Aristide Tetropoulos Εἶς ἀνὴρ οὐδεὶς ἀνὴρ
Messages : 596 Date d'inscription : 27/06/2010 Age : 39 Localisation : Elizabeth Town
| Sujet: Aristide Tetropoulos Dim 27 Juin - 13:05 | |
| Nom & prénom : Aristide Tetropoulos Age/date/lieu de naissance : J’ai 25 ans, né le 19 décembre à Athènes. Métier ( et dans quel groupe ? ): Officiellement serveur, officieusement gigolo. Enfin, c’est une longue histoire. J’ai été accueilli il y a déjà un petit moment dans la communauté des Survivants.
Description physique :
Je mesure 1m82 pour 75 kg. N’ayant pas vraiment le physique d’un tombeur, je peux du moins considérer que je possède un certain charme auquel la gente féminine est sensible, et ce malgré mon petit bidon disgracieux. Oui, je suis bien trop flemmard pour passer des heures à faire de l’exercice, mais fais toute fois attention à mon poids afin de ne pas me transformer en énorme moussaka sur pâte. Bah quoi ? C’est bon la moussaka. Dailleurs, j’ai une musculature tout à fait respectable, et ce malgré mon constant absentéisme aux salles de sport. Bon d’accord, rien d’époustouflant, mais pas de quoi avoir honte non plus. Ce dont j’ai honte en revanche, c’est mon teint de nacre et mes yeux bleus clairs, rarissimes pour un grec né en Grèce, contrastant avec le reste de ma famille dont la peau halée typique de notre pays me fait paraître encore d’avantage blanc. Je vous expliquerai plus tard d’où vient cette incongruité. Mes yeux sont donc bleus, ravivés par la couleur châtain de mes cheveux, ce qui est en soit tout à fait banal. A vrai dire, je comprends difficilement pourquoi les yeux clairs font fondre le cœur des femmes comme une noix de beurre chaude sur une tartine grillée, mais ne m’en plains pas. Ceci m’a beaucoup aidé. Mes lèvres sont pleines et gourmandes, sensuelles, parait-il, et dévoilent une immaculée rangée de dent lorsque je souris, ce qui n’est pas rare, bien au contraire. J’ai quasiment toujours ce sourire sincère et honnête aux lèvres car je trouve toujours quelque chose de drôle à tout, même dans les pires situations. Pour le reste il n’y a rien de remarquable. Mes mains arborent une série de longs doigts d’une finesse inouïe pour un homme, donnant à mes caresses une saveur toute particulière, mais toute fois un style bien trop féminin à mon goût. En y réfléchissant, je pense avoir une beauté très féminine qui attire aussi souvent les homosexuels, ce qui ne me gêne pas dutout. Je suis bien loin du stéréotype disant qu’un homme doit bouffer des chips et boire de la bière en regardant du foot sur son canapé. J’aime le raffinement, la grâce, qu’on retrouve bien souvent chez les hommes gays, et qui me ravit. N’oublions pas que je suis grec. En somme, j’essaye d’avoir une certaine classe pour compenser mon physique qui n’est pas forcément à tomber.
Caractère :
Jovial. Voilà le mot qui pourrait résumer en tout et pour tout mon caractère. J’aime rire, et surtout faire rire. L’humour est pour moi une chose si ravissante, que je ne me lasse de l’utiliser dans chacune de mes prises de la parole, et ainsi créer l’hilarité autour de moi, même lorsque le cœur n’y était apparemment pas. Je crois que j’ai un certain charisme qui fait que lorsque je rentre dans une pièce, les personnes présentes sourient, ou rient même déjà. Je ne sais pas pourquoi, mais on me définit souvent comme le boute-en-train de la bande, et ce même lorsque j’étais plus jeune. En général ce trait de caractère est celui que l’on retient le plus facilement chez moi, mais il y en a d’autres beaucoup moins amusants. Je suis un jaloux compulsif. Tout le monde est plus ou moins mon ami, à partir du moment où je suis assez facile à vivre, mais lorsque je m’attache vraiment à quelqu’un, la moindre petite marque de désamour devient blessante, et me pousse à en vouloir à la personne. Le problème c’est que tout et n’importe quoi peut devenir une vexation. Un regard plus complice vers quelqu’un d’autre, un sourire, un geste. N’importe quoi ne m’étant pas destiné et venant d’une personne que j’apprécie particulièrement me rend fou de jalousie. Mais quand je dis fou, c’est vraiment le gros craquage. Je me mets à frapper dans les murs, à m’enfermer pendant des jours, à tirer une tronche d’enterrement. En amitié comme en amour, vous m’appartenez. Un autre défaut, je suis très rancunier. Je pardonne difficilement, et lorsque je me dispute avec quelqu’un ce n’est que très rarement moi qui renoue ou m’excuse. C’est un problème d’amour propre, et d’ego. Même si à première vue je suis quelqu’un de sympathique, je suis tout à fait capable de m’énerver, et lorsque cela ce produit, c’est toujours impressionnant. Généralement on n’imagine pas que je puisse avoir mauvais caractère puisque je tire rarement la tronche, mais ce n’est qu’une illusion. Je masque seulement ma désapprobation par l’humour, et me cache ainsi de mes sombres ressentiments. Quand la goutte fait déborder le vase, c’est un torrent de reproches et de viles remarques qui franchissent mes lèvres. Je ne peux le contenir plus longtemps.
Liens : Je m'entends bien avec tout le monde, même si j'ai quelques très bons amis, dont Kaylhen Leighton.
Histoire : - Spoiler:
Mon histoire commence bien avant ma naissance, alors que ma mère est âgée de 16 ans. Elle vit avec ses 3 sœurs et ses parents dans la villa que mon grand-père a construit de ses propres mains, près d’Athènes. Etant l’enfant aînée, et suivant les traditions grecques, elle se maria la première 2 ans avant sa majorité, avec un homme plus âgée qu’elle de 5 ans, un soldat. Seulement ma grand-mère ainsi que mon grand père désapprouvèrent fortement ce mariage, jugeant le mari trop vieux, mais surtout trop pauvre pour elle, et lui prédestinant une vie minable. Ma mère, Catherine, ne les écouta pas, et épousa donc son soldat, athénien lui aussi. Quelques mois après le mariage naquit leur premier et unique enfant, Adonis, ma demi sœur. Mon histoire est simple. Ma sœur, ma mère et mon père (j’expliquerai l’utilisation du mot « père » plus tard) durent quitter la Grèce 1 ans plus tard car il fut appelé à s’installer dans une base américaine. La Grèce envoyait des hommes en signe d’amitié aux Etats-Unis, et il en fit partie. La petite famille s’installa donc près de la capitale des Etats-Unis, et y vécu une vie calme jusqu’au début de la guerre, où mon père fut envoyé, et tué. Si je passe beaucoup d’éléments de cette histoire, c’est que certains n’ont aucune importance pour la suite. Mon père fut donc déclaré mort, et ma mère se remaria, à un américain cette fois-ci, et c’est à partir de là que commencent tous les problèmes. Je fus le fruit de ce deuxième mariage, entre Catherine ma mère, et William, mon papa. Bon, je vais vous expliquer maintenant, afin que tout soit clair. Dans la Grèce antique, le mot « père » était en réalité une des trois déclinaisons de la figure paternelle. Le père était celui qui prenait les décisions, qui inculquait les valeurs, qui offrait l’éducation. Le papa avait une tâche plus sentimentale, c’était celui qui câlinait, qui réconfortait, qui apprenait doucement la vie. Reste notre dernière déclinaison, le géniteur. A vrai dire le géniteur n’avait aucun rôle si ce n’est de féconder la mère, et n’intervenait en rien dans la vie future de l’enfant. Autrement dit, les enfants n’étaient pas forcément élevés par leur géniteur, mais de plus, pouvaient avoir plusieurs « pères ». C’est exactement ce qui va se passer avec moi. Pour ma naissance, mon papa jugea symbolique de retourner en Grèce, et ainsi de me faire naître à Athènes, comme ma sœur. A vrai dire la culture grecque l’avait toujours passionné, lui qui était ethnologue, et il voulait que j’ai aussi cette passion. Ma grand-mère vit d’un très bon œil ce second mariage, et ce malgré le fait que mon papa fut américain ; il parlait couramment le grec et surtout, était très fortuné.
Ils s’installèrent donc un mois avant ma naissance à la villa familiale où ma mère avait grandit en attendant ma naissance, et prévoyaient de repartir quelques mois après. Mais rien ne se passa comme il le devait. Deux semaines avant ma naissance ma famille reçut une lettre disant que mon père déclaré mort à la guerre était en réalité bien vivant, et s’apprêtait à rentrer en Grèce. Ce fut un choc, un bouleversement pour tous. D’abord pour ma mère qui l’aimait toujours, ensuite pour mon papa qui craignait que Catherine ne le quitte pour retourner avec l’autre, et ensuite pour mes grands parents qui n’avaient jamais particulièrement aimé mon père. Ma mère accoucha prématurément sous l’effet du stress quant au retour de mon père, qui arriva le lendemain de mon anniversaire, le 20 décembre. Seule ma grand-mère a accepté de me raconter ce qu’il s’est passé, alors j’imagine que ma version n’est pas très objective, mais c’est l’unique dont je dispose. Apparemment mon père était déjà au courant de la nouvelle vie que ma mère menait, puisqu’il était allé à la préfecture à son retour, voyant que la maison où ils vivaient avant son départ était vide. Là bas, on lui avait expliqué qu’il avait été déclaré, suite à une erreur d'identification, mort, que sa femme avait déménagé, s’était remariée, et attendait un enfant. Le choc. Je ne peux qu’imaginer parce que ma grand-mère n’éprouvait pas trop de compassion à son égard, et ne m’a pas raconté dans quel état de tristesse il était arrivé. En tout cas, le mariage de Catherine et William fut déclaré non avenu et dissous, ce qui permit à mon père de reprendre sa place. Ma mère n’objecta pas, aimant toujours mon père d’un amour désespéré et inconditionnel, et mon papa rentra aux Etats-Unis, seul et sans enfant. Oui, je demeurais avec ma mère, mon père et ma sœur en Grèce, enfin, pas pour très longtemps. Je n’ai jamais su si c’était une décision de mon père qui ne m’aimait pas, et pensait que j’étais un enfant né de l’infidélité, ou celle de ma mère qui voulait avant tout faciliter la vie à mon père rentré du front, mais je ne rentrai jamais avec eux aux Etats-Unis. Au lieu de cela, je vécu chez ma grand-mère toute mon enfance, en Grèce. Adonis étant rentrée avec eux, je me retrouvais le seul enfant de la maison, choyé et aimé, pourri gâté même. Déjà lorsque j’étais môme, j’étais le portrait craché de mon papa, et cela n’alla pas en s’arrangeant.
Jusqu’à mes six ans à peu près, j’eu une vie baignée d’insouciance et de plaisirs multiples. Notre villa était grande, et chaque jour je m’amusais à redécouvrir les pièces, le jardin, et le petit chemin rocheux qui allait jusqu’à la mer. Je passais mes journées à jouer et rire, et avais beaucoup d’amis dans mon village avec qui explorer les environs. Quand je rentrais pour l’heure du goûté, ma grand-mère m’avait préparé des petits gâteaux grecs à base de miel délicieux. J’adorais ça, pouvais en manger des dizaines. Puis venait l’heure du bain, moment que j’aimais particulièrement. Mes grand parents me donnaient tout deux le bain ensemble chaque soir, un bain très particulier. Avant que je ne saute dans la baignoire, mon grand père versait des pétales de coquelicot dans l’eau, qui infusaient doucement, et avaient des vertus relaxantes. Un bon bain aux pétales de coquelicot, y’a rien de mieux avant d’aller se coucher pour être reposé et calme. Même adulte, je refaisais ça quand j’en avais l’occasion. J’aimais beaucoup les glaces à la lavande aussi, met que ma grand-mère me préparait lorsque j’avais été bien sage. J’étais un enfant heureux. L’été, Adonis et ma mère venaient en vacances, mais jamais mon père. Elle était âgée de 3 ans de plus que moi, mais j’adorais être avec elle. Elle avait cette douceur et cette grâce que j’aime aujourd’hui tant. Et je dois dire qu’elle prenait grand soin de moi, comme tout le monde. J’étais l’enfant le plus heureux au monde. Malgré le fait que nous ne nous voyons que lors des vacances, Diane et moi avons toujours été très proches, depuis ma plus tendre enfance jusqu’à l’âge adulte, je ne me souviens pas d’un seul jour où elle ne fut pas là pour moi, et inversement. Ma mère venait beaucoup plus souvent, peut être une fois par mois, pour me voir grandir. Elle m’emmenait le soir après le bain regarder le coucher de soleil sur la plage en mangeant des glaces à la lavande. Ma grand-mère criait quand elle faisait ça, soit disant que ça me filait une mauvaise éducation, mais elle criait surtout pour la forme je crois, parce qu’elle me permettait tout autant de bêtises. Mon papa venait aussi très souvent, mais jamais en même temps que ma mère. Très tôt, je su la vérité à propos de ma famille, sans pour autant y comprendre grand-chose. Je savais juste que ma mère et mon père étaient aux Etats-Unis avec Adonis, et papa tout seul. Il était toujours très bien accueilli à la maison, et ne venait jamais sans un cadeau pour moi. C’était un peu mon anniversaire à chaque visite. Le souvenir le plus précieux que j’ai avec papa de lorsque j’étais tout petit se passait le soir également. C’était quand nous revenions de la plage et que nous étions rouges tout les deux parce que j’avais la même peau fragile et blanche que lui. Il me laissait aller prendre mon bain, puis m’attrapait et me posait sur ses genoux. Il sortait de ses affaires de toilettes un petit pot vert avec de grosses lettres que je ne comprenais pas. C’était un pot de crème réhydratant dont il me badigeonnant doucement tout les soirs, frottant avec délicatesse ma peau devenue écrevisse. Puis j’avais le droit de lui en passer également sur les épaules et le visage, et on riait ensemble des chatouilles que cela procurait. C’était le bon temps.
Puis, à six ans, on m’envoya à l’école, et là ma vie devint un vrai calvaire. En réalité, nous habitions un petit village à côté d’Athènes qui était déjà une assez grande ville. Les enfants qui jouaient avec moi au village m’aimaient bien, ne remarquaient pas ma différence. Mais j’étais très pale, et avais les yeux d’un bleu clair semblable au ciel, pas très commun pour un grec. On se moqua vite de moi, m’insultant, me mettant appart. J’avais beau être né en Grèce, parler grec, avoir du sang grec, tout le monde m’appelait « l’américain ». Et très vite, je me retrouvais totalement seul, chose qui ne m’était jamais arrivée, et que je supportais extrêmement mal. J’avais besoin de vie, de rire, de chant. Petit à petit je perdais mon sourire et me renfermait sur moi-même, devenant un petit garçon triste, effacé, d’une discrétion proche de l’inexistence. Mes parents s’inquiétèrent rapidement de se changement radical, ainsi que mes grands-parents, qui me retirèrent de l’école. Mon papa eut alors une idée qui me rendit la vie beaucoup plus facile, en plus de m’instruire d’avantage : revenir au système antique. Pour ce passionné de la Grèce antique, cela semblait très naturel, presque évident. Au lieu d’aller à l’école le matin, d’être intégré dans une classe d’une vingtaine d’élèves et de n’avoir qu’une seule institutrice, j’avais mes journées libres. Mes cours ne commençaient qu’à partir de 18heures, lorsqu’il fait moins chaud et que les conditions de travail sont plus appropriées. J’avais également plusieurs professeurs rien que pour moi, ce qui m’empêchait absolument de rater quoi que ce soit au programme. Au début je n’avais que deux enseignants qui m’apprenaient à lire et écrire, compter, les bases. Puis à partir de 11 ans j’eu un prof de grec, un prof de mathématiques, de français, d’anglais, etc. J’avais un niveau excellent dans toutes les matières, et parlais quasiment couramment l’anglais et le français à la fin de ma scolarité. Je fis également du grec ancien et du latin sur demande de mon père. Ma vie reprenait un court normal, en dehors de ces horaires peu communs. J’étais de nouveau heureux.
Adolescence :
En grandissant, mes cours commençaient plus tôt et finissaient plus tard, mais j’avais toujours la possibilité de dormir le matin, et de pouvoir aller à la plage l’après-midi, ce qui m’offrait une vie géniale pour un ado. Bien loin du complexe que je ressentais quand j’étais petit, mon physique original commençait à plaire aux filles, et j’en profitais du mieux que je pouvais. Je me souviendrai toujours de ma première fois avec la belle Hélène, une jolie brune aux yeux verts qui avait le même âge que moi, c'est-à-dire 15 ans. Ce fut ma plus belle amourette de jeunesse. Notre relation dura un peu plus d’un an, jusqu’à une visite de mon papa où il m’annonça qu’il voulait que je vienne vivre avec lui, aux Etats-Unis. Pour un gosse de 16 ans, partir vivre aux States a quelque chose de fantasmagorique, le rêve américain. J’avais beau adorer la Grèce, je rêvais de voir la statue de la liberté, la maison blanche, les chutes du Niagara… Et tant d’autres. On en discuta avec mes grands-parents qui acceptèrent presque aussitôt. Ils disaient que j’étais un gentil gamin, mais que s’occuper d’un adolescent c’était plus de leur âge. Je faisais mes valises, et quittais tout ce que je connaissais. La Grèce, Athènes, ma maison, Hélène, mes grands-parents… Je partais une nouvelle fois à l’aventure.
Nous arrivions à Washington où je respirai pour la première fois l’air américain. Je m’émerveillais de tout déjà à l’aéroport, jetais mille regards pleins d’émotion autour de moi. L’on visita la ville, puis on bougea, en visitait une autre, et une autre. On fit quasiment tout le tour des Etats-Unis dans un périple qui dura un peu plus de deux mois. C’est à ce moment là que je prenais conscience des sommes dépensées par mon papa qui nous faisait toujours loger dans de somptueux hôtels, ou m’offrait mille cadeaux, et les restaurants, et l’avion, et toutes ces choses qui misent bout à bout devaient représenter une petite fortune. C’est aussi là que je me rendis vraiment compte de la chance que j’avais. Parlant très bien anglais, je communiquais facilement avec la population, nouais des liens, rencontrait de nouvelles filles… Mon accent chaud, presque épicé, ainsi que mon sens de l’humour, facilitaient beaucoup la séduction je dois dire. Je me gavais. J’avais beaucoup d’amis, on riait beaucoup. Je ne sais pas si beaucoup de gens ont eu la chance de vivre une vie aussi plaisante, et je remercie les Dieux de me l’avoir offert. Du moins jusqu’à mes 18 ans. Après avoir longuement parcouru la surface des Etats-Unis, nous sommes rentrés chez mon papa qui habitait une assez petite maison en Californie, toujours près de la mer. Petite mais agréable, toujours ensoleillée, me rappelant un peu mon chez moi grec. J’allais au lycée en ne sachant pas bien pourquoi. Mon niveau d’étude était supérieur aux autres jeunes de mon âge, dû à des années de travail beaucoup plus acharné. Je m’amusais beaucoup même au lycée, m’entendait bien avec mes professeurs, on me décrivait comme un garçon sympathique et brillant, qui avait de grandes possibilités de carrière.
Au bout d’un an, ma mère m’appela pour m’annoncer le décès de mes grands-parents. Ce fut un bouleversement indicible pour moi ; je retournai immédiatement dans mon pays natal. Même lorsque j’arrivai à la demeure vide où j’avais grandis, je n’arrivais pas à réaliser qu’ils étaient réellement partis, à jamais. Car malgré tout c’étaient eux qui m’avaient élevés et choyés. Je m’en voudrais toujours de les avoir abandonné après tout ce qu’ils avaient fait pour moi, tant de caresses et de baisers, de petites attentions, d’amour offert jour après jour. Après un enterrement auquel mon père n’assista pas, ma mère m’obligea à rentrer en Amérique tandis que je voulais rester seul à la villa. Papa s’y opposa également, je rentrai donc en Californie, le cœur lourd. Je ne pu cependant y rester très longtemps. J’appris quelques mois plus tard que mon papa était en réalité malade, et que c’était pour cette raison que j’étais allé passé les dernières années de sa vie avec lui. Un cancer. Cette fois je ne l’abandonna pas et demeura avec lui jusqu’à la fin. Il avait choisit de ne pas faire de chimio thérapie car son cancer ne laissait de toute façon quasiment aucune chance de survie. Il voulait au moins mourir dignement. Mon deuil se fit plus facilement, même si d’un coup, je me sentais extrêmement seul. Je quittai la Californie pour quelque chose de particulièrement déroutant, bien loin de ma vie de rêve.
L’appartement de mes parents. Je n’y étais jusqu’alors jamais été, et très sincèrement j’aurai aimé ne jamais foutre les pieds dans ce bordel. Adonis avait quitté le foyer très tôt, et je la comprenais bien, cependant elle fut là à mon arrivée. Mes parents habitaient New York, ambiance bien différente. De toute ma vie, je n’avais jamais vécu en ville, encore moins en appartement, et tout me semblait minuscule, et laid. Mais le pire, ce fut mon père. Ce père si peut présent ne m’inspirait aucune affection, ce qui était absolument révoltant pour moi. Depuis ma naissance, je n’avais vécu qu’avec des gens que j’aimais et qui m’aimaient en retour, et là, d’un coup, je sentais que j’étais de trop, l’indésirable, l’enfant issu du lit d’un autre. Immédiatement, je me sentis mal à l’aise, et voulu m’en aller. Pourtant ma mère m’avait fait bon accueille, m’ayant préparé des spécialités grecques, une chambre propre et soigneusement rangée, un sourire éclatant et des larmes de joie. Adonis aussi m’avait gâté, m’ayant administré un long et baveux bisous sur la joue. Ca me rappelait notre enfance. Je m’installai rapidement dans l’ancienne chambre d’Adonis, et commençai à ranger mes affaires, les larmes aux yeux, lorsqu’elle arriva et m’enlaça. Elle ne prononça pas un mot, mais son étreinte fut pour moi bien plus belle qu’une parole. Elle me montrait à quel point elle était heureuse que je sois là. Elle étudiait l’histoire de l’art et possédais un appartement à Manhattan que je skouatais souvent, échappant ainsi à mon père et son regard glacial. Avec elle on rigolait bien au moins. Mais ma vie n’était plus ce qu’elle avait été. En quittant la Californie, j’avais plusieurs offres d’universités réputées, mais à New York tout changea. Je découvris assez rapidement, pour ne pas dire instantanément, que mes parents étaient pauvres, et n’avaient pas les moyens de payer une seconde université après Adonis. L’argent de mon papa était bloqué sur un compte jusqu’à mes 21 ans. Autrement dit, je n’avais aucune chance de faire d’études malgré mon talent et mon envie. Je ne savais pas trop ce que je voulais faire, mais j’avais cette soif de savoir dévorante. Mon père me fit rapidement comprendre que si je voulais rester chez lui, je devais payer un loyer ; je n’eu donc d’autre possibilité que de trouver un job.
Adulte :
Le plus simple et le mieux payé que je trouvai fut celui de serveur dans le restaurant d’un hôtel luxueux qui accueillait tout le gratin de la société à New York. Je crois que je fus surtout embauché pour mon aspect propre et bien entretenu, ainsi que pour mon charme méditerranéen. Cet accent me sauvait décidemment la peau. Je n’ai rien de spécifique à dire sur cette période jusqu’à mes 20 ans car c’était en réalité un travail ennuyeux et répétitif, surtout lorsque l’on a les capacités de faire de grandes études et l’habitude du travail intellectuel. J’avais reconstitué une bande d’amis bien marrants qui me faisaient sourire malgré moi, malgré ma vie de merde. Je sortais beaucoup avec l’argent qu’il me restait après avoir payé le loyer, et rencontrais beaucoup de femmes. Cependant, je ne trouvais pas l’amour. A vrai dire, je n’ai jamais été très doué en amour, trop possessif, trop jaloux. Je me débrouillais mieux en amitié, ou en histoires d’un soir. Mon père était toujours aussi distant, ma mère essayait de nous rapprocher sans y parvenir, et Adonis et moi nous amusions beaucoup lorsqu’elle ne travaillait pas. Nous partagions chaque petit détail de notre vie et de notre intimité avec un doux parfum de complicité qui ne se tarie jamais. Seul mon travail me posait réellement problème, mais après deux ans de monotonie, quelque chose changea.
C’était une soirée apparemment comme les autres, j’avais bouclé mon service, aidé un peu à la plonge, et remplaçait un ami pour nettoyer la piscine de l’hôtel avant la nuit. Ca ne me dérangeait pas, et lui passait une soirée tranquille avec sa chérie. Ca me faisait même plaisir. Il était déjà très tard, j’étais crevé, mais ne pouvais le laisser tomber, j’avais promis. Et puis j’avais toujours été de nature altruiste, je savais que ne pas faire son job le foutrait dans la merde alors je prenais sur moi. Quelques lumières me permettaient de voir clair dans la nuit tandis que je vérifiais le filtre à sable. Je tâchais de me concentrer, et la silhouette que je vis se dessiner devant moi me fit sursauter. Il s’agissait d’une femme d’une cinquantaine d’années en maillot de bain, très chic. Elle était très belle malgré son âge, avait une démarche digne d’un ancien mannequin et une taille assez fine en dépit des ravages du temps. Je m’excusai rapidement, lui disant que la piscine était fermée à cette heure, le genre de blabla habituel qu’il fallait servir aux clients récalcitrants. Contre toute attente, elle me proposa de la rejoindre dans sa chambre. C’était étrange, jamais une cliente ne m’avait fait de telle offre, mais j’acceptai cependant. La beauté des femmes m’avait toujours émerveillé, et une telle occasion ne se représenterait pas. Pour faire court, nous avons passé une nuit plus que torride. Je n’aurais jamais cru trouver une telle vitalité chez une femme aussi âgée, et avait du me surpasser pour la satisfaire. Ce fut réellement une nuit d’extase. Le lendemain à mon réveil, la chambre était vide ; elle était partie. Et m’avait laissé un joli billet sur l’oreiller. Je compris immédiatement qu’elle m’avait pris pour un… Oh mon Dieu. Je déglutis difficilement, regardant le billet avec un air de démence. Jamais je n’aurais cru qu’on me traiterait comme une pute, non, vraiment. Je suis rentré chez moi dépité, le moral au plus bas. Puis j’ai réfléchis. Faire l’amour avec cette femme avait été une des choses les plus agréables qu’il m’était arrivé ces derniers temps, j’y avais pris du plaisir, et en plus, de la tune. Et très franchement j’en avais besoin. Alors quoi ? Où était le mal ? Du moment que ces femmes me plaisaient, je pouvais en profiter. D’ailleurs, j’en ai bien profité. Vous connaissez les femmes, ça parle, se racontent leurs aventures, notamment avec les gigolos, se passent leurs adresses. Je devins rapidement connu pour mes atouts méditerranéens, et ramassait un max. Je le vivais bien, à vrai dire. J’aimais de nouveau ma vie.
Ceci me permit de prendre mon propre appartement, situé dans un coin calme de la ville. Plafonds hauts et baies vitrées, la lumière circulait bien et donnait un éclat tout particulier au mobilier blanc et noir que j’avais choisis avec un architecte d’intérieur grec. Oui, j’avais les moyens de me payer un architecte. Avoir un appart’ comme celui-ci à 20 ans, ça rend très, très heureux. C’est stupide, les biens matériels ne m’avaient jamais importé, mais ce petit chez moi me plaisait vraiment beaucoup, et me permettait de recevoir. Le soir c’était les soirées entres amis, et la journée les visites de ma mère ou d’Adonis. J’aimais recevoir de la visite, avoir des gens à dîner, ce genre de chose. Quand les rires fusent et s’explosent contre les murs, menaçant de tout péter, oui, j’adore ça. J’ai besoin de vie autour de moi.
Pour mes 21 ans, je décidai de retourner à la villa et d’y rester seul. Cette fois plus personne ne pouvait m’en empêcher. Lorsque je suis arrivé, je me suis sentis bien. Vous savez, cette sensation d’appartenance, d’être dans son élément ; comme un poisson dans l’eau. L’absence de mes grands-parents me gênait toute fois, et afin de m’imprégner totalement des restes d’eux, j’allai pour la toute première fois dans leur chambre. Quand j’étais gamin, cette pièce était la seule que je n’avais pas testé, non pas que l’accès m’en fut interdit, mais je n’avais jamais osé violer leur intimité. Il se trouvait que cette chambre était la plus grande de toute la villa, avec un beau balcon donnant directement sur la mer. Le lit était toujours fait, je m’étais lentement assis dessus afin de ne pas déranger quoi que ce soit. Ce n’était peut être qu’une impression, mais je crois que les draps portaient toujours l’odeur fraîche et douce de ma grand-mère. La pièce était lumineuse malgré le mois de décembre, et sur la coiffeuse régnaient toujours des produits de beauté à base de fleurs. J’en avais sentis quelques uns, c’était exactement son odeur. Puis, brisant l’atmosphère de secret de la pièce, j’avais farfouillé un peu partout, prenant soin de tout remettre en place après. Je me ravissais de chacun de ces objets, admirais longuement les broderies, lisais les lettres d’amis rangées dans un petit coffret. Une fois que j’eus tout su de cette chambre, je passai à une autre, puis toutes les pièces furent passées au peigne fin. J’avais tellement besoin de m’imprégner de nouveau de cette maison. J’y passai la nuit sans dormir, et reparti le lendemain, la tête remplie de cette sensation enivrante d’habitude et de calme.
Suite à un rendez-vous chez le notaire de mon papa, je touchai tout, étant le seul héritier. La maison près de la mer, de l’argent, et quelques autres propriétés que je revendis rapidement car je n’y étais jamais allé et n’en avais pas besoin. Je gardai la maison où je comptais me retirer bientôt, et les quelques dizaines de millier de dollars. Le notaire qui était un ami me raconta comment mon papa avait économiser pendant des années afin que j’ai un avenir correct. A la base, ethnologue ne rapporte pas des masses, mais ses placements financiers avaient fructifiés et étaient aujourd’hui tout à fait remarquables. Tous les membres de ma famille avaient fait des sacrifices pour moi ; j’en eus les larmes aux yeux.
Après cet héritage je songeai fortement à rentrer en Californie où le soleil et l’eau salée m’attendaient, mais je ne m’y résous jamais, ceci pour deux raisons. La première était qu’Adonis et ma mère n’auraient pas pu me suivre et moi, pas pu vivre sans elles. Depuis que j’avais pris l’habitude de les voir presque chaque jour je n’envisageai pas le retour aux visites une fois par mois. La seconde était que je m’étais attaché aux femmes qui me payaient pour mes services. Malgré ma relative fortune, je ne repris pas mes études, et continuais le job minable de serveur uniquement pour profiter de mes petits avantages. L’argent ne me motivait plus, j’aimais seulement être à elles, être leur jouet d’un soir. Je ne sais pas, ces relations me rendaient heureux. Une année se passa comme ça, et puis tout déclina une nouvelle fois.
J’étais bien sûr au courant de cette possible guerre qui allait éclater, mais n’y croyais pas. A vrai dire, j’imaginais mal une puissance comme les Etats-Unis ravagée par des bombardements. Je m’étais trompé sur toute la ligne. Au début, tout allait encore bien. La vie n’avait pas beaucoup changée pour les citoyens lambdas comme moi qui n’y connaissaient pas grand-chose, mon père disait que ce serait la fin du monde, et ce le fut. Lorsque les premiers bombardements attaquèrent la plupart des villes des Etats-Unis, je pris conscience que c’était la fin, et j’avais peur. Retourner en Grèce devint très vite impossible, les voies aériennes étant bloquées, et puis de toute manière, la guerre rageait également là bas. Je me demande ce qu’est devenue la maison. Plus aucun endroit n’était sûr, le monde se déchirait et se détruisait de lui-même. Vint très rapidement le tour de New York. A partir de là, mon histoire devient très floue. Mon immeuble fut touché alors que je m’apprêtais à y rentrer, je fus salement amoché. Je crois que je me suis évanouis lorsque j’ai vu toute ma vie partir en éclats, et ne me rappelle de rien entre le moment où tout explosa, et celui où je me réveillai, dans une rue ravagée. Cette rue, c’était celle où j’avais vécu de nombreuses années, mais elle ne ressemblait en rien à ce que je connaissais. Tout était foutu, détruit, une odeur de chaire brûlée et de poussière régnait. En tout cas, à mon réveil tout était calme, comme si ce n’était qu’un mauvais rêve. Mais le cauchemar était réalité. J’étais bloqué sous des gravats, mais respirais presque normalement. La douleur n’était pas insoutenable, je pu au bout de quelques heures me dégager, au prix de grands efforts qui me vidèrent totalement, et m’empêchèrent d’aller plus loin. Je me suis rendormi, longtemps je pense, car une nouvelle fois tout avait changé. Le ciel s’était quelque peu éclaircit, l’air était plus respirable. Me sentant un peu mieux, je n’avais cependant pu me relever. J’étais dans un état de choc, incapable de réfléchir, de comprendre ce qui s’était passé.
La notion du temps m’était totalement étrangère, il s’était écoulé des heures, peut être des jours avant que je ne me relève. Et puis quoi ? Je passai mes journées à longer les longues rues en ruines de la ville, à la recherche d’une échappatoire, d’un endroit hors du temps où me réfugier. Je pensais à Adonis, à ma mère… pleurais. J’étais devenu un fantôme qui courait désespérément après son passé, après un tout petit espoir. J’eu beaucoup de chance, ne croisant quasiment personne, ou en tout cas personne de dangereux. Je tâchai de survivre difficilement dans ce foutoir, évitant les endroits trop détruits qui me donnaient envie de me couper les veines. J’avais perdu toute joie de vivre, tout sourire, il ne restait plus que cette sensation de vide en moi, d’absence. Une coquille vide. Et puis un jour, je rencontrai des personnes qui pour la première fois vinrent vers moi. J’avais peur, redoutais une quelconque attaque, et pour me défendre, prétextais ne rien avoir. Il ne s’agissait cependant pas de cela. On m’expliqua rapidement qu’il existait une communauté de survivants où tout le monde pouvait aller, se retrouvant ainsi à l’abri. J’étais abasourdis, mais acceptais de les suivre. A vrai dire, les débuts furent difficiles. Je ne parlais à personne, osais à peine croiser le regard de ceux qui m’informaient de ce que j’allais devoir faire. J’avais beau être avec des personnes qui reformaient un semblant de vie, j’étais complètement perdu. Les jours passèrent et je me détendais un peu, recommençais une vie dans cette immense fourmilière. Au bout de quelques semaines je m’étais familiarisé à cette vie en communauté, et m’intégrais dans le groupe. N’ayant pas de tâche spécifique, j’aidais au mieux que je pouvais tout le monde, me rendant utile à la première occasion. Les gens étaient en général sympathiques, je me fis quelques bons amis. Ce que je préférais à vrai dire, c’était les enfants. Je leur chantais des chansons en grec, leur racontait les mythes qui avaient bercés ma propre enfance, leur apprenais quelques mots. Et puis ils me faisaient rire, leur innocence contrastant si parfaitement avec le chaos qui régnait. Je rencontrai des personnes brisées aussi. Parfois, le simple fait de les écouter les apaisait un peu, sans dire mot, juste être là, attentif. Je ne sais pas où sont Adonis, et Catherine, j’ignore même si elles sont encore en vie. Mais j’ai décidé de ne pas baisser les bras, de ne pas tomber dans la bestialité et l’égoïsme, de continuer à rire et à exister dans ce monde détruit. Parce que s’il existe ne serait ce qu’un infime espoir qu’elles soient vivantes, je veux être pour elles ce que j’ai toujours été le jour où nous nous retrouverons : un homme aimant et doux.
Comment avez vous connu le forum ? : J’ai déjà le personnage de Carrie la psychopathe. Un petit mot ? : Vous avez du courage si vous avez lu mon histoire jusqu’au bout. Avatar pris : Jonathan Rhys Meyer.
Dernière édition par Aristide Tetropoulos le Ven 24 Juin - 11:58, édité 1 fois | |
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