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 Départ pour Elizabethtown - GROUPE N°3 { (KAYLHEN) - INESSA- LYZEE - LUCY & LUCAS }

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Katarina K. Jones
In the shadow of your heart.
Katarina K. Jones


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MessageSujet: Départ pour Elizabethtown - GROUPE N°3 { (KAYLHEN) - INESSA- LYZEE - LUCY & LUCAS }   Départ pour Elizabethtown - GROUPE N°3 { (KAYLHEN) - INESSA- LYZEE - LUCY & LUCAS } Icon_minitimeSam 26 Fév - 10:40

GROUPE RP NUMERO 3 :

Ordre de postage : (KAYLHEN ) – INESSA LYZEE LUCY & LUCAS

Présence d'une dizaine de PNJs à prendre en compte ( ou non ^^ ). Ils partent une semaine après le second groupe. Groupe rassemblant les derniers enfants, ainsi que les dernières choses les plus importantes ( en gros vous êtes libres de choisir de transporter ce que vous voulez ).

Le trajet jusqu'à Elizabethtown prend un peu moins d'une semaine à pieds.

Détails à prendre en compte : La température à l'extérieur de la ville est basse, et la neige couvre encore une bonne partie des lieux.
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MessageSujet: Re: Départ pour Elizabethtown - GROUPE N°3 { (KAYLHEN) - INESSA- LYZEE - LUCY & LUCAS }   Départ pour Elizabethtown - GROUPE N°3 { (KAYLHEN) - INESSA- LYZEE - LUCY & LUCAS } Icon_minitimeMar 8 Mar - 7:42

« Tous ces vêtements là, met-les dans ton sac. Une fois que c’est fait, tu mets ces objets dans la petite poche. »

Je posai ledit sac aux pieds de Lyzee qui commença à entreprendre sa tache alors que je m’activais à remplir les autres sacs de quelques vêtements et petits objets insignifiants. En vidant le dernier tiroir de ma commande, j’aperçus quelque chose de large et assez gros enroulé dans plusieurs sacs plastiques. Je jetai un regard derrière moi, à l’intention de ma petite sœur qui s’appliquait à tout faire correctement rentrer dans son sac. Maintenant qu’elle était revenue, ça ne m’était plus nécessaire. A quoi bon continuer de se droguer ? L’évidente réponse s’imposa : A rien, absolument rien. Mais ne pas l’emmener avec moi, c’était comme abandonné quelque chose qui vous est vital. Comme abandonner sa console de jeu vidéo pour un geek, comme abandonner sa plus belle paire de chaussures pour une mordue du shopping, comme abandonner son ultime paquet de cigarettes pour un fumeur. Vous savez qu’il vous y attend une des choses que vous aimez par-dessus tout, si bien qu’il faut être plus que très fort, plus que très courageux pour l’abandonner. J’hésitai encore une dizaine de secondes, les mains posées sur le rebord du tiroir avant de prendre le paquet, le défaire de ses sacs et de glisser le presque-imposant sachet entre plusieurs vêtements dans mon sac à dos. J’attrapai celui-ci et le jetai contre le mur, à côté de la porte avant de me mettre à remplir un dernier sac de couvertures et tout le reste que je jetai à côté du premier. Sur la commode, je récupérai un petit sachet que je fourrai rapidement dans la poche arrière de mon jean en regardant précipitamment derrière moi -j’avais l’impression de faire quelque chose de mauvais, limite de voler- et pris un flingue qui nous avait été donné, histoire de sécurité, que je calais à l’arrière de mon jean. J’allai ensuite aider Lyzee à terminer de remplir le sien : je voyais qu’elle galérait à faire rentrer une de ses vestes si bien que je me suis mise à appuyer comme une dingue sur le sac pour la faire rentrer. Je me retournai ensuite vers Lyzee en attrapant une écharpe et deux vestes au passage, une plus épaisse que l’autre. On était encore en plein hiver, il fallait donc se couvrir. Cette règle ne s’appliquait qu’à ma petite sœur, je n’avais moi-même pas de pulls ou de vestes épais pour suffisamment me couvrir. Surtout qu’on m’avait dit que le voyage durerait environ une semaine avant d’arriver à destination, si je ne mourrais pas de froid auparavant. Je glissai ensuite des gants et un bonnet entre les mains de ma petite sœur en lui disant de prendre ledit sac, un sac d’enfant que j’avais trouvé et qui me ferait porter un peu moins d’affaires. J’avais, au passage, fait exprès de ne pas trop le charger pour que Lyzee n’ait pas mal au dos. Alors qu’elle était en train de s’armer de ses derniers vêtements j’enfilais moi-même plusieurs vestes et mon unique pair de mitaines alors que j’attrapai un bonnet et mis le premier sac sur le dos et l’autre sur une épaule. Je sortis ensuite et tendis ma main en direction de Lyzee pour lui faire comprendre qu’il était temps de partir alors que je jetai un coup d’œil à la pièce pour vérifier si je n’avais rien oublié.

Nous nous rendîmes rapidement à la porte de sortie de la communauté, un des portes pour être plus exacte, où tout le groupe avait eu rendez-vous. On me donna encore un autre sac, moins imposant que les deux que je transportais déjà, qui comportait du matériel de la communauté que nous devions tous transporter. J’étais chargée comme une charrue. Nous étions les troisièmes à partir. Il y eut comme un espèce d’appel, pour voir si tout le monde était là alors que quelques uns y manquaient. Du coin de l’œil, j’aperçus Lyzee partir voir Lucas et Lucy, les deux jumeaux inséparables alors que j’allai moi-même voir une fille à qui je parlais plutôt bien, un peu paumée parce qu’elle était arrivée sous peu et manque de chance, avait eu droit à l’attaque des hors-la-loi juste un peu après, ce qui lui donnait probablement une mauvaise image de sécurité de la communauté. Entre nous, l’attaque n’avait rassuré personne puisque si nous étions tous ici, c’était surtout parce que nous n’avions plus besoin de regarder derrière nous au bout de trois pas, le doigt sur la gâchette. Le déménagement était plutôt une bonne idée, si ils avaient pu rentrer ici une fois pourquoi pas une deuxième, mais je le trouvais plutôt précipité. Dix minutes plus tard, nous étions en train de traverser le couloir qui nous mènerait à l’extérieur. Depuis combien de temps n’étais-je pas sorti ? Depuis combien de temps je n’avais pas vu la lumière du jour ? Je me surpris de ne pas être devenue claustrophobe ou quelque chose dans le genre. Jamais je n’aurais pensé réussi à tenir aussi longtemps sans sortir mais là, j’éprouvais une envie mordante et agréable au fait que j’allais revoir le jour. Plus qu’à quelques pas de la sorti, j’ordonnais à Lyzee d’enfiler son bonnet alors que je fis de même. Les discussions des communautaires qui m’entouraient arrivaient jusqu’à mes oreilles en une sorte de brouhaha. J’étais comme plongée dans mon monde, focalisée sur l’idée de ‘‘liberté’’ dont j’allais pouvoir plus ou moins profiter pendant peu de temps. Je savais que je n’avais plutôt pas intérêt à m’écarter du groupe, sait-on jamais sur quel fou furieux je pouvais tomber. Mais c’est comme cette impression que vous avez longtemps été retenu, enfermé, vos yeux s’adaptant à l’obscurité, votre peau oubliant presque ce qu’est la douceur de la chaleur du soleil. J’avais toujours aimé le soleil. A chaque fois que je me réveillais, en été, et que celui-ci était déjà levé, j’étais naturellement emplie de joie et partait de bonne humeur pour mes journées. J’aimais New-York mais mon rêve avait toujours été de partir vivre en Californie ou dans un de ses états du Sud où l’on sait que la chaleur minimal à l’année est de 20°C, ou bien même dans un pays du Sud de l’Europe, comme l’Espagne ou l’Italie.

En posant le pied dehors, j’inspirai une grande bouffée d’air frais alors qu’une étendue blanche sans fin s’étalait devant moi. Je baissai le regard sur Lyzee dont les yeux s’illuminèrent instantanément. Forcément les enfants de cet âge-là s’émerveillaient devant la neige. Personnellement, je n’aimais pas la neige. C’était froid, c’était infiniment blanc, c’était trop lent lorsqu’elle tombait, c’était beaucoup trop silencieux. En opposition, le soleil était à mes yeux la réincarnation de la joie. On se mit donc à marcher, à savoir que je suivais les plus âgés du groupe qui connaissaient direction à prendre. Le froid était vraiment mordant. J’avais presque l’impression de ne pas être habillée, quoiqu’avec les sacs que je trimballais, j’allais peut-être me réchauffer d’ici là. Je baissai à nouveau les yeux sur Lyzee.

« Ca va ? T’as froid ? »

Elle répondit par la négative en secouant la tête. A chaque fois que je baissais les yeux sur ce petit bout, je me demandais ce que mes parents auraient pensé d’elle aujourd’hui. Ils auraient été fiers qu’elle ait réussi à survivre, un peu moins qu’elle fut confrontée à une folle prête à être internée en hôpital psychiatrique. Seulement, j’étais entièrement responsable des problèmes qu’avait et allait engendrer le comportement de Carrie sur mon petite sœur. Malheureusement, c’était bien loin d’être glorieux pour le moment et ç’avait l’air plutôt difficile à rétablir.
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MessageSujet: Re: Départ pour Elizabethtown - GROUPE N°3 { (KAYLHEN) - INESSA- LYZEE - LUCY & LUCAS }   Départ pour Elizabethtown - GROUPE N°3 { (KAYLHEN) - INESSA- LYZEE - LUCY & LUCAS } Icon_minitimeSam 26 Mar - 23:02

    J’avais pensé que le temps aurait réussi à m’apaiser, m’aurait permis d’oublier un peu, m’aurait laissé aller mieux. J’avais pensé qu’en restant tous les jours près de Kaylhen et des autres enfants, en voyant Aristide près de nous, en m’assurant que je n’étais jamais seule, les cauchemars finiraient par cesser. Mais même si je parvenais désormais à m’endormir sans pleurer toutes les larmes de mon corps, sans me réveiller en plein milieu de la nuit pour étouffer un hurlement dans mon oreiller pour n’alerter personne, les cauchemars étaient toujours présents. Je faisais tout pour ne pas y penser, évidemment, je m’efforçais d’aller vers les autres enfants – depuis combien de temps n’avais-je pas eu de contact avec ceux de mon âge ? – en particulier vers Lucy et Lucas, que j’appréciais beaucoup. Physiquement, j’allais beaucoup mieux, la plupart de mes blessures avaient disparu et j’avais retrouvé un peu de couleurs. Psychologiquement, c’était tout autre chose. Déjà, je ne supportais pas que l’on pose son regard trop longtemps sur moi, car cela se transformait en une menace, comme un prédateur qui fixe sa proie, qui la traque sans jamais la perdre de vue. J’étais la proie. Je ne savais pas exactement de qui ou de quoi j’étais la proie, mais j’en étais une. Peut-être était-ce le fantôme de Carrie qui ne cessait de me hanter, peut-être ne croyais-je pas à sa mort véritable, peut-être pouvait-elle me retrouver et m’enlever de nouveau. Cette hypothèse se formait dans mon esprit à chaque fois qu’on m’observait avec insistance, ou même lorsque l’on s’approchait de moi par surprise, qu’on me laissait toute seule dans une pièce, lorsque le silence était trop pesant, lorsque… bien trop souvent, en réalité. Kaylhen, consciente de mon trouble, se sentait malgré tout impuissante, mais pour chasser ces mauvaises idées de ma tête, m’avait demandé d’occuper mon esprit autrement : en chantant des chansons. Elle m’en avait apprise une très jolie, qui faisait « when we awake, we’ll now that everything’s alright… hold on to the world we all remember fighting for, there’s still strength left in us yet… », et ça marchait. Je chantais, et je me sentais mieux ensuite. Mais ça n’était que temporaire, bien sûr. Et puis il y avait eu l’attaque de ceux qu’ils appelaient les Hors-la-loi. L’horreur de nouveau, l’angoisse, les larmes, l’envie de hurler en s’enfuyant, le besoin de sortir de ces galeries souterraines qui ne faisaient que m’étouffer, nous retenir prisonniers. Chaque coup de feu brisait quelque chose de supplémentaire en moi, je ne savais pas quoi, mais je me sentais faillir, tomber de l’intérieur. Et les mêmes interrogations que je me posais pendant tout ce temps passé avec Carrie me revenaient, je ne cessais de tout remettre en question. J’étais toujours aussi perdue que le jour où Aristide m’avait retrouvée. Si Kaylhen avait réussi à me persuader du contraire pendant quelques temps, tout m’était revenu comme un coup de poignard en plein cœur. J’étais faite pour endurer tout ça, j’étais venue au monde pour voir, entendre, subir, vivre l’horreur. Il n’y avait eu que ça, dans ma courte vie : de l’horreur. De la douleur, toujours plus cuisante, toujours moins supportable. Le genre de souffrance qui tort tout ce qu’il y a en soi, qui déchire tout sans la moindre pitié, qui se rit des larmes et des cris de supplication. Partout où j’allais, c’était ça. Les coups de feu, les hurlements, l’angoisse, les pleurs, les morts, le sang… Je n’avais pas pu dormir pendant les deux ou trois jours suivants, hantée par de nouveaux cauchemars.

    On avait beau tout faire, tout me dire, me rassurer chaque jour, rien n’y faisait. Une partie de mon enfance, de mon innocence avait été réduite en cendres, et j’avais toujours, toujours mal. En permanence. Il m’arrivait de fondre en larmes à n’importe quel moment de la journée, comme il m’arrivait d’être étonnamment joyeuse lorsque j’étais avec les autres enfants. J’étais brisée. Mais je faisais semblant d’aller mieux, je me cachais une fois sur deux pour aller pleurer, je souriais même lorsque l’envie me manquait, parce que je voyais que Kay souriait quand je souriais, et ce que je voulais par-dessus tout, c’était la voir ainsi. Elle m’avait trop manqué pour lire la tristesse et la déception sur son visage. Et puis, je continuais de me convaincre que tout finirait par aller mieux. Comme dans la chanson qu’elle m’avait apprise : « and in the morning we are new, stand in the sun, we’ll dry your eyes… ». Il y aurait un matin où je me réveillerais, et mes larmes auraient séché. Il y aurait un matin où je me réveillerais, et tout irait bien. J’avais hâte. Je désirais chaque jour que ce matin soit le lendemain.

    La clarté amplifiée par la neige encore présente m’éblouit un instant, rien qu’un instant, avant que mon expression ne change complètement. Qu’est-ce que j’y pouvais, si c’était aussi magnifique ? Je réalisai que jusqu’à maintenant, je n’avais jamais pris le temps d’admirer cette étendue blanche. De tout mon temps passé à l’extérieur – et j’étais de notre groupe certainement la seule à être restée si peu dans les galeries souterraines, je n’avais pas pris une seule seconde pour admirer la neige, trop dévorée par l’angoisse, la crainte d’une Carrie en colère, trop affamée, trop frigorifiée pour m’intéresser au décor. Il avait du y avoir également le refus de regarder les débris, les ruines de New York, ne remarquant pas qu’on ne voyait plus vraiment les gravats sous les flocons. Mais aujourd’hui, je voyais. Je n’avais plus froid. Je voyais la neige, et pour la première fois depuis beaucoup trop longtemps, je me sentais comme une enfant. J’étais émerveillée par ce qui s’étendait devant moi, et ça me faisait me sentir telle que j’étais : une gamine de dix ans. Et c’était bien. Je lançai un regard à ma grande sœur, lui souris – un sourire sincère, pas éclatant, mais sincère -, puis tournai la tête vers les jumeaux. Et mon cerveau revint plus de deux ans en arrière, oublia pendant un trop court instant toute l’horreur que j’avais vécue, et me repassa des images des batailles de boules de neige que mes frères, ma sœur et moi avions l’habitude de faire avec les amis de ces derniers dans Central Park. Mon sourire s’élargit, avant de se figer – mon cerveau était revenu à l’époque actuelle. La dure réalité de l’instant présent. Là où mes frères étaient morts, où ma sœur ne cessait de me regarder d’un air inquiet, et où nous étions obligés de marcher pendant des jours pour fuir des galeries souterraines dans lesquelles nous avions failli mourir d’une balle dans le ventre ou dans la tête pas longtemps auparavant. Je détournai donc le regard, me mordit la lèvre inférieure et avançai aux côtés de Kaylhen. Après lui avoir assuré que non, je n’avais pas froid, je me mis à murmurer tout doucement, de façon à ce que personne ou presque ne puisse m’entendre : « We will make it out alive… There’s a note in the pages of a book… ».
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MessageSujet: Re: Départ pour Elizabethtown - GROUPE N°3 { (KAYLHEN) - INESSA- LYZEE - LUCY & LUCAS }   Départ pour Elizabethtown - GROUPE N°3 { (KAYLHEN) - INESSA- LYZEE - LUCY & LUCAS } Icon_minitimeLun 4 Avr - 21:16

Je ne savais pas encore pourquoi j’avais cédé. Pourquoi j’avais dis oui. Pour le bébé a venir ? pour Lui ? Franchement, je n’osais répondre a cette question. Fébrile, je serrais mes bras autour de moi, comme pour protéger cette petite étincelle de vie qui c’était accrochée a moi malgré ce que je lui avais fait subir. Soudainement, j’avais envie de voir le sourire de Shannon et l’éclat sans cesse rieur de ses yeux. C’était idiot, mais là, maintenant, j’aurais tout donné pour avoir son soutient. Je regardais celles qui étaient avec moi sans leur adresser la parole. Qu’aurais je bien pu leur dire de toute manière ? Pour elles, je n’étais que la femme d’Alexeï, un salaud sans cœur et sans scrupules…Pire, je ne pouvais même pas dire le contraire. Penser a lui me perforait le cœur et la douleur qui en résultait me faisait suffoquer.

Je remontais le col de mon gros manteau, espérant peut être disparaitre dans les plumes de la doudoune, j’entendais les murmures des conversations mais je n’en écoutais pas une seule réellement. Etrangement, je ne cessais de regarder les enfants, c’était devenu presque hypnotisant alors que jusqu'à présent, je n’y avais jamais réellement prêté attention. Ils souriaient et dans leur yeux, il y avait une sorte d’excitation bizarre, sans doute avaient ils l’impression de partir a l’aventure. J’aimais l’innocence des enfants et leur manière de voir le monde, si lointaine de ma vision des choses, plus noirs, plus obscurs…A cause de lui ? A cause de moi ? A cause de nous ? Je ne savais pas vraiment. En vérité, j’avais peur. Peur de l’avenir, peur de quitter ce que je connaissais pour un néant absolu. J’avais laissé un mot a Shannon avec un plan pour arriver jusqu’ici, savait on jamais…Entre mes jambes, un gros sac, juste ce qui m’était nécessaire et je me rendis compte que ce n’était vraiment rien du tout au final.

Pourquoi avais je dis oui ? Pourquoi avoir glissé ma main dans la sienne ? Pourquoi…Pourquoi…toujours cette question…Et pas de réponse ou presque.


Edit staff : attention, 20 lignes mini x)
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MessageSujet: Re: Départ pour Elizabethtown - GROUPE N°3 { (KAYLHEN) - INESSA- LYZEE - LUCY & LUCAS }   Départ pour Elizabethtown - GROUPE N°3 { (KAYLHEN) - INESSA- LYZEE - LUCY & LUCAS } Icon_minitimeLun 11 Avr - 15:00

~ Lucy

J'ai poussé un hurlement à m'en arracher la gorge quand j'ai appris la nouvelle.

Enfin, pas la première nouvelle. On allait partir. On allait partir ! Quitter les souterrains ! Revoir le dehors ! Revoir le ciel, l'herbe, sentir le vent sur notre peau, pouvoir respirer à l'air libre, ne plus se sentir étouffé et enfermé ! Parmi les gamins les plus jeunes, ça ne dérangeait pas grand-monde. Trop petits pour se souvenir. Mais Lucas et moi, on était suffisamment âgé pour se rappeler parfaitement notre vie d'avant. Avec un papa, notre vrai papa, une maman. Deux grands-pères, une grand-mère, nous avions toujours eu une seule grand-mère. Une jolie petite maison de banlieue, une balançoire dans le jardin, une vraie école avec une vraie maîtresse et plein d'autres enfants de notre âge, avec lesquels on jouait dans une grande cour de récré goudronnée et peinte de milliards de couleurs, toutes ces couleurs qui nous faisaient inventer des dizaines de jeux différents, et finalement un peu tous pareils, mais qu'est-ce qu'on s'en fichait !

Oh, bien sûr, Liam était gentil, très gentil, et je me surprenais de plus en plus souvent à l'appeler papa. Je n'avais pas l'impression que ça le gênait alors je me laissais aller. Mais quand j'étais seule, dans mon lit, le soir, à craindre les cauchemars qui risquaient de venir me visiter, je m'en voulais, je me disais que mon vrai père devait détester Liam de le remplacer ainsi. Alors, Liam était encore en suspens, même si j'aurais adoré qu'il devienne réellement mon père. Et Gabrielle nous apprenait plein de choses, mais ce n'était pas une vraie école. Pas de cour aux mille couleurs. Et pas de dizaines d'enfants, juste quelques gosses de tous âges complètement perdus. Comme Lucas et moi. C'était presque ça. On s'habituait à cette vie, on se disait presque que c'était normal. Mais presque, ce n'était pas tout. Alors quand j'avais su qu'on partirait dans cette ville voisine - Elizabethtown c'était un joli nom - j'avais été heureuse comme jamais je n'avais pu l'être depuis la mort de mes parents. Ensuite, avec une voix douce, pleine d'inquiétude retenue, se voulant rassurante, la voix qui annonce nécessairement de très mauvaises nouvelles, on nous avait dit que nous ne serions pas avec Liam.

Je m'y étais attendue, parce que maintenant, on était suffisamment grands pour ne pas se faire avoir par cette voix qui essayait de mettre les enfants à l'aise avant de leur apprendre le pire. La voix qui dit « Alors, tu veux un gâteau ? Vas-y, prends ce fauteuil ! Tu pourras regarder la télé ce soir si tu veux, et tu n'es pas obligée de faire tes devoirs ! Ton grand-père est mort... ». Je m'étais attendue, et préparée, à une mauvaise nouvelle. Mais celle-ci, elle me semblait totalement inconcevable et impossible. Et j'avais hurlé, hurlé quelque chose comme « Non ! » ou « Pas ça ! » ou « Je veux pas ! » ou peut-être juste un son désarticulé, je ne sais plus trop. Mon épaule était perpétuellement en feu sous le bandage masquant la déchirure de la balle, et cette blessure, je l'avais eue parce que je voulais absolument retrouver Liam pour le protéger. Je m'étais juré de ne plus jamais le quitter ! Je m'étais promis qu'on resterait toujours avec lui, quoi qu'il arrive, pour pouvoir se protéger mutuellement ! Et on me disait que je devrais voyager séparément ! Qu'il n'arriverait que deux semaines plus tard ! Mais j'étais blessée, j'avais peur, je voulais Liam, j'avais besoin de lui !

Lucas s'était littéralement jeté sur Alexander quand il nous avait annoncé la nouvelle. il était resté pâle, les yeux grands ouverts, et puis quand il m'avait entendue paniquer comme ça, il s'était jeté sur son héros pour le rouer de coups. Pour moi, il avait frappé Alexander McCord. Évidemment, ça ne lui avait rien fait du tout. Il avait pris mon frère par les poignets et signifié calmement qu'il comprenait à quel point ça nous blessait. Mais qu'il n'avait pas eu le choix, que la répartition des groupes avait été très difficile à faire, que nous étions parmi les enfants les plus grands et donc ceux qui comprendraient le mieux pourquoi on ne pouvait pas forcément voyager avec les personnes qui nous importaient. C'était tellement injuste ! J'aurais voulu ne jamais grandir, redevenir une petite fille. Surtout si grandir voulait dire se séparer des gens que nous aimions.

Injustice, injustice, injustice. Ce mot battait en moi.

Assez curieusement, les paroles d'Alexander avaient calmé Lucas très efficacement, alors que j'avais continué à piquer crise de nerfs sur crise de nerfs. J'avais hurlé, tempêté, défait les bagages pour tout disperser, je m'étais cachée pour qu'on ne me retrouve pas, je m'étais glissé dans le lit de Liam en pleine nuit pour qu'on m'y retrouve au matin dans l'espoir qu'on se dise que je lui étais bien trop attachée pour me faire subir ça - c'était vrai de toute façon, même si mon action n'avait été que du pur calcul - et pour finir, j'avais pleuré toutes les larmes de mon corps le matin du départ en suppliant à peu près tout ceux que je croisais de plaider ma cause. Nul n'en avait rien fait, prenant une voix compatissante à vomir pour m'expliquer que je devais être une petite fille sage et raisonnable. Je ne voulais pas être raisonnable ! Et ainsi les rôles s'étaient inversés : la sage Lucy faisait tourner tout le monde en bourrique, alors que l'intrépide Lucas se taisait, obéissant mécaniquement à ce qu'on nous disait de faire. Je crois qu'il avait été affreusement choqué par l'attaque. J'aurais sans doute réagi pareil que lui si je n'avais pas été complètement dans les vapes à cause de ma blessure. Si bien que moi, je pouvais réagir à l'idée de cette séparation.

Ça n'avait servi à rien. Nous étions là, prêts à partir, Liam nous avait câliné, réconforté, mais il n'avait pas pu venir avec nous. J'aurais voulu l'ignorer, le punir d'avoir été incapable de changer ça, néanmoins, quand il m'avait tendu les bras, je n'avais pu m'empêcher de me précipiter contre lui, éclatant en sanglots. Avant de finir par me taire lorsqu'il m'avait amené, me tenant la main, Lucas de l'autre côté, jusqu'au point où tout le monde attendait le moment du départ. J'avais jeté un coup d'œil incendiaire à Lyzee. Je l'aimais beaucoup, elle avait mon âge, on s'entendait bien, mais je trouvais profondément injuste qu'elle pût voyager avec sa sœur, même si je savais qu'après tout, elles s'étaient retrouvées il y a seulement quelques semaines. Serrant les dents, je décidai d'ignorer tout ceux que je connaissais, bien déterminée à leur montrer à tous que je leur en voulais. Mais je ne voulais pas être toute seule. Alors j'avançai jusqu'à la jolie blonde enceinte, qui était arrivée, repartie, revenue sans que je sache pourquoi, et lui pris la main en murmurant :

- Je peux rester avec toi s'il te plaît ?

Lucas me regarda tristement puis se tourna vers Lyzee, hésitant à la rejoindre alors qu'elle était collée à Kaylhen. Déchiré entre nous deux, il prit finalement le parti de rester à mi-chemin.

Et nous partîmes.
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MessageSujet: Re: Départ pour Elizabethtown - GROUPE N°3 { (KAYLHEN) - INESSA- LYZEE - LUCY & LUCAS }   Départ pour Elizabethtown - GROUPE N°3 { (KAYLHEN) - INESSA- LYZEE - LUCY & LUCAS } Icon_minitimeMer 27 Avr - 0:07

On a marché des heures durant, ça n’en finissait plus. Dans le froid. Mes pompes laissaient filtrer la neige si bien que je ne sentais presque plus mes pieds. J’évitais de trop trembler, faire comme si tout allait bien. Genre, tout va bien… J’avais plutôt l’impression qu’on était en train de se perdre dans un New-York méconnaissable à cause de sa couche de neige surabondante. Mais je faisais confiance aux plus ainés, ou du moins, j’essayais. On a du faire deux pauses de cinq minutes dans toute la journée. Je suis même allée jusqu’à porter Lyzee pendant quelques instants, ayant un peu peur qu’elle soit trop épuisée par toute cette marche. La nuit tombée, nous avons stoppé notre marche par principe de sécurité et avons trouvé une sorte d’abri, ancienne épicerie éventrée et vidée où nous allions passer la nuit. J’avais tout de même réussi à me repérer et savais approximativement où nous étions, et que demain, nous atteindrions les limites du Bronx. Il a fallu tout installer : des couvertures que l’on a placé les unes à côté des autres pour que l’on puisse se chauffer mutuellement. Il a fallu ensuite distribuer la nourriture qu’on nous avait donnée. Assez restreinte d’ailleurs. Après cela, une fois que tout le monde s’était couché, j’ai fait le tour de l’épicerie. Je n’étais pas assez fatiguée pour pouvoir dormir, malgré les heures de marche que je m’étais mangée. Je m’amusais -si on peut dire ça comme ça, mais je devais me débrouiller avec les moyens du bord- à regarder les dates d’expiration des paquets qui n’avaient pas été pris : July 28, 2011… Sympa. Avec de la poussière en plus, dessus. Le sol sale était habité par quelques insectes qui reprenaient le pouvoir dont nos amis les araignées que j’écrasais dès que j’en voyais une. Je m’étais inconsciemment mise à chantonner une musique de Flyleaf, groupe que j’avais beaucoup aimé avant. Je me demandais si la chanteuse, et même les autres membres du groupe était morts. Probablement. Ca faisait bizarre tout de même de se dire ça. « I’m scared to the death of light and sileeence. Jesus kill me inside this. Raise me… » Je m’arrêtais en plein milieu, me rendant compte des paroles qui parlait de Jesus, sujet à éviter si ma petite sœur était dans les parages. Parce que pour elle la religion, c’était Carrie. Je me retournai soudainement, regardant autour de moi à la recherche de Lyzee et l’aperçus à quelques mètres, me fixant. J’avais plus qu’à croiser les doigts pour qu’elle soit trop loin pour entendre quoi que ce soit. Je me rapprochai d’elle, passai une main dans ses cheveux avant de l’emmener avec moi pour qu’on aille se coucher là où se trouver les dernières couvertures, juste à côté de la porte. Le sol était glacé et j’étais prête à parier que d’ici vingt minutes, je me mettrais à claquer des dents. Une fois allongée, Lyzee posa sa tête sur mon ventre. Mon ventre qui commençait tout juste à prendre en volume. Mon ventre qui allait devenir énorme. Mon ventre qui abritait l’enfant d’Aristide. Coucher avec son meilleur ami et tomber enceinte, qui dit mieux ? A savoir que ce n’était certes pas la première fois que j’avais des rapports mais c’était la première fois que je ne me protégeais pas. Conclusion : j’en payais les frais alors qu’il y avait une chance sur mille que JE tombe enceinte. Il a fallu que ça tombe sur moi et non pas sur toutes les autres femmes avec qui il avait couché. Moi, la gamine de 17 ans et demi qui n’a plus de famille et qui doit s’occuper de sa petite sœur qui en a vu beaucoup trop pour son plus jeune âge. Il a fallu qu’une merde en plus me tombe sur la tête. Je n’accueillais pas ce bébé joyeusement, tout simplement parce que je ne voulais pas de bébé, que coucher avec Ari était une erreur et je voulais oublier ça. Seulement, procréer à partir de ladite erreur était plutôt mauvais. Très mauvais même. Ce bébé serait là pour nous dire « Hey, regarde la connerie du siècle que vous avez faite : moi ! ». Je n’avais que 17 ans, je ne voulais pas devenir mère, je ne voulais pas me transformer en espèce de poire.

Un peu plus d’un mois après avoir couché avec Ari, je suis allée à l’infirmerie. La chance m’a sourit et je suis tombée sur Diane qui m’a tout expliqué en s’attardant sur l’accouchement (mais visiblement, vu l’épreuve, elle n’avait pas tord). Elle est l’unique et la seule au courant de cet engrossement imprévu. Elle a vu les cicatrices sur mes bras et a bien vite compris que je me droguais, je me suis empressée de lui dire que j’en avais fini avec la drogue. Menteuse. J’étais encore bien loin d’en finir. J’essayais de stopper toute prise mais rien à y faire, il y avait toujours un moment où je finissais par craquer. Et il y a trois mois, j’en étais encore à ce stade-là. Aujourd’hui, même si je ne voulais pas de cet enfant, je n’allais pas non plus lui faire subir l’impact de la drogue. Ca ne me regardait que moi et personne d’autre. J’avais donc été plus dure avec moi-même pour pouvoir arrêter plus rapidement et ma méthode était de réduire les doses jusqu’à ce qu’elles soient si peu minimes que cela devienne inutile d’en prendre. Et là, j’en aurais enfin fini. Ce gosse avait un point positif, au final, même si pas très indispensable.

J’espérais donc bien que Lyzee ne remarque absolument rien à la petit bosse que faisait mon ventre ou du moins que son innocence enfantine lui fasse préserver une quelconque remarque, et qu’elle soit trop épuiser pour s’attarder sur quelque chose de ce genre. Ma main caressait doucement ses cheveux, pour qu’elle puisse s’endormir le plus tranquillement possible.
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MessageSujet: Re: Départ pour Elizabethtown - GROUPE N°3 { (KAYLHEN) - INESSA- LYZEE - LUCY & LUCAS }   Départ pour Elizabethtown - GROUPE N°3 { (KAYLHEN) - INESSA- LYZEE - LUCY & LUCAS } Icon_minitimeMer 1 Juin - 16:13

    Comment j’avais deviné que ma grande sœur était enceinte alors qu’elle n’en avait encore jamais parlé à personne ? Je le savais, tout simplement. Moi-même, incapable de comprendre comment, pourquoi. Je l’avais senti. Je ne l’avais pas vu, puisque son ventre n’était pas aussi arrondi que celui d’une femme enceinte dont j’avais l’image en tête, mais bel et bien senti. Ce devait être à chaque fois que Kaylhen m’endormait en caressant mes cheveux, ma tête posée sur son ventre. Ce devait être cette présence-là, celle du bébé, que je sentais tout contre ma joue. J’avais envie de lui parler, à ce petit bout de vie, j’avais envie de le mettre en garde. Pourquoi as-tu décidé de venir au monde maintenant, bébé ? Le monde n’est plus le même, tu sais. Il n’y a plus rien, sinon les ruines d’hier. Ils ont tout détruit, ils les nous ont tous tués. On fait semblant d’être en vie, tu sais. Ils nous ont vraiment tous tués, et nous, c’est de l’intérieur qu’on est ravagés. Quand tu ouvriras tes yeux, tu verras que ce n’est pas drôle. Que tu aurais du rester là d’où tu viens, que tu aurais du attendre qu’on se reconstruise. Tu n’aurais pas du venir maintenant. Et qu’est-ce que tu vas faire, hein, bébé ? Tu vas grandir au milieu de ce rien ? Tu vas naitre dans un monde qui fait semblant ? Il est détruit ce monde, bébé. Tu seras comme moi, un enfant perdu. Un enfant dont l’enfance aura été volée par la guerre, par des hommes et des femmes dépourvus de toute humanité. Je sais, c’est pas drôle ce que je dis. Mais c’est ce que je pense, ce que je vois. D’un autre côté, tu aurais pu naitre dans des conditions bien pires. Kaylhen, elle sera la meilleure maman. Elle est déjà une grande sœur fabuleuse, et elle s’occupera parfaitement bien de toi. Même si ça fera bizarre de la voir avec un bébé dans les bras… Bébé, j’espère que tu as conscience des conditions dans lesquelles tu vas naitre. Tes parents t’aimeront, c’est certain. Moi aussi, je prendrai soin de toi, quand on aura grandi tous les deux.

    Les journées étaient longues, mais plus nous marchions, plus vite nous serions parvenus à destination. On avait froid, aussi étions nous le plus souvent collés à l’un de nos proches, histoire de se raccrocher à un semblant de chaleur. Mais si ma main avait été comme soudée à celle de ma sœur durant les deux ou trois premiers jours, j’avais fini par me détacher un peu d’elle et aller marcher un peu avec les autres, notamment Lucy et Lucas. Ils étaient un peu plus loin devant, et j’avais lâché Kaylhen sans ajouter un mot, avait filé comme si je venais de voir un papillon que je voulais absolument suivre. Je m’étais glissée timidement aux côtés des jumeaux. Je savais qu’ils étaient censés partir avec Liam, qui était comme un père pour eux, d’après ce que m’avait expliqué Kay, et que cela n’avait pas été possible, que c’était pour cette raison qu’ils paraissaient si tristes. Moi aussi, j’avais l’air triste, mais je ne voulais pas leur montrer. J’essayais de sourire, de réagir comme si tout allait bien. Car c’était presque vrai, non ? Tout irait bien, en tout cas. Il n’y avait aucune raison pour que ça aille mal de nouveau. Dans la logique des choses, l’équilibre que le monde tentait de créer – si équilibre il y avait – on devait être tranquille pendant un moment encore. Au moins jusqu’à notre arrivée à Elizabeth Town, au moins pendant quelques semaines, voire quelques mois. Nous en avions tous besoin. Alors je souris. Faiblement, mais sincèrement. Je souris à Lucy, je souris à Lucas. « On fait la course jusqu’à la voiture bleue, là-bas ? » demandai-je d’un air enjoué, prête à me mettre à courir. Des jeux d’enfants, après toutes ces semaines, c’était ce dont j’avais le plus envie.

    Être une enfant, c’était ce qui m’avait manqué. J’avais réussi à oublier que c’était si simple, de rire, de courir, de réfléchir comme une petite fille de dix ans, sans avoir à prier sans cesse pour rester en vie le jour suivant, sans avoir à prier sans cesse pour ne pas être la prochaine victime d’une psychopathe complètement givrée. C’était simple de sourire à d’autres enfants, simple de leur proposer de jouer. Peut-être que j’avais tort, peut-être que Bébé pourrait ne pas trouver que du mal, en venant au monde. En fait, il n’en tenait qu’à nous : si nous réussissions à lui montrer la meilleure part de nous-mêmes, si nous parvenions à lui montrer qu’en dépit des gravats et de la destruction, on pouvait se sentir bien, alors peut-être qu’il pourrait se raccrocher à nos sourires et à notre amour, notre espoir. Pendant longtemps, j’avais oublié le sens même de ces mots. Et puis on m’avait sortie de ce cauchemar, et maintenant, je pouvais de nouveau y voir clair. Peut-être que c’était de nouveau en moi. Peut-être que j’étais sincère lorsque mes lèvres s’étiraient, peut-être que cette chaleur que je sentais m’envahir lorsque je pensais à l’avenir, à la promesse d’un lendemain que j’avais crue partie en fumée, c’était ça, l’espoir. Peut-être que Carrie ne m’avait pas détraquée au point de grandir comme elle, de devenir le monstre qu’elle avait été. Peut-être que je pouvais devenir une fille comme les autres, grandir normalement. Je n’avais que dix ans, après tout. L’aube de ma vie. Une aube bien trop sanglante et douloureuse, pourtant… Je devais regarder droit devant moi, comme me le disait Kaylhen. Je devais m’empêcher de repenser à mes cauchemars, m’empêcher d’y accorder ne serait-ce qu’un regard. Notre passé était détruit. Notre présent chancelait. Nous n’avions plus que l’avenir. Et j’étais en sécurité. Je devais aller bien. Il le fallait.

    Le soir tombait à nouveau, et déjà, les adultes cherchaient un abri pour passer la prochaine nuit. Une fois ceci trouvé – il s’agissait du gymnase d’un lycée complètement détruit, ou presque – nous eûmes droit à ce qui nous servait de repas du soir, quelques provisions que certains transportaient dans leurs sacs. Vint ensuite l’heure d’aller se coucher. Après avoir passé la plus grande partie de la journée à marcher, nous n’avions en général pas de problèmes pour nous endormir. Mes cauchemars n’étaient pas venus me hanter depuis notre départ, ce qui était en soi une très bonne chose. Je n’avais pas vraiment envie d’attirer toute l’attention sur Kaylhen et moi en réveillant tout le monde par mes cris ou mes pleurs, aux alentours de trois, quatre ou cinq heures du matin. Ce soir-là, sans doute prise dans mon élan quant à aller mieux, je demandai à Kay si je pouvais ne pas dormir avec elle, et me dirigeai une fois encore vers Lucy et Lucas, installés un peu plus loin. « Je peux dormir avec vous ? » demandai-je d’une voix timide, accompagnée d’un petit sourire. Je ne savais pas trop si ça se faisait, mais entre gamins de dix ans, nous n’avions pas besoin de nous prendre la tête comme les adultes, si ? Je me sentais bien avec les jumeaux, et ça faisait trop longtemps que je n’avais pas pu passer autant de temps avec des enfants de mon âge, alors j’en profitais… Je ne voulais absolument pas passer pour un pot de colle, mais j’avais l’impression qu’ils m’aimaient bien eux aussi, alors où était le problème ? Peut-être qu’ils désiraient passer la nuit juste entre frère et sœur, ce que je comprenais parfaitement puisque je passais moi-même les trois quarts de mon temps collée à ma grande sœur. Mais les enfants aimaient bien dormir tous ensemble, n’est-ce pas ?

    Cette nuit-là fut également dépourvue de rêves désagréables.
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