Et... action ! [Katarina]

Déjà deux semaines qu'Armando m'avait confié cette délicate mission d'infiltration. Je n'avais fait pour l'instant que me balader à travers la ville, spécialement du côté de Manhattan, et observer.
J'avais croisé quelques personnes, bien sûr. Des gens sous le contrôle d'Armando, et quelques autres. Mais pas si facile de savoir dans quel clan se trouvait chacun. Sans compter le nombre inimaginable de renégats, de gens qui vivaient seuls, sans compter sur l'aide de personne.

Mais New York était devenue une ville dangereuse. Très dangereuse. Je ne sortais jamais sans mon bon vieux Glock 18. Système de sécurité dit infaillible, mode semi-automatique ou automatique, bref, le plus petit pistolet mitrailleur existant. Léger, compact, maniable, et un chargeur de grande capacité.
Discret, et donc précieux.

J'avais également toujours sur moi mon couteau à cran d'arrêts. Celui que j'utilisais depuis des années pour marquer mes victimes.

Bref, rien ne pouvait théoriquement m'arriver. J'étais très bon tireur, et même sans lunette et silencieux, je pouvais faire un carnage.
J'avais également sur moi un sac à dos noir, dans lequel j'avais mis quelques affaires et un peu de nourriture ainsi qu'une gourde. Ça ferait plus vrai.

Je devais trouver quelqu'un appartenant à la communauté de cet Alexander.
Armando ne m'avait que très peu briefé, et je ne savais pas trop à quoi m'attendre. Étaient-ils armés ? Certainement. Mais à quel point ?

Je ne savais pas trop par où commencer pour forcer une rencontre paraissant fortuite, mais si survivants il y avait, de nourriture et de médicaments ils devaient avoir besoin.
J'évitais alors les quartiers dit "chauds", probablement contrôlé par Armando de toute façon, et je privilégiais le côté soin au côté nourriture.
Je savais très bien qu'en plein jour Armando ne risquerait aucun homme au Medical Center, trop souvent envahi par des pilleurs en tout genre. Et puis, Armando avait ce qu'il fallait point de vue santé pour soigner qui il voudrait.

Je me disais donc, que parmi ces pilleurs, il y aurait sans doute quelqu'un de la communauté.

Je me postais alors dans un bâtiment adjacent, me plaçant au dernier étage pour observer l'hôpital à moitié détruit.
En 4 heures, personne. Même pas un chat errant. Il fallait que je descende voir de plus près. Et puis, je pouvais en profiter pour peut-être trouver deux ou trois trucs utiles...

A peine entrais-je dans le bâtiment, par un trou laissé par une explosion, que le silence du lieu me frappa. Et l'horreur, aussi.
Des lits explosés dans tous les coins, du matériel médical en piteux état, et des montagnes de grabats poussiéreux. Chouette. Ça allait être une partie de plaisir de visiter.

Je m'aventurais alors dans un long couloir tenant encore à peu près debout lorsque j'entendis du bruit dans une salle du fond.
Je m'approchais lentement pour ne pas me faire repérer, et par un orifice se trouvant là je-ne-savais-comment, j'aperçus quelqu'un passer rapidement.

Mais qui ?

Un homme ? Une femme ? Je ne le savais même pas.
Quelqu'un du clan d'Armando ? Peut-être. Mais je ne pouvais pas utiliser notre code d'identification pour nous reconnaître. Je ne devais pas dévoiler mon identité. A personne, et sous aucun prétexte. Armando avait été parfaitement clair là-dessus.

Bon, il fallait que j'avance. Que je vois à qui j'avais à faire.

Je m'avançais alors un peu plus dans le couloir, parvenant jusqu'à une porte menant à la salle dans laquelle j'avais vu quelqu'un.
Et puis soudain du bruit se fit encore entendre. Comme si quelqu'un tapait sur une caisse ou...

Je me risquais alors à avancer le bout de mon nez, arme au poing, pour observer. Et quelle ne fût pas ma surprise en découvrant là, au milieu de la pièce, une jeune femme d'environ 25 ans, s'acharnant contre un vieux casier métallique à coup de batte de base-ball.

Elle, elle ne faisait définitivement pas partie du clan Venezzio. Je m'en serais souvenu.
Je pris alors délicatement mon couteau tout en dissimulant mon arme sous mon pull, et d'un geste vif, je me coupais l'avant-bras.

Aïe. Je serrais les dents.

Il était l'heure d'entrer en scène.

Je pénétrais alors dans la pièce, main sur ma blessure, fixant la jeune femme d'un air surpris.

- Je peux vous aider ?

New York était complètement gelée. Mais je m'en fichais. J'avais connu la Sibérie, moi. Alors... Il faisait nettement moins froid qu'en Russie ici. Heureusement d'ailleurs. Sinon, peu de monde aurait survécu. Et puis de toute façon, il aurait pu faire -60°, je serais sortie quand même. J'avais trop besoin de prendre l'air. Depuis quelques jours, j'avais tellement l'impression d'étouffer que j'avais dû sortir. Je serais même sortie plus tôt, si j'avais trouvé une bonne excuse... Mathilda s'était plainte ce matin. Nous commencions à manquer de médicaments... J'avais eu comme un déclic. J'allais sortir pour aller nous en chercher, c'était aussi simple que cela. Non seulement je prendrais l'air, mais en plus je rendrais service à tout le monde. Il ne me restait plus qu'à avoir l'accord d'Alexander... Et quelque chose me disait que je ne l'aurais pas. Pour la simple et bonne raison qu'Ethan le crucifierait sur place s'il savait qu'il m'avait laissée sortir. Enfin, s'il se souciait encore de moi. Ce dont je commençais à douter sérieusement... Je suis donc allée voir Aaron. J'ai eu la chance de le trouver occupé avec Emma. Gabrielle avait dû la lui confier un petit moment... Dieu merci ! Il n'a pas vraiment pas attention à ce que je lui disais. Il a dû bondir de sa chaise quand il s'en est rendu compte. Dommage, j'étais déjà partie !

J'ai inspiré à fond l'air glacé. Je n'étais peut-être pas normale, mais j'avais toujours été folle de l'hiver. La neige, le froid, cela me plaisait. En hiver, tout était calme et cela m'apaisait. J'avais bien besoin d'être calmée en ce moment... Néanmoins, avancer dans toute cette neige n'était pas chose facile. Forcément, il n'y avait plus personne pour dégager les routes. Mais tant pis, cela me prendrait le temps qu'il faudrait, mais j'irais au Medical Center. Si quelqu'un tombait malade alors que nous n'avions pas de médicaments... Eh bien je vous laisse imaginer la suite. J'ai fini par y arriver. Je suis restée plantée devant ce qui était l'entrée. Cela ne ressemblait plus à grand chose... J'ai retiré mes gants et je les ai rangés dans mon sac. Je suis entrée, en faisant attention à là où je marchais. Sous mes bottes, du verre crissa. Je fis une grimace. Je n'étais pas dans cet hôpital là mais dans un autre lorsque les bombardements avaient eu lieu. Mais pour moi, l'horreur était la même. Je me suis forcée à avancer. J'espérais qu'il resterait quelque chose à récupérer...

Je me suis souvenue que j'avais une arme. Il était temps... Alexander m'avait appris à tirer. Forcément. Aaron m'aimait bien finalement, et me savoir sans défense ne lui plaisait pas. Je me débrouillais plutôt bien en fin de compte. Bon, c'est sûr, je ne serais jamais tireur d'élite... Mais je savais charger, armer, désarmer et tirer. C'était l'essentiel non ? Je me suis avancée tout doucement. De temps en temps, je jetai un coup d'œil dans une pièce. Il n'y avait pas grand chose... Finalement je suis entrée dans ce qui ressemblait à une réserve. Victoire ? Oh non. Certains médicaments étaient périmés depuis des lustres. Mais j'ai fini par mettre la main sur des calmants et quelques antibiotiques... Ah et un peu de morphine aussi. J'avoue que j'ai hésité à la mettre dans mon sac. Il y en avait un qui se serait bien enfilé un flacon ou deux... J'ai secoué la tête. Il fallait vraiment que j'arrête de lui coller les pires défauts... Même si à mon humble avis, il commençait à présenter un peu trop les caractéristiques du beau salaud. Je suis sortie de la réserve en claquant ce qui restait de la porte. Ça a été plus fort que moi.

J'ai vérifié toutes les autres pièces avant d'en trouver une qui semblait pleine de médicaments... Pleine de cadenas aussi. Ce que j'avais pris pour la réserve ne l'étais certainement pas. Là, des casiers en métal étaient encore à peu près rangés. Chacun avait une étiquette précise indiquant ce qu'ils contenaient. Mais la plupart étaient fermés. À clé, évidemment. J'ai levé les yeux au ciel. Si Dieu existait, il devait vraiment m'en vouloir à mort. Des cadenas et pas de clés... Génial. Et puis, j'ai avisé une chose que je n'avais pas remarquée. J'ai haussé les sourcils. Une batte de base-ball. De mieux en mieux... Avec un soupir, j'ai posé mon sac et j'ai attrapé la batte. Bon... Eh bien au moins, cela me défoulerait. J'ai frappé sur les casiers. De toutes mes forces. C'est à dire pas grand chose. J'étais tellement occupée à massacrer ce pauvre casier que j'ai à peine sourcillé quand quelqu'un m'a demandé si j'avais besoin d'aide.

« Non merci, je m'en sors très bien. »

J'aurais dû faire attention à cet homme, non ? On ne sait jamais. Je devais être prudente et... Et je ne l'étais pas. J'ai fini par lâcher mon arme, quand le cadenas a cédé. Merveilleux. J'ai ouvert le casier. Et je me suis retenue de crier victoire. Il y avait là presque tout ce dont nous avions besoin. Je me suis demandée si les autres casiers étaient plein. Parce que mon sac à moi serait plein, il faudrait faire plusieurs voyages. J'ai fini par redescendre sur terre. Je me suis tournée vers l'homme qui m'avait parlé. J'ai dû faire une drôle de tête. Et puis j'ai soupiré.

« Je suis désolée. J'étais un peu... occupée. »

Il n'avait pas l'air très agressif, alors pourquoi l'être ? Je l'ai regardé des pieds à la tête. J'ai fini par regarder son bras, tout ensanglanté. J'ai légèrement écarquillé les yeux.

« Oh, vous êtes blessé ? Je peux regarder si vous voulez. Je suis médecin. »

Décidément, j'étais trop gentille.

Ma présence ne sembla pas la surprendre plus que ça, et elle continua à s'acharner contre ce pauvre casier.

- Non merci, je m'en sors très bien.

Bon. D'accord.
Je la regardais faire sans bouger. Elle avait l'air de s'éclater. Trop de tension à évacuer ? Peut-être. La vie n'était pas facile ces derniers temps. Enfin, c'est ce que j'imaginais. Auprès des Venezzio, je ne manquais de rien. Ou presque.

Le cadenas céda enfin et elle parut soulagée en y découvrant tout un tas de boîtes diverses.

Elle se tourna enfin vers moi, soupirant. Et je découvrais alors un spectacle assez merveilleux. Une jolie brune aux yeux bleus, avec un postérieur à en décrocher la mâchoire à plus d'un.

- Je suis désolée. J'étais un peu... occupée.

- J'avais cru comprendre...

Elle me détailla de haut en bas tandis que je posais mon sac à dos au sol.

- Oh, vous êtes blessé ? Je peux regarder si vous voulez. Je suis médecin.

Un médecin ! Ouhla, j'avais tiré le gros lot.
Reste zen Nate, et aies l'air un peu méfiant.

- Euh... je sais pas trop... c'est juste une coupure.

Ça au moins, c'était vrai.

- J'ai glissé dans les débris et une barre de fer a méchamment rencontré mon bras...

Ça par contre, c'était totalement faux.
J'attrapais alors un tissu qui trainait au sol, venant de surgir du pauvre casier cabossé par notre médecin de choc (et c'était le cas de le dire), et l'apposais sur ma blessure, épongeant le sang qui en coulait.

Je fis alors la grimace, insistant volontairement sur ma souffrance.
Trop crédible.

Elle s'approcha de moi, l'air un peu inquiète...

- Bon... allez, faites-vous plaisir...

J'ôtais alors le tissu tout en tendant mon bras vers elle afin qu'elle y jette un oeil.

- C'est grave ?

Je savais déjà que ça n'était pas le cas, la coupure était superficielle.
Elle l'examina rapidement avant de me le confirmer et d'attraper une petite bouteille de je-ne-sais quoi pour nettoyer la plaie.

Décidément, le courant semblait plutôt bien passer. Je n'étais pas si associal que ça, en fait, quand je faisais un effort. Et puis, elle paraissait gentille.
Reste à savoir si elle faisait partie de cette foutue communauté.

- Vous vous promenez toute seule ? Ici ?

Ma question la fit sourire, et je précisais alors le fond de ma pensée.

- Je veux dire... que c'est pas très sûr comme endroit... y'a plein de pilleurs et de gars louches qui trainent dans le coin...

Dont moi-même.
Elle termina alors son bandage, et je la remerciais avec un grand sourire.

- Merci. Je... je m'appelle Nate. Enfin, Nathaniel.

Inutile de mentir, mon vrai prénom ferait très bien l'affaire.

J'étais vraiment trop gentille. C'était plus fort que moi. Quand je croisais une personne en difficulté, il fallait que je l'aide. J'avais l'impression de me sentir utile, au moins. Et puis avouons le, cela me permettait d'oublier mes propres problèmes. Qui commençaient vraiment à faire la taille d'une maison. Et cela j'avais de plus en plus de mal à le supporter. Mais j'ai chassé toutes ces pensées noires de ma tête. Cela ne servait à rien de ressasser. J'ai posé mon sac et je me suis tournée vers l'inconnu. Le moins que l'on puisse dire, c'est que je ne l'avais pas vraiment accueillit à bras ouverts. L'époque dans laquelle nous vivions avait beau ne pas être facile, ce n'était pas une raison pour ne pas être polie, tout de même. Je n'avais pas été élevée ainsi. Je me suis passée une main dans les cheveux. Je ne m'étais pas préparée à croiser quelqu'un, je l'avoue. Mais j'aurais dû. Après tout, je ne serais probablement pas la seule personne à trainer par ici. Peut-être que je n'étais pas si prudente que cela, finalement. Je me suis retenue de soupirer.

J'ai failli sourire. Évidemment, il hésitait à confier son bras à une parfaite inconnue. Quoi que je n'étais pas vraiment le prototype de la garce ou de la fille sadique. Mais après tout, on ne sait jamais. On peut cacher beaucoup de choses derrière un sourire et un joli minois. Je n'ai pas pu m'empêcher de grimacer lorsqu'il m'a raconté ce qui lui était arrivé. C'était typiquement le genre de choses qui auraient pu m'arriver. Il y avaient des moments où j'étais miss catastrophe. Combien de fois Ethan m'avait-il rattrapée parce que j'avais glissé au mauvais endroit au mauvais moment ? Je ne comptais plus le nombre de fois où j'aurais dû me casser quelque chose. En revanche, je me retrouvais souvent avec de gros bleus. En général sur les hanches. Eh oui, les coins des meubles, c'était toujours pour moi aussi. Je me suis approchée doucement, avec un petit air préoccupé. Ces trucs là s'infectaient vite, malheureusement. J'ai attrapé son bras et j'ai jeté un coup d'œil. La plaie était étonnement nette. Mais tant mieux d'un côté... J'ai relevé les yeux et j'ai souris.

« Cette barre de fer était un peu agressive, mais ce n'est pas trop grave. »

Même pas besoin de recoudre. J'ai fouillé dans mon sac un instant avant de trouver une petite bouteille de désinfectant. Je m'occupais de nettoyer la plaie avec précaution. Mais j'imagine que s'il n'hurlait pas à la mort, je ne devais pas lui faire mal. Et puis, il n'avait pas l'air d'être douillet non plus. Vue le monde dans lequel nous vivions, mieux valait être costaud. Sinon, il fallait s'attendre à ne pas faire long feu... Je relevais les yeux vers lui quand il me demanda si je me promenait toute seule ici. Évidemment... Oh pitié, je ne voulais pas être la demoiselle en détresse.

« Oui, je suis toute seule ici. Mais je ne suis pas là en touriste. Nous sommes plusieurs et nous commencions à avoir besoin de médicaments, alors me voilà. »

Qu'est-ce que cela pourrait bien faire si j'étais sincère, après tout ? J'ai terminé son bandage et je me suis écartée avec un petit sourire. J'ai récupéré mon sac par terre avec un petit soupir.

« Enchantée, Nathaniel. Je m'appelle Katarina. »

J'avais toujours une appréhension au moment de dire mon prénom. J'avais l'impression que ma nationalité était écrite sur mon visage. Comme si le mot «russe» était tatoué sur mon front. Au pire, j'avais l'habitude des réactions violentes. J'avais déjà tout entendu. Je n'ai pas pu m'empêcher d'examiner les étiquettes sur les autres casiers. Tous avaient des cadenas. Avant, je m'étais plainte du peu de sécurité des réserves des hôpitaux. On y entrait comme dans un moulin. Force était de constater qu'au Medical Center, ce n'était pas le cas. Dommage. Je me suis retournée vers Nathaniel.

« Est-ce que je me trompe, ou vous êtes tout seul ? »

Je pouvais très bien me tromper. Après tout, je n'avais pas l'air d'appartenir à une communauté non plus.

Elle me répondit, l'air plutôt enjoué.

- Enchantée, Nathaniel. Je m'appelle Katarina

Hé bien. C'était bien ce que j'avais cru comprendre quant à son petit accent étranger. La demoiselle était russe. Intéressant. Heureusement pour elle, je n'avais strictement rien contre les russes ou contre n'importe quel autre nationalité en particulier.
Mais certains par ici n'aimaient guère plus les citoyens de l'est et d'Asie. Il fallait faire attention à qui l'on parlait, voilà tout.

Miss jolie popotin continua à observer les nombreux casiers de la pièce lorsqu'elle se tourna à nouveau vers moi. Dommage, il faudra que j'observe son postérieur plus tard.

- Est-ce que je me trompe, ou vous êtes tout seul ?

Je la regardais droit dans les yeux, prenant un air un peu gêné.

- Techniquement, là, tout de suite, non. Puisque vous être là...

Je tentais de lui sourire timidement tout en continuant...

- Mais la plupart du temps, oui, je suis seul. Depuis les bombardements en fait.

Allez une petite moue triste et ça fera l'affaire.
Voilà.
Parfait.

Je regardais le sol, sans trop savoir que faire. Puis je décidais alors de prendre quelques initiatives. Je sortis mon flingue de sa cachette, me rapprochant d'un des casiers, et tira maladroitement pour n'éveiller aucun soupçon sur un cadenas qui explosa littéralement grâce au coup de feu.
Un peu bruyant, mais efficace.

Katarina me regardait, l'air étonnée.

- C'est quand même plus efficace que la batte... même si j'ai pas vraiment l'habitude de faire ça.

Je rangeais alors à nouveau mon glock pour ouvrir le dit casier. Et là, pas de médicaments, mais des bandages, des compresses et tout un tas d'autres machins sans doute utiles dans un hôpital. Katarina semblait ravie.

Je me redressais à nouveau.

- Et vous ? Vous vivez seule ?

Oui voilà, demande-lui si elle vit chez ses parents et si tu peux avoir son numéro de téléphone tant que t'y es. Ah ah ah.

- Vous avez dit que vous étiez plusieurs... votre famille ?

Soit c'était effectivement sa famille, et dans ce cas je n'avais plus rien à faire avec elle, soit elle faisait partie de la communauté.
Mais ça n'était définitivement pas une hors-la-loi.

Je ramassais alors quelques bandages et compresses pour les fourrer rapidement dans mon sac. Il fallait aussi que j'ai l'air de chercher quelque chose par ici.
Si j'ouvrais encore un casier, peut-être qu'Alexander himself allait en surgir.. non ?

J'ai souris. Ça faisait un moment que je n'avais pas souris comme ça. En effet, techniquement, Nathaniel n'était pas seul, puisque j'étais là avec lui. D'accord, j'avais peut-être mal formulé ma question. Mais il n'avait pas l'air d'être idiot, il avait compris où je voulais en venir. Je me demandais juste s'il vivait seul ou non. Je savais que certaines personnes vivaient seules, depuis la fin de la guerre. J'avais envie de savoir si c'était son cas ou non. Visiblement, ça l'était. Je n'ai pas pu m'empêcher d'avoir un petit air surpris et désolé. Seul depuis les bombardements ? J'ai essayé de faire les calculs rapidement... Ça faisait plus d'un an, certainement. J'ai ouvert de grands yeux. Bon sang, ça faisait vraiment longtemps... A sa place, je serais certainement morte depuis un bon bout de temps. Je n'étais pas si débrouillarde que cela et en plus, j'avais tendance à ne pas supporter la solitude. C'était pire depuis qu'Ethan m'avait quittée. Je détestais être seule. Certes, je restais enfermée dans ma chambre où à l'infirmerie la plupart du temps. Mais cela me rassurait de savoir qu'il y aurait toujours quelqu'un avec qui passer un moment dehors. Même si, hélas, la personne dont j'avais besoin ne voulait plus rien avoir à faire avec moi.

« J'imagine que cela n'a pas dû être facile... Je vous dirais bien que je suis désolée, mais j'imagine que cela ne changera pas grand chose. »

J'ai haussé les épaules avec un petit sourire. Au moins, il avait survécu à la guerre, c'était déjà ça. Tout le monde n'avait pas eu cette chance. J'étais presque certaine que si nous explorions un peu plus l'hôpital, nous tomberions sur des malheureux... Je n'avais pas l'intention d'aller explorer un plus l'hôpital. J'allais rentrer bien tranquillement avec mon sac de médicaments. Je n'ai pas pu m'empêcher de sursauter et de faire un bond en arrière quand je l'ai vu sortir une arme. Je n'ai pas eu le bon réflexe, je l'avoue. J'ai légèrement oublié de sortir mon arme à moi. Finalement, je ne m'en sortais peut-être pas si bien que cela. Heureusement, Nathaniel n'avait nullement l'intention de s'en prendre à moi. Ouf. Je n'aurais certainement pas fait long feu. Mais décidément, ces pauvres casiers étaient maltraités aujourd'hui. J'ai haussé un sourcil. Effectivement, une balle droit dans le cadenas, c'était plus rapide, moins compliqué et moins fatiguant. J'ai souris.

« J'essaierais d'y penser la prochaine fois... Cela m'évitera d'avoir l'air d'une folle furieuse. »

J'avais dû avoir l'air maligne moi, avec ma batte... Au moins, je m'étais défoulé. Au final j'étais bien contente d'avoir pu passer mes nerfs sur quelque chose. Je me sentais bien mieux. Pour l'instant. Bientôt, je recommencerais à déprimer, à n'en pas douter. Pendant une seconde, j'ai été tentée de regarder s'il n'y avaient pas une ou deux boites d'antidépresseurs par là... Je me suis abstenue. Je n'avais pas très envie de devenir accro à ces saloperies. J'ai eu un petit rire. Non non, je ne vivais pas seule, je venais de le dire. Je me suis contentée de secouer la tête négativement. Ma famille à moi, ma vraie famille, n'existait plus. Mais j'avais reconstruit une famille au fur et à mesure.

« Non, il ne s'agit pas de ma famille... Nous sommes assez nombreux, en réalité. Plutôt que de rester chacun dans notre coin, nous avons décidé de nous réunir. »

Enfin, nous réunir... Les personnes qui étaient en état avaient pu rejoindre Alexander de leur plein gré. Mais ce dernier avait sauvé pas mal d'entre nous. Moi par exemple. J'étais prête à me laisser mourir quand lui et Aaron m'ont trouvée. Parfois, il m'arrivait de me demander si cela n'aurait pas mieux valu. Tout d'un coup, une lumière s'est allumée dans ma tête.

« J'y pense... Peut-être voudriez vous nous rejoindre ? Si vous en avez assez d'être seul... Et puis, nous accueillons tout le monde. »

Alexander n'hésitait jamais à recueillir quelqu'un. Il ne m'en voudrait pas si je ramenais Nathaniel avec moi. Aaron râlerait, avant de l'adopter. Cela se passait toujours comme ça.

Sa réponse me fit esquisser un sourire, bien malgré moi...

- Non, il ne s'agit pas de ma famille... Nous sommes assez nombreux, en réalité. Plutôt que de rester chacun dans notre coin, nous avons décidé de nous réunir.

La communauté. Cela ne pouvait être que la communauté.
Il ne pouvait pas y en avoir 36 dans cette fichue ville, Armando le saurait. Mais je ne pouvais pas en être certain à 100%, il me fallait des preuves.
Qu'entendait-elle par "assez nombreux" ? Une vingtaine ? Une centaine ? D'après les sources utilisées par Armando, la communauté que l'on recherchait comptait au minimum une centaine de membres. Impossible d'en estimer le chiffre exact, mais un tel rassemblement ne pouvait passer inaperçu éternellement. Tôt au tard, nous allions les trouver. Et peut-être que je venais déjà de mettre la main dessus. Peut-être.

La jolie russe me fit alors une proposition à laquelle je ne m'attendais pas. Ou en tout cas pas si vite. Après tout, je n'étais qu'un inconnu pour elle. Je pouvais remercier mon visage innocent de jeune premier.


- J'y pense... Peut-être voudriez vous nous rejoindre ? Si vous en avez assez d'être seul... Et puis, nous accueillons tout le monde.

Je pris l'air surpris, car après tout, je l'étais. Je fis mine de réfléchir quelques instants, tout en triant divers paquets de bandages et autres.
Ils accueillaient tout le monde hein ? Je m'étais imaginé qu'ils étaient un peu plus méfiants que cela. Mais après tout, ce n'était certainement pas à elle de prendre ce genre de décision. Elle était médecin, c'était naturel pour elle de vouloir aider tout le monde. Y compris moi.

- Je... je ne sais pas trop.

Je ne pouvais quand-même pas sauter au plafond tout de suite. Il fallait se faire un minimum désirer.

- C'est que... j'ai l'habitude de me débrouiller tout seul. Et je ne sais pas si... si je suis fait pour vivre... en communauté.

N'empêche, ça, c'était vrai.

Je soupirais longuement, regardant Katarina droit dans les yeux. Elle était visiblement intriguée par ma réaction.

- Enfin... j'ai peut-être changé... puis... ça fait longtemps que j'ai eu l'occasion de rencontrer du monde. Des gens sympas je veux dire... parce que je vous raconte même pas ce qui traîne là dehors....

Oh ça, elle devait le savoir. Personne ne sortait jamais sans une arme, ne sachant jamais sur quel psychopathe l'on pouvait tomber.
Même si elle ne le savait pas encore, Katarina venait de tomber sur l'un d'entre eux. Et un de la pire espèce qui soit.

Elle acquiesça à mes propos.

- Bon... j'imagine que ne pouvez pas ramener tout ça aux vôtres toute seule, donc je vais vous accompagner si vous êtes d'accord. Et puis... sans doute qu'on pourra faire un essai. Je ne vous garantie pas de rester ou quoique ce soit, mais à vrai dire... j'en ai un peu ma claque d'être seul. Et puis, je pourrais peut-être vous être utile. Je connais plein d'endroits où trouver de la nourriture, je suis assez casse-cou.

Ouhla du calme. Je venais de balancer la totalité de mes arguments vite fait bien fait. Mais cela me permettrait au moins de savoir à qui j'avais réellement à faire.

Encore un peu de patience, et le loup pourrait entrer dans la bergerie.
Enfin.

Son hésitation était certainement légitime. Moi aussi j'aurais hésité, à sa place. Même si j'avais besoin d'être entourée, je me serais posée des questions. Après tout me demande avait de quoi être surprenante. Elle était inattendue et peut-être un peu précipitée. Mais j'avoue que je n'y avais pas réfléchi. J'avais demandé cela spontanément, c'était dans ma nature d'aider les gens, que je les connaisse ou non. Vous me direz, cela pouvait très bien se retourner contre moi... Mais tant pis pour cette fois. J'avais envie d'aider Nathaniel, j'avais de la peine pour lui. Je ne savais pas comment il avait fait pour survivre tout seul tout ce temps. Cela demandait certainement une force et un courage que je n'avais pas... Et puis je doute qu'Alexander se demande à chaque fois si telle ou telle personne en difficulté pourrait représenter un danger pour la communauté. Ça, c'était le boulot d'Aaron. Il n'était pas sa conscience pour rien. Ça allait certainement être ma fête si je ramenais ?Nathaniel. D'autant plus que j'étais sortie sans autorisation. À n'en pas douter, j'allais passer un sale quart d'heure. J'aurais tout intérêt à me faire vraiment, vraiment, toute petite... J'espérais en revanche qu'il soit un peu plus délicat avec Nathaniel. Enfin, s'il acceptait de venir avec moi.

J'attendais patiemment sa réponse. Je ne voulais pas qu'il se sente obligé surtout. S'il préférait rester seul, c'était son choix et je n'avais rien à redire. Mais au moins, j'avais proposé et j'aurais la conscience tranquille. J'ai eu un petit sourire. Oui, évidemment, depuis le temps qu'il était seul, il avait dû prendre l'habitude. Il n'avait pas survécu en attendant que tout lui tombe tout cuit dans la bouche. Ou alors, c'est qu'il avait vraiment beaucoup de chance. Il a soupiré et j'ai relevé les yeux vers lui, attentive. En un sens, on aurait pu dire que j'étais pendue à ses lèvres. J'ai souris.

« Oui, je sais bien que certaines personnes ne sont pas prêtes à venir en aide à n'importe qui... »

Non pas que je traine plus que cela dehors... Avant aujourd'hui, je n'étais pas sortie depuis des semaines et des semaines. Je l'avais promis à Ethan. Et j'étais bel et bien du genre à tenir mes promesses, aussi folles soient-elles. Mais puisqu'il m'avait quittée une fois de plus, j'avais jeté aux orties cette jolie promesse. J'avais eu envie de sortir et je l'avais fait. De toute façon, puisqu'il était parti, il ne pourrait pas s'en plaindre. Sans que je m'y sois préparée, mon cœur s'est serré. J'ai repoussé cette pensée dans un coin de ma tête et je me suis dépêchée de ne plus penser à lui. J'ai préféré relever les yeux vers Nathaniel. Je n'ai pas pu m'empêcher de sourire. Il acceptait de nous rejoindre, ou d'essayer au moins. J'ai secoué la tête doucement.

« Même si vous n'aviez rien eu à nous apporter, vous auriez pu venir quand même. Alexander vous aurait bien trouvé quelque chose à faire. »

Bon, j'imagine que pour le moment, il n'avait pas la moindre idée de qui était Alexander. Mais il saurait bientôt qui il était. Il serait bien obligé de le rencontrer ! Tous les nouveaux venus devaient rencontrer Alexander, Aaron et Ethan. Enfin, Nathaniel devrait se contenter des deux premiers. Le dernier étant parti on ne sait où... J'ai eu un petit soupir, avant de caler mon sac correctement sur mon épaule.

« Allons-y, il ne va pas tarder à faire nuit. »

Et trainer dehors de nuit c'était pire que trainer dehors de nuit. Sans compter que nous risquions fort de geler sur place... Nous sommes sortis de l'hôpital. J'ai levé les yeux. Il avait recommencé à neiger. Il ne manquerait plus qu'une tempête de neige... Nous avions intérêt à nous dépêcher. Je n'ai pas pu m'empêcher de frissonner légèrement.

« Ce n'est pas très loin, mais je vous conseille de faire attention où vous marchez. Le chemin est... comment dire... Légèrement dangereux ? »

J'ai ris doucement. J'imagine qu'il avait l'habitude, mais on ne sait jamais.

« Oh mais j'y pense... Vous avez des affaires à récupérer peut-être ? »

Elle me souri simplement en relevant les yeux vers moi...

- Même si vous n'aviez rien eu à nous apporter, vous auriez pu venir quand même. Alexander vous aurait bien trouvé quelque chose à faire.

Alexander.
Elle l'avait dit.
ALEXANDER.
...
Leur leader, celui que je cherchais, s'appelait Alexander.

Je restais figé quelques secondes, tant cette révélation m'avait pris au dépourvu.
Je venais de trouver un membre de la communauté. Un membre de la fameuse communauté dirigée par Alexander. Ce même Alexander que je devais apprendre à connaître et finalement tuer... ainsi que tous les leaders de ce groupe.

J'espérais avoir l'occasion de le rencontrer rapidement, histoire d'avoir des infos croustillantes à mettre sous la dent d'Armando. Il serait ravi. Véritablement ravi. Je venais de faire un grand pas dans mon objectif final.
J'avais enfin trouvé la communauté que je devais infiltrer.

Katarina remit son sac en place sur ses épaules avant que je n'ai eu le temps de répondre quoique ce soit.

- Allons-y, il ne va pas tarder à faire nuit.

Là, elle n'avait pas tort. Mieux valait éviter de trainer dans les rues de New York, en particulier la nuit. Sans parler du froid et de la neige...
J'ai récupéré mon sac à dos rempli de diverses de nos trouvailles, et j'ai suivi Katarina hors de l'hôpital.
La neige commençait à nouveau à tomber. Super.

- Ce n'est pas très loin, mais je vous conseille de faire attention où vous marchez. Le chemin est... comment dire... Légèrement dangereux ?

Elle se mit à rire doucement... et je lui rendis son sourire.

- Oh ça... je m'en serais douté.

Il n'existait plus de chemin sûr, d'endroit non dangereux...

- Oh mais j'y pense... Vous avez des affaires à récupérer peut-être ?

Je fis mine de réfléchir quelques instants, avant de répondre calmement.

- Hé bien, je me promène toujours avec presque tout ce que j'ai sur moi... on ne sait jamais ce qui peut arriver. Le reste peut attendre... on verra ça plus tard, cela va nous retarder pour rien.

Et là, j'étais complètement sincère. Il fallait être fou pour laisser des objets d'importance sans surveillance, surtout de nos jours.
Et puis il faut dire que je n'avais pas grand chose d'autre, ou alors tout se trouvait chez les Venezzio. Et je n'allais pas l'amener là-bas : "Ah je t'ai pas dit ? Je travaille pour eux !", non, impossible... vraiment...

Je me contentais alors de la suivre de près au travers des rues. Nous ne parlions pas, ou très peu, pour ne pas nous faire remarquer. Nous progressions lentement, restant à couvert au maximum.
Nous stoppâmes quelques instants sous le porche d'un ancien magasin de vêtements vandalisé et dévalisé. Je venais d'apercevoir une silhouette, plus loin dans la rue.

- Attendez... restons-là quelques instants, c'est sûrement une personne de simple passage.

Personne ne s'attardait jamais dans ce quartier, et mieux valait ne pas chercher à savoir à qui nous avions à faire.
J'essayais alors de détendre un peu l'atmosphère... en faisant plus ample connaissance avec mon interlocutrice.

- Vous vous promenez souvent toute seule pour chercher de quoi survivre ?

Je sous-entendais par là que personne ne devrait avoir à sortir seul dans ce monde anarchique.

- Un ou deux mecs armés en plus... ça serait pas de trop...

Vraiment pas.

Eh bien, s'il n'avait rien à récupérer, nous pouvions y aller. Il fallait que nous soyons rentrés avant la nuit, sans quoi nous risquerions d'avoir quelques problèmes. Déjà qu'avec la neige qui tombait, cela ne serait pas facile. Mais si en plus nous rentrions tard... Alexander allait déjà vouloir me tuer, inutile d'en rajouter. Il allait certainement mettre sa menace à exécution et m'enfermer à double tour dans ma chambre. Remarquez tant mieux, cela m'éviterait de refaire une bêtise de ce genre. J'espérais néanmoins qu'il s'abstiendrait de me faire la leçon devant Nathaniel. Je n'avais vraiment pas besoin de ça. Les choses allaient assez mal comme ça. Et puis de toute façon, il n'était pas mon père, j'étais bien libre de faire ce que je voulais. Enfin, j'imagine. Parce que vu qu'il avait promis à Ethan qu'il ne m'arriverait rien... Je n'ai pas pu m'empêcher de soupirer tout bas. Je ne savais même pas où il était, je ne savais même pas s'il était vivant, s'il allait bien... Et c'était pourtant lui qui avait eu le dernier mot avec Alexander. Qu'est-ce que vous vouliez que je fasse face à l'entraide masculine ? Je n'avais plus qu'à bouder dans mon coin et à me plier à leur décision. J'étais passée à travers les mailles du filet une première fois, cela n'arriverait probablement plus.

Je marchais sans vraiment faire attention où j'allais. Je connaissais le chemin, alors je me laissais aller à la rêverie. Je me demandais bien comment on pouvait survivre seul autant de temps. Pour moi, cela relevait du miracle. Certes c'était peut-être parce que je n'étais pas très débrouillarde et que je me serais probablement tuée toute seule. J'avais besoin des autres. C'était bête mais c'était ainsi. Quoiqu'en ce moment, tout le monde avait tendance à m'éviter, vue ma morosité quotidienne. Gabrielle faisait partie des rares qui s'acharnaient à me fréquenter. Il fallait lui reconnaître cela : elle était tenace quand elle le voulait. Je comprenais pourquoi Alexander comptait tellement sur son soutien. Elle était une alliée fidèle et sans faille. Au moins elle, elle ne m'avait jamais laissée tomber...

J'ai sursauté quant Nathaniel m'a dit de m'arrêter. J'ai jeté un coup d'œil dans la rue avant de grimacer. Quelle imbécile, je n'étais décidément pas assez prudente. Heureusement qu'il y en avait un pour faire attention. J'ai soupiré et je me suis arrêtée. C'était vraiment terrible de devoir nous éviter les uns les autres. Mais on ne savait plus comment les gens réagiraient... L'homme était devenu un vrai loup pour l'homme. En un sens, je comprenais qu'Ethan ne veuille pas que je sorte. Mais il n'avait pas à me l'imposer à travers l'autorité d'Alexander. Ça, j'avais du mal à l'accepter. Quand il avait une idée derrière la tête... Ce qu'il pouvait être possessif tout de même... Nous n'étions plus ensemble, mais il n'arrivait pas à l'accepter. Avec un soupir, je me suis passé une main dans les cheveux. Et puis j'ai haussé les épaules.

« Non... A vrai dire, jamais. Je n'étais pas censée sortir. On va dire que j'ai désobéi... »

Un peu beaucoup d'ailleurs. Mais il fallait bien que quelqu'un aille les chercher, ces médicaments ! Et puisque personne n'avait l'air de vouloir se dévouer, eh bien j'y étais allée. Aussi pour me changer les idées, je l'admets, mais surtout pour la communauté. J'avais vu les stocks diminuer, et je ne voulais pas que nous manquions. Sinon, nous aurions quelques... problèmes.

« Oh mais il ne faut pas vous en faire trop, je suis armée moi aussi. »

J'ai eu un petit sourire. J'étais armée, mais est-ce que j'aurais le réflexe de m'en servir... Ah ah.

« De toute façon, je ne suis pas prête de sortir de nouveau, croyez moi. Alexander m'arrachera certainement les yeux quand il saura que je suis sortie sans son accord... »

J'ai haussé les épaules. Ce qui est fait est fait, comme on dit. Je me suis adossée à un petit bout de mur encore debout. Mieux valait attendre là encore une minute.

« Il faudra que nous allions voir Alexander en premier, il tient toujours à rencontrer les nouveaux venus en premier. Quant à Aaron, il se montrera certainement un peu agressif, mais il ne faudra pas vous inquiéter. C'est juste pour vérifier que vous n'allez pas tous nous tuer dans notre sommeil. »

Je n'ai pas pu m'empêcher de rire doucement.

- Oh mais il ne faut pas vous en faire trop, je suis armée moi aussi.

Ah ah ah. Et le prix de la blague de l'année était attribué à... *roulement de tambour... Miss Toubib-aux-fesses-sublimes pour sa MA-GNI-FIQUE interprétation de la femme moderne et très à l'aise avec une arme.
Je n'en croyais pas un mot, et visiblement, elle non plus.

Je ne l'imaginais pas tirer sur quelqu'un. Elle hésiterait. Et dans ce monde, il ne fallait jamais hésiter, pas même une seconde... où l'on pouvait y rester.
Puis de toute façon... elle ne ferait pas de mal à une mouche, j'en étais certain.

- De toute façon, je ne suis pas prête de sortir de nouveau, croyez moi. Alexander m'arrachera certainement les yeux quand il saura que je suis sortie sans son accord...

Son accord. Il fallait l'accord d'Alexander le Grand pour sortir, donc. Bien un signe qu'il était effectivement le leader de la communauté.
J'espérais tout de même pouvoir sortir de temps en temps, rien que pour avoir l'occasion d'informer Armando de mes aventures.

Katarina s'adossa à un mur tandis que je guettais toujours les alentours. Elle poursuivit...

- Il faudra que nous allions voir Alexander en premier, il tient toujours à rencontrer les nouveaux venus en premier. Quant à Aaron, il se montrera certainement un peu agressif, mais il ne faudra pas vous inquiéter. C'est juste pour vérifier que vous n'allez pas tous nous tuer dans notre sommeil.

Décidément, c'était la soirée des oscars ! Justement, il n'y aurait probablement plus jamais de soirées des oscars en y repensant... mais je m'éloignais du sujet.
Bon au moins, elle pouvait se rassurer, je ne tuais jamais les gens dans leur sommeil. Trop facile.

Mais elle me donnait là une information essentielle : Alexander, et... Aaron. Peut-être un autre leader. Intéressant. Mais il semblait méfiant... c'était bien ma veine. Je ne pouvais pas lui en vouloir. Il faudrait que je redouble d'efforts pour tous les convaincre de ma pureté et de mon innocence.

Avant que je ne puisse répondre, l'homme que nous avions aperçu plus tôt refit son apparition au bout de la rue.

- Si ça peut vous rassurer, je ne suis pas un tueur psycopathe... mais... zut, voilà quelqu'un.

Ah bah bravo, je n'avais même pas le temps de prouver, ou de tenter de prouver ma bonne foi. Non vraiment il était chiant ce type. On ne coupe pas la parole aux gens !

Je pris alors la main de Katarina pour l'entraîner quelques pas en arrière et pénétrer dans une sorte de hall d'immeuble en piteux état. Nous entrâmes alors dans une petite pièce juste à côté, ayant une petite lucarne sale donnant une vue direct sur la rue. Le type s'approchait de plus en plus, je fis signe à Katarina de ne pas parler.
J'approchais alors ma bouche de son oreille pour murmurer...

- Si on ne fais aucun bruit, il ne nous remarquera pas...

Katarina ne pipa mot, le regard un peu inquiet.

- Tout ira bien. Je vous le promets.

Bizarrement, j'avais vraiment envie que rien ne lui arrive. Elle était sympathique... et très jolie.

L'homme n'était plus qu'à quelques mètres de nous, sans nous voir. Il semblait à la recherche de quelque chose, le regard rivé au sol.
Katarina ferma les yeux, adossée au mur... tandis que j'observais l'homme de loin, sans bouger. Il finirait bien par partir.
Et son fusil mitrailleur ne me disait rien qui vaille...

- ... hey reviens !!

Des cris se firent entendre tandis que l'homme se tournaient vers l'endroit d'où il était apparu.

- Alan ! On a trouvé des balles viens-voir ça !

Et il disparut aussi rapidement qu'il était venu. En quelques secondes, plus aucune trace de lui.
Mais Katarina, elle, semblait pétrifiée...

Pas un tueur psychopathe... J'étais bien contente de l'apprendre ! De toute façon, il n'avait pas vraiment la tête de l'emploi. Mais rien ne devait m'empêcher d'être méfiante. Comme on dit, les pires tueurs sont souvent les meilleurs pères de famille. Quoique, attendez une seconde. J'avais un peu de mal à imaginer Nathaniel avec une jolie petite femme et une ribambelle d'enfants. Mais bon, pourquoi pas, dans une vie antérieure ? Bien peu de personnes parlaient de leurs vies passées. Ce qui était compréhensible. Quand on peut éviter de remuer le couteau dans la plaie, eh bien on le fait. Moi j'avais osé parler de mon ancienne vie à très peu de personnes. Déjà rien qu'à cause de mes origines, je savais que cela pouvait en déranger certains. Heureusement pour moi, les personnes qui m'étaient chères n'y avaient jamais fait attention. Ethan n'y avait jamais fait attention, et j'en avais été bien contente. Alexander et Gabrielle non plus n'y avaient jamais fait attention. J'avais été ravie de voir que certaines personnes étaient encore un minimum ouvertes d'esprit. J'avais de la chance, Nathaniel semblait l'être. Il n'avait pas essayé de m'écorcher vive en apprenant mon prénom, ce qui était plutôt bon signe. Enfin, j'imagine.

J'ai été assez surprise quand il m'a attrapée par la main pour m'entrainer à l'abri. Visiblement, l'homme que nous avions aperçu revenait. C'était bien ma chance... Note à moi même : écouter les conseils d'Ethan et surtout ceux d'Alexander à l'avance. Surtout ceux d'Alexander. S'il ne voulait pas qu'on sorte, c'était pour une bonne raison.... Quelle tête de mule j'étais parfois ! J'ai suivi Nathaniel sans chercher à protester. Après tout, c'était lui l'homme de la situation. Enfin j'imagine... Et j'avoue que cela m'aurait bien arrangé qu'il le soit. Nous étions à l'abri du regard de l'homme, mais pour autant je n'aurais pas osé bouger d'un seul centimètre. J'étais morte de peur, en réalité. J'avais été naïve de croire que rien n'arriverait. Heureusement que j'étais tombée sur Nathaniel... J'ai légèrement sursauté lorsqu'il s'est approché de moi pour murmurer à mon oreille. Je lui ai lancé un regard franchement inquiet. De toute façon, je n'avais pas l'intention de faire du bruit...

J'ai acquiescé quand il m'a dit que tout irait bien. Sincèrement j'avais envie que tout aille bien. D'abord parce que j'avais pas mal de choses à ramener à la communauté. Et puis si je voulais m'en tirer entière, c'est parce qu'une petite part de moi espérait qu'Ethan reviendrait. Un jour où l'autre... J'ai refoulé un petit tremblement. Quelqu'un avait troqué ma bonne étoile contre la pire de tout l'univers. Un tel enchainement de catastrophes et de drames, cela n'arrivait qu'à moi. Vraiment qu'à moi. J'ai eu un petit soupir silencieux. Je mourais d'envie que ce type fiche le camp, et vite... J'ai regardé mes pieds une seconde. J'ai sursauté violemment quant il s'est mis à crier. Mon coeur a raté un ou deux battements. D'autres cris lui ont répondu et j'ai jeté un regard interrogé à Nathaniel. Et je me suis figée en moins d'une seconde. Tout d'un coup j'avais l'impression d'être transformée en statue de marbre. Soit j'avais rêvé... Soit quelqu'un là haut avait décidément une dent contre moi. J'ai attendu que le type s'en aille avant d'oser ouvrir la bouche.

« Cet homme... Cet Alan... Je le connais. Il est dangereux. Vraiment très dangereux. »

Vraiment très, très dangereux... Mais après tout, qu'est-ce qui me disait que cet Alan là, c'était l'ancien dealer d'Ethan ? Après tout, Alan était un prénom courant... Non, ce serait vraiment trop beau. Et vu ma chance, cela ne pouvait qu'être cet homme affreux dont m'avait parlé Ethan. Des souvenirs de conversations me sont revenus. Ethan avait tué la petite amie de cette homme, alors il voulait se venger... Sur moi. Forcément. Je n'osais même pas imaginer ce qu'il avait en tête de me faire. J'ai attrapé le bras de Nathaniel.

« Il faut qu'on sorte d'ici, qu'on s'éloigne de ce type au plus vite. Nous ne sommes plus très loin des tunnels qui mènent à la communauté. Il faut vraiment que nous sortions. »

Sauf que voilà, je n'avais pas la moindre idée de ce qu'il fallait faire pour sortir d'ici...
Et pour s'en sortir vivants tout court.

Docteur Glamour s'était soudainement transformé en Miss Terrifiée. Plutôt étrange qu'un illustre inconnu la perturbe à ce point.
Elle ne tarda pas à sortir de sa torpeur pour m'expliquer brièvement ce qui la tracassait...

- Cet homme... Cet Alan... Je le connais. Il est dangereux. Vraiment très dangereux.

Je me tournais instinctivement vers la petit lucarne donnant sur la rue où notre homme était quelques secondes auparavant, puis je revins vers Katarina.
Ainsi, elle le connaissait. Et elle le décrivait comme très dangereux. Rien qu'à le voir, j'aurais pu dire qu'il n'avait pas l'allure type d'un enfant de chœur, ça non, mais à ce point...
Elle semblait vraiment effrayée. Je ne savais pas vraiment quoi dire pour la rassurer. Je ne le connaissais pas ce type, certainement aucun rapport avec le clan Venezzio. Mais en même temps, j'étais très loin de connaître tout le monde. Et très peu de monde me connaissait, en fait.

- Il faut qu'on sorte d'ici, qu'on s'éloigne de ce type au plus vite. Nous ne sommes plus très loin des tunnels qui mènent à la communauté. Il faut vraiment que nous sortions.

OK. Bon. Du calme Nate, il va falloir prendre la situation en main...
Je posais ma main sur son épaule, pressant légèrement pour la faire un peu redescendre sur Terre.

- Je ne connais pas ce type, mais il ne me dit rien qui vaille, on va trouver un autre moyen d'arriver à bon port, ne t'en fais pas.

Fi des banalités, on pouvait bien se tutoyer. Je réfléchis un instant. Le seul moyen, pour l'instant, de ne pas tomber nez à nez avec cet Alan, était de ne pas se diriger droit dans al gueule du loup.

- On va faire le tour du pâte de maison, je vois pas vraiment d'autre moyen...

Il fallait d'abord que je m'assure que la voix était bel et bien libre pour que l'on fasse demi-tour en toute sécurité.

- Je reviens dans une minute, je vais voir si il n'y personne dehors.

Elle acquiesça rapidement avant que je ne disparaisse.

Arme au poing, je fus dans la rue en quelques secondes, me mettant à l'abri derrière des débris trainant ça et là.
Il n'y avait strictement personne dans cette rue mise à part un grand type, tout au bout de celle-ci. Il devait probablement surveiller le coin pendant que d'autres types tout aussi armés faisaient je-ne-sais-quoi dans un immeuble non loin de là. Super. Je ne pouvais pas prendre le risque de passer par là avec Katarina.

Je retournais alors auprès de cette dernière, qui n'avait pas bougé d'un poil.

- Je crois qu'on va réussir à rebrousser chemin... impossible de passer par cette rue, elle est surveillée.

Je l'amenais alors à la sortie de l'immeuble dans lequel nous nous étions réfugiés... puis, calmement, je lui pris la main...

- On sort, et on va tout droit, dès que possible, on tourne à droite pour trouver un autre chemin. On ne regarde pas en arrière, et tout ira bien. Ok ? Tu passes devant, on y va à 3.

Question de sécurité.

- Un... deux... trois !

Katarina, en élève modèle, sortit d'un bond, et se dirigea immédiatement vers l'endroit d'où nous étions arrivés. Tout droit, sans se retourner, le pas pressé.
Je la suivais, tel un fantôme, rasant les murs, espérant que tout se déroule parfaitement.

Mais rien n'était jamais parfait, n'est-ce pas ?

A peine avions nous parcouru quelques mètres qu'un cri nous alerta...

- HEY VOUS DEUX LA-BAS ! STOP !

Katarina s'arrêta net, et je pris l'initiative de la maintenir contre un mur.

- Cette fois, on ne joue plus... cours !!

Tandis que la Miss partait en courant, je me retournais pour tirer deux ou trois fois avec mon arme, le temps de nous laisser un peu d'avance et de nous couvrir. Cela me permit aussi d'analyser rapidement la situation. Il y avait maintenant... 3 types. Et ils n'avaient pas l'air d'humeur à plaisanter.
Aussitôt, je m'élançais à la poursuite de la jolie russe.
Nous n'avions pas beaucoup de temps...

J'étais morte de peur. Et c'était un bel euphémisme. Je n'aurais jamais imaginé me retrouver à deux pas d'Alan. New-York était tout de même une ville immense... Quelles chances avais-je de croiser le type qui voulait ma mort au plus profond de ses tripes ? Les chances en pourcentages devaient être minces... Pas de chance pour moi, j'étais l'exception à la règle. J'étais maudite, oui. Comme une idiote, je m'étais dit que tout irait bien. Que je ne ferais que l'aller retour... Ah, la belle affaire. J'aurais vraiment dû tenir ma promesse à Ethan, peu importe qu'il m'ait abandonnée ou non. Là il avait eu raison de me mettre en garde. N'importe quoi pouvait m'arriver. N'importe qui pouvait me tombait dessus. Je m'étais dit que j'avais eu de la chance en tomber sur Nathaniel. Je n'avais pas mesuré ma chance. Parce qu'il allait certainement m'aider à m'en sortir cette fois ci. J'avais perdu toute confiance en moi. Je me trouvais vraiment, mais alors vraiment stupide. Je crois que si j'arrivais entière jusqu'à la communauté, je ne mettrais plus un pied dehors. Ni même un orteil. J'ai inspiré à fond. Si je perdais mon calme, j'étais pratiquement certaine de ne pas m'en sortir.

Je n'ai pas noté le tutoiement. En fait, je m'en moquais complètement. Il aurait pu me traiter avec autant d'égard que la reine d'Angleterre, c'eût été la même chose. J'étais complètement focalisée sur ma peur à moi. Je me demandais ce qui pourrait arriver si jamais Alan me voyait et s'il comprenait qui j'étais. Ce serait certainement ma fête. D'après Ethan, il avait prévu de me faire souffrir, et pas qu'un peu. Mais comment avait-il pu fréquenter un homme pareil ? Il devait vraiment être désespéré... Oui, cela devait être cela. Brusquement, j'ai éprouvé une haine sans limite pour cet homme. J'avais très envie de penser que c'était sa faute à lui si Ethan s'était retrouvé dans un état pareil. Si j'avais été un peu plus forte que cela, j'aurais eu très envie de lui tirer une balle entre les deux yeux. Mais mon instinct me disait que si quelqu'un devait se prendre une balle... Eh bien ce quelqu'un ce serait moi. Les balles perdues, c'était certainement mon truc.

Je me suis retrouvée toute seule un petit moment, quand Nathaniel est allé voir si nous pouvions sortir sans danger. Je me suis forcée à respirer calmement. Après tout, les choses ne pouvaient pas empirer... Quoique, le pire pouvait toujours empirer. Et là, ce serait vraiment dramatique. Quand il est revenu, je n'avais pas bougé d'un centimètre. Je me serais certainement fondue dans le mur s'il était revenu un peu plus tard. Je l'ai suivi discrètement jusqu'à la sortie de l'immeuble. Alors tout droit, à droite... Et c'était à moi de passer devant. J'ai inspiré à fond. Quand il faut y aller, il faut y aller... J'ai littéralement bondi à l'extérieur pour me diriger vers l'endroit qu'il m'avait désigné. J'étais plus silencieuse qu'un avion de chasse furtif. Mais dommage, je n'étais pas invisible.

L'espace d'une seconde, je me suis dit que tout irait bien. Mais vraiment une toute petite seconde. Je me suis mise à courir à la seconde où il me l'a dit. J'ai couru aussi vite que possible, en oubliant de respirer. J'ai tourné à droite et oh ! Miracle ! Je reconnaissais cette rue. C'était une des entrées de la communauté. Une des entrées cachées.

« Ici ! »

J'espérais qu'il m'avait entendue. Je suis entrée en trombe dans le hall d'un magasin détruit. J'ai enjambé les décombres, ai descendu des escalators plus ou moins entiers... Nous sommes arrivés dans un espèce de sous sol désaffecté. Je n'entendais plus que Nathaniel derrière moi. J'ai poussé une porte en métal assez lourde que j'ai refermé rapidement derrière nous. J'y ai collé mon oreille en serrant les dents. Je n'entendais rien. Ils ne nous avaient pas suivi jusque là. J'ai verrouillé la porte avant de me redresser, légèrement essoufflée.

« Bienvenue parmi nous... »