Honest to God I will break your heart... { Ethan } - 18 !

J'étais certainement une idiote. Mais une idiote amoureuse. Une fois encore, j'avais cédé, alors que j'étais déterminée à m'éloigner de lui pour de bon. J'avais vraiment tout fait pour lui résister, pour ne pas céder devant sa tristesse et sa souffrance. Tout. Mais il faut croire que mon coeur n'avait pas abandonné la partie finalement. Ma raison, en revanche, avait abdiqué pour de bon, se devinant trop faible. Il ne sert à rien de se servir de sa tête quand le coeur se chargeait de tout. Bien sûr que j'étais stupide. J'étais prête à lui pardonner tout et n'importe quoi. Surtout s'il ne cessait de me dire qu'il avait fait tout ça pour moi. Mais c'était effrayant de savoir qu'il était prêt à se tuer pour moi. C'était une responsabilité de trop pour moi. S'il lui arrivait quoi que ce soit, je me sentirais terriblement coupable. Quand bien même il ne cesserait de me répéter que ce n'était pas ma faute... Là, il s'était drogué, il avait mis sa vie en danger pour que moi je puisse rester en sécurité. Comment ne pas s'en vouloir, au moins un tout petit peu ? Je ne voulais pas de ça. Je ne voulais plus de ça...

Je n'osais pas le lâcher. J'avais passé mon bras autour de lui, comme si je craignais qu'il ne tombe si je m'écartais. Je savais qu'il faisait tous les efforts possibles pour ne pas s'appuyer sur moi. Mais il était fatigué, il était épuisé. Et moi, comme une imbécile, je l'avais achevé. Il n'aurait eu besoin que d'aller se coucher dès son retour et au lieu de cela, je l'avais littéralement poignardé. Voilà pourquoi j'avais cédé, en fin de compte. Je me sentais coupable, je me sentais monstrueuse. Il devait penser que j'étais bien cruelle avec lui... Et surtout qu'il ne le méritait pas. Je priais pour qu'on ne croise personne. Je n'aurais pas voulu avoir à expliquer pourquoi nous avions l'air si tristes, si fatigués... Alors que nous aurions dû sourire et nous réjouir de nous retrouver... Nos amis ne devaient plus comprendre ce qui nous arrivait. Un coup oui, un coup non... Ils devaient nous trouver fous. Ou alors complètement masochistes. S'ils ne disaient rien, ils n'en pensaient pas moins.

J'ai poussé la porte de la chambre d'Ethan. Je n'ai pas pu m'empêcher de frissonner. Il faisait sacrément froid dans cette pièce. À moins que je ne me fasse des idées ? Je l'ai aidé à s'asseoir sur le lit, doucement. Puis je me suis assise à côté de lui, sans le regarder d'abord. Je pensais toujours que rester ensemble n'était pas la bonne solution. Mais je ne pouvais décemment pas revenir sur ma décision. Il avait besoin de moi. Il m'appelait au secours, et je ne pouvais pas l'ignorer. Pas cette fois ci. J'avais déjà ignoré sa douleur pendant près d'une heure. C'était déjà trop. J'ai fermé les yeux une seconde, avant de me tourner vers lui. J'ai pris ses mains entre les miennes. Je n'osais pas le regarder. Je craignais une nouvelle fois de voir la douleur dans ses yeux. Et c'était tout à fait insupportable, inacceptable. J'ai caressé sa peau tout doucement.

« Tu es glacé, Ethan. »

Moi aussi j'étais glacée. Aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur. Mais je ne tremblais pas. Lui, il tremblait. Lui, il était en manque. C'était à moi de m'occuper de lui, comme je savais si bien le faire. Ou comme je pensais savoir m'occuper de lui. Je l'ai forcé à s'allonger. Enfin, forcé est un grand mot. Il n'avait pas vraiment de raison de résister. Je l'ai couvert d'une épaisse couverture, avant de m'asseoir près de lui. Oui, je sais, il me voulait dans ses bras. Mais pour le moment, il n'avait pas son mot à dire. De toute façon, j'étais d'accord pour passer la nuit avec lui. Sa demande serait satisfaite à un moment où à un autre... Pour le moment, je cherchais surtout à l'apaiser. Je voulais effacer cette horrible image qu'il avait eue de moi. Je caressais ses cheveux doucement. Parfois je me disais que j'avais vraiment un extraordinaire instinct maternel.

« Ce que nous faisons là, ce n'est peut-être pas très raisonnable. »

Et oui, en un sens, à quoi bon passer une ultime nuit ensemble, pour se séparer ensuite? À moins qu'il ne soit plus question de séparation ? Je ne savais plus où j'en étais. Visiblement lui non plus. J'ai soupiré tout bas. Je me suis penchée pour déposer un baiser sur son front.

« Je ne sais pas quoi faire, je ne sais plus quoi faire... Mais tout ça doit s'arrêter. Tout ça doit s'arrêter. Nous n'en pouvons plus, ni l'un ni l'autre. Tu sais que je tiens à toi. Mais je n'en peux plus de te voir de détruire. Je ne changerais pas d'avis... Je t'en prie, essaie de comprendre. Le passé me manque... Mais on ne peut pas vivre dans le passé... »

Jamais je n’aurai pensé pouvoir en arriver à cette situation. J’aimais Katarina. Elle m’aimait. Mais elle me quittait ou je la quittais. Je ne savais plus très bien qui quittait l’autre. Tout ce dont j’étais sur, c’est que depuis une heure nous ne cessions de nous faire du mal. Nous n’avions pas haussé la voix, mais si ça avait été le cas, les mots auraient sans doute été moins durs. Au lieu de cela, nous parlions presque calmement mais nous nous disions des horreurs. Nous ne nous insultions pas, mais ce qu’elle me disait me blessait. Et ce que je lui disais semblait l’affecter.

Elle a accepté de passer cette nuit dans mes bras. Une dernière nuit….Je me promettais de ne pas la toucher, de ne pas l’embrasser. Pourtant je savais que cela serait difficile, mais il fallait que je tienne. L’avoir déjà dans mes bras serait au dessus de mes espérances. Elle a passé un bras autour de moi, et c’est tout naturellement vers ma chambre qu’elle nous a amenée. Je n’ai pas osé lui dire quoi que ce soit, et elle non plus. Elle m’a aidé à m’asseoir et a pris place à côté de moi. Je ne savais pas quoi lui dire. Pour la première fois depuis que je la connaissais, je ne savais pas quoi lui dire. J’avais l’impression de ne plus savoir comment l’aborder. J’étais littéralement perdu. Entre mes sentiments pour elle et ce que je voulais, et ce qu’elle voulait et disait vouloir.

J’ai esquissé un sourire lorsqu’elle s’es tourné vers moi et qu’elle a pris mes mains dans les siennes. Je ne lui imposerais rien. Même si je savais que cela n’arrangerait pas les choses, je ne l’ai pas repoussé. Je l’aimais et elle faisait un pas vers moi. Peu importe si elle reculait dans quelques secondes. Ce qui importait à cet instant, c’était ce geste. Je me serais raccroché à n’importe quoi de toute façon. Juste pour atténuer ma souffrance. Elle ne me quittait pas pour quelqu’un d’autre, ou parce qu’elle en avait assez de moi. Elle me quittait parce que nous nous faisions du mal. Curieuse consolation hein ?

« Tu es glacé, Ethan. »

Sans doute. Mais tant qu’elle était là je m’en fichais bien. J’avais froid, je tremblais comme il n’était pas permis mais elle était là. Elle avait toujours été là pour moi. J’étais vraiment un abruti de lui faire supporter tout cela mais j’avais besoin d’elle. Désespérément. Elle était la seule à savoir comment m’apaiser. Enfin non pas la seule….Avant elle, il y avait eu ma mère….J’avoue que parfois je voyais ma mère en Katarina. Je n’ai pas pu m’empêcher de lui dire.

-Tu me rappelles ma mère quand tu es comme ça avec moi. Parfois je la vois en toi…

N’importe quelle personne censée m’aurait dit que j’étais fou de dire cela à une femme. Dire à une femme qu’elle vous rappelle votre mère c’était presque du suicide. Mais je ne le voyais pas ainsi. Pour moi ma mère était une sainte. Je n’avais jamais rencontré quelqu’un qui fut a sa hauteur avant Katarina. Pourtant j’avais croisé la route de pas mal de filles, mais jamais je n’avais eu cette impression de me sentir à ma place avec quelqu’un. Quand Katarina me prenait dans ses bras, je me sentais protégé. Et quand elle réclamait mon étreinte, j’avais l’impression que rien n’était plus important au monde. C’était assez inexplicable.

Du plat de la main elle m’a forcé à m’allonger quand les tremblements se sont faits plus intenses. Elle savait comment fonctionnait mes crises de manque. J’étais bien plus calme quand j’étais allongé et qu’elle me caressait les cheveux tendrement. Et elle l’a fait. Tout naturellement. Comme si c’était écrit. Lentement j’ai fermé les yeux et je me suis un peu laissé aller. Il me faudrait du temps pour faire passer cette crise, je le savais. Mais Katarina était là. Malgré tout le mal que j’avais pu lui faire, elle demeurait là à mes côtés. Elle méritait bien que je la surnomme mon ange.

« Ce que nous faisons là, ce n'est peut-être pas très raisonnable. »

Elle avait raison. Ce n’était pas raisonnable. Mais il y avait longtemps que j’avais arrêté d’être raisonnable. Si tant est que je l’avais été un jour.

-Je sais, mais j’en ai tellement besoin. Une dernière fois s’il te plait Kat…

J’ai posé une main sur sa hanche quand elle s’est penchée sur moi pour déposer un baiser sur mon front. Je me retenais de l’attirer à moi.

« Je ne sais pas quoi faire, je ne sais plus quoi faire... Mais tout ça doit s'arrêter. Tout ça doit s'arrêter. Nous n'en pouvons plus, ni l'un ni l'autre. Tu sais que je tiens à toi. Mais je n'en peux plus de te voir de détruire. Je ne changerais pas d'avis... Je t'en prie, essaie de comprendre. Le passé me manque... Mais on ne peut pas vivre dans le passé... »

Je comprenais ce qu’elle voulait dire. Nous nous étions fait trop de mal. Et pour le moment du moins, être ensemble n’était pas la meilleure solution, aussi bien pour elle que pour moi. Je voulais me persuader que c’était mieux comme ça pour le moment. Mais je savais que je ne renoncerais pas à elle. J’abdiquais pour le moment…seulement pour le moment.

-Je comprends….Ne t’en fais pas je comprends…Laisse-moi juste du temps pour accepter.

Et du temps il allait en falloir. Ainsi, elle aurait du temps aussi pour comprendre que je l’aimais, et que je ne faisais ça que pour elle. Et peut –être que c’était ça dont nous avions besoin. De temps. Je lui avais dis tant de choses ce soir que je me sentais perdu. J’ai inspiré à fond avant de prendre une initiative osée. Ma main était toujours posée sur sa hanche alors je l’ai attiré à moi et j’ai refermé mes bras sur elle en m’approchant de son cou où j’ai niché ma tête.

-Oh Katarina….Comment on est arrivés là ?

J'ai souris. Je lui rappelais sa mère... C'était loin d'être une insulte ou quoi que ce soit dans ce même genre. Pour la simple et bonne raison que je savais qu'Ethan respectait sa mère plus que tout. C'était assez rare qu'un homme reconnaissance son attachement à sa mère. Et surtout avec une telle intensité. Je savais qu'il n'avait pas supporté la mort de ses parents. Qui l'aurait supporté ? Moi, si je n'avais pas énormément de souvenirs de ma mère, elle me manquait quand même. Quant à mon père... Il me manquait toujours. Il était toujours très arrêté sur ses principes, surprotecteur, parfois insupportable... Mais c'était mon père, quoique je puisse en dire, il avait toujours été là pour moi. Je savais qu'il aurait fait l'impossible pour moi. Je me suis surprise en train de sourire. Parfois, Ethan me rappelait mon père. Même s'il était beaucoup plus sensible. Mon père s'arrangeait toujours pour ranger ses sentiments dans une boite. Les sentiments d'Ethan étaient toujours exacerbés. J'ai caressé son visage tout doucement, toujours avec un petit sourire.

« J'aurais aimé rencontrer ta mère. Je suis sûre que je l'aurais beaucoup aimée. »

Tout comme j'aurais aimé qu'il rencontre mon père. J'aurais été fière de le lui présenter. Je savais très bien comment mon père aurait réagi. Il lui aurait posé toutes les questions possibles et imaginables, sur lui, sur moi, sur nous... Et au final je suis sûre qu'il l'aurait beaucoup aimé. Et puis je ne lui aurais pas laissé le choix. J'ai eu un petit soupir. Cela n'arriverait pas. Ni aujourd'hui, ni demain. Mon père était mort, ses parents étaient morts... Et je venais de le quitter. Je venais de le quitter. Ah ! C'était certainement la chose la plus inattendue de toute ma vie. Moi, quitter Ethan Jones, l'homme de ma vie. Il y avait de quoi s'arracher les cheveux. C'était certainement la dernière chose que j'aurais cru faire. Et pourtant je l'avais fait. Et je restais convaincue que c'était la meilleure chose à faire. Alors qu'est-ce que je faisais encore là, à m'occuper de lui comme j'en avais l'habitude ? Je voulais l'apaiser, le calmer... Le voir serein et détendu. J'allais m'acharner à faire passer cette crise. Je l'avais déjà fait, je pouvais le refaire. J'ai de nouveau souris quand il a fermé les yeux. Je continuais de caresser ses cheveux pour qu'il se laisse aller. J'étais à deux doigts de lui chanter une berceuse, comme à un enfant. Il me faisait souvent penser à un enfant perdu.

J'ai rassemblé le peu de pensées cohérentes qu'il me restait pour protester une dernière fois, pour lui montrer que je restais sur mes positions. Non, ce n'était pas raisonnable du tout. J'ai eu un soupir désespéré. Encore une fois il fallait qu'il me supplie... Il avait promis d'arrêter ça pourtant. Mais comment lui en vouloir ? J'ai eu un léger frisson quand il a posé sa main sur ma hanche. Je n'ai pas pensé une seule seconde à le repousser. Je me suis penchée et j'ai embrassé son front tendrement. Je ne savais même plus ce que je faisais. Je lui disais qu'il ne fallait plus que nous soyons ensemble et pourtant je me rapprochais de lui. Il m'attirait encore et toujours comme un aimant. J'avais besoin d'être près de lui pour me sentir bien. Alors que je le quittais ! C'était complètement illogique. Il me demandait du temps pour accepter... Accepter d'être séparé de moi. Je me retenais tout juste de l'embrasser, de lui dire que je regrettais, que je regrettais tout ce que j'avais pu lui dire...

Je l'ai laissé me serrer contre lui. Finalement, j'avais bien besoin de ça moi aussi. Qu'il me serre contre lui. Il a niché sa tête au creux de mon épaule. C'était comme une dernière étreinte désespérée. Comme si nous savions que c'était la dernière. J'ai commencé à trembler. Mes doigts se sont crispés sur la couverture. J'étais moi aussi en pleine crise de manque. J'avais besoin de lui. Trop besoin de lui. J'ai réprimé un sanglot. Mais juste une seconde. Le temps qu'il me demande ce qui nous était arrivé. Je n'ai plus pu me contenir. J'ai fondu en larmes. D'abord silencieusement. Ma poitrine était juste secouée par de gros sanglots. L'instant d'après je tremblais comme une feuille, et je gémissais doucement. J'avais déjà dépassé mes limites, mais là... Non, je n'en pouvais plus. Mes nerfs avaient lâchés. Mon coeur me se tordait dans ma poitrine. J'avais du mal à respirer tellement je pleurais. Et mes larmes étaient en train de tremper le pull d'Ethan. J'étais si désespérée que j'aurais fait n'importe quoi pour ne plus souffrir.

« Je t'en prie... Je t'en supplie... Il faut que ça s'arrête... Dis moi que tout va s'arrêter ou tue moi parce que je n'en peux plus. Je n'en peux plus... »

Plus je m'enfonçais dans la douleur, moins je pouvais me contrôler. Je ne sais pas trop si j'avais parlé anglais, ou russe, ou les deux... Mais j'imagine qu'il avait dû comprendre où je voulais en venir. Je venais de craquer, encore une fois. J'étais définitivement une faible femme. Sans compter que j'étais folle de douleur.

« S'il te plait... »

C’était sans doute la dernière fois de ma vie ou je pourrais serrer Katarina dans mes bras alors j’avais du mal à imposer une distance raisonnable entre nous. De toute façon tout ça était tout sauf raisonnable. Se trouver dans la même chambre, dans le même lit, si prés l’un de l’autre…. Ce n’était pas du tout raisonnable. Mais nous nous en fichions visiblement. Parce que nous en avions besoin. Moi je me persuadais que j’arriverais plus facilement à accepter la séparation pourtant au fond, je savais que je me mentais a moi-même. Jamais je n’accepterais cette séparation. C’était comme si elle était contre nature. Nous étions faits l’un pour l’autre. Et je savais que tôt ou tard nous nous retrouverions. Je ne savais pas quand, ni comment, ni pourquoi. Mais je savais que nous nous retrouverions. Alors je me fichais pas mal du reste.

Elle était dans mes bras, et je ne tremblais presque plus. Comme si la tenir contre moi suffisait à me sevrer. Par contre Katarina avait pris le relais. Elle tremblait. Et très vite elle s’est mise à pleurer. Ses sanglots me déchiraient et je n’ai pas su quoi faire tout de suite. Je la serrais le plus fort possible en lui caressant les cheveux mais cela ne semblait pas suffire.

« Je t'en prie... Je t'en supplie... Il faut que ça s'arrête... Dis moi que tout va s'arrêter ou tue moi parce que je n'en peux plus. Je n'en peux plus... S'il te plait... »

Je caressais ses cheveux désespérément, espérant qu’elle se calme. Je ne supportais pas de la voir comme ça. Finalement elle avait raison. Elle nous imposait une séparation nécessaire. Elle était à bouts. Je venais juste de comprendre à quel point et j’en étais honteux. Je lui en avais trop demandé. Elle avait puisé dans ses réserves. Elle m’avait tout donné, et j’avais l’impression de ne pas lui avoir rendu suffisamment. J’avais brisé la femme que j’aimais. Quelle horreur !!

Dans un sens je lui en voulais un peu, de ne pas m’avoir dit à quel point elle avait besoin que je prenne plus soin d’elle. Mais je m’en voulais surtout à moi. C’est comme si je n’avais pas tenu mon rôle. J’étais un homme. Et j’avais été élevé ainsi : c’est à l’homme de prendre soin de la femme. Ca n’avait pourtant rien à voir avec du machisme. C’est seulement que mon père m’avait enseigné très tôt qu’une femme ca se respecte. Et en demandant sans cesse à Katarina de me porter car j’étais faible, je n’avais pas pensé qu’elle avait sans doute autant besoin de moi. Elle avait besoin que je la soutienne, que je la porte, que je sois son homme et je n’avais fait que lui montrer mes faiblesses. Je m’en voulais terriblement. J’aurais aimé pouvoir revenir en arrière et changer ca. Mais la réalité était là : je ne pouvais pas faire ça.

Alors cette nuit, je me promettais d’être celui qui la porterait. Je me suis redressé et je l’ai calé contre moi. Elle était nichée dans mes bras et elle sanglotait toujours autant. Mais cette fois-ci les rôles étaient inversés. D’habitude c’était moi qui sanglotait et gémissait et elle qui me cajolait. Elle l’avait fait tant de fois…Elle n’aurait pas du finalement….

-Là….Là….chhhhhuttt… Là….

Je me suis penché et j’ai posé ma tête sur la sienne en embrassant une ou deux fois ses cheveux. Je la berçais comme une enfant. Je voulais juste qu’elle se calme, que ses larmes cessent. Si elle s’endormait peu m’importait. Je resterais comme ça le temps qu’elle se repose. On verrait plus tard. Pour le moment je voulais prendre soin d’elle une derniere fois….

-Ca va aller Katarina. Ca va aller…je te le promets, ça va aller.

J’essayais aussi de me rassurer. Il fallait que ça aille. S’il fallait que je m’éloigne pour qu’elle aille mieux, je le ferais. La première fois j’avais rodé dans l’ombre, et le résultat était désastreux. Alors peut être que la solution c’était de partir un temps. Je trouverais bien une raison pour convaincre Alexander de me laisser partir un peu. Pour que les choses se tassent un peu. Et que nous puissions chacun de notre coté, Katarina et moi, souffler et y voir plus clair. Avec un peu de chances nous aurions pansé nos blessures. Cela restait à espérer.

-On vient peut-être de se séparer et ça fait mal je le sais. Mais tu l’as dit toi-même, c’est mieux comme ça. Je ne fais que te blesser, sans le vouloir….mais je te blesse.

Je voulais qu’elle sache que je n’étais pas un salaud. Que je ne l’avais pas sciemment. Bien sur cela n’arrangerait pas le problème, mais je voulais qu’elle sache que je n’avais pas fait exprès. Je me promettais de plus faire attention si un jour elle acceptait de nous redonner une chance. Je ne serais plus aussi faible. Elle avait besoin de moi. Elle avait beau paraitre forte et indépendante, je savais maintenant qu’elle avait besoin que je la rassure. Et je n’avais pas su le faire. Sans doute parce que j’en avais plus besoin qu’elle a un moment donné et que j’avais fini par me complaire là dedans.

-Bientôt tu n’auras plus mal. Je vais tout faire pour, Katarina.

Cette fois ci, j'étais réellement à bout. Rien n'aurait pu me relever. J'avais tenu aussi longtemps que c'était possible, humainement. Mais là... là, je rendais les armes. J'étais complètement détruite. J'avais l'impression d'être une poupée de porcelaine qu'on aurait violemment jetée au sol. J'étais brisée. Je ne me sentais plus la force de continuer. J'aurais voulu mourir pour ne plus avoir à subir tout cela. Même si c'était égoïste et lâche. Je n'avais plus la force de continuer. J'avais vraiment essayé. Mais là j'aurais donné n'importe quoi pour que tout ça s'arrête. Il le fallait. J'allais en mourir si cela continuait. Nous allions en mourir. Si j'avais su que l'amour faisait si mal, je me serais interdit de te tomber amoureuse. C'était dur d'aimer... Pourquoi fallait-il que ce soit si compliqué ? Nous aurions pu vivre tranquillement tous les deux. Comme si nous n'avions pas assez souffert, il avait fallu que le destin en remette une couche. Je devais vraiment être maudite. Il n'y avait pas d'autre explication. Je ne voyais pas pourquoi je souffrais autant. Pourquoi nous souffrions autant.

J'ai manqué de m'étouffer quand il s'est redressé, avant de me caler contre lui. Je pleurais toujours autant. J'aurais voulu arrêter. Vraiment. Mais je ne pouvais pas. Je n'y arrivais pas. J'avais retenu ces larmes bien trop longtemps. Alors j'avais besoin d'évacuer toute ma peine, une bonne fois pour toutes. Mon visage était trempé par mes larmes, qui ne cessaient d'affluer. Je me demandais si j'allais m'arrêter de pleurer un jour. Je n'avais jamais autant pleuré. Je n'avais pas l'habitude de pleurer. La plupart du temps c'était moi qui rassurait Ethan. Soit pare qu'il n'en pouvait plus, soit parce qu'il avait fait un cauchemar... Cette fois ci j'étais contente qu'il ne se soit pas laissé aller. S'il s'était lui aussi mis à pleurer, je crois que nous aurions passé la nuit à sangloter comme des enfants. Ce ne fut pas le cas, heureusement. Il me berçait tout doucement, en caressant mes cheveux. Je n'avais pas conscience de grand chose. Mes doigts étaient crispés sur son pull. Si j'avais eu un peu plus de force, je l'aurais certainement déchiré.

Ça va aller... Combien de fois lui avais-je dit ces mots là, en espérant que ça aille ? Avez-vous déjà dit à quelqu'un que tout allait bien, en sachant parfaitement que non, ça n'allait pas ? Moi oui. Trop souvent à mon goût. Je tremblais encore et toujours. Mais peu à peu, les tremblements ont cessé. Soit parce qu'Ethan avait réussi à me calmer, soit parce que je n'avais même plus la force de trembler. J'ai fermé les yeux, et je me suis forcée à respirer tout doucement. Pour faire passer ma crise. Quelle ironie... Le médecin craquait et le junkie s'en occupait... J'ignore combien de temps j'ai mis à me calmer. Mais après un moment, je ne pleurais plus. Je me sentais vidée. J'ai fini par soupirer une dernière fois. Et puis j'ai relevé les yeux vers lui. Je devais faire peine à voir. Mes lèvres avaient le goût salé de mes larmes.

« Il faut que nous soyons maudits... Pourquoi a-t-il fallu que tout cela tourne au cauchemar ? »

Je n'attendais aucune réponse. Parce qu'il n'y en avait pas. Nous ne cessions de nous blesser alors que nous nous aimions comme ce n'était pas permis. J'ai tenté de m'écarter. Sans succès. J'ai fini par me laisser retomber contre lui. Je l'ai enlacé sans même y réfléchir. C'était devenu un vrai réflexe. J'allais me noyer et il était ma bouée de sauvetage. Je m'accrochais à lui avec la force du désespoir. Je me suis redressée légèrement. J'ai passé un bras autour de lui. De ma main libre, j'ai séché mes larmes. Je voulais effacer cette faiblesse.

« Mais qu'est ce que tu vas faire, mon amour ? Qu'est-ce que tu vas faire ? Tu as tout essayé... »

En tout cas il me l'avait dit. D'une main tremblante j'ai caressé sa joue. En fin de compte, je ne voulais plus le quitter. Je ne voulais pas. Mais il le fallait. Ce serait mieux pour nous deux... Mais comment s'arracher le coeur ? Comment repousser au loin mon âme sœur ? J'ai enfoui ma tête au creux de son cou. Et comme si cela ne suffisait pas, je lui ai dit que je l'aimais, dans ma langue maternelle. Une dernière fois. Avant de rassembler un peu mes pauvres esprits éparpillés.

« Il faut... Il faut qu'on se repose... On doit dormir et... »

J'ai recommencé à trembler. Je me suis dépêchée de refouler mes tremblements. Hors de question de recommencer. J'ai tenté un sourire. Il a dû voir une grimace. J'ai inspiré à fond.

« Tu voulais me serrer dans tes bras, alors fait le, Ethan. Fais le. C'est notre dernière nuit ensemble. Demain, il n'y aura plus de nous. Demain je ne suis plus à toi et tu n'es plus à moi. Serre-moi. »

Je ne sais pas exactement combien de temps nous sommes restés là, Katarina pleurant dans mes bras, m’inondant de ses larmes salées, et moi la serrant contre moi, la berçant. C’était difficile de la voir aussi faible, aussi épuisée. Cela ne faisait que me rappeler que tout était ma faute. Sans moi elle aurait été heureuse. Vraiment Ethan ? Puis peu à peu je l’ai senti se calmer. Ses sanglots étaient moins erratiques, ses larmes plus lentes à couler, et sa respiration se faisait plus normale. Mais je ne voulais pas la lâcher. Je savais qu’il arriverait un moment où il faudrait bien , mais là je ne pouvais pas.

Elle a relevé la tête vers moi, et je me suis mordu la lèvre inférieure. Son visage si magnifique était baigné de larmes. J’ai failli détourner le regard, tellement j’étais malheureux et honteux.

« Il faut que nous soyons maudits... Pourquoi a-t-il fallu que tout cela tourne au cauchemar ? »

Oui nous devions être maudits. Pourtant je n’avais pas de réponse à lui apporter. Je ne savais pas ce qu’il s’était passé. Ou enfin si je le savais. Mais je n’arrivais pas à voir la vérité en face. Sans moi elle aurait été heureuse. Je savais qu’il fallait que je la libère de cet amour, mais j’étais horrifié d’avance a la savoir dans les bras d’un autre. J’étais possessif oui…Pour moi elle était déjà ma femme. Même si nous n’avions pas passé ce cap, elle était ma femme symboliquement. Parce que c’était avec elle que je voulais vivre pour le restant de mes jours. Je ne voyais pas ma vie sans elle. Elle était tout ce que je voulais, tout ce que je désirais.

Elle a essayé de s’écarter de moi, mais je l’ai retenu. Je n’étais pas encore prêt a la laisser partir si c’est ce qu’elle voulait. J’avais besoin de cette dernière nuit. J’essayais de me persuader que les choses iraient mieux après cette nuit. Mais je savais au fond de moi que c’était un leurre. Je voulais passer cette nuit avec elle parce que je ne voulais pas être séparé d’elle. C’était en quelque sorte un prétexte fallacieux, mais je savais qu’elle s’en doutait. Peut être même qu’elle avait accepté pour les mêmes raisons. Nous faisions vraiment une belle brochette d’idiots tous les deux.

Elle a fini par abandonner la partie rapidement et elle s’est niché contre moi, en passant un bras autour de moi. Comme pour me retenir ou montrer que je lui appartenais. Et c’était ça. Nous nous appartenions en quelque sorte. Et je ne voulais appartenir qu’à elle. Elle a fait ce que j’aurai du faire, sécher ses larmes. Mais je sentais que si je laissais courir mes doigts sur son visage, je finirais par me pencher et je l’embrasserais. Et ca je savais qu’il ne fallait pas. Même si j’en mourais d’envie.

« Mais qu'est ce que tu vas faire, mon amour ? Qu'est-ce que tu vas faire ? Tu as tout essayé... »

Mon amour…. Elle m’avait a nouveau appelé comme ça, et mon cœur s’est serré après avoir bondi de joie. Mais la réalité est revenue. Qu’est ce que j’allais faire ? J’avais bien une idée mais je ne voulais pas lui dire. Parce qu’elle me retiendrait sans doute, et c’était la seule solution pour le moment. Que je m’en aille un peu, que nous soyons éloignés.

-Je ne sais pas Katarina. Pour le moment mais je ne sais pas. On verra….

J’ai esquissé un sourire quand elle a caressé ma joue et j’ai posé une main dans sa nuque quand elle s’est a nouveau niché contre moi. J’ai entendu sa voix me murmurer qu’elle m’aimait en russe. Et je lui ai répondu dans sa langue. C’était des mots que je connaissais par cœur tellement elle me les avait dit et criés.

« Il faut... Il faut qu'on se repose... On doit dormir et... »

Dormir ? Impossible….Je savais que je n’y arriverais pas…. J’avais trop peur de ne pas profiter de ces derniers moments avec elle. Elle a essayé de sourire mais on sentait qu’elle se forçait. J’étais tordu de douleur. Elle ne m’avait jamais regardé comme ça.

« Tu voulais me serrer dans tes bras, alors fait le, Ethan. Fais-le. C'est notre dernière nuit ensemble. Demain, il n'y aura plus de nous. Demain je ne suis plus à toi et tu n'es plus à moi. Serre-moi.

Je l’ai serré alors de plus prés et j’ai emprisonné ses jambes en enroulant les miennes autour. J’ai fermé les yeux essayant de retenir mes larmes. J’y sus arrivé avec beaucoup de concentration. Il ne fallait pas que je craque. Pas ce soir. Si je craquais c’en était fini je le savais. Si je craquais, elle craquerait à son tour. Nous ferions l’amour et au petit matin nous serions encore plus perdus.

-Plus de nous oui….Mais je serais toujours à toi Katarina, toujours….

Je voulais qu’elle le sache, même si ca ne changerait rien. Je voulais qu’elle sache que je n’aimerais qu’elle. Même si c’était réellement notre dernière nuit ensemble, je n’embrasserais personne d’autre, je ne ferais l’amour à aucune autre qu’elle.

-Tout ce que tu veux, mon ange. Tout ce que tu veux.

Je crois que si elle m’avait demandé de me tuer, je l’aurais fait. Aveuglement. J’étais prêt à tout pour son bonheur. J’avais fait son malheur tellement de fois que maintenant j’étais prêt à exaucer n’importe lequel de ses vœux. Juste pour la voir à nouveau sourire, rire, vivre.

-Laissons passons du temps mon ange…

J’espérais vraiment que le temps arrangerait tout. Avec le temps, nous réussirions a trouver une solution, et a panser nos blessures. C’était la seule chose que j’attendais.

Je me suis mis à repenser à notre histoire. A comment elle avait commencé. Je voulais me souvenir de ces moments là, parce que c’était les plus beaux. Et c’est ce que je voulais graver dans ma mémoire. Je voulais chasser le mauvais et ne garder que le bon. Je caressais tendrement son dos et je laissais mes souvenirs m’emporter.

-Je n’ai jamais été plus heureux de ma vie qu’avec toi. Dés que je t’ai vue la nuit où Alexander j’ai su que c’était toi. J’avais beau être un sale junkie en manque, je t’ai aimée dés la première seconde. Un instant j’ai cru voir une apparition, et je me suis demandé si le manque ne me faisait pas voir un mirage. Mais tu es restée, et quand je me suis réveillé tu étais toujours là. Finalement, j’aurai voulu que cette nuit ne finisse jamais. J’aurai aimé que notre vie ensemble soit toujours comme ça. C’est pour ça que je t’ai demandé de m’épouser….

J’avais dit les choses comme je les ressentais. Je ne cherchais pas à la faire revenir sur sa décision. Je voulais juste qu’on se souvienne de ces moments. En espérant que ca nous aiderait à aller mieux.

-Mais maintenant….laissons passer du temps, c’est tout ce que je peux te proposer.

Il était aussi perdu que moi... Ni l'un ni l'autre ne savions ce que ne nous faisions, ni ce qu'il se passait... J'étais complètement perdu, dans un maelström de sentiments, de sensations, de pensées... Je ne savais plus où j'en étais. Je l'aimais et je le voulais, mais je le quittais. Je le quittais, en me disant que c'était la meilleure solution. Alors qu'est-ce que je faisais là ? Je m'accrochais à lui comme une désespérée. Cette fois ci, j'avais l'impression que c'était moi qui étais en pleine crise de manque. Ethan me serrait dans ses bras et me caressait les cheveux, comme je l'avais fait. Je comprenais maintenant pourquoi il s'était accroché à moi si fort. J'avais peur de sombrer s'il me lâchait. De toute ma vie je n'avais jamais été aussi désespérée. Même pendant les bombardements je n'avais pas été aussi terrifiée. Parce que je ne savais pas vraiment ce qu'il se passait... Là je savais très bien. Ethan et moi étions en train de nous achever mutuellement. Notre histoire était en train de prendre l'eau, et nous avec. J'avais été si heureuse avec lui... Aujourd'hui je souffrais comme je n'avais jamais souffert. Décidément, la vie ne m'avait pas épargnée. Comme si je n'avais pas le droit d'être heureuse. Quelque chose me disait que ce n'était pas encore terminé. Mais qu'est-ce qui pouvait être encore plus douloureux que cela ? Je n'en avais aucune idée, et je ne voulais pas savoir.

J'ai eu un petit sourire triste quand il m'a dit qu'il m'aimait aussi, en russe. Il n'avait pas idée de l'importance que cela avait pour moi. Je me suis serrée un peu plus contre lui. J'aurais aimé lui hurler mon amour une dernière fois. J'avais envie de retrouver la chaleur de ses bras, la chaleur de ses caresses... J'avais envie de lui appartenir, une dernière fois. Et j'avais envie qu'il soit à moi, une dernière fois. Mais ça n'était pas possible. Si nous faisions l'amour une dernière fois, je savais que je serais incapable de le quitter ensuite. Et je n'avais pas envie de rendre les choses plus difficiles encore. Si tant est que cela pouvait être plus difficile... J'étais épuisée, morte de fatigue. Mais j'aurais été bien incapable de m'endormir. J'avais peur de m'endormir. J'avais peur qu'il ne soit plus là à mon réveil. Comme la dernière fois... J'avais été terriblement blessée quand je m'étais réveillée seule dans mon lit. C'était il y a déjà un mois... Les choses ne s'étaient pas arrangées depuis. En fin de compte, lui laisser une autre chance avait été la chose la plus stupide de toute ma vie. Tout était mille fois pire, aujourd'hui. Mais j'étais incapable de regretter ces jours passés ensemble...

Dans un dernier élan désespéré, je lui ai demandé de me serrer dans ses bras. Il n'y avait plus que cela à faire de toute façon. J'ai réprimé un sanglot quand il m'a dit qu'il m'appartiendrait toujours. Nous étions étroitement enlacés. Comme si nous étions soudés. J'aurais aimé que ce soit le cas. Parce qu'en fin de compte, moi aussi je lui appartenais. Je n'imaginais pas ma vie avec un autre que lui. Je serais incapable de laisser un autre me toucher. J'ai levé les yeux vers lui. Laisser passer du temps ? J'ai légèrement secoué la tête. Laisser passer du temps et se quitter, n'était-ce pas la même chose ? De nouveau, j'ai laissé ma tête retomber contre lui.

« Le temps ne guérira pas nos blessures... Il va les creuser, c'est tout. »

Plus longtemps je serais loin de lui, plus je souffrirais. Je n'étais pas idiote. Au fond, je savais très bien qu'une séparation serait comme un coup de poignard pour moi. Mais je pensais à lui, pas à moi. J'étais persuadée qu'il irait mieux sans moi. Moi, j'allais certainement toucher le fond, mais peu importe. Je voyais son bien être à lui, pas le mien. Je me disais que s'il allait bien, moi aussi j'irais bien... Je me suis accrochée à lui un peu plus. Il caressait mon dos tout doucement. Si je n'avais pas été aussi nerveuse, je me serais certainement endormie. J'avais besoin de dormir. Mais je refusais de me laisser aller au sommeil. J'avais bien trop peur. Je l'ai écouté parler ensuite. La nuit où nous nous étions rencontrés... C'était il y a si longtemps ! Et pourtant je m'en souvenais aussi comme si c'était hier. J'avais été touchée par sa détresse. J'avais voulu l'aider, le sortir de son enfer. Et puis avouons le, je ne lui avais pas été indifférente. J'ai beau aimer profondément l'homme qu'il est à l'intérieur, je serais bien hypocrite de dire que son physique m'importe peu. J'étais tombe amoureuse de ses yeux bleus qui me suppliaient de l'aider. J'ai fermé les yeux. Comme le passé me manquait...

J'ai soupiré tout bas et je suis restée silencieuse. Laisser passer du temps... Eh bien soit. Que faire de plus ? Après tout je n'allais pas revenir sur ma décision... Même si tout laissait croire que j'allais changer d'avis. J'étais collée à lui, je le tenais entre mes bras... Mais lui savait que je mettais toute ma force dans cette dernière étreinte, persuadée qu'il n'y en aurait pas d'autre, jamais. J'ai tressailli. L'idée même de ne plus le toucher, de ne plus l'enlacer, de ne plus l'embrasser me terrifiait. Cela signifiait que j'allais être seule, et que j'allais le rester. Je me suis redressée brusquement. J'ai pris son visage entre mes mains glacées. Je l'ai regardé dans les yeux. Pour bien prendre conscience de ce que j'étais sur le point de perdre. Quelle hérésie... J'ai inspiré à fond.

« Ne bouge pas. »

J'avais à peine murmuré. Doucement, j'ai approché mon visage du sien. J'ai posé ma joue contre la sienne, avec un petit soupir. Mes lèvres l'ont remplacée. J'ai embrassé sa joue tendrement. J'ai passé mes bras autour de son cou. Et j'ai osé. J'ai posé mes lèvres sur les siennes. Il ne bougeait pas, il était pétrifié. Je mourrais d'envie de l'embrasser, plus encore. Une de mes mains s'est glissée sous son pull. Je l'ai senti frissonner sous mes doigts. Ma main est remontée lentement le long de son dos. Je ne savais pas trop ce que j'attendais. Je ne savais pas si je voulais qu'il me repousse ou qu'il réponde à mes avances. Alors je lui avais demandé de ne pas bouger. Tout simplement.

Katarina semblait ne pas croire aux vertus du temps qui passe et qui guérit. J’aurais aimé l’en convaincre, mais je ne savais pas comment. J’essayais déjà de me convaincre moi-même et c’était assez compliqué comme ça. Je m’accrochais à elle toujours autant. Je n’arrivais pas à faire autrement. J’avais peur que si je relâchais ne serait ce que d’un millimètre mon étreinte, elle en profiterait pour s’échapper, et que plus jamais je n’aurais le bonheur de la serrer contre mon cœur. Là comme ça, c’est comme si elle recollait peu à peu mon cœur, comme si elle permettait à mes poumons de s’oxygéner. Sans elle je mourrais.

Et j’allais mourir bientôt. Dans quelques heures, il faudrait que l’on mette fin à tout ça. Et je partirais. Ma décision semblait prise. Bien malgré moi. Je savais que cela serait un déchirement pour moi, mais il fallait que je parte. Pas pour moi, mais pour elle. Pour qu’elle aille mieux, pour que ma présence ne soit pas un frein à son bonheur. Peut être qu’ensuite, nous y verrions plus clair. J’osais encore espérer un miracle et que ma vie ne soit pas un danger pour elle. J’espérais qu’Alan se fasse tuer surtout. J’aurai aimé qu’il oublie, mais je savais la chose impossible. Alan n’oubliait jamais, et il avait la revanche tenace. Et il voulait se venger, il voulait sa revanche.

J’ai commencé à protester quand elle s’est redressée. J’étais tellement persuadé que c’était fini. Qu’elle allait partir et ne jamais revenir. J’ai été rapidement soulagé au fond de moi quand elle a saisi mon visage entre ses doigts glacés. Je me suis retenu de tourner la tête et d’embrasser sa main. Je n’osais pas bouger, j’étais tout simplement terrifié à l’idée de bouger. Elle a plongé son regard dans le mien, et j’ai essayé de lui faire ressentir tout mon amour. Et je me suis imprégnée une nouvelle fois de chacun de ses traits. Ses yeux étaient rougis par les larmes mais elle demeurait toujours aussi belle. Si ce n’est plus… Comme si sa vulnérabilité affichée la transcendait. Et j’ai eu envie d’elle. Mais je me suis contrôlé.

« Ne bouge pas. »

Je n’ai pas compris pourquoi elle me demandait ça. Mais j’ai obéi. Je suis resté immobile. Même quand elle a posé sa joue contre la mienne et qu’elle l’a embrassé. Je sentais mes muscles se tendre, mais je n’ai pas bougé. Elle m’a mis au supplice quand elle a passé ses bras autour de mon cou et a effleuré mes lèvres des siennes. J’ai inspiré à fond. J’avais tellement envie d’elle. Elle s’offrait à moi…. Et pourtant je savais qu’il fallait que j’y mette fin. C’était mieux comme ça. J’essayais juste de trouver la volonté nécessaire pour le faire. Volonté mise à rude épreuve lorsqu’elle a passé sa main sous mon pull et que ses doigts ont couru dans mon dos. J’avais tellement envie d’elle. Je sentais que si je la laissais continuer ne serait ce que trente secondes de plus, j’allais finir par lui arracher ses vêtements et j’allais lui faire l’amour comme un désespéré.

Et si je voulais qu’elle aille mieux, il ne fallait surtout pas que je fasse ça. Surtout pas. Même si j’en mourais d’envie. Et que ça me consumait.

J’ai posé mes mains sur son épaule et je l’ai éloigné juste un peu. Le plus délicatement possible. Je ne voulais pas qu’elle sente que je la repoussais. Même si au final c’était bien ce que je faisais.

-Katarina non… s’il te plaît.

Comment en était on arrivés là ? La femme que j’aimais se donnait à moi si je le voulais et je lui disais non. J’ai fini par gémir tant la douleur était forte. J’étais comme un supplicié au bucher. J’avais l’impression qu’on me brulait vif. Ma voix n’était plus qu’un murmure, je n’avais pas la force de lui faire entendre ma voix plus distinctement.

-Mon ange….mon amour…J’en meurs d’envie mais on ne doit pas….

J’ai caressé sa joue tendrement et j’ai repoussé une mèche de cheveux qui lui barrait le visage. Et je l’ai contemplé pendant de longues secondes avant de poser mon front contre le sien.

-Ne sois pas fâchée mon amour. Je ne t’ai pas réclamé une dernière nuit pour profiter de toi comme ça. Je sais trop bien que si je fais ça, ce sera bien plus difficile de te quitter demain matin. Et c’est ce que tu veux Katarina…Qu’on se sépare c’est ce que tu veux.

J’étais un salop de faire ça. Je la repoussais et je la faisais culpabiliser. Mais c’était en quelque sorte pour qu’elle me haïsse un peu. Je finissais par me convaincre que c’était sans doute la meilleure solution pour tout le monde. Si elle parvenait à me haïr autant que je l’aimais, les choses iraient mieux pour tous les deux. J’étais tellement désespérée que tous les moyens étaient bons pour que j’arrête de lui faire du mal. Je ne pensais même pas au mal supplémentaire que je venais de lui faire.

-C’est ce que tu veux Katarina hein ?

Non. Non, il ne voulait pas de moi.

Moi je le voulais. Avec la force du désespoir. Je le voulais comme je ne l'avais jamais voulu. Parce que je savais que c'était certainement la dernière fois que j'avais le droit de l'avoir dans mes bras. Après je serais toute seule dans mes draps. Je savais que j'allais le chercher. Instinctivement j'allais chercher sa présence. Sa chaleur... J'allais vouloir me blottir contre lui. Cela m'était déjà arrivé. Pendant ces deux longs mois où nous avions été séparés, je l'avais cherché, tandis que je ne dormais qu'à moitié. J'oubliais qu'il n'étais pas là. Et quand je m'en souvenais, c'était terrible. J'étais terrifiée à l'idée de revivre ça. Alors j'avais envie de faire durer cette nuit aussi longtemps que possible. C'était la dernière. La dernière ! Comment pouvais-je accepter ça ? C'était certainement la chose la plus illogique qui soit. Nous ne pouvions pas nous séparer. Pas nous. Surtout pas nous. J'avais besoin de le toucher, pour me persuader que je ne rêvais pas, qu'il était bel et bien là avec moi. Encore. Qu'il n'était pas parti. Il ne fallait pas qu'il parte. Non, il ne devait pas partir ! Il devait rester avec moi. Sans lui j'étais certaine de ne pas tenir le coup. J'allais sombrer, inévitablement.

Il a posé ses mains sur ses épaules avant de m'éloigner de lui doucement. J'ai protesté, cherchant à garder mes lèvres sur les siennes. Mais je n'ai pas cherché à résister plus longtemps. Je n'en avais pas la force. Surtout s'il ne voulait pas de moi. Je m'ai regardé, incrédule. C'était bien la première fois qu'il me repoussait. Un juste retour des choses, diraient certains. Je l'avais repoussé plus d'une fois, moi. Je n'avais pas imaginé que c'était douloureux à ce point. Honteuse, j'ai baissé les yeux. Là, je n'avais pas envie d'affronter son regard. Pas cette fois. Je me suis recroquevillée sur moi même. Je rendais les choses encore plus compliquées. Une torture de plus n'était pas nécessaire. Mais en même temps, je me disais que nous n'étions plus à une torture près, tous les deux. Nous commencions à avoir l'habitude d'avoir mal. Et avoir l'habitude de souffrir, ce n'est pas vraiment une bonne chose. Mais alors vraiment pas. Un petit soupir a soulevé ma poitrine.

J'ai relevé la tête quand il a caressé ma joue, avant de replacer une mèche de cheveux derrière mon oreille. Je t'aime moi non plus... Ça ne rimait à rien du tout. Il a posé son front contre le mien et j'ai fermé les yeux. Il me repoussait avant de revenir ver moi. La situation était si grotesque que si j'avais pu, j'en aurais ri. Mais rire était bien la dernière chose dont j'avais envie. J'ai tendu une main vers son visage. Je l'ai effleuré du bout des doigts avant de laisser ma main retomber sur son épaule. J'ai affiché une petite moue défaitiste. Il avait raison. Si nous couchions ensemble, nous aurions tout le mal du monde à nous séparer. Et je lui avais dit que je voulais que nous nous séparions. Je l'avais quitté cette fois. Quelle imbécile... On aurait dit que c'était un jeu. À chacun son tour de repousser et de blesser l'autre. Nous ne cessions de nous renvoyer la balle. Mais l'un d'entre nous allait vraisemblablement se la prendre en pleine figure. J'ai inspiré à fond. Une fois. Deux fois.

« Non... Non, je ne veux pas. »

Ou plutôt je ne veux plus. L'atmosphère de la pièce était comme étouffante. Mais je savais que l'air n'y était pour rien. C'était mon angoisse qui m'empêchait de respirer. Elle me tenait dans ses bras et me privait peu à peu d'oxygène. Elle serrait mon coeur et broyait ma poitrine. J'aurais préféré qu'on me frappe vraiment. J'ai fermé les yeux, pour refouler les larmes que je sentais venir. N'avais-je déjà pas pleuré toutes les larmes de mon corps ? Quand j'ai rouvert les yeux, ils étaient brillants de larmes. Elles n'avaient pas encore coulé, mais elles menaçaient de le faire. J'ai ouvert la bouche pour parler. Mais les mots sont restés bloqués dans ma gorge. J'avais l'impression d'être muette. Je sentais mes lèvres trembler. Ma main s'est crispée sur son épaule. J'ai secoué la tête.

« Je... S'il te plait... Juste une dernière fois... »

Je ne voulais pas qu'il dise non. Pas encore. J'étais à deux doigts de faire une crise de nerfs monumentale. Ce que je m'apprêtais à faire... Cela ressemblait certainement à un chantage extraordinaire. Mais tant pis. Dernière chance, alors dernier essai. Sans vraiment réfléchir, j'ai commencé à déboutonner mon chemisier, devant ses yeux étonnés. Je m'en suis séparée pour mettre ma poitrine à nu. C'était tout de même incroyablement cruel ce que je faisais là. Mais je n'y pensais pas. D'un geste vif, j'ai attrapé sa main et je l'ai posée sur ma poitrine, juste là où se trouvait mon coeur. Ce dernier battait rapidement, s'affolait. Il trouvait un rythme, puis le perdait. Il loupait des battements... On aurait dit qu'il était prêt à lâcher ou à exploser. J'ai tendu ma main tremblante vers sa poitrine à lui. J'ai posé ma main sur son coeur à lui. Et puis je l'ai regardé, un long moment. J'ai senti une larme solitaire rouler sur ma joue.

« J'ai menti... C'était un mensonge odieux... Hier, aujourd'hui ou demain... Je suis toujours à toi. S'il te plait... »

Je ne voulais pas qu’on se sépare. C’était bien la dernière chose au monde que je souhaitais. Mais pour le moment c’était la seule chose à faire. J’espérais que Katarina ait la force de me dire que c’était ce qu’elle voulait. Parce que quoi qu’elle décide je me rangerais de son coté. Alors je réclamais encore une fois qu’elle soit l’élément fort de notre couple. J’avais tellement besoin d’elle. Mais j’avais commencé à prendre une décision. J’allais partir un peu. Mon cœur tambourinait dans ma poitrine.

Je n’ai pas su ce qu’elle a lu dans mes yeux : sans doute une hésitation. Elle a effleuré une seconde ou deux mon visage avant de laisser sa main tomber sur mon épaule. Je l’ai senti réfléchir. Et elle a dit ce qu’elle n’aurait jamais du dire.

« Non... Non, je ne veux pas. »

Elle ne voulait pas qu’on se sépare. Je n’ai pas pu retenir un soupir. Pourquoi rendait-elle les choses si difficiles ? J’essayais de respirer normalement mais je n’y arrivais pas. J’ai fermé les yeux pour tenter de donner un aspect plus normal à ma respiration. Mais je n’y arrivais pas. J’avais tellement envie de pleurer, de craquer. Comment notre vie pouvait être si désastreuse ? Il y a encore quelques jours nous étions fiancés, heureux et amoureux. Là nous n’étions plus qu’amoureux. J’avais envie d’hurler pour faire disparaitre la douleur.

J’ai vu ses yeux s’embuer petit à petit et j’ai tendu une main vers elle. Je ne voulais pas qu’elle pleure. Parce que je n’aimais pas la voir comme ca. Je ne supportais pas de la voir souffrir. J’ai senti qu’elle cherchait à parler. Tout comme moi, elle cherchait sans doute la force de me dire qu’elle allait quitter cette chambre.

« Je... S'il te plait... Juste une dernière fois... »

Oh non pas ça. J’ai posé un doigt sur sa bouche. Pas ces mots là mon amour, pas avec cette petite voix. S’il te plait. S’il te plait. C’était pire que tout si elle me suppliait. Je me suis redressé un peu et j’ai essayé de ne plus bouger. De lui faire comprendre qu’il ne fallait pas. Et peut être que si je ne bougeais pas et que je me concentrais je n’aurais pas envie de l’embrasser, de la caresser…Je savais que c’était bien la dernière chose à faire.

Mais elle la première chose qu’elle a fait c’était ça. Je suis resté focalisé sur elle, sur ses mouvements. Elle a lentement défait les boutons de son chemisier, un par un. Elle m’a dévoilé sa poitrine et j’ai serré le poing à m’en blesser. Mon cœur ne savait plus comment battre. Katarina a pris ma main et l’a posé sur sa poitrine, sur son cœur. Il battait de manière aussi désordonné que le mien. Comme pour me dire qu’elle avait envie de moi aussi, comme pour me dire qu’elle savait ce qu’elle faisait. Et puis elle a fait la même chose avec sa main. Elle l’a posé sur mon cœur. J’ai posé mon front contre le sien. Je sentais que j’allais pleurer. Elle pleurait déjà.

Comme si nous n’avions pas souffert assez, nous en remettions une couche.

« J'ai menti... C'était un mensonge odieux... Hier, aujourd'hui ou demain... Je suis toujours à toi. S'il te plait... »

J’ai inspiré à fond plusieurs fois et toute volonté m’a lâchée. Je l’ai repoussé en arrière et je l’ai jetée sur le lit. J’avais bien trop envie d’elle pour la repousser à nouveau. Oui j’étais faible et alors ? J’ai mordillé son cou en descendant jusqu'à sa poitrine. Mes doigts couraient un peu partout le long de ses jambes et de ses cuisses. J’avais l’impression de devenir fou.

-Katarina…mon amour… Je…Je… Je….

Je me suis redressé et j’ai plongé mon regard dans le sien. J’étais a genoux et à califourchon sur elle. J’ai soulevé mon pull et je l’ai ôté. Je l’ai envoyé je ne sais où à l’autre bout de la chambre et je n’ai pas cessé de la regarder. Mes yeux étaient brulants de désir pour elle. J’étais à présent torse nu devant elle. Comme si maintenant nous étions à égalité.

-Une dernière fois…

Je n’aimais pas ce mot mais c’était pourtant ça. Je n’avais aucune garantie que nous réussirions a nous retrouver. On ne savait pas de quoi demain serait fait. Alors en attendant, je voulais croire que c’était la dernière fois. Pour rendre les choses plus faciles. Pour mettre tout mon amour dans nos ébats. Fini la patience et la tendresse. Je sentais que cette nuit ne serait pas comme les autres. Cette nuit j’allais lui faire l’amour comme jamais. Comme si le monde allait s’écrouler d’une seconde à l’autre.

-Demain matin….il n’y aura plus de nous Katarina. Tu avais raison c’est mieux qu’on se sépare.Demain matin je partirais. Parce que je ne voyais que cette solution. Je saurais bien convaincre Alexander. Nous avions besoin Katarina et moi d’un peu de distance et de temps.

J’ai retenu ses mains en les emprisonnant dans les miennes. Et je me suis baissé sur sa poitrine. Je l’ai embrassé et je suis remonté le long de son cou, jusqu'à ses lèvres. Je l’ai embrassé passionnément avant de m’approcher de son oreille.

-Katarina avant que je ne devienne fou et que je ne t’arrache tes vêtements, je veux être sur que c’est ce que tu veux.

Maintenant j'attendais une réaction. N'importe laquelle. Il fallait qu'il fasse quelque chose. N'importe quoi. Qu'il me repousse, ou qu'il cède à mes avances. S'il me repoussait je m'en irais. Cela serait certainement plus facile... Oui mais voilà, je n'avais pas envie de le quitter. Je mourais d'envie de lui appartenir une fois encore. J'avais l'impression que sans cela, je ne tiendrais pas très longtemps. Je voulais qu'il me montre une dernière fois combien il m'aimait. J'avais envie qu'il soit mon refuge une dernière fois. Une dernière fois... Penser ça, c'était monstrueux. Ne plus pouvoir l'enlacer, l'embrasser... Ne plus pouvoir l'aimer, ne plus en avoir le droit. J'avais été folle de le quitter, ne serait-ce qu'une petite heure. Croire que nous pourrions aller mieux loin de l'autre... Loin de lui, j'allais étouffer, privée d'oxygène. C'était terrible. Cela ne faisait pas longtemps que j'avais réappris à vivre, avec lui. C'était tellement agréable, d'être avec lui. Même si la plupart du temps je prenais soin de lui, j'avais l'impression qu'il me protégeait. Rien n'aurait pu m'arriver s'il était avec moi. Ironie du sort, c'était en voulant me protéger qu'il me faisait du mal...

J'ai eu un sursaut quand il m'a repoussée en arrière. Je me suis retrouvée allongée sur le lit. Il abandonnait... Il cédait. C'était tout ce que je lui demandais. Après ça, je le laisserais tranquille s'il le voulait vraiment... J'espérais qu'il ne le voulait pas. J'ai refermé mes bras autour de lui. Je me suis mordue la lèvre quand il a commencé à mordiller mon cou, avant de descendre doucement vers ma poitrine. J'ai soupiré de contentement. Bizarrement, mon coeur s'était calmé. Ses mains glissaient le long de mes jambes, me faisant frissonner agréablement. Il a bafouillé une seconde, avant de se redresser légèrement. Il m'a regardé, et je l'ai regardé. Pendant une seconde, j'ai cru qu'il s'était raisonné, qu'il avait changé d'avis. Mais non, pas du tout. Il a retiré son pull, avant de l'envoyer je ne sais où dans la pièce. J'ai tendu la main vers lui et j'ai laissé mes doigts courir le long de son torse, jusqu'à son nombril, que je mourais d'envie d'embrasser. Je lui ai souris, tendrement.

« Une dernière fois... »

Demain matin, il n'y aurait plus de nous... Alors une dernière fois, nous allions nous perdre dans les bras l'un de l'autre... Je savais que cette nuit ne serait pas comme les autres. Nous allions nous aimer avec la force du désespoir. J'allais m'accrocher à lui autant que possible, j'allais lui hurler mon amour une dernière fois. Il a pris ses mains dans les miennes, avant de se pencher une nouvelle fois sur ma poitrine. Je me suis soulevée légèrement, comme pour lui offrir plus à embrasser. Des frissons parcouraient mon corps tout entier. Il est revenu m'embrasser et je lui ai rendu son baiser mille fois. J'étais déjà essoufflée quand il est venu murmurer à mon oreille. Est-ce que je voulais vraiment quoi ? Passer une nuit merveilleuse avec lui ? L'aimer encore et encore ? Vraisemblablement, c'était une question posée pour la forme. Comme si j'avais pu le repousser... J'ai laissé mes mains courir le long de son dos. J'ai enroulé mes jambes autour de sa taille, comme pour l'emprisonner. Je mourais d'envie de lui. J'ai fini par prendre son visage entre mes doigts. Je l'ai embrassé, et à mon tour, j'ai approché mes lèvres de son oreille.

« Ce que je veux, c'est toi. Et rien d'autre, et personne d'autre. Tu es le seul qui compte, le seul qui ait jamais compté. Je t'aime, Ethan. Et quoi que tu puisses faire, je t'aimerais toujours. Je ne peux pas lutter contre ça. »

J'avais essayé de lutter contre mon amour pour lui. J'avais essayé de raisonner... Mais je n'y étais pas arrivée. J'ai embrassée sa joue tendrement, avant de glisser ma main derrière sa nuque, pour l'attirer à moi plus encore. C'était comme ça que les choses auraient dû se passer... Mais sans dispute, sans larmes et sans cris... Nous aurions dû faire l'amour parce que nous nous étions manqués et parce que nous étions heureux de nous retrouver. Pas parce que nous étions complètement désespérés... Mais là, peu importait pour quelle raison nous en étions là. Il était dans mes bras et c'était tout ce qui comptait. Ma main a glissé vers son ventre doucement, avant que je ne commence à défaire son jean. J'avais envie d'ôter toute barrière de tissu entre nous. Comme une égoïste, je voulais qu'il soit à moi, pleinement et complètement. J'ai fait glisser le pantalon sur ses fesses doucement, en essayant de ne pas être trop impatiente. Même si c'était le cas. De nouveau, j'ai passé mes bras autour de lui. J'ai eu un petit sourire, tandis qu'une petite larme coulait sur ma joue. Une larme de joie cette fois-ci.

« Montre moi que tu m'aimes, Ethan... Et dis le moi. »

La seule réponse de Katarina a été de caresser mon torse. Elle m’électrisait, elle me rendait fou. Elle était à moi. Cette nuit elle était à moi. Je ne voulais penser qu’a ca, me focaliser dessus. Pour oublier que demain ‘j’aurais mal, tellement mal que je croirais mourir. J’ai répondu à son sourire par une caresse.

Je la dominais. Je lui laissais à peine la place pour bouger. J’avais envie d’elle et j’étais déterminée à l’aimer comme un fou. Je savais que cette nuit, je ne serais pas l’amant tendre avec qui elle avait l’habitude de se donner. J’allais l’aimer encore et encore. Sur ce lit, contre le mur, sur la table. N’importe où. …Je voulais seulement l’aimer à en mourir. Si mon cœur lâchait, tant pis.

Katarina se cambrait à mesure que ma langue et mes doigts couraient sur sa peau. J’essayais de prendre mon temps, de faire naitre en elle un désir si ardent qu’elle finirait par me supplier de la faire mienne. Avant de prendre l’avantage, je l’ai laissé me caresser et m’enserrer. J’ai souri quand elle m’a embrassé.

Elle était tellement belle et j’allais la quitter. C’était une folie ! Une pure folie !

« Ce que je veux, c'est toi. Et rien d'autre, et personne d'autre. Tu es le seul qui compte, le seul qui n’ait jamais compté. Je t'aime, Ethan. Et quoi que tu puisses faire, je t'aimerais toujours. Je ne peux pas lutter contre ça. »

Je lui ai répondu en l’embrassant passionnément. C’était la plus belle déclaration qu’elle pourrait me faire. J’ai soupiré d’aise quand elle m’a attiré à elle. Je l’ai laissé me déshabiller sans un mot. J’étais tellement impatient de sentir sa peau contre la mienne, de me fondre en elle. Mais je voulais attendre encore un peu. J’arrivais encore a maitriser mon envie d’elle pour le moment. Et j’étais déterminée à laisser mon empreinte sur tout son corps.

« Montre-moi que tu m'aimes, Ethan... Et dis le moi. »

Je l’ai embrassé pour lui montrer à quel point je l’aimais. Je tenais son visage entre mes mains. Elle était à moi. Rien qu’a moi. Et j’ai exaucé son vœu. J’ai hurlé dans la chambre que je l’aimais. En russe .Et je me suis mis à rire avant de reprendre le dessus et de me mettre sur elle. Je bloquais ses mains et j’ai défait son pantalon fébrilement. Et je n’ai pas résisté à l’envie de lui arracher l’ultime rempart vestimentaire qui lui restait. Elle semblait médusée par mon attitude. Mais elle m’avait demandé de lui montrer que je l’aimais. Et c »tait notre dernière nuit ensemble. Alors je me fichais pas mal des convenances et du reste. Elle était totalement nue devant moi et je l’ai contemplé avec un sourire satisfait et mon doigt a couru de ses lèvres à sa poitrine pour descendre jusqu’à son nombril. Lentement, très lentement…

J’ai plongé mon regard dans le sien.

-Je t’ai menti mon amour. Menti tellement de fois….

Elle semblait ne pas comprendre. Et un instant j’ai cru qu’elle allait m’en vouloir, ou croire à ce que je disais. J’ai cru qu’elle allait me gifler. Alors j’ai préféré préciser rapidement ce à quoi je pensais.

-Tu n’es pas un ange. Tu es une tentatrice.

Je me suis levé, la laissant sur le lit. Elle pensait sans doute que j’allais partir, que j’allais me parjurer, mais j’avais une autre idée en tête. Je suis allé chercher des chaussettes dans mon armoire et je suis revenu vers elle. Elle ne comprenait sans doute pas ce que j’allais faire. Je l’ai forcé à s’allonger sur le lit, j’ai fini par me déshabiller entièrement. Et j’ai noué ses mains avec les chaussettes. Derrière elle, aux barreaux du lit. J’ai ri quand je l’ai regardé. Elle était si belle, si désirable.

- Pardonne-moi… Mais j’ai tellement envie de toi… Et tu as dit que tu étais à moi….

J’ai noué mes cheveux et j’ai écarté légèrement ses jambes. Je l’ai caressé lentement. Je ne l’avais pas lâché du regard. Je me retenais de ne pas la prendre sur le champ

-Ne bouge pas. Laisse-moi t’aimer…

Je voulais l’aimer la nuit entière. Et je voulais commencer par lui donner du plaisir à elle. Apres elle ferait ce qu’elle voulait de moi, mais là c’était moi qui menait le jeu.

-Laisse-toi aller mon amour. Je t’aime.

Je n'avais plus envie de pleurer, ni même de me lamenter sur mon sort. J'avais envie de rire, j'avais envie de sourire, j'avais envie de l'aimer. Comme si d'un geste j'avais pu balayer tout ce qui s'était passé avant. Je me suis sentie merveilleusement bien, comme si mon coeur s'était réparé tout seul. Ou plutôt comme si Ethan l'avait réparé, au lieu de finir de le briser. Je me sentais tellement mieux ! Il était là, prêt à m'aimer encore et encore, alors rien ne comptait plus. Qu'est-ce qui aurait pu importer plus ? Rien n'était plus important dans ma vie que lui, lui et lui. Certains diraient que je l'aimais beaucoup trop. J'étais littéralement folle d'amour pour lui. J'aurais fait n'importe quoi pour qu'il ne soit qu'à moi. J'étais terriblement égoïste quand il s'agissait de lui. Terriblement jalouse. Il m'avait suffi de l'imaginer avec une autre, sans visage, pour mourir de jalousie et me découvrir ce trait de caractère insoupçonné. L'amour fait faire de drôles de choses tout de même. On croit se connaître et finalement on se découvre à mesure que l'on découvre l'autre. Ou pas, d'ailleurs. Il y avait probablement des choses que je ne comprendrais jamais chez Ethan.

Je n'ai pas pu m'empêcher d'éclater de rire quand il a hurlé qu'il m'aimait. Je lui avais demandé de me le dire, il me l'avait hurlé. Il faisait toujours tout à outrance... En tout cas, ceux qui ne savaient pas encore qu'Ethan était rentré et qu'il était avec moi... Eh bien, ils étaient au courant, cette fois-ci. Il n'y avait pas cinquante homme à pouvoir hurler « je t'aime » en russe. Il n'y en avait probablement qu'un. Une fois de plus, il s'est chargé de bloquer ms mains. Je lui ai lancé un regard faussement contrit. Non mais dis donc... Bon d'accord, je ne pouvais pas me plaindre. J'avais toujours adoré le laisser mener la danse. Et à plus forte raison cette fois-ci. J'ai eu un petit sursaut quand il m'a enlevé mes vêtements rapidement. Je ne l'avais jamais connu aussi impatient. Il m'a regardé en souriant. Il avait une idée derrière la tête ou je ne le connaissais pas... J'ai frissonné quand il a laissé sa main glisser sur moi. Il allait me rendre folle, très certainement.

Je l'ai regardé avec un drôle d'air quand il m'a dit qu'il m'avait menti. Comment ça ? L'espace d'un instant, j'ai cru qu'il avait perdu l'esprit et qu'il me faisait une révélation inattendue. Mais finalement j'ai éclaté de rire. Moi, une tentatrice ! C'était la meilleure... Mais il avait peut-être raison. Je m'étais acharnée à le faire céder, pour pouvoir profiter de lui une dernière fois. Cependant, je n'ai pas ri du tout quand il s'est levé. J'ai tenté de le retenir entre mes bras. Il n'allait tout de même pas me faire l'affront de me laisser là... Je ne l'aurais pas bien pris du tout... Ah non, voilà qu'il revenait... Une petite voix me disait que je risquais d'être surprise... Mais comblée. Il m'a forcée à me rallonger et je n'ai pas protesté. J'ai eu une petite grimace quand il s'est déshabillé. Je me serais bien chargée de cette partie là. J'ai cherché à me redresser... une seconde avant de me rendre compte que je ne pouvais pas. J'ai ri quand je me suis rendue compte qu'il m'avait attachée à son lit. S'il y en avait une que je n'avais pas vue venir, c'était celle là. J'ai eu un sourire. Loin de moi l'idée de protester.

« Tu ne m'avais jamais dit que tu étais si... inventif. »

C'était une grande première. Mais je lui avais dit que j'étais à lui, alors il pouvait bien faire de moi tout ce qu'il voulait. Si cela impliquait de se retrouver attachée à un lit à sa merci, alors soit. Il s'est installé entre mes jambes me faisant frissonner légèrement. Par réflexe, j'ai cherché à l'enlacer. J'avais oublié que je ne pouvais pas. J'ai jeté un petit regard en arrière, vers les barreaux du lit. Nom de dieu. Il allait me rendre complètement folle. Il ne cessait pas de me regarder. Il voulait que je me laisse aller ? D'accord... Mais il ne fallait pas s'entendre à ce que je sois discrète. Avec lui je ne savais pas me contenir. J'ai fermé les yeux tandis qu'il me caressait doucement. J'ai tout de même passé mes jambes autour de lui. Comme il le voulait je l'ai laissé m'aimer. De temps à autre, un soupir ou un gémissement à peine étouffé m'échappait. Et je me cambrais, je me soulevais... J'avais envie qu'il me fasse sienne, maintenant. J'étais déjà à bout de souffle... J'étais à deux doigts d'arracher les barreaux du lit. Je n'ai pas pu m'empêcher de rire une fois encore.

« Soit gentil... Détache moi, Ethan... Sinon je te jure que je vais réduire ton lit en miettes, simplement pour pouvoir t'enlacer. »

J'ai resserré mes jambes autour de lui, pour l'attirer à moi. Je l'ai regardé dans les yeux, en souriant. Si j'avais pu, j'aurais caressé son visage... Ah ! Ces liens allaient me rendre folle.

« Détache moi... Détache moi, embrasse moi et laisse moi t'aimer comme tu le mérites. »

J’ai fait une moue victorieuse alors que Katarina était nue et allongée, les mains liées à mon lit, complètement et totalement à ma merci. Elle a ri et je n’ai pu m’empêcher de sourire. J’étais tellement heureux. J’oubliais complètement ce qui nous avait amenés a une situation comme celle là. Je ne pensais plus qu’au bonheur que c’était d’aimer une femme comme elle. J’en voulais encore et encore.

« Tu ne m'avais jamais dit que tu étais si... inventif. »

C’est vrai que d’habitude je prenais soin de lui donner du plaisir, mais je n’avais jusque là jamais osé faire de telles choses. Et je ne savais pas ce qui m’avait pris ce soir. Mais je savais que si je ne faisais pas ça, elle essaierait de m’embrasser et de me donner autant de plaisir que je lui en procurais. Mais je voulais d’abord qu’elle se laisse submerger seule. Nous avions toute la nuit pour nous aimer. Une dernière nuit. Alors je voulais qu’elle soit parfaite.

Je traçais des arabesques sur sa peau nue tout en la regardant avec un air gourmand. Je sentais qu’elle se cambrait de temps à autre, et j’adorais la voir dans cet état là. Elle m’a emprisonné avec ses jambes et je n’ai pas pu m’empêcher de sourire. Elle ne pourrait faire que ça. J’ai enfoui ma tête contre sa poitrine et je suis descendu lentement, si lentement que je sentais qu’elle allait hurler.

Elle n’a pas hurlé mais elle a commencé à me supplier, et j’ai fait la sourde oreille. Je continuais toujours à la caresser avec ma bouche et mes mains. Sa peau était sucrée et je m’en enivrais. Il n’y a pas un centimètre carré de sa peau qui ne fut pas caressée.

« Soit gentil... Détache-moi, Ethan... Sinon je te jure que je vais réduire ton lit en miettes, simplement pour pouvoir t'enlacer. »

J’ai relevé la tête, et elle a réussi à m’attirer à elle avec ses jambes. Je me suis retenu de m’écrouler sur elle en plaquant mes mains sur le drap. Nous nous sommes souris et elle m’a supplié à nouveau. Féline et charmeuse.

« Détache-moi... Détache-moi, embrasse-moi et laisse-moi-t’aimer comme tu le mérites. »

Je l’ai embrassé du bout des lèvres une première fois. Puis une deuxième. Puis une troisième. Elle riait mais elle me suppliait.

-J’aime quand tu me supplies.

D’habitude c’était plus moi qui faisais ça. La supplier parce qu’elle m’épuisait. Pas dans le mauvais sens du terme. Mais Katarina semblait n’en avoir jamais assez. Et parfois je n’avais pas la résistance physique pour la satisfaire pleinement. Elle ne m’en voulait jamais, mais je le faisais pour deux. J’aurai aimé pouvoir l’aimer toutes les nuits pendant des heures mais je n’avais pas ce talent.

Je suis descendu du lit et je suis allé la détacher. Je regrettais un peu d’avoir cédé aussi rapidement. Mais elle m’avait eu. Comme toujours… J’étais faible face a elle. Je suis allé prendre une bouteille d’eau qui trainait sur la table. J’avais soif. Quand je me suis retourné vers elle. Elle était assise au pied du lit, me scrutant presque. J’ai reposé la bouteille d’eau et je me suis approché d’elle.

-Et comment est ce que je le mérite hein ?

Il m'a embrassée. Une fois. Deux fois. Trois fois. Mais je mourais d'envie qu'il me détache. J'avais envie de participer, moi aussi. Quand bien même c'était très agréable de subir tout ça, je n'avais pas envie qu'il soit en reste. Je voulais l'aimer. Encore et encore... L'espace d'une seconde, je me suis demandée s'il allait céder ou non, s'il allait ou non me laisser attachée à son lit. Visiblement il adorait que je sois à sa merci... Je l'avais habitué à prendre le dessus dans ces moments là. Il faut croire qu'il en avait pris l'habitude. Et cela n'avait pas l'air de lui déplaire. Même s'il se plaisait à renverser la situation de temps à autre. Cela ne me déplaisait pas non plus. Je n'ai pas pu m'empêcher d'avoir un petit sourire victorieux quand il est allé me détacher. Ah, j'allais lui en faire voir de toutes les couleurs. Il voulait jouer, nous allions jouer. Je me suis redressée et j'ai frotté mes poignets une seconde, en le regardant. Il avait déjà soif ? Mais qu'est-ce que ce serait dans un instant... Je me suis assise au bord du lit, en le regardant d'un œil très, très intéressé.

Je me suis levée quand il s'est approché de moi. J'ai passé mes bras autour de son cou, avant de me mettre sur la pointe des pieds pour l'embrasser. Avec un sourire mutin, j'ai embrassé son front, son nez, ses joues... Un peu partout avant de poser mes lèvres sur les siennes. Je l'ai embrassé tendrement, en souriant. Parfois je me comportais comme une véritable enfant avec lui. J'ai fini par m'écarter doucement pour le regarder. Mes yeux brillaient d'amour pour lui. Même si la lumière de la pièce était faible, impossible de ne pas le voir. Je l'avais toujours regardé comme ça. Du moins quand je n'étais pas en colère ou triste... Là j'étais heureuse. Vraiment heureuse. J'avais tout oublié. Je ne pensais plus à demain... Demain nous nous quitterions. Et alors ? J'avais l'impression que cette nuit là ne finirait jamais. Qu'il n'y avait même ni avant, ni après. Il n'y avait que lui et moi. Et rien d'autre. Si je pensais à quoi que ce soit d'autre, j'allais redescendre sur terre. Et pour le moment, j'étais très bien là où j'étais.

« Tu mériterais que je te fasse tout un tas de choses... »

J'ai ponctué mes paroles d'un bref baiser. Puis je me suis éloignée. Je l'ai attrapé par la main avant de l'entrainer sur le lit, avec moi. Je l'ai enlacé aussi étroitement que possible, passant mes bras et mes jambes autour de lui. C'était à son tour d'être à moi. Mon coeur avait recommencé à battre de façon désorganisée. De même que ma poitrine se soulevait par à-coups, désormais. Je me disais que je n'allais pas tarder à perdre patience. Sa poitrine était posée contre la mienne et j'avais l'impression qu'il n'allait pas tarder à craquer lui aussi. J'ai glissé une main derrière sa nuque pour attirer son visage près du mien. Je l'ai embrassé avec plus de fougue cette fois ci. J'aurais aimé que nous prenions un peu plus notre temps, mais mon envie de lui s'intensifiait à chaque minute qui s'écoulait. J'avais envie qu'il me fasse sienne, qu'il mette un terme à cette sensation de manque...

J'ai caressé son visage doucement. Et je me suis empressée de l'embrasser, encore une fois. J'ai laissé mes lèvres courir le long de sa mâchoire, de son cou, de son épaule... Je me suis un peu attardée sur cette dernière, que j'ai légèrement mordillée. Je sentais son souffle sur ma peau et cela m'électrisait complètement. Sa tête reposait au creux de mon cou et je sentais qu'il se faisait violence pour ne pas céder à son envie de nous unir tout de suite. Il n'avait jamais aimé aller trop vite... Et il ne pensait jamais à lui, mais toujours à moi. Ce qui était véritablement adorable. À mon humble avis, peu d'hommes se préoccupaient d'abord de leur compagne... J'ai laissé ma main libre glisser tout doucement le long de son dos. J'ai laissé mes doigts caresser sa peau lentement. Et doucement, tout doucement, pour ne pas le brusquer, j'ai fait pression sur ses reins. Il n'y avait pas besoin de mots. Le message était clair. Je ne voulais plus qu'il se retienne. J'avais envie de lui autant qu'il avait envie de moi. Et nous avions toute la nuit pour nous aimer. J'ai fermé les yeux une seconde. Il m'avait dit qu'il m'aimait... Maintenant, je voulais qu'il me le montre.

Elle s’est levée pendant que je m’approchais d’elle et du lit. Je lui ai souri. Elle avait un air mutin, et j’avais toujours aimé quand elle me regardait ainsi. J’avais l’impression d’être la huitième merveille du monde. Elle avait le don de me faire penser que j’étais désirable. Moi qui avais une image si mauvaise de moi. Elle s’est mise sur la pointe des pieds pour m’embrasser. Je n’ai pas pu m’empêcher de poser mes mains sur ses hanches. J’ai baissé un peu la tête en frémissant pendant qu’elle m’embrassait délicatement le front, le nez, les joues pour s’arrêter sur mes lèvres. Je lui ai rendu son baiser, sans la presser, sans forcer ses lèvres. Juste un baiser pour lui dire que je l’aimais. J’aurais le temps de lui faire comprendre a quel point je l’aimais et je la désirais. Elle s’est écartée de moi et j’ai fait la moue.

« Tu mériterais que je te fasse tout un tas de choses... »

J’ai souri et elle m’a a nouveau embrassé furtivement avant de repartir. Elle me rendait dingue. Elle était nue devant moi, a souffler le chaud et le froid et je n’avais qu’une envie c’était lui sauter dessus et lui faire l’amour. J’allais lui sauter dessus quand elle a pris ma main et m’a entraine avec elle sur le lit. Je voulais la laisser mener la danse. Elle m’avait plus ou moins promis de me faire payer ce que je lui avais fait. Et j’avais envie de me laisser faire. Pour une fois j’avais envie qu’elle me domine. J’étais sur elle, et pour le moment je me laissais faire. Je m’abandonnais à ses caresses en gémissant tout bas. Elle m’a embrassé plus fougueusement que d’ordinaire et je sentais qu’elle avait de plus en plus envie de moi. Je n’étais pas en reste mais j’avais envie de faire durer nos ébats. C’était notre dernière nuit alors il fallait que nous en profitions le plus possible.

Je me suis laissé aller à ses caresses, à ses baisers. Elle me rendait fou a un point qu’il n’était même pas permis. J’ai écarquillé les yeux quand je l’ai senti faire pression sur mes reins. Décidément elle n’arrivait plus à se contenir, et elle n’osait pas me dire qu’elle avait envie que je l’aime. C’était touchant. J’ai emprisonné son visage entre mes mains et je l’ai embrassé tout d’abord amoureusement. Et plus nos langues se mêlaient et s’entremêlaient, plus le désir était fort. Mais elle m’avait promis de se venger. Et je voulais jouer avec elle je devais l’avouer.

-Je croyais que tu allais te venger parce que je t’ai attaché. Quelle déception de voir que je me suis trompé…

J’aurai aimé qu’elle soit plus entreprenante. Non pas que je n’avais pas aimé son petit jeu, mais j’en voulais plus. Je voulais qu’elle me rende dingue de désir. Pour ensuite lui faire l’amour comme elle le méritait. Je me suis allongé sur elle en posant mes mains a plat sur le lit pour éloigner un peu nos visages. Je m’amusais à souffler sur sa peau avec un grand sourire. Je voyais ses yeux malicieux et emplis de désir me supplier de lui faire l’amour. Et je faisais semblant de ne pas comprendre.

-Je n’aurai pas été contre le fait d’être ton objet sexuel cette nuit…

Je me suis penché pour suçoter son cou et y laisser la marque de mon amour. Et je me suis détaché d’elle en retournant la situation. Elle se trouvait à présent sur moi et je lui souriais. Mes mains couraient le long de ses bras. Je me suis mordu la lèvre inferieure et je lui ai susurré tendrement.

-Je t’appartiens.

J’ai cessé mes caresses et je me suis étendu en mimant la position de Christ sur la croix. J’attendais qu’elle fasse de moi ce qu’elle voulait.

Je me doutais bien qu'il ne me cèderait pas si vite. C'était dommage... Je mourais d'envie d'être sienne. J'étais impatiente, terriblement impatiente. J'avais l'impression que j'allais mourir s'il ne me faisait pas l'amour tout de suite. Il savait toujours comment me rendre folle de désir pour lui. Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce n'était jamais platonique entre nous... Il me surprenait toujours et savait comme éveiller mon désir. J'allais vraiment finir par croire qu'il était parfait. Là, tout de suite, je ne lui trouvais aucun défaut. Il me faisait tout oublier, et ça, c'était formidable. Il me faisait oublier que le monde s'était écroulé. Il me faisait oublier que bientôt, il serait loin de moi. J'étais bien à l'abri dans la bulle, entre ses bras. Le monde aurait pu s'écrouler une deuxième fois que je ne m'en serais même pas rendue compte. Et je me fichais bien du reste de l'univers... Bien sûr je n'étais pas idiote... Je me doutais bien que certains étaient au courant de ce que nous faisions... Mais tant pis. Ethan était tout ce qui comptait. J'avais envie de lui hurler mon amour, n'en déplaise à certains. C'était la dernière fois qu'il était là, entre mes bras. Alors autant en profiter au maximum.

Il m'a embrassé, tendrement, avant de s'enhardir. J'ai pris son visage entre mes mains. Je souriais tout en l'embrassant. Je me suis demandée s'il y avait quoi que ce soit de plus agréable que cela sur terre... La réponse s'est rapidement imposée à moi. Non, je ne pouvais rien aimer de plus. Ethan m'aimait. Il me l'avait dit et il me le montrait. C'était très certainement ce qui comptait le plus à mes yeux. Mes doigts se sont crispés sur ses épaules. J'allais finir par planter mes ongles dans sa peau, sans le vouloir. J'ai essayé de le retenir quand il a mis fin à notre baiser. Je voulais l'embrasser, encore, encore, encore. J'ai fait une petite moue faussement triste. Moi, me venger ? J'aurais dû y penser... Mais j'avais tellement envie de lui que cela m'était passé au dessus de la tête. Il s'est écarté un peu plus de moi, mettant ses mains à plat sur le lit. J'ai posé une main sur sa poitrine, tandis que l'autre glissait doucement dans son dos. Il était certes un peu plus éloigné de moi, mais en attendant je ne pouvais pas dire que la vue me déplaisait...

Il s'amusait à souffler sur ma peau en souriant. Cela avait le don de me rendre complètement folle. J'étais à deux doigts de le supplier de mettre fin à cette torture. Il s'amusait avec moi, et cela lui plaisait. Je ne pouvais pas lui en vouloir... Là, j'étais incapable de lui en vouloir pour quoi que ce soit. J'étais complètement à sa merci... J'ai secoué la tête doucement, avec un sourire tendre.

« Tu n'es pas mon objet, tu es mon fiancé. Nuance. »

Nuance, nuance, elle était grosse la nuance... Je n'avais pas pensé à ce que je disais. Techniquement je l'avais quitté, nous n'étions même plus fiancés. Et pourtant je l'avais dit. Parce que c'est ce qu'il était et ce qu'il restait pour moi, au fond. Même si je savais que c'était pure folie, j'avais envie de rester sa fiancée... Parce que je me disais qu'il ne me quitterait pas, jamais. Mes capacités à raisonner étaient assez limitées dans un moment pareil, je dois bien l'avouer. Ça n'a pas loupé cette fois-ci, j'ai planté mes ongles dans sa peau quand il m'a embrassée dans le cou. Comme ça, chacun porterait la marque de l'autre... Cela ne me dérangeait pas. Après tout j'étais à lui. J'ai affiché un air surpris quand je me suis rendue compte que j'étais sur lui. J'ai ri doucement.

« Tu veux vraiment me rendre folle, hein ? Tu sais que tu vas finir par y arriver... »

L'espace d'une seconde, j'ai croisé mes bras sous ma poitrine, avec une mine boudeuse. Je lui ai lancé un regard faussement assassin, avant d'éclater de rire. J'ai posé mes mains à plat sur son torse. J'ai fait mine de réfléchir une seconde, en regardant le plafond. Finalement, je me suis penchée en avant, laissant un tout petit peu de distance entre nos deux visages. Mes cheveux, laissées libres, effleuraient sa peau. J'ai posé un doigt sur ses lèvres.

« A ton avis, combien est-ce que je t'aime, hum ? Un peu, beaucoup, passionnément... A la folie ? »

J'ai fini par m'allonger complètement sur lui, avec un sourire taquin. J'avais envie de l'embrasser un peu partout... J'ai attrapé ses mains et je les ai passées autour de moi. J'ai posé ma poitrine sur la sienne, avant de poser mes lèvres sur les siennes. Une de mes mains caressait sa joue tendrement, tandis que l'autre glissait sur son ventre tout doucement. J'avais soudainement envie de tendresse. Le calme avant la tempête, très certainement... J'ai posé ma joue contre la sienne, en glissant une main dans ses cheveux. J'ai eu un petit soupir.

« S'il y a bien un ange ici, je crois que ce n'est pas moi... »

Mon cœur s’est serré et je n’ai pas su quoi répondre à Katarina quand elle m’a dit que je me trompais. Que j’étais son fiancé, et pas son objet sexuel. J’ai eu mal à ce moment là, et je me suis souvenu des derniers jours et des dernières heures surtout. Pour le moment nous étions encore fiancés oui…mais nous savions tous les deux qu’il en serait tout autrement dans quelques heures. Dans quelques heures il n’y aurait plus de nous, et je serais sans doute parti. Je la laisserais sous la surveillance de la communauté. Il fallait que je parte. Nous avions tous les deux besoin de temps et d’espace. J’espéré seulement qu’on allait se retrouver et régler nos problèmes. Même si le problème venait essentiellement de moi et de mon passé. Alors j’ai préféré ne pas répondre et faire comme si de rien n’était. Je n’avais pas envie de gâcher ce moment. Je voulais qu’il soit parfait. Je voulais qu’il ressemble à mon ange.

J’ai continué alors à la caresser, et à jouer avec son désir et ses nerfs. J’avais toujours aimé l’amené là où je voulais. J’aimais qu’elle ait du plaisir, et pas seulement en lui faisant l’amour de manière littérale. Pour moi, il y avait bien d’autres façons de s’aimer. Certains n’en connaissaient peut être qu’une, mais moi non. Surtout avec une femme comme Katarina…

« Tu veux vraiment me rendre folle, hein ? Tu sais que tu vas finir par y arriver... »

Je lui ai souri d’un air mutin. Pas besoin de dire quoi que ce soit. Mes yeux et mon sourire parlaient pour moi. Oui je voulais la rendre folle. Folle d’amour. Folle de désir. L’acte n’en serait que plus transcendant. Comme toujours. Nous n’étions pas des amants conventionnels même si nous n’avions pas des vices étranges.

J’ai éclaté de rire quand j’ai vu sa moue faussement boudeuse. Elle avait croisé les bras sur sa poitrine, la cachant à mon regard et ses lèvres s’étaient pincées. Mais même ses yeux n’ont pas tenus longtemps. Elle est passée d’un air faussement vexé à un mine ravie. Dieu qu’elle était belle comme ça. Si vivante, si ….Oh mon Dieu, j’étais vraiment fou de penser que je pouvais me séparer d’elle et vivre sans elle. Pourtant je me persuadais que c’était provisoire. Que c’était pour son bien. Pour qu’elle puisse aller mieux. Et que j’arrive à trouver une solution.

Je l’ai laissé à nouveau mener la danse. Ses mains se sont posées sur mon torse. Et je me sentais électrisé par ce simple contact. J’en voulais plus, beaucoup plus. Elle a éloigné un peu son visage du mien et je l’ai contemplé. Nue sur moi, son corps magnifiquement dessiné dévoilée dans le clair obscur de la pièce. Elle a posé un doigt sur mes lèvres pour je ne sais quelle raison. Si elle croyait que j’allais dire quoi que ce soit. Elle m’éblouissait trop pour ça….

« A ton avis, combien est-ce que je t'aime, hum ? Un peu, beaucoup, passionnément... A la folie ? »

Je n’ai pu que sourire. J’aurais aimé que ce soit à la folie ou bien plus encore. Moi je l’aimais à en mourir. Elle m’aurait demandé de lui décrocher la lune que j’aurais trouvé un moyen de le faire. A chaque fois que je la regardais, j’avais l’impression que mon cœur implosait. Je ne me lassais pas de ce sentiment de bien être et de plénitude qui était le mien quand j’étais avec. C’était comme si j’avais trouvé ma place dans ce monde. La place que j’avais tant cherchée, et que j’avais finie par croire impossible à trouver. Ma place était avec elle.

Elle s’est allongé sir moi. Et bien que le désir fût toujours présent, je sentais qu’elle avait besoin de tendresse, de douceur. Elle m’a embrassé si tendrement que j’en aurais pleuré. C’est ce que j’ai fini par faire quand elle a passé une main dans mes cheveux en posant sa joue contre la mienne.

« S'il y a bien un ange ici, je crois que ce n'est pas moi... »

J’ai refermé mes bras sur elle et j’ai laissé des larmes de joie couler le long de mes joues. J’ai soupiré à mon tour. Personne ne savait me redonner le sourire comme elle, personne n’avait touché mon cœur comme elle l’avait fait. Personne ne remplacerait le trou béant dans ma poitrine si je venais à la perdre. Ma voix se perdait dans un murmure. J’étais trop ému pour moduler davantage ma voix et être plus audible.

- Dis-le-moi alors. Que tu m’aimes, dis-le moi Kat. J’ai tellement besoin de l’entendre.

J’avais besoin qu’elle me le dise encore et encore. Comme pour en faire des stocks pour les jours où nous serions séparés. Comme pour le graver dans ma tête, dans mon cœur. Je m’en voulais de ce que j’allais faire dans quelques heures, mais je n’en étais pas plus déterminé. J’allais encore lui faire du mal je le savais. Mais ce serait la dernière fois, je le jurais devant Dieu. C’était la dernière fois que je la blessais.

-Je ne pense pas être un ange mon amour, je suis juste un pauvre mec paumé et fou d’amour pour toi.

J’ai cherché ses lèvres et je me suis mis à l’embrasser très tendrement. Comme pour lui rendre ce qu’elle me donnait.

-Mon amour, mon trésor….

Je n’avais pas de mot qui puisse définir ce que je ressentais pour elle, ce qu’elle représentait pour moi. Elle était ma vie, et bien plus encore.

-Pas comme ça….

Je ne voulais pas qu’elle soit sur moi, je ne voulais pas être sur elle. Je voulais juste que nous soyons au même niveau. Personne pour écraser l’autre, personne pour dominer l’autre. Je voulais que notre dernière nuit nous ressemble. Je voulais l’aimer d’égal à égal.

Je nous ai fait alors basculer sur le côté. Je pouvais la regarder et c’était tout ce qui comptait. Je me suis alors frayé un chemin entre ses jambes et je suis lentement venu en elle. L’embrassant partout : sur les lèvres, dans le cou.

-Je t’aime…

Il a refermé ses bras autour de moi et j'ai laissé échapper un petit soupir de contentement. J'avais toujours adoré ces moments de tendresse entre nous. Je savais qu'il avait besoin de cette tendresse autant que moi. J'ai été surprise de constater qu'il pleurait. Je n'avais jamais aimé ses larmes... Peu m'importait la raison qui le faisait pleurer. Je n'aimais pas ses larmes. Je me suis redressée légèrement, et j'ai embrassé chacune de ses joues doucement. Le goût salé de ses larmes s'est déposé sur mes lèvres. J'ai eu un petit sourire. Il m'a demandé timidement de lui dire que je l'aimais. J'ai caressé son visage avant de déposer un baiser sur son front.

« Je t'aime... »

Je lui avais d'abord dit dans sa langue à lui. Et puis j'ai approché mes lèvres de son oreille pour le lui dire en russe. Comme il l'aimait tant. J'ai un petit un frisson. Non pas à cause du froid, mais plutôt à cause de ses mains qui glissaient doucement dans mon dos. C'était fou comme une petite caresse pouvait être électrisante... Mon désir pour lui était si fort qu'un rien m'aurait rendue folle. Je me suis redressée pour le regarder. J'ai secoué la tête tout doucement, avant de caresser son visage doucement. Il n'était pas plus perdu que moi... Mais je me plaisais à l'entendre dire qu'il était fou de moi. Ça me faisait un bien fou... J'avais tellement souffert ces derniers temps que l'entendre dire qu'il tenait à moi était comme un baume sur une plaie douloureuse. J'étais apaisée. Sincèrement. Malgré le désir qui me brulait littéralement de l'intérieur. Il m'a embrassé tendrement, comme je l'avais fait un peu avant. Il me murmurait des mots d'amour entre deux baisers. Et moi je souriais. Je n'avais pas cessé de sourire depuis qu'il m'avait pris dans ses bras. Je n'avais pas envie d'arrêter.

Il m'a fait basculé sur le côté en douceur. Il était collé à moi et je n'ai pas tardé à comprendre ce qu'il voulait. J'ai passé mes bras autour de lui, tandis qu'il me regardait. Je n'ai pas soutenu son regard très longtemps. J'ai légèrement rejeté la tête en arrière quand il est venu en moi. J'ai laissé échapper un gémissement ténu. Il continuait de m'embrasser partout, si bien que je ne savais plus où donner de la tête. J'étais certaine de sombrer dans la folie avant la fin de la nuit. J'ai enfoui ma tête au creux de son cou un instant. À mon tour de souffler sur sa peau... Sauf que moi je ne le faisais pas sciemment. Même si je savais parfaitement que cela pourrait le rendre fou, qu'importe si c'était d'une simplicité affolante. Je me suis mise à embrasser sa peau doucement, tandis qu'il allait et venait en moi. La passion brulante avait laissé place à la douceur et à la tendresse. Mais pour combien de temps ? Je savais que cette étreinte serait la dernière. Je voulais en profiter au maximum. Je ne savais pas de quoi demain serait fait. Et je m'en fichais...

« Ethan, Ethan, Ethan... »

Je ne cessais de répéter son prénom entre deux baisers. J'ai laissé ma main glisser le long de son dos, après avoir caressé son épaule tout doucement. J'ai posé ma main sur ses reins comme, pour lui demander de ne pas s'arrêter, de m'aimer encore et encore... J'ignore s'il savait à quel point je l'aimais en cet instant. Pas plus que d'habitude... Mais je ressentais toutes mes émotions de façon plus intense. Comme si l'urgence de la situation m'obligeait à me rendre compte de tout cela. Sans lui... Que ferais-je sans lui ? Comment pourrais-je vivre ? Mes doigts se sont crispés sur sa peau. Je n'avais plus aucune conscience du temps qui passait. Je ne savais pas depuis combien de temps j'étais dans ses bras. Je ne savais pas si cela faisait une minute, une heure, une journée... Doucement, j'ai cherché à nous refaire basculer légèrement. Quand il s'est retrouvé au dessus de moi, il m'a regardé avec un air interloqué. Je n'ai pas pu m'empêcher de lui sourire timidement.

« S'il te plait. »

J'avais toujours aimé quand il m'aimait comme ça. Je me sentais terriblement bien entre ses bras. Et j'aimais le sentir peser sur moi. J'avais l'impression de lui appartenir, d'être prisonnière de ses bras...

Plus Katarina se cambrait et rejetait la tête en arrière, murmurant mon prénom, plus mon envie d’elle était grande. Mais je ne voulais pas l’aimer sauvagement. Nous avions besoin de tendresse finalement. Nos mouvements étaient lents, profonds, et nous ne cessions de nous embrasser. C’était le paradis. Je me suis arrêté quelques secondes quand son souffle sur ma peau me faisait tellement frémir que je sentais qu’il fallait que je ralentisse le rythme. Katarina ne cessait de gémir et de murmurer mon prénom comme une litanie.

J’ai continué à aller et venir en elle doucement. Et la douceur à commencé à laisser la place à la passion quand Katarina a glissé sa main dans mon dos pour arrêter sa course sur mes reins. Elle me faisait comprendre à sa manière qu’elle avait envie de plus. Elle nous a fait basculée et je n’ai pas pu m’empêcher d’écarquiller les yeux. Je ne comprenais pas au début pourquoi elle voulait être mienne dans cette position. Mais je n’ai pas cherché à comprendre, elle avait envie que je sois l’instigateur de notre plaisir. Elle voulait que je lui impose mon rythme. Elle voulait que je l’aime comme ça alors j’allais le faire. Non pas que je n’en avais pas autant envie qu’elle, mais jamais je ne lui imposais quoi que ce soit. J’aimais quand elle me disait ce dont elle avait envie. Bien sur, elle n’était pas égoïste, et il lui était arrivé d’accéder à mes fantasmes. Et dans ces moments là elle avait fait de moi le plus heureux des hommes.

J’étais à présent au dessus d’elle et elle m’a supplié d’une toute petite voix. Je n’ai bien sur pas refusé et sans un mot j’ai commencé des mouvements de va et vient en elle de plus en plus passionnés. J’étais étendu sur elle, lui mordillant le lobe de l’oreille tellement le plaisir était au rendez vous. Je murmurais son prénom entre deux râles et gémissements.

Le temps semblait ne plus avoir d’emprise sur nous. Impossible de dire depuis combien de temps nous nous aimions. Il n’y avait plus que Katarina et moi, essayant de se convaincre que notre amour était plus fort que tout. Et il l’était…sinon quand elle m’avait dit qu’il fallait qu’on mette un terme a notre relation, les choses auraient été plus faciles. Nous nous serions quittés, et voilà. Mais là nous avions du mal à réaliser que c’était la fin…Parce qu’on s’aimait. Et cela paraissait inconcevable que notre histoire s’arrêtait là. Un break, voilà ce que je voulais que ce soit. Juste un break…

J’ai mordillé son oreille quand le désir est devenu si fort que j’avais l’impression que j’allais en mourir. Je voulais venir en elle maintenant. Je n’arrivais plus à raisonner correctement. J’aurai voulu l’amener loin avant moi, mais j’avais tellement envie d’elle. Apres un ultime baiser passionné j’ai presque hurlé.

-Katarina s’il te plaît. Tu me rends fou….

J’espérais qu’elle comprenne que je l’aimais et que lui faire l’amour était un tel bonheur qu’elle avait eu raison de moi et de mes performances. Je voulais venir en elle, là, maintenant, tout de suite. J’étais prêt à l’aimer encore cette nuit, mais pour le moment, je n’avais qu’une envie c’était laisser exploser mon envie d’elle et me reposer dans ses bras.

J'étais heureuse, tellement heureuse... Qui aurait cru que nous venions juste de nous déchirer ? Personne, et même pas nous... J'avais l'impression que cela faisait des années et des années que nous nous étions disputés. J'oubliais même que je l'avis quitté. Parce que pour moi cela n'avait absolument aucun sens. Je l'aimais. Pourquoi me séparer de lui ? C'était une hérésie... Et en faisant cela, je me serait certainement brisée toute seule. Pour moi, il était hors de question que nous nous quittions, que ce soit demain, dans quelques heures, ou dans des années. Absolument hors de question. J'étais trop heureuse avec lui. Peu importe ce qu'il faisait. Cela m'était égal, du moment qu'il restait avec moi. Là, je lui aurais pardonné n'importe quoi. Pour la simple et bonne raison que sans lui je n'étais rien. J'étais prête à n'importe quoi pour le garder avec moi, en parfaite égoïste. Mais l'amour est égoïste, n'est-ce pas ? On ne partage pas l'être aimé... J'aurais été jalouse de n'importe quoi. Même de son passé. Surtout de son passé, de celles qu'il avait tenues entre ses bras avant moi. J'aurais aimé, j'aurais voulu être la seule... Seulement voilà, on ne revient pas sur le passé. Et surtout pas sur un passé si lourd de conséquences pour le présent.

Le présent... C'était bel et bien le plus important en fin de compte. C'était moi qu'il aimait, c'était moi qui étais dans ses bras. Plus important encore, c'était avec moi qu'il était en train de faire l'amour. Tendrement, passionnément... Qu'aurais-je pu demander de plus ? Une fois encore, j'aurais voulu que cette nuit ne s'arrête jamais. Nous vivions un instant absolument parfait. J'avais l'impression que je mourrais s'il arrêtait de m'aimer. Son souffle brulant sur ma peau m'électrisait autant que ses mouvements. Il n'y avait pas un centimètre carré de ma peau qui n'était pas sujet au plaisir qu'il s'acharnait à m'offrir. Il n'avait pas hésité une seule seconde à m'aimer comme je le lui avais demandé. Sa peau contre la mienne me faisait frissonner en quasi permanence. J'ai glissé ma main derrière sa nuque, comme pour le maintenir plus contre moi. J'ai laissé ma jambe remonter doucement le long de la sienne avant de les passer toutes les deux autour de lui. C'était peut-être idiot, mais j'avais l'impression qu'il m'appartenait un peu plus quand je le tenais entre mes jambes.

Mais nous fatiguions tous les deux, inévitablement. Notre respiration était de plus en plus saccadée et notre peau se couvrait de sueur lentement mais surement. J'ai eu un petit sourire quand il a mordillé mon oreille. Il savait combien cela me rendait folle. Ça n'a pas loupé, j'ai planté mes ongles dans sa peau en me mordant la lèvre. J'étais à deux doigts de me laisser aller complètement. Il est venu m'embrasser et j'ai eu du mal à répondre à son baiser tellement je n'avais plus conscience de rien, sinon de lui. Il n'en pouvait plus et je n'en pouvais plus non plus. Pourtant j'aurais donné n'importe quoi pour que cela ne s'arrête pas. Mais nous n'étions qu'humains et nos corps avaient leurs limites. Surtout après tout ce stress que nous avions accumulé. Je l'ai entouré de mes bras et je l'ai attiré à moi presque brusquement. J'ai véritablement hurlé à son oreille quand il s'est laissé aller en moi. Je me suis sentie trembler un instant, tandis que les battements désordonnés de mon cœur tentaient de se calmer. Ma poitrine se soulevait toujours aussi rapidement. Ethan était allongé sur moi et il tentait lui aussi de reprendre son souffle. Pour rien au monde je ne l'aurais lâché.

J'ai soupiré tout doucement, en caressant ses cheveux. Je suis restée silencieuse pendant un très long moment, attendant que nous nous calmions tous les deux. J'aurais presque voulu m'endormir tout de suite, pour ne pas sentir ce bonheur s'estomper doucement. Tout m'est retombé dessus d'un coup. Demain... Dans quelques heures, tout cela serait fini. Fini. Non, cela ne pouvait être... Je refusais de croire que je serais séparée de lui dans quelques heures à peine. C'était impossible à croire. J'ai eu un petit soupir et j'ai tenté de chasser ces pensées de ma tête. J'aurais tout le temps de souffrir plus tard. Pour le moment je préférais profiter de lui encore un peu. J'ai caressé son dos doucement, tendrement. Cela n'aurait pas dû être permis d'aimer quelqu'un si fort.

« Je ne sais pas quoi te dire... Il y a tellement de choses que j'aimerais te dire, mais je n'y arrive pas... J'ai peur, Ethan, j'ai peur de te perdre. Je ne veux pas que tu me laisses encore une fois... Il ne faut pas qu'on se sépare... Il ne faut pas. »

J'ai refermé mes bras autour de lui, comme pour lui faire comprendre que je n'avais pas envie de le laisser partir. Et j'avais un terrible pressentiment...

J’attendais l’approbation de Katarina. Je ferais ce qu’elle voulait elle. Si elle m’avait demandé de l’aimer encore et encore, j’aurai trouvé un moyen. J’aurai sans doute ralenti le rythme de mes mouvements en elle, pour aider mon cœur à ne plus battre de manière aussi erratique. Et pour reprendre un peu de souffle surtout. Parce que c’était ça en définitive qui me mettait dans cet état. J’étais à bout de souffle, Katarina m’avait épuisé. Et cela ne me dérangeait pas ….J’étais le plus heureux. Je faisais l’amour avec l’amour de ma vie.

J’ai compris qu’elle ne me demandait pas de l’aimer encore davantage quand elle m’a répondu en m’entourant de ses bras. Elle m’a amené vers elle pendant que mes mouvements se faisaient plus précis, plus rapides, plus provocants. J’ai fini par céder à une vague de plénitude qui nous a emportés tous les deux. Katarina a hurlé son plaisir au creux de mon oreille. J’ai eu l’impression de m’écrouler sur elle, j’étais littéralement épuisée. Je tentais de prendre de longues inspirations pour reprendre mon souffle. J’ai souri sans m’en rendre réellement compte. J’étais tellement bien. Rien n’aurait pu venir entamer mon bonheur. Je ne laisserais rien se mettre entre nous à ce moment là.

Katarina était affairée à me caresser les cheveux, pendant que j’embrassais lentement son cou. Ses mains sont descendues jusqu'à ma nuque et ont couru dans mon dos. J’aimais ces moments, ceux qui viennent après. Ceux où la tendresse est plus forte que n’importe quoi d’autre. Les moments où vous vous sentez tellement bien, que vous souriez sans raison, et où vous avez envie d’hurler votre bonheur.

J’étais si bien dans ses bras, je n’aurai pas aimé être ailleurs. C’était là où je me sentais le mieux. Katarina brisa le silence qui régnait dans la chambre.

« Je ne sais pas quoi te dire... Il y a tellement de choses que j'aimerais te dire, mais je n'y arrive pas... J'ai peur, Ethan, j'ai peur de te perdre. Je ne veux pas que tu me laisses encore une fois... Il ne faut pas qu'on se sépare... Il ne faut pas. »

Ca faisait si mal d’entendre ça. Mais que lui répondre ? Que j’avais l’intention de partir le lendemain ? Que j’allais la quitter ?

Je ne pouvais pas faire ça, je n’en avais pas la force, pas après cette nuit d’amour. J’étais lâche oui…mais j’avais peur de blesser encore. J’avais fait assez de dégâts comme ca. Il fallait qu’on prenne du temps pour faire une pause. Nous avions tous les deux besoin d’une pause. Je savais que si je ne lui avais pas demandé de passer une dernière nuit avec moi, Katarina aurait campé sur ses positions, et nous nous serions vraiment séparés. Là j’avais besoin de lui faire comprendre que cette séparation, même ponctuelle, était nécessaire. Il fallait que je la prépare doucement à vivre sans moi quelques temps. Mais je ne savais pas trop comment. Je voulais la rassurer. J’aurai aimé lui dire que je serais là demain matin, et chaque jour ensuite. Mais je ne pouvais pas faire ça. Je ne voulais pas lui mentir.

Je l’ai entrainée vers moi et nous avons repris une position plus équilibrée. Je lui ai tendu mes bras pour qu’elle vienne s’y blottir.

-Viens là mon amour.

J’ai embrassé tendrement ses cheveux tout en refermant mes bras sur elle. Je passais une main dans son dos pour la caresser du bout des doigts. Je me retenais de crier tellement je souffrais. Je souffrais parce que je savais pertinemment que j’allais lui faire du mal. Même si je mourrais d’envie de lui dire que je resterais là, je ne pouvais pas faire ça. Il fallait être raisonnable. Il fallait que j’apprenne a l’être. Katarina ne semblait plus vouloir l’être, et pourtant il fallait que nous le soyons. J’étais persuadé que c’était mon rôle désormais.

-Je serai toujours là…toujours…

A ce moment là j’ai posé ma main sur sa poitrine, à l’endroit ou battait son cœur. Je voulais qu’elle comprenne, que peu importe la distance, peu importe ce qui pouvait se passer, j’étais dans son cœur. Et elle était dans le mien. Alors j’ai pris sa main et je l’ai posé sur ma poitrine. Je lui ai souri. Notre amour était plus fort que tout, et je voulais qu’elle ne l’oublie pas.

Pour autant, je ne comprenais pas pourquoi elle me disait tout ça, et surtout pourquoi elle revenait sur sa décision. Car même si maintenant je l’approuvais, c’était sa décision a elle. C’était elle qui avait voulu me quitter, parce que mon passé était trop douloureux et nous mettait trop en danger. J’avais du mal à croire que cette simple soirée l’avait changé d’avis. D’ordinaire, Katarina s’en tenait à ses décisions. Non vraiment, je ne comprenais pas, je ne comprenais plus. Et je voulais savoir.

Ma main s’est posé sur sa joue que j’ai caressée.

-Je ne te comprends plus très bien là mon ange….Tu as dit qu’il fallait qu’on se sépare. Et maintenant que je suis d’accord pour qu’on se sépare, tu ne veux plus ?

Je savais que j’allais lui faire mal, mais je n’avais pas le choix. Nous nous retrouverions. Tôt ou tard. Peu importe cette nuit, peu importe le reste. Je nous pensais d’accord pour que cette nuit soit la dernière. Enfin la dernière avant qu’on réussisse a aller mieux, et a régler le problème qu’était mon passé.

-Je t’aime tellement fort mon amour…mais il faut qu’on arrête de se déchirer. Et pour ça on a chacun besoin d’un temps de séparation.

Comment lui dire les choses autrement ? Comment réussir a atténuer la douleur ? J’avais tellement de questions sans réponses. Et il fallait que je les trouve. Coute que coute…J’ai embrassé son front et j’ai posé ma tête au dessus de la sienne.

-Aie confiance en moi mon amour, aie confiance en nous. Notre amour survivra je te le promets.

Je détestais ça. Redescendre sur terre après un moment pareil. C'était comme se prendre une claque monumentale. J'aurais pu rester sur mon nuage encore un moment si tout avait été pour le mieux entre nous. Mais ce n'était pas le cas, hélas. Nous nous étions déchirés quelques heures auparavant, et je m'en rappelais maintenant. Je lui avais jeté son passé à la figure, j'avais refusé de le comprendre. Tout ce que j'avais vu c'était qu'il s'était drogué une fois encore. Peu importait ses raisons. En un sens, cela m'avait vexé qu'il ose recommencer. Nous avions passé tellement de temps à essayer de le sortir de là... Et je l'avais quitté, comme s'il ne comptait pas, avant de le supplier de m'aimer une dernière fois. Cela n'avait aucun sens. Il ne devait pas comprendre. Parfois j'agissais de façon complètement désordonnée. Et je me sentais terriblement stupide. Il a voulu que nous échangions nos places et je n'ai pas protesté. Comme il me le demandait, je suis allée me blottir dans ses bras. J'ai posé ma tête contre lui avec un petit soupir. J'ai eu un petit sourire quand il s'est mis à caresser mes cheveux et mon dos doucement, comme pour m'apaiser. Ce n'était pas souvent que les rôles étaient inversés. Mais je me plaisais à me réfugier dans ses bras.

Ses paroles semblaient avoir un arrière goût amer. Il serait toujours là... Vraiment ? Ce mauvais pressentiment ne me quittait pas. Quelque chose n'allait pas, mais je ne voyais pas ce qui pouvais clocher. Pas encore, du moins. J'ai soupiré. J'ai relevé la tête quand il a posé sa main sur ma poitrine. Il faisait ce que j'avais fait un peu auparavant. Il a posé ma main sur la sienne. Il a souri, mais je n'ai pas su lui rendre son sourire. Je craignais aussi que les battements désordonnés de mon coeur ne trahisse mon angoisse. Il y avait comme une lueur d'incompréhension dans ses yeux. S'il voulait me faire croire que tout allait bien, c'était raté. N'importe qui aurait remarqué qu'il se posait cent questions à la minute. C'est moi qui ai baissé les yeux. Avant de les fermer. Ma main s'est posée sur la sienne quand il a caressé ma joue. Ah, voilà la question qui fat mal...

« Je suis lucide, Ethan. Quand bien même je voudrais me séparer de toi de toutes mes forces, je sais que cela n'améliorerait pas la situation. Pas la mienne en tout cas. Et pourtant il n'y a pas d'autre solution... »

Dieu sait que nous avions tout essayé pour nous sortir de là. Et sans aucun succès. C'était peut-être ça le plus difficile. Essayer mais échouer. Encore et encore et encore. C'était un cercle vicieux. Il n'y avait pas de fin... J'ai relevé les yeux vers lui. Aucun risque pour que je pleure cette fois ci. Il ne me restait plus une seule larme. J'ai pris son visage entre mes mains. Il ne se déroberait certainement pas, mais je voulais le toucher. Comme pour me persuader qu'il n'allait pas disparaître. Comme pour me convaincre que non, ce n'était pas un rêve...

« Je n'aime pas ça, Ethan, je n'aime pas ça du tout. En fin de compte, qu'est-ce qui nous dit que cette séparation serait bénéfique ? Jusqu'à présent, la séparation a été tout sauf bénéfique. Tu as vu dans quel état nous étions tous les deux ? Je ne veux pas que cela recommence. »

Nous avions été dans un état lamentable, et le mot est faible. C'était à se demander comment nous avions pu survivre. Je nous revoyait, à nous tourner autour, à nous laisser mourir de faim... Mourir d'amour finalement. C'était de loin la chose la plus dure que j'avais jamais vécu. Et je ne voulais pas que cela recommence. Ni demain, ni après demain... Jamais. J'ai soupiré. Il a embrassé mon front et je me suis laissée retomber contre lui. Et je ne pouvais pas m'empêcher d'être pessimiste.

« Notre amour peut-être, mais nous ? Hein, et nous ? »

Je me suis redressée brusquement, je me suis échappé de ses bras et je me suis assise au bord du lit. Mes doigts se sont crispés sur le matelas.

« Nous aurions tout pour être heureux. Ce n'est pas juste. Ce n'est pas juste. »

Je me suis mise à trembler. Parce que j'avais froid, mais surtout parce que j'étais terrifiée à l'idée de devoir encore m'éloigner de lui.

Je ne savais plus quoi faire, plus quoi dire pour nous apaiser. C’était de ça que nous avions le plus besoin pourtant. Que l’un de nous deux se décide à apaiser l’autre. Car sans apaisement nous n’arriverions à rien. Et je refusais encore une fois de me disputer avec Katarina. Je ne voulais pas que notre dernière nuit ressemble à ça. Je voulais qu’elle soit belle, pure, innocente. Comme elle… Je voulais que l’on reste dans notre petite bulle. Car lorsqu’elle éclaterait au petit matin, cela ferait déjà bien trop mal.

Katarina semblait sur le point de craquer. J’avais l’impression qu’a tout moment, elle allait fondre en larmes. Et je redoutais ce moment, je ne voulais pas qu’elle verse ne serait ce qu’une larme de plus. Je n’aimais pas voir cette expression de détresse totale dans ses yeux, je n’aimais pas voir son doux visage baigné par des larmes salées qui coulent sans discontinuer. Cette fois ci je ne le supporterais pas. C’en serait trop pour mon cœur. Elle avouait tout de même que se séparer était la seule solution. Même si cela faisait mal de l’avouer et de passer à l’acte. Nous avions besoin de nous s éparer.

Pour mieux nous retrouver non ?

Je me sentais désemparé face à cette situation. Je ne trouvais pas les mots adéquats pour qu’elle trouve un peu d’espoir. Je voulais qu’elle arrive, comme moi, a entrevoir au loin des bribes de lumière vers lesquelles se diriger. Même si pour le moment, le long couloir que nous traversions était obscur, je voyais ces lumières au loin. Les lumières vers lesquelles je savais qu’il fallait tendre. Seule la durée du chemin à parcourir m’était inconnue. Mais je savais qu’au loin, dans le futur, il n’y aurait plus que la lumière. Pour nous, rien que pour nous.

Mon regard s’est accroché au sien quand elle a pris mon visage entre ses mains. Je voulais que cet instant dure toujours. J’avais même peur de cligner des yeux. J’avais peur de vivre un rêve. J’avais tellement peur de la perdre.

« Je n'aime pas ça, Ethan, je n'aime pas ça du tout. En fin de compte, qu'est-ce qui nous dit que cette séparation serait bénéfique ? Jusqu'à présent, la séparation a été tout sauf bénéfique. Tu as vu dans quel état nous étions tous les deux ? Je ne veux pas que cela recommence. »

Bien sur rien nous assurait que ce serait bénéfique cette fois ci. Mais nous n’avions pas le choix. Et puis peut être que si la solution venait de nous deux en même temps, les choses seraient plus faciles a vivre. En tout cas c’était ce que je voulais croire. Je me raccrochais a n’importe quoi, et je me raccrocherais a n’importe quoi tant que la douleur était moins forte. Alors ca ou autre chose, peu m’importait ; J’avais juste besoin de quelque chose pour continuer a espérer qu’au final tout irait bien., et qu’a la fin du chemin, il n’y ait plus qu’elle et moi.

« Notre amour peut-être, mais nous ? Hein, et nous ? »

Elle a profité du fait que j’étais en pleine réflexions pour quitter mon étreinte. Je l’ai laisse mettre un peu de distance entre nous. Elle s’est assise au bord du lit. Et j’ai réfléchi quelques instants.

« Nous aurions tout pour être heureux. Ce n'est pas juste. Ce n'est pas juste. »

J’ai réagi immédiatement à sa détresse. Parce que sa voix chevrotait, et que je la voyais commencer a trembler. Je me suis positionné derrière elle et je l’ai entouré de mes jambes et de mes bras. Pour qu’elle soit contre moi, contre mon cœur, et qu’elle ne s’échappe pas. Et qu’elle comprenne a quel point je l’aimais.

J’ai posé ma tête sur son épaule et j’ai pris une longue, très longue inspiration. Le temps était vraisemblablement à une longue discussion. Mais il fallait surtout que je la rassure.

-Mon amour….il faut qu’on tire des leçons de ces dernières semaines. Et la première leçon c’est qu’il faut qu’on arrete de se laisser aller.

Oui parce que ce n’était pas très joli a voir. Katarina et moi avions perdu beaucoup de poids. Nos yeux étaient cernés. Nous étions nerveux et irritables. Nous étions devenus des ombres, des fantômes. Et ce n’était pas ce que nos parents auraient voulu. Je pensais souvent aux miens, et au mal que j’avais du leur faire quand ils m’avaient vu me detruire toutes ces années. Quand Alexander m’avait trouvé, j’avais pensé que c’était un signe de mes parents. Un signe pour que je réapprenne a vivre. Une seconde chance. Que je redevienne leur Ethan. Et j’avais vraiment essayé de le redevenir. Je voulais qu’ils soient fiers de moi. Et il en était sans doute pareil pour Katarina. Même si son passé n’était pas aussi noir que le mien, je me doutais qu’elle pensait souvent à ses parents. Je voulais qu’en leur honneur on vive. On avait survécu à ces bombardements, ce n’était sans doute pas pour rien.

-Tu veux bien me promettre de tout faire pour reprendre du poids, dormir et surtout recommencer à sourire.?

C’était sans doute la première chose que je voulais qu’elle me promette. Et j’aimais tellement son joli sourire. Il m’éblouissait. Il me donnait envie d’elle surtout.

-J’aime tellement ton sourire.

Je me suis mis à déposer un baiser sur son épaule et j’ai desserré l’étreinte de mes jambes, et je me suis écarté pour aller m’appuyer contre le mur. J’ai passé mes mains sous les aisselles de Katarina et je l’ai amené doucement vers moi. Elle ne semblait opposer aucune résistance. J’ai écarté les jambes et je lui ai fait une place et je l’ai forcé à se blottir contre moi. Nous étions là, moi à demi assis sur le lit, contre le mur ; et Katarina était dans mes bras. Un pur moment de tendresse.

-Ce n’est pas juste je sais. Mais la vie n’est pas juste…. Je sais de quoi je parle….

Non la vie n’était pas juste. Et pourtant il fallait faire avec. Il fallait que moi j’apprenne à vivre avec le passé peu reluisant qu’était le mien. Et que Katarina arrive à l’accepter. Il faisait partie de moi, et je ne pouvais pas le changer. Quand bien même je l’aurais voulu.

-Tu veux bien qu’on arrête de se torturer l’esprit pour ce soir ? Et qu’on profite juste du bonheur qui nous ait offert ?

Je ne demandais que ça. Même si au fond, je savais qu’il faudrait qu’on en parle. Qu’on mette les choses à plat. Là pour le moment je voulais profiter de ces moments.

- Garde-moi dans ton cœur et je te promets que tout finira par rentrer dans l’ordre. On sera heureux je te le promets. Même si pour le moment tu as comme moi l’impression de couler et de ne pas arriver à refaire surface, notre amour est la seule aide. Si nous arrêtons d’y croire, nous finirons par nous noyer.

Je n’avais pas la foi. Chrétienne, bouddhiste, ou quoi que ce soit. Et même si je voulais croire que mes parents avaient gagné le paradis, j’avais perdu la foi quand je les avais perdus. Longtemps je n’avais plus eu foi en rien, même pas en moi. Sinon je ne me serais pas drogué, j’aurais fait mon deuil lentement, mais je serais allé de l’avant. Mais quand j’avais rencontré Katarina, j’avais peu à peu retrouvé la foi. La foi en l’amour. Et c’est ce qui me maintenant en vie. Sans ça, je savais que je mourrais …

-Tu veux bien m’aider à y croire ?

Je fixais le sol de la chambre tout en continuant à trembler. Pour moi, tout ça, c'était injuste. Ça n'avait aucune raison d'être. Je ne comprenais pas comment nous avions pu en arriver là. Pendant six mois, tout avait été absolument parfait : pas de colère, pas de chagrin, pas de peur... C'était très bien comme cela. Nous ne demandions rien à personne et j'avais fini par croire qu'en fin de compte, tout allait bien. Le moins que l'on puisse dire, c'est que je n'avais rien vu venir. Mais alors rien du tout. Tout m'était tombé dessus aussi sûrement que l'avaient fait les murs de l'hôpital. J'avais maudit ma vie, encore et encore et encore. Aujourd'hui je me demandais bien à quoi me raccrocher. Je ne voyais aucun avenir concret, je ne savais pas à quoi me raccrocher. J'avançais, mais je ne sais pas trop vers où. J'ai fini par soupirer. Tout cela était décidément bien compliqué. Trop compliqué. Parfois j'avais du mal à suivre. J'étais certaine qu'une solution simple existait, seulement voilà, je me demandais bien où elle était cachée. J'avais beau chercher, je ne voyais rien. J'étais aussi aveugle qui si on m'avait mis un bandeau. Voire plus encore. Je n'étais certaine de rien, sinon d'une chose. Je ne voulais pas être séparée d'Ethan, pas même une seconde. En y repensant, une séparation, c'était un peu comme un suicide. Mais un suicide extrêmement long et douloureux.

J'ai eu un petit sursaut quand il m'a enlacée. Perdue dans mes pensées, j'aurais presque oublié sa présence. Il a passé ses bras et ses jambes autour de moi, comme pour m'empêcher de m'échapper encore une fois. J'ai attrapé ses bras doucement. Je n'avais pas l'intention de le repousser. J'avais l'impression que sa peau était brulante en comparaison de la mienne. J'étais gelée. Ça faisait longtemps que je n'avais pas eu aussi froid. Il a posé sa tête sur mon épaule et j'ai soupiré tout bas. Cette fois, j'avais besoin d'être rassurée. J'avais envie d'abandonner mon rôle, pour une fois. Je n'étais pas contre le fait de me laisser aller pour une fois. De toute façon, je n'avais pas la force de le porter. Pas cette fois ci. J'ai pris une profonde inspiration, avant d'acquiescer silencieusement. Il avait raison, se laisser aller ce n'était pas une bonne chose.

« Tu as raison... Ce n'était pas très raisonnable. Mais à ce niveau là, tu as été pire que moi. Peser le même poids alors que tu as une tête de plus que moi... »

Ce n'était pas une bonne chose. Il avait besoin de forces encore plus que moi. Et d'une bonne vingtaine de kilos aussi. Il fallait vraiment qu'il reprenne du poids, sans quoi il risquait d'aller encore plus mal qu'avant. Heureusement qu'Alexander avait décidé de prendre les choses en mains. Grâce à lui, Ethan avait semblé reprendre un peu de poids. Il lui faudrait du temps pour retrouver une corpulence normale, mais je lui faisais confiance.

« Je te le promettrai seulement si tu me le promets aussi. Il faut que nous allions bien tous les deux. Je te jure que si tu ne fais pas attention à toi, je me laisserais aller. »

Oui je sais, ce n'est pas beau de menacer. Mais je ne voulais plus le voir aller si mal. Ça m'avait brisé le cœur, une seconde fois si je puis dire. Moi en tout cas, j'étais décidée à aller mieux, pour ne pas être égoïste. Plusieurs personnes comptaient sur moi, et je n'avais pas le droit de les laisser tomber. J'ai fini par rire doucement. Je ne trouvais rien de particulier à mon sourire, mais c'était tant mieux s'il lui plaisait. De mon côté, j'adorais aussi le voir sourire. Me sourire. Il s'est écarté de moi et j'ai jeté un regard en arrière,surprise. Mais il m'a attrapée pour m'attirer à lui. Je n'ai pas opposé la moindre résistance. Je me suis laissée aller contre lui. J'ai attrapé une couverture et je me suis arrangée pour nous couvrir tous les deux. J'ai eu un petit soupir. Non, la vie n'était pas juste. C'était le moins que l'on puisse dire. Et il avait eu encore moins de chance que moi. Je n'avais pas le droit de m'apitoyer sur mon sort en aggravant le sien. Je me doutais bien qu'il n'appréciait guère de voir son passé revenir dans sa vie présente.

Je me suis légèrement tournée pour pouvoir l'enlacer. J'ai passé mes bras autour de lui et j'ai posé ma tête contre sa poitrine. Oui, il valait mieux que nous cessions de nous torturer. J'ai fermé les yeux. Je l'écoutais parler, en profitant de la chaleur de son corps, de la chaleur de sa voix.

« Bien sûr que oui... Seulement j'espère que je ne vais pas croire à une illusion... Je veux tellement que tout redevienne comme avant. »

Un tout petit soupir a soulevé ma poitrine. Je me suis redressée, avant de déposer un baiser sur sa joue, avec un sourire ravi. J'ai fini par poser mes lèvres sur les siennes, toujours souriante. J'attendais qu'il m'embrasse.