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 Is it too late to apologize ? { ARISTIDE }

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Katarina K. Jones
In the shadow of your heart.
Katarina K. Jones


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MessageSujet: Is it too late to apologize ? { ARISTIDE }   Is it too late to apologize ? { ARISTIDE } Icon_minitimeVen 6 Mai - 13:51

Cela faisait un drôle d'effet, de retrouver du jour au lendemain une vie normale. C'était comme se réveiller brusquement après un terrible cauchemar. On se réveille, et on se demande si on a rêvé ou non. On se réveille, et on met un certain temps à reprendre ses esprits. C'était comme de mettre une éternité à se réveiller. Je n'arrivais pas à croire que c'était enfin terminé... C'était enfin terminé. À partir de maintenant, nous aurions une vie normale. Enfin, si c'était encore possible d'avoir une vie normale. Disons que nous aurions au moins une vie un peu plus agréable que ces dernières années. Cela me faisait vraiment tout drôle, d'avoir ma maison à moi. Comme si rien ne s'était passé. On ne dirait pas, mais avoir une maison à soi aujourd'hui, c'était... Merveilleux ? Non, c'était presque un euphémisme. C'était un vrai miracle. Un miracle ordinaire peut-être, mais un miracle quand même. Se réveiller dans un vrai lit, dans une vraie chambre, c'était peut-être ce qui m'avait fait le plus d'effet. J'avais presque cru que je rêvais, lorsque je m'étais réveillée le lendemain de notre arrivée ici. J'avais presque eu du mal à m'endormir, tellement je n'étais plus habituée au confort d'un vrai lit. Je m'étais tournée et retournée, à tel point qu'Ethan avait fini par me lâcher pour aller dormir de son côté du lit – mon Dieu, nous n'étions plus obligés d'être collés l'un à l'autre pour éviter de tomber ! Je crois que ce qui m'avait dérangé aussi, c'était certainement de dormir dans e lit de quelqu'un d'autre. Je ne comprenais pas pourquoi tant de maisons étaient vides, alors qu'elles n'avaient pas été bombardées. Vraisemblablement, c'était parce que les gens avaient préféré fuir, soit parce qu'ils pensaient trouver un meilleur abri, soit pour retrouver leurs familles. Quoi qu'il en soit, je me sentais un peu mal d'investir les lieux, comme ça. Ethan me disait que cela passerait. Il avait déjà fait de son mieux pour que cette maison soit vraiment la notre. J'avais même été étonnée de trouver une chambre joliment préparée pour Lena, et une autre presque prête pour le bébé. Lena avait trouvé tout à fait étrange de dormir dans une pièce différente de la notre. Ethan n'avait pas vraiment aimé cela non plus, mais il fallait bien qu'elle s'y habitue, non ? Elle ne dormirait pas éternellement avec nous, et surtout pas maintenant qu'elle faisait ses nuits. Elle avait presque un an, il était temps. Maintenant nous avions les moyens de l'élever correctement, il fallait en profiter. Et puis, je l'avoue, j'avais envie d'avoir Ethan pour moi toute seule maintenant que c'était enfin possible. Nous avions une chambre à nous, ce qui n'était jamais vraiment arrivé. Il y avait toujours les autres juste à côté, ou Lena... J'imagine que c'était la même chose pour tout le monde. Nous n'avions presque pas eu d'intimité pendant des mois et des mois, ce qui avait été assez insupportable, quand bien même nous avions tout fait pour que tout se passe pour le mieux au sein de la Communauté.

Tout le monde était arrivé, et maintenant tout était une question d'organisation. Il fallait tout réapprendre. Tout reprendre à zéro. Tout d'abord, il avait fallu que nous soyons répartis dans les maisons disponibles. Ethan et moi avions hérité de la plus petite d'entre elle, mais nous étions seuls. Personne ne voudrait endurer les pleurs d'un nouveau né et d'une petite fille. Et puis, je le savais aussi, personne ne voulait supporter Ethan et sa jalousie... La petite ville d'Elizabethtown était en effervescence depuis notre arrivée. Il fallait tout réorganiser. C'était comme faire une trentaine de déménagements simultanés. L'air de rien, nous avions amené beaucoup de choses dans cette petite ville. Nous en avions accumulé des choses, en deux ans. J'étais même étonnée que nous ayons pu tout amener. Encore que nos vies ne tenaient que dans quelques cartons. Lorsque nous avions rangé nos affaires, nous nous étions retrouvés avec des placards à moitié vides, malgré les affaires que nous avions ramené de chez moi. Au final c'était Lena qui avait le plus de choses. Il fallait dire que c'était l'entraide qui jouait de ce côté là. Nous nous échangions souvent les affaires de nos enfants. Lena ne devait sa garde-robe qu'à Emma, la petite fille de Gabrielle. Et moi j'avais déjà donné quelques affaires de Lena à un couple qui allaient aussi avoir un bébé. Il y avait également beaucoup d'affaires que nous pouvions réutiliser dans cette maison. Des affaires que nous devrions nous réapproprier. J'avais discuté de mon malaise avec plusieurs autres femmes, elles étaient bien d'accord avec moi : c'était vraiment bizarre de se retrouver du jour au lendemain dans la maison de quelqu'un d'autre. Mais pas de panique, nous allions nous y habituer. De toute façon, nous n'avions guère le choix. Et puis c'était nettement mieux qu'une petite pièce lugubre et grise dans un sous-sol.

Elizabethtown était pleine de ressources et pleine de surprises. De bonnes surprises. J'avais été surprise, presque choquée de retrouver ici quelqu'un que j'avais connu. J'avais retrouvé Jackson Ford. Jackson était un de mes amis, que j'avais connu lors de mon internat en chirurgie à l'hôpital. C'était l'un des premiers à s'être rapproché de moi, alors que j'étais arrivée un peu à l'improviste dans l'équipe. Il m'avait pris sous son aile, en quelque sorte. Il avait deux ans d'avance sur moi, mais s'était toujours étonné sur mes capacités. Je travaillais tellement fort que j'avais alors un niveau presque similaire au sien. À l'époque je surprenais internes et chirurgiens. J'étais terriblement heureuse de le retrouver, heureuse de voir qu'il avait survécu. Mais il ne fallait pas se méprendre, il ne s'était jamais rien passé entre nous et il ne se passerait jamais rien. C'était juste un ami qui m'était très cher. Un ami. Mais allez l'expliquer à Ethan. Je sentais déjà sa jalousie monter, je sentais qu'il se retenait de faire des remarques. Parfois, sa jalousie m'épuisait. Je sentais que je ne serais pas en mesure de supporter de nouveau ses crises de jalousie. Tant qu'il se contrôlait, je ne disais rien, mais je n'en pensais pas moi. J'avais beau l'aimer, j'en avais assez d'être coupée du monde et de mes amis parce que cela ne lui convenait pas. J'espérais qu'il comprenne que c'était important pour moi d'avoir un minimum de vie sociale. Je n'étais pas comme lui, ma famille ne me suffisait pas forcément. J'avais besoin de mes amis, j'avais besoin de changer d'air. Mais ça, il avait du mal à le comprendre. Ou plutôt, il ne voulait pas le comprendre, parce qu'il ne voulait pas assumer qu'il avait lui aussi besoin d'amis, qu'il ne pouvait pas rester le vilain petit canard de notre Communauté.

Malgré l'avis d'Ethan et de mon père, j'avais décidé d'aller m'installer à l'infirmerie d'Elizabethtown, située dans l'église. Il était hors de question que je ne fasse rien. Cela me rendait folle. J'avais besoin de remplir mon rôle de médecin. Me reposer ? Ce n'était pas rester assise dans une infirmerie à attendre des patients qui allait me tuer. J'étais encore à plus d'un mois du terme, et s'il y avait un problème, eh bien au moins j'étais sur place ! Et puis je n'étais pas seule. Il y avait Jackson, Mathilda et même Diane. Nous étions quatre médecins. Et si j'avais encore un peu de mal avec Diane, j'avais une entière confiance en Mathilda et Jackson. Mathilda m'avait déjà accouchée, elle m'avait sauvé la vie plus d'une fois et je n'avais aucun doute sur les capacités de Jackson, que j'avais déjà vu en action. C'était l'un des meilleurs jeunes chirurgiens que j'avais connu, celui qui gérait le mieux les situations en urgence. D'ailleurs, à l'époque notre Chef en traumatologie le voulait absolument dans son service. En ce qui me concernait, j'avais toujours préféré la sécurité d'un bloc. Mais depuis j'avais appris à m'adapter. De toute évidence je ne remettrais jamais les pieds dans un bloc. Mais revenons en à nous moutons ! L'infirmerie d'Elizabethtown était plus grande que celle que nous avions à New-York. Plus éclairée, plus propre, plus complète. Nous avions apporté un stock de médicaments, pour compléter tout cela. Et un peu de matériel chirurgical, ce qui manquait de toute évidence. Mais à nous tous, nous avions une véritable infirmerie, complète et propre. J'avais presque l'impression de me retrouver dans un hôpital miniature. J'étais à l'aise dans un tel environnement. Je ne dirais pas que je me sentais chez moi, mais je me sentais un minimum utile. C'était mon sanctuaire. L'endroit où je n'étais pas juste Katarina la femme d'Ethan, Katarina la gentille fille parfaite et un peu naïve, Katarina la pauvre fille d'un mafieux, qui avait été enlevée et qui était encore enceinte jusqu'aux yeux. Les étiquettes ne se décollaient jamais vraiment. Il y avait un échographe dans cette infirmerie, mais je ne m'en étais pas encore servi. Je préférais d'abord en parler à Ethan, avant de le faire. Et avouons le, avec tous les choc subis, j'avais un peu peur de ce que je risquerais de découvrir sur l'écran de l'échographe. Je ne voulais pas savoir pour le moment.

Je m'étais installée au bureau de l'infirmerie, et j'ai commencé à répertorier dans un petit cahier tout le matériel et les médicaments disponibles, comme Mathilda me l'avait demandé. Pour une fois, nous ne manquions pas de grand chose. Je fus même étonnée de trouver certains médicaments, je ne pensais pas qu'on en trouvait encore. Et il y avait une tonne de bouquins. Une lubie de Jackson, à tous les coups. Mais je comprenais, moi même je n'avais pas perdu ma soif d'apprendre. J'allais finir par me reconvertir en pédiatre. J'avais un bon feeling avec les enfants, c'était toujours vers moi qu'on les envoyait. Puisque nous étions quatre, nous allions certainement devoir nous répartir les rôles. Le mien était certainement tout trouvé... J'eus un sursaut lorsque quelqu'un frappa à la porte, avant d'entrer. J'ai lâché mon stylo et j'ai relevé la tête. J'ai relevé la tête vers Aristide. J'ai ouvert la bouche pour parler, mais aucun son n'est sorti de ma bouche. Je me suis contentée de baisser les yeux sur son bras, qu'il tenait contre sa poitrine, avec une espèce de grimace, à mi chemin entre la douleur et l'étonnement. Sans doute ne s'attendait-il pas à tomber sur moi. Sans doute ne voulait-il pas tomber sur moi. La preuve en est, il a fait demi tour avant même d'avoir dit un mot. Je me suis levée précipitamment de ma chaise, manquant de l'envoyer valdinguer.

« Aristide, attends ! Laisse moi regarder ça. »

Je me suis tendue, et je me suis mordue la lèvre. Il pouvait tout à fait refuser. Il faut dire que nous relations étaient extrêmement tendues depuis un moment. Nous avions eu une violente dispute, et ensuite j'avais découvert que c'était lui l'amant de Gabrielle. En y repensant, je ne savais même pas pourquoi je m'en étais prise à lui. Je ne savais pas, j'avais réagi violemment et bêtement, parce qu'il m'avait blessée et parce qu'il avait fait du mal, involontairement j'imagine, à Gabrielle et surtout à Alexander. Mais au final, c'était stupide. Cela n'avait aucun sens. Je détestais avoir de mauvaises relation avec quelqu'un. Et surtout aussi longtemps. Ce n'était pas dans mes habitudes. D'autant plus qu'aujourd'hui, je n'avais strictement aucune raison d'en vouloir à Aristide pour quelque raison que ce soit. Je n'étais pas Ethan. J'étais capable de m'excuser, de présenter mes excuses, de pardonner aussi. Je n'étais pas aussi rancunière qu'Aristide avait dû le penser toutes ces semaines et tous ces mois. De l'eau avait coulé sous les ponts. Du temps avait passé, il était peut-être temps d'enterrer la hache de guerre. S'il fallait que je lui présente des excuses, je le ferais. Je n'étais pas encore tout à fait idiote. Et qui sait, peut-être que le fait d'être enceinte me donnait à réfléchir.
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Aristide Tetropoulos
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MessageSujet: Re: Is it too late to apologize ? { ARISTIDE }   Is it too late to apologize ? { ARISTIDE } Icon_minitimeMer 11 Mai - 18:56

« Quel froid de chien ! »

Patrick releva la tête vers moi, ayant sans doute reconnu le mot « chien » et bougea doucement la queue avant d’aller s’asseoir tranquillement près de Samuel. Maintenant qu’il avait compris que je comptais le garder, il ne se sentait plus forcément obligé de forcer le passage comme un dingue pour rentrer dans la bibliothèque, ce que j’aimais tout autant. Mine de rien, j’avais failli tomber une paire de fois à cause de lui. Toujours est-il que lorsque j’arrivai à la bibliothèque ce matin là, j’avais l’impression qu’il faisait encore plus froid que d’habitude. Le printemps, hein ? En Grèce, au printemps, les fleurs s’épanouissaient calmement au soleil, l’herbe était d’un vert émeraude, l’air emplis de senteurs sucrés et salées, mélange de plantes et de la mer. Pas la peine d’espérer tout ceci à New York, pas aussi tôt en tout cas, mais de toute évidence appart moi personne ne semblait trouver cette saison si détestable ici, d’où le petit haussement d’épaule de Sam. Ouais enfin, le printemps en Angleterre, ça ne devait pas être la joie non plus, remarque. A moi de m’adapter. Je resserrai mon écharpe autour de mon cou et m’avançai vers Samuel en me frottant les mains afin de les réchauffer, constatant avec un sourire qu’il avait déjà avancé depuis la veille. Je ne savais pas vraiment à quelle heure il était arrivé ce matin mais en tout cas, il m’était d’une aide précieuse. Par contre, ne me demandez pas comment j’avais réussi à le convaincre de m’aider, je n’en avais toujours aucune idée. En toute sincérité j’avais également choisis volontairement de ne pas le questionner de manière trop insistante de peur d’être maladroit, présumant rien qu’à sa tête que quelque chose n’allait pas, mais quoi ? J’aurais voulu le savoir, non pas par curiosité malsaine, mais seulement pour pouvoir à mon tour l’aider. Seulement, je n’éprouvais pas l’envie de le mettre au pied du mur avec des questions trop personnelles ou trop douloureuses alors, j’espérais que le simple fait de travailler ici, d’être avec moi, et Kaylhen, et Patrick, lui changeait un peu les idées. D’ailleurs, Kaylhen aussi avait fini par accepter, aussi étrange et inespérée cette décision soit-elle. Cela ne faisait que quelques jours à présent, quelques jours que j’étais sur un petit nuage pour être honnête. Au début, je dois bien avouer qu’être en présence de deux autres personnes ici alors que depuis des semaines j’y étais seul avait été assez perturbant mais au final, c’était bien mieux. Vraiment mieux. Non seulement nous avancions plus vite, mais en plus j’entretenais plus que jamais l’espoir de pouvoir de nouveau être proche de Kay et plus les jours passaient, plus je me sentais de nouveau normal. Avec eux, je n’étais pas l’amant de Gabrielle ou le pseudo mari de Diane, mais juste Aristide, Ari, et ça me faisait vraiment du bien. Etre entouré de nouveau me faisait du bien.

J’ai commencé par expliquer plus précisément à Sam et Kay ce que je comptais faire de la bibliothèque et en quoi consisterait leur aide même si je ne voulais en rien les diriger. Je n’étais ni le chef, ni quoi que ce soit du genre, et ne voulais absolument pas l’être, mais puisque c’était moi qui avait commencé je supposais que je pouvais leur donner mon avis. Finalement, cela ne posa pas vraiment problème puisque nous étions tous trois assignés à la même tâche, à savoir le nettoyage de ces foutus murs. Nous avions avancé bien plus vite à trois, entamant la veille le deuxième, mais en toute sincérité je commençais à fatiguer. Oh, je n’en parlais pas, retenais mes jérémiades même s’il est vrai que mon bras m’élançait de plus en plus. Au début, je n’ai cru qu’à de simples courbatures, rien de bien grave, des douleurs passagères, seulement plus les jours passaient et plus j’avais mal. Plus seulement aux muscles, mais réellement dans tout le bras. Stupide, n’est-ce pas ? On ne peut pas se faire bien mal en frottant un simple mur, c’était en tout cas ce que je pensais, aussi avais-je continué sans me poser de questions. Je me disais que la douleur finirait par passer, que j’étais vraiment une chochotte mais tous les matins à mon réveil, j’avais encore plus mal que la veille. Aujourd’hui n’échappait pas à la règle. J’en arrivais au point où le simple fait de me laver m’avait fait serrer les dents tant je ressentais la brûlure cuisante de quoi, courbatures ? J’y croyais de moins en moins, parcourir mon bras de part en part. En sortant de la douche j’avais hésité à en parler à Diane mais, une nouvelle fois, m’étais traité d’idiot avant de simplement m’habiller et descendre prendre un café. Et quoi de mieux que de voir un vieux russe grincheux dans la cuisine dès huit heures du matin pour être de bonne humeur toute la journée ? Rien, vraiment rien. J’adorais Alexeï, son regard noir, son manque de tact ou de politesse, sa présence délicieusement indésirable. A croire qu’Alexander s’était vengé en me foutant dans la même maison que lui. En même temps, Alexeï n’était pas la seule personne que je n’appréciais pas et qui habitait la même maison que moi, et cela aurait été bien surprenant. Après tout, n’avais-je pas davantage d’ennemis qu’amis à présent ? Si, cela est vrai, mais je dois bien avouer que lui, c’était vraiment l’homme que je ne désirais pas voir aussi près de ma sœur à longueur de journées. Au final je parvenais tant bien que mal à ne plus faire attention ni à lui, ni à une autre femme qui habitait également notre maison et se révélait elle aussi russe. Sincèrement je ne connaissais même pas son prénom mais sa simple nationalité me suffisait pour savoir que nous ne serions jamais amis. Faites le lien avec Alexeï, Katarina, son charmant époux, le meilleur ami de ce dernier… Dans ma tête le « réseau » était très clair et je ne souhaitais absolument pas m’y mélanger d’une quelconque façon que ce soit. Même lui dire bonjour m’écorchait la bouche. Cependant, puisque je vivais également avec Diane, Kay et Lyzee, j’avais un peu l’impression d’une vie de famille, ou quelque chose qui s’en rapprocherait. Nous n’étions toujours pas vraiment réconciliés avec Kay mais je savais que la bibliothèque arrangerait sans doute les choses, avec un peu de chance, et j’étais tout simplement dingue de sa petite sœur donc… Oui, finalement, je supportais notre nouvelle vie. Ce n’était pas forcément simple de changer de repères aussi rapidement mais puisque les anciens ne me convenaient pas, j’espérais parvenir à me réintégrer dans la masse ici.

Toujours est-il que ce matin là, je n’étais pas particulièrement de bonne humeur ou animé d’une motivation extrême, même si je pris quelques minutes pour discuter avec Sam. Pas grand-chose, seulement prendre de ses nouvelles, savoir à quelle heure il était arrivé et le prévenir que Kay viendrait plus tard. C’est moi qui le lui avait proposé, ayant l’impression qu’elle se fatiguait assez vite en se moment et préférant largement qu’elle se repose. Après quoi, je me suis à mon tour emparé d’un seau d’eau chaude accompagné de détergeant puis j’ai commencé à frotter en m’asseyant non loin de Sam et Patrick. Le fait de devoir laisser les portes ouvertes n’arrangeait en rien la température de la pièce qui, à présent, revenait exactement à celle de l’extérieur et me faisait frissonner. Même Patrick finissait par grelotter lorsqu’il restait sans bouger trop longtemps, ce qui me faisait un peu peur. Un chien peut-il attraper froid ? Et dire qu’à la base, je n’aimais pas les chiens… Mais Pat était différent. Il me suivait partout, sentait toujours bon la noix de coco et avait même fini par se faire une petite place dans mon lit. Je sais, les animaux n’ont pas leur place dans une chambre mais croyez moi, Patou maîtrisait l’art de l’incruste comme personne d’autre. Il avait suffit que je le fasse une seule fois monter sur le lit pour qu’il se couche à présent tous les soirs à mes pieds, ronflant allègrement ce qui m’empêchait au départ de m’endormir. Mais maintenant, je m’y étais fait. Je crois même que je m’y étais un peu attaché. Un peu seulement, faut pas abuser. Je secouai doucement la tête tout en poursuivant mon travail de nettoyage, plongé dans mes pensées. Mon bras me faisait sincèrement mal, aussi tentai-je de ne pas songer à la douleur en me focalisant sur d’autres choses, comme le chien. J’aurais tout aussi bien pu lancer une conversation avec Sam mais, je ne sais pas, je n’avais pas vraiment envie de l’ennuyer avec un soliloque interminable seulement à cause de mon foutu bras, et finalement, nous avançâmes en silence, le seul bruit des éponges à l’œuvre raisonnant dans la pièce. Au bout d’un certain temps Kay arriva et nous aida, ce qui nous permit de terminer entièrement le mur vers la fin de l’après midi. Dire que j’avais mal n’aurait été qu’un euphémisme : Je grimaçais presque de douleur, et pourtant, gardais toujours le silence. Nous nous étions carrément surpassés pour nettoyer tout le mur en seulement une journée et même si cela ne faisait qu’accentuer mes souffrances, je trouvais que ça en valait largement la peine. Cependant, nous devions déplacer quelques meubles toujours intacts avant d’entamer le troisième et, demandant un coup de main à Sam, je m’approchai d’une bibliothèque en bois qui devait sans doute être lourde. Ceci dit, nous étions assez construits tous les deux alors, je ne craignais pas de ne pas y arriver.

Peut-être que j’aurais dû, en réalité. A peine avais-je commencé à soulever le meuble que je sentis une douleur bien plus importante dans mon bras, et dû immédiatement lâcher prise. Cette fois, j’en étais sûr, il ne s’agissait plus de simples courbatures. J’avais vraiment mal, tellement que je fus incapable de le cacher et réprimai un grognement de douleur. Me reculant, je me laissai glisser contre le mur en tenant fermement mon bras contre ma poitrine tandis que les deux moustiques et le chien se précipitaient vers moi, craignant sans doute que je ne me sois cassé quelque chose ou un truc du genre. Pourtant, ce n’était pas les os, j’aurais pu en jurer. La souffrance aurait été fulgurante et non pas progressive et puis, il aurait fallu un choc, non ? Kay posa alors ses doigts sur mon bras et instantanément je serrai les dents, fermant les yeux sous l’effet de vertiges que j’éprouvais tout à coup. Je ne savais pas ce qu’il se passait, ni comment j’avais réussi à me faire mal en nettoyant simplement un mur mais le fait était là : J’avais quelque chose qui ne tournait plus rond, et impossible de continuer à travailler dans des conditions pareilles malgré mes nombreuses protestations. Même si la douleur était cuisante, je ne voulais absolument pas abandonner Sam et Kay, mais cette dernière me mis finalement à la porte en m’ordonnant d’aller voir Diane pour qu’elle s’occupe de moi. J’eus alors un regard vers Sam, espérant du soutien, mais il approuva finalement Kaylhen et voici comment je me retrouvais à l’infirmerie, tenant toujours mon bras contre ma poitrine d’une manière assez ridicule, j’en conviens. Lorsque je frappai à la porte, j’avais la quasi certitude de trouver Diane derrière le bureau, remplissant comme toujours tout un tas de papiers auxquels je ne comprenais rien. J’entrai en me préparant déjà à l’embrasser et lui expliquer mais, mon sourire se figea, pour finalement disparaître, mon corps entier s’étant immobilisé. C’est étrange, pourquoi regardais-je Katarina comme s’il avait s’agit d’un fantôme tandis qu’elle était, après tout, elle aussi médecin ? Les chances pour qu’elle se trouve ici étaient élevées, donc, et pourtant, je dois bien avouer que je ne m’y attendais absolument pas. Peut-être parce que je ne l’avais pas vu depuis un petit moment, j’en avais presque fini par l’oublier. Toujours est-il que je fis demi tour presque immédiatement, n’ayant pas aperçu Diane et ne souhaitant pas particulièrement demander de l’aide à Katarina. Ne souhaitant même pas lui demander quoi que ce soit, pour être tout à fait honnête.

Le bruit d’une chaise qu’on recula précipitamment me fit sursauter, aussitôt je me retournai et observai Katarina qui se précipitait vers moi. Finalement, elle s’arrêta et me demanda de lui montrer mon bras. Choc. Gros choc même. Dire que je ne m’attendais pas à cela n’aurait absolument pas été représentatif de la réalité, puisque je tombais carrément des nues. Katarina et moi ne nous étions pas parlé depuis des lustres et très sincèrement, le fait qu’elle me retienne de cette manière pour s’occuper de moi m’apparaissait d’une étrangeté sans équivalent. Il fut un temps, très éloigné je vous l’accorde, où nous fûmes amis. Amis, oui. Je l’appréciais sincèrement, tout comme j’appréciais à peu près toutes les personnes de la communauté, mais tout cela ne représentait absolument rien à présent. La source de notre mésentente exacte, je ne saurais l’expliquer. Une dispute, peu avant le début de ma relation avec Gabrielle, ce qui avait finalement été la fin définitive de toute forme de relation entre nous. L’espace d’une seconde, je songeai de nouveau à l’effondrement des galeries, la violente dispute entre Gabrielle et Katarina juste avant, et par la même occasion la façon dont cette dernière m’avait parlé… Oui, je m’en souvenais encore comme si c’était hier, et je me souvenais également de l’après. Je me souvenais d’Ethan hurlant que nous avions eu une liaison à toute la communauté, je me souvenais du coup de poing d’Alexander, je me souvenais de mon exil, je me souvenais de mon retour et de la longue période de rejet qui l’avait suivie. Je m’en souvenais même trop bien. Et tout ça à cause de qui ? D’Ethan. Entièrement. Sans lui, les choses auraient pu se passer autrement. Après tout pourquoi s’était-il senti obligé d’en informer toute la communauté ? Ou plutôt, pourquoi s’était-il sentis concerné par cette histoire entre Gabrielle et moi ? Il nous avait suivis, nous avait pris en flagrant délit, pour finalement tout révéler au grand jour sans une once d’hésitation. En clair, il avait clairement mis son nez dans des affaires qui ne le regardaient absolument pas et engendré la succession de malheurs qui m’étaient tombés dessus. En y repensant, je crois que nous n’aurions pas pu ne pas informer Alexander mais au moins, les autres n’auraient pas su. Même si je m’étais retrouvé dehors quand même, j’aurais pu revenir et tenter de revivre normalement après tout ce que j’avais dû affronter. Mais ça, ils s’en fichaient. Tous. Ethan, Katarina, Alexander… Ils ne voyaient que l’adultère, la trahison, la cruauté tandis qu’en réalité, nous avions vécu des moments d’amour, de tendresse, de douceur, puis la souffrance. Une souffrance toujours bien présente, déchirante, qui ne s’apaiserait sans doute jamais. Pour eux, la seule victime était sans doute Alexander. Pauvre mari trompé, abusé, et bla, et bla, et bla… Toujours la même rengaine. Mais pour ma part la pilule ne parvenait pas à passer.

Alors, je l’observai silencieusement. Elle semblait tendue, se mordant la lèvre. Si s’occuper de moi la gênait tant, pourquoi m’avoir retenu ? Car je ne doutais pas du fait qu’elle désirait aussi peu que moi que nous nous retrouvions dans la même pièce plus de dix secondes, nous n’avions fait que nous évité depuis des mois, tout comme j’avais évité Ethan ou Alexander. Je les mettais tous dans le même panier, celui des gens à ne surtout plus approcher. Mon regard finit par glisser sur son ventre, ventre étrangement arrondit. Je fronçai subitement les sourcils. Elle était…Enceinte ? Encore ? Une nouvelle fois j’eus une pulsion non contrôlée de stupidité et comptai sur mes doigts les mois qui s’étaient écoulés depuis la grossesse de Lena. Allez savoir pourquoi, je m’imaginai une seconde que cet enfant pouvait, justement, s’agir de Lena. Hypothèse tout à fait impossible, je vous l’accorde. En même temps, nous nous étions disputés avant la naissance de sa fille et de ce fait, il ne me semblait même pas l’avoir vu une seule fois, ou alors de loin et sans y prêter attention. Après mon retour je n’avais, de toute manière, plus fait attention à personne. C’est sans doute pour cela que je fus si choqué de la voir de nouveau enceinte, prenant tout à coup compte du temps qui s’était écoulé depuis Gabrielle, depuis les galeries, des mois entiers à vrai dire. Il me fallu un certain temps pour relever mon regard vers son visage, le mien laissant sans doute entrevoir à quel point cette scène me déstabilisait. Ce n’étaient pas mes affaires après tout, et plus mon silence s’étirait, plus la gêne envahissait la pièce alors, je me repris rapidement, haussant un sourcil.

« Ca ira, merci. »

Sur quoi je sortis de l’infirmerie. Ma voix avait été horriblement froide et sans doute mon regard tout autant, exprimant sans peine toute la rancœur que j’éprouvais, toute l’amertume qui m’habitait depuis bien longtemps. La femme cautionnait forcément les faits et dires de son mari, les partageait entièrement, parfaite osmose entre le couple le plus détestable de toute la communauté, hein ? Alors elle n’avait qu’à retourner s’occuper de son junkie, de ses marmots, de son père dégénéré et odieux, du pauvre Alexander, de… De… Je me stoppai brutalement dans ma marche. Comment avais-je pu en arriver là ? Comment avais-je pu tomber si bas ? Dire que ces derniers temps, je pensais être parvenu à reprendre une vie normale, pensais ne plus vouloir de problèmes, mais simplement m’intégrer, mener une existence banale dépourvue de vieilles vendettas et de rancoeurs stupides. J’avais été le premier à jeter la pierre à ceux qui m’avait jugé mais finalement, je ne valais pas beaucoup mieux. De même que je n’étais pas plus intelligent que ceux qui refusaient de me pardonner et m’accorder une seconde chance puisque finalement, je venais exactement de faire la même chose. J’agissais comme un idiot, un idiot ! Même si les tensions entre Ethan, Alexeï et moi ne s’apaiseront sans doute jamais, Katarina ne m’avait rien fait. Je haïssais Ethan pour son attitude passée envers moi, puis envers Gabrielle, et je haïssais Alexeï pour ce qu’il avait fait subir à ma sœur mais Katarina n’y était pour rien, et aujourd’hui, alors qu’elle avait sans doute fait l’effort de me proposer son aide bien que cela ne l’enchante pas, je lui claquais la porte au nez. Elle au moins avait su mettre ce qu’elle pouvait me reprocher de côté pour tenter de m’aider, ne serait-ce que pour soigner mon bras, et c’était déjà énorme. Je me souvins des mots d’Isaiah : « Mériter le pardon sera sans doute une épreuve bien plus dure que survivre seul dans New York. » S’il savait comme il avait raison, surtout en sachant que je ne faisais absolument aucun effort… C’était tellement facile de se plaindre tout le temps du rejet des gens mais en même temps, j’aurais pu tenter d’y changer quelque chose avant, ou profiter de l’occasion aujourd’hui. J’aurais pu accepter l’aide de Katarina et essayer de renouer un dialogue, même s’il n’aurait pas forcément été positif. Ce n’était pas en restant dans mon coin, entouré de mes sombres lamentations, que la situation allait s’améliorer comme par enchantement. Je portai une main à mon visage, me frottant doucement les yeux, puis soupirai. Comment pourrait-on me pardonner si moi, auparavant, je ne tentai pas de les pardonner aussi ? Mon raisonnement, au final, n’avait ni queue ni tête. Alors, espérant pouvoir rattraper mon impulsivité rancunière, je refis le chemin dans le sens inverse et frappai de nouveau à la porte de l’infirmerie. Après une seconde j’entrai, trouvant de nouveau Katarina assise à son bureau. Allez, on la refait. Et cette fois, on essaye d’être poli, calme, juste. On essaye, au moins. Je refermai la porte derrière moi et m’approchai un peu.

« Pardon, c’était… Stupide, et ridicule. Je suis désolé, je… J’ai pas envie qu’on se dispute Katarina, pas plus que je ne veux nourrir les tensions qu’il y a déjà entre nous. Excuse-moi. »

Effectivement, je n’éprouvais pas spécialement l’envie que nous nous disputions de nouveau, ou en tout cas certainement pas pour ça. S’il fallait que j’encaisse de nouveaux reproches quant à ma relation avec Gabrielle, j’allais les encaisser, et essayer de me défendre posément. Sans faire de scène, sans s’insulter, sans se montrer infect. Personnellement je pensais pouvoir en être capable, venant de me prendre une véritable douche froide tandis que je comprenais ma stupidité et mon erreur. Je crois que je comprenais mieux, à présent, qu’en rejetant la faute sur les autres je n’avais fait qu’agir de la même manière qu’eux sans vraiment me remettre en question. S’il fallait que j’avoue que j’avais eu tort, je le ferais également, car c’était vrai, mais le moment de tous se calmer et passer à autre chose était venu. Je me forçai à accrocher un faible, très faible, sourire à mes lèvres avant de déclarer timidement, lançant un nouveau regard à son ventre :

« Félicitations. »
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Katarina K. Jones
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MessageSujet: Re: Is it too late to apologize ? { ARISTIDE }   Is it too late to apologize ? { ARISTIDE } Icon_minitimeDim 15 Mai - 13:56

{ J'ai pris quelques libertés concernant la blessure d'Aristide, si ça te pose problème, n'hésite pas, MP moi et je modifierai au plus vite =) }

Je n'avais pas vu Aristide depuis... Depuis des mois, en réalité. Depuis que cette galerie s'était effondrée sur lui, Gabrielle et moi. Il était littéralement sorti de ma vie après cela. C'était comme si il n'avait jamais été là, comme si il n'avait jamais existé. Et je dois bien admettre que jusqu'à peu, je ne m'en étais pas vraiment souciée, ayant d'autres chats à fouetter. Je n'avais pas eu le temps, et peut-être pas l'envie non plus, d'aller m'excuser près de lui. Cette histoire de temps, ce n'était pas qu'une excuse toute faite. J'avais déjà dû me remettre de la naissance de Lena et m'occuper d'elle. Et après cela, j'avais dû m'occuper de moi. J'avais dû m'occuper de me remettre de mon enlèvement. Et Dieu sait que la chose n'avait pas été simple. Je crois même que je ne m'en étais pas tout à fait remise. On ne peut pas se remettre totalement de ce genre de chose. Cela laisse des séquelles, qu'elles soient physiques ou psychologiques. J'avais hérité des deux. Physiquement, ce qu'il me restait, c'étaient des cicatrices, dues aux tortures que l'on m'avait infligées. Les coups, la violence répétée... Combien de fois avais-je cru venir arriver ma dernière heure ? Combien de fois avais-je voulu que tel ou tel coup me tue, pour que ce soit le dernier ? Je ne pouvais pas m'en souvenir. Je ne voulais probablement pas m'en souvenir. À chaque fois que j'y pensais, ne serait-ce qu'une seconde, ces jours de tortures me revenaient en tête et il me fallait des jours entiers pour m'en débarrasser. J'étais toujours aussi douée pour prétendre que tout allait bien. Tout le monde semblait avoir oublié ce qu'il s'était passé, pourquoi ne le pourrais-je pas ? Eh bien, certainement parce qu'il ne s'agissait pas d'une histoire que l'on m'avait racontée, mais parce que j'en avais été la victime. Et qu'il n'était pas facile de tirer un trait sur la semaine la plus affreuse de toute sa vie. C'était un long travail sur soi-même, qui prendrait certainement plusieurs longues années. Après cela ? J'imagine que j'avais simplement pensé qu'il était bien trop tard pour s'excuser. Ethan n'aidant pas vraiment, j'avais préféré garder mes distances, pensant que de toute façon, Aristide n'en aurait certainement rien à faire de mes piètres excuses. J'avais beau être très douée avec les gens – en règle générale... - les excuses, c'était quelque chose que ne maitrisais absolument pas. J'avais toujours peur d'être maladroite, incompréhensible, ou encore de paraître totalement hypocrite. Mais j'avais conscience que plus j'attendrais, plus ce serait difficile de m'excuser. Le temps n'arrangeait rien dans ce genre de situation, au contraire, il ne faisait que les rendre plus compliquées encore, malheureusement.

Je suis restée figée bêtement, la main tendus vers Aristide, qui avait l'air plus que surpris de me trouver là. Certainement s'attendait-il à trouver Diane, ou Mathilda, ou Jackson, mais certainement pas moi. Pas de chance pour lui, j'étais la seule ici. La seule qu'il ne voulait pas voir, qui plus est. La gêne entre nous deux était palpable. Je n'osais dire un mot supplémentaire, de peur de dire une bêtise ou de paraître trop pressante. Je le vis baisser les yeux sur mon ventre. J'eus une grimace, comprenant sans trop de mal ce que devais vouloir dire cette expression étonnée sur son visage : « Elle est encore enceinte celle là ? ». On me regardait souvent avec cet air là. Beaucoup de personnes trouvaient que c'était inconscient et idiot de mettre au monde un enfant dans ce monde. Alors un deuxième... Mais que pouvais-je bien y faire ? Ils n'étaient pas à ma place, ils ne pouvaient pas comprendre ma décision. Ils ne pouvaient que juger sans connaître les détails de l'histoire et la vérité. Avec Aristide, Gabrielle et les autres, tout n'avait été qu'une question de jugement. Les premiers à dire qu'ils ne jugeaient pas avaient été les premiers à se jeter des pierres. Je ne le niais pas, j'avais fait une erreur en ne cherchant pas plus loin que le bout de mon nez. Mais, à ma défense, il ne fallait pas totalement occulter le fait que Gabrielle m'avait blessée par son manque de confiance en moi, et Aristide aussi m'avait blessée et traitée de défaitiste lorsque je lui avais dis que nous ne pourrions probablement jamais rentrer chez nous. J'avais été blessée, alors je n'avais pas été aussi objective que je l'aurais voulu. Et par la suite, j'avais été incapable de l'admettre, et je m'étais rangée du côté d'Alexander sans même prendre le temps d'écouter ce que Gabrielle aurait eu à me dire. J'avais des torts, je le reconnaissais bien volontiers. Mais je n'étais pas totalement pourrie non plus, je ne pouvais pas être considérée comme seule responsable de tout ce qu'il s'était passé. Chacun à notre façon nous avions contribué à faire empirer la situation, jusqu'à ce qu'elle ne soit plus qu'un paquet de nœuds complètement impossible à démêler. Ce qu'il fallait faire c'était tout couper. Mais le premier coup de ciseaux promettait aussi d'être le plus difficile.

Je laissai retomber mon bras presque immédiatement lorsqu'Aristide, après avoir prononcé trois mots d'une sécheresse sans pareille, fis demi tour et sortit de l'infirmerie rapidement, claquant presque la porte au passage. Je restai figée encore quelques secondes, avant de me détendre en soupirant. Eh bien au moins c'était clair. Il ne voulait certainement pas de mon aide, et mes excuses il s'en moquait bien. Ce n'était pas étonnant, en fin de compte. Mais néanmoins j'étais désolée que la situation ne puisse pas évoluer, désolée de ne pas pouvoir enterrer la hache de guerre. Je ne pouvais ni le forcer à accepter mon aide, ni le forcer à m'écouter. J'imagine que les choses étaient allées bien trop loin, et qu'elles resteraient telles qu'elles étaient. C'était pourtant dommage, avant tout cela nous nous entendions bien, nous étions amis, même. Mais ce n'était plus le cas aujourd'hui. Me passant une main dans les cheveux, je suis retournée m'asseoir au bureau, me sentant tout de même un peu mal. Je ne me suis pas replongée dans ce que je faisais immédiatement, pensive. Avec un petit soupir, j'ai glissé ma main sur mon ventre. C'était un réflexe que j'avais gardé de ma première grossesse. J'avais l'impression que ce geste me rassurait. Oh, je n'étais pas particulièrement blessée par ma rencontre avec Aristide, mais néanmoins j'éprouvais quelque vif regret. Mais qu'y pouvais-je ? Les choses étaient comme elles étaient, ma seule bonne volonté ne suffirait en rien. Si Aristide ne voulait plus entendre parler de moi, eh bien j'imagine qu'il ne me restait plus qu'à respecter sa décision et à lui être le plus agréable possible. Au moins ne pourrait-il pas me reprocher de ne pas être conciliante. Je respecterais sa décision, à défaut de pouvoir faire mieux.

J'ai froncé les sourcils et j'ai relevé la tête lorsqu'on frappa de nouveau à la porte de l'infirmerie. Je laissai échapper un « entrez ! » un peu incertain, étant à peu près sûre qu'il ne pouvait pas s'agir d'Aristide. J'eus un profond soupir, imaginant déjà Ethan débarquer et me taxer d'inconsciente, d'irresponsable, enfin, de tout un tas de choses désagréables à entendre. C'est pourquoi je fus particulièrement surprise lorsque je vis Aristide entrer une seconde fois. De surprise, je ne bougeai pas et restai les fesses collées sur ma chaise. Puis je restai muette, complètement abasourdie, lorsqu'il... s'excusa. Pour le coup, je crus avoir mal entendu. Je ne dis pas un mot durant au moins une bonne minute, réfléchissant à ce que je pourrais bien répondre à cela. Et comme à chaque fois, c'est bien la première chose qui m'est passée par la tête que j'ai dite :

« Non, non, je t'en prie, ce n'est pas grave. Il n'y a pas de mal. »

En vérité j'étais presque trop contente qu'il s'excuse et revienne pour dire autre chose. Moi non plus, je n'avais pas envie de me disputer avec lui, ni de nourrir les tensions déjà existantes. C'était déjà bien assez, déjà bien trop. Je n'avais nullement envie de remuer le couteau dans la plaie. Ça n'arrangerait pas notre problème, loin de là. Il fallait que nous fassions des efforts, même si cela ne commençait que par quelques mots et quelques gestes. J'eus un sourire que je voulais sincère, même s'il était peut-être un peu forcé et un peu nerveux. J'ai reculé ma chaise et je me suis levée en douceur. J'ai regardé Aristide avec un drôle d'air lorsqu'il me félicita. Oui, mais de quoi ? Je suivis son regard, et je me rendis compte qu'il regardait mon ventre. Pendant une seconde, je me demandai si il était sincère, s'il le pensait vraiment, ou s'il se disait que j'étais un cas désespéré, bonne qu'à faire des enfants. J'avais conscience d'avoir véritablement chuté dans son estime. J'espérais simplement que ce n'était pas à ce point là. En ce qui me concernait, j'avais toujours du respect pour lui, même si parfois il m'était arrivé qu'il ne le méritait pas, dans des moments de colère et d'égarement. Au final, l'amertume n'avait pas le moindre intérêt. Alors j'ai souri de nouveau.

« Merci. »

Peu importait qu'il le pense ou pas, au final. L'essentiel était qu'il fasse un effort. Le reste importait bien peu pour le moment. Il fallait commencer par démêler la situation, nous verrions pour les détails ensuite. Après avoir eu un petit moment d'hésitation, je me suis avancée vers Aristide, qui tenait toujours son bras contre sa poitrine, avec une grimace. J'ai posé ma main sur son bras, en évitant tout geste brusque.

« Laisse moi regarder ton bras. C'est pour ça que tu es venu, non ? »

Avec précaution, j'ai déplié son bras pour mieux pouvoir l'ausculter. Je voyais bien qu'il avait mal, et qu'il était tendu. J'osais à peine le toucher, de peur qu'il ne retire brusquement son bras et ne fasse demi tour encore une fois. Mais une fois que je fus à peu près sûre qu'il ne changerait pas d'avis, j'entrepris d'examiner plus attentivement son bras. À première vue, on ne pouvait pas dire grand chose. Mais j'ai rapidement compris qu'il grimaçait à chaque fois que j'effleurais un muscle ou encore un nerf. C'était le symptôme assez significative d'une tendinite, visiblement assez importante. Mais sans appareil approprié, impossible d'en être tout à fait certaine. Je ne pouvais être sûre de mon diagnostic qu'à quatre-vingt dix pour cent. Normalement je ne me trompais pas, mais depuis que je n'exerçais plus dans un milieu hospitalier, je n'étais plus sûre de rien, j'avais peur de faire une erreur en permanence. Avant, j'étais une accro des scanners, des échographies, et j'en passe... Là, je devais me contenter de mes connaissances et de ce que j'avais à ma disposition. Avec un petit soupir, je relâchai le bras d'Aristide et me reculai d'un pas, passant une main dans mes cheveux, avec un petit air embarrassé.

« Est-ce que par hasard tu aurais porté de lourdes charges, ou déplacé diverses choses ces deniers temps ? Tu as probablement une tendinite assez importante au coude et au poignet, d'où la douleur intense que tu ressens certainement dans tout le bras. »

Ce n'était généralement pas très grave, mais cela pouvait être très douloureux et très handicapant selon la zone lésée. Une tendinite au bras était généralement très gênante, étant donné que l'on se sert de son bras en permanence. Voilà donc pourquoi il fallait prendre ce problème en charge très rapidement, faute de quoi cela pourrait empirer et durer sur la longueur. Je me suis dirigée vers l'une des armoires de l'infirmerie, et je me suis mise à fouiller un peu dans les boites. J'ai fini par en sortir un tube de crème anti-inflammatoire, et de quoi éventuellement bander le bras. D'un rapide coup d'œil j'ai regardé la date limite sur la boite de crème. J'étais toujours très pointilleuse avec ce genre de détail. Ce n'était pas parce que nous avions peu de choses qu'il fallait les utiliser n'importe comment. Mathilda était généralement bien de mon avis : mieux valait jeter ce qui n'était plus bon que de prendre des risques stupides. Je suis retournée vers Aristide, tout en posant ce que j'avais dans les mains sur le bureau.

« Ce n'est pas encore très grave, mais il faut s'en occuper avant que cela n'empire. Le mieux est certainement de garder le bras en écharpe pendant quelque temps. Deux semaines, je pense que ce serait l'idéal. Je vais te donner une crème anti-inflammatoire, il faudra que tu en mettes plusieurs fois par jour, sous un bandage. Et évidemment, fais le moins d'effort possible, ne met pas ton second bras dans le même état... »

J'ai eu un soupir. Mon diagnostic posé, mes conseils donnés, je ne savais plus quoi dire. Je me voyais mal lui lancer mes excuses à la figure d'un coup. Ce n'était certainement pas l'idéal, et pourtant je ne me voyais pas non plus le laisser partir sans un mot. Dilemme. Il fallait bien commencer quelque part, mais je ne savais pas comment faire le premier pas. Toujours à cause de cette même peur d'être ridicule ou maladroite. Enfin, j'avais l'air tout autant ridicule, plantée devant lui à sourire comme une idiote. D'ailleurs, mon sourire ne devait plus avoir l'air grand chose de naturel. Cela ressemblait plus à un rictus un peu coincé. Quelque part ce n'était pas vraiment étonnant, nous ne nous étions pas parlés depuis... Plus de neuf mois. Pas étonnant qu'un certain malaise flotte dans l'air et le pollue. C'était même plutôt logique. Je pris une profonde inspiration.

« Je vais te donner ce dont tu auras besoin, tu pourras certainement demander à Diane de s'occuper de ton bras... »

J'eus tout de suite l'impression d'avoir dit quelque chose de mal. J'ai très certainement rougi légèrement, en secouant doucement la tête. J'avais l'impression que si je l'avais mis dehors, cela n'aurait pas été très différent. L'envoyer voir sa sœur, c'était... complètement idiot. Complètement idiot, parce que je pouvais me charger de lui moi-même, j'étais là pour ça. Voilà qui démontrait parfaitement combien je pouvais être maladroite quand j'étais mal à l'aise. Maladroite et plus encore. Je ne voulais pas qu'il le prenne mal, ce n'était certainement pas mon but.

« Enfin, je peux m'en charger moi-même si tu préfères que ce soit fait tout de suite, ce n'est certainement pas un problème. Je suis désolée, j'ai bêtement pensé que... »

Que quoi ? Qu'il préfèrerait fuir le plus rapidement possible, qu'il préfèrerait se sortir de cette situation embarrassante le plus vite possible. J'avais mis les pieds dans le plats, au sens propre du terme. Il ne restait plus qu'à les en retirer. S'il me pardonnait ma maladresse et me laissait faire, évidemment. Ou sinon, il pouvait mettre les siens dans le même plat que moi, cela me convenait aussi.
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MessageSujet: Re: Is it too late to apologize ? { ARISTIDE }   Is it too late to apologize ? { ARISTIDE } Icon_minitimeDim 15 Mai - 21:24

HJ : Désolée, cette réponse est un peu étrange. J'espère que ça ira.

Artificiel. Ce fut le premier mot qui me vint à l’esprit. Mon sourire, mes mots, mon attitude toute entière était artificielle et j’en avais pleinement conscience, pour autant cela n’était en rien voulu. Féliciter Katarina pour sa nouvelle grossesse représentait certainement une énorme maladresse dont je me serais bien passé, en y réfléchissant. Après tout, nous n’étions absolument pas en bons termes et avoir ce genre de paroles dans notre situation pouvait paraître tout à fait déplacé, surtout en sachant que je détestais plus que n’importe qui le père. Ceci dit, je n’étais pas encore assez pourri pour cracher sur l’existence d’un enfant seulement à cause de ses gênes, simplement parce qu’il serait l’enfant d’Ethan et que je ne l’appréciais pas. Il fallait vraiment être stupide ou particulièrement haineux pour avoir ce genre de comportement et puis, ce bébé n’y était pour rien après tout. Katarina non plus d’ailleurs, alors même si j’étais tendu, crispé et que mes mots ne paraissaient pas du tout naturels, oui, j’étais content pour elle. A vrai dire, je ne songeais même pas à la dispute que nous avions eu peu avant la naissance de Lena, je ne songeais plus à tout ce que j’avais pu dire ce jour là car j’avais changé d’avis. Même moi, l’éternel rêveur, le grand con qui croyait en ses utopies dur comme fer, je m’étais avoué la vérité : Non, je n’irai sans doute plus jamais en Grèce, je ne verrai plus jamais ma maison, ni la mer, ni rien du tout. Si quelques mois plus tôt j’y croyais encore, à présent ces illusions avaient bel et bien désertées mon esprit. Et dire que j’avais fait une croix sur notre amitié pour ça… J’étais vraiment un idiot de A à Z, depuis toujours j’étais prêt à cracher sur n’importe quoi pour préserver mon monde de rêves, d’utopies et d’amour. Il s’était passé exactement la même chose avec Gabrielle, finalement. J’avais abandonné tous mes amis pour un bout d’amour, un bout d’espoir ; À croire que cela faisait partie de ma personnalité. Peut-être, au final, mais je ne pris pas le temps d’y réfléchir. Je me concentrai sur Katarina, la dévisageant un peu stupidement je dois bien l’avouer, appréhendant la moindre réaction négative ou les prémices d’une colère à venir. En voulant simplement me montrer agréable et lui faire comprendre que je pouvais encore me réjouir pour elle – pour elle uniquement, pas pour eux.- j’avais sans doute fait un faux pas. C’était tellement… Etrange. Inhabituel. Improbable. J’aurais juré ne jamais me retrouver de nouveau dans la même pièce qu’elle aussi longtemps, ne jamais m’excuser devant elle, ne jamais lui parler, et pourtant, tout cela s’était réellement produit, et c’était vraiment très perturbant.

Pourtant, elle finit par me sourire, puis me remercier. Me sourire… Seigneur, j’aurais parié ma paye – façon de parler – que cela n’arriverait jamais plus ! Finalement je crois que je m’étais trompé sur beaucoup de choses, longtemps j’avais pensé que Katarina me détestait tout autant qu’Alexander ou Ethan, qu’elle me méprisait et j’en passe et pourtant, elle avait accepté mes excuses, et maintenant elle me souriait. Deux choses qui contribuèrent à me détendre, même si partiellement, et me mirent un peu plus à l’aise. D’accord, j’étais toujours très gêné de me trouver là, et pour en revenir à des choses un peu plus élémentaires mon bras me faisait toujours autant souffrir, ce qui ne contribuait pas vraiment à me mettre tout à fait à l’aise mais c’était toujours ça. Au moins, à présent je savais qu’il n’y aurait ni cris, ni insultes, ni coups, ni reproches… Tout ce que j’essayais de fuir depuis de longs mois, en somme, et qui pour mon plus grand soulagement ne me rattrapait pas déjà. J’avoue m’être montré assez lâche mais sincèrement, mon histoire avec Gabrielle m’avait bousillé. J’avais mis des mois à m’en remettre, j’étais devenu complètement fou, j’entendais des voix… Que quelqu’un me tombe en plus dessus pour me rappeler à quel point j’étais idiot et me renvoyer toute cette haine à la figure n’aurait en rien arrangé mon état alors, pour me préserver c’est vrai que j’avais évité les problèmes. Evité de me retrouver dans les pattes d’Ethan ou Alexander, évité Katarina, évité Gabrielle même… J’avais esquivé, en espérant un peu sottement que cela pourrait durer éternellement. Toujours est-il que cela ne m’avait mené à rien puisqu’au final, je me retrouvais perdu maintenant qu’il me fallait adopter une attitude normale envers des personnes que je croyais ne jamais plus côtoyer. De toute évidence, je n’étais pas le seul puisque Katarina semblait tout aussi hésitante que moi, ce qui au final n’arrangeait pas vraiment notre situation. Si nous avions tout deux du mal à faire le premier pas vers l’autre, notre relation ne risquait pas de s’améliorer de si tôt mais en même temps, je n’étais pas certain que ce soit là le but de Kat. Après tout, même si accepter de s’occuper de mon bras représentait un gros effort de sa part, il ne signifiait pas forcément qu’elle désirait se réconcilier avec moi. Il ne fallait pas espérer le bout du monde non plus.

Finalement, elle s’avança doucement vers moi. J’hochai stupidement la tête lorsqu’elle me proposa de regarder mon bras, en effet il s’agissait de la véritable raison de ma venue, même si je l’avais durant quelques instants un peu oublié. Ceci dit, le sujet revint avec une rapidité fulgurante dans mon esprit dès l’instant où Katarina posa ses doigts sur moi. Je me crispai, la douleur s’intensifiant immédiatement, de la même façon dont j’avais eu mal lorsque Kay m’avait touché. Même si c’était relativement supportable, dans le sens où je n’allais pas me mettre à hurler, je grimaçai tout de même. Bon sang, mais comment avais-je pu me débrouiller pour me faire ça ? A croire que j’étais vraiment un bon à rien, à peine essayais-je de me servir de mes mains que déjà, je me faisais mal. Diane allait me tuer. Les traits de mon visage se crispèrent plusieurs fois tandis que les doigts de Katarina m’effleuraient, je n’osai cependant lui demander d’arrêter puisqu’après tout, si je ne voulais pas qu’elle jette un coup d’œil à mon bras j’aurais dû m’en aller immédiatement. A présent que je me trouvais là, je n’allais pas lui dire de me laisser tranquille, c’aurait été stupide. Alors, sans dire un mot, je l’observai en tentant d’éviter de me concentrer sur la douleur. Elle semblait épuisée, mais j’imaginais que cette fatigue résultait de sa grossesse, que porter un enfant devait représenter une charge assez importante finalement. Bien évidemment, je ne pouvais qu’imaginer, comme vous le devinerez je n’avais jamais été enceinte mais cela ne m’empêchait pas de comprendre à quel point ce devait être éprouvant. Finalement, elle se recula un peu en arborant un drôle d’air qui ne présageait rien de bon pour moi. C’est drôle, mais Diane avait parfois le même genre d’expression, à croire que cela faisait partie des choses qu’ils apprenaient en médecine, j’aurais pu en sourire mais cela ne fit au contraire que renforcer mon appréhension : En général, lorsque ma sœur faisait cette tête, c’était que quelque chose n’allait vraiment pas. Finalement, la confirmation de mes craintes tomba lorsque Katarina m’annonça qu’il s’agissait probablement d’une tendinite, ce qui expliquerait que j’aie mal dans tout le bras. Et merde… Merde, merde, merde ! Je soupirai, baissant doucement le visage. Je n’avais certes pas fait d’études par manque d’argent, je n’en étais pour autant pas totalement con, je savais ce qu’était une tendinite, et je savais ce que cela voulait dire : Mon bras devait rester au repos. Or, c’était absolument hors de question. Il y avait encore tellement de choses à faire la bibliothèque, je n’allais certainement pas abandonner Kay et Sam dans ce foutoir. Non, hors de question.

Je ne prononçai pas un mot, accusant le coup. Dès l’instant où Diane saurait ce qu’il m’arrivait, j’aurais interdiction de poser un seul pied dans la bibliothèque, et encore, s’il n’y avait que Diane… Samuel et Kaylhen ne m’autoriseraient sans doute pas davantage à travailler tout en sachant qu’il me fallait du repos pour me remettre, sans quoi mon état pourrait s’aggraver. Génial… J’allais en avoir trois sur le dos si tout se passait bien. Je relevai les yeux vers Katarina uniquement lorsqu’elle ouvrit les portes d’une armoire pour y farfouiller quelques instants. Très bêtement j’espérais qu’elle allait me dégoter le médicament miracle dont je ne connaissais pas l’existence puisque je n’étais pas médecin mais qui allait « réparer » mon bras en l’espace d’une nuit, ou d’un jour. Oui, cet espoir m’investit très rapidement, si bien que j’en finis par sourire comme un idiot. J’y croyais à mon miracle, à ma super pilule, mais Katarina ne sortit qu’un tube de crème de l’armoire et aussitôt, toute forme de sourire disparu de mon visage. Je savais déjà ce qu’elle allait me dire. Je savais déjà ce que c’était. Et je savais déjà que ça ne me guérirait pas en une nuit. Voilà pourquoi mon expression ne pu être plus fermée lorsque Katarina se retourna finalement vers moi pour m’annoncer que je ne pourrais plus me servir de mon bras avant deux semaines, j’étais déjà au courant. Je dois bien avouer que la possibilité d’immobiliser mon bras droit en continuant du gauche m’effleura, mais Katarina raya aussitôt cette idée de mon esprit en me prévenant que je pouvais très bien me faire aussi mal. Bon sang de bonsoir. Je soupirai de nouveau avant de froncer les sourcils. Il devait bien il y avoir un moyen. Quelque chose, n’importe quoi. J’étais même prêt à me faire des injections de morphine pour ignorer la douleur si cela me permettait de poursuivre mes travaux. Ca pouvait paraître totalement dingue mais la bibliothèque était la seule chose qui me maintenait vraiment à la vie et me donnait le sourire, l’abandonner deux semaines entières m’était intolérable. J’aurais voulu lui demander, mais je n’osai pas. Sincèrement, j’avais peur de prononcer le moindre mot de peur que ce ne soit les mauvais, nous n’étions à l’aise ni l’un ni l’autre et cela se sentait. Rien que le sourire forcé de Katarina m’incitait à me taire, car même s’il n’avait rien de naturel, il était toujours plus rassurant qu’un visage complètement fermé et froid.

« Je vais te donner ce dont tu auras besoin, tu pourras certainement demander à Diane de s'occuper de ton bras... »

Je me raidis instantanément, lui jetant sans doute un regard noir au passage. Entendre le prénom magnifique de ma sœur prononcé avec cet accent détestable, cet accent qui ne me rappelait qu’une seule personne, une personne ayant elle-même fait du mal à Diane, me rendait soudainement très agressif. Avant j’aimais beaucoup l’accent russe de Katarina, j’aimais parler avec elle car dès lors, je ne me sentais moi-même plus étranger. Nous avions tous les deux des accents qui nous unissaient dans notre différence, mais depuis que j’avais rencontré Alexeï… Depuis cet…ce…Seigneur, ne serait-ce que penser à lui me faisait sortir les griffes aussi rapidement qu’un chat que l’on jetterait dans un bassin d’eau glacée. Depuis, je l’avoue, je haïssais cette langue, cet accent, je haïssais tout ce qui pouvait être en rapport de près ou de loin avec la Russie. C’était stupide, mais compréhensible. Lorsque l’on déteste si fort quelqu’un, le moindre geste, la moindre parole, tout ce qui peut nous y faire penser nous horripile totalement, et c’était exactement ce qu’il m’arrivait avec Alexeï. Combinez ceci avec la prononciation du prénom de ma sœur et vous obtiendrez aussitôt un Aristide sur la défensive. Ce n’était cependant pas la faute de Katarina, et bien que j’en ai conscience, cela ne me permit pas de me détendre, car au-delà de l’accent, il y avait également le fait qu’elle me fiche légèrement dehors. Je cru la voir légèrement rougir et presque aussitôt, mes jambes amorçèrent un mouvement pour sortir de l’infirmerie. Le message était très clair, limpide même. Elle m’envoyait voir Diane car elle ne voulait pas s’en charger elle-même, très bien. Je n’allais pas me mettre à pleurer ou le lui reprocher, au contraire je comprenais parfaitement. Ca faisait déjà plusieurs minutes que nous nous trouvions seuls dans la même pièce et cela n’avait sans doute rien d’agréable pour l’un comme pour l’autre, autant mettre fin à cette situation dérangeante. Après tout elle avait raison, je pouvais aussi bien aller voir Diane, pourquoi l’emmerder elle plus longtemps ? Malgré tout, il y avait une certaine déception dans le fil de mes pensées mais je savais très bien qu’elle n’avait pas lieu d’être. Qu’est ce que je croyais ? Que Katarina allait me sauter dans les bras juste parce que je l’autorisais à m’ausculter ? Mais oui, soyons fous ! Enterons nos vieilles rancoeurs et faisons des bébés, youpi ! Je secouai vivement la tête. Heureusement que personne ne pouvait lire dans mes pensées et comprendre que je venais, l’espace d’une seconde pleine d’ironie certes, d’envisager de faire un enfant à Katarina, sans quoi j’aurais été un homme à coup sûr mort.

J’étais déjà prêt à me retourner pour partir lorsque Katarina reprit la parole, se déclarant finalement apte à s’occuper de moi si je le désirais. Elle termina par s’excuser, ce qui me laissa totalement sans voix. Je devais ressembler à un gros débile, écarquillant les yeux comme si elle venait de m’annoncer qu’elle voulait m’épouser, mais à vrai dire la situation me faisait à peu près le même effet. D’abord elle me proposait son aide, ensuite elle acceptait mes excuses, me remerciait, s’occupait de moi, puis me jetait et maintenant me retenait ? D’accord… D’accord. Respire Aristide, tu vas faire une syncope là. Trop d’infos d’un coup, trop de choses à analyser et comprendre, je crois que mon cerveau n’était pas assez rapide pour ça. En même temps, moi aussi j’avais des réactions assez bizarres, c’était sans doute dû au fait que nous étions tout aussi gênés l’un que l’autre. Oui, ce devait être cela. Nos réactions n’avaient rien de naturel car nos attitudes ne l’étaient elles-mêmes pas, je surveillais tout ce que je pouvais dire, faire, et peut-être en était-ce de même pour elle, mais après tout, si nous ne voulions tout deux pas nous blesser ou nous disputer, autant crever une bonne fois pour toute l’abcès, non ? Non, en réalité cette idée était absolument stupide puisqu’en se disant ce que nous avions à nous dire nous risquions plus que n’importe quand de provoquer une dispute et pourtant, je ne me retins pas. J’eus un bref hochement de tête avant de déclarer calmement :

« T’avais raison. »

Vous ne comprenez rien ? C’est normal ; L’explication arrive. Je hochai de nouveau la tête avant d’hausser les épaules et froncer les sourcils.

« On retournera jamais chez nous, ni toi ni moi, parce que c’est impossible matériellement parlant. J’habite en Europe, et toi en Russie, comment on ferait, hein ? On a déjà dû se battre pour avoir une maison, alors essayer de parcourir la moitié du monde… »

Je soupirai avant de m’avancer un peu, mon bras toujours contre ma poitrine. En toute sincérité je ne savais absolument pas où j’allais, où mon discours allait, et s’il pourrait arranger en quoi que ce soit la situation. Je laissais simplement parler mon cœur en anéantissant toute forme de mensonge ou de secret, deux choses qui avaient quasiment à elles seules détruit ma vie.

« J’ai toujours été un idiot, un con qui croyait plus en ses rêves qu’en n’importe quoi, plus qu’en la réalité même. J’ai plus cru à ce que j’avançais qu’en notre amitié. J’ai plus cru en mon amour pour Gabrielle qu’en son mariage ou qu’en la fin impossible à éviter de notre relation. C’est dur à avaler pour vous, je sais, mais je l’aimais, et tout ce que j’ai voulu, c’est vivre mon rêve…Je ne pensais pas au fait que je ferai du mal à Alexander, et à vous tous, non je n’y songeais même pas, et sincèrement je ne parviens pas à en être désolé. Je ne peux pas être désolé d’avoir simplement voulu être heureux, quand bien même ce bonheur ne serait qu’une illusion. Je crois en l’illusion, je l’ai déjà dis. Moi, j’y crois. Et j’ai cru en mon histoire avec Gabrielle, je voulais plus que n’importe quoi d’autre au monde y croire encore jusqu’à la dernière minute mais finalement, mon rêve s’est brisé. Et moi avec. »

Marquant une courte pause, je m’évertuai à garder mon regard rivé au sol. Je savais qu’en abordant ces sujets, je risquais de gâcher chacun des efforts que nous avions accompli avec Katarina, je savais que je soulignais justement le fossé qui nous séparait. C’était dangereux, mais il fallait que les choses soient dites, clairement, posément, calmement. Bien sûr, on sentait forcément la tristesse dans ma voix, je n’avais plus abordé ce sujet depuis bien longtemps avec quelqu’un et, y repenser aussi fort me faisait sincèrement mal. D’habitude je chassais seulement ces pensées et passais à autre chose, mais cette fois j’espérais qu’en arrêtant de fermer les yeux et en brisant les obstacles qui nous séparaient, nous pourrions peut-être parvenir à ce fameux pardon qu’Isaiah m’avait conseillé de rechercher. Je ne cherchais pas à lui faire comprendre, je ne cherchais pas à ce qu’elle approuve non plus. Je m’en fichais de ça. Tout ce que je voulais c’était qu’elle me pardonne, même si ce que j’avais fait lui paraissait ignoble, même si elle me trouvait répugnant, je désirais sincèrement que nous laissions tout cela derrière nous. Cette fois, je me risquai à plonger de nouveau mon regard dans le sien.

« Maintenant il n’y a plus de rêve, plus d’espoir stupide : Gabrielle ne retournera pas auprès de moi, et c’est sans doute mieux car…Seigneur, Alexander est un homme bien plus respectable que moi. Ce n’est pas facile à admettre mais il saura davantage la rendre heureuse que moi et au final, c’est tout ce qui m’importe. Après, eh bien… Je sais que tu me détestes tout comme la plupart des gens ici parce que je vous ai blessé, mais crois-moi, ce n’était pas mon intention. Ni toi, ni Alexander, ni Gabrielle ni quiconque, je n’ai jamais désiré faire de tort à qui que ce soit sciemment. Je peux reconnaître beaucoup de mes défauts, je suis égoïste, lâche, mais pas profondément méchant, non. »

J’eus un petit soupir empreint de lassitude. Sincèrement, j’avais l’impression que ma plaidoirie tomberait dans l’oreille d’un sourd, que Katarina s’en foutait complètement de toutes mes excuses ou toutes mes raisons, qu’elle m’en voulait trop pour admettre quoi que ce soit. Je ne pouvais l’en blâmer, au fond. Elle n’allait certainement pas pleurer sur mon sort parce que Gabrielle avait choisi Alexander, c’aurait été aberrant et de toute façon ce n’était pas ce que je cherchais.

« Je ne suis donc pas foncièrement méchant, et moi, je ne te déteste pas. Même si ma réaction de tout à l’heure était complètement stupide et franchement minable, je n’ai rien contre toi personnellement, ou contre le fait que tu t’occupes de moi, bien au contraire. Si tu acceptes de me soigner, je vais rester là bien sagement et me laisser faire parce que ce serait complètement con de t’éviter toute ma vie pour des différents survenus il y a des mois déjà. Je ne suis pas borné au point de te cracher dessus alors que tu me proposes ton aide, je ne suis pas comme ça… Alors... Si un jour tu parvenais à me pardonner ou, si un jour tu avais besoin de moi, ou juste envie de parler, ou j’en sais rien, bref, sache que je serais là. On était amis, avant… »

Cette fois, je pris conscience de ce que j’étais entrain de dire et me repris.

« Mais tu peux aussi m’ignorer jusqu’à la fin de mes jours et me traiter comme un moins que rien tout aussi longtemps, me renvoyer sur le champ et faire comme si j’avais jamais existé. Si c’est ton choix, ça me convient.»

Moui, voilà qui était mieux. Je perdais complètement les pédales, à quoi est-ce que ça pouvait bien rimer ? Elle n’allait certainement pas me pardonner, il fallait que j’arrête mes conneries. Isaiah avait une foi incomparable en l’Homme, moi pas. Je savais très bien que certaines choses sont impossibles à avaler, et que nous ne serions plus jamais amis, que Katarina allait bien gentiment me remettre à ma place dans les quelques secondes à venir. Bon, au moins elle pouvait bien voir que je n’étais pas totalement fermé et que j’étais prêt à me réconcilier avec elle mais… Nous n’étions pas dans un stupide dessin animé bon sang, les choses n’étaient pas aussi simples.
Sans doute pas de « Happy-end » au programme TV de ce soir, désolé les enfants.
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Katarina K. Jones
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Is it too late to apologize ? { ARISTIDE } Empty
MessageSujet: Re: Is it too late to apologize ? { ARISTIDE }   Is it too late to apologize ? { ARISTIDE } Icon_minitimeLun 16 Mai - 19:06

{ J'ai beaucoup beaucoup aimé ta réponse }

Quelle idiote. Mais quelle idiote ! Je n'en ratais pas une. Je disais tout ce qu'il ne fallait pas dire. Je réduisais mes efforts à néant avec une petite phrase totalement idiote. Pourtant, cela ne partait pas d'un mauvais sentiment. C'est juste que j'avais supposé qu'il préfèrerait que ce soit sa sœur qui s'occupe de lui. C'était nettement plus logique. Il n'aurait peut-être pas honte que ce soit Diane qui s'occupe de son bras. Alors qu'avec moi, la gêne était manifeste. Ce que je comprenais. Si la situation avait été inversée, j'aurais probablement été aussi mal à l'aise que lui. Seulement là, je venais certainement de lui donner l'impression que je le mettais dehors. Alors que pas du tout. Ce n'était absolument pas mon intention. Je ne voulais nullement le mettre à la porte. Déjà parce que j'étais là en tant que médecin et que c'était mon travail de m'occuper des gens qui en avaient besoin. Ensuite parce que je voulais absolument dénouer la situation une bonne fois pour toutes. Ce n'était pas en le jetant dehors que j'y arriverais. J'avais bien vu le regard qu'il m'avait lancé quand j'avais prononcé le prénom de sa sœur. Il avait mal interprété mes paroles, même si j'avais tenté de me rattraper du mieux que je pouvais. C'était maladroit, mais au moins savait-il que je ne cherchais pas à me débarrasser de lui le plus vite possible. C'eût été un comportement puéril au possible. Nous n'avions plus quinze ans, nous étions adultes, nous devions nous comporter comme des adultes. Il fallait arrêter une bonne fois pour toute de fuir le problème. D'autant que ce dernier n'était pas si énorme que cela, ce n'était que le temps qui l'avait fait enfler. Aristide ne m'avait rien fait et je ne lui avais rien fait. Nous avions été puérils de tirer un trait sur notre amitié pour une bête dispute et pour des choses qui ne nous concernaient ni l'un ni l'autre. Je n'aurais pas dû se mêler de ses affaires, et il n'aurait pas dû me juger à cause de ce que je pensais sur un sujet en particulier. Nous nous étions comportés comme des enfants, ni plus ni moins : « tu n'es pas d'accord avec moi alors je ne te cause plus ! ». Ridicule au possible, non ?

Je haussai les sourcils et affichai une mine qui traduisait nettement un « Quoi ? » lorsqu'il m'annonça d'un coup que j'avais eu raison. Mais à quel sujet ? J'ouvris la bouche pour lui demander de quoi il parlait lorsqu'il s'expliqua de lui même. Je la refermai immédiatement, de peur de ressembler à une carpe. Je dus pâlir nettement. J'avais eu raison au sujet de notre dispute. J'avais eu raison, parce que nous ne retournerions jamais chez nous... Je baissai les yeux. Comme j'étais désolée d'avoir eu raison à ce sujet là. Comme j'aurais aimé me tromper. Malheureusement, il semblait que ce n'était pas le cas... Parcourir la moitié du monde relevait maintenant du rêve, de l'utopie. J'avais définitivement fait une croix sur la Russie. J'y pensais le moins possible pour éviter d'être trop peinée. Je me sentirais certainement toujours un peu étrangère aux États-Unis, mais j'avais la chance d'être entourée de personne qui rendaient la chose plus supportable possible. Et puis, en un sens, je préférais garder mes souvenirs. Si je retournais à Moscou, que retrouverais-je ? Des ruines, des cendres... Rien de plus. Et je ne voulais pas que ces images terribles effacent le souvenir du pays de mon enfance. Et puis j'avais construit ma nouvelle vie ici, à New-York. Et ce bien avant la guerre. J'étais tombée amoureuse de la ville qui ne dort jamais. Et j'étais tombée amoureuse des gens, de la vie... J'avais adoré New-York. Et je m'étais mise à la détester lorsque son paradis s'était transformé en enfer. Je ne voulais surtout pas que cela arrive pour ma ville natale.

Comme toujours lorsque j'étais perturbée, j'ai croisé mes bras sous ma poitrine. Cela me donnait soit un petit air dur, soit un petit air triste et renfrogné. En l'occurrence il s'agissait du second petit air. Non pas que je ne veuille pas écouter ce qu'Aristide avait à dire, mais cette conversation était tellement triste... J'ai relevé la tête vers lui alors qu'il s'avançait vers moi. Je crois que je ne m'attendais vraiment pas à ce que soudainement il me fasse part de ses états d'âme. Je ne pensais pas l'entendre tenter de se justifier auprès de moi pour ce qu'il s'était passé. Cela me fit un drôle d'effet, et je me sentis soudain très mal. Je réalisais que je n'avais pas fait attention au ressenti d'Aristide. Je n'avais pensé qu'à Alexander, qu'à ses sentiments à lui. Alors qu'Aristide avait dû souffrir tout autant. Ce n'était pas facile d'être le mari trompé, mais ce n'était peut-être pas plus aisé d'être l'amant. On ne choisit pas de qui on tombe amoureux, après tout. Ce que j'avais néanmoins du mal à saisir, c'était pourquoi Gabrielle avait laisser la situation s'envenimer à ce point. Je ne serais certainement jamais en mesure de comprendre. Mais je n'avais plus envie de chercher à comprendre. J'avais envie de pardonner. J'avais simplement envie de pardonner. De toute évidence je ne pourrais pas comprendre totalement ce qu'il s'était passé entre eux. Mais ce n'était pas une raison suffisante pour leur tourner le dos définitivement. Il était tant d'avancer et de pardonner. Être rancunière ne me correspondait nullement. Et si j'avais donné l'impression de l'être, j'en étais bien désolée. Moi qui étais si empathique, si ouverte, je ne pouvais pas m'empêcher de me taxer d'idiote pour ne pas avoir su voir la souffrance d'Aristide. J'aurais pu l'aider mais non, je ne l'avais pas fait. Je m'étais laissée influencer par les autres, j'en avais oublié mes propres principes fondamentaux.

J'ai failli protester vivement lorsqu'il dit qu'il savait que je le détestais. Non, non ! Je ne le détestais pas ! Je ne le détestais pas, et je n'avais absolument aucune raison de le faire. Ce n'était pas parce que nous avions eu d'importants différents que je le détestais. Il ne m'avait fait aucun mal, pourquoi le haïr ? Je n'étais pas comme ça. Je n'étais pas comme ça ! J'étais sidérée qu'il pense que je le déteste. Seigneur, je ne pensais pas lui avoir donné une telle impression. J'avais dû lui paraître odieuse pour qu'il pense une telle chose. Je n'en revenais pas. J'étais tellement bouleversée que je suis tombée assise sur la chaise de mon bureau. J'étais tellement choquée que j'en avais les larmes aux yeux. J'étais profondément touchée, et les hormones s'en mêlant, il n'était pas étonnant que je sois au bord des larmes. C'était lui la vraie victime dans cette histoire, et c'était presque moi qui pleurait. C'était tellement ridicule ! De moi, il fallait certainement rire. Mais ce n'était pas le moment de me moquer de moi-même. Je n'avais pas envie de rire. J'étais accablée. Et touchée par ce que j'entendais. Aristide souffrait toujours de son histoire avec Gabrielle. Et personne ne devait le savoir, puisque tout le monde était passé à autre chose. Nous avions été cruels, un point c'est tout. Et nous l'étions toujours, à le traiter comme un paria. Ce n'était vraiment pas juste. Le mot injustice clignotait devant mes yeux, il m'était impossible de l'ignorer. Tout comme il me serait absolument impossible d'ignorer Aristide désormais. J'avais l'impression d'avoir pris une grande claque. Rien de mieux pour me réveiller et me remettre enfin les idées en place.

Je me suis enfoncée dans ma chaise en l'entendant dire qu'au besoin, il serait là pour moi. Alors là, j'étais – un peu plus – sans voix. Je devais vraiment avoir l'air totalement stupide à le regarder de cette façon. Mais je ne pouvais rien dire. D'une parce qu'il n'avait pas totalement fini, de deux parce que je n'avais pas la moindre idée de ce que j'allais bien pouvoir répondre à tout cela. Je me sentais misérable. Et carrément conne, n'ayons pas peur des mots. Mais qu'est-ce que j'avais fait ?

Il y eut un grand silence lorsqu'il cessa de parler. Il avait dit absolument tout ce qu'il avait à dire. Le dire et l'entendre nous avait vidés de la même façon. Je n'avais pas dit un mot, et au final il n'avait pas parlé si longtemps que cela, mais ça avait été intense. Je pris une profonde inspiration, parce que j'avais l'impression que j'avais cessé de respirer il y a au moins cinq minutes. Je n'avais pas la moindre idée de ce que j'allais bien pouvoir répondre. Peu importait ce que je dirais, ce ne serait rien en comparaison. Cela n'aurait certainement aucun poids.

« Je ne déteste pas. »

Il fallait commencer par rétablir la vérité. Non, je ne le détestais pas. Il m'avait blessée, je lui en avais voulu un certain temps, mais je ne le détestais pas. Jusqu'à aujourd'hui, peu de personnes avaient mérité que je les haïsse. Et Aristide ne faisait pas partie de ce nombre limité de personnes. Je me suis passée une main dans les cheveux, et je me suis levée tout doucement, précautionneusement. J'ai soupiré tout bas. Le plus dur ne faisait que commencer.

« Je ne veux pas continuer à t'ignorer, à t'éviter, c'est... Cela ne mène à rien. Et puis tu ne m'as rien fait. Je n'ai aucune raison de te traiter comme un moins que rien. Tu n'es pas un monstre, tu n'as rien fait qui mérite qu'on te traite d'une telle façon. »

Après tout, il n'avait tué personne. Et il n'avait rien fait d'assez répréhensible pour qu'on le traite comme un criminel. Qu'on le veuille ou non, c'était une histoire tout à fait personnelle, qui ne regardaient personne d'autre à par les personnes concernées, à savoir lui, Gabrielle et Alexander. Cette histoire n'aurait pas dû prendre les proportions gigantesques qu'elle avait pris. Mais quand on vit dans une si petite communauté, ce qui touche quelqu'un touche tout le monde. Tout se sait et tout le monde finit par mettre son grain de sel. Nous l'avions tous fait, je n'avais pas été l'exception. Quelque part, je ne pouvais m'empêcher de penser que si je n'avais pas fait cette crise de nerfs à Gabrielle, nous n'aurions pas été piégés sous cette galerie... Oh non, c'était idiot : elle y aurait été de toute façon. Au moins n'avait-elle pas été seule à traverser cela. Mais si je n'avais pas été là, peut-être Ethan et Riley n'auraient-ils pas eu ces réactions si violentes, et leur liaison serait restée secrète. Je me suis mordue la lèvre, honteuse. J'ai fait un pas vers Aristide, les mains sagement posées sur mon ventre rond.

« Je... Je suis sincèrement désolée, Aristide. Je n'aurais jamais dû laisser les autres m'influencer. J'aurais dû tenter de m'expliquer avec toi, mais je... Je n'ai aucune excuse. »

Non, aucune. Je n'aurais pas dû laisser Ethan me convaincre qu'Aristide était une pourriture. Mais à cette époque, je pensais trop à la trahison de Gabrielle et à la peine d'Alexander pour repousser les excès d'Ethan. Et puis je n'y avais plus pensé... J'avais laissé les choses s'envenimer, j'avais entretenu cette rancoeur idiote avec mon comportement. J'avais donné l'impression d'être la pauvre idiote toujours d'accord avec son mari, même pas capable d'exprimer son opinion. Alors que j'étais loin, bien loin, d'être sans cesse d'accord avec Ethan. Il se trompait souvent, parce qu'il se laissait aveugler par son ressenti et ses idées préconçues. Mais cette fois je n'avais pas protesté. Et j'avais oublié de le faire après mon enlèvement. Et je n'en avais pas eu le courage.

« Je m'excuse pour tout ce que j'ai pu dire, quand cette galerie s'est effondrée sur nous. J'étais blessée, parce que Gabrielle n'avait visiblement pas assez confiance en moi pour me parler, alors que j'aurais pu l'aider. Quand je suis blessée, je crie un bon coup, et ensuite c'est terminé... Ce jour là je n'ai pas eu l'occasion d'aller jusqu'au bout de ma démarche. Je crois que je n'ai plus osé ensuite. Moi aussi j'ai perdu Gabrielle ce jour là... »

Je secouais légèrement la tête. J'avais perdu ma meilleure amie. La dernière fois que nous nous étions parlées, cela n'avait pas été un franc succès. Plus rien ne serait jamais comme avant entre nous deux. Même si je tenais toujours beaucoup à elle, nous ne serions plus jamais aussi proches. Moi aussi j'avais perdu Gabrielle. Peut-être pas de la même façon qu'Aristide, mais je l'avais perdue. Et si je n'en disais rien, je n'étais même pas sûre que son mariage tienne. Quelque chose s'était brisé entre eux. Ils s'aimaient oui, mais la confiance d'Alexander en avait pris un sacré coup. Ce qui, je pense, était normal... Je crois que moi même j'aurais eu énormément de mal à supporter une trahison. Je comprenais pourquoi Ethan était si jaloux, pourquoi il avait peur des autres hommes. C'était parfois insupportable, mais je parvenais à comprendre qu'il ait peur de me perdre. Je n'aurais pas supporté qu'il s'intéresse à une autre femme... Je lui avais fait une crise de nerfs parce qu'il avait appelé une morte, alors qu'il délirait. J'avais été jalouse d'une morte. Je n'en revenais pas.

« Je n'aurais pas dû te juger. Je m'en excuse. J'imagine que je t'en voulais encore à cause de notre dispute. Je n'ai pas su faire la part des choses. Et même si je n'y peux rien, je tiens à te dire que je suis désolée pour la réaction d'Ethan. C'était... excessif. Je sais que cela ne te le rendra pas plus supportable, mais je suis désolée. Je ne cautionne pas ce qu'il a fait. Je suis peut-être sa femme, oui, mais je ne suis pas toujours d'accord avec lui. »

Je tenais à le lui dire, quand bien même ce ne serait pas forcément d'une grande utilité.

« Je ne sais pas quoi te dire de plus... Parce qu'au final... Tout cela n'était rien que des idioties sans queue ni tête. Mais il me semble que l'idéal serait d'arrêter les frais maintenant... Peut-être pourrions nous enterrer la hache de guerre... »

Je fis une pause, et un peu timidement, posai ma main sur son bras.

«... Et redevenir amis ? »
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Aristide Tetropoulos
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MessageSujet: Re: Is it too late to apologize ? { ARISTIDE }   Is it too late to apologize ? { ARISTIDE } Icon_minitimeLun 23 Mai - 4:07

A croire que je voulais remporter le prix du mec le plus lourd et barbant de la communauté. Bien évidemment j’avais remarqué les différentes expressions de Katarina tandis que je parlais et bien évidemment, il n’y avait rien de positif à noter. Soit elle me dévisageait, soit elle prenait une posture un peu plus dure, soit elle se tassait sur elle-même, bref : d’une manière générale aucun signe encourageant pour moi. En même temps, je savais très bien qu’espérer qu’elle tire un trait sur tout ce qui s’était passé n’aurait été qu’une preuve supplémentaire de mon utopisme exagéré, et qu’il fallait sérieusement que j’arrête de me poser en victime dès la première occasion. J’avais été maladroit, je le sentais, mais au final nul mot ne pourrait réellement définir ce que je ressentais réellement, ou peut-être n’en avais-je moi-même pas d’idée précise. En venant tout juste de me rendre compte de ma stupidité alors que j’accusais Ethan, Alexander et toute la bande, je ne pouvais en même temps lui servir de discours parfaitement réglé puisque je n’avais pas eu le temps d’y réfléchir. J’avais parlé avec mon cœur, sans l’ombre d’un mensonge, et au final considérais qu’il s’agissait du plus important. Après tout, j’aurais bien pu lui débiter le plus beau monologue du monde, quelle aurait été sa valeur s’il n’avait en rien reflété mes pensées et sentiments véritables ? L’honnête maladresse m’apparaissait bien plus précieuse que l’hypocrite perfection, surtout en sachant comme j’avais souffert de tous ces mensonges, ces cachotteries, ces feintes. Je n’aimais pas mentir, jusqu’à mon histoire avec Gabrielle rien ne m’y avait poussé, ou alors quelques petits mensonges qui ne faisaient de mal à personne, de temps en temps. Comme tout le monde, je pense. Il n’empêche qu’à présent je me sentais toujours aussi mal à l’aise, mais pour d’autres raisons. En m’exprimant avec autant de sincérité, en ne cachant absolument rien de la vérité à Katarina, je venais très clairement de lui ouvrir mon cœur dans le sens où une seule parole, une seule remarque me ferait très mal. Même si je n’attendais absolument pas d’elle un gros câlin et un verre de lait chaud, j’espérais l’espace d’une seconde qu’elle ne serait pas trop abrupte, trop sèche, car je venais de me dévoiler complètement à elle et malgré tout, cet acte n’avait absolument rien de simple. Encore plus lorsque l’on se dévoile à une personne avec laquelle nous avons d’importants différents. Au fond, je crois que je regrettais ma soudaine confession, simplement parce que j’appréhendais fortement ce qui allait se passer, là, maintenant. Des reproches ? Un billet pour retourner d’où je venais ? Des cris et des insultes ? J’étais prêt à prendre les paris quant à la réaction de Katarina, m’attendant, de toute façon, au pire.

C’est durant ce genre de long silence que l’on comprend à quel point l’on peut avoir tort lorsqu’on laisse tomber les apparences pour en revenir à la vérité car dès lors, on donne la possibilité sans doute très plaisante à l’autre de nous détruire totalement. Les apparences nous protègent, finalement. Et on pense « Quels vont être tes reproches, comment vas-tu m’anéantir maintenant que je t’en offre l’occasion ? » On attend la réponse avec fébrilité, et toujours ce silence, long, long, qui donne l’impression de s’étendre indéfiniment alors qu’en réalité, il ne dure pas plus que quelques secondes. Un silence soudain brisé par une phrase à laquelle je ne m’attendais absolument pas, et dont la surprise qui en résultait me fit avoir un léger mouvement de recul. Elle ne me détestait pas ? Etait-ce de l’ironie, une blague de mauvais goût ou une manière d’enchaîner sur quelque chose d’encore plus fort ? « Mais non, je ne te déteste pas… Je te hais ! » Plausible. Je fronçai doucement les sourcils, me préparant encore et toujours, sans que cela ne soit réellement utile, à encaisser les coups à venir. Je pouvais bien me préparer autant que je le voulais, je savais que cela ne me permettrait pas davantage de me protéger contre la souffrance, alors à quoi bon ? Je me disais que j’aurais mieux fait de partir tout de suite, passer pour un idiot mais au moins éviter ce qui m’attendait bien sagement et que je n’allais pas apprécier du tout. La fuite est lâche, mais je suis lâche, cela n’a donc aucune importance. Stupidement, je reculai encore d’un pas lorsque Katarina se leva, comme si cela allait me protéger, une nouvelle fois. Malheureusement il ne s’agirait pas de douleur physique, mais purement morale et en cela, elle serait bien plus cuisante, bien plus acide. Je le méritais, ceci dit. Je méritais sa colère, et ses mots pleins de haine, et même si j’aurais voulu pouvoir changer les choses en redevenant l’Aristide sympathique et souriant d’avant, je savais très bien que ce ne serait sans doute pas possible de si tôt. C’est comme ça, on ne peut pas demander au monde d’oublier nos erreurs juste parce qu’on ne parvient plus à vivre avec, ça se saurait. On peut juste essayer de se faire pardonner mais ça, je ne pensais pas y être parvenu.

J’eus un petit sursaut lorsque Katarina reprit la parole. Non seulement ses mots allaient à l’encontre de tout ce à quoi je m’attendais, mais également de tout ce que j’avais pensé depuis de longs mois. Certes, continuer à nous ignorer mutuellement ne mènerait à rien, et je croyais justement que c’était le but, ne plus avoir aucune forme de relation, être de parfaits étrangers… Mais affirmer que je ne méritais pas d’être traité comme un moins que rien, que je n’avais rien fait qui justifierait cette attitude… J’eus presque envie de lui faire un petit signe, quelque chose du genre « Hého, c’est moi, Tetropoulos, tu te rappelles ? L’amant de Gabrielle, celui qui a détruit la vie du meilleur ami de ton mari, qui s’est fait passé pour marié afin d’assurer sa survie et que tout le monde ignore. Souviens-toi ! » Je m’abstins cependant de toute remarque. Sincèrement, j’étais de toute manière beaucoup trop paumé pour pouvoir ne serait-ce que prononcer un mot. Je ne comprenais vraiment plus rien à la situation, ne parvenais pas à envisager ne serait-ce qu’une seconde que nous pourrions passer à autre chose dès à présent. Encore une fois, j’attendais le coup, l’injure, le cri. J’attendais qu’on me traite comme on m’avait traité durant les derniers mois, au fond j’avais sans doute dû m’y habituer. Impossible pour moi d’imaginer que tout cela arrivait à son terme, quand bien même je le souhaitais plus fort que n’importe quoi d’autre. La haine des gens m’apparaissait maintenant comme normale, habituelle, immuable, et même si j’aurais voulu qu’elle disparaisse dans mon esprit cela ne semblait absolument pas possible. Alors que Katarina me pardonne enfin, qu’elle n’entretienne plus aucune haine à mon égard, que notre relation puisse enfin redevenir normale et courtoise… Oui, j’aimais y croire, mais en doutais pourtant. Je ne savais vraiment pas comment réagir et lorsque je la vis effectuer un pas de plus vers moi, ma réaction fut instinctive : Je reculai de nouveau. Pourquoi ? Pourquoi cette attitude étrange, comme si je m’apprêtais à m’enfuir en courant ou si je craignais qu’elle ne se jette tout à coup sur moi pour m’égorger ? Aucune idée. Mon corps réagissait de manière à se protéger mais au final il n’avait sans doute pas grand-chose à craindre puisque, comme je l’ai déjà dis, la douleur qui risquait de m’engloutir ne serait sans doute pas physique mais purement morale, aussi pourrais-je me réfugier sous le bureau que cela n’y changerait rien. J’allais souffrir. En tout cas, c’était ce dont j’étais persuadé, quand bien même l’attitude de Katarina n’ait rien d’agressive. Elle posa ses mains sur son ventre, m’observant toujours, puis prononça tout un tas de paroles qui ne firent que renforcer mon incompréhension. Quoi que, à ce stade il ne s’agissait plus d’incompréhension ; J’avais carrément l’impression que nous ne parlions plus la même langue.

Elle était…Désolée ? Pincez moi. Voilà, j’avais trouvé. Il ne s’agissait que d’un rêve, et non pas de la réalité, car dans la réalité Katarina n’aurait absolument jamais dis ça. Elle ne se serait jamais excusée, et n’aurais jamais avoué s’être laissée influencée par les autres. Ce n’était qu’un fantasme, une illusion, un mirage, bien trop beau pour être vrai. Bien trop gros aussi. Je fronçai malgré moi les sourcils tout en la dévisageant, cherchant sur son visage la moindre trace de mensonge ou d’ironie. Bien sûr, j’étais méfiant, mais préférai m’attendre encore et toujours au pire plutôt que de me laisser amadouer pour ensuite souffrir doublement. Je n’avais pas envie d’y croire pour au final me rendre compte que Katarina s’était moquée de moi, me méprisant ainsi plus que jamais. Non, je n’avais pas envie de ça, alors autant rester sur ses gardes même si au final cette attitude se révélait détestable et stupide. En dépit de notre dispute, puis des événements attenants à ma relation avec Gabrielle, des longs mois qui avaient suivis sans que nous ne nous adressions la parole, je pensais toujours connaître Katarina. Bien évidemment le temps avait dû changer certaines choses, mais le fond ne pouvait pas avoir viré du tout au tout, alors elle ne pouvait être devenue soudainement si acide et mesquine. Ce n’était pas dans sa nature, tout comme je n’étais pas devenu un salopard malgré ce temps écoulé et la réputation qui me collait à la peau. Alors, en y réfléchissant avec un minimum d’intelligence, je parvins à me convaincre de la sincérité de ses mots, car il ne pouvait s’agir d’une moquerie cruelle venant d’elle. Elle n’était pas comme ça, elle n’était pas aussi méchante. Voire même, elle n’était pas méchante du tout. Même si nous avions vécu des choses difficiles, même si il y avait eu des mots durs entre nous, ils ne tenaient pas à une quelconque méchanceté mais davantage à des sentiments. Elle m’en avait voulu, mais à présent cela semblait s’être tassé. Je dois bien avouer que j’étais encore trop sous le choc pour que cette affirmation se fasse réellement une petite place dans mon esprit et qu’enfin elle devienne à mes yeux réalité pure, mais au moins parvenais-je à l’envisager, ce qui n’était déjà pas si mal.

Un nouveau flot d’excuses face auxquelles j’avais du mal à réagir. J’aurais voulu lui couper la parole pour lui dire que ce n’était pas nécessaire, qu’après tout je ne lui en voulais pas et que ce n’était pas de sa faute, mais ne le fis pas. Elle s’était montrée polie en me laissant terminer lorsque ce fut mon tour de parler, je n’allais pas, moi, l’arrêter dans son élan quand bien même ses mots ne soient pas nécessaire. Et puis, au fond, je dois bien avouer que ça me faisait du bien d’entendre tout ça. Après tout, n’avais-je pas espéré ces mots ? N’avais-je pas désiré ardemment que l’on me pardonne ? Que Katarina, l’une des personnes qui semblaient le plus remontées contre moi, le fasse me paraissait absolument inespéré, mais ducoup bien plus précieux. Ce n’était qu’un début, mais au moins un très bon début et non, je n’allais pas l’arrêter maintenant. Cependant, ma joie soudaine s’estompa légèrement lorsque Katarina parla de Gabrielle. Elle l’avait perdu, mais en même temps, elle l’avait bien cherché… Elle l’avait sans doute traité avec beaucoup plus de violence que moi après mon départ, Gabrielle m’en avait elle-même parlé… Ils l’avaient tous traité avec animosité et mépris, et ce devait sans doute être bien plus dur pour elle tout en sachant que Katarina et elle étaient des amies proches. Je parvenais cedi dit à comprendre les deux, selon comment on se plaçait. D’une part, je comprenais que Gabrielle puisse en vouloir à Katarina ou qu’elle ne soit pas encore prête à lui reparler, même si je ne savais absolument pas où en était leur relation à présent. D’autre part, je comprenais que Katarina se soit retrouvée démunie et blessée face au silence de Gabrielle. En même temps, comment aurait-elle pu lui annoncer qu’elle avait un amant ? Est-ce que le lui confier aurait changé quoi que ce soit à la réaction de Katarina ? Je n’en étais pas persuadé… Peut-être aurait-elle dû lui parler dès le départ de notre relation mais les choses étaient allées très vite et finalement, je ne voyais pas vraiment ce que cela aurait changé. Si quelque chose s’était brisé avec Alexander, si Gabrielle n’avait plus été capable de s’ouvrir à lui et s’était finalement tournée vers moi, je ne pensais pas que Katarina aurait pu y changer quoi que ce soit. Elle n’aurait pas pu apaiser Gabrielle, personne ne le pouvait. Même moi, j’avais échoué. Alors… Je ne savais pas vraiment quoi penser, surtout que la perte n’était à mon sens pas comparable. Bien sûr, perdre une si chère amie devait être douloureux et compliqué, mais cela pouvait-il s’apparenter au fait de perdre l’amour de sa vie ? Pour le coup, j’en doutais carrément. Même si je ne dis pas un mot, j’avais l’intime certitude que notre douleur n’avait rien de similaire.

Oui, sans doute n’avait-elle pas su faire la part des choses en me collant l’étiquette du sale type après notre dispute, étiquette qui prit donc davantage d’ampleur lors de notre seconde dispute. Pour autant, je ne lui en voulais pas. Jusqu’à aujourd’hui j’avais eu beaucoup de mal à accepter et passer à autre chose mais à présent, c’était fini. Même si j’en avais bavé, même si je trouvais toujours le traitement que l’on m’avait infligé injuste, je pouvais aller de l’avant puisque j’avais dis ce que j’avais à dire et que Katarina elle-même s’était excusée. Nous nous pardonnions mutuellement et c’était sans doute l’attitude la plus adulte et intelligente à adopter. Pourtant, je fronçai puis haussai les sourcils lorsqu’elle en vint à me parler d’Ethan. Ce n’était pas à elle de me présenter des excuses pour sa réaction, qui était effectivement excessive. Quoi que le simple adjectif « excessif » m’apparaissait bien faible pour la description d’Ethan, il y en aurait sans doute une petite dizaine à rajouter, et certainement pas valorisants. En dépit de toute ma bonne volonté lorsqu’il s’agissait de Katarina, je savais qu’il me serait impossible de supporter de nouveau Ethan, que ce soit maintenant ou dans dix ans. Je ne pouvais pas, c’était viscéral. De toute manière Ethan et moi n’avions jamais été proches, à peine nous étions nous adressé la parole avant l’effondrement des galeries. Katarina était mon amie, mais pas son mari et même si je ne lui avais jamais rien reproché, je ne parvenais toujours pas à calmer mes rancoeurs à son sujet. Cependant, il est vrai que j’avais également pensé que mari et femme s’accordaient absolument sur tout, qu’ils pensaient, vivaient, respiraient exactement de la même manière et très sincèrement, j’étais heureux de m’être trompé parce qu’Ethan n’était qu’un… Tiens, encore un nouvel adjectif à lui attribuer… Bref, c’était sans doute mieux comme ça. De toute façon, personne ne pouvait être toujours à 100% d’accord avec Ethan étant donné son comportement plus que détestable, personne ne pouvait l’égaler à ce niveau. Ou bien une seule personne. Alexeï. Lui, il était aussi désagréable que son gendre, sans doute s’entendaient-ils à merveille.

Mon regard finit par se perdre au sol, mon esprit analysant le plus rapidement toutes les informations qui lui parvenaient en vrac. J’avais toujours un peu de mal à croire que c’était fini. Enfin. C’était enfin terminé. Bien sûr, je savais que tout n’était pas gagné et qu’il y aurait toujours d’autres personnes à convaincre de mon désir de rachat, et pourtant le seul pardon de Katarina me suffisait pour le moment. Je n’avais pas envie de forcer les choses, pas envie de jouer l’enfant de cœur en tapant à toutes les portes pour présenter mes excuses, je voulais juste être naturel, comme aujourd’hui. Laisser faire les choses, le Destin choisir, et voir si mon honnêteté pouvait changer la donne. De toute évidence c’était le cas, et cela m’apportait une certaine paix, un certain bien être. Un mince sourire se fit même une petite place sur mon visage lorsque Katarina proposa d’enterrer la hache de guerre. C’était vraiment, vraiment inespéré mais tellement apaisant… Une étrange sensation de calme se répandit dans mon corps entier, si bien que mon sourire ne pu être que plus large lorsqu’elle s’approcha finalement un peu plus de moi et posa sa main sur mon bras. Bien sûr que nous pourrions redevenir amis, en tout cas j’en serais très heureux. Je me promis intérieurement de faire mon possible pour que cette amitié puisse s’épanouir de nouveau tout en posant ma main sur la sienne, la serrant doucement. Mon sourire constituait je pense une réponse déjà bien suffisante, je décidai pourtant de l’expliciter en hochant simplement de la tête. Oui, j’étais d’accord pour reconstruire une amitié avec elle. J’étais prêt à faire les efforts nécessaires, et lui prouver définitivement que je n’avais pas changé, que j’étais toujours celui vers qui on pouvait se tourner en cas de besoin. Une seconde plus tard, j’avais déjà lâché sa main, ne voulant pas me montrer trop pressant même si j’avais tendance à être très tactile parfois, et à fortiori lorsque j’étais heureux. Ne pressons pas les choses, même si nous venions de franchir un pas énorme il demeurait toujours entre nous un fossé qui ne s’estompera qu’au fil du temps et de nos efforts pour nous retrouver en tant qu’amis. Je le savais, nous ne pouvions pas nous tomber dans les bras comme ça, même si nous ne nous en voulions plus et que nous étions prêts à passer à autre chose. En même temps, nous n’étions pas devenus amis en un jour non plus, autant laisser le temps à notre relation de mûrir tout comme nous le lui avions laissé autrefois.

C’est à ce moment qu’une pensée me traversa, mon sourire perdant soudainement de sa lumière pour devenir bien pâle. J’eus un petit froncement de sourcils.

« Je peux te poser une question ? Ne te fâche pas, ce n’est pas pour être agressif ou te blesser mais… Comment vont réagiront Ethan, Alexander et les autres s’ils savent que tu m’as pardonné ? Enfin… Je pense pas que ce soit franchement une bonne nouvelle pour eux, hm. »

Je toussotai nerveusement avant de me gratter le bras tout aussi nerveusement. Ils n’allaient certainement pas sauter de joie, c’était évident et compréhensible. Je me mettais à leur place, comment aurais-je réagis si Kay par exemple m’annonçait qu’elle voulait, comme ça, être amie avec Alexeï ou Ethan ? Je le prendrais mal, ne comprendrais pas… Sans doute n’allaient-ils pas davantage comprendre. Même si Katarina n’ était pas toujours du même avis que son mari, je ne savais pas si nous pourrions vraiment renouer une amitié un jour. Sans doute aura-t-il envie de m’étrangler dès l’instant où il saura que je suis resté aussi longtemps seul avec sa femme et que nous avions décidé d’entretenir de nouveau des rapports normaux. Du peu que je connaissais Ethan, je le savais excessif. Une réaction excessive ne m’étonnerait donc pas. Cependant, je n’avais pas envie de me rajouter des problèmes, pas envie de donner le bâton pour me faire battre. Je soupirai. Peut-être avais-je encore trop d’imagination, peut-être me faisais-je carrément des films. Peut-être qu’Ethan avait d’autres chats à fouetter et s’en foutait totalement de ma pomme. Ce ne serait pas plus mal, en y réfléchissant. J’eus de nouveau un petit soupir avant de me frotter le front et déclarer doucement :

« Et je ne vais pas te mentir, je déteste ton père. »

Ca fait bien comme phrase lors d’une tentative de réconciliations, hein ? En même temps j’avais de bonnes raisons, bien meilleures même que pour Ethan.

« Je suis désolé, mais il martyrise carrément ma sœur. Il la guette, la menace, on dirait que même ma présence ne le décourage pas, qu’il a juste… Juste envie de lui faire du mal. Ce n’est pas de ta faute non plus, mais je crois que me rapprocher de toi ne ferait que lui donner une raison de plus de faire du mal à ma propre famille. »

En clair : Laissons tomber. Ne soyons pas amis. Je ne voulais pas prendre le risque de voir Alexeï et Ethan encore plus furieux contre moi et mes proches parce que j’aurais approché d’un peu trop près leur trésor commun. Même si je désirais vraiment renouer avec Katarina, je ne tenais pas assez à elle pour la préférer à ma sœur, ce qui était bien normal. Chez nous, l’ambiance était déjà des plus inconfortables, tendue, j’étais toujours sur mes gardes. Surtout qu’il n’y avait pas que Diane, Kay et Lyz étaient également en danger avec le vieux russe, j’en avais la certitude. Un type assez mauvais pour s’allier à Armando et torturer de pauvres innocents l’était également assez pour faire du mal à une adolescente et une enfant. En dépit de tous mes efforts, je ne pouvais constamment le surveiller et lui fournir une aussi « bonne » raison de nous faire du mal ne m’apparaissait pas forcément très intelligent, surtout que je n’avais pas peur pour moi, mais pour elles. Personnellement Alexeï ne me faisait flipper que dans le sens où il pouvait s’en prendre aux personnes que j’aimais, mais allait-il s’en prendre à moi directement ? J’en doutais. Quand bien même ce soit l’un des plus grands pourris du monde, j’avais toujours une bonne vingtaine d’années de moins que lui et mon poing risquait de drôlement l’amocher si jamais il s’approchait de trop près. Sans hésiter, j’aurais pu être violent avec lui, car je savais qu’il n’avait aucun scrupule. Alors… Autant oublier. Oublier tout de suite même.

« On sait tout les deux ce qu’il en est, n’est ce pas ? Plus de tension, plus de rancœur, mais pas d’amitié non plus. C’est… C’est dingue de dire ça mais me rapprocher de toi est un risque pour moi, pour Diane, et pour Kaylhen et Lyzee. Ne te vexe pas mais, ton père est dangereux, vraiment dangereux. Si tu savais tout ce qu’il a fait, tout ce qu’il a dit… Je suis vraiment désolé, mais restons en là. C’est beaucoup mieux comme ça. »

J’eus un sourire plein d’excuses puis baissai lentement la tête. Peut-être qu’Alexeï s’en serait moqué également, peut-être qu’Ethan n’aurait même pas cherché à me faire ravaler mes dents. Mais dans le doute, je préférais largement ne leur fournir aucun motif supplémentaire de représailles.
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MessageSujet: Re: Is it too late to apologize ? { ARISTIDE }   Is it too late to apologize ? { ARISTIDE } Icon_minitimeMar 24 Mai - 17:13

Cela faisait longtemps que je n'avais pas fait un monologue pareil pour me confier. À quelqu'un d'autre qu'Ethan, j'entends. Avec lui je pouvais vraiment faire des monologues sur tout et rien, parce que je savais qu'il m'écouterait de la même façon, que je lui parle de mes cheveux ou d'un sujet beaucoup plus important. Encore que j'avais parfois du mal à lui dire tout ce que j'avais sur le cœur. Je ne savais pas pourquoi, il me connaissait mieux que personne. Mais parfois il était tellement excessif que j'avais un peu peur qu'il ne me comprenne pas totalement. Je ne lui avais absolument pas dit que j'aimerais retrouver des relations normales avec Aristide, Gabrielle... Le seul qui trouvait grâce à ses yeux c'était Riley, ce que j'avais tout de même du mal à comprendre étant donné le passif qu'ils avaient en commun. Mais il avait rayé les autres de sa vie, et il concevrait certainement mal que je veuille les réintégrer à la mienne. Je remarquais qu'il était de plus en plus manichéen, qu'il était de plus en plus compliqué de lui faire voir les choses telles qu'elles étaient réellement. Même moi j'avais du mal. Il avait beaucoup changé ces derniers temps, et je n'étais pas certaine que ce soit vraiment pour le mieux. Pour le moment je n'en avais rien dit, faisant comme si je n'avais rien remarqué. Joli mensonge, puisque je remarquais le moindre petit changement chez lui. Je le connaissais certainement mieux qu'il ne se connaissait lui même, en réalité. Je n'aimais pas le voir changer de cette façon. Mon amour pour lui n'en était pas amoindri, mais ce qu'il pourrait faire m'effrayait. Parce que justement, je ne savais absolument pas de quoi il était capable. Je l'avais déjà vu perdre les pédales, plus d'une fois. Et en plus d'être totalement terrifiant, il était impossible à arrêter. Même moi je ne pouvais rien faire. Je me souvenais très nettement avoir supplié Ethan d'arrêter, lorsqu'il avait décidément de massacrer Alan à coups de barre de fer. Il ne s'était arrêté que lorsqu'il n'y avait plus rien eu à fracasser. Et quand j'avais été légèrement éclaboussée. Il m'avait littéralement terrifiée à ce moment, même si c'était pour me sauver et me venger. Si j'étais bien loin de regretter ce qui était arrivé à Alan, je me serais volontiers contenté d'une balle entre les deux yeux. La violence n'était pas dans mes gênes, et elle ne le serait jamais. Je l'espérais.

J'eus une grimace. Comment le prendraient Ethan, Alexander et compagnie quand ils sauraient que je lui avais pardonné ? J'avoue que je ne m'étais pas réellement penchée sur la question. Parce qu'à mon sens, c'était ma décision, et ils devaient la respecter, quoiqu'ils puissent en penser. Je ne voulais pas non plus qu'ils pensent que c'était une trahison, ce n'en était pas une. C'était simplement que j'étais fatiguée d'agir comme un mouton alors qu'il ne m'avait rien fait. Libre à eux de le détester, mais ce n'était pas mon problème, et au final, cela ne l'avait jamais été. J'avais été idiote, je m'étais laissée aveuglée par les autres et leurs ressentiments. Je n'aurais même pas dû m'en mêler.

« Je ne sais pas. Et je crois que je m'en fiche. J'adore Alexander, je le considère comme mon frère, et Ethan... Eh bien c'est Ethan. Mais ce n'est pas parce que ce sont des membres de ma famille que je dois penser comme eux, je ne suis pas un robot. Je suis libre de penser et de faire ce que je veux. Leurs problèmes ne doivent pas devenir les miens. Peut-être qu'ils ne comprendront pas... Je ne leur demande pas de comprendre non plus, juste de respecter ma décision. »

Comme j'aurais dû respecter celle de Gabrielle et Aristide... Non, ce n'était même pas que je n'avais pas respecté cela. C'était juste que j'avais eu du mal à comprendre pourquoi Gabrielle avait fait de moi une étrangère du jour au lendemain. J'étais bien placée pour comprendre qu'un viol traumatise, certes, je n'attendais pas d'elle qu'elle vienne me dire tout de but en blanc. Je n'attendais même pas qu'elle me dise ce qu'elle avait vécu. J'aurais simplement voulu être là pour elle, ne serait-ce que pour la soutenir. Comme une amie doit le faire. Mais elle ne m'avait pas laissée faire. Et aujourd'hui, je doutais pouvoir retrouver le lien que nous avions. Quelque chose s'était brisé entre nous et je n'étais pas certaine de pouvoir recoller les morceaux. Ou alors, il me faudrait beaucoup de colle. Mais nous ne nous étions même pas vues depuis notre arrivée à Elizabethtown. Nous en étions à faire notre vie chacune de notre côté. Mon seul lien avec elle c'était Alexander et Emma, que je voyais assez régulièrement malgré tout. Alexander était devenu très protecteur avec moi depuis mon enlèvement et la rechute d'Ethan. C'était presque lui qui s'occupait de moi comme un père. Et l'autre se demandait pourquoi nous voulions appeler le bébé Sasha, une variante russe du prénom Alexander. Alexander McCord méritait l'honneur, Alexeï Kuryenko pouvait aller en enfer.

Oh, d'ailleurs, en parlant de lui... Je haussai les sourcils lorsqu'Aristide m'annonça qu'il détestait mon père. Pardon ? Mais d'où le connaissait-il ? … Ah oui, on avait eu la bonne idée de les mettre dans la même maison. Mais je n'avais jamais cru que cela pourrait poser problème. Ils ne se connaissaient pas, pas vraiment. Mon père devait tout de même être capable de se comporter comme un homme civilisé, capable de partager une maison. Et puis on lui avait fait une fleur, sa précieuse Inessa était avec lui... Qu'avait-il bien pu faire pour s'attirer la haine d'Aristide ? Je ne me souvenais pas d'un Aristide qui haïssait tout le monde sans raison. Oh, mais qu'est-ce qu'il avait encore fait... Je suis restée bouche grande ouverte à regarder Aristide. Je n'arrivais pas à en croire mes oreilles. Je n'arrivais pas à croire ce qu'il me disait. Le voilà, le vrai visage de mon père. Il était là, le véritable Alexeï Kuryenko. Le petit mafieux qui martyrisait une femme pour le plaisir. J'en avais le souffle coupé, et pour un peu j'aurais presque senti mes jambes céder sous mon poids. Je venais de tomber très haut, et mon père, déjà en chute libre dans mon estime venait de faire le grand plongeon. J'aurais bien aimé ne pas être au courant de cette facette de mon père. Celle qui faisait de lui le sosie d'Armando. Était-il capable de faire subir à Diane ce qu'Armando m'avait fait à moi ? J'espérais que non, sans quoi je ne répondait plus de rien. S'il voulait définitivement que je le raye de ma vie il était sur la bonne voie. C'était l'apothéose, le bouquet final. J'avais l'impression d'avoir été réveillée par une grande claque. Je pensais que je savais qui il était, je pensais avoir complètement ouvert les yeux, mais de toute évidence ce n'était qu'à moitié le cas. Mais comment pouvais-je être la fille d'un homme pareil ? Comment avais-je pu devenir ce que j'étais avec un père pareil ? À croire que depuis mon enfance, une petite voix m'avait poussée à m'éloigner de lui.

Mais le pire, c'était certainement qu'à cause de lui et du lien que j'avais avec lui, je ne pourrais pas redevenir amie avec Aristide, qui craignait que cela n'encourage mon père à maltraiter sa sœur. Je comprenais. Cela me faisait mal au cœur mais je comprenais. Sauf que ce n'était pas ma faute et que j'allais encore faire partie des dommages collatéraux. Cela devenait lassant et frustrant. Je n'étais plus « la russe », j'étais « la fille d'Alexeï ». Je préférais la première étiquette. Dans aucun des cas ce n'était ma faute, mais j'en souffrais néanmoins. On ne choisit ni ses parents, ni sa nationalité, et dans le premier cas c'était bien dommage. Payer les pots cassés commençait à m'épuisait. Mon père faisait ses petites affaires dans son coin sans se soucier des conséquences. Pas besoin, puisque ce n'était pas lui qui les subissait ! Mais moi j'étais là, à entendre que je ne pouvais pas récupérer un ami parce que mon père en avait décidé autrement. Il suffisait à mon père d'apprendre que je m'étais réconciliée avec Aristide pour décider de faire du mal aux gens qu'il aimait. Il l'avait déjà fait. N'aimant pas Ethan il s'était débrouillé pour manipuler Lilly et c'était elle qui avait subi les foudres d'Ethan tandis que mon père se pavanait. Et dire qu'il m'était arrivée de douter de son passé de mafieux. Plus aucun doute n'était possible aujourd'hui. J'en avais les larmes aux yeux.

« Je suis désolée... Je ne savais pas. Il me fait honte, si tu savais... Je comprends que tu préfères en rester là. Cela ne m'enchante pas, mais je comprends... J'ai l'habitude. »

Beaucoup de personnes n'osaient plus m'approcher, à cause de la réputation de mon père. Entre lui et Ethan, j'étais vernie. Qu'ils le veuillent ou non, ils avaient presque fait le vide autour de moi. Mais au moins Ethan ne martyrisait personne pour le plaisir. Le comportement de mon père n'était pas excusable, en aucun cas. Je ne comprenais pas comment il pouvait se comporter de cette façon, c'est minable... C'était son petit jeu préféré, hein détruire des vies ? Avec un soupir, je me suis laissée tomber lourdement sur ma chaise de bureau, toute pâle. J'aurais aimé pouvoir prendre la nouvelle calmement, mais c'était dur. En ce moment, j'étais incapable d'être forte psychologiquement. Parce que j'étais fatiguée, démoralisée et accessoirement enceinte de huit mois. Et je ne pouvais pas vraiment réagir autrement. Prenant un e profonde inspiration, je me suis empressée d'essuyer mes yeux avant qu'ils ne se mettent à dégouliner, me faisant passer pour une idiote. Une idiote qui pleurait pour rien. Cela m'arrivait souvent, enceinte ou pas enceinte.

« Mon père a fait de ma vie un enfer depuis qu'il est revenu. »

Soupir.

« C'est horrible à dire et à penser, mais je préférais le penser mort à Moscou. Au moins son image n'était pas ternie, et je n'aurais jamais su que ma vie entière n'était qu'un mensonge. »

Je n'étais pas certaine qu'Aristide veuille vraiment m'entendre me plaindre, alors que techniquement la victime c'était Diane. Mais je n'étais pas bien mieux lotie, mon père me martyrisait, d'une autre manière c'est tout. Je n'étais pas heureuse, au final. J'étais bien mieux sans lui. Tant de problèmes auraient pu être évités. Mais non, il avait fallu qu'il mette son grain de sel partout. Je m'attendais à ce qu'il fasse pareil à Elizabethtown. Il ne fallait pas rêver, il n'avait pas changé en si peu de temps. Non, il avait dû se sentir pousser des ailes. C'était insupportable ! Pour un peu, j'aurais demandé à Alexander de le mettre dehors. Il avait de la chance d'avoir Inessa derrière lui, sinon je n'aurais peut-être pas hésité à le faire. Il était prévenu, entre mon mari et mes amis, et lui, mon choix était fait. Je ne lui devais rien, je m'étais construite seule. Je n'avais jamais profité de ses finances, travaillant pour mes payer mes études dès ma majorité. Oui, il s'était occupé de moi durant mon enfance. Mais en me mentant, en me mettant en danger. J'avais été un fardeau pour lui, il ne s'était occupé de moi que par respect pour ma mère. Et encore quand on voyait Inessa, on se demandait jusqu'où pouvait bien aller ce fameux respect. Certainement pas bien loin.

« Je lui demanderais de laisser ta sœur tranquille, si tu veux. De temps en temps il m'écoute... Enfin, c'est surtout la peur de ne plus voir sa petite fille qui le fait m'écouter... Il se fiche bien de moi. Mais si cela peut éviter à ta sœur d'être trop martyrisée par mon abruti de père, je ferais l'effort. Et si cela ne le calme pas, eh bien... J'irais parler à Alexander. Peut-être qu'il te déteste, mais il n'a rien contre Diane et il ne peut pas voir mon père en peinture. »

J'eus un petit rire moqueur.

« Encore que je ne puisse pas dire que quelqu'un ici l'apprécie. »

En y repensant, il ne s'était pas fait un seul ami ici. Riley et Ethan auraient presque pu le remercier, il avait endossé leur rôle du vilain petit canard. Toute la haine des gens était pour lui. Il était tellement indéfendable que c'était presque normal que ce soit le cas. Si il n'avait pas été mon père, il aurait été mis à la porte depuis un bon moment. Son comportement était absolument terrible. Et cela n'allait pas en s'arrangeant... Oh, assez pensé à lui ! Il me pourrissait déjà la vie, il n'allait pas pourrir mes pensées en plus. Je pris une profonde inspiration, puis repris une contenance avec de me lever. J'attrapai un sac en papier sur une étagère, et mis dedans tout de dont Aristide aurait besoin pour soigner son bras. Puisqu'il valait mieux en rester là, autant laisser sa sœur s'occuper de lui. Ce serait mieux comme ça... Je doutais de pouvoir faire grand chose pour Diane, même si je me promettais de faire de mon mieux pour calmer mon père. Cela pouvait se régler simplement, entre nous, je ne le dirais même pas à Ethan. À condition qu'il soit raisonnable, bien évidemment. Je ne comptais pas trop là dessus, malheureusement. Et quelque part je me disais que cela lui ferait le plus grand bien de se retrouver confronté à un peu d'autorité.

Alors que je me retournai vers Aristide pour lui donner le paquet, la porte s'ouvrit après un bref coup tapé. Je penchai légèrement la tête pour voir qui entrait. J'eus une petite grimace en voyant la tête rousse d'Elizabeth. Comme à son habitude, elle souriait. Parfois, je me me demandais si elle ne s'était pas froissé un muscle ou deux, tellement c'était inhumain de sourire tout le temps. J'allais ouvrir la bouche, mais comme à chaque fois, elle me prit de vitesse.

« Coucou super maman ! … Oh tiens, salut Ari ! Je te ramène Lena, parce que je crois qu'elle en a marre d'être avec moi. Je la comprends, je suis trop... trop moi ! J'ai voulu la donner à Ethan, mais bon, comme tu n'es pas censée être là, je me suis dit qu'il valait mieux la donner à sa maman ! »

Pitié, Elizabeth, respire ! Mais là, elle était lancée, c'était fichu. J'ai déposé le sac sur le bureau alors qu'elle me tendait Lena, qui ne savait plus trop où elle était, visiblement. Je l'ai réceptionnée un peu lourdement, avec un soupir. Pendant ce temps, Elizabeth repartit aussi vite qu'elle était arrivée, après un au revoir aussi épuisant que le bonjour. Lena me regardait d'un drôle d'air, ses bouclettes brunes en pétard. Hum, oui, un après midi avec tata Liz, ce devait être éprouvant. Avec un soupir, elle s'est laissée tomber contre moi, toute molle. J'ai passé une main dans ses cheveux, avant de la déposer par terre. C'est qu'elle commençait à être un peu lourde, la demoiselle.

« Toi, tu vas bien dormir ce soir... »

Je ne réalisais même pas qu'Aristide n'avait jamais vu Lena, du moins pas de près. Assise par terre, Lena se frottait les yeux, et regardait tout autour d'elle. Elle n'était encore jamais venu à l'infirmerie, je ne trouvais pas l'endroit approprié pour elle. Mais bon, là elle n'avait pas l'air traumatisée d'être ici. Sans vraiment faire attention à elle, je repris mes petites affaires, écrivant sur un bout de papier le traitement d'Aristide. Je mis le papier dans le sachet, avant de me saisir de ce dernier. Je me tournai de nouveau vers Aristide, et oh, surprise. Plus rapide que la lumière, Lena s'était dirigée vers Aristide à quatre pattes, s'est accrochée à son pantalon, et s'est redressée, bien campée sur ses petites jambes. Et elle avait levé la tête vers lui, le fixant de ses grands yeux bleus. Une nouvelle tête, c'était toujours intéressant à découvrir, et Lena était toujours curieuse.

« Na na na. »

Je haussai un sourcil. En langage bébé, je suppose que cela voulait dire « bonjour ». Et alors que j'aurais probablement dû l'arracher vite fait bien fait de la jambe d'Aristide, je suis restée à la regarder, mon paquet à la main, avec un air étonné et un sourire stupide accroché aux lèvres. Cette capacité à aimer tout le monde qu'avait Lena m'étonnerait toujours.


Dernière édition par Katarina K. Jones le Sam 28 Mai - 21:56, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Is it too late to apologize ? { ARISTIDE }   Is it too late to apologize ? { ARISTIDE } Icon_minitimeSam 28 Mai - 15:26

J’eus un léger haussement de sourcils. Elle se fichait de l’avis d’Ethan et d’Alexander ? C’était assez surprenant, quand bien même elle ne soit pas forcée d’être toujours de leur avis. Néanmoins, elle avait raison, nous n’étions pas forcé d’être toujours d’accord avec les membres de notre famille, moi-même n’étais pas toujours de l’avis de Diane, ne fonctionnant de toute façon pas avec les mêmes principes. Nous étions différents, avions des manières de voir et envisager le monde différentes et cela était normale, sans doute en était-il de même pour Katarina même si jusqu’à peu j’aurais juré le contraire. Comme quoi, on peut vraiment aller très loin en se basant uniquement sur des ressentiments et des préjugés. Il était également vrai que ce qui nous opposait avec Alexander ne concernait en rien Katarina, de même que cela ne concernait pas Ethan mais de toute évidence ce dernier s’en contre fichait alors, tant pis pour lui. Je n’avais pas envie de continuer à le blâmer des heures durant ni même de lui chercher des excuses, s’il me détestait je le détestais tout autant et après tout m’en foutais. Tant qu’il ne venait pas me chercher des noises pour avoir tenté de me rapprocher de sa femme, tout irait bien. Cependant, restait le problème du vieux russe qui lui me paraissait bien plus important en sachant qu’il s’attaquait directement à ce que je possédais de plus cher. Je remarquai le haussement de sourcils de Kat lorsque j’en vins à mentionner Alexeï, sans doute ne s’attendait-elle pas à cela, et puis ce ne devait pas être franchement facile à entendre. Après tout, si son père était infect avec nous, sans doute ne l’était-il pas avec sa propre fille, aussi apprendre qu’il puisse être aussi cruel et insensible devait être compliqué. Je n’avais néanmoins pas l’intention d’atténuer les faits : Alexeï était une pourriture et ma haine à son égard ne faiblissait pas, que ce soit le père de Katarina ou non n’y changeait absolument rien, je ne lui trouvais pas une seule qualité pour rattraper le reste. Surtout que lui-même ne fournissait absolument aucun effort pour se faire mieux accepter, bien au contraire. De toute façon je n’aurais pas pu passer l’éponge sur les maltraitances infligées à ma sœur, mais j’aurais éventuellement pu essayer de tolérer sa présence sans en prendre des crises d’urticaire. Malheureusement cela semblait impossible, la nature profonde des gens ne change jamais vraiment, et la sienne ne deviendrait sans doute jamais moins amère.

J’eus un sourire triste lorsque Katarina s’excusa, de toute évidence mes révélations la peinaient beaucoup et très sincèrement j’en étais désolé. Je ne voulais pas lui faire de mal ou l’accabler pour le comportement de son père, sachant qu’elle n’y était absolument pour rien. Je pouvais comprendre qu’elle en ai honte, très sincèrement j’aurais moi-même eu honte de mes parents s’il s’était avéré qu’ils soient aussi cruels et fourbes, ce n’était pas dans la nature des parents. Dans ma vision de l’éducation le père et la mère sont là pour accompagner l’enfant, l’aimer et l’aider tout au long de sa vie, c’était d’ailleurs ce que j’avais personnellement vécu. Même si le père de Diane m’avait totalement rejeté, les miens n’avaient été que douceur et tendresse, que petites attentions et gentillesse à mon égard, et ce que depuis ma naissance jusqu’à la guerre. Du moins pour ma mère, mon père étant mort à mes seize ans. Toujours est-il que la souffrance de Kat, je pouvais la comprendre, même sans la ressentir je la comprenais. Je dû cependant faire une drôle de tête lorsqu’elle lâcha qu’elle avait l’habitude de voir les gens s’éloigner d’elle à cause d’Alexeï. Je ne comprenais pas, est-ce qu’il avait fait du mal à d’autres personnes que Diane ? Est-ce qu’il reproduisait ce comportement avec tout le monde, de manière systématique, si bien qu’à la fin plus personne ne voudrait l’approcher ou approcher sa famille ? Je n’en savais absolument rien. Avant ElizabethTown, je passais mon temps à fuir la Communauté et ce qu’il s’y passait, aussi ne savais-je rien d’Alexeï là-bas. J’hésitai à poser la question lorsque je vis Katarina s’essuyer les yeux, me ravisant automatiquement. Mieux valait-il ne pas en rajouter une couche en la forçant à me parler de son père, surtout que je n’avais moi-même pas besoin de raisons supplémentaires pour le haïr. Et dire que la haine ne faisait pas partie des sentiments que je ressentais avec facilité… Il fallait vraiment me faire beaucoup de mal ou en faire aux personnes qui m’étaient chères pour que je devienne aussi agressif et violent. J’eus un léger soupir. Le problème était qu’Alexeï avait justement fait beaucoup de mal autour de lui et surtout autour de moi, risquant de recommencer à la première occasion. Ce type était un nuisible, un peu comme moi, sauf que je ne martyrisais personne seulement pour contempler la faiblesse humaine. Surtout qu’il ne s’en prenait qu’à plus faible que lui. Diane avait beau posséder une force de caractère incroyable, cette dernière avait été salement amochée durant la guerre, surtout qu’il savait très bien quelles cordes tirer pour voir ma sœur fondre en larmes. Il en avait fait une marionnette. Son jouet.

Lorsque Katarina m’annonça que son père avait fait de sa vie un calvaire depuis son retour, je ne pu m’empêcher de grimacer et m’avancer d’un pas, sans réellement savoir pourquoi. J’aurais voulu pouvoir la prendre dans mes bras et tenter de la réconforter, mais cela se révélait impossible. D’une part il ne s’agissait pas de la meilleure chose à faire si je voulais éviter de renouer des liens d’amitié avec elle, d’autre part je ne pourrais de toute façon en rien apaiser sa peine. J’étais totalement impuissant face à la cruauté d’Alexeï, et apprendre qu’il l’appliquait également à sa fille ne faisait que me rendre aussi compatissant à l’égard de Katarina qu’acide à l’égard de son père. Je ne pouvais pas envisager qu’une personne si proche puisse consciemment et avec plaisir vous faire du mal, cela allait à l’encontre de tous mes principes, toutes mes idées. Même si je n’avais pas d’enfant je savais du plus profond de moi-même que jamais, jamais, je ne désirerais faire souffrir ma fille ou mon fils, bien au contraire. Tous mes actes, toutes mes pensées n’auraient pour but que de le rendre et le voir heureux ou heureuse, comment pouvait-il en être autrement ? Malgré la dureté de ses mots, je comprenais Katarina. A sa place, j’aurais sûrement moi aussi préféré savoir mes parents morts que d’apprendre qu’ils n’étaient que des mafieux véreux et sadiques. Oui, mieux valait-il préserver un souvenir heureux quitte à être mensonger que se retrouver avec la vérité sur les bras, ce devait être plus facile à vivre. Bien sûr, je ne pouvais qu’imaginer sans réellement connaître la douleur qu’elle connaissait, aussi me retins-je une nouvelle fois de tout commentaire. Je ne pouvais pas lui dire que je compatissais ou partageais sa peine, cela aurait été déplacé. Je ne savais pas ce qu’elle vivait réellement, comment cela se passait, jour après jour. Comment elle pouvait supporter de voir des traits communs à son horrible père chaque jour dans le miroir ou entendre le même accent que lui à chaque fois qu’elle ouvrait la bouche. Avoir la certitude que le même sang coulait dans leurs vaines et que ce sang, justement, en avait fait couler bien d’autres. Je ne savais pas, et ne voulais pas savoir. Egoïstement je préférais de loin me tenir éloigner de ces pensées puisque pour moi, la famille avait une valeur absolument sacrée et pour rien au monde je n’irais l’entacher. Lorsque je me regardais je voyais mon père, son portait craché même, et j’aimais ce reflet. J’aimais le bleu de ses yeux, la blancheur de sa peau, et ses cheveux bruns en bataille. J’aimais mon père et par là aimais ce qu’il m’avait offert, transmis, et j’avais la chance de reconnaître davantage notre mère que son père en Diane. Elle avait toutes ses qualités, et bien plus encore, alors non, je ne voulais même pas envisager connaître le contraire car cela aurait été bien trop dur et difficile à supporter.

Même si je ne dis pas un mot, je savais que Katarina ne pourrait rien contre son père. Elle aurait beau lui demander de laisser Diane tranquille que cela n’y changerait rien, j’en étais absolument certain. Surtout qu’apparemment, même elle, il ne l’écoutait pas vraiment… J’eus un bref hochement de tête malgré tout, plus pour ne pas la contredire que par consentement, je dois bien l’avouer. Néanmoins, mon visage se figea totalement lorsqu’elle proposa d’aller voir Alexander si ça ne se calmait pas. Non, c’était une mauvaise idée. Bien sûr qu’il ne reprochait sans doute rien à Diane puisqu’elle était un véritable amour mais je n’aimais pas l’idée de demander de l’aide à Alexander. Fierté mal placée sans doute, toujours est-il que je ne voulais pas lui devoir quoi que ce soit. Ce problème, j’étais capable de le régler tout seul et Alexeï allait finir par lâcher prise, de grès ou de force. Pas besoin d’impliquer Alexander là-dedans, ce n’était pas son problème mais le mien. Même si Katarina affirmait que personne n’appréciait son père, j’avais le pressentiment que personne ne le détestait plus fort que moi. Cependant, je ne savais pas ce qu’il avait fait, s’il s’en était déjà pris à d’autres personnes, je ne savais rien. La seule certitude que je possédais était qu’Alexander n’avait pas à s’en mêler, qu’il s’agissait de ma sœur et non pas de la sienne. Je ne voulais pas lui être redevable de quoi que ce soit, et s’il fallait remercier quelqu’un pour la sécurité et l’apaisement de Diane, ce serait moi et personne d’autre. Voilà tout. Fin de la discussion. Peut-être que Katarina comprit mon soudain malaise puisqu’elle ne poursuivit pas, se levant soudain pour attraper un petit sac en papier et y glisser tout un tas de choses auxquelles je ne fis pas vraiment attention. Je présumais qu’il s’agissait de ce dont j’aurais besoin pour mon bras, peut-être allait elle me donner les indications nécessaires pour pouvoir me débrouiller seul et réparer tout ça. En toute honnêteté je déplorais d’avance devoir demander de l’aide à Diane, sachant pertinemment qu’elle me tuerait dès l’instant où elle apprendrait que je ne lui avais pas parlé de mes douleurs plus tôt. Néanmoins, à présent que mon bras était au repos, je sentais la souffrance diminuer au fil des minutes. Sans doute quelques jours sans bouger ni fournir d’efforts trop importants suffiraient à me requinquer, quand bien même je haïsse l’idée de laisser la bibliothèque à Sam et Kay. Non pas que je ne leur fasse pas confiance, je ne voulais seulement pas les laisser se débrouiller seuls avec tout ce travail, à fortiori en sachant que c’était moi qui les avais embarqué là dedans. Il vaudrait mieux que tout le monde se repose à la rigueur, de cette manière eux aussi pourraient profiter de quelques jours de tranquillité, ce qui ne nous ferait vraiment pas de mal. C’était un véritable chantier, il y avait tant à faire… S’aérer l’esprit en passant davantage de temps chez eux serait sans doute d’un bienfait considérable.

J’étais plongé dans ces pensées lorsque quelqu’un frappa finalement à la porte de l’infirmerie, avant d’entrer. Il ne me fallut pas plus d’une seconde pour reconnaître Elizabeth, qui souriait comme à son habitude de toutes ses dents. Elle salua premièrement Katarina avant de m’apercevoir et m’adresser un petit salut auquel je répondis par un franc sourire. Même si je ne la connaissais que très peu, j’appréciais beaucoup Lizzie, simplement car elle représentait une véritable bouffée d’air frais. Elle était pétillante, surprenante, et ne parvenait même pas à me fatiguer car au fond, je pouvais être le même grand gamin qu’elle. Je supposais qu’avec le temps, nous finirions par très bien nous entendre, du moins si tout se passait bien. Cependant, ce ne fut pas elle qui retint mon attention cette fois-là, et ce bien malgré la tirade pleine de rebondissements qu’elle nous déclama en vingt secondes montre en main. Non, ce ne fut pas sur elle que mon regard se bloqua soudainement, mais sur la petite tête brune qu’elle tenait tout contre elle, une petite tête brune que je voyais réellement pour la toute première fois. Un peu malgré moi je m’approchais du bureau tandis que Katarina la serrait contre elle, Elizabeth repartant déjà. J’adorais les enfants, et je dois bien avouer que je n’avais plus vu de bébé de cet âge là depuis bien longtemps. Depuis la guerre, en réalité. Alors, oui, j’étais carrément fasciné. Un large sourire prit place sur mon visage lorsque Kat déposa la petite au sol, passant une main dans ses boucles brunes. Elle était tellement mignonne… Cette beauté propre à l’enfance ne fit que se décupler à mes yeux lorsque Lena se frotta les yeux avec ses petits poings, puis observa le milieu dans lequel elle se trouvait. Dire que je lui avais parlé alors qu’elle n’était même pas née, que j’avais touché le ventre de Katarina, qu’en réalité j’avais fait sa connaissance uniquement avant sa naissance mais que depuis, je ne l’avais jamais vu. C’était à la fois très perturbant et magnifique, car elle était exactement comme je me l’étais imaginée. Petite ( ce qui est assez normal me direz-vous ), brune, et une paire d’yeux bleus incroyables. Même si ce bleu ressemblait fortement à celui des yeux d’Ethan, je préférais me concentrer uniquement sur elle, sur sa beauté et sur le fait qu’elle était adorable. Le reste ne la concernait pas et je n’allais pas soudainement devenir irascible uniquement parce que Lena ressemblait à son père, c’aurait été totalement absurde. Et puis, tout à coup, la petite se mit à quatre pattes et avança rapidement vers moi, comme si elle me reconnaissait alors que bien évidement cela était impossible. Je fus tellement stupéfait de la voir se déplacer avec tant d’aisance et de rapidité pour son âge que je ne songeais même pas à prévenir Katarina, absorbé que dans ma contemplation de cette petite bouille d’ange.

Finalement, la petite bouille arriva à ma hauteur, ses petits doigts s’accrochèrent à mon jeans et elle se redressa, poussant déjà sur ses petites jambes. Je ne pu m’empêcher de retenir un éclat de rire plein de joie en voyant l’audace dont elle faisait déjà preuve, et lorsqu’elle releva son petit visage vers moi, mon sourire demeura tout aussi large. J’avais sans doute l’air stupide à sourire comme un illuminé pour si peu mais j’aimais vraiment les enfants, leurs petites mimiques, leur parfum de sucre d’orge, leurs rires amusés pour un rien. Je trouvais ça extraordinaire. Elle me fixa un moment avant de prononcer quelques syllabes. Je souriais tellement que je commençais à en avoir mal à la mâchoire, et pourtant ne m’arrêtais pas. Non seulement je la voyais pour la première fois, mais en plus je venais d’entendre pour la première fois aussi sa petite voix que je trouvais absolument adorable. En réalité, tout chez elle était adorable et je ne pu m’empêcher de m’accroupir pour être à peu près à sa hauteur et mieux l’observer. Après un bref regard vers Katarina, je me permis de prendre Lena dans mes bras et me redresser, la tenant tout contre mon torse. Dans un réflexe dû à l’habitude je la coinçai d’abord contre moi bras droit avant de me souvenir de la douleur qui revint à une vitesse fulgurante, puis en changeai. Je constatai avec un nouveau sourire que Lena avait de belles joues toutes rondes en dépit des privations, et qu’elle était déjà relativement lourde. Au moins semblait-elle en bonne santé, ce qui était le principal. Nous nous regardâmes de nouveau durant quelques instants, son regard étant étrangement fixe et concentré en dépit de son jeune âge, comme si elle cherchait à reconnaître les traits de mon visage sans parvenir à un quelconque résultat. Eh non ma puce, tu ne me connais pas. Elle posa finalement ses minuscules doigts sur mon visage et appuya doucement sur mon nez. Je ne pu m’empêcher de rire de nouveau lorsque soudain, elle s’arrêta, me regarda de nouveau, et me lança une nouvelle réplique pleine de « na », de « ba », et de « la ». Un genre de « Na na la ba na ? » qui devait, je le suppose, signifier : « Qui t’es, toi ? » Je répondis en grec :

« Bonjour petite déesse. »

C’était de cette manière que je la saluais alors qu’elle n’était même pas encore née.

« Tu te souviens ? C’est Ari. »

Elle me regarda de ses grands yeux bleus un instant avant de me sourire. Je fondis littéralement sur place puis la berçais doucement dans mes bras tout en la dévorant toujours du regard. Je ne songeais à vrai dire même plus à Ethan qui m’aurait étripé s’il m’avait vu, ou à Alexeï, je ne songeais à rien d’autre que cette petite bouille d’ange qui me souriait toujours. J’avais toujours été plutôt doué avec les enfants, m’y prenant généralement bien, et il fallait croire que je n’avais pas perdu la main puisque finalement Lena bâilla puis posa sa petite tête tout contre mon torse, ayant cependant toujours les yeux ouverts. De toute évidence l’après midi avec Elizabeth n’avait pas été de tout repos. Je relevai les yeux vers Katarina tout en souriant avec tendresse. J’étais déjà dingue de ce petit bout de choux.

« Elle est adorable. »

Doucement, je glissai une main dans ses petites boucles brunes et caressai avec tendresse ses cheveux tout en la berçant, m’approchant de Kat. Je déclarai plus bas.

« J’avais décidemment raison lorsque je disais qu’elle était un véritable cadeau des dieux… »

Et pour ce que j’avais dis ensuite, eh bien, je préférais ne plus y penser. Je savais que j’avais eu tort, je m’étais laissé emporté par la colère alors que je n’aurais pas dû. J’eus un petit soupir avant de m’asseoir finalement contre le bord du bureau, tenant toujours Lena dans mes bras. Elle ne semblait pas mal à l’aise contre moi et puis, si Katarina n’avait pas voulu que je la prenne, elle me l’aurait sans doute déjà enlevée, non ? En tout cas, elle ne semblait pas fâchée de mon attitude, ou bien ne le montrait simplement pas, et je dois bien avouer que j’avais un peu peur de paraître trop familier, surtout en sachant que je venais de refuser de renouer une amitié avec elle. Cependant, mon refus ne signifiait rien d’autre qu’une peur par rapport à la réaction d’Alexeï, n’était pas dû à mon manque d’envie de la retrouver ou une quelconque rancœur que j’entretiendrais toujours à son égard. Non, la seule chose qui s’opposait à ce que nous soyons de nouveau proches n’était que son père, et cela me chagrinait. C’est terrible de voir à quel point certaines personnes peuvent vous gâcher la vie simplement parce qu’elles sont cruelles et incontrôlables. Cette fois mon sourire avait disparu, je continuais de caresser les cheveux de Lena tout en me demandant ce que je pouvais bien faire pour calmer Alexeï lorsque mon regard se porta finalement sur le ventre de Katarina. Encore un enfant que je ne connaîtrais certainement jamais à cause des tensions qui existaient entre moi et les membres de sa famille. Bien sûr, on pourrait se demander ce que ça pouvait bien me faire, après tout j’aurais sans doute dû ne pas m’en préoccuper mais à présent que tout était à plat avec Katarina, je trouvais dommage de n’être toujours qu’un étranger pour eux. J’aurais voulu pouvoir être un peu plus proche de Lena, et de Katarina ainsi que du futur bébé simplement pour prendre un peu soin d’eux, comme le ferait n’importe quel ami, mais je ne le pouvais pas. Et tout ça à cause de quoi ? Ce n’était même pas de ma faute au final. Cela n’avait rien à voir avec ma relation avec Gabrielle, Alexeï était juste dingue et insupportable. Il agissait gratuitement, sans raison aucune. Diane ne lui avait rien fait, et moi non plus, cela ne l’empêchait cependant pas de nous faire vivre l’enfer chaque jour. Et je trouvais ça profondément injuste. Quant à Ethan, et bien il aurait sans doute respecter le choix de sa femme, comme elle me l’avait elle-même dit. Sans doute savoir que nous étions de nouveau en bons termes ne l’aurait pas enchanter mais au moins, il n’aurait pas été jusqu’à terroriser ma sœur juste pour ça. J’eus un nouveau soupir tout en caressant du bout des doigts la joue de Lena.

« Si jamais ton père s’approche une nouvelle fois de Diane, Kaylhen ou Lyzee je te promets que ça finira mal pour lui mais… »

Je fronçai les sourcils, secouant doucement la tête avant de regarder Katarina droit dans les yeux.

« Nous ne lui avons jamais fait de tort et très sincèrement, j’ai du mal à accepter l’idée de devoir me priver d’une relation normale avec toi juste parce qu’il se pourrait bien qu’il tente de se venger. J’en ai marre de dépendre toujours des réactions des autres, de devoir faire attention à tout ce que je fais parce qu’on risquerait de me tomber dessus sinon. Je pouvais encore comprendre lorsqu’il s’agissait de ma relation avec Gabrielle mais là… Qu’est ce que j’ai bien pu lui faire pour qu’il m’en fasse autant baver, hein ? Non, ça suffit. Si ton père n’est pas content, il n’a qu’à aller se faire voir. Ma vie n’a pas à dépendre de lui et s’il ne l’a pas encore compris, je ferai en sorte de bien lui faire saisir le message. »

De nouveau je baissai les yeux vers Lena et un faible sourire se dessina sur mon visage. Ma voix fut beaucoup plus douce.

« Hein ma puce ? On va pas se laisser faire, et on va pas se priver pour Grand-père. Non non non. »

Sur quoi je me redressai et la déposai de nouveau au sol. J’eus un petit sourire d’excuses envers Katarina puis me frottai doucement le bras droit. A force, tenir Lena me faisait mal.

« J’en connais une qui mange bien à la cantine… »

Sur quoi je ris de nouveau avec légèreté. Je n’avais pas envie de penser trop longtemps au vieux russe de malheur. S’il voulait vraiment des ennuis, il allait les trouver avec moi. Mais pour le moment je préférais me concentrer sur le moment de simplicité que je vivais en compagnie de Katarina et Lena.
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MessageSujet: Re: Is it too late to apologize ? { ARISTIDE }   Is it too late to apologize ? { ARISTIDE } Icon_minitimeDim 29 Mai - 14:25

Lena représentait à elle seule toutes les choses pour lesquelles nous devions nous battre. C'était pour elle et pour les autres enfants, nés et à naitre, que nous devions nous battre et reconstruire un semblant de monde vivable. Je ne voyais pas Lena endurer les mêmes privations que nous. Je voulais qu'elle ne manque de rien. Quand je la voyais ainsi, si heureuse, je ne m'imaginais pas qu'elle puisse un jour souffrir de quoi que ce soit. Il y avait déjà beaucoup de choses qu'elle n'aurait pas. Par exemple, je doutais qu'elle puisse voyager un jour. Déménager d'une ville à l'autre avait déjà été une véritable expédition pour nous, alors un voyage... Cela lui manquerait certainement. Les livres de photos ne lui feraient pas le même effet que la réalité. Un livre de photos de la Russie me laissait froide, quand bien même les paysages étaient magnifiques. Mais les photos ne transportaient pas l'âme de la Russie. J'adorais regarder et lire ces livres, mais il me manquait toujours quelque chose. Oh, j'étais résignée. Cela ne m'empêchait pas d'être nostalgique. Je n'étais pas nécessairement triste lorsque je pensais à chez moi. J'étais fière de mes origines, quand bien même il m'était arrivé de les considérer comme un fardeau, à cause de la guerre opposant les USA et la Russie. Cela m'avait profondément blessée d'être considérée comme une malpropre, alors que je n'avais rien fait personnellement. Au moins Aristide n'avait-il pas eu à souffrir de cette discrimination idiote, j'en étais contente pour lui. J'avais été la seule à être dévisagée, et quelque part heureusement. Et heureusement que les gens n'étaient pas tous stupides au point de ne voir en moi qu'une nationalité. Ces derniers temps cela avait tendance à ressortir, et cela seulement à cause de mon père. Mon père, qui représentait le parfait cliché du mafieux russe. Elle était bien belle, l'image qu'il donnait de son pays adoré ! Il faisait passer les russes pour des barbares, avec son comportement de sauvage. On a beau dire qu'il ne faut pas mettre tout le monde dans le même panier, quand on a un seul exemple sous la main, difficile de ne pas généraliser. Je n'allais pas non plus me donner en spectacle pour rattraper les bourdes de mon père. Je l'avais déjà fait et je n'avais pas l'intention de recommencer. Qu'il se débrouille, j'avais autre chose à faire que faire le ménage derrière lui. Ce n'était pas mon travail, cela ne l'avait jamais été, et cela ne le serait jamais.

Je chassai bien vite mon père de mes pensées. Parce que Lena valait le coup que l'on soit totalement hypnotisé et obnubilé par elle, mon père non. Je ne cherchai absolument pas à la retenir lorsqu'elle se précipita vers Aristide à quatre pattes. De toute façon, je crois que je n'en aurais pas eu le temps. Elle était drôlement vive, elle filait toujours plus vite que l'éclair. Le temps que je me baisse pour la rattraper, elle serait déjà loin. Et puis je savais par expérience que cela la frustrerait que je l'empêche d'aller voir Aristide. D'ailleurs, je n'avais nullement envie de l'en empêcher. Ce n'était certainement pas parce qu'il s'agissait d'Aristide que j'allais empêcher Lena d'aller faire sa connaissance. Puis je me souvenais qu'il aimait beaucoup les enfants. Il l'avait prouvé. Avant que nous nous disputions, il avait montré un grand intérêt pour Lena, avant même qu'elle ne soit venue au monde. Lena était très sociable, elle voulait connaître tout le monde. Elle n'était pas farouche, au plus grand désespoir de son père, qui aurait bien aimé qu'elle cesse d'aimer tout le monde. Moi, cela me faisait rire. Dès qu'il y avait une nouvelle tête à découvrir, elle se précipitait vers cette dernière, toute curieuse qu'elle était. Et maintenant qu'elle commençait à se tenir debout, elle était encore plus aventurière. Elle marcherait sans doute tôt, et là, les vrais problèmes commenceraient ! Je m'amusais de la voir s'accrocher au pantalon d'Aristide pour s'aider à se relever. Cela me fit chaud au cœur de l'entendre rire de l'audace de ma fille. J'admets que j'avais craint qu'il ne parte en courant. Après tout, Lena était aussi la fille d'Ethan, et il eut été plus que logique qu'il ne veuille pas la toucher. Mais c'était sans compter sur la petite bouille adorable de Lena, qui aurait fait craquer n'importe qui.

Pas de doute, si Ethan avait trouvé Aristide avec sa fille, il aurait hurlé. Et le pire, c'est que cela n'aurait au aucun rapport avec ses sentiments à l'égard d'Aristide. C'était simplement qu'il ne supportait pas que l'on s'approche de sa fille. Ce que je trouvais de plus en plus insupportable. Lena était fragile, oui, mais elle n'était ni en cristal, ni en sucre. Il fallait qu'elle découvre le monde par elle même. Il fallait qu'il comprenne que Lena ne risquait rien avec les trois quart des gens qui étaient autour d'elle. Personne dans la Communauté ne lui ferait jamais de mal. Je n'étais pas folle, ce n'était pas comme si j'allais la mettre dans les bras de n'importe qui. Je n'étais pas une mère totalement irresponsable. Au contraire, je tenais à elle comme à la prunelle de mes yeux, et en conséquence je faisais très attention à sa sécurité et à sa santé. Mais je n'étais pas excessive non plus. Il fallait qu'elle se forge sa propre expérience de la vie, et elle n'y arriverait jamais si il y avait toujours quelqu'un derrière elle à l'empêcher de tomber ou de se faire mal. Je ne disais pas qu'il fallait absolument la laisser faire n'importe quoi. Juste qu'il ne fallait l'enfermer dans une bulle. Je n'avais pas peur de la laisser se salir ou jouer dehors. C'était de son âge. Et il y avait souvent d'autres enfants avec elle. Elle était choyée par tous ! Comme elle était la plus petite de tous, on faisait très attention à elle, et beaucoup de petites filles voulaient jouer à la poupée avec elle. Et puis qu'elle soit un peu folle et excentrique, je savais qu'Elizabeth la surveillait très attentivement, qu'elle ne la laissait pas faire n'importe quoi, et plus important encore, qu'elle ne laissait pas les autres faire n'importe quoi avec elle. Les enfants ne comprenaient pas forcément que Lena était plus petite et plus fragile qu'eux. Ils pouvaient lui faire mal, même si cela ne partait pas d'une mauvaise intention.

Lena n'eut même pas dans l'idée de protester lorsqu'Aristide la prit dans ses bras, trop contente d'être le centre de toutes les attentions. Pas farouche pour un sou, elle semblait au contraire très curieuse et très intéressée par Aristide. Elle ne connaissait pas beaucoup d'hommes, mis à part son père et son grand-père. Il faut dire que les hommes ont souvent moins envie de pouponner que les femmes. Et beaucoup, bien que la trouvant absolument adorable, ne voulait pas l'approcher de trop près, de peur de faire une bêtise. Aristide semblait plutôt doué avec les enfants, à première vue. Lena le fixait avec ses grands yeux bleus, étudiant les traits de ce nouveau visage. Elle décida même de poser ses mains dessus, histoire de s'en donner une meilleure idée. Comme tous les bébés, elle se servait principalement de ses petits doigts pour découvrir le monde. Puis elle se remit à babiller, m'arrachant un sourire. Parfois, j'avais l'impression d'entendre un mot. Mais je me ravisais, elle était encore bien trop petite pour parler, même si elle avait toujours l'air très sérieuse lorsqu'elle babillait. Elle était si adorable qu'Aristide semblait en avoir oublié ce qu'il venait de dire à l'instant, à savoir que nous ferions mieux de ne pas nous rapprocher davantage. Il semblait complètement fasciné par Lena, ce qui n'était pas étonnant. Il la découvrait à peine, alors qu'elle avait plus de neuf mois. Il était passé de mon ventre rond à un bébé qui n'avait plus rien d'un nouveau né. Cela devait lui faire un drôle d'effet. J'eus un sourire quand il lui parla en grec. Je ne parlais absolument pas grec, mais je me souvenais qu'il disait que Lena était un cadeau des dieux, une petite déesse. Je ne pouvais qu'être d'accord avec lui. Lena était une déesse, une princesse, un véritable miracle pour moi qui pensais que je ne serais jamais mère. Mais je l'étais, et j'attendais déjà mon second enfant. C'était drôle, dans un monde encore debout je n'avais jamais pensé à être mère, et depuis que ce monde était détruit, je l'étais. Hum, j'avais bien choisi mon moment ! Bon, je n'allais pas non plus faire des enfants avec n'importe qui. J'avais rencontré Ethan sur le tard, tant pis. De toute façon, avant la guerre, j'aurais été un peu trop jeune. Et me connaissant, je n'aurais pas voulu faire passer ma famille avant ma carrière, j'aurais souhaité devenir chirurgienne avant de fonder une famille. Ce qui m'aurait pris, grosso modo, environ huit ans de plus. J'avais revue ma liste de priorités, depuis.

Je manquai de fondre lorsque Lena bâilla, avant de laisser sa tête retomber contre Aristide. Elle avait l'air épuisée. Elle avait dû sauter la sieste, trop occupée à jouer avec Elizabeth et les autres enfants. Il fallait espérer qu'elle ne serait pas de mauvaise humeur ce soir. Elle l'était rarement, mais quand elle l'était ce n'était pas joli joli. Je ne pus m'empêcher d'éprouver une certaine fierté quand Aristide me dit qu'elle était adorable. Oh oui elle l'était, et pas qu'un peu !

« Mais c'est normal. Elle ressemble à sa mère ! »

J'eus un petit rire, qui attira l'attention de Lena quelques secondes. Non, j'étais loin d'être narcissique ou quoi que ce soit, mais j'étais assez fière que Lena me ressemble. Elle avait les yeux de son père, certes, mais elle avait pris beaucoup de moi. Ou du moins, c'étaient mes traits qui ressortaient principalement pour le moment. Quand elle grandirait, peut-être cela s'estomperait-il. J'admets cependant que j'aurais adoré qu'elle garde mes traits. J'étais fière de ma fille, fière d'être sa mère. C'était bien vrai, tout ce que l'on disait sur les mères. Oui, nous trouvions toutes que notre enfant était le plus beau, le plus parfait, le plus précieux... Les enfants des autres pouvaient être plus mignons les uns que les autres, mais non, le notre avait toujours la place de numéro un. C'était naturel, non ? On ne pouvait qu'être totalement folles du petit être que nous avions mis au monde. Je m'appuyai d'une main sur le bureau lorsqu'Aristide s'approcha de moi, ma princesse dans les bras. Ce qu'il était tentant de la reprendre dans mes bras ! J'aimais tellement la bercer contre moi pour l'apaiser. Je le faisais un peu moins ces derniers temps, mon gros ventre m'empêchant de la porter autant que je le voudrais. Et d'ici une quinzaine de jours je devrais jongler entre deux bébés. Cela ne m'angoissait pas plus que cela, alors que cela aurait peut-être dû. C'était Ethan, qui était complètement paniqué. C'était sans doute une question d'habitude. Et j'étais beaucoup moins nerveuse que lui. Tant que je n'accouchais pas de triplés, c'était tout à fait gérable !

« Je sais, j'en ai pleinement conscience. J'ai bien cru que je ne pourrais jamais la voir grandir quand j'ai été... Peu importe. »

Je n'allais pas m'étendre. Aristide n'était pas idiot, il devait savoir ce qu'il m'était arrivé. Gabrielle et sa sœur n'avaient pas été les seules victimes des Hors La Loi. Il ne savait certainement pas en détails ce qu'il m'était arrivé, mais il était au courant que j'avais été enlevée. Tout le monde le savait, ça avait été un sujet de conversation dans la Communauté pendant des semaines. La simple idée que je ne pourrais peut-être jamais revoir Lena avait été la plus terrible des tortures. Surtout qu'à l'époque, Lena était encore un nourrisson à l'époque, si j'étais morte, elle ne se serait même pas souvenue de moi. À chaque fois que j'y repensais, je ne pouvais m'empêcher d'éprouver une certaine rage à l'égard de mon père. C'était sa faute, si j'avais été enlevée. Peut-être que l'ancien dealeur d'Ethan s'était bien amusé avec moi, mais Armando n'avait pas été en reste, et c'était bien pour retrouver mon père qu'il m'avait arrachée à ma famille. Il n'avait plus grand chose pour lui. Ethan avait toutes les raisons du monde de détester mon père, alors que ce dernier n'en avait pas une seule de valable. Il aurait dû être content d'avoir un beau-fils qui faisait son travail de père. Le temps qu'il se décide à aller chez Armando, j'aurais déjà été réduite à l'état de cadavre. J'eus un petit rire moqueur en entendant les explications d'Aristide, par rapport à mon père. Oh, je comprenais parfaitement ce qu'il disait. Je riais, parce que cela prouvait que mon père n'avait pas une once de respect pour les gens qui l'accueillaient, pas plus qu'il n'avait une once d'intelligence. C'était bien beau de jouer au repenti à l'extérieur, mais s'il ne se comportait pas de la même façon dans sa propre maison, cela ne servait strictement à rien. Il ne faisait que se discréditer totalement en se comportant de cette façon. Il prouvait à tous qu'il n'était qu'un pourri, leur rappelant également que c'était en partie à cause de lui que nous avions tous ces problèmes. À croire qu'il adorait être détesté.

« Si tu veux coller ton poing dans la figure à mon père, tu as ma bénédiction. Il n'aurait que ce qu'il mérite, pas vrai ? À la vérité je ne supporte pas de le voir se comporter de cette façon. Je ne peux pas t'expliquer pourquoi il s'en prend à ta sœur. Sans doute n'y-a-t-il même pas d'explication... Mon père n'est pas quelqu'un de bien, c'est tout. »

Il n'y avait rien d'autre à dire. Cela m'était complètement égal que mon père se prenne une raclée. Celle là – comme touts les autres – il l'aurait bien méritée. Je ne m'en mêlerais certainement pas, et il n'avait pas intérêt à venir pleurnicher dans mes jupes. Qu'il se contente de celles d'Inessa, il avait l'air de les adorer ! C'était sa vie après tout. Je n'allais pas me mettre à baby-sitter mon père. J'avais assez de mes propres enfants. Il n'avait plus l'âge d'avoir une nounou ! Peut-être qu'une bonne claque lui remettrait les idées en place, après tout.

Plus je regardais Aristide, et plus je me disais qu'il se débrouillait drôlement bien. Lena avait l'air très à l'aise avec lui. Elle était toujours calme avec tout le monde, mais je la trouvais particulièrement sereine. D'habitude, elle gigotait un peu parce qu'on ne la tenait pas très bien. Là, était pleinement détendue. Elle aurait même pu s'endormir dans ses bras, je parie. Mais Aristide finit par la déposer par terre. Elle devait commencer à se faire lourde pour lui, si son bras le faisait souffrir. Aussi petit soit-il, un bébé pesait son poids, et le porter à bout de bras pouvait se révéler fatiguant très vite. De nouveau par terre, Lena recommença à regarder tout autour d'elle, puis à se frotter les yeux. La lumière trop blanche de l'infirmerie devait lui faire un peu mal aux yeux. Elle passé tellement de temps dehors aujourd'hui que la lumière artificielle devait lui piquer les yeux. Ou alors c'était la fatigue, c'était bien possible. J'eus un sourire à la remarque d'Aristide. En effet, elle mangeait bien ! À sa faim, et c'était l'essentiel. Elle grandissait et grossissait parfaitement bien. J'avais eu un peu peur que ce ne soit pas le cas, étant donnée la situation. Mais non, elle ne manquait de rien. J'étais contente, d'autant plus que maintenant elle pouvait gouter à beaucoup de choses. Elle adorait les fruits et les biscuits, ce qui n'avait rien d'étonnant.

« - Oh oui, elle mange bien, je confirme. Je suis bien contente de ne plus devoir me lever la nuit pour mademoiselle la gloutonne...
- Na na ! »

Quand on parle du loup... Toujours assise par terre, Lena tirait sur mon pantalon de ses petites mains. Elle me faisait sa petite bouille de malheureuse. Je me retournai pour jeter un coup d'œil à la pendule de l'infirmerie. Seize-heures trente. Tout s'expliquait, elle avait faim ! J'eus un petit soupir, en me passant une main dans les cheveux. Puis j'eus une illumination. Nous étions à l'infirmerie, il y avait toujours un biberon et quelque chose à manger, dans un petit frigo. Je m'éloignai une seconde pour aller fouiller dedans. Il y avait une petite bouteille de jus de fruit. Après avoir rincé le biberon en plastique, je le remplis de jus de fruit, puisque Lena adorait ça. Il y avait sur le bureau un petit paquet de biscuits secs, normalement réservés à mes envies. Bon, je pouvais bien en sacrifier un pour Lena ! Je m'accroupis à sa hauteur, pour lui laver les mains avant de lui donner son goûter. Dès que j'eus fini et qu'elle vit le biberon, elle se mit à tendre les mains vers lui, sautillant presque sur place. Je n'étais pas sadique alors je lui donnai le biscuit et posai le biberon à côté d'elle. Ni une ni deux, elle l'attaqua avec ses deux petites dents de devant. J'eus un sourire, elle me faisait penser à un petit castor comme ça (oh, mère indigne !).

« Attention à tes vêtements, à tous les coups elle va se mettre à secouer son biberon dans une minute, et elle va en mettre partout. »

A chaque fois, elle me refaisait la décoration. Le pire c'était aux repas. Maintenant qu'elle voulait se servir de ses couverts toute seule, c'était pire. À chaque fois, il y en avait plus par terre que dans son estomac. J'avais renoncé à l'empêcher de tout éclabousser. De toute façon, si je l'en empêchais, cela l'énervait, et du coup elle en mettait encore plus partout. Je ne lui ai pas mis de bavoir, ses vêtements n'étaient plus à ça près. Je l'ai regardée pendant un instant pour être sûre qu'elle s'en sortait bien, puis je me suis retournée vers Aristide, avec un sourire.

« Bon. Occupons nous de ce bras maintenant, avant que les choses n'empirent. Si tu décides de porter tous les jolis bébés que tu croises, autant t'amputer tout de suite, parce que ton bras ne guériras absolument pas ! »

J'étais un peu moqueuse, mais pas méchante. Je trouvais cela touchant, un homme qui aimait autant les enfants et qui ne le cachait pas. J'ai eu un petit air gêné en lui demandant de retirer son pull. C'était purement professionnel, mais un peu embarrassant tout de même. Enfin, j'en avais vu d'autres. Quand il eut retiré son pull, je me permis d'examiner son bras de nouveau. J'étais certaine de mon diagnostic. C'était une belle tendinite. Il fallait s'en occuper, et vite ! Je vidai sur le bureau le sac que j'avais rempli auparavant. Je "nettoyai" le bras d'Aristide à l'aide d'une compresse, avant de passer la crème anti-inflammatoire dessus, en prenant soin d'en laisser une couche épaisse, pour qu'il n'ait pas à en remettre avant plusieurs heures. J'enroulai ensuite le bandage autour de son bras. Je ne serrai pas trop, pour éviter que cela soit trop désagréable. Pour finir, je le laissai remettre son pull, avant de lui mettre le bras en écharpe. À la tête qu'il faisait, cela ne devait pas lui plaire.

« Je crois que c'est bon. Si tu ne fais rien, mais vraiment rien, deux semaines devraient être suffisantes pour que ton bras se remette. Le problème, c'est qu'une tendinite peut facilement revenir régulièrement, si elle ne guérit pas bien. Qu'elle soit très douloureuse ne veut pas forcément dire qu'elle est très grave. Juste qu'il était temps d'y faire attention. »

Et pendant ce temps, Lena réduisait son biscuit en miettes, en mettant plus par terre qu'ailleurs. Étonnamment, elle n'avait pas encore secoué son biberon, elle n'y avait même pas touché. Tout en mâchouillant son biscuit elle fixait. Elle semblait très intéressée et très intriguée. Elle nous observait en silence. Elle était très observatrice pour son jeune âge. Je ne savais pas de qui elle tenait sa nature curieuse. Certainement pas de moi en tout cas. Je n'avais jamais vu un bébé être aussi attentif aussi longtemps. Bon, c'était peut-être aussi parce qu'il n'y avait pas une montagne de jouets à proximité. Dans ce cas là, elle aurait peut-être été un peu moins intéressée.

« Tu intéresses beaucoup Lena. Je crois qu'elle t'aime bien. »
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Aristide Tetropoulos
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MessageSujet: Re: Is it too late to apologize ? { ARISTIDE }   Is it too late to apologize ? { ARISTIDE } Icon_minitimeMer 8 Juin - 15:05

Mon visage demeura impassible lorsque Katarina évoqua avec beaucoup de pudeur son enlèvement. Même si j’étais déjà parti de la Communauté à ce moment là, j’en avais eu échos lors de mon retour, d’une manière plus ou moins concrète. Disons que personne n’était venu en me disant « Hey, tu sais quoi ?! » Non, bien sûr que non. Quelqu’un avait fini par lâcher quelque chose auprès de Diane, qui me l’avait répété. Comme Katarina et comme Gabrielle, j’avais moi aussi été un super sujet de conversation pour toutes les commères de la Communauté alors, ce n’était certainement pas auprès de moi qu’elles seraient venues déverser leurs ragots mais ce n’était pas vraiment la même chose pour ma sœur. En sachant qu’elle aussi avait été victime des Hors la loi, qu’elle était médecin, qu’elle tenait le rôle de la pauvre femme trompée eh bien, je supposais que certains lui avaient plus facilement accordé leur confiance. Toujours est-il que je savais, grosso modo, ce qu’il était arrivé à Katarina. Le pire ? Sur le coup, j’avais trouvé ça justifié. J’avais pensé qu’ils n’avaient que ce qu’ils méritaient, elle et son mari, qu’on ne récolte que ce que l’on sème et que le malheur qui leur tombait dessus résultait du malheur qu’ils m’avaient fait enduré. Stupide, cruel et injuste, voilà ce que j’étais. En même temps, mon état ne me permettait pas de réflexions très poussées, revenant à peine de ma rupture avec Gabrielle, de semaines entières passées au dehors, d’épuisement et de désespoir, mes facultés intellectuelles étaient gravement amochées. Déjà qu’en temps normal je n’avais pas vraiment les atouts d’un prix Nobel… Disons qu’à présent, je parvenais plus aisément à compatir à la souffrance de Katarina, même si je m’abstins de tout commentaire. Qu’est ce que j’aurais pu dire ? Rien. De toute manière, la façon dont elle évita de trop s’épandre là-dessus me fit bien comprendre que la conversation ne devait en aucun cas dévier sur ce sujet, ce qui était pour le mieux. En toute sincérité, je n’éprouvais moi-même pas l’envie d’en parler, pas envie d’en apprendre davantage, pas envie de pouvoir m’imaginer et devoir supporter ça. Sans doute cela était-il lâche mais d’une part cet épisode sans doute traumatisant de sa vie ne me regardait pas, d’autre part j’avais suffisamment à faire avec les traumatismes de la mienne. Diane, Gabrielle, maintenant Katarina… Pour combien de personnes de mon entourage devrais-je encore supporter le calvaire ?

De mon entourage, oui, car en y réfléchissant bien il était clair que je tenais à notre amitié. Bien sûr, tout était à reconstruire mais avec l’aide du temps je savais que nous pourrions de nouveau avoir une relation normale et très sincèrement, je ne comprenais pas pourquoi j’aurais dû m’en priver. Certes, Kuryenko représentait un danger notoire pour ma famille, pour autant devais-je gâcher ma propre vie afin de ne pas trop secouer la sienne ? Devais-je dépendre de ses envies et de son bon plaisir ? Non, il en était hors de questions. Si j’avais d’abord choisi de m’y plier afin d’éviter de prendre le moindre risque, cette possibilité me paraissait à présent absolument inadmissible. Un léger sourire frôla ma joue lorsque Katarina me donna sa bénédiction pour frapper son père en cas de besoin. Sans doute n’étais-je pas le premier à lui reprocher l’attitude de son père, quand bien même elle n’y soit pour rien. En même temps, c’était tellement surprenant. Comment un homme comme Alexeï avait-il pu engendrer une femme comme Katarina ? Leurs caractères me semblaient radicalement opposés, la lumière de sa fille contrastant totalement avec la noirceur du vieux russe. Qu’elle ne supporte pas son attitude me paraissait évident, elle n’était pas comme lui. Du moins la Katarina que je connaissais autrefois n’était-elle pas comme lui, mais personne ne pouvait changer à ce point en si peu de temps. Personne ne pouvait virer d’un coup du côté des mafieux, des cruels, des injustes, sans jamais l’avoir été jusque là. En tout cas, je n’aurais sincèrement pas aimé me retrouver à sa place. Je n’aurais pas aimé me rendre compte que mon propre père n’était qu’une pourriture et ne méritait rien d’autre qu’un bon coup de pied au cul. Je soupirai, reportant mon attention sur Lena. Dire que son sang coulait également dans ce petit bout de chou… Quelque chose m’échappait. Comment un homme aussi détestable pouvait-il engendrer d’aussi beaux enfants ? C’était à n’y rien comprendre. Ce n’était pas quelqu’un de bien, voilà qui résumait toute la situation, inutile de continuer à en discuter. Je doutais sérieusement d’une possibilité de rachat pour cet homme, s’il avait décidé de pourrir la vie de tout le monde qu’il poursuive, il ne pourrirait cependant pas la mienne. Je ne lui en donnais pas le droit, au risque de récolter ma colère.

Un large sourire étira mes lèvres. Sans doute la vie avec un bébé était-elle difficile et pourtant, j’aurais voulu être père également. J’aurais voulu pouvoir me lever toutes les nuits pour le nourrir, même si Katarina était soulagée de ne plus avoir à le faire, pouvoir changer ses couches, lui donner son bain, le faire rire en grimaçant devant ses grands yeux emplis d’innocence. Oui, j’aurais voulu avoir des enfants, beaucoup, former une grande famille dont j’aurais pu m’occuper avec amour. Malheureusement, la seule femme qui aurait pu réaliser ce souhait si cher ne voulait plus de moi… Gabrielle ne voulait plus de moi, alors je n’aurais sans doute jamais d’enfants. Je ne voulais pas faire ma vie avec une autre qu’elle, ni engendrer le moindre enfant avec une autre, je ne voulais absolument qu’elle et en cela, je savais que ma vie ne prendrait jamais ce tournant décisif. Jamais je ne me marierais, jamais je ne serais père, jamais je n’aimerais de nouveau. C’était là d’une évidence pour moi : Mon cœur ne pourrait plus jamais s’ouvrir comme il s’était ouvert pour elle, il me semble qu’il s’agit justement du principe de « l’âme sœur ». Nous n’en possédons pas cent mille, seulement une, une seule et lorsque celle-ci décide de vous abandonner, eh bien, vous vous retrouver avec une âme orpheline. J’étais un orphelin, il me fallait à présent apprendre à vivre avec ce vide immense. Jusqu’à Gabrielle je n’avais absolument jamais songé à ce genre de choses, le mariage, les enfants, ce n’était absolument pas dans mes projets à court ou long terme. Tout ce que je voulais à l’époque c’était m’amuser, prendre du plaisir et surtout ne pas avoir d’attaches autres que ma famille, c'est-à-dire Diane et notre mère. Pour le reste, j’estimais que cela ne me touchait pas, que ce n’était pas fait pour moi. Je m’en foutais, simplement. Mais maintenant… Bien sûr, j’avais toujours adoré ces petits bouts, j’avais toujours adoré m’en occuper et pourtant, qu’ils portent mon nom, mon sang, retrouver mes traits en eux, non, cela ne m’avait jamais paru essentiel. Aujourd’hui je dois bien avouer que j’enviais le bonheur de toutes ces personnes, tous ceux que l’on nomme « parents » et qui ont cette chance que je n’ai jamais eux. Je n’étais pas jaloux, non, seulement envieux, encore davantage en observant une petite fille aussi adorable que Lena l’était. C’était tellement… Simple, naturel, limpide, et à présent ce rêve était mort dans mon cœur. Comme tout les autres.

Lorsque Katarina se dirigea vers un petit frigo dans un coin de la pièce, me laissant avec Lena, je me demandai une seconde si je n’avais pas loupé un épisode. Je m’étais perdu si loin dans mes pensées en observant Lena que cela ne m’aurait de toute manière pas étonné et puis, en la voyant sortir une bouteille de jus de fruit de ce même frigo, je compris assez rapidement que c’était pour la petite. J’eus un nouveau sourire tout en m’accroupissant pour caresser ses petites bouclettes noires, glissant mon autre main dans son dos de peur qu’elle ne bascule et se fasse mal. Finalement, heureusement que je n’avais pas eu d’enfants, je serais certainement devenu dingue à force d’avoir peur qu’ils ne tombent et se blessent. Un papa poule version surprotecteur et paranoïaque, il y a sans doute mieux pour l’épanouissement d’un enfant mais voilà, je savais que je n’aurais pas supporté qu’il arrive quoi que ce soit à mon fils ou ma fille. A chaque nouvelle caresse, Lena tentait d’attraper mes doigts au passage et riait en les sentant filer entre les siens. A mon tour, je me mis finalement à rire et finalement, Katarina revint à peu près à ce moment là. Je me redressai, l’observant laver les mains du bout de choux avant de lui donner un biscuit et poser son biberon non loin d’elle. Le spectacle était vraiment fascinant. Sans doute que pour un parent, donner le goûter à son enfant se révélait être une action aussi banale qu’inintéressante et pourtant, pour quelqu’un comme moi c’était absolument extraordinaire. Je supposais néanmoins qu’à force, on s’y faisait, on s’émerveillait un peu moins pour chaque détail, on finissait par trouver ça normal.

« Mes vêtements en ont vu d’autres, ne t’inquiètes pas. »

Avec la bibliothèque, difficile de conserver une tenue propre toute la journée. Et encore, nous en étions seulement au nettoyage, qu’en serait-il lorsque viendrait le temps de la peinture ? Cependant c’était vrai, je passais mes journées dans la poussière, la crasse, le plus souvent à genoux ou assis à même le sol alors, ce n’était pas quelques tâches de jus de fruit qui allaient me faire peur. Durant quelques secondes, Katarina et moi observâmes avec attention Lena qui attaquait avec entrain son biscuit avant qu’elle ne se tourne finalement vers moi et me propose de s’occuper de mon bras. Sa remarque me fit doucement rire même si la moquerie était assez évidente, toute fois gentille. Heureusement pour mon bras, je ne croisais effectivement pas beaucoup de bébés ces temps-ci, la guerre ayant considérable changé nos « habitudes ». D’une part, beaucoup de couples avaient été séparé par les bombardements, d’autre part ceux qui aujourd’hui encore étaient ensembles évitaient sans doute la moindre grossesse. Il faut dire que le monde dans lequel nous vivions ne favorisait en rien la grossesse puis l’éducation de nos enfants, en tout cas, les femmes enceintes ne courraient plus les rues comme elles avaient pu le faire auparavant. Mon sourire s’estompa cependant lorsque Katarina me demanda de retirer mon pull afin d’observer mon bras de plus près. Même après notre discussion et notre réconciliation, je trouvais toujours cela un peu gênant mais abdiquait toute fois, après tout protester aurait été stupide. Mieux valait-il se laisser gentiment faire, voilà une chose que j’avais apprise à force de fréquenter Diane qui s’énervait dès que je refusais de la laisser s’occuper de moi. Un léger frisson me parcouru lorsque je me retrouvai en t-shirt dans l’infirmerie, la température me semblant toujours peu élevée mais finalement, je parvins à me focaliser sur autre chose, observant toujours Lena qui goûtait tranquillement, nous observant avec intérêt, sans doute ne comprenait-elle pas très bien ce que sa mère me faisait. Toujours est-il que finalement, Katarina banda mon bras puis le mit en écharpe, ce qui acheva de tuer mon sourire. Super, maintenant j’avais l’air d’un handicapé mais en plus, il me serait totalement impossible d’éviter d’en parler à Diane. De joyeux moments m’attendaient, pourquoi tu ne m’en as pas parlé, pourquoi tu n’es pas venu me voir, pourquoi tu as attendu si longtemps pour te faire soigner, pourquoi, pourquoi, pourquoi… Ma sœur avait l’art de placer ce mot dans presque toutes ses phrases.

J’eus un long et profond soupir lorsque Katarina me conseilla de ne pas me servir de mon bras durant deux semaines. Même si elle me l’avait déjà dit, la pilule avait toujours du mal à passer. Qu’est ce que j’étais censé faire pendant ce temps ? Continuer du bras gauche ? J’étais droitier, cette hypothèse me semblait difficilement envisageable et pourtant, rester à la maison sans rien faire l’était encore plus. Il y aurait bien une tâche à la bibliothèque qui ne risquerait pas de trop me fatiguer et me permettrait d’aider quand même, il fallait juste que je me creuse un peu la tête. Peut-être réfléchir à notre prochaine expédition au magasin de bricolage, établir une liste précise de ce dont nous avions besoin dans l’immédiat, commencer à répertorier les livres de la réserve… Il y avait forcément quelque chose d’autre à faire, et pour les murs, les quatre petits bras de Sam et Kay allaient devoir suffire, même si cela ne m’enchantait pas. Sans doute aurais-je pu également retravailler mes plans afin d’aménager au mieux la bibliothèque, ce qui ne nécessitait pas forcément deux mains. D’accord, les traits risquaient d’être un peu foireux mais de toute façon, pour le moment je n’avais visiblement rien de mieux à faire. Toujours est-il que lorsque Katarina déclara finalement que j’intéressais Lena, mon regard se porta de nouveau sur l’enfant qui rongeait son biscuit avec application. J’eus un léger sourire mais avant d’avoir pu répondre quoi que ce soit, on frappa à la porte de l’infirmerie qui s’ouvrit finalement sur Isaiah. Il était, comme à son habitude, tout sourire mais ce ne fut pas ce qui retint mon attention. Non, j’étais plutôt attentif à la petite chose poilue qui se faufila entre ses jambes avant d’entrer dans la pièce et marcher d’un pas tranquille, presque paresseux, jusqu’à moi.

« Tiens, Aristide, je savais bien que je t’avais vu entrer ! Ton chien grattait à ma porte depuis une bonne dizaine de minutes, j’ai pensé que je pourrais le laisser entrer. Bon, je vous prie de m’excuser, mais j’ai beaucoup de travail… Un bisou à la petite Lena. »

Il lui adressa un coucou de la main avant de nous sourire, à Katarina et à moi, puis s’en alla. Du pied, je poussai doucement Patrick qui s’était assis devant moi, la queue battante. Ce chien était vraiment une catastrophe ambulante et le pire, c’est que ses grands yeux larmoyants me passaient toute envie de l’engueuler.

« T’es vraiment un boulet mon vieux. »

Et, non content de sa connerie, il se leva finalement avant de se frotter contre mes jambes. J’eus un regard désolé vers Katarina lorsqu’il se frotta finalement aux siennes, supposant que les animaux n’étaient pas vraiment les biens venus dans une infirmerie. De toute manière, j’étais sur le point de m’en aller. Je soupirai.

« Je demanderai à Diane de m’expliquer comment refaire le bandage et le reste, ne t’en fais pas. Bon… On y va Patrick ?... Pat ? »

Je fis un tour complet sur moi-même, cherchant le chien qui s’était éclipsé, le retrouvant finalement près de Lena. Il la reniflait tout en l’observant et finalement, elle aussi semblait intriguée. Patou n’était pas beaucoup plus gros qu’elle au final, lui aussi n’était qu’un bébé mais j’avais malgré tout un peu peur qu’il ne lui fasse du mal. Cependant, son attitude n’avait absolument rien d’agressif, bien au contraire. Il remua doucement la queue tout en reniflant son gâteau et finalement, Lena le lui donna avec un grand sourire. Je n’eus pas le temps d’effectuer un geste que ce glouton l’avait déjà enfourné, l’avalant d’un trait. Bon sang… J’aurais du l’appeler « Bouffe-tout » plutôt que Patrick, je crois. Toujours est-il que finalement, Lena éclata de rire en tirant sur les oreilles du chien qui se laissa faire sans broncher, puis lui tendit son biberon. Cette fois, j’eus le temps de réagir et sifflai entre mes dents pour rappeler mon ami d’infortune afin qu’il ne touche pas au biberon de Lena. Un chien, c’est sale, et ça ne boit pas au biberon des bébés, nom d’un… Chien.

« Dis donc, c’est pas ton goûter, vieux chacal. Viens là. Désolé pour le biscuit, Katarina. Cette chose est intenable. »

Oui enfin, quand on le regarde comme ça, il n’avait pas grand-chose d’intenable et pourtant, il n’en faisait qu’à sa tête. Il ne m’obéissait que quand ça lui chantait et malheureusement, il n’obéissait qu’à moi. Kay et Sam s’étaient sans doute époumonés à l’appeler tandis qu’il me suivait à l’infirmerie mais de toute évidence, il avait choisi son maître, et je ne pouvais jamais faire un pas sans l’avoir dans les pattes. Je soupirai en regardant Patrick revenir s’asseoir à mes pieds puis me penchai sur Lena pour embrasser le haut de son crâne.

« A la prochaine mon bout de choux. »

Puis, je me retournai vers Kat et lui adressai un sourire franc.

« Et merci pour tout. Absolument tout. »


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Katarina K. Jones
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MessageSujet: Re: Is it too late to apologize ? { ARISTIDE }   Is it too late to apologize ? { ARISTIDE } Icon_minitimeDim 12 Juin - 20:38

Lena semblait trouver son gouter fascinant. Elle regardait son biscuit avec beaucoup d'intérêt. Elle le tournait dans tous les sens pour l'observer tout en mâchouillant le morceau qu'elle avait déjà croqué. Elle trouvait toujours tout absolument fascinant. C'était bien évidemment de son âge, mais ça n'en restait pas moins drôle. C'était la preuve qu'elle grandissait et était de plus en plus éveillée. Elle s'intéressait vraiment à ce qui l'entourait, ce n'était plus neutre pour elle. Elle était avide de découvertes. Tout était prétexte à découvrir et s'amuser. C'était drôle de la voir découvrir de nouvelles choses. Surtout avec la nourriture. À sa tête on voyait tout de suite si elle aimait ou non. Il y a peu, Ethan et moi avions tenté de lui faire découvrir le citron... Résultat mitigé. Lena avait fait la grimace la plus hilarante de toute sa vie, plissant le nez et pinçant les lèvres les yeux grands ouverts. Elle avait passé presque cinq minutes à tirer la langue, comme pour se débarrasser du goût. Mais une fois que c'était terminé, elle en avait redemandé, pour voir si c'était toujours aussi horrible. La réaction avait été la même, mais cela l'avait fait beaucoup rire, ainsi qu'Ethan et moi. Évidemment, c'était un peu moins rigolo lorsqu'elle en mettait partout. Elle commençait à vouloir manger toute seule, mais ce n'était pas encore très efficace, il y en avait souvent beaucoup plus à côté que dans sa bouche ou dan son assiette. Mais on ne pouvait pas la disputer pour cela. Ce n'était pas bien grave et puis en plus cela l'amusait. Ce n'était pas cela qui ferait d'elle une capricieuse. On pouvait être de bons parents sans pour autant devoir être trop strictes. Je détestais faire pleurer Lena. Elle était trop petite pour comprendre pourquoi on lui criait dessus. Alors pourquoi le faire ? Si elle ne comprenait pas c'était totalement inutile, et cela la faisait paniquer pour rien. Alors non, pas de disputes !

Aristide ne semblait pas vraiment ravi de se voir poser une attelle. Je comprenais, mais il n'avait pas vraiment le choix. S'il voulait guérir vite, il devait garder son bras au repos. Combien de fois avais-je vu des patients présumer de leurs forces et finir avec les tendons en miettes ? Non, il fallait être raisonnable. Et ne pas redoubler d'efforts avec le second bras pour compenser, c'était une très mauvaise idée. Le problème des tendinites, c'est qu'elles avaient tendance à revenir souvent. Surtout si elles ne sont pas correctement traitées. J'espérais que celle ci serait prise en charge à temps. Sinon, il n'avait pas fini d'en entendre parler de cette tendinite... Ce n'était pas forcément dangereux, mais c'était handicapant à force. Et cela pouvait être terriblement douloureux. En ce qui le concernait, le temps nous le dirait. Ni moi ni les autres médecins ne pourraient faire plus. Il n'y avait pas grand chose à faire de plus. Je ne pouvais lui prescrire qu'une chose. Du repos, du repos, et encore du repos. Il était le seul à pouvoir se soigner, en quelque sorte. On ne pourrait pas le forcer à le faire s'il ne le pouvait pas. C'était un problème que j'avais rencontré souvent. Tant qu'on ne forçait pas les patients à faire quelque chose, il continuaient de faire ce qu'ils faisaient en penser que cela allait aller, jusqu'au point de rupture – où c'était généralement déjà trop tard pour remédier au problème efficacement. Je me suis donc sentie obligée de le rappeler à Aristide.

« Juste deux semaines, après tu seras tranquille. Ça ou tu prends le risque de te trainer cette tendinite pendant des années. »

Ce dont il n'avait pas très envie je crois. Je n'eus pas vraiment le temps de m'étaler sur le sujet puisque l'on frappa à la porte de l'infirmerie. Je me penchai légèrement sur le côté pour voir de qui il s'agissait, en priant pour que ce ne soit pas Ethan. J'eus un sourire sincère en apercevant Isaiah. Je ne le connaissais pas personnellement, mais cela m'avait l'air d'être quelqu'un de très gentil et très posé. Cependant, il était pasteur et je ne croyais absolument pas en Dieu. Je n'y avais jamais cru, et je crois que ce n'était pas prêt d'arriver. Je n'avais jamais eu une seule raison de croire en Dieu, et c'était en partie pour cela que j'étais devenue médecin. J'avais vu trop d'horreurs dans ma vie pour croire qu'il existait quelqu'un qui contrôlait tout. Si c'était le cas, pourquoi tuer des milliers d'innocents hein ? Je respectais la foi, mais je ne l'avais pas, c'est tout. Même Ethan qui était pourtant très croyant avait perdu la foi. On ne pouvait pas le lui reprocher. Il n'était pas le seul à avoir abandonné la foi après la guerre. J'en connaissais beaucoup qui continuaient à maudire Dieu. Moi je n'avais pas de manque, je n'avais jamais pratiqué la religion. Je me voyais mal commencer maintenant. Enfin, ce n'était pas le sujet de la conversation ici, ni même de mes pensées.

J'ai regardé avec une légère surprise un petit chien traverser la pièce. Vous savez, le chien de la race de celle devenue célèbre à cause de son physique atypique. Un chien saucisse, comme se plaisaient à dire les enfants. Un petit chien qui se frotta à mes jambes en me lançant un regard affectueux. Un petit chien, qui eut vite fait de filer vers Lena. Je me retournai rapidement vers elle, pour surveiller. Je n'avais pas peur du chien, mais de Lena et ses gestes un peu brusques. Je ne voulais pas qu'elle lui tire les oreilles ou la queue et que le chien ne se retourne par réflexe. Mais le chien avait surtout l'air très intéressé par par le biscuit de Lena. Lena qui s'arracha de la contemplation du dit biscuit pour s'intéresser à Patrick. Ce devait être le premier chien qu'elle voyait. C'était tout petit, tout poilu, ça bougeait dans tous les sens et ça la reniflait. Elle n'aimait pas trop, vu la façon dont elle mettait ses mains en avant pour le repousser. Grossière erreur d'ailleurs, parce que le chien eut vite fait d'avaler son biscuit. Disparu ! Lena me lança un regard surpris, sans doute se demandait-elle où avait disparu son gouter. Dans la bouche du chien. J'eus un petit rire devant sa mine boudeuse. Mais elle se ravisa rapidement, et finit par lui tendre son biberon. Ah non mais ça, c'était sale ! Aristide rappela le chien avant qu'il ne touche au biberon. Au moins il était obéissant, c'était déjà ça.

« Ce n'est rien, son biberon en a vu d'autres ! Je passe ma vie à désinfecter cette chose. »

Ca et le reste d'ailleurs. Enfin, c'était une partie de mon travail de maman de tout nettoyer en permanence. Quoiqu'avec la maniaquerie d'Ethan, je n'avais pas grand chose à nettoyer. Ma maison était un environnement tout à fait stérile. Enfin... Aristide se pencha pour embrasser Lena, puis il me remercia. J'eus un petit haussement d'épaules, avec un léger sourire.

« Je t'en prie. C'était la moindre des choses. »

Et il est parti presque immédiatement. J'eus un soupir. Je me sentais mieux, soulagée d'un poids. Enfin quelque chose de bien. J'étais heureuse d'être réconciliée avec Aristide. Ce serait cela de plus simple dans ma vie. Je me suis penchée pour prendre Lena dans mes bras. Il était temps de rentrer chez nous. J'avais passé suffisamment de temps à l'infirmerie pour la journée.

« Allez viens ma princesse, on retourne voir papa. »
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