homosexualité et maintenant, tout changeait. Comme si on retirait le bouchon d’une baignoire pour laisser s’en aller les eaux usées. Même si je n’étais pas totalement certain de pouvoir m’assumer bientôt, le chemin parcouru me semblait déjà énorme. Presque irréel.

Tout cela était trop beau pour être vrai, trop parfait. C’en était presque dérangeant, mais au final je supposais que je le méritais. Oui, je le méritais. Après tout, n’avais-je pas le droit à un peu de bonheur moi aussi ? Ne m’étais-je pas suffisamment sacrifié au nom de ma culpabilité exaspérante ? Je voulais également sourire, comme tant d’autres autour de moi. Je voulais sourire grâce à Samuel, avec Samuel. Qu’importe le fait qu’il soit un homme, après tout. A mes yeux il n’était pas un homme. A mes yeux il n’était pas homosexuel et moi non plus. Ce ne sont là que des valeurs stupides, des mots que l’on colle sur des choses. Nous étions des personnes qui s’aimaient. Nous étions épris l’un de l’autre. Et notre sexe n’intervenait en rien là dedans. Je sentis tout à coup sa main glisser sur ma nuque, avant de se déposer sur ma joue pour enfin me faire reculer. Pourquoi ? Qu’est ce que j’avais fait ? Etait-ce mon absence de réponse le problème ? J’étais tellement grisé entre ses bras que je ne trouvais pas la force de parler, mais cela n’était pas synonyme de malaise ou de désaccord, loin de là. Sauf que lorsque je croisai enfin son regard, lorsque je vis son visage se baisser doucement sur le mien pour caresser mes lèvres, le doute s’évanouit. Tout s’envola autour de moi, tout disparu pour ne laisser que ce tendre baiser. Il était si doux avec moi, si prévenant que j’aurais voulu m’en délecter encore des années durant. Effectivement, mon futur, je voulais le voir avec Samuel. Je ne savais pas exactement si d’ici là je pourrais tenir sa main en publique ou non, mais il était sûr que je ne voulais plus me séparer de lui, de ma lumière, de mon cœur. J’étais près à faire des sacrifices pour cela, j’étais près à me faire violence pour qu’il demeure à mes côtés. Mais pas maintenant, pas tout de suite. Je préférais nous laisser le temps. Il finit par se reculer, bien trop tôt à mon goût et son pouce qui courra sur mes lèvres ne fit qu’accentuer l’envie de l’embrasser encore. Encore et encore, jusqu’à en être totalement ivre, totalement fou d’amour. Je n’aurais jamais cru pouvoir ressentir cette envie après tout ce qu’il m’était arrivé, après Natacha, après sa mort. A croire que personne n’était capable de demeurer malheureux et seul si longtemps.

Mon regard ne parvenait pas à se détacher du sien, complètement accro que j’étais à ses yeux, à cette chaleur et cette tendresse qui n’étaient qu’à moi, que pour moi. Je dû cependant m’y contraindre lorsque je remarquai qu’il attrapait ma main et la déposait sur son torse. Ce geste me fit d’abord sourire, n’en comprenant pas la symbolique. « Il t’appartient. » Je ne compris pas. Qu’est ce qui…Et là, mon sourire fondit comme neige au soleil. Il ne fallait pas qu’il m’offre ainsi son cœur, il ne fallait pas qu’il me choisisse de cette manière car je savais qu’au final je le ferai souffrir. Pourquoi ? Tout simplement parce que malgré mon envie, malgré toute ma bonne volonté et malgré mon courage, je n’étais toujours pas capable d’assumer cet amour. Je n’étais pas même capable de lui donner un autre aspect que cette douceur qui devrait un jour ou l’autre se revêtir de chaleur torride, de passion charnelle. Quoi qu’il puisse en dire, il y avait toujours une limite, une frontière à ne pas dépasser avec moi et j’étais conscient des difficultés que cela poserait. Alors peut-être que rapidement ces obstacles s’envoleraient, peut-être que nous serions toujours ensemble dans un, deux, cinq ans. Peut-être, mais en attendant il était clair que Samuel allait souffrir de mon indécision et ma faiblesse ; Il ne pouvait en être autrement. D’autre part, ce n’était pas seulement cette promesse de douleur qui me gênait, mais également mon incapacité totale à faire pareil que lui. Il était hors de question de lui offrir un cœur qui n’était pas totalement occupé par lui seul car… Car non, mon amour pour Natacha n’avait pas disparu. Il ne disparaîtra jamais, et ce même s’il devait à présent se partager la place avec mon amour pour Samuel. Je les aimais tous les deux, mais pas de la même manière, pas avec la même force et il aurait été hypocrite que de dire que j’aimais d’avantage Samuel. C’était malheureusement bien loin de la vérité… Je l’aimais, oui. Je l’aimais plus que de raison mais ce n’était en rien comparable avec mon amour pour ma femme, défunte. Ce genre d’amour qui ne faiblit jamais. Alors non, je n’allais pas répondre à son geste comme il l’aurait certainement voulu et j’en étais désolé. Ma main glissa de son corps pour finir sur ma cuisse, mon regard exprimant très clairement de silencieuses excuses. Seulement j’estimais qu’il méritait des explications et même si j’étais totalement incapable de lui dire la vérité, je devais improviser.

Les larmes me montèrent rapidement aux yeux pour deux raisons. J’étais ému, réellement ému de connaître ainsi ses sentiments et croyez-moi, j’aurais voulu qu’ils soient parfaitement réciproques. Sur certains points ils l’étaient, oui, je l’aimais moi aussi et je voulais vivre pour lui, seulement mon cœur ne lui était pas entièrement libre. Et c’était également pour cela que j’éprouvais l’envie quasi irrésistible de pleurer. Il était douloureux pour moi que de savoir que jamais je ne pourrais l’aimer aussi fort que lui m’aimait puisque à la différence de Samuel, je ne pouvais pas lui offrir mon cœur. Douloureux que de savoir qu’il allait souffrir de par ma faute. Avant qu’aucune larme ne coule et trahisse ainsi ma peine, je me jetai sur ses lèvres et l’embrassai à pleine bouche, comme si c’était le dernier baiser que nous allions pouvoir partager. Il y avait un certain désespoir dans mon baiser, la manière dont mes mains s’accrochaient à lui le mettant encore d’avantage en relief. Puis, doucement, je me reculai et malgré moi sentis une chaude larme rouler sur ma joue. Je ne pouvais plus faire marche arrière. Je me reculai alors, prenant entre mes mains celles de Samuel. Je les portai à mes lèvres afin d’y déposer un bref baiser avant de planter mon regard dans le sien, un regard embué de larmes mais toute fois tendre.

« Je t’aime aussi, Samuel. Je t’aime de tout mon cœur et sache que j’attendrai avec impatience aussi ces moments qui n’appartiennent qu’à nous. Oui, j’attendrai chaque jour de pouvoir te serrer contre moi, de pouvoir frôler tes lèvres, de t’entendre dire que tu m’aimes autant que je t’aime mais… Mais je ne peux pas entièrement t’offrir mon cœur. Ce n’est pas de ta faute, ce n’est pas toi le problème, c’est moi. Samuel… Crois moi, en tombant amoureux de moi tu as fait une grosse erreur. »

Une nouvelle larme coula sur ma joue, je lâchai alors ses mains pour l’essuyer et haussai doucement les épaules.

« Il y a des choses que tu ignores, des choses qui m’empêchent d’être totalement à toi mais qui n’altèrent cependant pas mon affection. Je…Je ne peux pas répondre à tes questions, pas encore. Je sais que je te demande beaucoup, que j’en demande trop et que ta patience finira par s’user, j’en suis désolé... Mais il faut que tu saches, que tu saches tout avant de m’offrir ton cœur comme tu viens de le faire. »

Je plantai alors mon regard dans le sien, et fus particulièrement blessé de constater qu’il était tout comme le mien teinté de douleur, mais je devais être franc. Il le fallait absolument.

« Tu sais que j’ai été alcoolique, et je me demande déjà bien comment tu peux faire pour m’aimer malgré cela, mais ce n’est pas tout… J’ai un passé très douloureux. Et regarde moi, je ne peux pas te donner tout ce que tu veux. Tu le sais déjà oui, mais je crois que tu ne t’en rends pas compte. Je ne peux pas dévoiler notre amour au grand jour, je ne peux pas en parler à Lucy et Lucas, je ne peux pas avoir de relations sexuelles avec toi… Comment fais-tu pour m’aimer malgré tout ? Comment fais-tu pour accepter toutes ces conditions et me dire que tu m’aimeras toujours ? »

Je le pris dans mes bras, conscient de lui faire déjà du mal. J’embrassai doucement sa joue avant de le serrer contre moi et lui murmurer à l’oreille :

« Je ne veux pas que tu t’éloignes de moi, je ne veux pas que tu me quittes. Je t’aime, oui je t’aime mais il vaut mieux que nous arrêtions tout avant de nous faire trop de mal. Demande moi de partir et je le ferai sans un mot de plus, je ne t’embêterai plus jamais. Je te le promets, tu ne me croiseras même plus. Je deviendrai une ombre sans toi mais si cela peut t’éviter de trop souffrir par ma faute, je l’accepterai. Tu as juste un mot à dire et tu n’entendras plus jamais parler de moi. »

Mes mains se crispèrent dans son dos mais je n’en démordais pas. Mon sourire passait par celui de Samuel et il m’aurait été insupportable que de savoir que pour mon propre bonheur, j’allais ruiner le sien alors… Oui, j’étais capable de m’enfoncer encore d’avantage dans mon malheur si cela pouvait l’épargner. Oui, j’étais près à m’oublier totalement pour lui en faisant une croix sur ce futur si plaisant, sur ces bras si réconfortants, ces lèvres chaudes et douces. Je l’aimais suffisamment pour accepter de me détruire un peu plus, en l’épargnant lui.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




Come on Baby, light my fire. [ Samuel B. ] Empty
MessageSujet: Re: Come on Baby, light my fire. [ Samuel B. ]   Come on Baby, light my fire. [ Samuel B. ] Icon_minitimeMar 4 Jan - 17:25

Ce qu'on peut-être con quand on aime. On dit que l'amour rend aveugle mais il rend surtout très con. Idiot. Stupide. Naïf. C'est ce que j'étais dans les bras de Liam : Un con, naïf et amoureux... Je l'aimais tellement que je me forçais à oublier ce qui me faisait mal et ça, c'est très con. Mais finalement, ce n'était pas la raison pour laquelle j'étais vraiment stupide. Non, la véritable raison qui prouvait ma stupidité était de croire que Liam se sentait bien, aussi bien que moi. Qu'il m'aimait autant que je l'aimais. Que je lui étais exclusif autant qu'il me l'était. Le fait est que j'avais tort : Il ne s'agissait pas d'un amour à sens unique mais pourtant, après lui avoir murmuré que mon coeur lui appartenait, il changea radicalement de comportement. Il se raidit, comme ça lui arrivait dès que quelque chose le gênait et le pire fut la disparition complète de son merveilleux sourire qui me faisait tant chavirer : Il n'y avait plus rien. Son visage venait de se décomposer comme si je venais de lui apprendre une terrible nouvelle. En quoi le fait que je lui appartienne coeur, corps et âme pouvait être une mauvaise nouvelle? Là, je ne comprenais pas. Non, en fait, je n'y comprenais rien. Petit à petit, mon visage perdit également son sourire et je sentis mon coeur se mettre à battre plus vite mais pas parce que j'étais heureux : Non, là c'était la frousse qui le faisait s'emballer de cette façon. D'un seul coup j'avais peur, et j'avais raison... Bientôt, sa main quitta ma peau pour venir terminer sa course sur sa cuisse : Loin de moi. Un horrible frisson me parcourut le corps : J'avais l'impression d'avoir plongé dans un bassin d'eau glacée tant ce geste de recul, bien qu'il fusse léger, me fit mal. Très vite, ses yeux se mirent à briller, signe de futures larmes qui étaient sur le point de venir brouiller sa vue et noyer ses joues. Soudain, sans crier gare, alors que je pensais qu'il allait se mettre à me parler, à me raconter des choses horribles, des choses que je ne voulais surtout pas entendre, il se jeta sur mes lèvres où il écrasa les siennes. J'en fus surpris et je dois bien avouer que la détresse de ce baiser, la façon dont ses mains se crispèrent, m'empêcha d'en profiter pleinement et de me laisser aller. Oh, je le lui rendis car j'aimais l'embrasser, le tenir contre moi, mais j'avais cette horrible sensation qu'il m'embrassait comme si c'était la dernière fois et la peur l'emporta sur le plaisir. En fait, à ce stade là, ce n'était même plus de la peur : J'étais carrément paniqué.

Il finit par se reculer doucement et je vis une larme couler sur sa joue. Lorsqu'il saisit mes mains dans les siennes pour les porter à ses lèvres, ma panique n'en fut que plus grande : Ca ressemblait définitivement à un « adieu ». Déjà? Si vite? Peut-être avait-il réalisé qu'il n'était pas du tout prêt à m'aimer. Ou peut-être même avait-il finalement réalisé qu'il ne m'aimait pas réellement... Pourtant, c'était bien lui qui était venu dans ma chambre pour composer ce morceau pour moi. Pourtant, c'était bien lui qui m'avait déclaré son amour. Alors quoi? Est-ce qu'il avait juste décidé de s'amuser avec moi? De prendre une homosexuel pour un con juste parce qu'il les détestait ou qu'il se détestait? Je ne parvenais pas à comprendre ce qu'il cherchait et il le vit sans aucun doute dans mon expression puisque sa bouche s'ouvrit enfin pour m'apporter des explications. Il me regarda droit dans les yeux, contrairement aux autres fois où il avait eu tendance à fuir et j'y vis de la tendresse. Cela aurait dû me rassurer mais j'étais trop pétrifié pour être rassuré par un simple regard tendre. Les premières phrases furent plutôt positives et rassurantes : Il disait m'aimer de tout son coeur, que lui aussi allait attendre avec impatience ces moments qui allaient nous réunir. J'étais cependant toujours dubitatif et dans la plus totale incompréhension. Puis vint ce « mais ». Ce fameux petit mot de quatre lettres que l'on déteste entendre parce qu'on sait parfaitement que ce qui va suivre sera forcément négatif. Ce fut le cas bien entendu. Il était persuadé que j'avais fait une grosse erreur en tombant amoureux de lui. Où allait-il chercher des choses pareilles bon sang?... « Il faut que tu saches tout ». D'accord... Mais fais-vite parce que cette attente me rend dingue Liam... Une nouvelle larme coula sur sa joue, il lâcha mes mains et ma panique s'intensifia soudainement. Je crispai la mâchoire et serrai les poings. J'avais envie de pleurer mais je me retins : Ne me demandez pas comment, je n'en sais absolument rien. Après cette pause qui sembla durer une éternité, il reprit la parole. Alors oui, je savais qu'il avait été alcoolique et qu'il ne comprenne pas que ça n'avait pas d'importance pour moi m'était égal : Je l'aimais, point. J'aurais préféré qu'il s'en tienne là mais il continua et prononça à nouveau ces mots qu'il avait prononcés un peu plus tôt : Cette peur de ne pas pouvoir s'offrir à moi tout de suite, le fait de devoir cacher aux autres et particulièrement aux jumeaux notre relation... Comment arrivais-je à l'aimer malgré tout? Comment arrivais-je à lui promettre d'être à lui pour toujours? Mais parce que je l'aimais justement nom d'un chien! Parce que mon coeur battait pour lui, que mon corps vibrait pour lui, que mon âme brillait pour lui et parce que je l'aimais de cette façon j'étais prêt à tout pour pouvoir être à ses côtés et être aimé de lui. J'étais prêt à tout supporter, à tout endurer. Je n'avais pas d'explications à donner ni de justificatifs. Je ne pouvais pas l'expliquer : Mon amour pour lui me permettait d'être fort, voilà tout.

Comment lui faire comprendre? Comment lui permettre d'arrêter de douter une bonne fois pour toutes? Comment?!

Je cherchais toujours cette réponse lorsqu'il me prit dans ses bras. Alors, je l'entourai des miens et le serrai contre moi avec force. Il embrassa ma joue avant de murmurer quelques mots à mon oreille. Des mots qui me poignardèrent en plein coeur. Des mots qui me donnèrent l'impression de mourir sur place. Il ne voulait pas que je m'éloigne, que je le quitte, il m'aimait mais il valait mieux arrêter avant de nous faire trop de mal. Je n'avais qu'un mot à dire et tout s'arrêterait là : Il s'en irait, et je n'entendrais plus jamais parler de lui. Comment pouvait-il imaginer que cette solution-là allait me rendre heureux? Je resserrai mon étreinte autour de lui et le serrai contre moi presque à l'en étouffer.

-Tais-toi... Tais-toi...

Murmurai-je avec force.

Alors que jusque là j'avais réussi à me retenir de pleurer, cette fois, je fus incapable d'empêcher les larmes de couler sur mes joues. Je fus parcouru de frissons et me mis à trembler : Cette idée d'être séparé de lui m'était intolérable.

-Je t'en supplie, ne dis plus jamais des choses pareilles Liam...

Je finis par me reculer doucement, juste assez pour pouvoir plonger mon regard rempli de détresse dans le sien.

-Comment peux-tu croire que je serais mieux sans toi? Je t'aime et je crèverais sans toi Liam! J'en crèverais si tu me quittais... Alors ce n'est pas moi qui vais te quitter. Je te veux dans ma vie parce qu'elle n'aurait plus aucun sens sans toi maintenant que tu en fais partie et ça... Ca me suffit...

Je voulais qu'il comprenne. Il fallait qu'il comprenne.

-C'est parce que je t'aime à en crever que j'attendrai et que je serai toujours là, quoi qu'il arrive. Quoi qu'il arrive...

Je posai doucement mes lèvres sur les siennes, l'embrassant avec tendresse. Ce baiser fut très bref et quelques secondes plus tard, j'avais de nouveau plongé mon regard dans le sien.

-Il faut que tu aies confiance en moi, en mon amour pour toi et que tu arrêtes de te poser toutes ces questions.

Et parce que je sentais qu'il fallait que je le rassure défintivement, j'ajoutai :

-J'ai compris ce que tu m'as dit, et si un jour, même si je suis persuadé que ça n'arrivera pas... Si un jour j'ai trop mal, si c'est trop dur pour moi, je te promets que je réfléchirai à ce que tu viens de me dire. Mais en attendant, on n'en parle plus, d'accord?

Il y eut un bref silence et les larmes redoublèrent sur mes joues.

-On ne revient pas là-dessus, d'accord?

La panique n'avait pas disparu, bien au contraire : J'avais tellement peur que mes mots ne suffisent pas. J'avais peur que malgré ma sincérité, malgré le fait qu'il ait décidé de me laisser prendre la décision, qu'il décide lui-même de mettre fin à notre histoire à peine commencée. Oui, j'avais cette peur panique en moi et mon étreinte traduisait cette panique : Je tremblais toujours, encore plus que quelques instants auparavant parce que s'il me quittait, qu'est-ce que j'allais devenir? Moi qui avait fini par me persuader que mes douleurs du passé avaient été là pour me préparer à mon histoire avec Liam... Si cette histoire se terminait maintenant, si une nouvelle souffrance s'ajoutait aux autres, alors elles n'auraient plus aucun sens. J'aurais souffert pour rien. J'aurais aimé pour rien. Je n'arrivais pas à me faire à cette idée. C'était impossible. Je ne pouvais pas perdre Liam, pas si vite, pas maintenant que j'avais retrouvé le goût d'aimer, que mon coeur s'était rouvert pour mon plus grand bonheur. « Ne me laisse pas... Ne me quitte pas... Ne m'abandonne pas... » Mon corps tout entier lui hurlait ces mots et je priais le Ciel pour qu'il les entende. Je priais et j'attendais parce qu'il n'y avait rien d'autre à faire : J'attendais qu'il esquisse un geste et qu'il murmure quelques mots. J'attendais qu'il me délivre ou qu'il m'achève.

J'attendais.
Revenir en haut Aller en bas
Liam Marsden
In love with JUDASLiam Marsden


Messages : 130
Date d'inscription : 06/07/2010
Age : 44
Localisation : Elizabeth Town

Come on Baby, light my fire. [ Samuel B. ] Empty
MessageSujet: Re: Come on Baby, light my fire. [ Samuel B. ]   Come on Baby, light my fire. [ Samuel B. ] Icon_minitimeDim 9 Jan - 18:04

La tristesse, voilà un sentiment bien étrange. Elle peut survenir en un claquement de doigts, gâchant les moments merveilleux que l’on aurait dû vivre mais qui vraisemblablement n’étaient pas destinés à éclore déjà. Nous étions heureux, bien à la limite, et d’un coup tout s’écroulait. Il ne dépendait que d’un mot, d’un geste, pour que notre sourire se fane et nos yeux se teintent de cette lueur propre à la peine bien trop vite revenue. En cet instant, dans les bras de Samuel, j’aurais dû être heureux. J’aurais dû ressentir cette ivresse saine et agréable qui engourdirait mes membres jusqu’à en perdre la tête. Il n’en était cependant rien. Peut-être n’en serait-il jamais plus rien, car en cet instant, oui, tout venait de décliner à une vitesse étourdissante et bien malgré mes certitudes et mes paroles, il m’était impossible de réfléchir clairement. Etait-je réellement entrain de prendre ce risque horrible, cette potentielle perte du seul être qui réussissait à me redonner goût à la vie ? De toute évidence oui, et quelque part cela était fondé : J’avais bien trop peur de lui faire du mal. Bien trop peur de gâcher cette personne extraordinaire, l’user à force de défaites et d’insatisfactions. Et parce que je ne voulais justement pas le détruire lui, parce que mon propre bien-être passait après celui des autres, et particulièrement après le sien, je lui donnais le choix. Je le prévenais et lui laissais le choix : Tu vas souffrir, c’est obligatoire, mais il est encore temps de t’enfuir. Tu peux faire marche arrière et trouver quelqu’un de mieux, ça ne sera pas difficile pour toi. Je t’aime, tellement que je donnerais tout pour que tu sois heureux, mais incontestablement, ce bonheur ne passe pas par moi. Désolé. Quel serait son choix, et que ferais-je s’il s’agissait du mauvais ? Le quitterais-je, pour son bien ? Rien n’était moins sûr… En réalité, je préférais qu’il en décide de lui-même, qu’il soit de nouveau le plus solide de nous deux pour prendre sur lui un tel choix. Personnellement je ne me sentais nullement le courage d’affronter cet abandon, encore moins après avoir si clairement déclaré mes sentiments. J’avais été celui qui avait fait les premiers pas, même si maladroits, le rôle de celui qui les anéantis ne devait pas me revenir. Je l’entendis alors me supplier de me taire : Il allait faire le mauvais choix. Mes mains se crispèrent encore un peu plus sur ses épaules car dès lors, j’allais effectivement devoir prendre sur moi. J’allais devoir me poignarder en plein cœur pour éviter de trop l’abîmer lui, qu’importe qu’il ai décidé de demeurer auprès de moi ou non. Il le fallait. Je devais le protéger. Cette idée ne fit que se renforcer lorsque je l’entendis pleurer et sentis trembler contre moi. Mes larmes s’intensifièrent un peu plus, Samuel ne se rendait certainement pas compte de ce qu’il faisait.

Il me supplia alors de ne plus jamais prononcer de telles paroles, puis se recula pour finalement planter son regard dans le mien. Un regard qui me brisa un peu plus le cœur, un regard à la détresse visible qui me faisait d’avantage mal encore. Il avait peur, je ressentais, voyais cette peur et malheureusement elle était fondée : J’allais le quitter. J’allais le quitter après l’avoir supplié de rester avec moi et de m’aimer malgré toutes mes peurs, mes craintes et mes doutes. J’avais déjà été d’un sadisme poignant avec lui… J’avais été un véritable monstre en lui volant ainsi son cœur pour finalement lui renvoyer en pleine figure si vite. J’étais surtout perdu. J’aurais voulu l’arrêter, lui dire qu’il fallait qu’il sache et il fallait qu’il comprenne mais mes lèvres ne laissèrent rien échapper. Je le regardai avec le même désespoir, la même crainte et pourtant j’étais le seul à pouvoir décider à présent. Dès lors qu’il ne me quittait pas, il ne restait plus que moi pour le faire, c’est la règle du jeu. Malheureusement, plus il me regardait de cette manière, plus je ressentais seulement l’envie de le prendre dans mes bras et lui dire que je respectais son choix, lui dire que tout irai bien. Je n’en fis, une nouvelle fois, absolument rien. En fait, j’étais totalement pétrifié, parce même quand je l’avais repoussé, même quand je lui avais déclaré mon amour, je ne l’avais jamais vu dans un état pareil. Je ne l’avais jamais vu si triste, si perdu mais surtout autant implorant. Dans son regard, je savais qu’il savait. Il savait que j’allais le quitter, et ses mots ne firent que renforcer cette impression : Il disait qu’il mourrait si je le quittais, que sa vie n’aurait plus aucun sens sans moi mais surtout que le simple fait que j’en fasse partie lui suffisait déjà. Je ne comprenais pas… Comment avais-je pu prendre déjà une telle importance à ses yeux ? Comment expliquer que je lui sois si cher alors que notre histoire, réellement, n’avait commencé que ce soir ? Il avait dû nourrir cet amour plus tôt, oui, mais pas assez pour que je lui devienne vital. Il était là depuis tout au plus trois semaines et en trois semaines on ne dépend pas comme ça d’une personne, bon sang ! Pourquoi moi ? Pourquoi m’obligeait-il à lui arracher le cœur de la sorte ? C’était sans doute ma faute au final, mais je haïssais ce qui allait suivre. Je haïssais lui faire autant de mal. Samuel aurait été prêt à n’importe quel sacrifice pour demeurer à mes côtés, c’était évident, et bien loin de me faire plaisir cette certitude me faisait horriblement peur.

Donc, pour éviter de le faire souffrir, j’allais le quitter, sachant pertinemment que cela allait le faire souffrir ? Quel beau gâchis Liam ! Je faisais n’importe quoi. Vraiment n’importe quoi, mais c’était trop tard. Dans tous les cas j’allais lui faire du mal, je ne pouvais plus rien faire pour lui. A partir du moment où je l’avais embrassé dans la cuisine, j’avais cessé de le protéger comme j’aurais dû le faire. Après tout, m’aurait-il aimé si je ne lui avais pas fait croire que quelque chose était possible entre nous ? Je n’en savais rien. C’était difficile à dire, ma culpabilité me murmurait seulement que tout était de ma faute et que Samuel ne méritait pas ça. Non, il ne méritait pas de pleurer comme un enfant dans mes bras, me suppliant de ne pas le quitter et de ne jamais remettre cette discussion sur le tapis. Il m’attendrait… Mais pour trouver quoi, au final ? Je n’étais pas l’homme qui lui fallait, c’était un fait indéniable. Alors quoi ? Nous nous aimions, mais cela ne suffisait pas. Avec moi cela ne mènerait jamais à rien : J’étais comme un grand brûlé, Samuel pourrait attendre mille ans que ma peau ne retrouverait jamais sa pureté passée. Il posa alors ses lèvres sur les miennes et bien malgré moi, bien malgré mon choix, je n’eus aucun mouvement de recul. Je n’avais pas envie de le quitter, même s’il le fallait. Je n’avais pas envie de me séparer de lui, puisque bon sang, je l’aimais ! Je l’aimais, et c’était la toute première fois que je ressentais cela depuis Natacha mais malheureusement, j’avais bien trop peur de moi pour pouvoir me laisser aller. Trop peur de ce que j’allais lui faire pour lui dire d’oublier tout ça. Cependant, mon choix de le quitter n’allait pas le rendre heureux et j’en étais pleinement conscient… Je ne savais plus quoi faire, ni quoi dire lorsqu’il se recula au bout de quelques secondes. Son baiser, comme celui que je lui avais rendu, avait été tendre et doux. Quel sadisme, en sachant que mes pensées se dirigeaient principalement vers l’échéance de notre amour. Je n’étais cependant pas sûr, je ne l’étais plus. Et quand il me demanda d’avoir confiance en lui et d’arrêter de me poser tant de questions, mon choix s’ébranla un peu plus encore. La meilleure solution ne m’apparaissait malheureusement pas.

- J’ai compris ce que tu m’as dit, et si un jour, même si je suis persuadé que ça n’arrivera pas…Si un jour j’ai trop mal, si c’est trop dur pour moi, je te promets que je réfléchirai à ce que tu viens de me dire. Mais en attendant, on n’en parle plus, d’accord ?

Je fus incapable de répondre, mes lèvres tremblaient trop pour pouvoir articuler quoi que ce soit. En réalité je ne savais même pas ce que j’aurais pu lui dire. Il souffrait déjà tellement par ma faute, à cause de mon indécision mais surtout mon incapacité à l’épargner. Je n’avais plus réellement le choix, en fin de compte. Il m’était impossible de lui dire que je l’abandonnais malgré la promesse qu’il venait de me faire, impossible de le laisser là alors qu’il m’avait juré prendre la bonne décision si jamais elle s’imposait. Il était donc capable de le faire, il n’en ressentait seulement pas encore le besoin… Cela arriverait, à un moment ou à un autre. A moins que je ne sois fort pour lui, à moins que je ne sois l’homme qu’il mérite, il souffrirait. Impossible de dire si j’en étais capable ou non, je pouvais du moins essayer. Je pouvais essayer de le rendre heureux, même si ça allait prendre du temps et n’aboutirait peut-être jamais. Pour lui je devais au moins ne pas abandonner si vite et tenter ma chance, notre chance. Tout dépendait uniquement de moi, or ce poids sur mes épaules pesait bien lourd et lorsqu’il me redemanda, d’une voix toujours, voire d’avantage, suppliante, de ne plus en parler, le poids s’alourdit encore bien plus. Samuel tremblait entre mes bras, pleurait entre mes bras, et cela n’était que de ma faute. Je n’étais qu’un sombre idiot… Un misérable idiot froussard et incapable d’affronter la vérité en face. Nous savions tous les deux que ça allait être dur, que nous allions devoir nous battre pour construire cette relation si nous la désirions réellement, or il était clair que nous la voulions. Alors j’allais l’aider. Il ne serait pas seul à se battre pour moi : Je ferai de même en tentant de le blesser le moins possible, même si cela devait arriver tôt ou tard. Je lui devais au moins ça. Pourtant, je demeurais silencieux quelques secondes encore, mon regard rivé au sien, étant dans la totale incapacité de bredouiller quoi que ce soit. Je pris le temps de rassembler mes pensées, mettant mes doutes et mes craintes de côté. Finalement, je dû faire preuve d’un courage énorme pour esquisser un sourire qui se voulait rassurant et poser mes mains sur ses joues.

« A une condition - murmurai-je, mon sourire s’effaçant progressivement Je veux que tu arrêtes de pleurer. S’il te plait…Arrête… »

Et cette fois, ma voix avait été aussi suppliante que la sienne. Cette douleur dans ses yeux, dans ses gestes, je ne voulais plus jamais la revoir. Je ne voulais plus jamais en être la cause mais surtout je voulais absolument que ses sanglots cessent car ils ne cessaient de me rappeler la raison pour laquelle j’avais failli mettre fin à notre relation. Je pleurais comme lui le faisait, ce n’était cependant pas la même chose. Je glissai alors mes doigts sur ses joues pour ôter ses larmes qui les salissaient, puis l’embrassai avec tendresse sur le front avant de me reculer doucement, mon visage à à peine quelques centimètres du sien et mes mains demeurant sur ses joues.

« Pardonne-moi pour le mal que j’ai déjà fait. J’ai tellement peur… Je ne voulais pas te blesser, ni te rendre si malheureux, au contraire… Je t’en supplie arrête de pleurer. »

Je me reculai et essuyai les nouvelles larmes, les traîtresses. C’est alors que je pris une grande inspiration et calmai mes propres sanglots, tachant de ne pas faire paraître ceci comme un geste de recul. Immédiatement, je repris son visage entre mes mains et le couvris de baiser, avant de m’attarder plus longuement sur ses lèvres. J’essayais de lui faire ressentir, à défaut de pouvoir lui dire avec adresse, tout l’amour que j’éprouvais à son égard et combien je tenais déjà à lui. Je posai ensuite mon front contre le sien, le regardant droit dans les yeux, avant de murmurer d’une voix déterminée :

« On n’en parle plus. Regarde, je suis là… Je suis là et je ne vais aller nulle part, je ne vais pas te quitter. Ni maintenant, ni après. J’aimerais tant te voir heureux, te voir sourire, mais tu le sais… J’ai peur… C’est juste de la peur, tu verras, elle passera. Ensemble on la fera disparaître. »

Il m’avait fait cette promesse immédiatement après lui avoir expliqué tout ce que je ressentais, et à présent c’était à moi de lui faire. Il y avait beaucoup d’obstacles entre nous, ces derniers tomberaient forcément à un moment ou un autre. Un jour, dans des semaines ou des mois, mais un jour j’arriverai forcément à anéantir cette peur immonde et assumer pleinement notre amour. C’était forcé, avec Samuel à mes côtés, je ne pouvais demeurer éternellement apeuré comme je l’étais à l’instant car il représentait tout ce dont j’avais cruellement besoin : Le réconfort, la tendresse, la sûreté… Comme un cadeau du Ciel, après de longues épreuves il m’avait été donné et je ne désirais plus le moins du monde jeter ce cadeau à la poubelle alors… J’allais tout faire pour qu’il reste avec moi, j’allais tout faire pour qu’il soit heureux à mes côtés et que notre couple dure. Et qui sait ? Peut-être que ça fonctionnera, peut-être que j’avais eu tort de douter et peut-être que dans des années nous y repenserons avec le sourire, trouvant cette scène complètement idiote. En attendant, je ne supportais définitivement pas de le voir pleurer. En dépit de mes mots, de mes caresses, il tremblait toujours autant et ne semblait pas pouvoir se calmer. Je compris alors qu’il avait terriblement eu peur, et sans doute avait-il toujours peur que je revienne sur mes promesses, c’était probable après tout. Rien n’était jamais sûr avec moi. Je le pris dans mes bras, le berçant avec douceur. Samuel, en cet instant, ressemblait à un enfant dans mes bras, un enfant que j’aurais puni et qu’il me fallait à présent consoler. Cette scène me faisait tellement mal… Je ne savais réellement pas quoi faire. Alors, refusant de m’en aller en le laissant de cet état, je finis par me reculer et me lever, lui prenant la main pour le relever à son tour. Ses larmes ne se tarissaient pas, son regard n’exprimant rien d’autre que cet appel à rester auprès de lui. Cependant, ce voile de tristesse s’éclairci pour laisser place à l’incompréhension lorsque je portai mes mains à sa chemise pour en défaire les boutons. Redoutant sans doute que je ne fasse quelque chose qui ne me plaisait pas pour le consoler, il posa alors ses mains sur les miennes afin de m’arrêter dans mon élan et j’eus un sourire tendre : Il n’y était pas du tout.

« Tu es fatigué, viens, on va se coucher. »

Je lui caressai la joue avant de murmurer :

« Les jumeaux vont se demander où je suis si je ne retourne pas dans notre chambre ce soir, mais je vais rester jusqu’à ce que tu t’endormes. D’accord ?... Je vais rester encore un peu. »

Il finit par y consentir en hochant doucement la tête, je le laissai alors finir de se déshabiller en retirant moi-même mes chaussures, puis attendit qu’il eut passé un vieux t-shirt pour me glisser à ses côtés dans son lit. Immédiatement, il se blottit dans mes bras et je ne pu m’empêcher de le serrer contre moi, lui embrassant avec tendresse le front. Peu à peu, il sembla se calmer pour enfin sécher ses larmes et nous demeurions ainsi, silencieux, collés l’un à l’autre. Au bout de quelques minutes il releva la tête vers moi et la posa sur mon épaule ; j’en profitai pour l’embrasser et lui murmurer un « bonne nuit » aussi doux que possible. Mes mots durent avoir l’effet voulu puisqu’il me sourit doucement avant de fermer les yeux. Les miens n’étaient pas clos, le dévorant tout cru tandis qu’il sombrait peu à peu dans un sommeil qui je l’espérais serait agréable. Il ne dormait cependant pas, et profitant de cet instant de paix entre nous, je lui susurai à l’oreille :

« Demain quand tu te réveilleras, je ne serai plus là, j’aurais déjà rejoins les jumeaux depuis l’instant où tu te seras endormis. Et lorsque tu me verras, dans la salle à manger ou n’importe où, je ferai mine de ne pas t’avoir vu car cet amour est pour l’instant notre secret. Un secret que je chéris, et que je ne gâcherai pour rien au monde. Alors même si je n’effectue aucun geste vers toi, même si je ne te regarde pas, n’oublie jamais que mon cœur bat pour toi, et que tu règnes sur mes pensées… N’oublie pas combien je t’aime, parce que je t’aime Samuel. Je t’aime et demain soir, je serai de nouveau à tes côtés. Je reviendrai tous les jours, sans exception. Je te reviendrai, quoi qu’il arrive. »

Et parce qu’il en avait besoin autant que moi, parce qu’il m’aimait aussi fort que je l’aimais, parce que ce serait long et dur, je lui fis cette seule promesse que je n’étais pas sûr de pouvoir tenir, cette seule promesse qui possédait vraiment de la valeur. La seule à compter réellement.

« Je vais tout faire pour que tu sois heureux à mes côtés Samuel. Je te le promets. Tu seras heureux avec moi. »

[OVER]
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





Come on Baby, light my fire. [ Samuel B. ] Empty
MessageSujet: Re: Come on Baby, light my fire. [ Samuel B. ]   Come on Baby, light my fire. [ Samuel B. ] Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
Come on Baby, light my fire. [ Samuel B. ]
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Let the Skyfall [Samuel B.]
» Samuel Brimstone [Photographe]
» Can I have a word with you ? [Aaron T. ; Mathilda J. ; Samuel B.]
» Give me a kiss before you tell me Goodbye. [Samuel. B]
» A nightingale in a golden cage { Samuel }

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
This Is War :: New York survivants-
Sauter vers: