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 Where do we go from here ? [PV Liam]

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Samuel Brimstone
Be good or be gone.
Samuel Brimstone


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MessageSujet: Where do we go from here ? [PV Liam]   Where do we go from here ? [PV Liam] Icon_minitimeDim 12 Mai - 16:14

Cinquante jours allongé, c'est long. Très long. Très, très long. Cinquante jours entiers dans ce lit, sans bouger. J'avais finalement trouvé des occupations, enfin, Aristide m'avait trouvé une occupation : la lecture. Il m'avait amené plusieurs livres de la bibliothèque et m'en avait ramené d'autres quand je les avais terminés. Liam et les jumeaux étaient également beaucoup venus me voir, même si Liam était souvent venu seul, essayant d'éviter de faire venir les jumeaux quand tout était encore trop... Dur pour eux. Au fil des semaines, cela devint cependant moins dur puisque les personnes les plus gravement blessées succombèrent à leurs blessures et les autres, comme moi, étaient restés dans ce qui servait pour le moment d'infirmerie (même de clinique à ce stade) afin de se remettre, autant que possible. Mon compagnon de chambre avait fini par mourir lui aussi et finalement, Mathilda m'avait laissé tout seul. Cela avait permis à Liam de dormir dans la chambre quand il avait pu faire garder les jumeaux ce qui nous avait fait beaucoup de bien car dormir sans l'autre était horriblement difficile, pour lui comme pour moi. Je n'avais pas eu que les livres pour m'occuper car Mathilda s'était aussi beaucoup occupée de moi : elle avait fait en sorte que l'immobilisation ne me mette pas en danger en m'injectant des... Du... Je ne savais pas en fait, en tout cas, c'était censé m'éviter tout problème de circulation sanguine et cela fonctionna plutôt bien puisque je n'eus aucun problème. Enfin, en dehors d'être paralysé me direz-vous... Oui, ça, c'était un problème, mais un problème qui n'avait pas de solution. Bref. Elle venait aussi souvent que possible et elle avait aussi demandé à d'autres personnes qui donnaient un coup de main de venir me bouger de temps en temps histoire de m'éviter d'autres soucis de type escarres, ce genre de saloperie quoi. J'avais l'impression d'être un vieux dans une maison de retraite et au fond, même si je n'avais pas l'âge, mon corps lui, correspondait bien à l'idée. J'avais besoin d'aide pour tout, je vous laisse imaginer à quel point ça pouvait être gênant pour moi... Malheureusement, pour le moment je n'avais pas le choix. Cela dit, j'avais bien précisé à Mathilda qu'en sortant, il était hors de question qu'on (et par là j'entendais Liam ou toute autre personne de mon entourage) me fasse ma toilette ou autres. Je voulais être le plus autonome possible et Mathilda m'avait assuré que ce serait possible, sans pour autant rentrer dans les détails, sans doute pour m'éviter de faux espoirs.

Cependant, je n'avais aucun faux espoir.

Quand je regardais mes jambes, quand je voyais qu'en un mois elles avaient déjà commencé à perdre en masse musculaire, je n'avais aucun espoir : je serais en chaise roulante pour le restant de mes jours. Il m'arrivait souvent de presser mes poings contre mes cuisses pour essayer de sentir quelque chose mais rien, rien du tout. J'étais d'ailleurs en train d'appuyer sur ma cuisse droite comme un taré quand j'entendis frapper à la porte.

« Oui ? »

J'arrêtai mon manège et me réinstallai sagement contre la tête de lit : j'avais au moins déjà appris à me redresser et à m'asseoir tout seul à la force de mes bras, c'était pas mal non ? Bref, je m'adossai contre la tête de lit et pris mon livre entre les mains, l'image même de celui qui était sage et qui n'essayait pas de ressentir quelque chose au niveau des jambes jusqu'à s'en couper la circulation. Mathilda entra, le visage relativement fermé, comme d'habitude. Cependant, contrairement à d'habitude elle semblait un peu plus à l'aise, un peu plus... Soulagée ? Je reposai mon livre sur la table de chevet et me mis à la fixer. Soit elle avait une nouvelle plutôt sympa à m'annoncer, soit elle avait une nouvelle plutôt horrible à m'annoncer et préférait arborer un air plus « cool » histoire de me faire moins paniquer. Faut dire que j'étais habitué aux mauvaises nouvelles.

« Ca va ? »
« Comme d'habitude. Il se passe quoi ? »

Je n'y allais pas par quatre chemins mais elle non plus alors autant lâcher le morceau, non ? Elle s'assit au bord du lit et se mit à me fixer : j'avais l'impression qu'elle me passait au rayon X et c'était très désagréable.

« Aujourd'hui, tu sors d'ici Samuel. »

Hein ? Nouveau froncement de sourcils de ma part.

« Quand tu dis que je sors d'ici, tu veux dire que je vais faire un tour ? »
« Non, je veux dire que tu rentres chez toi. »

J'écarquillai les yeux : si c'était une blague, elle n'était vraiment pas drôle du tout. Elle ne semblait cependant pas être passée en mode clown alors...

« T'es sérieuse ? Je rentre ?... »
« Oui. Liam vient te chercher. On t'a trouvé une chaise roulante. »
« Oh... D'accord... »

Il y eut un silence.

« Samuel ?... »
« Non c'est bien, c'est... T'es sûre que je peux ? Je veux dire, tu voulais que mes jambes soient immobilisées à cause des fractures, tout ça... »
« C'est qui le médecin ici ? Si je te dis que tu peux, c'est que tu peux. Je ne peux pas être sûre à cent pour cent parce que je ne peux pas faire de radios mais d'après moi, tes fractures ont l'air d'être bien consolidées. En tout cas, c'est sur la bonne voie et comme tes genoux n'ont pas pris de choc, ce ne sera pas gênant que tu sois assis plutôt que les jambes complètement tendues. Il faudra juste que tu sois prudent pour ne pas du tout être en appui sur tes jambes... »
« Ce sera pas un problème ça... » la coupai-je avec un rire sinistre.
« Ni aucun choc Samuel et je ne plaisante pas. »
« Oh mais moi non plus. D'accord, je me tais. » Son regard glacial venait de me retirer toute envie de poursuivre dans la provocation gratuite. Il y eut un petit moment pendant lequel elle n'ajouta rien puis elle poursuivit.
« Donc, Liam va venir te chercher et il va te ramener. »
« D'accord. »

Ou pas... Pas d'accord. Mon cœur se mit à battre comme un dingue contre mon torse. C'est que tout ça allait très vite. Rentrer du jour au lendemain ? Comme ça ? Être coincé dans cette chambre était une chose mais essayer de reprendre ma vie là où je l'avais laissée en était une autre surtout qu'en l’occurrence, c'était impossible. Tout à coup, tout un tas de détails me frappèrent, des détails qui allaient être compliqués à contourner alors que j'étais en chaise roulante.

« C'est pas possible, je peux pas rentrer. » Elle haussa un sourcil et je poursuivis. « Mathilda, je ne peux pas rentrer. Comment je vais faire à la maison ?... Je ne peux même pas passer les escaliers pour entrer. Notre chambre... Elle est à l'étage et la salle de bain aussi. Non, je peux pas rentrer. »

Et puis, il y avait aussi le fait que j'allais devoir me montrer aux autres dans cet état et j'avais peur de leur regard. J'avais extrêmement peur de leur regard car je n'allais pas supporter que l'on me traite comme un handicapé, comme quelqu'un de faible, même si malheureusement c'était ce que j'étais devenu. Non, je ne le supporterais pas. Elle soupira et se redressa avant d'aller regarder par la fenêtre. Elle devait sans doute réfléchir à une solution.

« Tu me fatigues.» Merci beaucoup. « Je ne suis pas censée en parler puisqu'ils voulaient te faire la surprise mais je vais te le dire, sinon, tu ne sortiras pas d'ici.»

Mais de quoi me parlait-elle là ? Quand elle se retourna vers moi je crus voir un léger sourire sur ses lèvres. C'était vraiment furtif mais c'était bien là ou alors j'étais complètement en train d'halluciner.

« Quand je dis que tu rentres chez toi, ce n'est pas tout à fait vrai. Tu n'as plus la même maison. »

Je la fixai, ne comprenant rien du tout.

« Pendant que tu étais bloqué ici, tes amis, tu sais, ceux que tu as traité de façon assez désagréable, on préparé quelque chose pour toi. »

Ah oui, ça... Mes amis... J'avais été infecte et pas qu'avec eux, même avec Liam. Il y avait eu des moments où j'avais tellement mal vécu mon état que je m'étais montré odieux, infâme... D'ailleurs, ça m'arrivait encore et ça m'arriverait encore souvent, je le savais mais c'était plus fort que moi. Liam me trouvait des circonstances atténuantes, Mathilda non.

« Ils ont fait quoi ? »
« Liam a pensé avant toi à ces problèmes que tu allais rencontrer dans la maison où vous viviez alors, ils s'est mis d'accord avec Giulio et Amarili pour que vous déménagiez tous dans une autre maison, un peu plus grande. Ils en ont trouvé une qui avait besoin d'être remise en état et ils y ont passé beaucoup de temps. Liam et toi avez votre chambre au rez-de-chaussée et il y a deux salles de bains : une en haut, et une au rez-de-chaussée. Giulio et Aristide ont même construit une rampe dehors pour toi. Mais le plus dur ça a été de déplacer le piano. Et encore, je n'ai pas tout vu à l'intérieur mais il paraît que ça vaut le détour.»

J'étais incapable de répondre quoi que ce soit tant j'étais... Abasourdi d'entendre un truc pareil. Je ne voulais pas qu'on me traite comme un faible, je ne voulais pas qu'on m'assiste mais ce qu'ils avaient fait c'était bien différent de ça. C'était... Il n'y avait pas de mot assez fort pour décrire ce que cela représentait pour moi. En faisant tout ça, ils allaient justement me permettre de retrouver un semblant de vie. Nous mais vous imaginez ? Une rampe ! J'allais pouvoir sortir quand je voulais, j'allais pouvoir... Réapprendre à vivre. Je plaquai mes mains contre mon visage histoire de planquer les larmes qui venaient de se mettre à couler sur mes joues. Là, pour le coup, d'un point de vue extérieur, je pouvais avoir l'air faible mais ça m'était égal. L'homme de ma vie, son père, mes amis, ils s'étaient tous réunis pour pouvoir rendre possible et agréable l'existence qui m'attendait une fois sorti de cet endroit. Ils ne m'offraient pas simplement une rampe, une salle de bain et une maison : ils m'offraient la vie, et c'était le plus cadeau qu'on pouvait me faire. J'entendis de nouveau frapper à la porte mais j'étais pour l'instant trop chamboulé pour pouvoir dire quoi que ce soit. Ce fut Mathilda qui invita la personne à entrer et je savais parfaitement de qui il s'agissait : c'était sans doute Liam, avec la fameuse chaise roulante. Il allait falloir que je me reprenne avant de réussir à relever le visage et le regarder. Mathilda n'attendit pas avant de lui expliquer que j'étais en train de pleurer de joie et pas parce que ça n'allait pas. Quoi ? Vous croyez qu'il n'allait pas s'inquiéter en me voyant dans un état pareil ? C'est mal le connaître. Je finis par être capable de relever mon regard vers lui et quand je croisai le sien, je n'y vis que de l'amour et tant de bonheur à l'idée de savoir que j'allais rentrer, à l'idée de me voir soulagé malgré la situation difficile. Je fus même capable de lui adresser un sourire plus chaleureux que n'importe quel sourire que j'avais pu lui adresser depuis que je m'étais retrouvé dans ce lit.

**************

« Giulio ? »
« Ici Sam ! »

Ah, dans la cuisine. Je me traînai (ou plutôt roulai) jusque la cuisine. J'avais la place pour passer avec mon engin, ils s'étaient assurés que ce serait possible quand ils avaient remis la maison en état.

« Liam n'est pas là ? »
« Non, il est parti tôt et il a dit que comme tu dormais bien il ne voulait pas te réveiller. Les jumeaux sont à l'école ».

Techniquement, nous n'avions pas vraiment d'école mais nous avions tous pris l'habitude de parler de cette façon quand les enfants étudiaient avec Gabrielle et les autres.

« D'accord. Bon, je vais prendre un peu l'air. »

Un sourire et je filai jusqu'à la porte d'entrée. Je me penchai pour atteindre la poignée et appuyai dessus avant d'ouvrir la porte et de sortir. Grâce à la rampe, je me retrouvai rapidement devant la maison, sous un arbre à regarder les gens aller et venir. Comme à chaque fois, j'eus un pincement au cœur en les voyant marcher alors que moi... Dans ces moments-là, j'avais parfois du mal. En fait, il n'y avait pas que dans ces moments-là. Liam faisait preuve d'une patience incroyable avec moi tant je pouvais me montrer affreux avec lui par moments. Avec lui, et avec les autres, tous ceux qui étaient sur leurs deux jambes en fait. C'était assez difficile à gérer : j'étais plutôt heureux puisque j'étais en vie, je vivais dans une belle maison avec l'homme de ma vie (même si nous n'avions pas reparlé du mariage) et nos enfants, et en même temps, il y avait des moments où j'en voulais à la terre entière, où je souhaitais être mort plutôt que d'être dans cette foutue chaise. J'avais l'impression qu'il y avait deux hommes à l'intérieur de moi et j'avais peur que l'un prenne le dessus sur l'autre.
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Liam Marsden
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MessageSujet: Re: Where do we go from here ? [PV Liam]   Where do we go from here ? [PV Liam] Icon_minitimeDim 12 Mai - 23:14

« Posez ça là-bas, s’il vous plait »

J’indiquai la bonne direction à Aristide et Giulio qui transportaient un meuble de ma chambre. Ou plutôt, de mon ancienne chambre puisque nous étions en plein déménagement. En effet, depuis que je savais que Samuel allait être en chaise roulante, l’idée qu’il revienne dans notre ancienne maison m’avait empêché de dormir. Comment aurait-il pu se sentir de nouveau à l’aise dans cette maison ? Rien ne convenait à la manière dont il allait se déplacer à présent. Même notre chambre, située à l’étage, lui aurait été hors d’atteinte. Au début, j’avais pensé pouvoir déplacé notre lit dans le salon et inverser le rôle des deux pièces, mais la salle de bain aurait toujours été à l’étage elle aussi. Et comment l’y emmener ? Même en admettant que je l’aide – ce qui lui aurait déplu, je le savais – je n’avais pas la force nécessaire pour le porter jusqu’à là haut. Alors, effectivement, j’avais fini par en perdre le sommeil tant ses préoccupations m’angoissaient. J’avais su dès l’instant où Sam m’avait appris sa paralysie que notre vie allait changer, que tout serait plus compliqué, que lui-même allait changer, mais je voulais faire tout ce qui était en mon pouvoir pour le soulager. Pour l’aider. Alors, je voulais qu’il se sente bien en rentrant à la maison, qu’il se sente chez lui justement et pour cela, il fallait qu’il ait la possibilité de se débrouiller seul, que les structures soient adaptées. Je le connaissais assez bien pour savoir qu’il refuserait que je sois toujours derrière lui pour l’aider, et en même temps, moi-même ne le souhaitait pas. Je ne voulais pas qu’il ait besoin de moi pour aller aux toilettes, prendre une douche ou sortir de la maison : Il était mon mari, pas mon enfant. Et même si je l’aimais de tout mon cœur, jamais je ne pourrais supporter ce poids. Certes, il aurait toujours besoin de moi pour certaines choses, mais pas pour tout, je le refusais. Je ne voyais pas comment nous aurions pu être heureux de cette manière, car nous en aurions souffert tout les deux, sans parler des jumeaux que nous aurions forcément délaissé… Non. Il devait rester une personne à part entière, une personne capable de se déplacer et agir sans moi. Alors, je devais trouver un moyen pour que cela devienne possible.

En toute honnêteté, cela ne fut pas facile. Notre maison n’était pas adaptée, mais malheureusement aucune des maisons disponibles à Elizabeth Town ne l’était non plus. Et je ne me voyais absolument pas aller demander de l’aide à Aaron pour nous trouver une nouvelle demeure : Nous étions plus ou moins en froid depuis la mort d’Alexander et le départ d’Ethan. Comme tout le monde, j’avais été énormément perturbé par ces deux évènements terribles, et j’avais voulu aider Aaron, mais pas de la manière dont lui l’aurait souhaité. Il m’avait demandé de jouer le rôle de nouveau leader à ses côtés, estimant que je faisais partie de ceux qui avaient été les plus proches des anciens leaders, et que j’avais déjà de l’expérience puisque je l’avais déjà aidé lorsque Alexander était parti chercher Gabrielle dans New York et qu’Ethan était lui aussi parti. Mais j’avais refusé. Cette fois, j’avais refusé, tout simplement parce que ma situation avait changé : J’étais aujourd’hui sur le point de me marier avec un homme en chaise roulante, j’avais deux enfants, un père malade… Des responsabilités qui, malheureusement pour Aaron, passaient avant la Communauté. Ma famille passait avant la Communauté, et ça, Aaron avait du mal à l’accepter. Je savais qu’il m’en voulait de l’abandonner, mais malgré mon amitié pour lui, la famille restait la chose la plus importante à mes yeux. Alors… Oui, nous étions plus en moins en froid et je ne pouvais pas compter sur lui. De toute façon, je supposais qu’il n’aurait pas eu le temps pour de telles « futilités ». Mais finalement, j’avais fini par trouver une solution, seul. De toutes les maisons encore debout, peu étaient finalement habitées, soit parce que les autres étaient devenues insalubres, soit parce que nous avions décidé de garder de la place pour d’éventuels arrivants. Et si de celles réservées aucune ne correspondait à mes critères, d’autres parmi les inhabitables auraient pu convenir. Il y en avait en effet de très grandes, très spacieuses, mais qui auraient eu besoin d’une nouvelle toiture ou d’un nouveau système électrique. Malheureusement, je n’étais personnellement pas en mesure de m’occuper de cela, mais j’avais de la bonne volonté. Si l’on m’expliquait, je pouvais travailler de mes mains. Et je connaissais un ouvrier qualifié qui aurait été en mesure de m’aider…

Mon père. Certes, il n’était ni plombier ni charpentier, mais il avait déjà travaillé sur des chantiers, il était capable d’expliquer pourquoi certaines choses ne fonctionnaient pas et de les réparer. Alors, un soir, à la tombée de la nuit pour que personne ne le voie, je l’emmenai avec moi et lui montrai une maison en particulier. De toutes, il s’agissait de celle dans laquelle j’aurais préféré vivre. Elle était très grande, sur deux étages, entièrement en bois avec un joli palier. Il y avait deux salles de bain, dont une au rez-de-chaussée, et de nombreuses chambres. Giulio, Amarilli, Lilly et mon père auraient pu continuer à vivre avec nous, et les jumeaux auraient même pu avoir chacun leur chambre. Oui, cette maison était particulièrement grande et cela était très bien : Samuel aurait la place de se déplacer en chaise. Malheureusement, il y avait un problème de canalisations. Elles avaient sans doute gelé puis explosé durant l’hiver, et à présent il n’y avait plus d’eau courante. Je montrai cela à mon père, qui parut légèrement déstabilisé. Il m’expliqua qu’il ne s’agissait pas d’un problème, et qu’il faudrait sans doute des semaines avant de pouvoir remettre les choses en ordre, et qu’un seul homme ne pouvait s’en occuper. Mais de toute façon, je n’étais pas seul : Giulio, Amarilli et Lilly avait accepté de déménager avec nous. Ils m’aideraient, c’était sûr. Alors, après mûre réflexion, nous décidâmes que cette maison serait bel et bien notre future maison, qu’importe le temps que nous allions passer à travailler dedans. Samuel le méritait.

Pourtant, on ne peut pas dire qu’il ait été particulièrement agréable depuis qu’il avait appris sa paralysie, bien au contraire. Il avait été absolument terrible avec tout le monde, refusant la plupart des visites, écourtant de manière désagréable les autres. Il avait refusé des plats préparés par Giulio et vexé Lilly plus d’une fois, mais que voulez-vous ? Nous vivions ensemble depuis un petit bout de temps maintenant, nous étions unis, réellement proches, alors personne ne lui en tint réellement rigueur. Ils comprenaient tous ce que Sam était entrain de traverser, en étaient tous accablés. Tous voulaient l’aider. Alors, nous nous mîmes bel et bien au travail et croyez-moi, ce ne fut pas une partie de plaisir. Giulio était déjà âgé, Lilly trop faible pour pouvoir réellement aider, Amarilli trop occupée ailleurs… Nous aurions eu besoin d’hommes jeunes et forts mais après l’explosion de l’église, chacun était déjà bien occupé ailleurs. Et puis, un jour, alors que je ne m’y attendais pas, je vis Aristide sur le chantier. Il discutait en italien avec Giulio tout en travaillant. J’en restais quelques instants abasourdis avant de m’approcher suffisamment pour qu’il me voie et m’explique. Il était le meilleur ami de Samuel, il voulait l’aider, lui aussi. Et même si je devais bien avouer que je ne l’appréciais pas particulièrement, je lui en fus reconnaissant. Cela permit à Lilly de s’occuper du ménage et de la peinture avec Amarilli et Mathilda – lorsqu’elle en avait le temps – tandis que nous finissions de remplacer la canalisation. Durant des semaines, nous travaillâmes dès que nous en eûmes le temps dans cette nouvelle maison. Cependant, personne, et surtout pas moi, n’en dîmes mot à Sam : Ce serait une surprise, son cadeau de sortie de l’infirmerie.

Nous en étions à présent à quelques jours à peine de cette fameuse sortie que j’attendais avec tant d’impatience. Je voulais Samuel près de moi, près de nos enfants, je voulais qu’il recommence à vivre au sein de notre foyer. Qu’il ait été parfois odieux avec nous ne m’importait pas, je ne pouvais lui en vouloir. Je savais que cela venait du choc, du fait qu’il n’acceptait pas sa situation, et de rien d’autre. Et même si je devais bien avouer qu’il avait changé, cela ne m’empêchait pas de toujours l’aimer plus que tout au monde. Certes, il n’était plus l’homme doux, l’homme aimant et indulgent que j’avais connu, mais comment lui en vouloir ? Il avait trop de colère en lui pour pouvoir être ainsi, et au fond, je savais que cet homme là était toujours présent, quelque part, qu’il finirait par réapparaître lentement, au fil du temps. En attendant, j’avais juré de rester auprès de lui et je n’avais absolument pas l’intention de revenir sur ma promesse. Non, je le voulais auprès de moi, qu’importe qu’il soit parfois si blessant. Je le voulais, point. Et je savais que je n’aurais plus à attendre longtemps ce moment où il rentrerait puisque Mathilda m’avait dit elle-même qu’il ne s’agissait plus que de quelques jours. Tout était prêt pour lui. Tout était magnifique. Contrairement à notre première maison, nous avions pu dans celle-ci refaire la décoration à notre goût ou plutôt au goût de Lilly puisque c’était elle qui s’était chargée de cela. Mais quel beau travail elle fait ! La majorité des murs étaient simplement blancs, rendant les pièces déjà grandes encore plus lumineuses et agréables. Quant à aux meubles, nous avions décidé de conserver ceux de l’ancienne maison mais Lilly les avait repeint en blanc puis patiné dans des teintes presque argentés, très brillantes. De même pour certains bibelots. Elle avait également mis de longs rideaux aux fenêtres dans les mêmes tons, et réaranger l’espace de manière à ce que Samuel puisse circuler librement. Les sols étaient majoritairement de parquet, mis appart dans les chambres d’enfants qui avaient de la moquette. Bref, cette maison était réellement plus agréable à vivre que l’ancienne.

Quant aux jumeaux, ils n’avaient pas été particulièrement heureux de déménager. Certes, ils avaient compris pourquoi nous le faisions, mais ils étaient justement trop préoccupés par l’état de Samuel pour pouvoir réellement se réjouir. Même s’il avait été plus tendre avec eux qu’avec n’importe qui d’autre, les enfants n’étaient pas dupes. Ils avaient bien senti que quelque chose, mis appart ses jambes, avait profondément changé en Sam. Lucy en était particulièrement touchée, étant plus hésitante qu’auparavant avec lui. Hésitante, mais avant tout triste. Elle et son frère avaient tant espéré que Sam se remette rapidement après l’explosion de l’église et finalement, il avait été très délicat que de leur expliquer pourquoi il ne sortirait pas avant un bon moment, et surtout comment il serait en sortant. Même s’ils étaient assez grands pour comprendre, cela ne les empêchait pas d’être profondément déstabilisés par cette situation. Et cette nouvelle maison ne les réjouissait pas plus que le reste. Ils décidèrent de rester dans la même chambre, ce qui ne m’étonna pas, et se montrèrent plutôt timides les premiers jours. Le fait que je dorme au rez de chaussée n’aida pas particulièrement : Depuis que je les avais adopté, nous n’avions jamais dormi aussi éloignés les uns des autres, mais avec Samuel, je ne pouvais pas prendre une chambre à l’étage. C’était ainsi et ils finirent par l’accepter.

Puis, le grand jour arriva enfin. Mathilda vint me voir tôt ce matin là et m’annonça très rapidement que Sam pouvait sortir dès cet après midi. J’en fus tellement heureux que je ne pu réprimer de toute la matinée le sourire radieux qui s’accrochait à mes lèvres. Nous allions enfin pouvoir reprendre notre vie où nous l’avions laissé, et certes cela n’allait pas être facile mais je le désirais réellement. Il allait découvrir la maison, voir à quel point tout le monde avait mis du sien pour lui… Je savais qu’il allait l’adorer. Oui, du plus profond de mon être, je savais que Sam allait adorer tout cela. Que Mathilda gâche la surprise ne me fit rien tant ses yeux furent émerveillés lorsqu’il pénétra dans la maison. Je crois qu’il apprécia particulièrement la rampe qui lui permettait d’entrer et sortir à son gré. Quant au reste, eh bien… Je dois bien avouer qu’au début, j’avais quand même été un peu inquiet que les choses ne se passent pas aussi bien que je l’avais espéré. Je le surveillais toujours du coin de l’œil, appréhendant le moment où il m’appellerait, ne parvenant pas à faire quelque chose seul. Mais même si cela n’arriva pas, je ne pouvais pas non plus dire que nous étions heureux. Même si je savais très bien que les choses allaient être compliquées, j’avais quand même espéré que la maison aiderait, que Sam allait s’appuyer sur moi, du moins psychologiquement… Mais je dois bien avouer que ses humeurs me blessaient réellement parfois. Il avait des mots, des gestes de rejet envers moi alors que, de mon côté, j’essayais tellement de faire au mieux pour lui, de faire tout ce que je pouvais pour lui… Et en même temps, l’idée que j’étais le responsable de tout cela ne quittait jamais mon esprit. Certes il me blessait, mais qui avait provoqué cela ? Qui avait provoqué son état ? Qui avait provoqué toute la colère qu’il avait en lui ? Moi… Alors non, je ne parvenais pas à lui en vouloir. Jamais. La seule personne à qui j’en voulais était bel et bien moi-même, et pourtant, cela ne rendait pas son attitude plus facile à encaisser. Je faisais la plupart du temps comme si de rien n’était, ignorant ses paroles lorsqu’elles devenaient trop acides, ou me contentais de baisser les yeux et rester silencieux mais, honnêtement, cela m’usait. J’avais beau vouloir rester fort et rassurant pour lui, je n’en étais pas moins fatigué psychologiquement comme physiquement. Etre toujours aux aguets de peur qu’il tombe, ne se fasse mal, ou ne parvienne pas à faire quelque chose seul était fatiguant. Recevoir des critiques ou des paroles désobligeantes l’était tout autant. Me sentir chaque jour coupable en le regardant aggravait tout. Et pourtant… Pourtant je remerciais le ciel à chaque instant de l’avoir toujours auprès de moi.

N’était-ce pas cela, l’amour inconditionnel ? Etre près de lui quoi qu’il fasse ou dise, quoi qu’il arrive ? L’aimer toujours de la même manière, qu’importent les circonstances ? Tout pardonner, tout accepter ? J’espérais qu’un jour il le verrait. Qu’un jour il verrait à quel point j’avais voulu l’aider, mais je savais que pour le moment cela n’était que partiellement possible. Je supposais qu’il s’en rendait compte, mais pas totalement. Notre intimité elle-même était devenue compliquée. Il ne supportait pas que je le touche plus que quelques câlins ou quelques baisers, et croyez moi, cela était particulièrement déstabilisant pour moi en sachant à quel point il avait été tactile autrefois. Mais je comprenais. Son corps avait changé et je savais qu’il ne l’acceptait pas assez pour se laisser toucher comme auparavant. Même si personnellement je le voyais toujours de la même manière, ce n’était pas le cas pour lui et je l’acceptais. J’acceptais. Alors… Oui, physiquement nous étions moins proches qu’auparavant. Nous ne passions plus de longues minutes à nous câliner comme autrefois, et quant au sexe, eh bien… Pour être franc je n’osais plus du tout le toucher de cette manière là. Il m’aurait repoussé immédiatement, j’en étais persuadé, et je ne voulais surtout pas le mettre mal à l’aise en tentant quoi que ce soit. J’aurais voulu pouvoir me rapprocher de lui de cette manière là, mais je savais que ce n’était pas une bonne idée. Pas maintenant. Pas si tôt. Mais le temps me paraissait horriblement long car, même si j’étais plus que reconnaissant de l’avoir toujours auprès de moi, il n’était plus aussi proche qu’avant. Et j’aurais tellement voulu pouvoir le retrouver comme avant, pouvoir être comme avant… Cela arriverait un jour, j’en étais certain. Je l’attendrai.

Les jours finirent par passer et, ce matin là, je m’éveillai tôt. Ouvrant doucement les yeux, je constatai que le soleil se levait à peine. A mes côtés, Samuel dormait encore profondément à l’autre bout du lit. Il avait sans doute quitté mes bras dans la nuit, et comme tous les matins je le retrouvais loin de moi. Mais cela ne faisait rien… Ce n’était rien. Lentement, je m’approchai de lui et déposai un tendre baiser sur son front, essayant de ne pas le réveiller. Je l’aimais tellement… J’eus envie de le serrer contre moi mais me ravisai, préférant le laisser tranquille, le laisser se reposer. Alors, je me levai le plus silencieusement possible et allai à la cuisine préparer le petit déjeuner pour les jumeaux qui avaient école ce matin. D’ordinaire, Giulio leur préparait quelque chose de bon pour le petit déjeuner mais étant donné l’heure, je présumais qu’il n’était pas encore réveillé. Cela ne faisait rien, j’étais capable de préparer quelques œufs brouillés, ce qui ferait l’affaire. Une fois que tout le monde eut pris son petit déjeuner, je décidai de sortir et aller aider Laurence pour quelques projets de sécurité. Auparavant j’aidais Aaron, mais depuis notre dispute je supposais que le quartier général ne m’était plus ouvert et honnêtement, c’était le cadet de mes soucis. J’avais bien d’autres choses à penser pour être inquiet de cela. Cependant, je me rendis compte en route que j’avais oublié un des principaux plans qu’il m’avait confié et rebroussai chemin jusqu’à la maison : Décidemment, j’étais vraiment fatigué. C’est en pensant à cela que je vis soudain une petite fille, seule, non loin de la bibliothèque et donc de l’école. Je fronçai les sourcils. A cette heure ci, peu de gens se promenaient dans Elizabeth Town et le fait qu’une enfant soit seule dehors alors qu’elle aurait probablement dû être à l’école m’interrogea. Je m’approchai rapidement d’elle, décidé à la ramener dans sa classe, présumant qu’elle avait dû se perdre en voulant aller aux toilettes, ou quelque chose de ce genre. Après tout, elle ne devait pas avoir beaucoup plus de six ans. Pourtant, elle ne paraissait pas le moins du monde inquiète ou perdue. Elle était tranquillement assise dans l’herbe, jouant avec une fleur, et m’adressa un sourire éclatant lorsqu’elle me vit approcher. Je lui rendis, bien que n’ayant pas particulièrement le cœur à cela.

« Qu’est-ce que tu fais ici, toute seule ? » lui demandai-je tout en m’accroupissant près d’elle.

Elle ne me répondit pas, se contentant de me regarder avec ce même sourire radieux. En toute honnêteté, cette petite fille était absolument adorable. Elle avait de beaux yeux noisette tirant vers le vert, de jolies boucles châtains, un visage de petit ange qui aurait fait fondre n’importe qui. Et pourtant, elle n’avait pas de parents. Je le savais parce que je l’avais déjà vu parmi les enfants orphelins dont s’occupait Isaiah, mais je ne connaissais pas son prénom. A cette pensée, je le lui demandai, mais une nouvelle fois elle ne me répondit pas. J’hésitai alors quelques instants avant de lui montrer l’école.

« Tu étais en classe ? Avec Gabrielle ? Ou Elizabeth ? »

Son regard suivit mon doigt et, aussitôt, elle secoua négativement la tête. Elle était en effet sans doute un peu trop petite pour ce cours-ci, en sachant que les jumeaux y allaient et que les enfants étaient plus ou moins séparés en classe selon leur âge. J’eus un léger soupir avant de la prendre dans mes bras et me relever, sentant aussitôt ses petits bras se passer autour de mon cou. J’allais la ramener chez Isaiah, mais je devais auparavant aller chercher mon plan. Je la ramenai donc chez moi, lui posant toujours tout un tas de questions auxquelles elle ne répondait pas. Peut-être était-elle simplement timide ? Pourtant, elle s’amusait à jouer avec mes cheveux tout en riant, mais elle ne semblait tout simplement pas m’entendre tandis que je lui parlais. Arrivés à la maison, je la posai rapidement dans l’entrée, lui demandant de ne pas bouger, et allai récupérer rapidement mon plan. En revenant, je la retrouvai dans le salon. Décidemment, elle ne m’écoutait vraiment pas… Cela ne m’empêcha cependant pas d’avoir un léger sourire en la voyant regarder le piano d’un drôle d’air. Sans doute n’en avait-elle jamais vu. Je m’approchai doucement d’elle, posant une main délicate dans ses cheveux.

« Tu le trouves joli ? Tu veux entendre le bruit qu’il fait ? »

Certes, je n’avais pas vraiment le temps, mais en même temps… Elle était tellement mignonne que je fondais, tout simplement. J’adorais les enfants, et même si ce n’était pas ma fille, j’avais envie de lui faire plaisir en lui montrant comme cela fonctionnait. Alors, je la posai sur le siège du piano et pris place près d’elle, posant mes doigts sur les touches. Ses grands yeux s’attachèrent aussitôt à mes doigts et les suivirent avec un air de profond émerveillement tandis que je jouais. Elle les regardait comme si la musique elle-même n’avait aucune importance, observant seulement la valse de mes mains sur les touches. Je jouai quelques minutes à peine puis m’arrêtai et aussitôt, elle m’adressa un grand sourire avant de m’applaudir de ses petites mains. J’eus un léger rire tant elle était adorable, puis tandis de nouveau la main pour lui caresser les cheveux dans un geste tendre lorsque, à ma grande surprise, elle se rapprocha soudainement de moi et se blottit dans mes bras. Je restai quelques instants stupéfait avant de refermer mes bras autour d’elle et la câliner doucement. Ce fut comme si quelque chose venait de se réveiller en moi. Je sentais cette petite fille dont je ne connaissais même pas le prénom dans mes bras et, étrangement, je me sentais comme… Un père. Un père partageant un moment de tendresse avec sa fille. A cette pensée s’en ajouta une autre presque aussitôt, comme une évidence : Si cette petite fille était orpheline, alors… Nous pouvions l’adopter. Nous pouvions faire en sorte qu’elle devienne effectivement ma fille. Quelque chose de douloureux passa dans mon esprit, si bien que je me relevai et raccompagnai rapidement cette petite fille chez Isaiah, qui s’excusa, ne l’ayant pas vue sortir. En partant, je la vis me faire un dernier « au revoir » de la main tout en m’adressant un sourire plein de vie et de gaieté. J’eus un sourire tout aussi large.

« Je te rejouerai du piano plus tard, si tu veux. »

Une nouvelle fois, ce fut comme si elle ne m’avait tout simplement pas entendu, elle était déjà partie avec les autres enfants sans même un regard pour moi. Isaiah eut alors un léger froncement de sourcils.

« Je ne pense pas qu’elle apprécie réellement le piano » me dit-il doucement. Je lui demandai alors pourquoi, quelque peu perdu. « Elle ne peut pas entendre la musique… Ambre ne peut rien entendre du tout, en réalité. Elle est sourde et muette. C’est sans doute pour cela que personne n’a jamais voulu l’adopter… - il eut un léger soupir – En tout cas, merci de l’avoir reconduite ici, Liam. » Sur quoi il referma la porte tandis que je restai sans bouger, incapable du moindre mouvement. Ce qui me figeait n’était pas le fait qu’elle soit sourdre, bien que cela expliquait pourquoi elle ne m’avait jamais répondu, non : C’était le fait que personne ne veuille l’adopter qui me laissait incapable du moindre mouvement. Parce que j’aurais voulu frapper à la porte et la prendre, la ramener chez moi et la garder auprès de moi. Parce que j’aurais voulu que ce que j’avais ressenti après lui avoir joué du piano devienne une sensation quotidienne. Oui, j’aurais tellement voulu pouvoir faire cela… Mais la douleur que j’avais ressentie au même instant se réveilla en moi. Comment l’adopter maintenant ? Ce n’était pas le bon moment, ce n’était pas… Ce n’était tout simplement plus à l’ordre du jour entre Samuel et moi. Tout comme nous n’avions plus reparlé de mariage, nous n’avions pas reparlé d’agrandir notre famille depuis que Sam était paralysé. Encore une fois, ce n’était pas le moment… Nos projets avaient été chamboulés par l’handicap de Samuel et tant qu’il n’irait pas mieux psychologiquement, je supposais qu’ils resteraient lointains, inaccessibles. Inaccessibles… Cette pensée me brisait le cœur. Nous avions été si proches de tout cela et maintenant, maintenant nous en étions tellement loin…tellement loin… J’eus un sourire triste avant de tourner les talons et aller voir Laurence. Samuel passait avant tout, même avant Ambre. Ambre. C’était un joli prénom. Lucy, Lucas, et Ambre. Un jour, peut-être.

Je ne cessais de penser à tout cela durant la journée, puis les suivantes. J’y pensais tellement que j’en devenais plus lointain avec les autres, y compris avec Samuel. Je me rappelais ses paroles lorsque je lui avais avoué vouloir d’autres enfants : « Cet enfant qui deviendra le nôtre, il viendra à nous. J'en suis sûr... Nous n'allons pas le choisir, c'est lui qui va nous choisir. Il va se passer quelque chose, on le sentira... Et ça va être merveilleux et magique. On va croiser son regard et on saura que c'est lui... Ou elle. » Il avait eu raison… Car plus les jours passaient, et plus je sentais que justement, c’était elle. C’était elle. Je le sentais du plus profond de mon être tout comme je sentais que Samuel le verrait lui aussi. Dès qu’il la rencontrerait, il saurait tout comme j’avais su. Ce n’était pas possible autrement. Ou du moins, c’est sans doute ainsi que les choses se seraient passées si il n’avait pas eu cet accident, mais à présent… A présent, je ne me sentais pas le courage de présenter Ambre à Samuel, j’avais bien trop peur. Peur qu’il soit trop aveuglé par son handicap pour voir qu’il s’agissait bel et bien de notre troisième enfant. Et cela me tuait… Réellement. Plus que jamais, je me sentais horriblement usé, fatigué et je souffrais de cette situation. J’aurais tellement voulu qu’il parvienne à se ressaisir, ne serait-ce que pour voir Ambre, pour réellement la voir. Malheureusement les choses ne s’amélioraient pas vraiment, le comportement de Sam demeurait tout aussi changeant, parfois doux et gentil, parfois dur et cassant. On ne savait jamais vraiment sur quel pied danser et, si jusque là j’avais tout accepté en refoulant ma douleur, j’y parvenais moins bien depuis que je savais qu’elle était là, si proche, que je l’avais trouvé et qu’elle aurait pu être avec nous en ce moment même. Et puis il y eut les paroles de trop. Les paroles que je n’étais plus capable d’encaisser. Les paroles qui me firent craquer.

C’était un soir comme les autres depuis que je connaissais Ambre. Un soir où elle manquait à notre foyer, bien que je sois le seul à le savoir. Nous avions dîné tous ensemble, discutant de nos journées respectives, même si pour ma part je ne prononçai mot. Je pensais toujours à elle. Depuis la première fois que je l’avais rencontré, j’avais fait en sorte de la revoir sans que personne ne le sache. J’allais chez Isaiah et passais du temps avec elle, tout simplement. J’avais découvert de cette manière qu’elle parlait le langage des signes, langue que j’apprenais avec elle. Elle riait lorsque je me trompais, et me corrigeais. Et elle aimait dessiner, elle me faisait parfois des dessins. Des maisons, des moutons, Isaiah, les autres enfants… Elle adorait cela. Un jour, ce fut plus fort que moi : Je lui demandai si elle aurait aimé venir vivre avec moi, avec Sam et les jumeaux qu’elle ne connaissait pas, essayant de ne pas me tromper dans les signes. Mais même comme ça, elle ne sembla pas comprendre, ou en tout cas ne me répondit pas. Pas tout de suite. Le lendemain, lorsque je revins la voir, elle me donna un nouveau dessin, un dessin qui ne me quittait plus depuis. Il s’agissait de deux hommes, dont un assis, et de trois enfants côtes à côtes. A sa manière, je supposais que cela signifiait qu’elle aurait aimé faire partie de notre famille. Depuis, le temps me paraissait horriblement long et même si je voulais être présents pour les jumeaux et pour Samuel, je me sentais tellement incomplet que j’en étais de plus en plus incapable. Alors, en effet, je ne prononçais pas un mot à ce repas. Puis je couchai les jumeaux rapidement, les embrassant tendrement avant de quitter leur chambre pour rejoindre la mienne où Sam m’attendait. Enfin, non, je savais qu’il ne m’attendait pas. Il était dans un de ses mauvais jours et, comme à chaque fois dans ces cas là, s’était montré très désagréable avec moi tout au long de la journée. J’entrai donc dans la chambre sans un mot et me déshabillai rapidement, sentant le dessin d’Ambre dans ma poche. Sam était déjà au lit et je pensai l’y rejoindre sans parler davantage lorsque lui-même prit la parole pour, une fois de plus, m’adresser des mots assez durs sans véritable raison. Ce fut plus alors plus fort que moi : Je fondis aussitôt en larmes, debout au milieu de la chambre, craquant.

Bien sûr je comprenais qu’il soit parfois odieux avec tout le monde, mais j’avais atteins un seuil où je ne pouvais plus encaisser. J’avais besoin de pleurer car si lui supportait mal sa situation, je ne la supportais pas davantage. Ce n’était pas tellement son attitude qui me rongeait, ça, j’aurais pu le supporter encore longtemps même si cela m’usait. Mais non. Ce qui me rongeait réellement, c’était de savoir que la vie dont nous avions tant rêvé nous attendait et qu’elle devenait inaccessible à cause de…lui. Pour ça, je lui en voulu. Je lui avais toujours pardonné tout ce qu’il avait pu dire ou faire depuis qu’il était en fauteuil, mais ça… Sur le moment, je dois bien avouer que je lui en voulais énormément. Tellement que je finis par quitter la chambre, allant dormir sur le canapé, incapable de revenir à ses côtés. Il ne vint pas non plus me chercher, peut-être en colère que je réagisse de cette manière, je n’en sais rien. Je pleurai un long moment avant de me calmer et réfléchir. Cela ne pouvait plus durer. Le temps passait et Samuel n’allait pas mieux, son humeur changeait sans cesse. Il pouvait passer des sourires aux regards noirs sans raison apparente et de toute évidence, mon attitude ne l’aidait pas. Rester de marbre et attendre que cela passe en faisant preuve d’indulgence ne l’aidait pas. Alors, il fallait que je le fasse réagir. Certes je comprenais ce qu’il traversait, je comprenais pourquoi il était ainsi mais je voulais que cela cesse. Il n’était pas heureux, et son bonheur était justement tout ce que je souhaitais. J’avais cru que demeurer auprès de lui, aimant, indulgent et fort était la meilleure façon de le soutenir et le ramener à la vie, mais j’avais eu tort. La meilleure manière de le ramener à la vie était de lui rappeler ce que nous aurions dû être si il n’avait pas eu cet accident, de lui montrer que nous pouvions, justement, encore l’être. Nous pouvions encore nous marier, nous pouvions encore adopter des enfants, nous pouvions encore faire l’amour et être un couple heureux, uni ! Nous le pouvions ! Il fallait qu’il le voie. Il le fallait réellement. Je décidai que dès le lendemain, je le lui montrerai. Je lui montrerai la vérité telle que je la voyais. Telle qu’il était temps qu’il la voit aussi.

Alors, dès le matin, je suis allé chercher Ambre chez Isaiah. Les jumeaux étaient à l’école, mais je savais que Samuel serait à la maison. J’expliquai rapidement à Isaiah que je voulais simplement jouer du piano avec elle, ce qu’il accepta. Une fois au dehors, je me penchai vers Ambre et lui rendit le dessin qu’elle m’avait donné, celui représentant cette famille que je voulais tant. Alors, je lui expliquai qu’elle allait voir Samuel, et qu’il serait content d’avoir un dessin comme celui-ci, que peut-être elle pourrait lui donner. Elle hocha simplement de la tête avant de me sourire d’un sourire plein d’innocence et de douceur. Nous y étions. Il allait la rencontrer, et il allait savoir la vérité. Je pris alors Ambre par la main et la ramenait chez nous, allant jusqu’au salon où je vis Samuel. Alors, je m’arrêtai sur le pas de la porte et déclarai d’une voix faible, repensant à l’épisode de la veille sur lequel ni lui ni moi n’étions revenu.

« Je veux te présenter quelqu’un. »

Sur quoi je m’avançai, tenant toujours Ambre par la main. Elle posa ses grands yeux sur Samuel et s’arrêta quelques instants, l’observant tout comme elle m’avait observé de nombreuses fois. Peut-être que le fauteuil la surprenait aussi. Lorsque je lui avais parlé de Sam, je lui avais simplement dit qu’il était toujours assis. Quant à mon propre regard, il ne cessait de faire l’aller retour entre Sam et elle, appréhendant une réaction de rejet de la part de l’un ou de l’autre. Il y eut un long silence durant lequel les larmes me montèrent aux yeux tant j’avais peur que cela se passe mal. Un très long silence avant qu’Ambre ne lâche ma main et s’approche lentement de Sam. Puis, se fut comme si les choses se passèrent au ralenti : Elle s’approcha de lui, encore, et encore, et s’arrêta finalement juste devant lui. Un grand sourire étendit subitement ses lèvres avant qu’elle ne tente le bras vers lui, son dessin à la main. Le dessin qui représentait toute la vérité.
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Samuel Brimstone
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MessageSujet: Re: Where do we go from here ? [PV Liam]   Where do we go from here ? [PV Liam] Icon_minitimeLun 13 Mai - 18:14

« Ça t'embête pas que je sois bloqué dans ce foutu lit pendant que toi tu prends tout ton temps pour venir me rejoindre ? Non, ça t'embête pas. C'est tellement normal que j'attende puisque je ne suis bon qu'à ça maintenant. »

J'avais eu une de ces journées pendant lesquelles je ne supportais pas du tout d'être en fauteuil, ces fameuses journées où j'aurais voulu être mort plutôt que d'être en chaise roulante. Alors, comme d'habitude, c'était Liam qui prenait. Pour une broutille en plus, il avait juste mis un peu plus de temps à me rejoindre dans notre chambre mais j'avais été tellement mal toute la journée que de devoir l'attendre dans le lit comme ça, eh bien, ça m'avait tout simplement mis hors de moi. Alors, comme d'habitude, je lui avais parlé de façon sèche et horrible, lui reprochant des choses dont il n'était pas responsable, l'accablant de reproches complètement injustifiés. Comme j'aurais voulu ne pas agir de la sorte, comme j'aurais voulu ne pas m'en prendre à lui, jamais, mais c'était plus fort que moi. Cette colère qui sommeillait en moi et qui sortait de temps à autres, cette rancœur, elle se dirigeait encore et toujours contre Liam. Je le regrettais ensuite, je le regrettais toujours, mais le mal était fait à chaque fois et je ne pensais pas que cela pouvait avoir des conséquences désastreuses, je ne pensais pas que Liam pouvait à tout moment décider de mettre fin à tout ça. Je n'y pensais pas parce qu'au fond, je savais qu'il ne me quitterait pas, qu'il ne briserait pas cette promesse qu'il m'avait faite, et le Samuel en colère qui était à l'intérieur de moi profitait délibérément de cette dite promesse pour s'en prendre à Liam. C'était terrible et lâche mais c'était comme ça. Alors, ce soir-là, je me montrai horrible mais cette fois-ci, Liam n'encaissa pas sans broncher. Il aurait pu se mettre à me crier dessus mais à la place il éclata en sanglots. Debout, en plein milieu de notre chambre, il pleurait toutes les larmes de son corps et moi, je restais allongé sans rien dire, me contentant de l'observer. Le Samuel en colère se fichait pas mal de voir Liam pleurer (après tout, pour quelle raison pleurait-il puisque ce n'était pas lui qui était en fauteuil roulant ?) mais l'autre Samuel, lui, était déchiré de voir l'homme qu'il aimait se mettre dans un état pareil. Dans mon esprit et dans mon cœur, le combat entre ces deux hommes faisait rage mais je n'eus pas le temps de découvrir lequel avait gagné car Liam quitta la chambre sans un regard en arrière et sans un mot.

Quand la porte claqua, cela me fit bouillir encore plus et je murmurai quelques jurons pour moi-même avant de m'allonger. Je restai ainsi dans le noir jusqu'à ce que le Samuel en colère perde le combat intérieur qu'il menait. Et à l'instant où ce Samuel là s'endormit, je ressentis aussitôt un immense manque, un immense vide en moi. J'étais seul. De nouveau seul et je ne l'avais pas été depuis que nous avions emménagé dans la nouvelle maison. Je n'avais plus été seul la nuit depuis que j'avais quitté l'infirmerie. Je me retournai pour observer la porte de la chambre dans la pénombre, guettant un bruit, le moindre petit bruit mais je n'entendis rien : Liam avait décidé de passer la nuit dans une autre pièce. Il ne voulait plus me voir. Je me laissai retomber dans mon oreiller et essuyai des larmes au coin de mes yeux d'un geste vif. J'avais été trop loin et cette fois-ci, il avait décidé de ne plus en supporter davantage. Mes entrailles se tordirent quand je réalisai que ça allait peut-être être définitif. Si j'avais vraiment poussé le bouchon trop loin, il allait me quitter. Promesse ou pas promesse, il allait me quitter. Sauf que je ne pouvais pas vivre sans lui moi... J'avais beau me montrer affreux parfois (souvent ?...) je l'aimais plus que tout au monde et je n'imaginais pas ma vie sans lui. Alors pourquoi ? Pourquoi étais-je incapable de contrôler cette colère ? Pourquoi étais-je incapable d'arrêter de m'en prendre à lui et aux autres ? Je me souvins soudain que j'étais déjà passé par un stade similaire à mon retour d'Irak et la seule chose qui avait pu m'aider avait été la thérapie. Une longue et lourde thérapie mais j'avais fini par évacuer ma rancœur, ma colère et ma douleur. J'avais peut-être besoin d'aide en fait... J'avais peut-être besoin d'exprimer ce que je ressentais à quelqu'un d'autre pour éviter d'exprimer ces sentiments de façon violente envers mes proches, envers Liam... Je me retournai pour m'allonger sur le dos et me mis à fixer le plafond. Aller chercher de l'aide pouvait sembler facile mais ça ne l'était pas pour moi. J'avais réussi à me sortir de mon stress post traumatique, j'avais souffert pour ça mais j'y étais arrivé et voilà que maintenant je devais tout reprendre depuis le début ? C'était tellement décourageant pour moi que d'accepter ça... Pourtant, je n'allais pas avoir le choix : si je voulais sauver mon couple et ma famille, j'allais devoir tout reprendre depuis le début.

Je ne dormis pas cette nuit-là, me contenant de serrer l'oreiller de Liam contre moi, fixant le plafond en cherchant des réponses que j'avais déjà mais qui étaient juste difficiles à accepter pleinement. J'aperçus l'aube de la fenêtre de la chambre et soupirai, me rendant compte que le matin arrivait et que Liam n'était toujours pas là. Quand j'entendis la poignée de la chambre bouger, je reposai vivement l'oreiller de Liam à sa place et me retournai dos à la porte avant de fermer les yeux et faire semblant de dormir : je n'étais pas prêt à croiser son regard ayant trop peur de ce que j'allais y lire. Quant à prendre les devants et m'excuser avant de lui dire que j'avais décidé de me faire aider, ça, c'était encore autre chose. M'excuser n'allait pas poser problème mais dire à voix haute que j'avais compris le problème et que j'allais essayer d'y remédier allait être plus compliqué. J'allais avoir besoin de plus de temps pour accepter tout ça et enclencher le processus : des minutes, des heures, des jours, des semaines, des mois ? Je ne savais pas exactement mais j'avais juste besoin de plus de temps et j'avais peur que Liam ne me le donne pas. Je l'entendis fouiller dans la commode, sans doute pour prendre des affaires, et il quitta la chambre sur la pointe des pieds pour prendre bien soin de ne pas me réveiller, pensant que je dormais profondément. Une fois la porte fermée je soupirai et me retournai pour la regarder : j'avais l'impression de voir encore la silhouette de Liam mais j'étais surtout marqué par ses larmes de la veille. Ça, je n'allais pas l'oublier de si tôt. Quand la lumière prit pleinement possession de la chambre je décidai de me lever, enfin façon de parler, car il était hors de question que je reste allongé toute la journée à me morfondre : j'étais resté allongé assez longtemps pour toute ma vie. Je m'installai donc dans mon fauteuil et étant incapable d'aller prendre même un semblant de petit déjeuner, j'allai directement à la salle de bain. Je n'étais cependant pas à ce que je faisais et au moment de passer de mon fauteuil à la chaise prévue pour que je puisse m'asseoir pour ma toilette, je la manquai et m'étalai par terre, me cognant le front sur le sol par la même occasion. J'étouffai un juron et quelques instants plus tard, j'entendis frapper à la porte : Giulio m'avait entendu tomber. En même temps, étant incapable de retenir mon corps, j'avais fait une belle chute. Je lui intimai de ne pas entrer, lui dis que j'étais tombé mais que ça allait et que je pouvais me relever tout seul. Il était hors de question qu'il m'aide. Hors de question.

Ce fut à la force de mes bras que je me redressai assez pour m'accrocher à la fameuse chaise que j'avais manquée et après de longs efforts, je parvins à me hisser dessus. J'en avais mal aux bras tant j'avais forcé mais au moins, même si j'avais mis le temps, j'avais réussi. Quelques minutes plus tard, Giulio revint frapper à la porte pour s'assurer que j'allais bien et je le rassurai. Il attendit cependant devant la porte que je sois sorti, histoire d'être sûr que tout allait bien. Il fronça les sourcils en voyant ma bosse et je souris, plutôt amusé qu'autre chose : ça n'allait pas être la seule chute, c'était sûr et certain. Il me demanda si j'avais besoin de quelque chose puisqu'il devait sortir et après lui avoir dit que je n'avais besoin de rien (en tout cas rien que lui ne pouvait me donner) il quitta la maison. J'allais jusque dans le salon et attrapai un livre que je ne lus pas vraiment, mon regard allant et venant au gré des lignes sans vraiment lire les mots. J'avais la tête trop ailleurs pour m'intéresser réellement à un livre, quel qu'il puisse être. J'appréhendais le retour de Liam : allait-il toujours m'en vouloir ? Allait-il vouloir en parler ? Allait-il m'annoncer qu'il préférait que nous arrêtions tout ? Seigneur s'il m'annonçait un truc pareil... Quand j'entendis le bruit de la porte je refermai le livre d'un geste vif et le posai sur le meuble le plus proche avant de me tourner vers l'entrée, le cœur battant : je n'avais pas eu autant peur depuis que Mathilda était entrée dans ma chambre à l'infirmerie avec sa tête d'enterrement pour m'annoncer que j'étais paralysé. Je ne distinguais que sa silhouette puisqu'il s'était arrêté sur le pas de la porte. « Je veux te présenter quelqu'un. » m'annonça-t-il d'une voix faible. Hein ? Quelqu'un ? D'accord. Au moins, il ne voulait pas parler de ce qu'il s'était passé la veille ce qui me rassura un tout petit peu : les adieux, s'il y en avait, ne seraient pas pour tout de suite. Je me tournai, ou plutôt tournai ma chaise et moi dedans vers l'entrée au moment où il s'avança un peu plus et c'est là que je la vis. En posant mon regard sur l'enfant, ma bouche s'entrouvrit sous... Quoi ? La surprise ? L'étonnement ? L'incrédulité ? Peut-être un mélange de tout ça à la fois. Je ne connaissais pas l'enfant, ne l'avait jamais vue et en la regardant, je me demandais comment j'avais pu passer à côté tant elle était jolie et qu'elle respirait la douceur. La petite tenait fermement la main de Liam dans la sienne ce qui me surpris un peu plus : qui était-elle et pourquoi lui tenait-il la main de cette façon ? Et surtout, pourquoi ne m'avait-il jamais parlé d'elle ? Non parce que même si je n'étais pas une lumière, j'avais bien compris que s'il voulait me la présenter cela voulait dire qu'il la connaissait. Il ne l'avait pas croisée en partant ce matin et décidé de me la ramener. Non, il la connaissait, ne me l'avait pas dit et il voulait pas le présenter pour...

Pourquoi exactement ?

Ces interrogations s'entrechoquaient dans mon esprit quand la petite posa son regard sur moi, un regard somme toute assez déstabilisant, tellement déstabilisant que je m'en sentis presque gêné. C'était étrange mais j'avais l'impression qu'en me regardant elle pouvait lire en moi et ce, même si elle était très jeune. Un silence s'installa pendant lequel la petite continua à me fixer avec intensité en serrant toujours la main de Liam mais c'était un détail auquel je ne faisais même plus attention. Je ne voyais même plus Liam en fait puisque mon regard était plongé dans celui de l'enfant : j'étais incapable de m'en détacher. Elle finit par lâcher de Liam et s'avança doucement vers moi d'un pas lent mais pourtant sûr. Au fur et à mesure qu'elle s'approchait, je sentis une étrange chaleur se répandre en moi. C'était à cause de ce qu'elle dégageait, de ce je ne sais quoi qui était totalement inexplicable. Elle s'arrêta juste devant moi et moi, je ne bougeais pas d'un poil. Enfin, encore moins que d'habitude quoi. Pour le coup, même mes bras semblaient être paralysés. Je ne savais pas qui elle était et je ne savais pas ce qu'elle voulait, ce qu'elle voulait de moi. Et puis, de nulle part, un immense sourire étira les lèvres de l'enfant et son visage s'illumina encore plus à tel point que j'en fus troublé. Finalement, elle tendit le bras vers moi et il me fallut quelques instants pour réussir à décrocher mon regard du sien pour le poser sur sa petite main qui tenait... Un dessin. Je fronçai doucement les sourcils, par curiosité et non pas par colère, penchai doucement la tête sur le côté avant de retrouver l'usage de mes bras. Je tendis une main hésitante vers le dessin.

« C'est pour moi ? »

Elle ne me répondit rien et se contenta de me regarder avec toujours ce magnifique sourire accroché à ses lèvres. Je jetai un regard par dessus la tête de l'enfant pour questionner Liam du regard et je fus encore plus troublé quand je vis qu'il avait les larmes aux yeux. Il m'adressa juste un bref signe de la tête pour me confirmer que le dessin était pour moi. Je reportai donc mon attention sur l'enfant et lui adressai un doux sourire (même si j'avais de plus en plus de mal à comprendre la situation) et pris le dessin avant de le regarder avec attention.

« C'est très... » C'est très joli, c'est ce qu'on dit non ? Des dessins des enfants... Et j'allais le dire comme on le dit toujours, avec ce détachement et cette fausse joie de voir quelques babioles dessinées sur un bout de papier, j'allais agir comme tous les adultes agissaient en général avec les enfants. Cependant, quand je vis réellement le dessin, je fus incapable de finir ma phrase. Mon sourire s'effaça même doucement : j'étais très troublé par ce que j'avais devant les yeux. C'était... C'était nous ça. Même si ça restait un dessin d'enfant, les personnages qui se trouvaient sur ce bout de papiers étaient pourtant très clairs et précis : il y avait Liam, et le truc assis c'était moi, oui. Il y avait les jumeaux et il y avait... Elle. J'ouvris la bouche sous la surprise et relevai mon regard vers l'enfant qui avait perdu son sourire, sans doute en voyant que j'avais perdu le mien. Aussitôt, mon cœur se déchira et je m'empressai de déposer ma main sur sa joue dans un geste tendre, un geste étrangement facile et instinctif. Un geste qui ne surprit pas l'enfant qui se laissa faire, étrangement aussi.

« Oh ne t'en fais pas. » dis-je avant de lui adresser un nouveau sourire, tout aussi doux bien que plus réservé. « C'est très joli, j'adore. Merci.»

Il y eut un petit moment pendant lequel elle sembla hésiter puis, elle me rendit mon sourire sauf que le sien était sans aucun doute mille fois plus éclatant que le mien.

« Alors hum... Voyons... » Je me remis à observer le dessin avant d'y poser mon index en désignant le premier petit personnage. « Là c'est Liam. » Mon doigt glissa lègèrement « Là c'est moi, on peut pas se tromper. » Il n'y avait cependant aucune rancœur dans ma voix : oui l'homme assis c'était forcément moi et alors ? Dessiné par ses petites mains, tout à coup, que je sois assis avait moins d'importance. « Là, c'est les jumeaux et...  » Mon doigt termina sa course sur la silhouette aux cheveux blonds. "Là, c'est toi, c'est ça ? » Je reportai mon regard sur la demoiselle et croisai ses yeux qui brillaient d'une lueur encore une fois assez déstabilisante. Elle ne me répondit rien cette fois encore mais jeta un bref regard à Liam avant de se retourner vers moi et de me tendre les bras. Je regardai autour de moi, comme s'il y avait une réponse quelque part dans le salon à la question que je me posais : que voulait-elle ? Que je la prenne dans mes bras ? En même temps, le message était assez clair. Mon sourire s'élargit un peu plus et je lui fis signe d'attendre. Je déposai le dessin sur la petite table à ma droite (je ne voulais pas l'abîmer, surtout pas) et glissai mes mains sous ses bras avant de la soulever, elle était légère comme une plume, et de la poser sur mes genoux. Une fois installée, elle me prit de court et glissa ses petit bras autour de mon cou avant de me serrer contre elle : la seule enfant qui m'avait jamais serré aussi fort était Lucy. Pendant un instant, mes mains restèrent sans bouger, tant j'avais du mal à comprendre cet élan d'amour venant de la petite et puis, je glissai mes bras autour d'elle avant de lui rendre son étreinte. Mon sourire disparut cependant, plus par l'incompréhension qui me gagnait de plus en plus que par un tout autre sentiment. En dehors de l'incompréhension, comment aurais-je pu ressentir autre chose que du bonheur en tenant l'enfant dans mes bras ? C'était une sensation assez étrange que de la tenir ainsi contre moi, d'aimer la tenir dans mes bras et surtout, que cela me paraisse à ce point... Naturel. Je relevai finalement mon regard vers Liam. J'avais beau être touché et heureux en cet instant, j'avais besoin de réponses.

« Qu'est-ce que ?... » murmurai-je, complètement dépassé. « Qui est-ce ? Et pourquoi ?... » Je ne terminai pas ma phrase. Pourquoi ? J'en avais bien une petite idée puisque le dessin était plutôt explicite mais je n'étais certain de rien, de rien du tout même. Nous en avions parlé mais ça, c'était avant... Avant mes jambes. Avant ce moi diminué et c'était à cause de ce moi diminué que je n'étais pas certain d'être prêt à penser à la signification de ce dessin.
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Liam Marsden
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MessageSujet: Re: Where do we go from here ? [PV Liam]   Where do we go from here ? [PV Liam] Icon_minitimeJeu 16 Mai - 11:08

Dire que j’étais tendu n’aurait été qu’un euphémisme tant mon corps me paraissait crispé par la peur. Je craignais véritablement une réaction de rejet de la part de Samuel dès l’instant où il poserait son regard sur le dessin, ne le comprenant pas ou ne voulant pas le comprendre. La manière dont il avait agi tandis qu’Ambre s’approchait de lui ne me laissait malheureusement rien voir de ce qu’il pouvait ressentir : il n’avait pas bougé d’un cil, se contentant de l’observer tout comme elle l’observait. Cependant, je ne pu m’empêcher de serrer les dents et me crisper encore davantage lorsque je le vis froncer les sourcils alors qu’Ambre lui tendait son dessin. Etait-il en colère ? Etait-il furieux de voir comme je l’avais mis au pied du mur ? Car malgré tout, je devais bien avouer que je ne lui laissais pas vraiment le choix. J’avais décidé qu’il rencontrerait Ambre et il le faisait, point final. Aucune discussion, aucun préambule. Même si au fond je me reprochais ces méthodes qui étaient loin de me plaire, je savais également que c’était bel et bien Sam qui m’avait poussé à cela. M’avait-il laissé le choix ? M’avait-il laissé agir avec plus de douceur ? Toute ma patience et ma douceur n’étaient venues au bout de rien, alors… Oui, j’agissais de la sorte bien que cela ne me ressemblait pas le moins du monde et il pouvait en ressentir de la colère. Son comportement était devenu tellement imprévisible…. Cependant, je ne comptais pas le laisser se défouler de quelque manière que ce soit avec Ambre : Il pouvait être odieux avec moi, avec Giulio, Aristide, Lilly, n’importe qui, mais les enfants non. Les jumeaux et Ambre, jamais. Et d’ailleurs, peut-être le savait-il car il n’eut jamais un mot plus haut que l’autre envers les jumeaux. Attendons de voir ce qu’il en serait avec Ambre.

C’était odieux de ma part que de penser de cette manière et j’en étais bien conscient, malheureusement je ne savais plus du tout à quoi m’attendre avec Samuel. Ses réactions m’échappaient tellement souvent que je craignais qu’elles ne m’échappent encore envers Ambre. Pourtant, elle n’était responsable de rien et ne méritait pas le moindre mot blessant : Il ne s’agissait que d’une enfant qui n’avait rien demandé à personne, se retrouvant dans notre salon car je le lui avais demandé et donnant ce dessin à Samuel simplement parce que je lui avais proposé de venir vivre avec nous. En quoi aurait-elle pu être responsable de la situation ? Si nous en étions là, c’était bel et bien à cause de moi, c’était donc à moi de subir le courroux de Samuel si courroux il devait y avoir. Cependant, la manière dont il tendit la main vers le dessin me fit me détendre légèrement. Peut-être n’était-il pas en colère, mais cherchait-il simplement à comprendre ce que cette petite fille faisait dans notre salon, ce qui était parfaitement normal après tout. D’ailleurs, son interrogation me confirma qu’il ne s’agissait que de cela et je parvins à souffler un peu, rassuré. Ambre ne comprenait pas cependant, je le savais et ne pu qu’hocher brièvement de la tête lorsque Sam releva les yeux vers moi à la recherche d’une réponse. Oui, le dessin lui était bel et bien destiné. Dès lors, je me rapprochai de quelques pas afin de mieux voir sa réaction, prêtant énormément d’attention à chaque détail.

Qu’il perde brièvement son sourire en regardant le dessin ne m’alerta pas. Je n’espérais pas de lui qu’il comprenne immédiatement et saute de joie à l’idée d’adopter Ambre, c’aurait été illusoire. Malheureusement, Ambre ne comprenait sans doute pas ce changement d’attitude puisque je la vis perdre son sourire également. Comme tous les enfants, elle se fiait avant tout à l’attitude des adultes et voir Samuel si perturbé, si interrogateur devait probablement la perdre elle-même. Comment aurait-elle pu savoir ? J’eus aussitôt envie de m’approcher encore davantage et la prendre dans mes bras, lui expliquer, la rassurer, mais ne le fis pas pour une très simple raison. Une raison qui me fit immédiatement sourire de joie et de soulagement : Il ressentait la même chose que moi. Samuel ressentait la même chose que moi à l’égard d’Ambre. La preuve en était, il venait de réagir exactement comme j’avais voulu réagir, posant une main caressant sur sa joue tout en la rassurant, lui disant que son dessin était très joli et la remerciant. Il ne s’agissait pas de simple politesse envers un enfant, je le savais du plus profond de moi-même. Il s’agissait à mes yeux bel et bien du signe que ce que je ressentais n’était ni une fantaisie ni une erreur : Ambre était notre troisième enfant, c’était certain. Peut-être que Samuel ne le voyait pas encore très distinctement, mais son attitude me prouvait que quelque part au fond de lui, quelque chose venait de se déverrouiller tout comme cela s’était déverrouillé en moi. Ce sentiment si fort, si profond d’être père. Ce besoin de rassurer et protéger nos enfants. Ce n’était pas un hasard. Ce n’était pas une erreur.
Les larmes me montèrent encore davantage et le reste, je ne l’observais plus du même œil. Il n’y avait plus aucune crainte, plus aucune peur en moi. J’observais Samuel et Ambre seulement avec amour, avec soulagement. Certes, la partie n’était pas gagnée mais à présent j’avais la certitude de me battre pour quelque chose qui en valait la peine, pour notre famille. Pour cet amour. Alors, un doux sourire parvint même à se dessiner sur mes lèvres tandis que Samuel étudiait de plus près le dessin sous les yeux d’Ambre qui, une nouvelle fois, ne devait pas comprendre grand-chose à tout cela. Elle finit d’ailleurs par se tourner légèrement vers moi, m’adressant un regard interrogateur alors que l’index de Sam pointait sa petite silhouette sur le dessin. Aussitôt, je lui adressai un sourire beaucoup plus large et rassurant : Elle ne devait pas s’inquiéter, tout allait bien. Elle le comprit certainement puisqu’elle se tourna très rapidement de nouveau vers Sam et lui tendit cette fois les deux bras. Cette fois, le message était on ne peut plus clair : Elle voulait qu’il la prenne dans ses bras. J’aurais pu être de nouveau angoissé par la réaction de Samuel, car après tout il ne sentait sans doute pas aussi distinctement que moi ce qu’Ambre allait devenir pour nous, mais je ne le fus pas le moins du monde. En réalité, j’étais à présent totalement focalisé sur la petite. Elle agissait avec Sam tout comme elle avait agi avec moi, avec tant de naturel et de spontanéité… Comme si elle-même savait, sentait qu’elle pouvait nous faire confiance, qu’elle pouvait nous aimer. C’était tellement étrange… Tellement étrange d’observer cette scène en n’en ressentant que de la sérénité, du bonheur… Comme si tout avait toujours été ainsi, comme si tout cela était dans l’ordre des choses. Etrange, mais tellement apaisant.

Quant à l’hésitation de Samuel, je ne parvenais toujours pas à m’en formaliser. Après tout, je n’avais moi-même pas été immédiatement à l’aise, ne comprenant pas plus que lui ne comprenait pourquoi Ambre se montrait si affectueuse à mon égard. Mais à présent que tout était clair dans mon esprit, je ne parvenais décidemment plus à m’en faire. Samuel allait comprendre tout comme j’avais compris, tout comme Ambre avait compris, et nous allions l’adopter définitivement. Mon sourire se fit un peu plus large lorsqu’il l’entoura de ses bras malgré son hésitation. Certes, il lui restait encore du chemin à faire avant de prendre pleinement conscience de ce qu’il se passait, mais pour moi… pour moi tout cela était absolument magique. J’en avais rêvé. Oui, j’avais rêvé de ce moment où Samuel prendrait Ambre dans ses bras et la serrerait contre lui, comme un père, comme si elle faisait déjà partie de notre famille. Cependant nous n’en étions pas là et les questions de Sam me le rappelèrent assez tôt. Mais comment lui en vouloir ? Toute cette scène tenait du surréaliste et il avait besoin de réponses, j’en étais bien conscient. Il avait besoin que je lui dise très clairement ce que ses yeux ne parvenaient pas à voir, trop obnubilés par son handicap qui, pourtant, ne jouait aucun rôle là-dedans. Alors j’allais lui dire, j’allais lui dire cette vérité, celle que j’avais tant voulu qu’il voie. Cette vérité bien plus importante que le reste. Je m’approchai donc de lui, le même sourire aux lèvres, un sourire doux et aimant. Puis, je m’accroupis près de lui, posant une main délicate dans les cheveux d’Ambre qui réagit en se blottissant encore davantage contre Samuel. Je devinais à quel point elle devait se sentir bien dans ses bras, à quel point elle devait se sentir protégée et entourée, tout comme je me sentais bien dès qu’il me serrait contre lui. C’était cela, le sentiment d’avoir une famille, d’appartenir à quelque chose. De compter pour les autres. Finalement, je relevai les yeux vers Sam et murmurai doucement :

« Je crois que tu sais très bien pourquoi… »

Sur quoi ma main glissa sur la sienne, mon sourire se faisant toujours aussi doux. Il ne s’agissait plus de le mettre au pied du mur ou de lui montrer la vérité brutalement. Cela suffisait ainsi. A présent, il avait besoin de douceur, de cette douceur dont j’étais coutumier et qui suffirait à lui expliquer ce qu’il devinait certainement déjà. Je caressai brièvement sa main puis mes doigts se posèrent délicatement sur son alliance, la redessinant doucement.

« Je n’ai pas oublié nos promesses... »

Aussitôt, je le sentis se crisper légèrement, son regard changeant légèrement. Ambre le sentit sans doute également puisqu’elle releva les yeux vers nous, ses magnifiques yeux noisette qui me faisaient toujours fondre. Cela ne dura cependant qu’un instant, et elle se blottit de nouveau contre Samuel. Cette fois, je pris réellement sa main dans la mienne et la serrai doucement, un sourire rassurant sur les lèvres. Il pensait certainement que ses jambes changeaient tout, mais moi pas.

« N’aies pas peur… Moi, je n’ai pas peur. Rien ne nous… »

Je fus couper par un bref bruit et me retournai vers l’entrée du salon. Lilly se tenait là, venant visiblement de frapper à la porte pour nous signaler sa présence, accompagnée d’Isaiah. J’eus un léger froncement de sourcils avant de me relever, ne comprenant pas. S’était-il passé quelque chose ? Avaient-ils besoin de moi ? Etrangement, le fait qu’il vienne pour Ambre ne me passa même pas par la tête tant le fait qu’elle soit avec nous me semblait naturel. Pourtant, il m’expliqua brièvement qu’il devait déjà me la reprendre.

« Je suis désolé, mais Doug et Lisa viennent de m’annoncer qu’ils voulaient adopter un enfant. Ils ont perdu le leur durant les enlèvements, comme vous le savez, et… Eh bien, Ambre doit être là. Peut-être décideront-ils que c’est elle ? Elle correspond à l’âge de l’enfant qu’ils désirent. »

Il m’adressa un sourire mais, pour ma part, plus aucun sourire ne se dessinait sur mes lèvres. Mon cœur battait tellement fort que j’avais l’impression que la terre entière pouvait l’entendre. Ils ne pouvaient pas… Ils ne pouvaient pas la prendre ! Elle n’était pas à eux ! Ce n’était pas leur fille, c’était la nôtre ! Cependant, j’avais beau protester furieusement intérieurement, aucun mot ne sortit de ma bouche tandis qu’Isaiah s’approchait pour la prendre des bras de Samuel. J’aurais voulu crier, mais de quel droit l’aurais-je fait ? Je n’avais rien dit à Isaiah, préférant prendre cette décision avec Sam, et maintenant… Maintenant que nous étions sur le point de la prendre, Ambre risquait de partir dans une autre famille. Et si nous ne l’avions pas prise ? Et Sam avait obstinément voulu attendre ? Etait-ce plus juste de la laisser en orphelinat plutôt que de la laisser être aimée par une autre famille ? Cependant, je savais qu’il allait finir par la voir, cette foutue vérité… Mais quand ? Je fus soudainement sorti de ces pensées lorsque, à ma plus grande surprise, je vis Isaiah avoir du mal à récupérer Ambre. Soit elle s’accrochait à Samuel, soit… Samuel s’accrochait à elle. Je n’eus pas le temps d’en décider qu’Isaiah parvint finalement à la récupérer et aussitôt, elle tendit de nouveau les bras vers Samuel. Elle le regarda un instant avant que ses beaux yeux ne se remplissent de larmes. Ce fut comme si on me brisait le cœur. La voir, tendant les bras vers lui, de grosses larmes coulant sur ses joues alors que depuis que je la connaissais elle n’était que sourires, que rires et joie… J’en fus réellement chamboulé. Isaiah, lui, m’adressa un regard à la fois surpris et réprobateur avant de tourner les talons et partir. Peut-être pensait-il que nous donnions de faux espoirs à une enfant et que cela était mal. Peut-être avait-il raison, d’ailleurs. Cependant, mon esprit ne parvenait plus à se représenter la possibilité que Samuel ne veuille pas l’accueillir chez nous : Il ne pouvait pas nier à ce point l’évidence.

J’étais totalement désemparé et ne parvint à reprendre mes esprits qu’une fois Isaiah partit. Ce fut comme une décharge électrique et aussitôt, je me retournai vers Samuel, me jetant presque à ses pieds tant j’étais désespéré. Nous n’avions plus le temps… Nous n’avions plus le temps qu’il se rendre compte, mais peut-être avions nous encore quelques minutes avant que Doug et Lisa ne se décident. Peut-être pouvions-nous encore la récupérer. Ma voix fut à l’image de la détresse qui m’envahissait de plus en plus, parlant très rapidement et de manière saccadée. Je finis même par lui prendre les mains et les serrer, l’implorant littéralement.

« Ecoute moi, je t’en supplie. Elle s’appelle Ambre, elle doit avoir six ans, on n’en sait rien, personne n’en sait rien. Elle n’a jamais eu de parents, elle vit avec les autres orphelins et…et… Samuel, ils vont la prendre ! Ils vont peut-être nous la prendre ! »

Les larmes me brouillaient la vue et je lâchai les mains de Samuel pour les essuyer, me calmant un peu. Ma voix n’était plus empreinte de ce désespoir, mais simplement résignée, avouant l’évidence :

« Je sais que tu l’as ressentis, toi aussi. C’est tellement évident… Il suffit de la serrer contre soi pour sentir que c’est elle. C’est notre fille… »

Malheureusement, je savais que tout cela allait sans doute beaucoup trop vite pour lui. Peut-être se disait-il même que quelqu’un d’autre pouvait bien l’adopter, que ça ne faisait rien. Après tout, il la connaissait à peine… Comment aurais-je réagi si d’éventuels parents étaient venus pour elle le jour où je l’avais rencontré ? Sans doute n’aurais-je rien dit… C’était tellement… Oui, rapide. Je ne pouvais pas en vouloir à Samuel s’il ne réagissait pas, s’il s’en moquait. Pourtant, lorsque je relevai les yeux vers lui, cherchant des réponses, je vis une certaine détresse de son regard aussi. Alors… ? Je n’en savais rien. Je n’en savais absolument rien et un sourire triste finit par étirer mes lèvres.

« Tu n’as qu’un mot à dire… Un seul mot et je cours la récupérer… Mais je ne t’en voudrais pas si tu ne le dis pas… »

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Samuel Brimstone
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MessageSujet: Re: Where do we go from here ? [PV Liam]   Where do we go from here ? [PV Liam] Icon_minitimeLun 20 Mai - 15:24


Ma question resta un moment comme suspendue dans les airs. Liam n'esquissa aucun mouvement vers moi, se contentant de me regarder alors que l'enfant était toujours accrochée à mon cou. Je l'entourais moi-même toujours de mes bras, la serrant contre moi dans une étreinte à la fois forte et tendre : forte parce que j'avais le désir quasi incontrôlable de la serrer contre moi, tendre parce qu'elle n'inspirait que tendresse et douceur. Finalement, Liam s'approcha de nous et je sentis mon cœur s'emballer : pourquoi ? Le bonheur de le voir s'approcher de moi en me souriant comme lui seul savait me sourire ? La peur de ce qu'il était sur le point de me dire ? Un mélange des deux sans aucun doute. Arrivé à ma hauteur, il s'accroupit près de moi avant de glisser délicatement sa main dans les cheveux de la petite : un geste qui ne fit qu'empirer la frénésie des battements de mon cœur tant cela me parût naturel, tout comme la prendre dans mes bras m'avait semblé naturel. Liam releva finalement son regard vers moi avant de murmurer tout bas que je savais très bien pourquoi elle était là, chez nous, dans mes bras. Oh oui, je savais pourquoi mais j'avais préféré ne pas y penser tant cette idée me faisait peur. Il glissa finalement sa main sur la mienne, son sourire restant fidèlement et chaleureusement accroché à ses lèvres. Ses doigts frôlèrent ma peau et malgré la situation, je sentis une décharge électrique parcourir mon corps : oui, son contact avait toujours le même effet sur moi même si je ne le lui montrais plus depuis que je m'étais retrouvé en fauteuil roulant. Je le désirais toujours autant, je l'aimais toujours autant, peut-être même plus... C'est alors qu'il murmura les mots de trop « Je n'ai pas oublié nos promesses... » A l'instant où il prononça ces paroles je me crispai avant de le fixer avec une peur non dissimulée : moi non plus je n'avais pas oublié mais comment pouvait-il encore envisager de les rendre réelles ? Comment ? Alors que j'étais dans cet état pitoyable ?... L'enfant sentit probablement mon changement d'état puisqu'elle se recula légèrement avant de poser son regard vers nous. Mon regard croisa brièvement le sien, un regard chaud, tendre, doux et pendant quelques instants, je me sentis apaisé, sans plus ressentir aucune peur. L'enfant rompit cependant le contact en se blottissant une nouvelle fois dans mes bras. Quand elle le fit, je resserrai mon étreinte autour d'elle, posant doucement ma tête contre la sienne avant de reporter un regard pour le moins perturbé et indécis sur Liam, un regard qui laissait transparaître mon profond trouble.

L'enfant était... Unique et j'avais le sentiment qu'elle était mienne, qu'il s'agissait là non pas d'une rencontre mais plutôt de retrouvailles. C'était assez déroutant d'être assailli par ce genre d'émotions fortes et inexplicables. Déroutant et pourtant merveilleux. Alors quoi ? Quelle était l'ombre au tableau qui me rendait finalement si perplexe ? L'ombre c'était moi, moi et ce foutu fauteuil. Liam avait beau penser que ça ne changeait rien, j'étais loin d'être sur la même longueur d'onde. Je ne parvenais plus à être autant présent et disponible pour les jumeaux alors comment aurais-je pu l'être avec un troisième enfant ? Peut-être que le problème ne venait finalement que de moi et qu'il m'était possible d'être disponible, d'être le même qu'avant même si j'étais diminué en n'ayant plus l'usage de mes jambes. Cependant, je n'arrivais pas encore à voir les choses de cette façon, tout comme je n'arrivais pas à me décider à demander de l'aide : encore une fois, j'avais besoin de temps et après tout, ce temps, on pouvait me l'accorder, non ? Si j'avais besoin de réfléchir ce n'était pas parce que je doutais de l'enfant, ni de Liam, mais bien de moi. Il prit ma main dans la sienne et la serra avant de m'adresser un sourire qui se voulait rassurant mais qui n'était malheureusement pas suffisant. Ses mots non plus ne furent pas suffisants : il ne suffisait pas de me dire ne pas avoir peur pour que cela fonctionne et pour que... Je fus stoppé dans mes pensées car j'aperçus une ombre se dessiner à l'entrée du salon dans le dos de Liam et je relevai mes yeux vers l'entrée pour y découvrir Lilly accompagnée d'Isaiah. Liam se retourna pour les observer à son tour et un bref silence s'installa pendant lequel nous nous regardâmes tous les quatre. Puis, Isaiah prit la parole : « Je suis désolé, mais Doug et Lisa viennent de m’annoncer qu’ils voulaient adopter un enfant. » Je fronçai les sourcils, ne comprenant pas bien en quoi c'était notre problème. « Ils ont perdu le leur durant les enlèvements, comme vous le savez, et… Eh bien, Ambre doit être là. » Mon cœur manqua un battement mais cette fois-ci, cela n'eut rien d'agréable au contraire parce que je venais de comprendre où Isaiah voulait en venir. « Peut-être décideront-ils que c’est elle ? Elle correspond à l’âge de l’enfant qu’ils désirent. » Ma bouche s'entrouvrit sous le choc et l'horreur de ce qu'il venait de nous dire. Non... Attendez... Ce n'était pas possible. J'avais besoin juste d'un petit peu de temps pour réfléchir, pas qu'un autre couple que nous ne l'adopte ! Mon cœur se mit à cogner contre mes côtes à m'en faire mal tant l'angoisse de ce qui se profilait à l'horizon étant en train de me submerger. Instinctivement, je resserrai mon étreinte autour de l'enfant, la serrant plus fort que jamais contre moi et glissai mon visage dans ses cheveux, respirant son doux parfum. Isaiah allait repartir d'où il était venu quand il allait voir que je tenais l'enfant de cette manière, non ?

Non, puisqu'avec horreur, je le vis avancer vers moi.

Quand il fut arrivé à ma hauteur, il tendit les bras pour récupérer Ambre mais je ne fis aucun effort pour lui passer l'enfant. Mes doigts se resserrèrent encore un plus autour d'elle et je sentis ses mains s'agripper à mon cou quand Isaiah passa ses bras autour d'elle pour la prendre. Ni elle ni moi ne voulions lâcher prise. Isaiah m'adressa un regard plutôt agacé, ne comprenant sans doute pas mon entêtement et à ce moment-là, je sus que je n'avais pas d'autre choix que de la lâcher : elle n'était pas à moi, en tout cas, pas de façon officielle même si mon instinct me hurlait le contraire. Alors, à contre cœur, je desserrai ma prise autour de l'enfant et en quelques instants, après qu'Isaiah l'ait forcée à me lâcher, nous fûmes séparés et c'est alors que je me sentis horriblement vide, seul, comme si on m'avait arraché une partie de moi. C'était complèmtent dingue et ça n'avait aucun sens mais c'était pourtant bel et bien ce que je ressentais, et quand je vis des larmes couler sur les joues de l'enfant alors qu'elle tendait les bras vers moi pour que je la récupère, j'aurais aimé être encore debout pour pouvoir l'arracher des bras d'Isaiah et m'enfuir en courant avec elle. Malheureusement, j'étais en chaise roulante et si je tentais de m'enfuir avec elle, Isaiah m'aurait rattrapé avant même que je n'ai atteint la porte d'entrée. Cependant, instinctivement, je tendis les bras vers elle pour la récupérer. Tout se passa ensuite très vite : Isaiah adressa à Liam un regard tout autant réprobateur que celui qu'il m'avait jeté quelques instants auparavant, puis il quitta la maison, Lilly sur ses talons. Plus rien. Plus aucun bruit. Plus aucun mouvement. C'était comme si en quelques secondes il avait détruit le soleil qui venait juste de faire son apparition dans la maison. Je fixai la porte, incapable d'en détacher mon regard, comme pétrifié par ce qu'il venait de se passer. Ce n'est que quand Liam se jeta à mes pieds que je me rendis compte que j'avais toujours les bras en l'air, prêt à récupérer la petite. Je reposai de façon résignée mes mains sur mes jambes avant de glisser mon regard vers Liam. Si moi j'étais encore sous le choc, lui était en pleine détresse, je le vis clairement dans son regard et je l'entendis encore plus clairement dans le ton de sa voix quand il s'adressa à moi. Il prit mes mains dans les siennes et les serra avec force : c'était une véritable supplique. « Ecoute moi, je t’en supplie. Elle s’appelle Ambre, elle doit avoir six ans, on n’en sait rien, personne n’en sait rien. Elle n’a jamais eu de parents, elle vit avec les autres orphelins et…et… Samuel, ils vont la prendre ! Ils vont peut-être nous la prendre ! » Mon cerveau capta les premières informations et les enregistra : son prénom, son âge approximatif... Oui, tout ça fut enregistré mais ce fut sur les dernières paroles que je m'attardai « Ils vont nous la prendre. » Il essuya ses larmes d'un geste vif et je fronçai doucement les sourcils en penchant la tête sur le côté, réfléchissant à ce qu'il venait de dire. Il avait parlé comme si... Comme si... « Je sais que tu l’as ressentis, toi aussi. C’est tellement évident… Il suffit de la serrer contre soi pour sentir que c’est elle. C’est notre fille… »

Comme si elle était notre fille, oui. C'était exactement ce que j'avais ressenti en la prenant dans mes bras et quand Isaiah me l'avait arrachée, j'avais eu la sensation qu'on m'avait retiré une partie de moi-même, qu'on m'avait retiré mon enfant. Je reportai mon regard sur la porte, complètement noyé sous toutes les émotions qui s'entrechoquaient en moi : l'amour que je ressentais pour cette enfant, cet amour inexplicable, surréaliste et démesuré, la douleur que je ressentais maintenant que je ne l'avais plus dans mes bras, mais aussi la peur de ne pas être prêt pour ça, de ne pas être prêt pour être celui que j'avais été, l'homme que Liam aimait, le père que les jumeaux aimaient et... Le père dont Ambre avait besoin. Et si j'échouais ? Et si je n'étais pas à la hauteur ? Voilà pourquoi j'avais besoin de temps pour réfléchir, pour me réparer un minimum afin d'être celui dont ils avaient tous les quatre besoin, seulement voilà : du temps, je n'en avais plus car si je choisissais de réfléchir, Ambre allait être adoptée par ce couple. Oh, ils méritaient d'être heureux bien sûr, surtout après la perte qu'ils avaient subi seulement voilà, les laisser avoir Ambre c'était comme les laisser adopter les jumeaux et ça, c'était tout bonnement hors de question. La voix de Liam me sortit de mes questionnements intérieurs. « Tu n’as qu’un mot à dire… Un seul mot et je cours la récupérer… » Je reportai mon regard sur lui, restant pour le moment silencieux, juste le temps de tout remettre en ordre. « Mais je ne t’en voudrais pas si tu ne le dis pas… »

Je fronçai les sourcils : tout était enfin en place et j'étais capable de penser et de mettre des mots sur mes pensées.

« C'est faux. » répondis-je du tac au tac.

« Tu l'as amenée ici parce que tu veux que nous l'adoptions et si je te dis que je ne veux pas que tu ailles la récupérer, bien sûr que tu m'en voudras. Comment tu pourrais ne pas m'en vouloir ?»

Tout ceci n'était en rien un reproche, mais plutôt un simple constat, fait avec distance et calme. Je reportai mon regard sur la porte.

« Si je te dis non, tu vas m'en vouloir. »

Je fermai les yeux avant de prendre une profonde inspiration et la première chose qui me revint fut le doux parfum des cheveux d'Ambre. Ce fut ensuite la sensation de ses petites mains accrochées autour de mon cou. Et enfin ses yeux... Ses yeux de cette magnifique couleur noisette, cette tendresse et cette chaleur qui se dégageaient de son regard... Je rouvris les yeux et serrai la main de Liam dans la mienne. Je voulais du temps mais je n'en avais pas alors, tant pis. Plutôt que de réfléchir avant d'agir j'allais agir avant de réfléchir et si les choses s'avéraient par la suite compliquées, elles ne seraient pas pour autant impossibles. Oh, j'ignorais où je mettais les pieds, j'ignorais quelle allait être ma place mais s'il y avait une chose dont j'étais certain, c'était qu'elle était nôtre. Je reportai mon regard sur Liam.

« Ce n'est pas parce que j'ai peur que tu m'en veuilles que je te dis oui. Je pourrais vivre avec ta rancœur vis à vis de moi si j'étais sûr que j'avais fait le bon choix. »

Doucement un sourire étira mes lèvres.

« Mais si je fais le mauvais choix, je m'en voudrai toute ma vie et... »

Tandis que je prononçais ces mots, les émotions que j'avais ressenties quand j'avais tenu Ambre dans mes bras refirent surface pour combler un peu le manque que son absence avait engendré.

« Tout ça va très vite, je ne sais pas où je vais, je ne sais pas comment je vais faire, j'ai peur, je suis dépassé mais même malgré tout... »

Ma gorge se noua sous le coup de l'émotion et ma vue se brouilla, mes yeux étant soudainement remplis de larmes.

« Elle est à nous. C'est notre fille. »

Je levai les yeux au ciel en secouant la tête, me rendant parfaitement compte que c'était complètement dingue mais...

« Je l'avais pensé quand je t'avais dit qu'au moment où nous allions le ou la rencontrer nous allions savoir que c'était cet enfant là et pas un autre, mais de là à ce que ça se produise c'est... C'est complètement dingue... »

Je reposai mon regard sur Liam : je compris, en voyant l'émotion transparaître dans ses yeux et sur son visage, qu'il avait compris ce que je voulais dire, il avait compris ma réponse. Mon sourire s'élargit quand je déposai ma main libre sur sa joue avant de me baisser pour approcher mon visage du sien.

« Cours Liam. Si je pouvais le faire moi-même je le ferais mais je ne peux pas alors il faut que tu y ailles. Pour le reste, on verra ça après. Je plonge dans l'inconnu mais tant pis. »

Son regard s'illumina.

« Sois mes jambes, cours pour moi s'il te plaît. Liam, cours pour moi et va chercher notre fille.  »

Un large sourire étira ses lèvres et je déposai un tendre baiser sur son front avant qu'il ne redresse et fonce hors du salon. Je le regardai partir et quand j'entendis la porte de l'entrée claquer je baissai doucement mon regard vers mes jambes. Je serrai le poing et cognai une fois sur ma cuisse : rien. Je cognai encore une fois, puis encore, puis encore, puis encore. Je cognai avec force à la fois parce que je maudissais ces foutues jambes et également parce que j'espérais une réaction, même infime, un petit engourdissement ou le début d'une petite douleur, mais rien. Je serrai le poing à m'en faire mal aux doigts : comme j'aurais voulu être capable de courir aux côtés de Liam pour aller récupérer Ambre... Je venais de lui dire que j'étais d'accord pour qu'Ambre fasse partie de notre vie puisque ça me semblait être une évidence mais maintenant que j'étais seul, en train d'essayer en vain de réveiller mes jambes, la peur était en train de me regagner. Qu'allais-je pouvoir être pour elle ? Je ne pourrais pas courir avec elle, je ne pourrais pas la rattraper si elle tombait, je ne pourrais pas... Et alors que j'étais en train de me torturer, mon regard se posa sur le dessin qui était resté sur le meuble. Je tendis la main pour m'en saisir et l'observai pour la seconde fois. Du bout des doigts je redessinai la silhouette d'Ambre avant de poser mon regard sur ce petit bonhomme assis : moi. Pour elle, j'avais déjà ma place, infirme ou pas. Un petit sourire étira de nouveau mes lèvres et je pressai le dessin contre mon cœur. La bataille intérieure que je menais depuis presque deux mois était loin d'être terminée mais j'avais à présent une raison de plus de la gagner. Si en me réveillant j'avais compris qu'il était tant que je demande de l'aide, à présent, j'étais résolu à le faire. Pour elle, pour eux, pour lui surtout. Pour lui qui n'avait jamais failli, qui avait toujours été là et qui encore aujourd'hui faisait tout pour que nos rêves deviennent réalité. Cela n'allait pas être facile et tout n'allait pas s'arranger en un jour car j'avais changé et que j'aurais encore besoin de temps pour retrouver complètement cet homme que j'avais été mais j'allais essayer. Au moins, j'allais essayer.

J'entendis soudain la porte de la maison et je reposai le dessin sur la table avant de glisser mes mains sur ma chaise afin de me faire pivoter en direction de l'entrée, mon sourire s'élargissant à la pensée de voir Ambre dans les bras de Liam. Malheureusement, mon sourire disparut bien vite quand je vis Liam entrer dans le salon, la mine sombre, triste, seul. Mes épaules s'affaissèrent et j'abaissai mon regard vers le dessin, écoutant les explications de Liam sur le fait qu'Isaiah souhaitait réfléchir avant de nous confier Ambre, en partie à cause de mon état. Mon état... J'étais bel et bien l'ombre au tableau et ce, même aux yeux d'Isaiah. La colère resurgit sans que je puisse la contrôler mais elle n'était pas dirigée contre Liam ou contre Isaiah mais contre moi. Contre moi seul. J'étais le responsable. J'avais été tellement infect avec Liam qu'il n'avait pas osé me parler d'Ambre, qu'il avait été obligé de me mettre devant le fait accompli pour éviter que je ne me braque et ça, il n'avait pas besoin de me l'expliquer : je l'avais compris tout seul. Si j'avais agi différemment, il m'en aurait parlé et nous aurions pu avoir le temps de nous préparer pour qu'Isaiah soit convaincu qu'il pouvait nous confier Ambre. Cependant, je n'avais pas fait ce qu'il fallait et tout ça pour quoi ? A cause de ces jambes. A cause de ces foutues jambes. Des larmes à la fois de tristesse et de rage me brouillèrent la vue mais je fus cependant capable de serrer à nouveau le poing avant de venir cogner contre ma cuisse avec une violence démesurée et non dissimulée. Le but n'était pas de ressentir quoi que ce soit cette fois-ci mais bel et bien de blesser cette partie de mon corps qui était un obstacle. De me blesser moi.

« C'est ma faute ! » finis-je par articuler entre mes dents serrées. « Ma faute ! Bordel ! »

Mes coups redoublèrent d'intensité jusqu'à ce que les mains de Liam se pose autour de mon poignet pour me faire stopper. Il avait traversé la pièce à toute vitesse pour m'arrêter et m'empêcher de continuer. Nos mains tremblèrent à cause de la tension qui se dégageait de cette étreinte : moi, mettant toute ma force pour cogner et Liam mettant toute sa force pour m'arrêter. Je baissai les yeux, complètement incapable d'affronter son regard, ayant trop peur d'y lire la même colère que je ressentais vis à vis de moi même. Je finis par relâcher mon bras, laissant Liam prendre le dessus pour m'empêcher de me frapper.

« Je te demande pardon... » murmurai-je d'une voix éteinte.

Et c'était là des excuses bien maigres en comparaison du mal que j'avais pu faire. Et si jamais Isaiah décidait que nous ne pouvions pas adopter Ambre à cause de mon état ? Ambre... Et elle alors ? Après la façon dont elle avait regardé Liam, la façon dont elle m'avait regardé, la façon dont elle s'était accrochée à moi... Elle, ils allaient la laisser avec des gens probablement gentils mais dont elle ne voulait pas être la fille ? On ne pouvait pas la laisser... Je ne pouvais pas la laisser. Penser à elle me redonna encore une fois des forces. Je me détestais, je détestais ma condition mais c'était à moi de me battre contre ça, de me battre contre ceux qui estimaient que j'étais un incapable.

« Qu'est-ce que je peux faire ? » Je trouvai même le courage de le relever mon regard vers Liam : un regard résolu bien que toujours teinté de tristesse et de colère.

« Qu'est-ce que je peux faire pour lui prouver que mon état, comme il dit, n'est pas un problème ? »

Un silence.

« Parce que, ce n'est pas un problème, pas vrai ? Tu me le dis, tu me le répètes depuis un moment et jusque là j'étais incapable d'écouter mais maintenant j'écoute, je comprends, et je commence à accepter. Alors je fais quoi ? »

S'il voulait que je fasse quelque chose.
S'il n'était pas trop tard.
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Liam Marsden
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MessageSujet: Re: Where do we go from here ? [PV Liam]   Where do we go from here ? [PV Liam] Icon_minitimeMar 21 Mai - 12:25

Honnêtement, je ne savais absolument pas ce que Samuel pouvait penser en cet instant. Mon instinct me soufflait que lui aussi avait ressenti cet amour inexplicable pour Ambre, mais je ne pouvais en être certain puisqu’il ne m’en avait pour le moment rien dit. Alors, effectivement, j’étais prêt à aller la chercher chez Isaiah si Samuel me le demandait, mais je ne comptais pas le faire s’il le refusait. Je ne comptais pas aller contre ce qu’il pouvait ressentir et le forcer à adopter une enfant pour laquelle il n’éprouvait rien. Même si cela m’aurait brisé le cœur, je ne serais pas allé contre. J’eus un léger tressaillement lorsqu’il me répondit immédiatement que ce que je disais était faux. Relevant les yeux vers lui, je le vis froncer les sourcils et fis de même. Pourquoi me contre disait-il ainsi ? Pensait-il réellement que je lui en aurais voulu de ne pas vouloir adopter Ambre ? Bien sûr que non… Je n’étais pas comme cela, je n’étais pas le genre de personne à pousser les autres à faire des choses qu’ils ne voulaient pas faire. Cependant, je dois bien avouer qu’en entendant ses explications, mon avis changea quelque peu. Certes, j’avais emmené Ambre chez nous car je voulais que nous l’adoptions, car je l’aimais déjà du plus profond de mon être et vivre sans elle aurait été incroyablement difficile et douloureux. Après tout, peut-être que cette douleur aurait fini par se transformer en rancœur vis-à-vis de Samuel… C’était possible. Il aurait été possible que je lui en veuille de refuser d’agrandir notre famille alors que je savais du plus profond de mon être que cette petite était notre fille. Je n’en savais trop rien et, au final, baissai les yeux. J’avais légèrement honte de ces pensées, bien qu’elles soient fondées. Je n’avais pas envie d’être ce genre d’homme et pourtant, en y réfléchissant bien il était vrai que je pouvais le devenir. Cela me perturba.

Pourtant, je sentais qu’il n’y avait dans les mots de Sam aucune forme de procès, aucune accusation ni aucun reproche. Il me posait simplement la situation telle qu’il la voyait, et telle qu’elle était certainement : S’il refusait d’adopter Ambre j’aurais fini, un jour ou l’autre, par lui en vouloir terriblement. Est-ce que notre couple y aurait survécu ? Je l’ignorais. A présent, je l’ignorais. Je n’aurais jamais cru pouvoir m’imaginer de nouveau sans Sam, mais comment accepter le fait qu’il rejette Ambre ? Comment continuer à la voir grandir, chez d’autres gens, loin de nous ? Si je pouvais ressentir de la rancœur à son égard, peut-être que cela aurait fini par ronger notre couple à tel point que nous n’aurions plus pu vivre ensemble. Une nouvelle fois, j’en ressentis une honte profonde. Je l’avais demandé en mariage, je lui avais juré d’être toujours là pour lui et aujourd’hui, pour la première fois, j’en venais à penser qu’un jour je pourrais le laisser. Malgré tout mon amour pour lui, j’aurais pu le laisser. Certes, mes rêves de famille n’existaient plus sans lui, mais comment vivre avec lui si de toute façon nous n’avions plus d’avenir ? Si nous n’avions plus aucun projet ? A présent que j’y avais goûté, à présent que je m’étais permis de réellement y rêver, je ne pouvais plus faire marche arrière. Peut-être que les choses auraient été différentes s’il n’avait pas s’agit d’Ambre, si je n’avais pas ressentis si profondément à quel point elle faisait déjà partie de notre famille. Si je ne l’avais pas rencontré… Si je n’avais pas vu la manière dont il l’avait serré contre lui… Si je n’avais pas eu cette merveilleuse impression que lui aussi éprouvait ce que j’éprouvais…

Je fus soudainement sorti de mes pensées et relevai rapidement mon regard vers lui. Que venait-il de dire ? Qu’il me disait oui non pas par crainte de ma rancœur, mais parce qu’il pensait faire le bon choix ? J’eus l’impression que mon cœur s’arrêta tant je fus sous le choc. J’aurais du ressentir une profonde joie, un soulagement intense, mais pour le moment j’étais tellement abasourdis que je ne parvenais même pas à articuler le moindre mot. Il venait de… dire oui ? Ce fut sans doute avec un regard d’abrutis profond que je l’observai, le dévisageant tandis qu’il continuait en m’expliquant que tout allait très vite, qu’il avait peur, ne savait pas où il allait, mais le regretterait toute sa vie s’il ne prenait pas la bonne décision. Je parvins alors à déglutir, cependant toujours incapable de parler, la signification de ces mots prenant peu à peu forme dans mon esprit. Il acceptait… Il acceptait que nous adoptions Ambre… Et bien sûr, cela allait bien trop vite, je le comprenais parfaitement. Les choses étaient loin de se passer comme je l’avais prévu puisque je pensais que nous aurions eu le temps d’en parler, de peser le pour et le contre et surtout que l’idée fasse lentement son chemin, mais malheureusement ce temps, nous ne l’avions plus. Que d’autres parents éventuels se présentent n’était qu’une malheureuse coïncidence qui nous mettait dans l’état d’urgence. Malheureusement, nous n’avions guère d’autre choix que de nous décider maintenant. Et c’est seulement alors qu’intérieurement je songeais à cela que je pris pleinement conscience que notre choix était déjà fait. Nous avions pris notre décision, ou plutôt Sam l’avait prise. Et quelle décision… Je sentis les larmes me monter aux yeux tout comme lui. Pourtant, il ne s’agissait nullement de tristesse mais bel et bien de joie, de soulagement. A présent, le fait qu’il venait d’accepter d’adopter Ambre venait de se faire une place très claire dans mon esprit et j’en étais plus qu’heureux. C’était tout simplement merveilleux.

L’entendre dire qu’Ambre était notre fille me fit serrer un peu plus fort sa main dans la mienne. J’avais rêvé ces mots, j’avais rêvé ce moment et il était enfin là. Et il avait raison : Ce que nous ressentions tout les deux à l’égard d’Ambre tenait du miracle. Elle n’avait aucun lien de parenté avec nous et pourtant, nous sentions du plus profond de nous même qu’elle était notre enfant. Comme si nous n’avions toujours connu, comme si nous avions toujours vécu auprès d’elle. Nous ressentions le besoin quasi incontrôlable de l’avoir près de nous, de la voir grandir, de l’éduquer… Oui, d’être ses parents. Je n’imaginais plus notre famille sans elle, qu’importe que j’aime les jumeaux plus que tout au monde, nous avions désormais trois enfants et non plus deux. C’était dingue, mais c’était la vérité. Un fin sourire se dessina sur mes lèvres alors que Sam approchait son visage du mien, posant une main tendre sur ma joue. Comme ce geste me réchauffait le cœur… Qu’il ait un geste tendre envers moi me fit presque frissonner de plaisir tant cela se faisait rare depuis son accident. J’eus envie de l’embrasser, de tendre le cou pour poser mes lèvres sur les siennes mais m’en retint : ce n’était pas le moment, le temps pressait.

Ses paroles me rappelèrent d’ailleurs qu’il était plus que temps que j’y aille, que je cours justement pour lui jusqu’à la maison d’Isaiah et récupère Ambre tant qu’il en était encore temps. Oui, j’allais être ses jambes et j’allais courir le plus vite possible jusqu’à là-bas pour récupérer notre fille. J’étais déjà prêt à me lever lorsqu’il déposa un tendre baiser sur mon front et de nouveau je frissonnai, lui répondant par un sourire qui devait sans doute refléter mon bonheur. Puis, je ne perdis pas une seconde de plus et me redressai avant de sortir de la maison à toute vitesse, me dirigeant déjà vers la maison d’Isaiah. Mon cœur battait à tout rompre, non pas à cause de l’effort mais bel et bien parce que nous étions sur le point d’avoir notre troisième enfant. Nous étions sur le point de franchir ce pas, cette étape de notre vie à deux. Et même si je savais que le chemin serait encore long pour Sam, le fait qu’il ait pu voir Ambre ne faisait que me redonner espoir et courage pour la suite : Il allait s’en sortir, il irait mieux bientôt. Il s’agissait d’un premier pas vers la vérité, cette fameuse vérité qui disait qu’il était tout à fait capable d’être un père, un époux aimant, qu’importent ses jambes.

Lorsque j’arrivai chez Isaiah, je ne fus pas surpris de trouver Doug et Lisa dans le salon en compagnie des autres enfants orphelins. Ils leurs parlaient, les observaient, et ne firent même pas attention à moi. Quant à moi, mon attention fut entièrement tournée vers un enfant, un seul : Ambre. Elle se tenait dans un coin à l’écart des autres. Même si elle ne pleurait plus, aucune trace de sourire ne se faisait voir sur son si joli visage. Du moins, pas temps que son regard ne se posa sur moi. Aussitôt, un magnifique sourire étira ses lèvres et je sentis mon cœur fondre de nouveau. Je m’apprêtai à m’approcher, aller la prendre dans mes bras lorsque je sentis une main agripper mon propre bras. Je me retournai, faisant face à un regard sombre. Isaiah. De toute évidence, il était loin de se réjouir de ma venue et me tira vivement dans une pièce voisine, ne me laissant pas le temps de prononcer un mot.

« A quoi est-ce que vous jouez Liam ? Elle croit qu’elle va aller vivre chez vous !
- Elle va venir… Nous voulons l’adopter. »

Ma voix fut assurée, même si je devais bien avouer que l’accueil d’Isaiah me laissait légèrement perplexe. Depuis l’explosion de l’église, il ne semblait plus le même, n’inspirant plus confiance, se montrant parfois exécrable. Il fronça les sourcils à la fin de ma phrase et me lâcha enfin le bras, réfléchissant. Il nous connaissait suffisamment, Sam et moi, pour savoir que nous voulions nous marier et que nous formions déjà une famille avec les jumeaux. Quant à mon alcoolisme, il m’avait forcé à suivre les réunions suffisamment longtemps pour savoir que j’allais mieux, que je n’avais pas bu depuis des mois. Alors quoi ? Pourquoi réfléchissait-il si longtemps ? La réponse ne tarda pas, dévastatrice.

« Non. »

Je me figeai, sentant mon visage se décomposer.

« Les choses ne se passent pas de cette manière. Je ne place pas les enfants dans des foyers instables. »

Je fronçai immédiatement les sourcils, sentant la colère monter en moi, et lui demandait pardon. Notre foyer était loin d’être instable. Samuel et moi étions en couple depuis un moment, nous allions nous marier, nous avions déjà des enfants, alors non, non, notre foyer n’était pas instable du tout. Cependant, je ne pu rien protester lorsqu’il reprit la parole.

« L’état de Samuel ne m’inspire pas confiance. Psychologiquement, il est instable. Je ne prendrais aucun risque, surtout pas vis-à-vis d’une enfant que personne n’a voulu adopter, même pas Lisa et Doug, à cause de son handicap. Vous ne pouvez pas la prendre puis la rapporter au bout de quelques jours, quelques semaines, en disant que c’est trop dur à assumer. Elle a besoin de deux parents, pas d’un père et d’un fantôme. »

Tandis que mon visage se décomposait de plus en plus, Lisa appela Isaiah. Ils devaient avoir choisi. Isaiah lui demanda une minute puis se tourna de nouveau vers moi.

« Je dois y réfléchir. Et je dois avoir un entretien avec Samuel. Je viendrai dans quelques jours. Si je juge que son état psychologique est encore trop inquiétant pour adopter un enfant, Ambre ne viendra pas chez vous. En attendant, laissez la tranquille. La pauvre n’a pas besoin de faux espoirs. »
Sur quoi il passa dans le salon sans même m’accorder un regard alors que j’avais l’impression de mourir sur place. Ca… Ca, je ne l’avais absolument pas vu venir. Qu’Isaiah refuse de nous confier Ambre à cause de Sam dépassait totalement mon entendement, même si au fond je devais bien avouer que je comprenais ses doutes. Après tout, personne n’avait été à l’abri de ses humeurs ces derniers temps, sans doute cela était-il revenu aux oreilles d’Isaiah… Malheureusement, Sam ne risquait pas d’aller mieux si on lui refusait l’adoption d’Ambre justement à cause de son état. Au contraire, il avait justement besoin qu’on lui montre que la vie pouvait continuer malgré ses jambes, qu’il pouvait toujours être l’homme qu’il avait été… Où était passé l’altruisme d’Isaiah ? Où était passée son intelligence du cœur ? Je ne parvenais pas à imaginer qu’il n’ait pas compris tout cela, et pourtant… Pourtant nous en étions bel et bien là. Ce fut le cœur lourd que je quittai la maison d’Isaiah, adressant un dernier sourire bien triste à Ambre qui ne comprit sans doute pas pourquoi je m’en allais sans elle. Cependant, mes pensées n’étaient pour le moment pas tournées vers cela, mais uniquement vers Sam. Comment allait-il réagir ? Comment allait-il encaisser la nouvelle ? Tout n’était pas perdu, mais le simple fait qu’Isaiah le remette en question allait, je le savais, lui faire énormément de mal. Il venait d’anéantir tous mes efforts pour faire prendre conscience à Samuel que justement, j’avais confiance en lui quant à nos enfants et notre avenir. Et cela me laissait un goût atrocement amer dans la bouche.

Arrivé chez moi, je me dirigeai immédiatement dans le salon bien que ce qui allait suivre me brisait d’ores et déjà le cœur. Je ne me sentais pas la force d’annoncer la nouvelle à Sam, et pourtant j’y fus obligé. Je ne parvins cependant qu’à lui répéter les grandes lignes du discours d’Isaiah, ne mentionnant pour le moment pas le fait qu’il viendrait pour parler avec lui en tête à tête. A ce moment là, je m’attendais à beaucoup de choses, à des larmes, à des cris, mais certainement pas à ce qu’il suivit. Je vis Sam baisser les yeux sur ses jambes, et soudainement, se mit à se frapper lui-même. Se frapper avec une violence qui me glaça, à tel point que je mis un certain temps avant de me jeter sur lui pour attraper sa main et l’empêcher de continuer. Malgré la colère que je voyais et sentais dans ses mots, j’aurais été incapable de le regarder se faire du mal de cette manière même si, il fallait bien l’avouer, il ne sentait sans doute rien en dépit des coups de poing brutaux qu’il s’infligeait. Et j’allais encore moins le tolérer en me souvenant de tout ce qu’il s’était passé avant l’explosion de l’église, cette longue période durant laquelle il allait si mal, était assaillis de cauchemars horribles, ne parvenait pas à se défaire de toute la violence qu’il avait vu et vécu durant la guerre. Cette violence, elle n’avait plus sa place dans notre maison. Plus jamais. Il força cependant, essayant toujours de se brutaliser tandis que je mettais également toutes mes forces pour l’en empêcher. J’aurais voulu l’exhorter à haute voix d’arrêter mais j’étais bien trop choqué et bouleversé pour prononcer le moindre mot. Finalement, il relâcha son bras et aussitôt, je pris sa main dans les miennes, la serrant doucement. Je ne voulais plus qu’il fasse cela, plus jamais. Même si je sentais à quel point il pouvait haïr ses jambes en cet instant, je ne supportais pas de le voir avoir de tels gestes à son égard. Je relevai alors doucement les yeux vers son visage, mon regard étant sans doute toujours perturbé par ce qu’il venait de se passer. Ce n’était pas quelque chose que je risquais d’oublier de si tôt. Cependant, je ne lui demandai pour le moment pas d’explications. Pas alors qu’il me demandait pardon d’une voix éteinte, comme morte.

Mais pardon pour quoi ? Il n’avait pas à s’excuser de quoi que ce soit. Après tout, comment aurait-il pu réagir différemment après la perte de ses jambes ? Personne n’aurait pu demeurer le même sans éprouver la moindre colère, c’était tout simplement impossible. Et même si son comportement avait été horriblement dur à supporter, je ne parvenais toujours pas à lui en vouloir. Je comprenais trop bien ce qu’il pouvait ressentir pour cela. Je l’aimais bien trop pour cela. Alors, non, il n’avait pas à me demander pardon pour quoi que ce soit. Cependant, je n’eus pas le temps de le lui dire puisqu’il releva soudainement les yeux vers moi avec un regard qui me surprit un peu. Un regard étrangement fort et résolu en dépit de la voix éteinte avec laquelle il m’avait, quelques secondes plus tôt à peine, parlé. Je ne comprenais pas d’où lui venait cette soudaine force, pas plus que je ne comprenais où il voulait en venir en me demandant ce qu’il pouvait faire. Je fronçai alors légèrement les sourcils, puis me détendit en entendant la suite. Je savais bien que ce n’était pas forcément ce que j’étais supposé ressentir en cet instant, un immense soulagement se propagea en moi, réchauffant mon cœur. Il voulait agir, il voulait se battre pour Ambre, pour qu’Isaiah accepte de nous la confier. Après avoir passé plus de deux mois à se morfondre, à se rejeter lui-même, il était enfin décider à réagir. Je fus d’autant plus heureux de l’entendre me dire qu’à présent, il était prêt à m’écouter et à accepter. Enfin.

Un sourire empreint de douceur se dessina sur mes lèvres tandis que je caressai lentement sa main, réfléchissant. Par où commencer ? Nous étions enfin arrivés à ce moment que j’avais tant souhaité, ce moment où Sam verrait réellement la vérité et j’en étais tellement heureux et soulagé que je ne parvenais même pas à trouver les mots. Je finis par secouer légèrement la tête, le même sourire toujours aux lèvres, avant de plonger mon regard dans le sien.

« Tu as déjà fait tellement et tu ne t’en rends même pas compte. »

Mon sourire s’élargit doucement. Je me mis alors à genoux et glissai mes bras autour de lui, le serrant contre moi. A présent, je n’avais plus peur. Ambre allait nous revenir, il ne s’agissait que d’une question de temps. Isaiah verrait forcément que Sam allait déjà un peu mieux, qu’il avait pris conscience qu’il fallait qu’il agisse et il nous la confierait. J’en étais persuadé. Alors, je serrai Sam encore quelques instants contre moi avant de me reculer doucement, conscient qu’il avait une nouvelle fois besoin de réponses. Je déposai au passage un léger baiser sur sa joue avant de m’asseoir sur mes talons, les mains enlacées aux siennes.

« En décidant que tu vas faire quelque chose, tu avances déjà énormément mon amour. Depuis que tu es en fauteuil c’est comme si… Comme si tu n’existais plus vraiment. Tu as tellement changé… Et je le comprends, mais ça ne peut plus durer. »

Mon sourire s’était lentement effacé tandis que je parlais.

« Tu as été odieux. La manière dont tu me parlais, dont tu me repoussais… C’était odieux, et ça me blessait. Pendant deux mois tu n’as fait que me rejeter alors que je voulais t’aider. Je sais que tu es en colère, que tu n’acceptes pas ce qui est arrivé, mais tu ne peux plus te défouler contre moi, contre tes amis, contre les enfants… »

J’eus un léger soupir avant de reprendre d’une voix plus assurée, relevant les yeux vers lui.

« Tu t’es perdu et il est temps que tu te retrouves. C’est ce que tu dois faire : Essayer de te retrouver. Isaiah m’a dit qu’il voudrait te parler, en privé, dans quelques jours. Il veut être certain que, psychologiquement, tu es capable d’accueillir Ambre. Et je n’ai pas peur parce que je sais qu’à présent tu l’es. Maintenant, tu es prêt à aller mieux. »

Un sourire plein de tendresse étira de nouveau mes lèvres avant que je ne le reprenne dans mes bras et dépose un bref baiser derrière son oreille. Le serrant doucement, je repris la parole dans un murmure.

« Ces quelques jours avant d’accueillir Ambre nous feront du bien. Tu auras le temps de mieux t’y préparer et moi, j’aurais le temps de prendre soin de toi. Je ne veux plus que tu me repousses... Laisse-moi prendre soin de toi. Laisse-moi te couvrir de baisers et de caresses… Sam, mon amour… Laisse-moi t’aider à te retrouver… »

Après tout, qui mieux que moi aurait pu l’aider ? Qui mieux que moi le connaissait ici ? Personne. Et si le premier pas avait été de pouvoir voir Ambre, le second serait de me laisser approcher de lui, de le laisser être son mari tout comme je l’étais autrefois. Si nous voulions pouvoir accueillir Ambre, il fallait que nous soyons une famille véritablement unie, unie comme nous l’étions auparavant. Alors… Oui, je voulais que nous profitions des prochains jours pour passer du temps ensemble, seulement nous deux, et aussi avec les jumeaux. Que nous allions les chercher à l’école ensemble, les aidions pour les devoirs ensemble, les faisions goûter ensemble, les couchions ensemble… Ensemble.
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Samuel Brimstone
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MessageSujet: Re: Where do we go from here ? [PV Liam]   Where do we go from here ? [PV Liam] Icon_minitimeVen 24 Mai - 18:37

J'étais prêt à faire ce qu'il fallait pour que nous puissions récupérer Ambre : j'étais prêt à tout et je n'allais pas abandonner. Je refusais de laisser cette enfant, notre enfant nous être enlevée car, ce que j'avais ressenti en la tenant dans mes bras, je voulais pouvoir le ressentir encore chaque jour de cette vie qu'il était encore donné de vivre. Voilà pourquoi j'avais soudain pris confiance en moi, voilà pourquoi j'étais à ce point décidé tant dans mon ton que dans mes gestes. Cela eut l'effet de surprendre un peu Liam sur le coup, je le vis dans son regard mais petit à petit, son regard s'adoucit et il caressa délicatement ma main. Je patientai en restant silencieux, attendant qu'il me donne enfin une réponse, au moins un début de réponse, un début d'idée pour m'aider à parcourir le chemin qui avait besoin d'être parcouru pour nous ramener auprès d'Ambre. Au bout d'un moment, il finit par secouer doucement la tête avant de plonger son regard dans le mien et de me dire que j'avais déjà fait beaucoup sans m'en rendre compte. Je fronçai les sourcils, ne voyant pas en quoi j'avais tant fait que ça, au contraire. Je fus surpris de voir Liam se mettre à genoux avant de venir me prendre dans ses bras, tellement surpris que mes mains ne se refermèrent pas autour de lui. Déjà, ce genre de contact, nous n'en avions plus vraiment depuis que j'étais en chaise roulante alors j'étais un peu déstabilisé, même si c'était moi qui nous interdisait ce genre de rapprochement et pas l'inverse. Et puis je ne comprenais pas cet élan de douceur, de tendresse et d'amour envers moi : je n'en méritais pourtant pas autant. Il finit par se reculer et je restai assez dubitatif, ne sachant pas trop quelle attitude à adopter : j'étais bien rouillé en matière de tendresse... Il déposa un baiser sur ma joue avant de s'asseoir, ses mains venant entrelacer les miennes. Je l'observai avec attention et quand il commença à m'expliquer que j'avais déjà fait énormément en décidant de faire quelque chose. Puis, les mots qui suivirent me firent baisser mon visage, ne me sentant plus capable de le regarder dans les yeux. « Depuis que tu es en fauteuil c'est comme si... Comme si tu n'existais plus vraiment. » Je sentis mes entrailles se nouer mais cette sensation là n'avait rien d'agréable. En l'entendant prononcer ces mots, c'était comme s'il avait de nouveau réveillé cet être en colère qui sommeillait en moi et j'avais peur qu'il ne surgisse sans que je sois capable de le contrôler. « Tu as tellement changé... » Mon cœur se mit à battre plus fort, petit à petit emporté par la colère qui commençait à véritablement s'inviter. « Et je le comprends, mais ça ne peut plus durer. » C'était clair : il refusait d'en supporter davantage. Pendant un instant, je me demandai si cette affirmation n'était liée qu'à l'adoption d'Ambre ou s'il parlait de cette façon parce qu'il ne me supportait plus. Je ne tardai pas à recevoir la réponse et quand je l'entendis me dire que j'avais été odieux dans ma façon de lui parler et de le repousser, je serrai la mâchoire, détournant un peu plus le visage.

Oui, j'avais été un véritable monstre mais ne venait-il pas de dire qu'il pouvait le comprendre ? Alors pourquoi me dire cela si c'était pour le reprocher la minute suivante ? Quant au fait qu'il avait essayé de m'aider, il n'avait donc pas compris que lui ne pouvait rien pour m'aider ? Si ça avait été le cas je l'aurais laissé faire mais il ne pouvait rien, pas plus que mes amis ne pouvaient quoi que ce soit non plus. Il comprenait que je puisse être en colère et paradoxalement, je n'avais plus le droit de l'être. En disant cela, j'eus l'impression de faire un immense pas en arrière par rapport à cette fameuse acceptation dont je commençais tout juste à faire preuve. En clair, je n'avais pas le choix. Mais cette décision m'appartenait à moi, non ? C'était moi qui en me réveillant avait décidé de me faire aider quand je me sentirais prêt. C'était moi qui avait décidé de lui demander ce que je devais faire pour... Oh... D'accord... C'était ça sa réponse : ce que je devais faire pour convaincre Isaiah c'était d'arrêter d'être en colère. Nous allions donc avoir un gros problème. « … mais tu ne peux plus te défouler contre moi, contre tes amis, contre les enfants... » Mon cœur s'emballa un peu plus en entendant ses derniers mots et je relevai mon regard vers lui, un regard qui laissait sans doute transparaître la colère. Les enfants ? Je n'avais pas été odieux avec eux. Je n'avais pas... Ou peut-être si... Je fermai les yeux, me perdant dans mes souvenirs, essayant de me souvenir si j'avais été méchant avec eux. En y repensant oui, il y avait bien quelques moments où la colère avait parlé à ma place et où j'avais été plus froid et plus distant qu'à l'ordinaire mais de là à m'être défoulé sur eux... Je n'avais pas eu cette impression. « Tu t’es perdu et il est temps que tu te retrouves. C’est ce que tu dois faire : Essayer de te retrouver. » Je soupirai, sachant qu'il avait raison même si c'était au fond très difficile à faire. Me retrouver... L'idée était assez intéressante mais je n'étais pas certain d'en être capable, en tout cas pas complètement. Je ne me retrouverais jamais complètement. Je pourrais m'améliorer, j'allais essayer mais redevenir l'ancien Samuel, ça, ça m'était tout simplement impossible. Quand Liam m'annonça qu'Isaiah voulait me parler en privé, ma bouche s'ouvrit sous la surprise mais surtout sous l'horreur. Il voulait carrément avoir un entretien avec moi pour être sûr que j'étais psychologiquement capable d'accueillir Ambre chez nous ? Et Liam n'avait pas peur, il savait qu'à présent j'étais prêt à aller mieux : ah bah ça, c'était super rassurant... On doutait à ce point-là de moi... Tous doutaient à ce point-là de moi tout ça parce que j'avais légèrement pété les plombs après m'être retrouvé en chaise roulante ?

C'était injuste. C'était vraiment, profondément injuste... Et le sourire de Liam ou même sa tendre étreinte n'effaça pas ce sentiment d’injustice qui venait de se répandre en moi comme du venin. Il déposa un baiser derrière mon oreille avant de murmurer tout bas que les quelques jours qui allaient me séparer de l'entretien avec Isaiah allaient nous faire du bien car il allait pouvoir prendre soin de moi. Je me raidis en l'entendant prononcer ces mots : j'avais beau être prêt à faire des efforts, je n'avais pas changé d'avis sur le fait que j'étais capable de m'occuper de moi. J'aurais voulu qu'il le comprenne mais j'avais tellement peur de dire un mot de travers que je préférai rester silencieux et l'entourer à mon tour de mes bras même si mon étreinte fut plutôt distante. « Laisse-moi te couvrir de baisers et de caresses… Sam, mon amour… Laisse-moi t’aider à te retrouver… » Je levai mon regard vers le plafond et je soupirai, me sentant tout à coup au bord des larmes. J'étais prêt à avancer oui, mais doucement et là, tout à coup, je venais de me rendre compte que Liam ne voulait pas que nous prenions notre temps. Il voulait plus dès maintenant et c'était dur pour moi. Je finis par enfoncer mon visage dans le creux de son cou, décidé à cacher mes yeux brillants de larmes : j'ignorais comment j'allais faire. Tout à coup, j'avais l'impression d'être face à précipice que j'allais devoir traverser en marchant sur un fil sans aucun filet pour me rattraper si je venais à tomber. Cette impression se confirma les jours suivants qui me semblèrent particulièrement difficiles. L'injustice que j'avais ressentie n'avait fait que renforcer la colère qu'il m'était à présent impossible d'extérioriser puisque je devais faire des efforts. Le combat se menait donc définitivement de façon intérieure mais cela rendait les choses encore plus difficiles pour moi. Liam et moi retrouvâmes une forme d'intimité sans pour autant revenir à notre ancienne relation : je n'étais définitivement pas prêt et je lui avais dit. Il me fallait encore un peu de temps pour tenter quoi que ce soit de... Bref, j'avais encore besoin de temps mais heureusement, mon humeur s'étant améliorée (d'un point de vue extérieur en tout cas), il n'insista, d'accord pour y aller étape par étape, ce dont je lui fus profondément reconnaissant. De plus, j'étais malgré tout plus doux avec lui, plus câlin, acceptant plus facilement ses caresses et ses baisers. J'étais cependant encore plus receveur que donneur mais je ne pouvais pas faire mieux. On ne pouvait pas attendre de moi que j'aille mieux du jour au lendemain, pas vrai ? Nous passâmes énormément de temps ensemble ainsi qu'avec les jumeaux. Ce fut très étrange pour moi car il y avait des moments où je me déconnectais complètement de ce qui m'entourait, où j'étais absent plutôt que d'être agressif, et des moments où j'étais pleinement conscient, pleinement là et où je partageais de bons moments avec Liam et les enfants. Malheureusement, même durant ces moments je n'étais pas complètement heureux. Je finis même par douter de ce qui allait se passer avec Ambre. Et si j'avais ce genre de moments avec elle également ?... Je me souvenais bien de ce que j'avais ressenti en la tenant dans mes bras mais si cela ne se reproduisait finalement pas...

Je fus donc la victime de nombreux doutes durant ces quelques jours. Cependant, ce n'était pas le moment d'avoir des doutes car l'entretien avec Isaiah approchait et, j'avais beau me sentir encore souvent mal, j'avais beau être encore en colère même si je ne le montrais plus, j'avais beau supporter en silence, j'avais beau avoir peur de ne pas être capable d'aimer Ambre comme elle le méritait, j'avais beau avoir peur de ne pas être véritablement capable de changer, je voulais que cela fonctionne : je voulais la revoir, je voulais pouvoir la voir tous les jours. Tous les jours... Liam et moi parlâmes beaucoup de ce que j'allais pouvoir dire à Isaiah et il fut très à l'écoute et très inventif sur la façon dont j'allais pouvoir faire bonne impression. J'avais bien enregistré tout ce dont nous avions parlé et pourtant, quand le fameux jour arriva, je fus très stressé et Liam aussi, même s'il tenta tant bien que mal de ne pas montrer son stress et d'être là pour moi. Clairement, tout reposait sur cet entretien, tout reposait sur mes épaules : si Isaiah estimait que j'étais capable de m'occuper d'Ambre autant que Liam, il nous la confierait, mais s'il estimait que j'étais trop instable... Installé dans le salon, je sentis une nouvelle fois cette injustice au goût amer m'envahir : comment pouvait-on me juger ainsi ? D'accord, l'avenir d'un enfant était en jeu mais, j'aurais tant voulu ne pas être jugé, j'aurais tant voulu qu'on me donne un peu le bénéfice du doute... Liam faisait les cents pas dans le salon et quand il se figea soudainement, je me tournai vers lui, comprenant qu'Isaiah devait être dans la rue, sur le point d'arriver. Il me sembla ne se passer que quelques secondes entre ce moment et l'instant où on frappa à la porte. Ce fut Liam qui ouvrit à Isaiah et en le voyant sur le pas de la porte, je sentis la colère monter d'un cran en moi : il avait le visage fermé, limite agressif. Déjà, ça ne commençait pas bien puisqu'il arrivait de toutes les façons avec des préjugés. Je détournai le regard en serrant la mâchoire. J'entendis Liam accueillir Isaiah et quand j'entendis la porte se refermer, je pris une profonde inspiration pour ravaler ma colère et afficher un sourire. A mon sens, ce sourire avait de quoi être convaincant : mon regard qui lui avait du mal à mentir risquait de l'être beaucoup moins. Je m'avançai vers Isaiah qui me salua avant de demander à Liam de nous laisser. Je posai mon regard sur Liam et en voyant clairement cette fois-ci son appréhension, mon sourire se fit doux et je sentis mon visage se détendre un peu : le chemin allait être long et difficile mais il méritait d'être heureux et c'était à moi de faire en sorte que ça arrive. Je mimai un « je t'aime » silencieux avec qu'il ne s'éclipse.

Ce fut alors un silence total et pesant qui remplit la pièce. Isaiah et moi nous regardâmes un moment et je finis par lui proposer de s'assoir.

« Merci. » répondit-il d'une voix froide.

Je me tournai pour de bon vers lui avant de croiser mes mains sur mes genoux. Je sentais mon cœur battre vite tant tout se mélangeait en moi : l'injustice, la colère, mais aussi l'appréhension, la peur d'être faussement jugé et de me voir interdire le droit d'être père à nouveau et, interdire ce droit à Liam par la même occasion.

« J'imagine que Liam t'a expliqué de quoi il retournait, n'est-ce-pas ? »

« Oui, » répondis-je de suite et ma voix me parut tout aussi froide que celle d'Isaiah. En même temps, vu ce qu'il était en train de me faire subir, il valait mieux qu'il ne s'attende pas à un accueil chaleureux de ma part, si ? « Vous estimez que je ne suis pas capable de m'occuper d'un autre enfant ce qui est assez dur à encaisser, je dois bien vous l'avouer. » Alors ça, ce n'était normalement pas prévu au programme que nous avions élaboré avec Liam. Même pas du tout mais ça avait été plus fort que moi. Isaiah haussa un sourcil, apparemment irrité par ce que je venais de dire. Je haussai les épaules, ne voyant pas pourquoi il s'offusquait de ce qui était la vérité. Il ne tarda pas à répliquer.

« Tu es assez intelligent pour comprendre mes réticences Samuel. Tout le monde a remarqué ton changement de comportement et je refuse d'imposer cela à une enfant qui a déjà vécu trop de choses terribles pour son âge. »

En l'entendant prononcer ces mots, mon cœur se serra rien qu'en pensant à l'idée qu'Ambre avait pu tant souffrir : cela m'était intolérable.

« Il faut donc que nous discutions un peu toi et moi car je ne prendrai aucun risque. »

J’acquiesçai : ça me paraissait injuste mais puisque c'était ce qu'il fallait faire alors oui, nous allions parler.

« Comment te sens-tu ? »

J'avais véritablement l'impression d'être face à un psy et ça ne me plaisait pas. Pourtant, je m'étais confié à Isaiah par le passé, il avait été un soutien important pour moi quand j'en avais eu besoin seulement, à présent, j'étais face à lui parce qu'il m'y obligeait et non pas parce que je l'avais décidé et c'était là toute la différence. Je devais cependant jouer le jeu, alors...

« Je vais bien. »

Ce mensonge sonna tellement faux même à mon oreille que je me repris de suite.

« Enfin, je vais parfois très bien. » J'aurais dû m'arrêter là mais... « Et d'autres fois beaucoup moins bien. » On n'avait pas répété ça avec Liam. « Mais c'est normal je pense, non ? » finis-je par dire en arquant un sourcil tout en fixant Isaiah. « Après ce que j'ai vécu et ce que je vis encore aujourd'hui, c'est normal d'avoir des hauts et des bas. »

« Oui, bien sûr, mais ce n'est pas de cela dont il est question. »

Et là, ça fit « tilt » dans ma tête : bien sûr que si qu'il était question de cela. Il était question de mon état psychologique non ? Alors il était bel et bien question de cela : si on jugeait mon état, il était logique de juger les circonstances qui étaient responsables de ce dit état, non ? Alors, je levai la main pour faire signe à Isaiah de se taire.

« Oh mais si, c'est de ça dont il est question Isaiah. Vous mettez en doute ma capacité à élever un enfant parce que j'ai changé mais ce changement est légitime et vous le savez parfaitement au fond. Ce que vous faites là c'est... injuste. Vous jugez ça justifié sans doute puisque tout ce que vous le faites vous le faites pour protéger Ambre et je vous en suis reconnaissant car je suis rassuré de voir qu'elle est protégée de cette façon mais ça reste injuste. C'est injuste de me juger parce que j'ai changé après avoir perdu l'usage de mes jambes. Alors je sais, d'autres ont vécu bien pire mais ce n'est pas pour ça que ça rend ma situation plus facile à accepter : je ne serai plus jamais le même et il faut un peu de temps pour accepter ça, vous ne croyez pas ? »

Il marqua un bref silence avant de répondre.

« Bien sûr qu'il faut du temps et c'est pour ça que je pense qu'il vaut mieux attendre avant d'envisager l'adoption d... »

« Oh pitié ! C'est ça votre raison ? Vous refusez que nous adoptions Ambre parce que je vais avoir besoin de temps pour m'habituer ? »

Cette fois-ci, je m'étais définitivement éloigné de ce que nous avions répété avec Liam : je préférais finalement la vérité.

« Ça pourrait prendre des semaines, des mois ou des années avant que j'accepte mon état et il faudrait attendre tout ce temps-là ? Je ne pourrai pas aller mieux si on m'y force et ça, je l'ai compris ces derniers jours. J'ai besoin d'y aller mon rythme et... » ajoutai-je un levant l'index pour encore une fois l'inciter à me laisser poursuivre, « ce n'est pas la seule chose que j'ai comprise ces derniers jours. »

Je détournai le regard, laissant les choses se mettre en place afin que je puisse enfin mettre des mots dessus.

« Je suis en colère Isaiah... Tellement en colère... Mais pas contre Liam, ou contre mes amis, ou contre mes enfants mais... Contre moi-même. »

La façon dont je m'étais frappé quelques jours plus tôt me revint en mémoire et en cet instant, j'eus de nouveau envie de me faire profondément du mal. Je serrai les poings.

« Je ne me supporte pas comme ça. Je ne supporte ni mes jambes, ni la façon dont cette paralysie me ronge de l'intérieur. Je ne le supporte pas et si je m'en suis pris aux autres c'était pour éviter de m'en prendre à moi-même, c'est tout. J'en veux à mon corps de ne pas avoir été assez fort pour supporter cet accident. Je ne sais pas si un jour je cesserai de me détester pour ce que je suis devenu mais ce qui est sûr, c'est que, finalement, même si je ne m'aime pas, ça ne m'empêche pas d'aimer les autres. Ça ne m'empêche pas d'être un bon père.»

Je relevai mon regard vers Isaiah qui me sembla étrangement moins froid et plus à l'écoute même s'il restait malgré tout fermé.

« C'est difficile, je l'avoue, mais c'est pas impossible. Et... Quand j'ai tenu Ambre dans mes bras... »

Les larmes me montèrent instantanément aux yeux.

« Quand je l'ai tenue dans mes bras je me suis senti si bien. J'ai oublié cette chaise, j'ai oublié la colère... Et elle aussi elle se sentait si bien Isaiah et vous le savez parce que quand vous êtes venu la chercher, elle s'est accrochée à moi. »

Je levai doucement mes mains et mimai le geste qu'avait eu Ambre.

« Et moi aussi je me suis accroché à elle. C'est ma fille. C'est notre fille à Liam et moi, c 'est la sœur des jumeaux. Elle est faite pour être à nos côtés et que je sois en fauteuil roulant, que je sois parfois insupportable, ça ne change rien à ce fait car oui, c'est un fait : elle est nôtre et nous sommes à elle. »

Isaiah croisa les bras et je me penchai en avant de poser ma main droite sur son avant bras dans un geste amical face auquel il n'eut aucune réaction.

« J'irai mieux Isaiah, à mon rythme, mais pas sans elle. J'irai mieux si j'ai toute ma famille avec moi, pas s'il me manque une partie importante de cette famille, une partie vitale. Elle nous est vitale Isaiah alors s'il vous plaît, je vous en prie... Rendez-nous notre fille. »

Quand je refermai la porte derrière Isaiah, je plaquai mes mains contre mon visage avant de me mettre à pleurer : il fallait que ça sorte. J'entendis la porte de notre chambre s'ouvrir et les pas de Liam furent rapides lorsqu'il s'avança vers moi. Avant qu'il ne tire des conclusions, je préférai lui dire de quoi il retournait. Je relevai donc mon visage vers lui avant d'essuyer mes larmes.

« J'ai pas réussi à dire tout ce qu'on avait prévu, j'ai... C'est venu tout seul, j'ai dit ce que j'avais sur le cœur. Je me suis confié à lui parce que c'est ce que j'ai eu envie de faire. Il a dit que j'avais besoin de temps mais je lui ai expliqué que je ne savais pas de combien de temps j'allais avoir besoin pour m'habituer, pour moins me détester et je ne sais pas ce qu'il en a pensé parce qu'il n'a rien voulu dire en dehors du fait qu'il allait réfléchir. Il va réfléchir... Je ne sais pas Liam... J'ai peut-être tout fait foirer mais... Je n'ai pas réussi à prétendre être ce que je ne suis pas parce que ce que je suis, c'est que je serai pour elle et pour vous alors... De toute façon, il aurait compris, il n'est pas bête. »

Je soupirai.

« J'espère qu'il comprendra que, même s'il me faut encore du temps pour aller mieux, ça ne m'empêchera pas d'être un bon père et... Un bon mari aussi. »

Encore fallait-il que Liam soit toujours d'accord pour m'épouser ce dont je n'étais pas certain si nous ne parvenions pas à récupérer Ambre.

« Tu crois qu'il faut que tu ailles le voir ou alors on le laisse respirer ? »

Oui parce qu'il n'avait rien dit de spécial, juste qu'il allait réfléchir alors, pour le coup, je ne savais pas trop : est-ce qu'on devait attendre ou est-ce que Liam devait aussi aller le voir ? Peut-être qu'il valait mieux attendre... Peut-être pas... Si nous n'attendions pas ça risquait de l'énerver mais si nous attendions et qu'il pensait que finalement nous nous fichions de ce qu'il pouvait penser ? Je ne savais décidément plus sur quel pied danser ou plutôt sur quelle roue rouler...
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Liam Marsden
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MessageSujet: Re: Where do we go from here ? [PV Liam]   Where do we go from here ? [PV Liam] Icon_minitimeSam 25 Mai - 23:13

Quelque chose clochait. Je n’étais peut-être pas un grand sage, mais je n’étais pas non plus suffisamment bête pour ne pas m’en rendre compte. Dans mes bras, Samuel demeura stoïque, comme si cela lui était bien égal, comme si mon étreinte ne lui faisait ni chaud ni froid. Certes, nous avions perdu beaucoup de notre intimité ces derniers mois, mais j’espérais que mes paroles combinées à ces gestes tendres auraient eu un effet plus apaisant que cela… Ou même un effet tout court d’ailleurs. Malheureusement, toute ma bonne volonté et toute ma tendresse ne semblaient pas suffire à réchauffer le cœur de Samuel et honnêtement, je commençais très sérieusement à me demander ce qui, justement, allait finir par réchauffer ce cœur qui me paraissait si lointain à présent. Ambre ? C’était certain, mais ce qui ne l’était pas c’était qu’elle devienne un jour notre fille de manière officielle. Et si Isaiah refusait ? Je ne me faisais guère d’illusions sur la réaction de Samuel. Il allait de plus en plus s’éloigner de moi, ne ferait plus aucun effort… Cette déception l’aurait achevé. Cependant, et malgré sa froideur relative, je demeurais confiant quant à sa discussion avec Isaiah. Il verrait forcément que notre foyer était solide, que nos enfants étaient heureux, qu’un de plus n’aurait qu’ajouter un peu de chaleur dans cette maison… Avec elle, Samuel allait se remettre. Il allait se reprendre. C’était mon dernier espoir. Rien de ce que je n’avais pu faire ou dire jusque là n’avait réellement changé quoi que ce soit, alors, oui, il ne restait plus qu’Ambre, plus que notre famille pour le sauver. Cependant, cette famille commençait bel et bien par Samuel et moi et avant qu’Ambre n’arrive, il fallait que nous travaillions à nous rapprocher, à essayer de retrouver cette intimité de couple que nous avions autrefois et qui constitue justement la base de notre famille. Si l’un des deux piliers que nous étions vacillait, alors tout risquait de s’effondrer.

Malheureusement, les jours qui suivirent ne furent pas non plus tels que je les avais imaginé. Certes, Samuel passa beaucoup plus de temps avec les jumeaux et moi qu’il ne l’avait fait depuis longtemps, mais quelque chose clochait toujours. Il n’existait toujours pas, ou du moins pas de manière constante. Parfois, il semblait parfaitement avec nous, heureux ou presque, et d’autres fois… D’autres fois, il était tout simplement absent. Corporellement il était présent, mais je sentais, savais, que son esprit était ailleurs. Les jumeaux ne parurent cependant pas s’en rendre compte et furent heureux de passer de nouveau du temps avec lui, surtout Lucy qui retrouva une partie de sa spontanéité avec lui, même si les choses ne redevinrent bien évidemment pas telles qu’elles l’étaient auparavant. Comment cela aurait-il été possible ? Les choses demeuraient bien trop fraîches pour que tout soit oublié d’un coup. Quant à notre propre intimité, je fus assez surpris de l’entendre me dire de but en blanc, le premier soir, qu’il ne désirait pas que nous ayons de rapports sexuels. Surpris, car j’étais moi-même très loin de l’envisager. Certes, j’avais envie de lui et certes, je savais que rien ne nous en empêchait réellement mais je savais également trop bien que cela allait trop vite. Comment aurait-il pu avoir de telles relations avec moi alors qu’il supportait à peine que je le prenne dans mes bras ? Cependant, je m’abstins de toute remarque inutile, me contentant de lui répondre que nous irions à son rythme, pas à pas. Je voulais seulement le rassurer, le mettre en confiance et lui faire comprendre que je n’en demandais pas tant : Je désirais seulement retrouver un semblant de complicité avec mon mari, pas que tout redevienne comme avant comme par magie.

Une nouvelle fois, je fus bien déçu. Pas qu’il continuait à me repousser, au contraire je sentais bien qu’il faisait des efforts pour être plus tendre avec moi, et plus présent avec les enfants, mais justement, quelque chose clochait toujours. Le fait qu’il s’évade, qu’il parte par moments me dérangeait profondément. Dans ces moments, je me sentais plus désarmé que je ne l’avais jamais été depuis son accident. Alors, certes il ne me repoussait plus physiquement, mais son esprit continuait à me fuir comme si j’avais la peste. Ce n’était pas la seule chose qui me dérangeait tant. Lorsque je lui avais parlé de ce que je ressentais, lorsque je lui avais demandé de cesser d’être aussi dur avec tout le monde, j’avais cru bien faire. J’avais réellement cru qu’il était prêt à m’entendre puisqu’il avait été prêt à voir Ambre, mais je finis par me demander si je n’avais pas eu tort. Maintenant, au lieu de dire des atrocités, il plongeait dans un mutisme qui me paraissait mille fois plus horrible. Je ne savais pas vraiment si c’était lié, mais en même temps, la coïncidence me paraissait improbable. Alors… En voulant qu’il se sente mieux, j’avais aggravé les choses, n’est ce pas ? Cette idée ne cessait d’occuper mon esprit, à tel point que je ne tentais absolument rien pour le ramener à moi lorsque son esprit s’enfuyait. J’aurais pu essayer de le retenir, mais à quoi bon ? Tout ce que je faisais, tout, tout échouait. C’était comme si au lieu d’être en présence de l’homme que j’aimais, j’étais parfaitement seul. Il n’y avait devant moi qu’une coquille vide, une coquille dont l’esprit me fuyait sans cesse. Et cela me tuait.

Cependant, je fis une nouvelle fois l’effort de ne rien montrer, ne rien afficher de toute la détresse que ces absences pouvaient provoquer en moi : Rester fort, ou du moins faire comme si. Ce n’était pas une bonne tactique, je le savais puisqu’elle avait déjà échouée, mais que faire ? Que faire ? J’avais tout essayé. Alors, les jours passèrent et je fis comme si tout allait mieux, continuant à essayer de me rapprocher de lui physiquement, à passer des moments avec les enfants, et également à préparer son entretient avec Isaiah qui arrivait à grand pas. Nous en parlâmes de longs moments et, du moins je le cru, fûmes d’accord sur la tactique à employer : Pas d’agressivité, pas de colère, il fallait qu’il reste parfaitement calme et lui explique de manière posée les raisons pour lesquelles nous désirions agrandir notre famille. En soi, ce n’était pas très sorcier. Nous devions seulement lui montrer que nous étions une famille d’accueil aimante et que Sam se portait bien psychologiquement parlant. Que cela ne soit pas vrai, je le savais bien, mais il fallait qu’Isaiah y croie, sans quoi il ne nous confierait jamais Ambre. Or, Ambre était la clef de tout notre avenir. Nous répétâmes longtemps et pourtant, lorsque le jour de l’entretient arriva, je n’étais toujours pas rassuré. J’avais tellement peur que quelque chose se passe mal… Je fis néanmoins l’effort de garder mes craintes pour moi et de les montrer le moins possible. Samuel n’avait pas besoin de cela, il n’avait pas besoin que je lui rajoute une pression supplémentaire. Il avait déjà bien assez à faire avec l’entretient. Seulement voilà, je ne pouvais m’empêcher de faire les cents pas dans le salon, attendant qu’Isaiah n’arrive tout en me demandant ce à quoi il avait pu réfléchir ces derniers jours, s’il allait avoir des questions particulières, des questions auxquelles nous n’aurions peut-être pas pensé et donc pas préparées… Je commençais à avoir des sueurs froides lorsque, par la fenêtre, je fis la silhouette d’Isaiah avancer vers notre maison. Nous y étions. Le moment de vérité était arrivé.

Je demeurai figé quelques instants avant de me diriger vers l’entrée, prêt à accueillir Isaiah lorsqu’il frappa. Là, je dû faire un effort quasi surhumain pour conserver un sourire accueillant sur mon visage tant sa propre expression était… fermée ? Je ne connaissais pourtant pas Isaiah ainsi, mais depuis l’explosion de l’église… Seigneur, ce n’était pas le moment de songer à cela. Il fallait que nous fassions bonne impression et c’est pour cela que je me forçai, essayant de paraître le plus naturel possible tandis que je l’invitai à passer au salon, là où il pourrait s’entretenir au calme avec Samuel. Samuel dont, malgré le sourire qu’il affichait, émanait une tension presque palpable. Cela ne fit qu’accentuer encore mon appréhension et, au lieu de quitter immédiatement la pièce tout comme j’aurais dû le faire, je demeurai figé près d’Isaiah quelques instants, incapable du moindre mouvement. J’avais l’impression qu’en partant, j’allais abandonner deux lions dans une areine, prêts à se dévorer mutuellement. Cependant, Isaiah me rappela bien vite à mes obligations et me demanda de les laisser. Aussitôt, mon corps agit de lui-même et je quittai la pièce sans même répondre au « je t’aime » que j’avais cru se voir dessiner sur les lèvres de Samuel. En même temps, j’étais dans un état de stress bien trop important pour pouvoir y répondre. Rapidement, je traversai le couloir principal et entrai dans notre chambre, m’asseyant au bord du lit. Mon regard glissa sur mes mains : Elles tremblaient comme des feuilles au vent. Bon sang. J’aurais tellement voulu que tout se passe bien… Je priais pour que tout se passe bien. Pourtant, je ne croyais pas en Dieu, mais si je me trompais, s’il existait bel et bien, c’était le moment de se manifester. C’était le moment de faire en sorte qu’Isaiah ait suffisamment confiance en Samuel pour nous accorder la garde d’Ambre. Ambre… Je laissai échapper un soupir, prenant ma tête entre mes mains.

Qu’allait-il advenir d’elle si nous ne l’adoptions pas ? Isaiah avait été très clair, aucune famille n’avait souhaité la prendre à cause de son handicap. Cela signifiait-il qu’elle allait grandir dans cet orphelinat de fortune, à quelques mètres à peine de notre maison, alors qu’elle aurait pu avoir une véritable famille ici ? Un frère, une sœur, deux pères… Elle aurait pu avoir tout cela. Nous l’aurions tellement aimé… Certes, Lucy et Lucas n’étaient pas encore au courant, nous avions préféré attendre d’être certains qu’Ambre viendrait chez nous pour leur annoncer, mais j’étais certain qu’ils auraient été heureux… Ils avaient perdu leurs vrais parents et tout ce qu’il leur restait aujourd’hui, c’était ce semblant de famille que nous essayions de construire. Alors, oui, ils auraient certainement adoré avoir une petite sœur, même si cela aurait bien sûr été très différent de leur propre relation. Je soupirai de nouveau. Il fallait que je me calme. Nous avions tout répété, nous avions tout prévu, rien n’allait venir gâcher l’entretient qui se déroulait en ce moment même dans notre salon. Les choses allaient bien se passer… Je ne cessais de me répéter cette phrase, parvenant à y croire au bout d’un certain temps. Je devais être confiant. Samuel avait progressé en rencontrant Ambre, de ça j’étais certain, et il ne pouvait que le montrer à Isaiah en parlant d’elle. C’était certain… Je devais me calmer, et respirer. Tout allait bien se passer. Isaiah allait nous donner sa bénédiction. Nous allions accueillir Ambre. Samuel allait redevenir l’homme que j’aimais tant. C’était certain. C’était certain.

Alors que je me calmais doucement, j’entendis soudainement la porte de l’entrée s’ouvrir puis se fermer. Aussitôt, je quittai la chambre et couru presque pour rejoindre Samuel avant de m’arrêt net : Il pleurait. Pourquoi pleurait-il ? Que s’était-il passé ? Après avoir réussi à reprendre confiance, j’eus clairement l’impression de me prendre un grand seau d’eau froide et cela ne faisait que commencer. Parce que quand Sam commença à m’expliquer, quand il commença à me répéter ce qu’il avait dit à Isaiah, je fus définitivement glacé sur place. Non, ce n’était absolument pas ce que nous avions prévu… C’était même tout le contraire. Tout le contraire… Cette sensation de froid était si violente que je me sentis frissonner, comme en état de choc. En même temps, je venais de me prendre une sacrée claque. Une de plus… Un rejet de plus. Car oui, je vivais clairement cela comme un rejet. Il n’avait rien fait de ce que nous avions élaboré ensemble, mais préféré n’en faire qu’à sa tête et envoyer paître tout notre projet commun. C’était… Encore une fois, c’était comme s’il me rejetait moi, comme si tout ce que je faisais n’était définitivement que des erreurs. La manière dont j’avais vu cet entretien avait été une erreur puisqu’au dernier moment il avait préféré suivre son cœur, dire la vérité, quitte à déplaire à Isaiah. Je ne lui en voulais pas de cela, là n’était pas la question. Mais j’étais profondément choqué de voir à quel point il allait à l’encontre de tout ce en quoi j’intervenais, comme si nous ne nous comprenions plus, comme si nous ne faisions plus partie du même monde. J’aurais voulu pleurer tout comme lui, mais mon cœur était bien trop glacé pour cela. Je ne réagis même pas lorsqu’il finit par me dire qu’il espérait qu’Isaiah verrait qu’il pouvait être un bon père et un bon mari, relançant par là notre projet de mariage. Malheureusement, pour moi, il n’y avait plus aucun projet de mariage. Il n’y avait même plus aucun projet du tout. Ce qu’il avait dit à Isaiah était la goûte d’eau qui venait de faire déborder le vase. Ce rejet était le rejet de trop. Et même si j’étais trop choqué pour m’en rendre compte dès à présent, il viendrait un moment où je comprendrais d’où venait ce froid intense que j’avais pu ressentir et qui n’allait plus me quitter. C’était mon cœur qui venait de se briser.

Alors, j’avais définitivement tout faux. Tout ce que j’entreprenais, tout ce que j’essayais, tout ne se résumait qu’à une poignée d’erreurs pour Samuel. Je m’étais donc trompé sur toute la ligne. Il n’avait pas besoin de moi. Il n’avait pas besoin de ma tendresse, ou de mes supplications. Il n’avait pas besoin de mes conseils et de mes attentions. J’étais… Complètement inutile. J’étais en trop. Qu’étais-je censé faire à présent que je venais de me rendre compte de cela ? Rien, absolument rien. Ne rien faire ne faisait, justement, pas partie des choses que j’avais essayé pour le moment et finalement, c’était sans doute la meilleure attitude à adopter. Cependant, j’avais mal, horriblement mal en comprenant tout cela. Mon regard commençait à se perdre dans le vide lorsque je fus tiré de mes pensées par une question, une question à laquelle je devais malgré tout répondre. Je déglutis péniblement, tentant de rassembler mes esprits alors que je sentais mon visage perdre de ses couleurs. J’eus un très léger haussement d’épaules avant de répondre d’une voix que je voulu assurée :

« Laissons le respirer, c’est mieux. Il ne faut pas brusquer les choses. »

Tandis que je finissais ma phrase, je sentis ma tête tourner et m’appuyai au mur, perdant l’équilibre. Je ne comprenais absolument pas ce qu’il m’arrivait, ni d’où venait cette subite faiblesse et portai une main à ma tête qui semblait tout à coup avoir doublé de volume, déchirée par une soudaine migraine. Je fermai alors les yeux, ma tête tournant de plus en plus, avant de bredouiller que je ne me sentais pas bien et m’effondrer par terre. Lorsque je rouvris les yeux, j’étais toujours au même endroit, mais Mathilda tenait mon poignet en regardant sa montre. Lorsqu’elle s’aperçu que j’avais repris connaissance, elle releva les yeux vers mon visage et me demanda comment je me sentais. Je ne parvins qu’à hausser les épaules tout en portant mes mains à mes tempes, les massant doucement. J’avais toujours une migraine carabinée.

« Tu t’es seulement évanoui. Tu as mangé aujourd’hui ?
- J’ai oublié… »

Elle soupira avant de se relever et de m’attraper par le bras pour me relever aussi. Sur quoi, elle m’ordonna d’aller me coucher et de prendre un repas dès que je me sentirai mieux. Ce qu’elle ignorait, ce que je n’allais pas me sentir mieux, bien au contraire. Je ne m’étais pas évanoui parce que j’étais en sous nutrition, je m’étais évanoui parce que je n’avais pas supporté l’idée d’avoir eu tout faux avec Samuel.

Je fus incapable de sortir du lit de la journée tant je me sentais mal, tant j’étais désespéré. Pour le coup, je n’avais définitivement plus aucun espoir. Même si Samuel parvenait un jour à s’en sortir, ce n’aurait pas été grâce à moi, bien au contraire. Je n’avais fait qu’empirer les choses. Tout comme quand j’avais laissé tomber cette poutre… J’avais tellement voulu le sauver, j’avais tellement voulu le récupérer… Et je l’avais brisé, d’abord son corps, maintenant son esprit. Etais-je donc un monstre ? Etais-je un tortionnaire ? C’était bel et bien la vision que j’avais de moi et cela termina de briser toute forme d’espoir en moi. Je ne pouvais pas lui en vouloir de m’avoir repoussé tant de fois, c’était moi qui avais tout fait mal. Mais il n’empêchait que ces rejets, bien qu’ils soient fondés, avait fini par me détruire. Alors… Non, je n’allais plus rien faire. Lorsque je sortis du lit pour le dîner, je fis néanmoins l’effort d’afficher un visage plus serein pour les jumeaux qui, eux, avaient besoin de moi. Et finalement, c’est de cette manière que se déroulèrent les jours qui suivirent : Je passais mes journées au lit, me sentant incapable de quitter la pénombre de la chambre, incapable d’aller travailler, incapable de faire quoi que ce soit si ce n’est m’occuper des jumeaux lorsqu’ils revenaient de l’école. Nous étions revenus à zéro. Nous étions revenus au temps où je ne connaissais pas Samuel. Il n’y avait plus qu’eux et moi, point final. Oui, j’avais rayé Samuel de mon quotidien depuis l’entretien avec Isaiah. A tel point que nous n’échangeâmes plus le moindre mot : Je ne disais rien en me levant, rien en me couchant, rien au dîner, rien lorsque je le croisais. Je pouvais passer cent fois devant lui sans même lui jeter un regard. Du jour au lendemain, j’avais cessé de faire quoi que ce soit pour lui puisque, de toute façon, j’étais totalement inutile à sa vie désormais.

Le pire, c’est que cela ne me pesait pas. Ne plus lui adresser le moindre le mot ne me pesait pas, et d’ailleurs, cela ne devait pas le déranger non plus puisqu’il n’essaya pas davantage de me parler. Peut-être que c’était ce qu’il voulait depuis le début, que je le laisse tranquille, que je ne l’ennuie pas avec mes caresses, mes baisers. Que je ne lui demande pas de faire semblant, puisqu’il m’avait très clairement dit qu’il n’avait pas voulu se faire passer pour quelqu’un d’autre devant Isaiah, soit pour l’homme que j’aimais tant. Que j’aimais toujours, mais qui m’avait réellement brisé le cœur. Je sais que cela pouvait passer pour de l’égoïsme, mais je n’avais plus la force de faire semblant non plus. Je ne pouvais plus faire comme si tout allait bien, je ne pouvais plus tout encaisser, je ne pouvais plus continuer à espérer dans le vide. Si Samuel préférait que nous soyons des étrangers, alors il fut servi. Mis appart notre lit, nous ne partagions plus rien et encore, je m’endormais tous les soirs en lui tournant le dos, le plus au bord du lit possible, ne prenant même pas le risque de l’effleurer. J’avais mal, et tant pis si en cela j’étais égoïste. J’avais tout essayé… et j’avais tout loupé. Pourquoi m’acharner ? Je ne pensais même plus à Ambre. J’étais tellement enfermé dans mon désespoir que j’en venais à croire qu’elle avait été une erreur, elle aussi. Et si j’avais cru entrevoir une possibilité d’avenir avec elle à nos côtés, à présent je n’y songeais plus. Je ne songeais à rien, à dire vrai. Je n’étais même plus certain d’être réellement en vie, allongé dans mon lit, regardant par la fenêtre la pluie tomber. Puis, Mathilda revint me voir.

J’ignorais qui lui avait demandé de venir, mais Samuel entra avec elle lorsqu’elle vint, ce qui m’étonna. Il ne semblait pas s’inquiéter de ce que je devenais, enfermé à longueur de temps, et pourtant il était là. Sans doute était-ce Mathilda qui lui avait demandé… Quoi qu’il en soit, mon regard ne s’attarda pas plus de quelques secondes sur eux et revint très rapidement à la fenêtre, à cette pluie de printemps qui tombait inexorablement. Je ne bougeai pas plus lorsque Mathilda s’assit sur le bord du lit, posant une main sur mon front, vérifiant sans doute que je n’avais pas de fièvre.

« On m’a dit que tu étais malade » finit-elle par déclarer, retirant sa main. Je ne pris pas la peine de la regarder. « Je vais bien. » Elle haussa un sourcil. « Alors sors de ce lit. Les gens malades passent leur temps au lit, pas ceux qui vont bien. »

Sur quoi elle se releva, présumant peut-être que j’allais la suivre, mais je ne bougeai pas d’un cil. Pour être honnête, je me fichais totalement de ce qu’elle pouvait dire. Elle attendit quelques instants avant de reprendre, prétextant avoir besoin d’aide au QG, ce à quoi je ne répondis pas davantage. Cette fois, elle parut légèrement perplexe et s’adressa à Samuel, lui demandant si je mangeais, si je dormais, si je parlais, si je riais… Ce à quoi la réponse fut majoritairement « non » car, même si je faisais acte de présence au repas pour les jumeaux, je ne touchais quasiment à rien, et passais mes journées au lit à regarder par la fenêtre, sans fermer l’œil. J’étais cependant étonné qu’il l’ait remarqué, tellement persuadé qu’il se fichait de tout ce qui pouvait se rapporter à moi. J’eus un léger soupir et, de nouveau surpris, vis Mathilda s’accroupir à côté du lit pour me regarder dans les yeux. Elle fronça les sourcils, ce qui accentua son regard déjà dur.

« Tu te moques de moi Liam ? Est-ce que tu es vraiment entrain de faire une dépression alors que vous allez adopter un enfant ? Tu penses que ça fera bonne impression à Isaiah ? Tu penses que c’est le moment ? Qu’est ce qui cloche chez toi ? Sors de ce lit ! Je ne revivrai pas ce qu’il s’est passé l’hiver dernier ! Debout ! »

J’ignorais comment elle savait pour Ambre et Isaiah, mais savais très bien à quoi elle faisait référence en parlant de l’hiver dernier et, avant d’avoir pu dire quoi que ce soit, elle était partie et avait claqué la porte. Je ne bougeai toujours pas. Une dépression ? C’était ça, sa conclusion ? Pas besoin d’être médecin pour s’en rendre compte, j’aurais pu vous le dire moi-même. Mais en même temps, comment aurais-je été censé réagir ? J’avais l’impression d’avoir tout perdu. Pourtant, j’avais réellement cru que nous finirions par nous en sortir, que nous serions de nouveau heureux, mais tous ces rejets, tous ces faux espoirs, toutes ces erreurs étaient venues à bout de mon optimisme. Et si Samuel ne s’inquiétait pas davantage de moi, c’était bien qu’il s’en fichait… Peut-être ne m’aimait-il tout simplement plus. Peut-être ne voulait-il tout simplement plus de moi. Cela aurait expliqué bien des choses, et même si je n’y aurais pas cru quelques mois plus tôt, à présent… A présent je me disais que tous les mots désagréables qu’il avait pu me dire, tous les gestes de rejets qu’il avait eu à mon encontre, toute son indifférence lorsque je le prenais dans mes bras, tout montrait que ses sentiments pour moi s’étaient éteints. Alors… Oui, j’avais le cœur brisé. Oui, je faisais une dépression. Oui, je souffrais à en crever mais que vouliez-vous que je fasse ? Que pouvais-je faire de plus ? Le quitter ? Seigneur… Jamais je ne pourrais faire une telle chose. Même si, au fond, je savais que de couple nous n’avions plus que le nom, je n’aurais jamais pu prononcer les mots qui auraient fini de nous séparer. Je ne le voulais pas, même si je ne me battais plus.

Plus d’une semaine avait passé dans cette atmosphère lorsque Isaiah nous fit parvenir un mot, annonçant sa visite le lendemain matin. Cela concernait Ambre mais, de nouveau, nous n’en parlâmes pas avec Samuel. Peut-être avait-il lui aussi abandonné le combat. Peut-être s’était-il rendu compte qu’il ne voulait plus d’une famille avec moi. Peut-être allait-il me quitter. Ces pensées tournèrent dans mon esprit toute la journée, à tel point que je cru en devenir fou tant elles me faisaient mal. Je n’étais pas prêt à ce qu’il me quitte officiellement, je n’étais pas prêt à réellement le rayer de mon existence car, même si nous nous ignorions mutuellement, il était toujours là, près de moi. Et s’il avait quelqu’un d’autre ? Ce fut comme si mon cœur se brisait une nouvelle fois et, cette fois, je ne pu passer l’après midi au lit. Je ne pouvais pas supporter ça. C’était tout simplement bien au-delà de mon entendement. Et Mathilda avait finalement eu raison : Les mêmes raisons, les mêmes conséquences. Samuel s’éloignait, encore et encore, j’étais impuissant, je finissais par en devenir fou de douleur… Je buvais. Cet enchaînement avait un goût terrible de déjà vu, cependant, si je n’avais pas supporté cela l’hiver passé, je n’allais pas le supporter cette fois non plus. Alors, cette après midi là, je me présentais chez les voisins les plus éloignés des nôtres et leur demandais un verre de vin, prétextant que Giulio en avait besoin pour cuisiner et sachant très bien que je n’allais pas trouver la moindre trace d’alcool chez nous. Mais que vouliez-vous ? Oh, je savais que je n’aurais pas dû faire ça. Je savais que si je buvais, j’allais sombrer de nouveau et en mourir. Mais comment étais-je supposé vivre sans Samuel ? Comment étais-je supposé réussir ça ?

Le verre de vin, une fois obtenu, fut soigneusement caché. Il ne s’agissait pas d’un alcool fort, mais ce serait suffisant pour apaiser ma douleur. J’attendis toute la journée, puis toute la soirée, et une bonne partie de la nuit que tout le monde fut endormi pour me relever. Alors, je récupérai mon verre et allai jusqu’à la cuisine, m’asseyant à la table. Je dois bien l’avouer, j’étais amer. J’étais sur le point de boire alors que j’avais tant voulu m’en sortir, j’étais sur le point de boire alors que le lendemain, nous aurions pu accueillir notre troisième enfant. J’étais sur le point de boire et tout ça pour quoi ? A présent, j’en voulais à Samuel. J’avais fait des erreurs mais lui n’avait rien fait pour me guider, il ne m’avait rien demandé, rien confié. Il m’avait ignoré, et ce depuis le début. Pourtant, et même si je m’étais trompé, j’avais mis tout mon cœur à l’aider. J’avais fait tout ce que j’avais pu pour lui, absolument tout. La maison, Ambre, la tendresse, l’amour… Rien ne l’avait réellement contenté. Sa seule réponse avait été soit la colère, soit l’indifférence. Mais je ne méritais pas cela. Même si j’avais fait des erreurs, je ne méritais pas la manière dont il me traitait. Depuis l’entretien avec Isaiah, il ne m’avait pas demandé une seule fois si j’allais bien, si je voulais quelque chose, il ne m’avait pas pris dans ses bras une seule fois. Pas une seule fois, alors que j’aurais eu besoin de cela. Seulement de cela. Sauf qu’il s’en fichait totalement, et ça, je l’avais bien compris. J’avais mis du temps, mais j’avais fini par le comprendre.

Assis seul dans la cuisine, je fixais le verre de vin tout en me perdant dans mes pensées. Je ne pleurais pas. Je n’y arrivais toujours pas. Et puis, ce fut comme un automatisme : J’avançai ma main vers le verre, mais m’arrêtai en chemin. Mes yeux se posèrent sur mon alliance que je retirai aussitôt, la gardant cependant entre mes doigts. Que signifiait-elle à présent ? Je n’eus pas le temps de m’interroger sur la réponse, entendant du bruit dans le couloir et sentant presque aussitôt une présence dans la pièce. Je relevai les yeux vers l’entrée de la cuisine. Samuel. Son regard alla très clairement du verre à moi, puis de moi à l’alliance, mais je ne parvins pas à déchiffrer son expression. J’étais vraiment trop amer pour cela, tout comme j’étais trop amer pour encaisser la moindre remarque sur le verre de vin. Je serrai les dents, le regardant droit dans les yeux. Maintenant, j’étais en colère. J’étais véritablement en colère contre lui. Pourtant, alors que je pensais moi-même que j’allais me mettre à hurler, ma voix fut glaciale.

« Quoi ? »

J’haussai les sourcils.

« Qu’est ce que tu veux ? Tu as un problème ? »

Un rire quelque peu amer s’échappa de mes lèvres.

« Parce que je ne pense pas que tu sois venu pour moi, si ? Tu t’en fiches complètement de moi, de ce que je fais, de comment je me sens. Je sais très bien ce que tu penses. Tu te dis que je ne devrais pas me plaindre, n’est ce pas ? Que parce que j’ai mes deux jambes, je devrais être heureux. J’ai pas le droit d’être en colère comme tu l’es, j’ai pas le droit d’être horrible comme tu l’es, j’ai pas le droit d’être désespéré comme tu l’es, n’est ce pas ? C’est ça, hein ? C’est pour ça que tu ne dis rien depuis des jours. Je parie que tu me trouves même égoïste. »

La colère prenait de plus en plus le dessus, à tel point que je me mis à trembler, trembler de rage. C’est pourtant bien loin de ce que j’étais, mais je ne pouvais en supporter davantage.

« Je ne suis pas égoïste… Je t’ai donné tout ce que j’avais, j’ai fais tout ce que je pouvais, et tout ce que toi tu as fait, c’est me rejeter, encore et encore. Et pourquoi ? Parce que je ne peux pas comprendre ce que tu vies, c’est ça ? Je ne peux pas t’aider, après tout moi je suis toujours debout… Je suis sûr que c’est ce que tu penses. Tu t’es enfermé là dedans. Sauf qu’être en chaise roulante ne te donne pas le droit d’être un connard, ça ne te donne pas le droit de me briser le cœur sans éprouver le moindre remord ! Ca ne te donne pas le droit de me fuir sans même m’expliquer ce que j’ai fait de mal ! »

Sur quoi je me levai, ne pouvant poursuivre. J’étais à fleur de peau et je savais que ce que j’étais entrain de lui dire, j’allais finir par le regretter, mais je ne pouvais le contenir. Ca faisait trop longtemps que je ruminais tout cela. En me levant, je pris le verre et sans hésiter allai le vider dans l’évier. Cette colère m’aidait finalement à comprendre que boire n’était pas la solution. Boire n’aurait rien changé du tout.

« Tu te croies au dessus de tout parce que tu as vécu quelque chose d’horrible. On devrait tous comprendre et accepter, et d’ailleurs on l’a fait. Mais il y a des limites. Il y a des choses qui ne sont pas acceptables. »

Je m’arrêtai quelques instants sur le pas de la porte, prêt à partir.

« Si tu ne m’aimes plus, si tu voies quelqu’un d’autre, alors quitte moi. Tu n’as pas le droit de me faire souffrir comme ça. Ca non plus, ce n’est pas acceptable. »

Sur quoi je quittai la pièce et la maison malgré qu’il pleuve des cordes dehors. J’avais besoin d’air frais pour me calmer, pour apaiser mon cœur en feu. J’étais tellement amer que je ne me rendis même pas compte que j’avais oublié mon alliance sur la table, mais finalement, à quoi allait-elle me servir à présent ? Je n’aurais pas été étonné de voir Samuel faire sa valise et me quitter sur le champ.
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Samuel Brimstone
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MessageSujet: Re: Where do we go from here ? [PV Liam]   Where do we go from here ? [PV Liam] Icon_minitimeDim 26 Mai - 17:22

« Je n'ai pas le temps pour ça Samuel. »

Le voix de Mathilda était aussi froide qu'à l'ordinaire mais cette fois, je n'allais me contenter d'un refus.

« Je te le demande, s'il te plaît. Il reste allongé... »
« Tu n'as qu'à lui parler toi Samuel. »

Je baissai la tête avant de soupirer : parler à Liam... C'était tout simplement impossible. Nous ne nous adressions plus la parole depuis mon entretien avec Isaiah. Quand j'avais expliqué à Liam ce qu'il s'était passé au moment de l'entretien, j'avais vu la lumière disparaître de son visage avant que ce dernier ne se ferme et ce, de façon définitive. Il s'était ensuite évanoui et j'avais bien sûr paniqué. Etant incapable de courir chercher de l'aide, j'avais été devant la maison pour hurler à qui voudrait l'entendre qu'il fallait aller chercher Mathilda et vite. J'étais retourné auprès de Liam, mes entrailles nouées par la peur qu'il ne se réveille pas, qu'il se soit cogné la tête tellement fort qu'il ne s'en relèverait pas. Il s'en releva mais à sa façon en réalité. Oh il alla se coucher comme Mathilda le lui avait suggéré mais il fut incapable d'avaler quoi que ce soit ni de sortir de la chambre. Je le laissai seul, pensant qu'il avait besoin de se reposer mais quand au dîner je le vis, j'eus l'impression que quelqu'un venait de me déverser un seau de glaçons dans le dos tellement je fus glacé d'effroi par sa distance vis à vis de moi. Si moi j'avais pu être distant, là, il était carrément à des années lumières de moi. Durant le dîner je ne dis rien, pensant que nous pourrions discuter un peu avant de dormir mais quand j'arrivai dans la chambre, j'ouvris la bouche et la refermai aussitôt en voyant que Liam m'ignorait. Tout simplement, il m'ignorait, faisait comme si je n'étais pas là. J'hésitai un instant puis, je décidai de me coucher sans rien dire : il avait besoin de prendre ses distances, j'allais le laisser faire comme il m'avait laissé faire. Je me rendis cependant rapidement compte que c'était loin d'être une bonne idée : j'étais mal de ce silence, de cette distance que je n'arrivais finalement pas à comprendre. Si nous nous étions disputés encore mais là, rien, je lui avais simplement expliqué ce qu'il s'était passé avec Isaiah et il m'avait assuré qu'il valait mieux que nous le laissions réfléchir et respirer. Ces mots avaient été les derniers que j'avais entendus car depuis, plus rien à mon égard. Plus rien, et ça faisait si mal. Je me sentis d'autant plus mal en imaginant que c'était ce qu'il avait pu traverser. Cependant, ce que je pouvais ressentir à présent n'avait plus réellement d'importance : voir Liam dans cet état me rendait malade et je voulais qu'il aille mieux. Le problème était que plus les jours passaient et moins j'osais lui parler, ayant trop peur de me retrouver face à un mur étant donné la façon dont il me traitait -ou plutôt, la façon qu'il avait d'agir comme si je n'existait plus- je fus incapable de tenter la moindre approche. Voilà pourquoi, puisque plusieurs jours avaient passé, j'avais décidé de demander à Mathilda de venir le voir. Mathilda qui me fixait de son regard noir habituel.

« Je ne crois pas que si je lui parle il m'écoutera. Je ne sais pas s'il est malade ou s'il... Je ne sais pas mais dans le doute... »

Oui parce que peut-être qu'il s'était vraiment bien cogné la tête et qu'il y avait quelque chose de plus grave que nous ne pouvions pas savoir ? Peut-être qu'il se sentait juste faible et malade ? C'était complètement idiot, il y avait peu de chances pour que ce soit cela mais...

« Samuel... »
« Mathilda, il s'est passé tellement de choses... J'ai peur pour lui. »

Elle me jeta un regard interrogateur et je décidai de tout lui raconter, asbolument tout. La rencontre avec Ambre, le fait que nous avions décidé de l'adopter, les réserves d'Isaiah me concernant, la façon dont il voulait s'assurer que nous étions un foyer assez stable pour Ambre, l'entretien qu'il avait eu avec moi et le potentiel autre entretien qu'il allait nous faire passer avant de prendre sa décision. Je lui racontai tout et suite à cela, elle décida finalement de m'accompagner jusqu'à la maison pour aller voir Liam et s'assurer qu'il allait bien. Quand nous arrivâmes dans la chambre, Liam eut le même comportement qu'à l'ordinaire : un regard bref pour nous (surtout pour Mathilda) avant de reporter son attention sur la fenêtre. Je jetai un regard à Mathilda, ne m'étant pas attendu à ce que Liam l'ignore elle aussi. Elle s'avança vers lui et quand elle lui expliqua qu'on lui avait dit qu'il était malade, je la remerciai intérieurement de ne pas dire à Liam de quoi il retournait exactement. Il lui répondit qu'il allait bien mais quand elle lui expliqua que s'il n'était pas malade il devait se lever, il ne la suivit pas. Elle continua son petit discours et je détournai le regard, ayant l'horrible pressentiment qu'il se préparait quelque chose qui n'allait pas me plaire du tout. Quand Mathilda s'adressa à moi, je reportai mon regard sur elle. Est-ce qu'il mangeait ? Non, pas vraiment non. Est-ce qu'il dormait ? Oui, je présumais mais je ne pouvais pas en être certain étant donné qude de jour comme de nuit, nous ne nous parlions plus. Est-ce qu'il parlait ? A moi ? Non. Aux autres... En dehors des jumeaux, pas vraiment non plus en fait. Et pour ce qui était de rire... Je secouai négativement la tête : non, non, il ne riait pas. Il esquissait quelques sourires par ci par là pour les jumeaux mais si eux étaient trop jeunes pour remarquer que ces sourires n'étaient pas sincères, moi, j'avais bien compris ce qu'il en était. Le verdict tomba finalement comme un coup de poing en plein ventre : dépression. J'écarquillai les yeux sous l'horreur de ce que Mathilda venait de dire : Liam faisait une dépression ? Elle tenta de la motiver mais rien n'y fit, pas même quand elle mentionna Ambre et pourtant, s'il y avait bien une chose qui pouvait motiver c'était ça, non ? Moi, ça m'avait motivé. Liam cependant resta sourd au discours de Mathilda qui termina par partir en claquant la porte. Je restai quelques instants sans bouger, espérant qu'il allait au moins tourner le regard vers moi, qu'il allait me donner même un tout petit signe mais rien. Strictement rien. Je finis donc par quitter la chambre sans rien lui dire.

Les jours suivants furent tout autant terribles, peut-être même plus car à présent, je savais ce dont souffrait Liam. J'aurais voulu pouvoir l'aider mais il m'avait tant rayé de son existence qu'il m'était impossible de m'approcher de lui, de peur de rendre les choses encore plus graves. Je finis par penser que s'il prenait cet espace c'était qu'il en avait vraiment et profondément besoin comme moi j'avais pu en avoir besoin et que, par conséquent, le mieux était de la laisser respirer. Giulio était mitigé par rapport à ça : plusieurs fois il me proposa d'essayer de lui parler, de faire le médiateur (quel mot, seigneur...) entre nous mais je refusai lui expliquant que Liam était fermé et que j'avais trop peur qu'il se renferme plus. Je savais ce que c'était que d'être poussé alors que l'on était pas prêt. Je savais ce que ça faisait... En fait, plus précisément, je savais ce que ça me faisait à moi, j'étais stupide de penser que ça avait le même effet sur Liam. J'étais stupide concernant un bon nombre de choses en fait. Une chose changea cependant en bien durant ces quelques jours : je cessai complètement de penser à mes jambes pour la première fois depuis l'accident. Je n'avais tout simplement pas le temps d'y penser puisque je pensais soit à Liam, soit aux enfants et particulièrement à Ambre pour laquelle je m'inquiétais. Nous ne l'avions pas revue et j'avais peur qu'elle se mette à penser que nous ne voulions plus d'elle. Elle devait se sentir tellement seule. Quand un matin, Isaiah nous fit parvenir un petit mot nous annonçant qu'il allait nous rendre visite le lendemain matin par rapport à Ambre, un large sourire (le premier depuis une bonne semaine) étira mes lèvres. Je le perdis cependant rapidement en ne voyant aucune expression sur le visage de Liam. Malgré sa dépression, j'aurais cru qu'une nouvelle pareille l'aurait rendu plus heureux mais rien. En tout cas, il ne laissa rien paraître devant moi, encore une fois. Je commençais véritablement à avoir l'impression d'être dans une impasse et pourtant, Isaiah allait venir le lendemain et s'il nous voyait comme ça... Ce serait un non définitif concernant Ambre et ça c'était hors de question. Je pris donc mon courage à deux mains et décidai de tenter le tout pour le tout en essayant de parler à Liam mais au lieu de le trouver dans le lit quand je poussai la porte de la chambre, je me trouvai face à une pièce vide. Je m'empressai d'aller demander à Giulio où était allé Liam mais il me répondit qu'il ne le savait pas, un sourire accroché aux lèvres malgré tout puisqu'il estimait que c'était une bonne chose que Liam soit enfin sorti de notre lit. Oui, c'était une bonne chose mais il ne m'avait rien dit. Il était parti. Juste comme ça.

Quand Liam rentra, j'eus l'impression que son attitude vis à vis de moi s'était encore un peu plus aggravée : j'ignorais où il avait passé la journée mais ça ne l'avait pas aidé à avoir envie de me parler. Je ne touchai presque pas à mon dîner, ressassant encore et encore dans ma tête le meilleur moyen de lui parler. Au final, je ne trouvai rien et quand j'allais me coucher, je trouvai une fois de plus Liam allongé, les yeux fermés. J'ignorais s'il dormait vraiment, comme d'habitude. Je contournai le lit et finis par m'allonger avant d'ouvrir la table de chevet et d'en sortir le dessin d'Ambre que je gardais soigneusement là depuis qu'elle me l'avait donné. Je soupirai avant de fermer les yeux : à la première heure le lendemain matin, j'allais forcer Liam à m'écouter. J'allais le forcer pour que tout ne finisse pas en un véritable drame. J'allais le forcer, et tout allait s'arranger. Je fus réveillé par des bruits de pas et quand je me retournai, j'aperçus la silhouette de Liam se faufiler dans le couloir avant qu'il ne referme la porte. J'hésitai un instant avant de décider de me lever : ce n'était peut-être pas une coïncidence. C'était peut-être le moment. Je reposai le dessin d'Ambre dans le tiroir (je m'étais endormi avec), j'enfilai un bas de survêtement et un t-shirt avant de prendre place sur ma chaise et d'aller rejoindre Liam. J'allai directement jusqu'à la cuisine puisque la lumière venait de là mais je me figeai à l'entrée, mes mains s'accrochant avec force aux roues de ma chaise tant j'étais choqué par la scène à laquelle j'étais en train d'assister : Liam était assis à la table de la cuisine, un verre de vin posé devant lui et à côté de ce même verre, son alliance. Son alliance... Et un verre d'alcool. Non... Tout mais pas ça. Il ne pouvait pas replonger : pas maintenant ni même jamais. Ce n'était pas possible. Ma gorge se noua, je sentis mon visage se décomposer et je fus incapable de prononcer le moindre mot sur le moment tant j'étais choqué mais je n'eus pas besoin de le faire : ce fut Liam qui prit la parole.

« Quoi ? »

Sa voix glaciale eut l'effet d'un poignard qu'on aurait pu m'enfoncer dans le cœur. La première parole depuis des jours et c'était sur un ton... Un ton terrible en fait. Terrible pour moi. J'aurais voulu qu'il s'arrête là, qu'il envoie tout valser et qu'il quitte la pièce mais il avait apparemment une ardoise à me faire payer et il voulait le faire tout de suite. Il déversa sur moi tout ce qu'il avait ressenti et gardé en lui pendant ces longues semaines où j'avais été un monstre avec lui. S'il avait pu être doux quand Isaiah était venu récupérer Ambre, s'il avait pu se montrer compréhensif dans sa façon de me parler de me comportement, tout cela avait à présent disparu. En réalité, ce comportement qu'il avait maintenant était le comportement que n'importe qui d'autre aurait eu beaucoup plus tôt. Il était cependant tellement bon qu'il avait encaissé jusqu'à... Jusqu'à ce que ça lui soit impossible... Jusqu'à ce qu'il tombe en dépression. Par ma faute. Comprendre cela eut l'effet d'une bombe en moi : une bombe qui me brisa intérieurement parce que c'était moi qui lui avait fait du mal, c'était moi qui l'avait poussé, encore une fois, à vouloir se remettre à boire. Moi, j'étais responsable de ça. J'étais responsable du fait qu'il soit persuadé que son existence ne m'importait pas, qu'il ne comptait pas. J'étais responsable de sa certitude que, parce qu'il n'était pas handicapé, il avait moins d'importance et qu'il n'avait pas le droit de se plaindre. J'étais responsable de ça parce que c'était ça que j'avais dégagé pendant des semaines et, au fond, c'était aussi ça que j'avais ressenti alors qu'en réalité c'était profondément injuste et injustifié. Il pensait que je le trouvais égoïste ? Non, c'était moi l'égoïste. C'était moi la pourriture et tout ce qu'il était en train de me dire, je le méritais. Il avait le droit de dire ce qu'il avait sur le cœur, il avait le droit de me faire enfin payer mon attitude abjecte et moi, j'avais le droit de garder le silence et d'encaisser. Les larmes aux yeux, certes, mais en silence. Il m'avait effectivement tout donné, il avait tout supporté et moi, j'avais refusé son aide, je m'étais refusé à lui, je l'avais refusé, lui, alors qu'il faisait partie de ma vie. J'étais effectivement un connard et ça, je le voyais bien à présent. Un parfait connard même. Liam se releva soudain et j'ouvris la bouche mais aucun son ne sortit. Il faut bien avouer que j'étais malgré tout encore sous le choc : l'avoir vu sur le point de boire, tout ce qu'il venait de me dire, ce dont je n'avais pas eu la moindre idée ou, en tout cas, ce dont je n'avais pas voulu avoir la moindre idée... Il alla vider son verre de vin et une partie de moi fut extrêmement soulagée. L'autre partie, par contre, était encore en train de faire le lien entre tout ce que j'avais fait et tout ce qu'il avait dit et croyez-moi, le bilan n'était pas brillant. Il s'éloigna et je le regardai, sur le coup complètement impuissant, incapable de prononcer le moindre mot. Lui, par contre, on ne pouvait plus l'arrêter.

« Tu te croies au dessus de tout parce que tu as vécu quelque chose d’horrible. On devrait tous comprendre et accepter, et d’ailleurs on l’a fait. Mais il y a des limites. Il y a des choses qui ne sont pas acceptables. »

Je baissai le visage, parfaitement et complètement honteux tant il avait raison. J'avais vraiment cru ça. J'avais cru être au dessus des autres parce que j'avais fini paralysé mais je n'étais pas au dessus des autres : j'étais bien en dessous.

« Si tu ne m’aimes plus, si tu voies quelqu’un d’autre, alors quitte moi. Tu n’as pas le droit de me faire souffrir comme ça. Ca non plus, ce n’est pas acceptable. »

Je relevai le visage d'un mouvement vif et rapide, juste assez rapide pour voir Liam ouvrir la porte et quitter la maison. Avoir rencontré quelqu'un ? Ne plus l'aimer ? Il n'était pas question de ça du tout ! Comment pouvait-il ?... Non, comment, ça je le savais : c'était à cause de mon comportement. Je restai quelques secondes sans bouger puis, les larmes coulèrent à flot sur mes joues. Je secouai négativement la tête.

« Non... Non... Non... Non ! »

Je fis volte face et allai récupérer son alliance que je serrai dans ma main avant de me mettre à la poursuite de Liam. Enfin, ça, c'était ce qui aurait dû se passer. Cependant, il tombait des trombes d'eau dehors et la rampe était tellement glissante que je perdis le contrôle de mon fauteuil roulant. La chute fut longue et rude. J'atterris le nez dans la boue, lâchant l'alliance de Liam par la même occasion qui alla se perdre dans une flaque d'eau plus loin. La peu de lumière qui m'éclairait venait de l'intérieur de notre maison. Je relevai le visage avant de chercher Liam du regard à travers la pluie mais ne le vis pas : j'ignorais où il était parti. Dans ma chute, je ne m'étais pas rendu compte que j'avais perdu la bague et quand j'ouvris ma main pour n'y voir que ma paume, je paniquai.

« Non ! Pas ça ! »

En rampant dans la boue, je me mis à chercher la bague, de plus en plus mal : si je l'avais perdue... Non, ce n'était pas possible. Je n'avais pas perdu la bague et je n'avais pas perdu Liam. Je n'avais rien perdu. Enfin si, j'avais perdu mes jambes mais pas ma vie bordel et ce n'était que maintenant que je le comprenais enfin. Maintenant que j'étais allongé dans la boue à chercher cette bague, symbole de notre union, alors que l'homme que j'aimais était en train de se détruire tant il souffrait par ma faute... Maintenant je comprenais que j'avais tout et que je risquais bien d'avoir tout perdu en croyant n'avoir plus rien du tout. Ma main fouilla dans les flaques les plus proches et quand mes doigts touchèrent ce petit bout de métal qui m'était si précieux, je pleurai de soulagement avant de porter la bague à mes lèvres et de l'embrasser. Je me retournai et m'allongeai sur le dos avant de glisser la bague dans la poche de mon bas de survêtement. Puis, sans m'inquiéter des réveiller les voisins, je me mis à hurler.

« LIAM ! LIAM ! »

Il fallait qu'il m'entende.

« LIAM ! »

Il fallait qu'il revienne.

« Liam...»

Je tournai le visage et vis que ma chaise roulante était tombée à l'opposé de là où je me trouvais. Je soupirai avant de me retourner à nouveau de façon à me retrouver sur le ventre pour ramper jusqu'à la chaise. J'étais dans un état lamentable : trempé, plein de boue et surtout, Liam n'était toujours pas de retour. Quand j'arrivai à la chaise roulante, je tendis les bras afin de m'en saisir pour la redresser. Puis, je posai mes mains sur les accoudoirs mais la pluie et la boue rendant le tout glissant, la chaise recula m'emportant avec elle et me faisant chuter une nouvelle fois.

« BORDEL ! »

J'étais bien capable de me relever non ? Oui, j'en étais capable. J'étais capable de ça et tout un tas d'autres choses et il était temps que je le comprenne véritablement. Je jetai un regard autour de moi et vis un petit muret derrière la chaise roulante. Bien, j'allais m'en servir pour me hisser et après... Après on verrait bien. Je m'approchai donc et m'agrippai au muret. Quand je fus certain d'avoir une bonne prise, je me tirai à la force de mes bras. J'eus mal et serrai les dents, puisant dans toutes mes forces pour réussir à me hisser un peu plus de façon à pouvoir m'accrocher de façon plus correcte au muret pour pouvoir prendre appui dessus. Ce qu'il se passa ensuite fut très... Déstabilisant. Au moment où je tirai de toutes mes forces sur mes bras pour me relever, cela me sembla tout à coup moins difficile et je fus debout. L'espace d'une seconde, peut-être même moins, je fus debout, près de ce muret, sans m'y tenir. Pendant ce court instant, j'eus l'impression d'être tout à coup plus lourd, d'avoir un poids à la place des jambes. Cette sensation disparut aussi vite qu'elle était apparue et je me sentis partir en arrière. Je me rattrapai aussitôt au muret. Je n'eus finalement pas besoin de réfléchir à la façon dont j'allais ramener la chaise roulante jusqu'à moi puisque Giulio apparut sur le pas de la porte avant de foncer vers moi et de m'aider à m'asseoir. Les questions fusèrent tout de suite et je lui expliquai brièvement que nous nous étions disputés, même si ce n'était pas vraiment tout à fait ça, et il poussa ma chaise pour me faire rentrer. Je l'arrêtai cependant devant la ramper.

« Non. Je reste ici jusqu'à ce qu'il revienne. »

Giulio adopta sa fameuse moue de désaprobation.

« Samuel, il pleut averse, tu vas tomber malade. »
« Non, ça ira. Je veux l'attendre ici. Il faut que je l'attende. »

Giulio soupira en secouant la tête.

« Bon, je vais attendre dans le salon. »
« T'es pas obligé. »
« Et s'il ne rentrait pas Samuel ? »

Je fronçai les sourcils : il allait rentrer. Bien sûr qu'il allait rentrer.

« Je vais me prendre un livre et si tu as besoin que je vienne te chercher, tu m'appelles, d'accord ? »

Je finis par hocher la tête. Giulio fit un pas vers la maison puis se retourna vers moi.

« D'ailleurs, si tu as besoin d'autre chose, de parler, je suis là Samuel. On est tous là. »

Je me retournai pour le regarder et ce fut un sourire triste qui étira mes lèvres : oui, ils étaient tous là et j'avais été trop con pour m'en rendre compte.

« D'accord. Je n'hésiterai pas. »

Et ça, il pouvait en être certain : je n'hésiterais pas. Je n'hésiterais plus. Il retourna à l'intérieur de la maison et ferma la porte. Je vis par la fenêtre la lumière du salon s'allumer ce qui me permettait d'avoir un tout petit peu de lumière au milieu de ce déluge. Je récupérai la bague soigneusement rangée dans ma poche avant de la serrer dans ma main puis, je me mis à observer les alentours, ne pensant même plus à ce petit instant où je m'étais tenu debout. Mes jambes étaient enfin passées au second plan, derrière tout le reste et il était temps. Il était plus que temps. Il était même peut-être trop tard même si je refusais de penser à cela. J'ignore combien de temps passa : des secondes, des minutes, des heures ? En tout cas, la pluie se calma un petit peu pour finalement ne plus être qu'une toute petite bruine. J'étais malgré tout trempé, plein de boue et gelé. Mais j'étais là et je n'en bougerais pas jusqu'à... Quand je vis une silhouette se dessiner un peu plus loin dans la pénombre, mon cœur se mit à battre très fort : c'était lui. J'aurais reconnu sa silhouette entre mille. Quand il fut assez prêt pour me voir il s'arrêta, ne s'attendant visiblement pas à ce que je me trouve là ou encore dans cet état lamentable. Pendant un moment je crus qu'il allait faire demi tour mais il finit par s'avancer. J'étais tellement soulagé de le voir qu'un sourire étira mes lèvres mais le visage de Liam qui resta résolument fermé me fit vite perdre mon sourire. Quand il arriva à ma hauteur il ne s'arrêta pas.

« S'il te plaît Liam... Ne fais pas ça. »

Il se retourna et me jeta un regard glacial.

« Il faut qu'on parle... Je sais que tu n'en as pas envie mais s'il te plaît... Tu veux bien m'écouter ? Tu n'es pas obligé de parler, juste... M'écouter... »

Il hésita un moment et cela me sembla être une éternité. Il finit par hocher brièvement la tête.

« On devrait r... »

Il croisa cependant les bras avant de me fixer avec cette froideur que je lui connaissais décidément pas. Il voulait en finir vite et ici. Bien, ce serait ici.

« D'accord. »

Je pris une profonde inspiration avant de plonger mon regard dans le sien. Si ses yeux n'étaient que froideur et distance, les miens furent tendres et implorants. J'avais beaucoup de choses pour lesquelles je devais demander pardon.

« Je te demande pardon. Je pourrais te dire que je ne savais pas mais ce serait mentir : je ne voulais pas savoir. »

C'était assez étrange de lui parler de cette façon après avoir tant cherché à ne pas lui parler mais finalement, même si c'était étrange, ce n'était pas difficile. Comment avais-je pu être aussi stupide ?

« Tu as raison... Tu as raison pour tout. Je me suis cru supérieur... A l'instant où j'ai su que j'avais perdu mes jambes, je me suis cru supérieur parce que qu'est-ce que vous autres vous pourriez comprendre puisque vous ne traversez pas ce que je vis ? Hein ? »

Je secouai la tête, me rendant plus que jamais compte de mon énorme bêtise.

« Mais toi tu sais mieux que personne, tu comprends parce que tu as été là, du début jusqu'à aujourd'hui et moi, j'étais tellement obsédé par ma personne que je n'ai pas fait attention à toi. Et pour ça je te demande pardon. Je te demande pardon de m'être fermé même si sur le coup, je ne l'ai pas contrôlé mais j'aurais dû faire des efforts. J'ai été stupide. Stupide, égoïste et ingrat... »

Et encore, les mots étaient assez faibles vu les circonstances. Ce n'était cependant pas tout et j'avais gagné au moins une chose : il m'écoutait, ce qui était déjà beaucoup.

« Quand tu as ramené Ambre à la maison... Elle a été un déclic mais je me suis braqué pour de mauvaises raisons... L'attitude d'Isaiah m'a blessé mais plutôt que de me renfermer, j'aurais dû t'en parler, j'aurais dû me confier à toi. Bon sang... »

Je levai les yeux au ciel, incapable de retenir mes larmes.

« Je n'y arrivais pas... Je n'arrivais pas à te parler, je n'arrivais pas me convaincre que c'était la bonne chose à faire alors que ça l'était puisque nous vivons ensemble et que nous sommes un couple. »

L'emploi du présent n'était peut-être plus justifié pour lui mais ça l'était encore pour moi. Je finis par rabaisser mon regard vers lui, vers ce visage impassible sur lequel j'aurais tant voulu déceler même une toute petite réaction.

« Tu voulais m'aider et cette aide, j'aurais dû l'accepter. Pour ça aussi j'ai été stupide. Pour ça aussi, je te demande pardon. J'aurais dû comprendre que j'étais en train de refaire les mêmes erreurs que par le passé mais encore une fois, j'étais trop obsédé par mes jambes pour m'en rendre compte... Pour me rendre compte que j'étais vivant et que je t'avais toi, et que j'avais les jumeaux... Et ça, je l'ai compris maintenant. »

Un sourire sincère étira mes lèvres malgré mes larmes.

« J'ai perdu mes jambes mais pas ma vie. J'ai une vie et une belle vie qui pourrait être encore plus belle si je lui donnais une chance et je suis prêt à le faire maintenant. J'ai compris. J'ai vraiment compris Liam. »

Je finis par tendre ma main pleine de boue vers lui avant de l'ouvrir et de lui montrer son alliance.

« Tu es mon âme sœur. Je t'aime et je ne veux pas te perdre. Je veux être avec toi, vraiment être avec toi. Je veux être avec les jumeaux. Je veux qu'Ambre vienne agrandir notre famille. Je veux cette vie, en chaise roulante ou pas, je veux cette vie mais je ne veux pas d'une vie sans toi. Alors je t'en prie... Je t'en supplie... Dis-moi qu'il n'est pas trop tard. Dis-moi que je n'ai pas tout foutu en l'air. Dis-moi qu'on peut reprendre là où nous nous étions arrêtés. »

Je marquai un petit silence.

« Donne-moi une dernière chance Liam... »
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Liam Marsden
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MessageSujet: Re: Where do we go from here ? [PV Liam]   Where do we go from here ? [PV Liam] Icon_minitimeMer 29 Mai - 18:19

Où allais-je ? Je n’en avais strictement aucune idée. J’étais cependant tellement en colère que je n’aurais supporté rester dans la maison une seconde de plus. J’avais besoin d’air, et surtout besoin de m’éloigner de Samuel car, même s’il n’avait pas eu le temps de prononcer le moindre mot, il m’insupportait. De toute manière, je supposais qu’il était sur le point de prendre ses affaires et quitter la maison, il n’avait donc pas besoin de moi pour quoi ce soit. Alors, malgré qu’il pleuve des cordes dehors et que je sois pieds nus, je quittai rapidement la maison en marchant tout droit. J’étais tellement en colère que je marchais excessivement vite, la boue giclant sur mon pantalon de pyjamas, mais je n’en avais rien à faire. J’étais… Oui, furieux, et plus loin j’irai de ma maison, mieux ce serait. J’en étais d’ailleurs assez loin quelques secondes seulement après avoir quitté la maison. Alors, je décidai plus au moins au hasard d’aller au QG : A cette heure-ci, c’était le seul bâtiment qui risquait d’être encore ouvert car je savais qu’Aaron travaillait souvent très tard, et même si je ne savais pas exactement l’heure, j’étais quasiment sûr qu’il s’y trouvait encore. D’ailleurs, quand j’y parvins, de la lumière filtrait encore par une des fenêtres. J’entrai alors, et fus étonné de tomber nez à nez avec Sean et non pas Aaron. Que faisait-il ici en plein milieu de la nuit ? Il m’expliqua rapidement qu’il ne parvenait pas à dormir et, d’un ton légèrement plus inquiet, me demanda si je savais comment les réserves de nourritures devaient être distribuées. J’eus un léger soupir : Visiblement, Aaron lui avait attribué cette tâche sans même lui expliquer comment faire. Comment pouvait-il être à ce point odieux ? Quoi qu’il en soit, je finis par acquiescer doucement et pénétrer dans son bureau, tirant une chaise avant de m’asseoir à ses côtés. Pour avoir travaillé près des leaders un long moment, je savais comment m’y prendre et lui expliquai ce que je savais. Cela dura un long moment et me permit d’oublier Samuel, du moins en partie. Sean n’était pas idiot, loin de là, mais il ne pouvait pas devenir comment les choses se passaient et me posa de très nombreuses questions, désirant sans doute en mettre plein la vue à Aaron le lendemain. Cela ne serait que justice, après tout.

Lorsque je me tus finalement, les plans de distribution de la semaine étaient terminés. Clairs, nets et précis. Aaron n’aurait rien à redire. Ils indiquaient parfaitement quelle maison recevrait quoi, en quelle quantité, et ce qu’il resterait dans les réserves après la distribution, permettant parfaitement d’anticiper la prochaine. Sean les parcouru des yeux un long moment avant de relever la tête vers moi et me remercier chaleureusement. Alors seulement je regardai la pendule : il était plus de quatre heures du matin. J’eus une légère grimace avant de lui dire que je devais rentrer. Même si je n’avais pas très envie de retourner à la maison pour y voir que Samuel était parti, je devais être présent pour les jumeaux qui allaient se lever dans quelques heures à peine. Lorsque je sortis, je remarquai que la pluie s’était calmée même si, malheureusement, mes pieds étaient gelés. Mes vêtements avaient pu sécher au QG mais marcher dans la boue me glaçait tout entier. Cependant, ce froid interieur qui persistait en moi n’était sans doute pas uniquement dû à la boue. Samuel… J’eus un nouveau soupir, marchant lentement pour rentrer chez moi. Même si avoir travaillé au QG un long moment m’avait permis de me changer les idées, je devais avouer que j’étais toujours en colère contre lui. Je ne parvenais pas à comprendre comment nous avions pu en arriver là, comment nous avions pu nous perdre à ce point. Comment j’avais pu le perdre à ce point, car il était évident dans ma tête qu’il s’était tourné vers quelqu’un d’autre. Qui ? Je ne me posais même pas la question, pour être honnête. Je n’avais aucune idée de l’homme qui aurait pu me voler le cœur de Samuel tant avoir perdu ce cœur m’obnubilait.

Les minutes passèrent et finalement, j’arrivai à ma maison, relevant seulement maintenant la tête. J’eus alors un temps d’arrêt, ne comprenant pas ce que je voyais. Samuel se tenait là, sous la pluie, entièrement recouvert de boue et tremblotant. Qu’est ce que cela signifiait ? Pourquoi se trouvait-il encore ici ? Pourquoi n’était-il pas parti ? Et surtout, pourquoi était-il dans cet état lamentable ? Je soupirai avant de me remettre en marche, tâchant de l’ignorer. Cette colère toujours présente en moi venait de refaire surface et je n’avais absolument pas l’intention de la dompter maintenant. Je me fichais de ce que Samuel pouvait bien faire et des raisons qui faisaient qu’il était si sale : Ce n’étaient plus mes affaires. Je me décidai donc à rentrer sans lui adresser un regard ou un mot, ayant de toute façon déjà dit ce que j’avais sur le cœur. Les choses étaient posées et je ne comptais pas revenir dessus. Cependant, je m’arrêtai lorsque j’entendis Samuel m’appeler. J’aurais pu continuer tout droit et faire comme si je ne l’avais pas entendu, mais quelque chose me poussa à m’arrêter immédiatement même si mon regard demeurait tout aussi froid. C’est alors qu’il déclara que nous devions parler. Cela me surprit tellement que j’en restai quelques instants sans bouger, incapable de répondre quoi que ce soit. Pourquoi désirait-il me parler ? Qu’avait-il à me dire ? Je pensais pourtant que tout avait déjà été dit, et d’ailleurs, pourquoi vouloir me parler maintenant alors qu’il ne m’avait pas adressé un mot depuis plus d’une semaine ? J’étais toujours amer mais finis par acquiescer : J’allais l’écouter, même si je m’attendais au pire. Cependant, je n’avais pas l’intention d’y mettre du mien. Mon attitude était plus que fermée et cela s’accentua sans doute encore davantage lorsque je croisai les bras mais je m’en fichais. Pourquoi aurais-je dû être compréhensif ? J’allais l’écouter certes, mais je n’avais aucune envie de lui rendre les choses plus faciles. Après tout, lui ne m’avait jamais rendu les choses faciles.

Ce fut donc avec cette même froideur que je le fixai tandis qu’il commença par demander pardon de but en blanc. J’haussai les sourcils, plus étonné que jamais. Etait-il réellement entrain de me demander pardon pour tout ce qu’il avait fait et dit durant les dernières semaines ? Oui, c’était bel et bien ce qu’il était entrain de faire et même si j’étais toujours en colère, cela ne m’empêchait pas de l’écouter avec toute mon attention. Il confirma chacune de mes accusations, m’avouant qu’il s’était en effet sentis supérieur, qu’il avait effectivement pensé que personne ne pouvait comprendre ce qu’il traversait et qu’en cela, personne n’aurait pu l’aider. Il me demanda également pardon pour m’avoir rejeté de nombreuses fois et aussitôt, je sentis mes mâchoires se serrer. Je ne parvenais pas à me détacher de toute la colère qui s’était accumulée en moi et qui explosait enfin ce soir, et ce bien malgré ses excuses. Oui, il avait été stupide, égoïste et ingrat et ça, je n’étais pas prêt de lui pardonner. Les choses auraient été bien différentes s’il avait prononcé ces mots plus tôt, s’il n’avait pas attendu d’atteindre les limites de ma patience. Sauf que voilà : J’avais passé des semaines à essayer de le comprendre, à pardonner sa dureté, à tenter de l’aider et maintenant, j’étais à bout. Littéralement à bout. Aussi, malgré toutes ses excuses, mon attitude demeura résolument fermée.

Je serrai un peu plus les dents lorsqu’il en vint à parler d’Ambre. Ambre… Dire que j’avais cru qu’elle parviendrait à arranger les choses. Cependant, et même si Samuel la qualifiait de « déclic », cela n’avait rien changé du tout : Il s’était en effet fermé suite aux propos d’Isaiah et m’avait une nouvelle fois repoussé. Mais pourquoi, bon sang ? Pourquoi n’avait-il pas réussi à se confier à moi alors que nous vivions ensemble et que nous étions un couple ? Voilà ce que je ne parvenais toujours pas à comprendre malgré ses excuses qui, finalement, ne m’expliquaient rien. Il avait été stupide, oui, et ensuite ? Etait-ce sa seule raison ? Se rendait-il seulement compte qu’il m’avait fait horriblement souffrir seulement par cette bêtise ? Je ne parvenais pas à me détacher de cela, le regardant froidement pleurer, se sentant sans doute coupable. J’aurais dû le prendre dans mes bras, le réconforter, lui assurer que cela n’était rien et que je le pardonnais mais je n’y arrivais décidemment pas. J’avais beau sentir à quel point il pouvait être sincère dans ses excuses, quelque chose coinçait. Je n’arrivais tout simplement pas à digérer tout cela et serrai encore davantage les dents lorsqu’il en vint à s’excuser pour avoir reproduit les mêmes erreurs que l’hiver passé. Décidemment, il n’avait pas compris… Certes, ses jambes avaient joué un rôle immense dans tout cela, mais il n’avait tout de même pas appris de ses erreurs. Il n’avait pas compris que se fermer à moi était la dernière chose qu’il devait faire lorsqu’il souffrait. Les excuses étaient belles, oui, mais j’aurais préféré qu’il n’ait tout simplement pas à s’excuser. J’aurais préféré qu’il n’agisse pas de cette manière et, au fond de moi, je ne pouvais que me dire qu’il n’allait jamais cesser d’agir de la sorte : A chaque coup dur, il ne pourrait jamais s’empêcher de me rejeter et se renfermer sur lui-même. Et dans ce cas, nous ne pourrions jamais être un véritable couple.

Je laissai échapper un bref soupir, détournant brièvement les yeux alors qu’il poursuivit en disant qu’il avait perdu ses jambes mais pas sa vie, et que cette vie était justement avec moi et les jumeaux. L’entendre dire cela représentait une douleur cuisante pour moi. C’était ce que j’avais rêvé d’entendre durant des semaines... Oui, j’avais attendu cela pendant des semaines et cela arrivait finalement trop tard. Cela arrivait alors que, de mon côté, il n’y avait plus aucun espoir. Car malgré ses excuses je n’étais pas davantage confiant quant à l’avenir : Il m’avait détruit et tout n’allait pas s’arranger en une poignée de secondes. Je baissai alors les yeux sur sa main pleine de boue, la voyant à ma plus grande surprise s’ouvrir sur mon alliance. Mon alliance que j’avais complètement oubliée… Mais que signifiait-elle à présent ? Mes yeux ne s’en détachèrent pas alors que je l’écoutais me dire que j’étais son âme sœur et qu’il voulait cette vie avec moi, avec les jumeaux et Ambre, qu’il voulait que nous reprenions nos projets là où nous les avions abandonné. Malheureusement, il n’était plus question du moindre projet pour moi et, même si la douleur de ses mots avait légèrement estompée ma colère, je lui en voulais toujours terriblement. Je lui en voulais d’avoir mis autant de temps à comprendre, de m’avoir poussé à bout comme il l’avait fait, de m’avoir fait douter à ce point… J’en étais même venu à penser qu’il avait rencontré quelqu’un d’autre alors que, de toute évidence, ce n’était pas le cas. Jamais je n’aurais songé à cela quelques semaines plus tôt. Jamais je n’aurais pensé que nous pouvions nous séparer et faire notre vie chacun de notre côté. Pourtant, j’en étais arrivé à ce stade et la marche arrière n’allait pas pouvoir se faire en quelques instants. Samuel avait créé une blessure profonde, quelques excuses ne suffisaient pas à la refermer.

Alors, et bien que cela m’arrachait un peu plus de cœur, je finis par déglutir et tendre la main vers la sienne. Non pas pour récupérer mon alliance, mais pour la refermer. Je ne voulais plus de mon alliance. Je ne voulais plus de ce mariage. Je ne voulais plus l’adoption. Je ne voulais rien de tout cela et il aurait été inutile de lui donner de faux espoirs. Ma main referma donc la sienne sur mon alliance et se retira aussitôt. Je secouai négativement la tête.

« « Combien de chance suis-je censé te donner ? »

Si ma voix avait été moins froide, elle n’en demeurait pas moins distante.

« « J’ai l’impression que ça n’en finira jamais, et je ne comprends pas… Je ne comprends pas comment tu peux avoir tant de mal à te confier à moi… Je ne comprends pas pourquoi si moi je ressens toujours le besoin de me réfugier dans tes bras dès que je me sens mal, la seule personne qui puisse me réconforter et me soulager ne ressente pas la même chose vis-à-vis de moi. »

Car s’il était mon foyer, ma famille, mon amour, j’avais toujours cette impression de ne rien être en retour.

« « Comment peux-tu passer ton temps à me rejeter alors que je voudrais pouvoir passer chaque seconde de ma vie avec toi ? Peut-être que je ne suis pas ton âme sœur. Peut-être que tu te trompes. Je ne crois pas que tu sois fait pour être avec moi… Si c’était le cas, j’aurais été ton refuge tout comme tu as toujours été le mien. Mais ça n’est jamais arrivé. Alors non, je ne pense pas être ton âme sœur. »

Tout cela sonnait horriblement faux, même à mon oreille. Pourtant, c’était la seule explication que je voyais à tout cela. Je finis par soupirer et baisser de nouveau les yeux sur sa main qui tenait toujours fermement mon alliance.

« « C’est pour ça que je ne t’épouserai pas. Je ne me marierai pas avec toi et nous n’adopterons pas Ambre. Isaiah avait peut-être raison, notre foyer n’est pas en mesure d’accueillir une enfant. Alors… Je ne sais pas où nous en sommes, mais nous n’allons pas reprendre là où nous nous en étions arrêtés. J’ai beau t’aimer de tout mon cœur, j’ai bien compris que cela ne suffisait pas et je ne veux pas faire ma vie avec toi puisque ta place n’est de toute évidence pas avec moi. »

C’étaient des mots très douloureux pour lui comme pour moi, je le savais. Je voyais bien son visage se décomposer un peu plus à chaque parole et ses épaules s’affaisser, mais je n’avais dit que la vérité. Je ne me sentais plus de faire ma vie avec lui, cela n’aurait eu aucun sens. S’il n’avait pas ressenti le besoin de se confier à moi lorsqu’il en aurait eu besoin, cela signifiait que nous n’étions pas faits pour être ensemble et que nous devions arrêter avant de faire trop d’erreurs. Même si je ne parvenais toujours pas à imaginer ma vie sans lui, je ne voulais pas que nous nous marions uniquement pour souffrir et finalement se rendre compte que nous n’aurions pas dû faire cela. Je l’aimais, oui, et je savais que je n’allais jamais aimer personne d’autre que lui mais justement, je ne pensais pas que ce soit son cas. Il était tombé amoureux de moi, mais cela arrivera encore par la suite. J’étais fait pour lui, mais pas lui pour moi. J’eus un léger soupir en le voyant sous le choc, souffrant de le voir souffrir malgré tout. Je ne voulais pas lui faire de mal, au contraire. Je voulais seulement que nous puissions mener une vie paisible, et ce même si cela signifiait que je devais me séparer de lui. Certes, je ne l’avais pas vraiment quitté, mais la suite des évènements n’était qu’assez claire. J’eus de nouveau un soupir à cette pensée avant de passer derrière lui et pousser son fauteuil en direction de la maison.

« « Rentrons, tu dois être gelé. »

Il grelottait, je ne savais cependant pas si cela était dû à la pluie ou au choc. Quoi qu’il en soit, il était plus que temps de rentrer. Cette discussion n’avait pas besoin d’être poursuivie puisque, pour ma part, les choses étaient dites. Certes, cela était terriblement douloureux mais quelque chose clochait. Je ne pleurais pas. Pourquoi ne pleurais-je pas ? Pour quelqu’un de très émotif comme moi, c’était extrêmement étrange. Je n’avais pas pleuré de la semaine et maintenant, je n’en ressentais pas davantage le besoin. Comme si quelque chose était toujours bloqué, mais quoi ? Je ne tarderai pas à le découvrir mais, en attendant, je me dirigeai avec Samuel vers la salle de bain. J’eus une légère grimace en regardant ses affaires de toilettes : Se laver au gant comme il avait l’habitude de le faire n’allait pas suffire. Il était couvert de boue, seule une bonne douche aurait pu réellement le décrasser. Je pris alors la chaise sur laquelle il s’asseyait pour sa toilette et la posai dans la douche, puis me tournai de nouveau vers lui, réfléchissant. Il ne semblait cependant pas du tout préoccupé par ce que je faisais, observant mon alliance qu’il tenait toujours dans sa main. Au bout de quelques instants, il se déshabilla cependant et chercha des yeux sa chaise avant de la voir dans la douche. Je le vis froncer les sourcils. Il ne comprenait de toute évidence pas comment il allait pouvoir s’y asseoir. Je m’approchai alors et passai mes bras autour de lui, tentant de le soulever. La chose à ne pas faire. Aussitôt, je le sentis se crisper comme un chat que l’on aurait jeté dans une baignoire et s’accrocher à sa chaise roulante. Jamais il n’avait accepté que je le porte. Jamais, et pourtant, il n’avait pas vraiment le choix. J’insistai mais il força, ce qui raviva en un instant ma colère. Je me relevai lentement, l’observant d’un regard noir.

« « Tu me demandes pardon pour avoir refusé mon aide et tout de suite après du me repousses une nouvelle fois ? »

Cette fois, je craquai littéralement et me mis à hurler.

« Qu’est ce qui cloche chez toi ?! J’en ai assez de toi ! Je ne supporte plus ton orgueil, je ne supporte plus ta fierté, je ne te supporte plus, toi ! Tu comprends ça ? Je ne te supporte plus ! Alors maintenant tu vas arrêter tes conneries et me laisser t’aider à aller dans cette putain de douche ! MERDE ! »

Seigneur… Qui étais-je devenu ? Qui était cet homme qui hurlait comme un dément sur Samuel alors que je n’élevais jamais la voix d’ordinaire ? Qui était ce fou qui se permettait de crier sur l’homme que j’aimais plus que tout au monde alors qu’il était déjà au plus mal ?

Cet homme était un homme plein de colère.
Cet homme était un homme qui avait horriblement besoin de pleurer pour extérioriser son mal être.
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Samuel Brimstone
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MessageSujet: Re: Where do we go from here ? [PV Liam]   Where do we go from here ? [PV Liam] Icon_minitimeSam 1 Juin - 10:59

Le temps semblait s'être arrêté alors que j'avais la main tendue vers lui, son alliance trônant dans ma paume, n'attendant que d'être récupérée par son propriétaire légitime. J'avais fini par m'expliquer, j'avais fini par m'excuser et même si ces excuses arrivaient un peu tard, n'était-il pas coutume de dire « mieux vaut tard que jamais » ? Alors, puisque j'avais fini par comprendre, il pourrait comprendre, il pourrait me pardonner et nous pourrions nous reconstruire : je ne souhaitais rien d'autre. J'aurais tant voulu qu'il souhaite la même chose mais malheureusement, le moment où j'allais découvrir que ce n'était pas le cas n'allait pas tarder à arriver. Quand il tendit sa main vers la mienne, un sourire étira doucement mes lèvres tant j'étais heureux qu'il accepte de récupérer son alliance et de tout recommencer. Cependant, quand ses doigts glissèrent sur les miens pour me forcer à refermer ma main sur son alliance, mon sourire se fanât tout aussi vite qu'il était apparu et une horrible sensation s'insinua au creux de moi : c'était mauvais ça. C'était même très mauvais. Il retira sa main de la mienne rapidement avant de secouer négativement la tête : un non. C'était un non. Il ne voulait pas me pardonner, il ne voulait pas de moi : il ne voulait plus de nous. Il était vrai qu'il m'avait déjà donné une chance lorsqu'il avait fini par me pardonner la distance que j'avais mis entre nous quand mon SSPT avait refait surface mais je ne comprenais pas qu'il refuse de me redonner une nouvelle chance : quand un couple s'aimait vraiment, n'était-il pas censé se pardonner les erreurs mutuelles et accepter d'avancer ensuite ? « Pour le meilleur et pour le pire » faisait partie des vœux de mariage alors quoi ? Il ne voulait que le meilleur de moi et pas le pire ? J'avais pourtant moi-même accepté le pire de lui quand il avait été mal et pourtant, là, il n'acceptait pas le pire de moi. Il préférait sans doute être avec quelqu'un de parfaitement stable, de parfaitement heureux, qui ne traînait aucune casserole avec lui. Si c'était cela, il était effectivement mal tombé : j'avais trop de bagages avec moi pour être un homme parfaitement stable mais je croyais que ça, il l'avait accepté : apparemment pas. Mes épaules s'affaissèrent pendant son petit discours dans lequel il m'expliquait qu'il ne comprenait pas pourquoi j'avais du mal à me confier à lui, pourquoi contrairement à lui, je ne ressentais pas le besoin de me réfugier dans ses bras quand ça n'allait pas.

On en revenait donc à ça : il avait l'impression que j'avais moins besoin de lui que lui de moi ce qui était en soi complètement faux. J'avais besoin de lui mais d'une façon différente, voilà tout. Pourquoi ? Encore une fois à cause de ces fameux bagages que je me traînais : la guerre m'avait rendu plus dur mais plus fort également et j'avais appris à faire face seul, à me relever seul. Voilà pourquoi je n'avais pas le même comportement que lui et ça le blessait alors que ce n'était pas le but. Je n'allais cependant pas courir vers lui en prétendant en avoir le besoin si ce n'était pas le cas : le mensonge était une mauvaise chose et même si ça pouvait le soulager psychologiquement, lui donner l'impression que j'avais autant besoin de lui que lui de moi, je ne le ferais pas : c'était hors de question. Je ne prétendrais pas être ce que je n'étais pas : je ne l'avais pas fait avec Isaiah et je ne le ferais pas avec Liam. Je savais que j'avais des efforts à faire pour mieux accepter ma condition et redevenir ou en tout cas me rapprocher de l'ancien Samuel mais ce Samuel là aussi avait cette façon de gérer ses doutes seul. Oui, je me battais seul avec mes doutes, avec mes douleurs et j'avais été comme ça depuis mon retour de la guerre : je ne croyais pas être capable de changer. Cependant, en cet instant, j'étais aveugle : je ne m'en rendais pas compte que tout ce que je croyais était faux. Je ne me rendais pas compte qu'il me suffisait d'accepter de l'aide une fois pour comprendre que j'en avais besoin et que je pouvais vivre en ayant accepté cette aide. Si seulement j'avais pu prendre ce chemin, si seulement j'avais pu passer ce cap, la compréhension aurait été rude mais le résultat n'en aurait été que positif : je n'en étais cependant pas là. J'étais enfermé dans cette spirale infernale qui me rendait persuadé que je n'avais pas besoin d'aide comme Liam l'entendait. Si mon esprit était resté focalisé là-dessus, j'aurais peut-être compris tout cela, j'aurais peut-être franchi le cap, mais quand Liam dévia en m'annonçant que je n'étais pas son âme sœur, que je n'étais pas fait pour lui, je sentis mon visage se décomposer sous le choc : je m'étais attendu à tout sauf à ces mots là. Des mots durs, affreux et particulièrement difficiles à entendre tant ils me criaient que tout était définitivement terminé entre moi et Liam. C'était une réalité qui m'était intolérable : une vie sans Liam ne serait pas une vie. J'avais vécu justement pour le rencontrer mais pas pour le perdre... Ce n'était cependant pas uniquement ma décision : nous étions deux et s'il ne voulait pas continuer...

Eh bien, je ne pourrais pas le forcer. Je ne pourrais rien y faire.

Plus cette vérité s'imposait à moi, plus je sentais un étrange froid m'envahir : était-ce dû uniquement au fait que je venais de perdre l'homme de ma vie ou était-ce dû au fait que j'étais resté des heures sous la pluie sans bouger ? Les deux peut-être... En tout cas, je sentis mes dents commencer à claquer de plus en plus fortement alors que mes doigts serraient l'alliance à m'en faire mal. Les mot qu'il prononça ensuite ne furent pas autant douloureux, ils furent simplement les mots qui terminèrent de m'achever : pas de mariage, pas d'adoption et pas de vie avec moi même s'il m'aimait puisque ce n'était pas suffisant. Puisqu'il le disait, c'était sans doute vrai. Je n'étais pas suffisant. Tout était donc terminé. J'abaissai mon visage et détournai mon regard qui alla finalement se perdre dans le vide. J'eus alors l'impression de me séparer de mon corps : il n'y avait plus rien à présent en dehors du néant qu'allait laisser la future absence de Liam à mes côtés. Je tremblais de plus en plus mais je ne le sentais même plus tant j'étais déconnecté. Quand la voix de Liam s'éleva de nouveau pour m'annoncer que nous devrions rentrer puisque je devais être gelé je ne relevai même pas : il pouvait me faire rentrer, il pouvait me laisser là, ça n'avait aucune importance. En fait, sans lui, plus rien n'avait d'importance. Je pouvais bien crever de froid que ça m'était égal. Il était cependant trop bon (ou trop cruel puisque la mort semblait bien douce comparée à une vie sans lui) et je vis sa silhouette bouger et quand je me mis à bouger, je compris qu'il était en train de me pousser : chose qu'il n'avait en fait jamais fait jusqu'à présent puisque j'avais toujours tenu à me déplacer seul même à ma sortie de l'infirmerie. D'ordinaire, je ne me serais pas laissé faire mais j'étais tellement complètement vidé que je ne dis rien, le laissant faire. Quand nous rentrâmes à l'intérieur de la maison, je ne me rendis même pas compte que Giulio n'était plus dans le salon. Liam nous conduisit directement à la salle de bain et quand il alluma la lumière, je clignai des yeux : tant de clarté reconnecta subitement mon esprit à mon corps. J'ouvris ma main et me mis à fixer l'alliance : je ne parvenais pas à croire que nous allions en rester là et pourtant... Je fermai les yeux et soupirai : après tout, c'était peut-être mieux que comme ça. J'avais beau l'aimer de tout mon cœur et il avait beau m'aimer de tout son cœur, il avait peut-être raison... Peut-être que ce n'était pas suffisant et plutôt que de se détruire pour le restant de notre vie, peut-être valait-il mieux arrêter les frais : nous avions déjà fait assez de dégâts pour toute une vie. Il n'était pas heureux avec moi, c'était ça la réalité et plutôt que d'être égoïste, mieux valait que je le laisse partir et être un jour heureux avec un autre car il méritait d'être heureux. Il méritait effectivement d'être avec un homme bien, un homme sans cicatrices. En comprenant cela, je soupirai avant de rouvrir les yeux et de poser son alliance à côté de l'évier : la lâcher me fut difficile mais je finis par y parvenir. Je me sentis encore plus seul quand l'alliance fut posée. Le dernier vestige de notre lien venait de m'être retiré. J'entrepris ensuite de me déshabiller et quand cela fut fait, je me retournai, prêt à aller m'installer sur ma chaise mais je me figeai en fronçant les sourcils quand je vis que Liam l'avait déplacée à l'intérieur de la douche. D'ailleurs pourquoi était-il toujours là ? Je pouvais me débrouiller seul... Enfin, là, en l'occurrence, je ne pouvais pas me débrouiller seul : il avait mis ma chaise d'une telle façon qu'en dehors d'être porté jusqu'à la douche, je n'allais pas pouvoir me laver.

Oh... Alors c'était ça son plan ? Me porter ? N'avait-il pas compris que c'était hors de question ? Après tout, il me l'avait assez reproché pour savoir que je n'allais pas le laisser faire. Si j'avais été assez éteint pour accepter qu'il pousse mon fauteuil sans broncher, j'étais à présent assez éveillé pour refuser qu'il me porte jusque dans la douche : quand allait-il comprendre que je n'avais pas besoin de lui pour ce genre de choses ?! Quand allait-il comprendre comprendre que je ne voulais pas de lui pour ce genre de choses ?! Jamais apparemment car il s'approcha de moi. Aussitôt, je sentis mon estomac se retourner jusqu'à en avoir la nausée : non, il n'allait pas faire ça ! Il n'allait pas... Et pourtant, si. Il passa ses bras autour de moi et à l'instant où il me toucha, mes mains se refermèrent sur les roues de ma chaise roulante et je m'y accrochai comme quelqu'un sur le point de se noyer s'accroche à une bouée de sauvetage. A force de m'être poussé tout seul pendant des semaines, j'avais à présent assez de force dans les bras pour être capable de l'empêcher de me soulever même d'un tout petit millimètre et croyez-moi, ce fut bien toute ma force qui passa dans cet unique geste de préservation de moi-même et du peu de dignité qu'il me restait. Quand il insista, mes doigts serrèrent les roues avec tellement de force que je sentis mes phalanges craquer : mes doigts pouvaient bien se casser que je ne lâcherais pas ! J'espérais bien qu'il allait abandonner, me laisser comme il allait me laisser de toute façon après. Oui, il allait me laisser alors il pouvait bien me laisser, qu'est-ce que ça pouvait lui faire ? Pourquoi m'aider maintenant alors qu'après, de toutes les façons, j'allais devoir définitivement me débrouiller tout seul ? Il ne quitta cependant pas la pièce. Il garda ses bras accrochés autour de moi avant de me dire que j'avais demandé pardon mais que je refusais toujours son aide. Certes, il marquait un point mais ça ne changeait rien du tout. C'était ce que je croyais mais j'avais tort. Au moment où sa voix pleine de colère brisa le silence, je tournai surpris mon visage vers lui et quand je croisai son regard, j'écarquillai les yeux tant j'étais étonné de le voir si... Si... Furieux. Il était littéralement furieux. Qu'est-ce qui clochait chez moi ? Excellente question sur laquelle il était temps que je me penche. Qu'est-ce qui clochait ? Tellement de choses, trop de choses.

« J’en ai assez de toi ! Je ne supporte plus ton orgueil, je ne supporte plus ta fierté, je ne te supporte plus, toi ! Tu comprends ça ? Je ne te supporte plus ! »

Et un deuxième point marqué pour lui : il était effectivement question d'orgueil et de fierté mal placée même si dans ma tête j'étais persuadé qu'il était juste question de force de caractère.

« Alors maintenant tu vas arrêter tes conneries et me laisser t’aider à aller dans cette putain de douche ! MERDE ! »

Quand il hurla le dernier mot je sursautai. La dernière fois qu'il avait été grossier c'était quand il avait été saoul. Là, il était sobre, même plus que sobre et pourtant... Il était tellement en colère qu'il en avait été jusqu'à devenir vulgaire ce qui me choqua. Débile me direz-vous mais quand vous êtes habitué à de la douceur, à de la tendresse, à de la délicatesse et que tout à coup, tout cela se transforme en colère et en vulgarité, ça fait tout drôle. Tout à coup, j'eus l'impression d'être un enfant en train de faire un caprice, ni plus ni moins, et doucement, je baissai la tête, honteux, avant de relâcher ma prise autour de ma chaise roulante. J'entrepris ensuite de passer mes bras autour du cou de Liam non pas dans un geste tendre mais bien dans un geste pratique, pour l'aider à me soulever. Je voulais me faire le plus petit possible et cela commençait par lui rendre la tache plus facile tout en me taisant. Je sentais bien son regard fixé sur moi mais je n'osais même pas le regarder. Il se passa quelques instants, durant lesquels il se demanda sans doute s'il ne rêvait pas puisque pour la première fois depuis que je m'étais retrouvé en fauteuil roulant, j'acceptais son aide. Puis, au bout d'un moment, il me souleva de toutes ses forces et pendant un moment, mon cœur battit plus vite tant j'eus peur qu'il tombe à la renverse sous mon poids. Il était cependant plein de ressources : était-ce la colère qui lui donnait tant de force ? Allez savoir mais en tout cas, après m'avoir traîné tant bien que mal, il finit par m'installer sur la chaise. Quand il glissa ses mains sous mes cuisses pour placer mes jambes correctement de façon à ce que je sois en position assise, je le laissai faire en silence également : pour le coup, c'était le jour et la nuit. Je me refusais cependant toujours à le regarder non pas parce que j'avais honte qu'il m'aide mais parce que j'avais honte de mon comportement. J'entendis le bruit du robinet et bientôt, je sentis l'eau couler sur moi. Je vis la silhouette de Liam se déplacer de façon à venir se poser derrière moi et bientôt, je sentis le gant de toilette me frotter le dos. L'eau chaude me faisait du bien, me détendais et c'était ce dont j'avais besoin : me détendre pour mieux laisser mon esprit atteindre cette fameuse compréhension qui était nécessaire et vitale. Quand elle arriva enfin, mes yeux se remplirent une nouvelle fois de larmes et je me mis à pleurer en silence.

C'était tellement facile... Tellement facile de le laisser m'aider... C'était tellement agréable de pouvoir être assis là en le laissant me savonner sans avoir peur de faire un faux mouvement et de tomber, sans devoir forcer sur mes bras pour atteindre la pomme de douche, sans devoir forcer du tout en fait. Ne plus forcer... Ne plus se forcer... Comment avais-je pu passer à côté ? Comment avais-je pu être aveugle à ce point ? Comment avais-je pu me borner à prétendre ne pas avoir besoin d'aide alors qu'en fait, je n'avais besoin que de ça ? Je n'avais besoin que de lui... En fait, le comment était facile à comprendre : j'avais toujours eu l'habitude d'agir comme ça, voilà tout. Pourquoi les choses auraient-elles été différentes parce que j'étais avec lui ? J'avais été incapable de le comprendre alors qu'en fait, toute la différence était là : j'avais dû faire face seul par le passé mais je n'étais plus seul. Je formai un tout avec lui alors il était normal de tout partager et c'était cela qu'il avait voulu dire en m'expliquant qu'il avait l'impression que ça n'irait jamais. Il ne me reprochait pas mes blessures, il me reprochait de ne pas le laisser m'aider à les soigner, voilà tout. Je finis par plaquer mes mains contre mon visage, incapable de retenir mes sanglots. Je sentis ses mouvements s'arrêter et, malgré mes larmes, je devais absolument trouver le moyen de lui parler, de lui expliquer mes larmes sans quoi, il allait penser que je pleurais parce que j'avais honte qu'il s'occupe de moi alors qu'en fait, je pleurais parce que j'étais heureux et soulagé qu'il s'occupe de moi. Heureux et soulagé de ne plus faire face seul.

« Merci... » finis-je par bredouiller.

Il ne reprit pas ma toilette mais ne me contourna pas non plus pour venir me regarder. Alors, je décidai d'en profiter : ce serait plus facile si je lui disais tout ça sans affronter son regard glacial car j'avais peur que ce regard ne me fasse trop mal pour poursuivre.

« J'avais tout faux... Si seulement j'avais accepté plus tôt... »

Parce qu'en une seconde, en ayant accepté son aide, j'avais tout compris : enfin.

« Je suis désolé que tu aies eu l'impression que je n'avais pas besoin de toi... La vérité c'était que j'étais persuadé de ne pas avoir besoin de toi parce que j'avais été habitué à me débrouiller seul mais j'avais tort. J'avais tort pour tout... Je n'étais plus seul, tu étais là alors, puisque tu étais prêt à m'aider, à partager ma douleur, j'aurais dû accepter... C'est si facile, là, maintenant... Tout paraît plus facile quand je suis là, avec toi... Je ne me sens pas diminué ou inutile je me sens juste... Aimé. »

Et c'était de ça dont il était question : d'amour et de rien d'autre, et moi, comme un con, j'étais passé à côté.

« Je sais que c'est trop tard mais... Merci. Merci pour tout. »

Oui, merci pour tout et pas uniquement pour cette toilette qu'il était en train de me donner. Il m'avait donné tellement plus... Il m'avait donné son corps, son cœur et son âme et c'était pour cela que je le remerciais. J'avais fait un beau gâchis mais cela ne devait pas m'empêcher de lui être reconnaissant même si tout était terminé. Après cela je ne dis plus rien, m'attendant à ce qu'il reprenne ma toilette mais ne le sentant pas bouger, je fronçai les sourcils.

« Liam ? »

Sa main qui était restée posée sur mon dos trempé me sembla se mettre à trembler. J'hésitai un instant puis, comprenant qu'il tremblait réellement, je pivotai légèrement et tournai mon visage et mon regard vers lui.

« Liam, qu'est-ce que ?... »

Je m'arrêtai, écarquillant les yeux d'horreur en voyant qu'il était en larmes. Mes larmes à moi redoublèrent d'intensité en le voyant pleurer : j'avais causé tout cela mais je ne pleurais pas par culpabilité. Je pleurais parce que j'avais encore plus mal de le voir mal lui aussi. Je pris appui sur les bords de la chaise et, comme j'avais eu l'habitude jusque là, j'usai de la force de mes bras pour me faire pivoter sur la chaise, la main de Liam restant suspendue en l'air : il avait l'air en état de choc. Une fois face à lui, je tentai d'attraper sa main pour la serrer dans la mienne, craignant une réaction de rejet, mais il ne me repoussa pas, sans doute trop choqué ou alors, parce qu'il était décidé à accepter ce petit geste venant de moi. Je ne pouvais que l'espérer, pas le savoir. Il ne s'approcha cependant pas non plus de moi. Non, il laissa sa main dans la mienne, sans autre main tenant la pomme de douche le long de son corps : il semblait ne plus pouvoir s'arrêter de pleurer et il était hors de question que je tente quoi que ce soit pour le faire s'arrêter de pleurer. Je me souvenais avoir ressenti ce besoin de pleurer quand j'avais dû lui annoncer mon état et il m'avait laissé pleurer alors, si en cet instant, il avait besoin de pleurer toutes les larmes de son corps, j'allais être là pour lui comme il avait été là pour moi. J'allais lui tenir la main jusqu'à ce qu'il arrête de pleurer et même après ça s'il le souhaitait.

« Je suis désolé... » finis-je par murmurer tout bas.

Je savais que ça ne serait pas suffisant, toutes les excuses du monde ne seraient pas suffisantes et ça, je l'avais compris à présent. Ce n'était pas pour ça que je n'allais pas continuer à m'excuser. Même si je devais ne jamais le resserrer dans mes bras, même si je devais ne jamais l'embrasser à nouveau, même si nos chemins devaient se séparer.
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MessageSujet: Re: Where do we go from here ? [PV Liam]   Where do we go from here ? [PV Liam] Icon_minitimeJeu 6 Juin - 15:23

Cet homme je ne le reconnaissais définitivement pas. Le pire, c’est que j’avais pleinement conscience d’être entrain de littéralement péter les plombs sans pouvoir m’en empêcher : J’avais besoin de lui hurler dessus tout simplement parce que j’étais à bout. A bout de patience, à bout de nerfs. Cela ne me ressemblait absolument pas mais en même temps, j’avais passé des semaines entières à faire preuve d’indulgence et comme tout le monde, j’avais mes limites. Certes beaucoup plus larges que la normale, mais tout de même présentes. Ceci dit, cette attitude me déplaisait au plus au point et ce bien que je ne puisse rien y changer. J’aurais voulu continuer à faire preuve de patience, d’indulgence, à parler avec douceur à Samuel mais j’en étais tout simplement incapable. Lui hurler dessus représentait une des dernières choses que j’aurais souhaité faire pour l’aider à aller mieux, seulement voilà : Il ne voulait pas de mon aide. Il ne voulait pas de mon aide et pourtant il en avait terriblement besoin, pourquoi ne le voyait-il pas ? Pourquoi s’excuser et se déclarer prêt à changer d’attitude s’il ne l’était pas ? J’en avais clairement assez. Assez de ces revirements de situations, de ces excuses sans valeur. Après tout, il s’était déjà déclaré prêt à changer les choses suite à la visite d’Isaiah et pourtant, rien n’avait changé. Ce soir, il s’excusait et me suppliait de le pardonner pour qu’encore une fois rien ne change. Etais-je donc un idiot à ses yeux ? Pensait-il qu’il pouvait me berner avec des mensonges ? Non, et si il y avait bien une chose dont j’avais horreur c’était le mensonge. Alors effectivement, j’étais hors de moi et même si cela me déplaisait profondément, je n’allais pas m’effondrer et lui demander de me pardonner pour avoir hurlé : J’avais hurlé car il agissait comme un enfant pourri gâté, si quelqu’un devait s’excuser ce ne serait certainement pas moi. 

Il ne s’agissait pas de fierté mal placée de ma part, simplement de fermeté, une fermeté que je n’avais jusque là jamais eu avec Samuel. J’avais toujours tout laissé passer, toujours tout pardonné, toujours tout justifié, et à présent je me rendais compte que cela avait été une erreur. Il avait besoin de moi, quoi qu’il pense. Alors, que cela lui plaise ou non, j’allais l’aider à entrer dans la douche et à se laver. Je m’apprêtais d’ailleurs à repartir à l’attaque et réessayer de le soulever de force lorsque, à ma plus grande surprise, je le vis baisser lentement la tête et passer ses bras autour de mon cou. Qu’est ce que cela signifiait ? Qu’il acceptait que je l’aide ? Pour le coup, je dois bien avouer que je restai quelques instants muet, immobile, incapable de dire ou faire quoi que ce soit tant j’étais surpris. Je pensais qu’il allait se rebeller encore un moment, s’accrocher à sa chaise durant des heures, bref que j’allais devoir faire preuve de persévérance pour pouvoir enfin le déposer dans la douche mais non. Non, il acceptait, comme ça, aussi facilement. Cela semblait tellement simple que ça en devenait louche et je fronçai les sourcils, cherchant sur son visage un quelconque signe qui pourrait m’éclairer. Cependant, il s’obstinait à fuir mon regard, chose tout aussi inhabituelle que son comportement. En général Samuel assumait toujours ce qu’il faisait ou disait, qu’il évite mon regard me paraissait donc très étrange. Néanmoins, je finis au bout de quelques secondes par repasser mes bras autour de lui et entreprendre de le soulever, ne sachant toujours pas d’où venait cette subite coopération mais bien décidé à en profiter. 

Je serrai légèrement les dents en le soulevant, puisant dans mes ressources afin de pouvoir soutenir son poids. Pas qu’il était énorme, loin de là, mais sans doute plus lourd que moi. Cependant, et bien que ce fut une crainte qui me passa par l’esprit, je parvins à le déposer dans la douche sans le faire tomber. J’avais besoin de lui montrer que j’étais en mesure de l’aider et ce fut sans doute cela qui me donna suffisamment de forces pour le porter sans encombre jusqu’à sa chaise. Toujours est-il qu’après l’avoir déposé délicatement dans la douche, je glissai mes mains sous ses cuisses afin de remettre ses jambes parfaitement pliées en position assise, chose qui ne le fit pas non plus bondir bien que je savais qu’il devait détester cela. Oui, il devait détester absolument tout de ce que j’étais entrain de faire, en témoignait son attitude on ne peut plus fermée et son silence, mais j’étais décidé à ne pas lâcher prise. Cette fois, je n’allais pas lâcher. Il pouvait bien me maudire intérieurement et penser qu’il avait bien fait de se débarrasser de moi, je ne comptais pas abandonner. Parce que je l’aimais, tout simplement. Parce que je l’aimais à en mourir et que je ne voulais que son bien, hors son bien était en cet instant de prendre une bonne douche bien chaude. Etait-il donc incapable de le voir ? Pourquoi devrions-nous toujours avoir ce rapport de force ? Je ne comprenais décidemment pas ce qu’il pouvait se passer dans sa tête, ni pourquoi il s’obstinait à éviter mon regard de cette façon. De quoi avait-il honte ? J’étais son mari bon sang ! Enfin, du moins je l’aurais été si il ne s’était pas entêté à me repousser… J’eus un très léger soupir avant d’ouvrir les robinets et tester la température de l’eau sur ma main avant de diriger le jet vers lui lorsque ce fut assez chaud. Puis, je me glissai derrière lui tout en déposant un peu de savon sur un gant de toilette et me mit à lui frotter le dos. Doucement, simplement pour qu’il se détente, qu’il se sente bien, qu’il se sente protégé et aimé. 

Malheureusement, mes soins ne semblaient pas fonctionner le moins du monde. Encore une fois, toute ma douceur n’eut que pour effet de le blesser alors que je souhaitais tout le contraire. Je baissai les yeux en cessant ma toilette lorsque je le vis plaquer ses mains contre son visage et se mettre à pleurer quelques minutes à peine après avoir commencé à le laver. Lui faisais-je donc tant de mal ? Etais-je à ce point un monstre ? Tout ce que j’avais pu ressentir au cours des dernières semaines me revint brutalement en pleine figure. Je ne comprenais pas… Je ne comprenais décidemment pas ce que je faisais de si mal.  Je voulais seulement prendre soin de lui, tout comme je l’avais voulu dès le départ, et malgré tout mon amour cela ne lui faisait que du mal. Pourquoi ? Pourquoi, bon sang ?! Ce que je lui avais dit alors que nous étions dehors ne m’en paraissait que plus vrai : Nous ne devions pas être faits pour être ensemble. Si tel avait été le cas, il aurait compris dès le début qu’au lieu de vouloir le mettre mal à l’aise,  je voulais seulement qu’il aille mieux. Qu’au lieu de le faire se sentir honteux, je voulais simplement qu’il se sente en confiance avec moi. Sauf que ce n’était absolument pas le cas. Il sanglotait comme un enfant alors qu’il avait très vite séché ses larmes lorsque je lui avais dit que je ne voulais plus me marier avec lui. Cela devait donc lui convenir… Ne plus m’avoir sur le dos devait parfaitement lui convenir. Ce rejet me rappela tout les autres et je fus tout simplement incapable de poursuivre ma toilette. A quoi bon ? Mon désir n’était décidemment pas de le faire souffrir, alors… Alors tant pis. J’allais céder encore une fois puisque c’était de toute évidence ce qu’il voulait. 

Je fronçai soudainement les sourcils, ne sachant si je pouvais croire mes oreilles ou non. Etait-il vraiment entrain de me remercier ? Me remercier ? Le mot « merci » n’avait pourtant plus semblé faire partie de son vocabulaire depuis un long moment. Et pourtant, je n’avais pas rêvé : Il venait bel et bien de bredouiller un merci à travers ses sanglots.  J’en fus tellement choqué que je demeurai sans bouger, ma main toujours contre son dos, comme figé dans l’attente de ce qui allait se passer. Il continua d’une voix faible, déclarant qu’il avait eu tout faux et qu’il aurait dû accepter mon aide plus tôt. Pour le coup, j’eus l’impression d’’être transformé en statue de pierre tant j’étais figé. Je n’y comprenais rien. Je n’y comprenais absolument rien et pourtant, une impression de chaleur commença tout doucement à se propager en moi. Cette chaleur que je n’avais plus ressentie depuis près d’une semaine, depuis ce dernier rejet qui avait achevé toute trace d’espoir en moi. Car cette chaleur, j’en étais certain, était bel et bien l’espoir. L’espoir qu’il ait enfin compris. L’espoir qu’il soit enfin capable de m’accepter à ses côtés. Et cette chaleur se fit d’autant plus présente par la suite : Les mots qu’il prononçait étaient les mots que j’avais rêvé d’entendre depuis des semaines. Oui, j’avais rêvé de l’entendre me dire qu’il aurait dû accepter mon aide depuis le début, que tout était plus facile avec moi, et surtout qu’il ne se sentait pas diminué mais seulement aimé. Aimé. Il avait finalement réussi à ressentir tout cet amour que j’avais pour lui et cela suffit à réchauffer mon cœur froid depuis qu’il n’avait plus aucun espoir. Comment exprimer ce que je pouvais ressentir en cet instant ? C’était comme un rêve qui se réaliserait. Un profond soulagement se répandit dans mon corps, si bien que je sentis mes épaules se relâcher et mon visage se décontracter. C’était terminé. C’était enfin terminé. Les rejets, la colère, le silence, c’était terminé. Et cela me fit tellement de bien que, sans que je ne puisse rien y faire, je sentis les larmes me monter aux yeux. 

Pour la première fois depuis un long moment, je ressentais enfin le besoin de pleurer. Non pas de peine, mais uniquement pour relâcher toute la tension qui s’était accumulée dans mon corps, au point de m’en faire tomber en dépression et hurler de colère. Cette colère avait besoin de s’évacuer, mon corps avait besoin de se relâcher et mes pleurs venaient de là et uniquement de là. Je sentais que nous étions arrivés au bout d’un long tunnel au cours duquel nous nous étions perdus mutuellement et finalement, nous allions pouvoir nous retrouver. Nous allions pouvoir retrouver la vie que nous menions auparavant puisque Samuel était enfin prêt à me donner une place auprès de lui, à me donner cette chance de pouvoir être à ses côtés et l’aimer comme je rêvais de le faire. Mes larmes furent silencieuses tandis qu’il me remerciait encore. Cependant, il se trompait en disant que cela venait trop tard : Il n’était pas trop tard. Il ne serait jamais trop tard entre nous. J’avais attendu des semaines, plus de deux mois, j’avais attendu sans relâche et finalement, cela arrivait enfin. Finalement, après avoir cessé d’y croire, cela arrivait bel et bien. Comment aurais-je pu penser qu’il était trop tard ? J’avais presque prié le ciel pour que cela arrive un jour, à présent que c’était le cas je n’allais pas me détourner de lui. Au contraire, car plus mes larmes coulaient et plus je sentais cet espoir, cet apaisement et ce bonheur m’envahir. Oui, j’étais heureux qu’il ait enfin accepté mon aide. J’étais heureux que tout soit enfin fini. 

J’aurais sans doute arrêter de pleurer silencieusement dans le dos de Samuel et le prendre dans mes bras, le serrer contre moi et lui dire que je l’aimais, que j’étais heureux, mais j’en étais tout simplement incapable. Pour le moment, j’étais bien trop choqué que ce moment tant attendu soit enfin arrivé pour pouvoir esquisser le moindre geste. De même, je ressentais un besoin si puissant de pleurer, de me vider complètement de tout ce que nous avions pu vivre de négatif ces dernières semaines que je ne me sentais pas en mesure de trouver les bons mots pour parler à Sam. J’avais besoin de quelques minutes pour relâcher toute la tension accumulée. Cependant, Samuel ne devait pas comprendre mon silence, encore moins lorsque je ne lui répondis pas alors qu’il m’appelait. Ma main toujours posée dans son dos n’avait pas repris ses mouvements et cela devait lui paraître étrange, si étrange qu’il fini par se tourner vers moi. Je fus cependant incapable de relever les yeux vers lui, ma main restant suspendue dans les airs alors que les larmes coulaient de plus en plus sur mes joues. Cela ne m’était jamais arrivé de ma vie. Jamais je n’avais atteint ce seuil psychologique et le retour nécessitait que je me laisse aller. Auparavant, je me réfugiais seulement dans l’alcool, mais cela m’avait paru trop facile ce soir. Non, ce soir j’avais refusé l’alcool et j’avais fait face à ma douleur. Seulement voilà, lorsqu’on laisse la souffrance et la colère prendre à ce point le pas sur son être, on a besoin d’un certain temps pour pouvoir les extérioriser et s’en débarrasser. Un certain temps que Samuel sembla me donner, puisqu’il n’eut aucun geste pour m’empêcher de pleurer. Le seul geste qu’il fit fut de prendre ma main dans la sienne, ce qui eut pour effet de redoubler mes sanglots. 

Il venait de me prendre la main. Me prendre la main à moi, alors qu’il m’avait repoussé, vexé, puis finalement ignoré pendant si longtemps. Et pendant tout ce temps, j’avais seulement voulu qu’il me prenne la main tout comme il venait de le faire. Il n’aurait pas eu besoin de prononcer le moindre mot, seulement me montrer qu’il était là. Qu’il était là… Je finis par me laisser complètement aller et me mis à genoux dans la douche, pleurant toutes les larmes de mon corps alors que Samuel s’excusait. Mais pourquoi s’excuser ? Il venait de réaliser mes vœux les plus chers. Il venait de redonner vie à mon cœur brisé de ses rejets passés. Non, il n’avait plus besoin de s’excuser pour quoi que ce soit et d’ailleurs, je ne ressentais plus aucune rancune à son égard. Je ne ressentais plus aucune colère, plus aucun dégoût de lui. Seulement cet amour si fort qui reprenait lentement ses droits sur mon être. Cela dura un long moment avant que je sois capable de me reprendre et sécher mes larmes. Je ne m’arrêtai de pleurer que lorsque je sentis que je m’étais purgé de toute cette souffrance et alors, je me sentis comme horriblement fatigué et vide. Oui, j’étais fatigué d’avoir autant pleuré et finis par pousser un long soupir alors que je glissai une main tremblante sur mes joues pour en essuyer les dernières larmes. A présent, il fallait que je me reprenne et que je parle avec Samuel. Je posai alors ma main sur sa cuisse, cherchant mes mots, mais fut stoppé net dans mon élan lorsque je sentis sa peau glacée contre la mienne. Seigneur… Je ne savais pas combien de temps j’avais pleuré, mais il devait être gelé, complètement nu sous la douche, mouillé, me tenant simplement la main sans rien dire. Aussitôt, je me redressai et reportai le jet d’eau chaude sur lui. 

« Sam, pourquoi tu ne m’as pas dit que tu avais froid ? »

Décidemment, entre ça et le fait qu’il était resté sous la pluie tout à l’heure, il aurait de la chance s’il ne se réveillait pas avec un bon rhume demain. Je soupirai de nouveau avant de poser le gant de toilette sur le bras de sa chaise et me relever lentement. Ce n’était pas le bon moment pour parler. 

« Tu peux terminer seul ? Je suis juste à côté si tu as besoin de moi. »

Ma voix avait été douce et ce fut également avec douceur que je laissai glisser ma main sur sa joue tout en quittant la douche, une maigre caresse qui ne devait pas lui apporter énormément de réponses mais qui personnellement me fit du bien. Puis, une fois la porte de la douche refermée, je m’appliquai à rapidement ranger la salle de main et nettoyer son fauteuil roulant qui était couvert de boue. Il allait en mettre partout si on ne passait pas un bon coup d’éponge dessus et, à moins de vouloir avoir des problèmes avec Amarilli qui s’occupait du ménage, mieux valait éviter. Lorsque j’entendis finalement l’eau cesser de couler, je pris une large serviette éponge et rouvrit la porte de la cabine, prêt à en recouvrir Samuel lorsque je le vis forcer sur son bras pour reposer la pomme de douche à sa place, place bien trop haute pour lui. Sans hésiter un seul instant je lui pris doucement la pomme des mains et la reposai, mon geste me paraissant naturel. Tout comme il me parut extrêmement naturel d’envelopper Samuel dans la serviette éponge et le prendre dans mes bras, cherchant à le réchauffer, frottant doucement son dos avec ma main afin qu’il ne s’enrhume pas plus. Comment les choses avaient-elles pu changer à ce point ? Comment pouvais-je voir tout ceci comme parfaitement normal alors qu’auparavant j’avais quasiment interdiction de le toucher ? 

« Tu as assez chaud ?  » murmurai-je à son oreille, le tenant toujours tout contre moi et frottant toujours son dos de ma main. « Je vais te reprendre dans mes bras pour te reposer sur la chaise roulante, d’accord ?  »

Sur quoi je m’écartai un peu et passai mes bras autour de lui, prêt à le soulever comme quelques minutes plus tôt. Encore une fois, il m’aida en passant ses bras autour de mon cou et je dû faire très attention à ne pas glisser dans la douche, mais y parvins. Finalement, je le posai dans sa chaise roulante et hésitai quelques instants avant de déclarer à voix basse :

« Tu devrais aller te mettre au lit… J’arrive.»

Je le laissai sortir de la salle de bain et eus un profond soupir. J’allais devoir lui parler et pourtant, je n’avais toujours pas trouvé les bons mots. Mon regard se posa alors sur mon alliance restée sur le bord de l’évier et, sans hésiter, je la repris et la remis à mon doigt. Il était à présent hors de question que je cesse de la porter, tout comme il était hors de question que je cesse d’être près de Samuel alors qu’il venait de m’offrir le plus beaux des cadeaux, qu’il venait de me redonner ma place dans sa vie. Malheureusement, je n’étais toujours pas prêt à lui dire. Comment pouvais-je être aussi peu doué avec les mots ? J’eus de nouveau un léger soupir avant de quitter la salle de bain. Cependant, je ne me dirigeais pas vers notre chambre mais vers la cuisine, cherchant à la fois à m’accorder un peu plus de temps et songeant toujours au fait que Samuel allait prendre froid. Que voulez vous, c’était plus fort que moi : Je ne supportais tout simplement pas l’idée qu’il aille mal, qu’il soit malade ou triste. Alors, une fois dans la cuisine, je m’appliquai à lui préparer un thé, un vrai thé tel que seuls les anglais savaient le faire et, bien que j’aie pu le voir faire cela des milliers de fois depuis que nous habitions ensemble, j’hésitai un peu avant de me lancer. Son préféré était celui au citron avec une larme de lait et si je savais cela, c’était bel et bien parce qu’il était l’homme de ma vie, mon âme sœur et que nous étions faits pour être ensemble. C’était obligé, les choses n’auraient pas pu fonctionner autrement. Une fois le thé terminé, je me dirigeai rapidement vers notre chambre, présumant que Samuel s'inquiétait de mon absence et ne voulant pas le faire attendre ou douter plus longtemps. À présent je me sentais plus détendu, plus serein quant à la discussion qui se profilait. J'avais pris le temps nécessaire afin d'avoir les idées claires. 

Lorsque j'entrai dans la chambre, ma tasse de thé à la main, Samuel était allongé dans le lit et semblait m'attendre. Aussitôt, je lui adressai un léger sourire avant de m'approcher et m'asseoir au bord du lit, posant la tasse de thé sur sa table de chevet. 

« Je t'ai préparé un thé comme tu les aimes, ça te réchauffera... Ce serait bête d'être malade pour l'arrivée d'Ambre... »

Un sourire plein de douceur se dessina sur mes lèvres et, lentement, je glissai ma main sur celle de Samuel, la serrant doucement. Mes yeux se posèrent dans le vague et je pris une profonde inspiration. 

« Je suis désolé d'avoir hurlé tout à l'heure. Ça ne se reproduira plus. Jamais. Je déteste être comme ça avec toi. »

J'eus un léger soupir avant de continuer. 

« Mais après la semaine passée, j'ai vraiment perdu tout mon sang froid. J'étais en colère contre toi, je ne comprenais pas pourquoi tu me faisais à ce point souffrir, pourquoi tu me rejetais sans cesse... Je ne savais plus quoi faire. Et voir que tu m'ignorais complément alors que j'étais désespéré, que j'avais besoin de toi, a achevé de faire grandir en moi cette colère et cette rancune. J'en suis désolé. J'étais incapable de faire encore preuve de patience... »

Je soupirai de nouveau avant de relever les yeux vers lui. Mon regard fut tendre tandis que les doigts se resserraient autour des siens. 

«Mais maintenant je ne t'en veux plus. Je t'aime trop pour t'en vouloir ou pour te refuser mon pardon. Tu ne te rends sans doute pas compte du bien que ça m'a fait lorsque tu m'as laissé t'aider pour prendre ta douche. Tu m'as redonné une place à tes côtés, tu m'as accepté près de toi. Et c'est tout ce que je voulais. Je ne souhaite pas te rendre dépendant de moi où t'étouffer, mais seulement que tu me laisses passer du temps près de toi, que tu me laisses prendre soin de toi et t'aimer. C'est tout. C'est tout ce que je voulais. »

Je marquai une pause, ne sachant plus quoi dire. En réalité, il y aurait eu des centaines de choses à dire mais je n'avais pas envie de me perdre dans un discours interminable, je n'avais pas envie de passer une heure à monologuer. Après avoir autant pleuré je me sentais réellement fatigué et souhaitais seulement, à présent que les choses étaient claires, me reposer à ses côtés. Il avait sans doute compris qu'à présent je ne doutais plus de notre avenir ensemble et je ne voulais même plus revenir sur ce sujet : y penser me donnait déjà des frissons. Alors, plutôt que de laisser le silence s'installer, je pris la tasse de thé et la lui tendit, espérant que cela allait le réchauffer et lui permettre de passer une nuit agréable. Je le couvai alors du regard tandis qu'il buvait une première gorgée, mais sentis bien vite mes joues rougir et laissai échapper un léger rire lorsque je vis son expression. À peine avait-il bu une gorgée qu'il avait grimacé, puis accroché un sourire poli à ses lèvres en avalant difficilement. J'imaginais que j'avais dû trop chauffé l'eau, ou laisser le sachet de thé trop longtemps, si bien qu'il devait être infect et pourtant Sam avait fait l'effort de sourire et avaler, faisant comme si de rien n'était. Quelques semaines auparavant, il se serait contenté d'une critique et aurais sans doute recraché sa gorgée dans la tasse sans même l'avaler, ne faisant pas le moindre effort pour ménager ma sensibilité et encore, c'était en présumant qu'il aurait bu le thé. Alors oui, cette attitude me faisait sourire même si au fond j'étais légèrement gêné de ne pas l'avoir bien préparé. Cependant, la gêne s'évanouit très rapidement lorsque je vis Sam porter la tasse à sa bouche pour une deuxième gorgée forcée et la lui prit des mains avant de la poser sur la table de chevet, le même sourire accroché aux lèvres. 

« Pas la peine de te forcer... À présent on sait que je n'aurais pas pu être anglais, voilà tout. »

Je lui souris de nouveau et, sentant de plus en plus la fatigue me gagner,  eus un regard pour mon oreiller. Mon sourire s'effaça alors doucement et je demandai, d'une voix à la fois douce et légèrement gênée : 

« Est-ce que tu préfères que je me couche au bord du lit de mon côté, ou je peux me serrer contre toi et t'embrasser... sur la joue?  »

Sur la joue car, malgré mon envie quasi irrésistible de me glisser dans ses bras et embrasser ses lèvres, je savais que tout n'allait pas changer du jour au lendemain entre nous. Il semblait avoir réussi à accepter mon aide mais cela ne signifiait pas que nous allions aussitôt retrouver notre intimité et notre complicité. Il allait avoir besoin de temps, de patience de ma part et je n'allais pas le brusquer. Ou en tout cas, je n'allais plus le brusquer car bien que cela ait fonctionné, Je ne comptais pas reproduire l'expérience. De nouveau, j'étais prêt à faire preuve de patience et d'indulgence avec Sam. Peut-être répétais-je mes erreurs passées mais que voulez vous ? Le Liam que j'étais agissait comme cela. 
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Samuel Brimstone
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MessageSujet: Re: Where do we go from here ? [PV Liam]   Where do we go from here ? [PV Liam] Icon_minitimeVen 7 Juin - 18:27

Ses larmes me parurent durer une éternité... Une éternité de souffrance et de torture tant j'avais mal de le voir souffrir de cette façon et le pire de tout, c'était que j'étais l'unique responsable de cette souffrance. Je méritais mille châtiments pour l'avoir mis dans un état pareil, je méritais mille morts pour lui avoir fait si mal qu'il ne pouvait plus s'arrêter de pleurer. Alors, en cet instant, même si je ne savais pas quelle place j'aurais dans sa vie, même si j'ignorais quel allait être notre avenir (nous en avions seulement un ensemble), je me jurai de ne plus jamais, jamais lui faire de mal. Je me jurai de ne plus jamais être responsable de ses larmes. Jamais... Et si ça devait se reproduire, si je devais être une nouvelle fois l'instigateur de tant de souffrances pour Liam, il faudrait me tuer, il faudrait en finir car il méritait tout sauf d'être malheureux. Il ne méritait que tendresse, douceur et bonheur. J'espérais profondément et sincèrement être capable de lui apporter cela une bonne fois pour toutes. Et alors que je venais de me faire solennellement cette promesse, Liam porta enfin sa main à ses joues pour essuyer ses larmes. Je fus réellement soulagé de le voir s'arrêter de pleurer tant j'avais cru qu'il pleurerait pour toujours, que ses souffrances ne se termineraient jamais. Il soupira et tout à coup, il me parut tellement fatigué que j'eus envie de me lever pour le prendre dans mes bras, chose que je fus malheureusement incapable de faire alors, à la place, je me contentai de le regarder avec tendresse, avec amour, avec... Tout l'amour dont j'étais capable. Je parvins même à esquisser un sourire. C'est là qu'il glissa sa main sur ma cuisse et mon sourire s'élargit, frissonnant à ce contact perdu. Et dire que ça avait été moi le responsable de la perte de ce contact... Quand son expression changea du tout au tout, mon sourire disparut, ne comprenant pas ce qui pouvait le tracasser ainsi sans prévenir. Et c'est là qu'il se redressa avant de reporter le jet d'eau chaude sur moi et quand il fit cela, je me raidis, le contact de l'eau chaude semblant me brûler la peau. « Sam, pourquoi tu ne m'as pas dit que tu avais froid ? » Oh... C'était pour ça qu'il avait fait cette tête et surtout, c'était pour ça que l'eau m'avait semblé brûlante au lieu d'être chaude : j'étais gelé oui. Maintenant qu'il le disait je m'en rendais compte. Pourquoi n'avais-je rien dit ? Tout simplement parce que je ne m'étais pas aperçu que j'avais froid tant j'avais été focalisé sur Liam et sur ses larmes qui ne s'arrêtaient plus. Il posa finalement le gant de toilette avant de me demander si je pouvais terminer de me laver seul et cette question fit naître un large sourire sur mes lèvres. J'étais réellement touché qu'il me pose cette question, qu'il me propose de me débrouiller seul et je hochai la tête. Oui, je pouvais terminer seul puisqu'il m'avait aidé à commencer. Il glissa brièvement sa main sur ma joue dans une tendre caresse avant de quitter la douche.

J'avais perdu tant de temps que c'en était désespérant... Si seulement j'avais compris plus tôt, tout aurait été plus simple, Liam n'aurait pas eu à souffrir de la sorte et j'aurais pu être heureux bien avant... Nous aurions pu être heureux bien avant... Je pris le gant de toilette et entrepris de bien me décrasser, gardant un franc sourire accroché à mes lèvres tant je me sentais bien. Il était là, juste à côté, et tout était à présent si clair, évident et précis de là où j'étais, de là où mon cœur battait. Tout était limpide et cette clarté était merveilleusement apaisante. Je terminai de me laver et finis par éteindre l'eau qui avait déjà trop coulé. Je me redressai autant que possible pour accrocher la pomme de douche et me contractai pour essayer de la reposer mais c'était hors d'atteinte pour moi. Je soupirai, pas fâché mais juste déçu de ne pas y arriver, quand je vis la main de Liam se refermer sur la pomme de douche. Je retirai ma main et le laissai remettre la pomme de douche lui-même, sans protester ni même faire la tête : je ne pouvais pas alors il le faisait, lui. C'était normal, non ? Oui, ça l'était, et le comprendre enfin n'était pas dommage. Liam s'approcha finalement de moi avant de m'envelopper dans une serviette et je soupirai d'aise quand je sentis ses mains frotter mon dos : il était tellement prévenant, tellement attentionné... J'étais bien dans bras, j'aurais pu rester là toute la nuit. « Tu as assez chaud ?  » Je murmurai un vague oui, presque inaudible. Si j'avais chaud ? Oh oui... « Je vais te reprendre dans mes bras pour te reposer sur la chaise roulante, d’accord ?  » Je fronçai les sourcils, surpris qu'il me prévienne de ce qu'il était sur le point de faire mais surtout, encore une fois, touché par cette petite attention, cette petite phrase qui me permettait de me sentir aimé mais non pas assisté. Ces petits mots qui me faisaient bien voir qu'il désirait m'aider sans s'imposer. Alors, quand il repassa ses bras autour de moi, je réitérai mes gestes d'un peu plus tôt et passai mes bras autour de son cou de façon à l'aider à me remettre sur ma chaise. « Tu devrais aller te mettre au lit… J’arrive.» Je l'observai quelques instants avant d'acquiescer et de sortir de la salle de bain et de me diriger vers notre chambre. Je le vis prendre le chemin du salon mais ne dis rien, le laissant faire : peut-être avait-il besoin de se retrouver un peu seul.

Peut-être voulait-il se préparer le canapé pour y dormir...

A cette idée, même si elle était parfaitement stupide puisqu'il n'avait rien laissé paraître pour me faire croire qu'il allait agir de la sorte, je sentis un horrible frisson me parcourir l'échine. Cela ne m'empêcha pas d'aller chercher un caleçon et un autre pantalon de pyjama avant d'aller jusqu'à notre lit, de m'y installer, de m'allonger et de me rhabiller. Etant réchauffé, je décidai de rester torse nu ce qui n'était peut-être pas une bonne idée vu que j'étais resté pas mal de temps gelé mais je n'avais pas envie de me couvrir. Je pris appui sur mes bras pour me redresser et m'asseoir et c'est là que je sentis mes jambes pour, je le réalisai, la seconde fois de la nuit. Je restai figé un instant avant de me pencher et de glisser mes mains sur mes cuisses pour les frotter : ce n'était pas franc mais il y avait bien quelque chose. Il avait une sorte de décharge, des picotements et mon cœur se mit à battre très vite en comprenant ce que cela signifiait : tout n'était pas perdu. L'explication, je ne l'avais pas, mais ce qui était sûr, c'était que je ne rêvais pas : je m'étais tenu debout et là, je sentais mes jambes et même si ce n'était qu'un peu, c'était déjà tant... Je n'y comprenais rien puisque Mathilda avait été sûre d'elle mais comprendre n'avait pas d'importance. On se fichait du pourquoi ou du comment, ce qui comptait, c'était que c'était réel. Cependant, réel ou pas, je n'en parlerais pas à Liam, pas maintenant en tout cas. Mes jambes n'étaient qu'un détail et ça, je l'avais compris. Alors, on verrait plus tard. J'étais plus serein puisque j'avais enfin compris tout ce qu'il y avait comprendre, et j'allais être encore plus serein en sachant qu'il y avait un infime espoir pour que je remarche un jour mais ça, je le garderais pour moi. Je me redressai donc pour m'adosser contre la tête de lit, et, en attendant Liam (et j'espérais qu'il viendrait se coucher avec moi et non pas qu'il viendrait me dire bonne nuit avant d'aller sur le canapé), je me mis à fixer mes doigts de pieds comme si, en les fixant, j'allais arriver à les faire bouger. Quand j'entendis la porte de la chambre s'ouvrir, je cessai mon petit jeu et portai mon attention sur Liam qui venait d'entrer avec une tasse de thé dans les mains. J'esquissai un large sourire, encore une fois touché par cette délicate attention : un thé bien chaud pour me réchauffer. C'était... Juste adorable en fait. Tout comme son sourire d'ailleurs. Il s'approcha de moi et posa la tasse sur la table de chevet avant de s'asseoir à côté de moi au bord du lit. « Je t'ai préparé un thé comme tu les aimes, ça te réchauffera... Ce serait bête d'être malade pour l'arrivée d'Ambre... » Je lui rendis son sourire.

« Oui, ce serait bête... » murmurai-je tout bas plus pour moi-même que pour lui. Là, comme ça, il avait reparlé d'Ambre comme s'il ne s'était rien passé, comme si nous ne nous étions pas disputés. Alors, ça voulait dire que c'était possible... Cela voulait dire que l'on pouvait reprendre de zéro et à cette pensée, j'eus envie de pleurer de joie mais me retins cependant : il y avait eu assez de larmes comme ça, même si celles-ci auraient été des larmes de joie. Liam glissa ses mains sur la mienne et quand je vis son alliance à son doigt, l'alliance qu'il avait retirée, l'alliance que j'avais faillie perdre, l'alliance que j'avais posée sur l'évier de la salle de bain et qu'il avait à première vue récupérée, je sentis mon cœur se gonfler de joie : si ça, ce n'était pas une preuve supplémentaire que tout pouvait reprendre comme avant... Après un petit moment, la voix de Liam perça le silence et quand il s'excusa pour avoir crié, je perdis mon sourire et relevai un regard choqué vers lui. Il s'excusait ? En quel honneur ? Il n'avait pas à s'excuser ! C'était le monde à l'envers là ! Il avait eu raison de hurler ! Oui, la semaine passée avait été horrible alors, ses cris et tout ce qui était allé avec avaient été plus que légitimes. Je secouai négativement la tête quand il s'excusa une seconde fois : il fallait qu'il arrête de faire ça. Il n'avait strictement rien fait de mal. Il finit par reposer son regard vers moi, un regard tendre, ce même regard qui me faisait fondre de bonheur à chaque fois qu'il se posait sur moi. Il resserra ses doigts autour des miens et je fis de même, plongeant un regard tendre et amoureux dans le sien. Je fus soulagé de l'entendre me dire qu'il ne m'en voulait plus car même si moi je m'en voudrais pour longtemps, il était bon de savoir qu'il ne me tenait pas rigueur de ce qu'il s'était passé. Cela allait nous permettre d'aller de l'avant. Quand il m'avoua finalement le bien que ça lui avait fait de me voir accepter son aide, je baissai doucement la tête, encore honteux d'avoir mis autant de temps à comprendre. Je savais qu'il voulait juste être à mes côtés, je savais qu'il ne voulait pas faire de moi un homme dépendant de lui, je le savais et en fait, je l'avais toujours su : j'avais seulement refusé de le voir.

Lorsque Liam esquissa un geste pour se saisir de la tasse de thé, je sortis de mes pensées et relevai mon regard vers lui avant de prendre la tasse et de la porter à mes lèvres. Je soufflai légèrement dessus avant d'avaler une première gorgée et à cet instant, je me stoppai, ne pouvant empêcher une grimace de déformer mon visage. Il avait voulu bien faire et il connaissait mes goûts, là, pour le coup, son thé au citron... Eh bien, c'était plutôt du citron au thé. C'était horriblement amer et la légère pointe de lait ne suffisait pas à apaiser la présence excessive du citron. Cependant, il l'avait préparé avec tant d'amour que je me refusais à reposer la tasse sans continuer à boire : ça aurait été nul de ma part. Alors, malgré la grimace, j'esquissai un sourire avant de reporter la tasse à mes lèvres pour prendre une deuxième gorgée. Liam se précipita alors vers moi pour récupérer la tasse avant de la reposer sur la table, son tendre sourire toujours accroché à ses lèvres. Pendant un instant je me perdis dans la contemplation de ce sourire : depuis quand n'avait-il plus souri de cette façon ? Cela faisait tellement longtemps... « Pas la peine de te forcer... À présent on sait que je n'aurais pas pu être anglais, voilà tout. » Je laissai échapper un petit rire. Qu'il ne sache pas préparer le thé n'avait aucune importance : le fait qu'il l'ait préparé, ça, c'était important. Finalement, son sourire s'effaça doucement en même temps que le mien du coup. Quelque chose le tracassait et j'espérais bien qu'il allait me dire de quoi il s'agissait. Il ne tarda pas à m'expliquer : « Est-ce que tu préfères que je me couche au bord du lit de mon côté, ou je peux me serrer contre toi et t'embrasser... sur la joue? » J'écarquillai les yeux qui soudainement se remplirent de larmes incontrôlables et ma bouche s'ouvrit sous la surprise. Seigneur... J'avais donc été à ce point abominable pour qu'il en vienne à me poser une question pareille ? L'homme que j'aimais, l'homme de ma vie, le père de mes enfants venait de me demander s'il devait dormir à l'autre bout du lit et il venait de me demander la permission de m'embrasser sur la joue... Ce fut une claque supplémentaire qui me fit réaliser, une fois encore, que j'avais été beaucoup trop loin. Il avait tellement peur de mes réactions à présent... Je devais changer ça, je me devais de le guérir de cette peur, de ces doutes... Il n'avait pas à avoir peur. Il n'avait pas à douter.

Je l'aimais et je le voulais.

Alors, sans attendre une seconde de plus, je me penchai vers lui, assez pour que ma main vienne se plaquer contre sa nuque avant de le faire venir à moi d'un coup sec tant j'étais avide de l'embrasser, de lui prouver qu'il n'avait plus rien à craindre. Quand mes lèvres s'écrasèrent sur les siennes, mon baiser fut à la fois urgent et passionné. Je sentis sa surprise au départ et il y avait de quoi être surpris tant c'était soudain et sauvage aussi mais finalement, je le sentis es détendre et il finit par passer ses bras autour de mon cou même si ses geste furent hésitants. Je plaquai mes mains contre ses joues avant de détacher mes lèvres des siennes, mon souffle étant tout à coup saccadé et mon cœur s'étant mis à battre plus vite que les ailes d'un papillon. Je posai mon front contre le sien, savourant la sensation de sentir son souffle contre ma bouche. Puis, je trouvai finalement les mots.

« Plus jamais... Ne me demande plus jamais si tu peux m'embrasser ou dormir à côté de moi ou me prendre dans tes bras... »

Je déposai un baiser sur ses lèvres.

« Tu peux m'embrasser... »

Un baiser sur sa joue.

« Tu peux me prendre dans tes bras... »

Un baiser sur son autre joue.

« Tu peux m'aimer... Il ne faut plus en douter Liam... Plus jamais... »

Je reposai mon front contre le sien avant de soupirer, mon regard plongé dans le sien, mes mains toujours posées contre ses joues.

« Je t'aime. Je t'aimerai toujours. »

J'esquissai un sourire avant de me reculer légèrement.

« Viens là. »

Je le lâchai et pris appui sur mes bras pour me décaler sur le lit de façon à ce qu'il ait la place de s'installer. Il se déshabilla et passa son bas de pyjama avant de se glisser dans les draps et de venir se blottir tout contre moi. Ses bras m'entourèrent en même temps que je refermai l'étau des miens autour de lui. Il glissa sa tête dans le creux de mon cou et j'embrassai son front avant de caresser délicatement ses cheveux. Un silence s'installa mais pas un silence pesant : un doux silence qui nous permit de savourer cet instant de douceur et de bonheur. C'était comme s'il ne s'était rien passé, comme si je n'avais pas eu d'accident, comme si nous ne nous étions jamais perdus. Doucement, mes doigts vinrent glisser sur son épaule puis le long de son bras dans de tendres caresses. J'aurais cru qu'en étant ainsi, au calme, mon cœur se calmerait un peu mais en fait, maintenant que nous étions définitivement au calme, je pouvais le sentir tambouriner comme un fou contre mes côtes et je savais pourquoi : c'était d'avoir Liam contre moi de cette façon qui rendait mon cœur fou... C'était le serrer contre moi, sentir son parfum, sentir sa peau contre la mienne... J'avais été également aveugle par rapport à tout ça. J'avais refusé qu'il me touche, j'avais refusé de le toucher alors qu'en fait, maintenant je le comprenais, j'en crevais d'envie. Je crevais d'envie de lui, de l'aimer comme il méritait d'être aimé... Je crevais d'envie de me rapprocher encore plus, toujours plus... Mes doigts continuaient leurs tendres caresses sur son bras et quand je sentis ses doigts glisser délicatement dans mon dos je frissonnai et pas de froid cette fois-ci. Oui, je le voulais mais...

« Mon amour... »

Je fermai les yeux et soupirai, ayant peur de remettre sur le tapis des choses dont il ne voulait plus entendre parler mais en même temps, il voulait que je lui fasse confiance. Il voulait que je me confie à lui alors, je devais lui dire mes doutes et mes peurs non ? Il n'y avait que de cette façon que ça pourrait fonctionner.

« Je n'ai pas voulu que nous recommencions à être proches de cette façon parce que j'avais peur... En fait, j'ai toujours peur de la façon dont... Tu comprends je... Je ne sais pas comment... »

Ah oui, bon, il comprenait sans doute oui qu'à ce jour, j'ignorais encore comment nous pourrions avoir une intimité digne de ce nom alors que j'étais incapable de bouger les jambes. J'eus un nouveau soupir.

« Je suis désolé. Je ne veux rien gâcher... Au contraire je veux... Toi. Je te veux toi. » dis-je finalement alors qu'il venait de relever son regard surpris vers moi. Je lui adressai un regard désolé parfaitement sincère. J'étais anxieux voilà tout et comme c'était nouveau de me confier comme ça, j'étais du coup encore plus anxieux.

Mon pauvre Sam... Tu es irrécupérable.
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Liam Marsden
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MessageSujet: Re: Where do we go from here ? [PV Liam]   Where do we go from here ? [PV Liam] Icon_minitimeMer 3 Juil - 22:44

Tout à coup, un frisson me parcourra l'échine : Qu'avais-je bien pu dire de mal pour que ses yeux se remplissent aussitôt de larmes ? Quelle erreur avais-je encore bien pu commettre pour provoquer cela ? Pourtant, je n'avais absolument pas voulu le brusquer en lui proposant de dormir chacun de notre côté, bien au contraire je souhaitais justement lui laisser le choix sans le mettre au pied du mur de quelque façon que ce soit. J'espérais de cette manière lui montrer que j'étais prêt à aller à son rythme, sans lui imposer quoi que ce soit. Il avait déjà réussi à me redonner une place à ses côtés, à accepter mon aide, et j'estimais que cela représentait un progrès suffisant pour le moment. Le reste, nous verrions plus tard. Alors, effectivement, j'avais pensé bien faire en lui laissant le choix mais de toute évidence, ce n'était absolument pas le cas. Je l'observai alors sans rien dire, complètement perdu face à son expression que je ne parvenais pas réellement à déchiffrer. Lui avais-je fais de la peine ? Mais comment ? Je ne comprenais décidément pas ce qui était entrain de se passer et malheureusement, la suite ne m'aida pas davantage. 

Je le vis se redresser et, subitement, plaquer sa main derrière ma nuque pour me ramener assez brutalement à lui. Alors, ses lèvres s'écrasèrent sur les miennes sans que je ne puisse rien y faire. Cependant, je n'étais pas certain d'avoir envie d'y faire quoi que ce soit... Et de toute évidence, mon corps le comprit plus vite que moi puisque aussitôt, je me détendis et passai mes bras autour du cou de Samuel, profitant de ce baiser inattendu et délicieux. Depuis combien de temps ne m'avait-il plus embrassé de cette manière ? Depuis combien de temps ne me montrait-il plus de cette manière sa passion, son amour pour moi ? Trop longtemps. Beaucoup trop longtemps même. Sentir ses lèvres sur les miennes m'avait tellement manqué... Certes, je ne comprenais pas très bien d'où ce baiser venait, ce qui avait bien pu passer par la tête de Sam pour qu'il décide subitement de m'embrasser ainsi, mais pour le coup je m'en fichais pas mal. J'étais seulement avide de ses lèvres, avide de ce contact que nous avions perdu depuis des semaines et qui me manquait horriblement. Cependant, je sentis bien vite ses mains se poser sur mes joues et finalement éloigner mon visage du sien, mettant un terme à ce baiser si merveilleux et si passionné. Il posa son front contre le mien tandis que je déglutissais, ne parvenant pas à reprendre ma respiration et gérant du mieux que je le pouvais la frustration de ne pouvoir prolonger ce baiser. C'est vrai, je ne devais pas trop en demander, mais que voulez-vous ? J'étais fou amoureux de Samuel et ce genre d'échange, nous n'en avions plus eu depuis des semaines alors qu'auparavant nous étions un couple particulièrement proche et démonstratif. C'était donc justifié d'en vouloir un peu plus, seulement je ne prononçai pas le moindre mot, décidé à aller à son rythme et respecter la manière dont il désirait que les choses se passent. Malheureusement, une fois la frustration et le bonheur passé, je retrouvai mon incompréhension initiale : Pourquoi avoir semblé si choqué et pourquoi m'avoir embrassé de la sorte immédiatement après ? C'était à ne rien y comprendre, mais les réponses ne tardèrent de toute façon pas. 

Je frissonnai de nouveau avant de baisser les yeux lorsqu'il m'ordonna de ne plus jamais lui demander la permission de dormir près de lui ou de l'embrasser, ne sachant vraiment comment réagir. Certes, je n'avais pas ressentis la moindre trace de colère dans ses propos, mais je me sentais tout de même légèrement mal à l'aise, comme ayant l'impression d'avoir commis une nouvelle erreur alors qu'encore une fois j'avais seulement souhaité lui rendre les choses plus faciles. Cependant, ma gêne s'envola bien vite lorsque je sentis de nouveau ses lèvres se poser sur les miennes, puis sur chacune de mes joues alors qu'il me disait des mots d'une tendresse telle que je m'en sentais fondre. Oui, je fondais littéralement sous cet élan de douceur qui différait énormément de la manière dont il m'avait traité ces derniers temps. D'ailleurs, c'était sans doute pour cela que j'étais si réceptif à chacune de ses caresses : elles s'étaient faites si rares depuis son accident que je ne pouvais que les savourer et me laisser complètement submerger par l'amour qu'il m'offrait à présent. Cependant, tout au fond de moi, je ne pouvais m'empêcher d'éprouver un certain scepticisme : Pouvais-je réellement l'aimer, l'embrasser et le prendre dans mes bras comme il l'affirmait ? Pourtant, à chaque fois que je le faisais depuis son accident je le sentais se raidir, se crisper puis me repousser. Il n'avait plus supporté plus que quelques baisers furtifs et je peinais à croire qu'à partir de ce soir tout allait s'arranger. Néanmoins, je ne protestai pas, me contentant de hocher doucement la tête alors qu'il m'affirmait que j'avais le droit de l'aimer et ne devais plus en douter. Après tout, peut-être que le blocage avait fini par disparaître aussi facilement qu'il ne s'était créé en lui ? Je ne pouvais malheureusement que le présumer et me laisser guider par Samuel. J'allais accepter l'amour qu'il m'offrait sans me poser plus de questions, savourant le moment présent sans le gâcher avec des interrogations sans valeur. Aussi, j'esquissai un sourire plein de douceur lorsqu'il reposa son front contre le mien avant de me dire qu'il m'aimait et qu'il m'aimerait toujours. J'avais l'impression d'entendre le Samuel qui n'avait pas perdu ses jambes, celui qui avait accepté de m'épouser, qui m'avait proposé d'adopter cinq voire six enfants... Cet homme doux, passionné et romantique qui avait été mon futur mari et que j'avais cru avoir perdu à jamais. Mais il était toujours là. Qu'importe son accident, il était toujours bel et bien là et le retrouver représentait le plus merveilleux des cadeaux que l'on n'aurait jamais pu m'offrir. 

Un nouveau sourire empreint de tendresse se dessina sur les lèvres lorsque je le vis se décaler légèrement afin de me faire une place dans le lit. J'avais presque l'impression de rêver tant son attitude était douce et tendre et, gardant ce même sourire aux lèvres, je me relevai avant de me déshabiller et passer un bas de pyjama propre. Je ne voulais pas perdre la moindre seconde de ces moments de tendresse et très vite me glissai sous les draps, glissant immédiatement mes bras autour de Sam. Je dois bien l'avouer, malgré tout le bonheur que je pouvais ressentir, je fus tout de même surpris de sentir ses bras se refermer autour de moi et me serrer contre lui. J'avais tout simplement perdu l'habitude... Je soupirai puis glissai mon visage au creux de son cou, respirant son parfum, profitant de toutes ces sensations dont je n'avais pu que rêver, faute de pouvoir serrer Sam contre moi jusque là. C'est fou comme j'étais bien... Je me sentais merveilleusement bien, et ce bien malgré le fait que quelques heures auparavant, nous nous étions violemment disputé, avions failli rompre et vécu des moments extrêmement douloureux. Dans ses bras, je parvenais à absolument tout oublier. Et encore une fois, j'étais capable de tout lui pardonner, tirant un trait sur tout le mal qu'il avait pu me faire au cours de ces dernières semaines sans en garder la moindre rancune. Je n'étais de toute manière pas rancunier et, même si la blessure ne se refermerait pas de si tôt, je ne voulais plus penser à toutes ces choses douloureuses et terrifiantes. Nous avions franchis un pas immense ce soir en acceptant de mettre nos cœurs à nu et dire tout ce que nous avions à dire. À présent, nous pouvions réellement aller de l'avant. Nous pouvions réellement travailler ensemble à ce que les choses se passent mieux. 

C'était pour ainsi dire le jour et la nuit. On aurait presque pu croire qu'aucun événement n'était venu perturber nos vies, que rien n'avait changé depuis le soir où je l'avais demandé en mariage. J'étais dans les bras de mon futur époux et il me serrait contre lui comme autrefois, chacun se détendant progressivement. Ma respiration était lente et apaisée alors que je sentais Samuel caresser doucement mes cheveux et finis même par fermer les yeux et laisser échapper un léger soupir. Pas un soupir d'agacement, simplement le genre de soupir que l'on lâche lorsque l'on rentre enfin à la maison après un long et difficile voyage. C'était exactement ce que je ressentais : Il était mon foyer. Je me blottis encore davantage contre lui lorsque je sentis ses doigts glisser sur mon épaule puis le long de mon bras en de tendres caresses qui avaient le goût délicieux des retrouvailles. À mon tour, je glissai ma main dans son dos et le caressai doucement, un geste que j'avais souvent eu autrefois. J'adorais le caresser lentement, délicatement, puis sentir au fil des minutes son corps se détendre avant qu'il ne s'endorme profondément dans mes bras. Oui, j'avais toujours adoré cela et je pensais que cette soirée allait se terminer de cette manière lorsque, à ma plus grande surprise, je l'entendis m'appeler « mon amour...» et soupirer. Déjà, le fait qu'il m'appelle de cette manière m'étonnait puisque, encore une fois, ça faisait un bon moment que je n'avais pas entendu ce genre de mots dans sa bouche. Ensuite, je ne comprenais pas pourquoi il avait soupiré et paraissait soudainement légèrement mal à l'aise. Je relevai alors mon regard vers le sien, espérant y trouver des réponses, mais constatai qu'il avait fermé les yeux et semblait réfléchir, comme à m'avouer quelque chose. Pour le coup, j'ignorais totalement ce qui pouvait lui passer par la tête et fus (encore) extrêmement surpris par ce qu'il m'expliqua ensuite. 

Surpris n'était d'ailleurs peut-être pas le mot le plus adéquat. J'étais... Complément abasourdis. J'avais vraiment du mal à en croire mes oreilles et le dévisageai sans doute avec un air stupide pendant de longues secondes. Parlait-il vraiment de ce à quoi je pensais ? En même temps, être proche « de cette manière là » ne pouvait pas signifier des millions de choses. Samuel était tout bonnement entrain de m'expliquer qu'il avait peur d'avoir des relations sexuelles avec moi car il ignorait comment cela pouvait se passer avec ses jambes et moi, comme un idiot, je ne parvins pas a répondre le moindre mot. J'étais tellement choqué de l'entendre dire cela que mon cerveau ne semblait tout simplement plus fonctionner. Déjà, j'ignorais comment cette idée avait pu lui passer par la tête puisque, dans mon esprit, nous étions très loin d'avoir de nouveau ce genre de câlins. D'ailleurs, lui même m'avait demandé de ne pas brusquer les choses de ce côté là suite à l'entretien avec Isaiah, alors qu'il tentait de se rapprocher de moi et des jumeaux. Et bien sûr j'avais accepté immédiatement, pensant que le moment viendrait, lorsqu'il se sentirait prêt, à l'aise avec son corps. Ce moment était-il donc déjà venu ? Je ne parvenais tout simplement pas à y croire tant cela m'avait paru loin. Mais visiblement, nous avions parcouru bien plus de chemin ce soir que ce que je n'imaginais et ça, j'en pris pleinement conscience lorsque je l'entendis me dire qu'il me voulait, moi. Qu'il me désirait, moi. Mon regard du trahir une nouvelle surprise car malheureusement, suite à tout ce que nous venions de traverser, j'avais du mal à penser qu'il pouvait encore me désirer. Sa distance physique avait fini par me faire croire qu'il voyait quelqu'un d'autre et finalement, même si au fond je savais que cela était parfaitement faux, je me rendais compte que je ne m'étais pas encore tout à fait détaché de l'idée qu'il ne voulait plus vraiment de moi. Cependant, puisqu'il voulait me parler, puisqu'il m'ouvrait son cœur sur ce sujet si intime, je n'allais certainement pas lui répondre par mes propres doutes : Il avait de toute évidence bien trop à faire avec les siens. Alors, décidé à le rassurer, je secouai vivement la tête aussitôt que mon regard croisa le sien, un regard désolé qui n'avait pas lieu d'être. 

« Ne sois pas désolé. C'est normal d'avoir peur... Je comprends. Je comprends parfaitement... On ira à ton rythme, c'est toi qui décide...» 

Sur quoi je lui adressai un sourire rassurant et repris mes douces caresses dans son dos. Certes, je n'avais pas pensé que ce sujet serait abordé si tôt, mais puisqu'il l'était, alors j'allais simplement rassurer Samuel. J'allais simplement jouer mon rôle d'époux et tout faire pour qu'il se sente parfaitement à l'aise avec ceci puisque, à mon sens, il n'avait aucune raison de ne pas l'être. Je haussai alors légèrement les épaules avant de reprendre, ce même sourire accroché aux lèvres. 

« Ce sera un peu différent, mais différent ne signifie pas moins bien... Je ne vois pas comment ce pourrait être moins bien alors que je t'aime, que tu m'aimes, que nous sommes faits l'un pour l'autre et que tu es toujours aussi séduisant à mes yeux...»

Je cru percevoir une moue peu convaincue sur ses lèvres et me reculai alors légèrement, le regardant à la fois avec amour et une pointe d'amusement. Il ne se pensait sans doute plus attirant parce qu'il ne pouvait plus bouger les jambes, mais en quoi cela changeait-il quelque chose à tout ce que j'aimais d'autre chez lui ? Rien, rien du tout. Il n'y avait absolument aucune raison pour que je le désire moins qu'avant, bien au contraire : Je voulais me rapprocher de lui, je voulais retrouver cette complicité, cette passion... Alors, ma main quitta lentement son dos pour se poser sur sa joue et lentement, mes yeux l'observèrent attentivement avant qu'un nouveau sourire étire mes lèvres et que je murmure, mes doigts glissant doucement sur sa peau : 

« Tu as toujours ces mêmes yeux magnifiques qui me font fondre... Toujours la même bouche sensuelle... Toujours ce cou que j'adore embrasser... Toujours ces épaules larges, ces bras qui me serrent fort... Toujours ces mains qui savent comment me caresser...Toujours ce torse puissant... Toujours cette peau si douce...»

Je m'étais moi même perdu dans la contemplation de ce corps que je désirais plus que de raison et, sans réellement y réfléchir, mes doigts finirent par glisser lentement sur le devant de son bas de pyjama. Un sourire beaucoup plus coquin se dessina sur mes lèvres avant que je ne murmure plus bas :

« Et tu as toujours ça, aussi...»

Je pensais que cela allait peut-être le faire rire, du moins sourire, mais ce ne fut pas le cas. Il me dévisagea avec un regard d'une intensité qui me fit presque frissonner et aussitôt, mon propre sourire disparu totalement. Je le voulais. Je le voulais maintenant, et étant donné la manière dont il me regardait, je savais que lui aussi. Nous nous étions tellement éloignés l'un de l'autre que nous avions fini par presque oublier à quel point nous nous désirions. Seulement voilà : Je venais de le caresser, même si cela n'avait duré que quelques secondes, et de toute évidence la flamme venait de se rallumer. Le feu venait de se réveiller. Nous nous dévisageâmes quelques secondes avant que je ne glisse rapidement ma main sur sa nuque comme lui l'avait fait quelques minutes auparavant et l'attire brusquement à moi pour l'embrasser avec fougue. Mon corps tout entier se colla encore davantage au sien tandis que je l'embrassai en laissant parler toute ma passion, toute mon envie de lui. Nous n'avions pas fait l'amour depuis des semaines et, même si j'aurais pu attendre encore, je ne voulais à présent plus attendre. Je le voulais maintenant. Et étant donné la manière dont il répondait à mon baiser et me serrait contre lui... Mes doigts glissèrent dans ses cheveux que je tirai légèrement, soudainement très excité. Oui, je sentais déjà le désir se manifester de manière physique et sans doute que lui aussi puisque mon corps tout entier était collé à lui, mon intimité frottant légèrement contre la sienne à travers le tissu de nos pyjamas. C'était tout simplement plus fort que moi : Je l'embrassai un long moment de cette manière, nos langues dansant un tango endiablé, mon corps se mouvant de plus en plus contre le sien tant mon excitation montait. Cependant, je finis par reculer légèrement mon visage au bout de quelques minutes, à bout de souffle. Mon cœur battait à tout rompre dans ma poitrine et j'eus du mal à parler tant le désir m'envahissait mais le fis tout de même du mieux que je pu. 

« C'est toi qui décide. Si tu veux arrêter...»

Je n'eus cependant pas le temps de finir ma phrase puisque Samuel m'avait de nouveau attiré à lui et m'embrassait de nouveau avec fougue. Je me laissai complément faire, le serrant de nouveau contre moi, présumant que cela signifiait qu'il n'avait pas envie d'arrêter. Tout comme je n'avais pas envie d'arrêter, d'ailleurs... Bientôt, mes mains glissèrent lentement le long de son dos pour terminer sur ses fesses que je caressai, puis d'entreprendre de baisser son bas de pyjamas. Oh, c'était peut-être un peu rapide mais je n'en pouvais tout simplement plus : Je voulais sentir son corps totalement nu contre le mien. Voyant que j'avais un peu de mal, je sentis Samuel poser ses mains sur les miennes pour m'aider à le baisser puis l'envoyer valser quelque part au fond du lit. Alors, mes mains passèrent de ses fesses à son entre jambe et aussitôt, je sentis les lèvres de Samuel s'écarter légèrement des miennes pour laisser échapper un bref murmure. J'en profitai pour glisser les miennes dans son cou, l'embrassant avidement tandis que je le caressai par dessus son caleçon, le contact de son intimité me rendant de plus en plus dingue. Cela pouvait être étonnant, mais je me sentais totalement décomplexé. Nous avions souvent refait l'amour après notre première fois et à chaque fois j'avais pris un peu plus de plaisir et de confiance en moi. J'avais fini par admettre qu'il m'aimait tel que j'étais et par savoir comment le rendre dingue et lui apporter autant de plaisir que lui m'en apportait. Cependant, ce soir, j'avais envie de faire quelque chose que je ne lui avais encore jamais fait. J'avais envie de lui procurer encore plus de plaisir, un plaisir plus intense, plus fort... Alors, ma main passa doucement la barrière de son caleçon pour le caresser directement et non plus à travers le tissu tandis que mes lèvres retrouvaient brièvement les siennes. Puis, lentement, j'entrepris de me redresser et passer sur lui, sans pour autant cesser de l'embrasser ou de le caresser. Quelques secondes plus tard, je me tenais au dessus de lui et ma langue quitta la sienne pour glisser le long de son cou, puis sur son torse, puis sur son ventre alors que tout mon corps s'abaissait. Arrivé à son entre jambe, je laissai glisser ma langue sur toute la longueur de son intimité que je sentais à présent parfaitement à travers le tissu puis baissai rapidement ledit tissu pour laisser courir ma langue directement sur lui. La chose à ne pas faire. Aussitôt, je le sentis se raidir et glisser ses doigts sous mon menton, me forçant à le regard. Cependant, je n'avais pas besoin de lire dans son regard pour savoir ce qu'il pensait.

Il ne voulait pas que je fasse ça, ne l'avait jamais voulu. Il ne voulait pas que je lui fasse quelque chose qu'Hans m'avait forcé à faire, et si je le savais, c'était parce que nous en avions déjà parlé plusieurs fois. Jusque là je n'avais jamais insisté, me contentant de déposer quelques baisers rapides sur son membre avant de remonter mon visage vers le sien, respectant son choix et appréciant qu'il souhaite me préserver. Cependant, ce soir je ne comptais pas relever mon visage vers le sien. J'avais réellement envie de lui offrir ce cadeau, sans réfléchir, sans penser à quoi que ce soit de douloureux. Penser à ce que m'avait fait Hans était toujours douloureux mais ce ne pourrait jamais être pareil avec Samuel : Il allait tout faire pour ne pas me faire mal, j'en étais intimement persuadé. Aussi, je posai doucement ma main sur la sienne pour retirer ses doigts de mon menton et poser mes lèvres sur son intimité, l'embrassant doucement. Je le sentis se cambrer et pourtant l'entendis protester, me demander d'arrêter. Donc, il prenait du plaisir mais voulait quand même que j'arrête ? Mais pourquoi ? Si je le faisais, c'était bel et bien parce que cela me faisait plaisir, pas parce que je m'en sentais obligé... Pour toute réponse, je fis donc glisser ma langue sur toute la longueur de son sexe avant de relever le regard vers lui, constatant que malgré les sensations que cela pouvait lui apporter, il résistait toujours. Alors, sans réfléchir un seul instant, j'entrouvris les lèvres et commençai quelques va et viens, les regardant droit dans les yeux, lui disant sans doute  très clairement à quel point je pouvais en avoir envie. Si même après cela il voulait que j'arrête, alors j'allais le faire, mais sinon... Sinon je comptais bien lui procurer tout le plus de plaisir possible.
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MessageSujet: Re: Where do we go from here ? [PV Liam]   Where do we go from here ? [PV Liam] Icon_minitimeSam 6 Juil - 16:54

Il était très étrange et déconcertant d'avoir à la fois l'envie quasi incontrôlable de me lier de nouveau à Liam de la façon la plus merveilleuse qu'il puisse exister et la peur de ce que cette envie signifiait, la peur de ce qui nous attendait, la peur de l'inconnu. Mettez-vous à ma place : mon handicap était un sacré obstacle, en tout cas dans ma tête. J'avais du mal à imaginer la façon dont tout ça pourrait se passer et j'avais surtout beaucoup de mal avec mes jambes... Avec ces deux morceaux de chair inertes qui, à moi, me paraissaient terriblement repoussants. Cependant, tout ça, ça devait être dans ma tête, non ? Liam allait vite me rassurer... Ou pas. Il ne répondit rien du tout, me fixant d'un air complètement abasourdis si bien qu'au bout d'un moment, je finis par détourner le regard, regrettant tout à coup d'avoir ouvert la bouche et de m'être confié. Oh, je ne lui en voulais pas de sa réaction car j'avais amené le sujet de but en blanc, comme ça, sans prévenir, alors il y avait de quoi être surpris mais je ne m'étais quand même pas attendu à ce qu'il soit aussi... Choqué ? Oui, on peut dire ça, choqué. Apparemment, l'idée n'avait dû lui traverser l'esprit, il n'avait pas du tout pensé à tout ça. Alors, est-ce que ça voulait dire qu'il ne voulait pas et qu'il n'était pas prêt à se rapprocher autant de moi ? Après ce que je lui avais fait subir, c'était parfaitement compréhensible. J'étais trop pressé, voilà tout. On ne pouvait pas tout oublier et recoller en une soirée même si ça aurait été absolument fantastique et merveilleux. J'avais été fou de croire que nous pouvions aller si vite et finalement, même si cela m'avait fait peur, je sentais à présent une pointe de déception faire son apparition dans mon cœur. Je ne devais cependant pas le lui montrer, je devais être fort, être l'homme bon dont il avait besoin alors, je reportai mon attention sur lui et c'est à ce moment-là que je le vis secouer doucement la tête avant de plonger son regard dans le mien. A l'instant où ses deux prunelles se plantèrent dans les miennes, je sentis un vague de chaleur remonter le long de mon dos tant son regard était empreint d'amour et de douceur. Ces mots furent à la hauteur de son regard, des mots doux, tendres, rassurants : tout ce que j'avais besoin et envie d'entendre. Il comprenait mes peurs... Il comprenait. Il me comprenait. En entendant ces mots, je m'en voulus encore une fois d'avoir été trop stupide et de ne pas avoir essayé de lui faire confiance plus tôt : cela nous aurait évité bien des drames. Ce qui était fait ne pouvait de toute façon pas être défait alors il était inutile de penser à tout ça. Il fallait se concentrer sur le présent car c'était cela qui était important et que je devais apprendre à faire : vivre le moment présent sans plus jamais avoir peur de ce qui était à venir.

Et ce qui était à venir n'était qu'amour et bonheur. Le sourire de Liam réchauffa mon cœur avant qu'il ne se remette à caresser doucement mon dos. Malheureusement, il était insensé de croire que tous mes doutes allaient s'envoler, que tout allait prendre sa place dans mon esprit comme par magie : il y avait un long chemin à parcourir et quand Liam poursuivit en annonçant que ce serait différent mais pas moins bien, je sentis les traits de mon visage s'affaisser d'eux-mêmes. Pas moins bien ? J'avais vraiment du mal à le croire... Nous étions effectivement faits l'un pour l'autre mais dire que j'étais toujours autant séduisant à ses yeux... J'avais encore du mal avec mon image pour accepter de tels compliments : séduisant ? Alors que j'étais incapable de bouger le moindre orteil ? Alors que mes jambes avaient tant maigri de n'avoir plus été sollicitées ? Séduisant n'aurait vraiment pas été le mot que j'aurais employé. Liam ne me voyait pas cependant pas comme moi je me voyais : il me voyait à travers les yeux de l'amour et il était donc aveugle. Ou peut-être était-ce moi qui était aveugle et que lui me voyait comme j'étais vraiment. Cette seconde solution me paraissait trop invraisemblable pour que je daigne lui accorder ne serait-ce qu'un minimum d'intérêt. En voyant mon expression, Liam se recula et quand je crus percevoir une pointe d'amusement dans son regard, je fronçai les sourcils, ne comprenant pas d'où ce petit changement d'humeur pouvait venir. La réponse ne tarda pas à venir progressivement quand sa main quitta mon dos pour venir se poser sur sa joue. A ce contact, j'esquissai un sourire, tant j'adorais sentir sa peau contre la mienne, tant j'adorais cette complicité et cette proximité que même ce simple petit geste nous apportait. Ses doigts glissèrent doucement sur ma peau et mon sourire se fit plus large tandis que je savourais cette tendre caresse. C'est alors que vinrent des mots auxquels je n'étais pas préparé. « Tu as toujours ces mêmes yeux magnifiques qui me font fondre... » Je détournai légèrement le regard, touché mais ayant du mal à croire à de telles paroles. « Toujours la même bouche sensuelle... » Une bouche qui s'entrouvrit sous l'effet de la surprise au moment où je reportai mon regard lui. « Toujours ce cou que j'adore embrasser... » Mon estomac se noua mais il ne s'agissait pas là d'une sensation désagréable, bien au contraire : c'était le genre de nœud qui arrivait quand on était empreint d'amour et de désir. « Toujours ces épaules larges, ces épaules larges, ces bras qui me serrent fort... » Des bras qui crevaient d'envie de s'enrouler autour du corps de Liam, tel un serpent, pour ne plus jamais le laisser partir. « Toujours ces mains qui savent comment me caresser... » Des mains qui mouraient d'envie de lui prouver qu'il avait raison. « Toujours ce torse puissant... » Un torse qui commençait à se soulever avec plus d'ampleur sous l'effet de ma respiration qui commençait à s'accélérer. « Toujours cette peau si douce...» Une peau qui brûlait d'impatience d'être touchée et caressée par les mains de cet homme qui me regardait avec tant d'amour et de désir que ça aurait pu en être gênant si je ne l'avais pas aimé et désiré autant. Et ce petit sourire coquin me donna envie de fondre sur lui et de l'embrasser avec passion, si seulement j'avais pu bouger autrement.

« Et tu as toujours ça, aussi...»

Cette phrase, tout droit sortie de nulle part me surprit pendant un dixième de seconde avant que je ne me mette à le fixer avec intensité. Il avait raison : de ce côté là, tout semblait fonctionner pour le mieux et le fait qu'il le mentionne me ramena à mon envie de me lier de nouveau à lui, à mon désir de sentir ses lèvres contre les miennes, sa peau contre la mienne... Quand son sourire disparut, j'aurais pu paniquer si je n'avais pas vu cette lueur de désir qui brillait tout à coup dans ses yeux. Si moi, j'étais incapable de bouger comme je l'entendais, lui n'avait pas la même limite et en un instant, il fondit sur moi, plaqua sa main contre ma nuque et m'attira à lui pour m'embrasser avec fougue. Ce baiser termina de réveiller mon désir qui brûlait à présent dans chaque parcelle de mon corps et je passai mes bras autour de son cou pour le serrer contre moi, lui rendant son baiser avec une passion et une fougue non dissimulée, une fougue qui n'avait jamais été autant fiévreuse. Plus nos corps se mouvaient l'un contre l'autre alors que nos lèvres et nos langues semblaient tout simplement prises d'une véritables frénésie, plus j'avais envie de plus, de tellement plus que mes questions et doutes venaient de voler en éclats. Au bout de quelques instants, Liam finit par se reculer doucement et je plongeai mon regard dans le sien, savourant son souffle contre ma peau, mon souffle à moi étant tout autant saccadé que le sien : nous avions oublié qu'il était utile de respirer. Quelques mots franchirent les lèvres de Liam mais je ne lui laissai pas le temps de terminer sa phrase : arrêter ? Plutôt mourir que d'arrêter. Cette fois-ci, ce fut ma main qui se plaqua contre la nuque de Liam et je le ramenai avec force contre moi pour l'embrasser de nouveau avec toujours autant de passion et de fougue. Mon cœur battait comme un fou contre mes côtes. Alors que mes mains semblaient vouloir rester accrochées à sa nuque, les siennes descendirent le long de mon dos dans de tendres caresses et puis sur mes fesses. Pendant un instant, je fus surpris de pouvoir sentir une partie de ses caresses mais la surprise passée, une partie de mon cerveau se souvint que j'avais ressenti quelque chose dans mes jambes alors, il était normal que je parvienne à sentir certaines de ses caresses. Pourquoi c'était possible, ça, je n'avais pas la tête à y réfléchir. Non, j'avais la tête ailleurs... Bien ailleurs même... Je baissai le visage en voyant Liam se mouvoir et quand je m'aperçus qu'il était en train de baisser mon bas de pyjama, je me penchai et posai mes mains sur les siennes afin de l'aider autant que possible à retirer mon pantalon : il n'avait apparemment pas envie de prendre son temps et moi non plus, cela tombait très bien.

Nous avions été trop longtemps éloignés pour prendre notre temps en cet instant.

Une fois mon pantalon retiré, Liam ne perdit pas de temps et ses mains quittèrent mes fesses pour venir caresser mon caleçon et j'ouvris la bouche avant de laisser échapper un bref murmure. Je frissonnai quand il en glissa ses lèvres dans mon cou tout en continuant ses caresses. J'avais oublié à quel point c'était bon, fort et enivrant d'être caressé par Liam de cette façon, d'être embrassé par Liam de cette façon. Je glissai mes mains sur sa nuque puis sur ses épaules que je caressai du bout des doigts mais ces derniers se crispèrent sur les épaules de Liam quand il passa sa main par dessous mon caleçon pour venir me caresser directement. Je laissai échapper un soupir à la fois de surprise et de plaisir avant qu'il ne vienne déposer un baiser sur mes lèvres. J'étais avide de sa bouche et quand je voulus l'entourer de mes bras, il en profita pour se redresser et se mettre à califourchon sur moi, ses lèvres ne quittant cependant pas les miennes, sa main ne quittant cependant pas ma peau, pour mon plus grand plaisir. Mes mains glissèrent le long de ses bras quand il glissa doucement sa langue dans mon cou puis sur mon torse. Je fermai les yeux, savourant ses baisers, savourant ses caresses. Je perdis presque complètement pied mais Liam franchit une limite qui me fit revenir sur terre. Quand sa langue glissa sur mon caleçon avant qu'il ne le retire et glisse sa langue directement sur mon intimité, une image terrible s'imposa à moi et je rouvris les yeux, me raidissant subitement et glissant instantanément mes mains sous son menton pour le faire arrêter. Depuis ce qu'il s'était passé avec Hans, j'avais refusé qu'il ait ce genre de geste envers moi et c'était justifié : je refusais qu'il ne revive ce que cet enfoiré lui avait fait subir, je refusais qu'il se sente obligé, forcé... Je refusais qu'il fasse une chose dont il n'avait pas envie. Je secouai doucement la tête, mon regard résolu plongé dans le sien : je ne voulais pas qu'il aille plus loin. Il se passa quelques instants avant que Liam ne pose sa main sur la mienne afin de retirer mes doigts de son menton. Je fronçai les sourcils et Liam en profita : il glissa ses lèvres sur mon intimé avant de l'embrasser doucement. Je me cambrai sous la sensation (très, très agréable) que ces baisers me procuraient mais ne put m'empêcher de protester et de lui demander d'arrêter. C'était assez paradoxal comme sentiment : j'adorais ce qu'il faisait mais je ne voulais pas qu'il le fasse. Dans le genre compliqué... Je lui intimai plusieurs fois d'arrêter mais mains étaient trop occupées à être crispées contre les draps pour pouvoir l'arrêter moi-même. Sa langue glissa tout le long de mon sexe et je me mordis la lèvre inférieure en secouant la tête avant de reporter mon regard sur lui : il fallait qu'il arrête car moi... J'allais en être incapable. Cependant, le regard qu'il me lança alors qu'il était penché sur moi eut le mérite de me rassurer aussi soudainement que j'avais été surpris de ses gestes : il ne se forçait pas. Il faisait ce qu'il avait envie de faire, et quand il entrouvrit ses lèvres avant de commencer quelques va et viens sans quitter mon regard du sien, je me raidis et comprit qu'il était prêt. S'il était prêt... Je soupirai, vaincu (ni plus ni moins), et me laissai retomber en arrière pour m'appuyer contre la tête de lit.

Ses gestes furent merveilleux, tendres et enivrants. Je finis par glisser mes mains dans ses cheveux non pas pour le forcer à continuer ou à le tenir mais juste pour les caresser, juste pour le sentir un peu plus contre moi et lui faire sentir que j'aimais ses gestes et mes soupirs ne purent que l'informer un peu plus du plaisir qu'il m'offrait.  Cependant, au bout d'un moment, mes mains finirent par quitter ses cheveux pour venir s'accrocher de nouveau aux draps, mon corps se cambrant de lui-même sous l'effet du plaisir de plus en plus prononcé que les va et viens de Liam engendraient. Mon corps était plus que réceptif et mon esprit quant à lui était parfaitement conscient de ce qu'il se passait, de ce que je ressentais mais surtout de ce que je voulais et ce que je voulais c'était plus : c'était lui. Je le désirais tellement qu'au bout d'un moment, son prénom força la barrière de mes lèvres dans un murmure. Mes mains se posèrent avec force sur ses épaules et il s'arrêta, finissant par relever un regard surpris vers moi. Je ne le regardais cependant pas avec dureté ou avec doute ou avec appréhension. Non, je le regardais avec envie, avec désir, avec passion : je brûlais d'amour pour lui. Littéralement. Je n'eus pas besoin de dire quoi que ce soit tant nous nous comprenions en cet instant : il avait compris que je voulais plus. Il déposa un dernier baiser sur mon intimité avant d'entreprendre le même chemin qu'il avait parcouru un peu plus tôt. Sa langue glissa sur mon ventre, sur mon torse puis sur mon cou avant de venir retrouver mes lèvres. Le baiser fut bref car il se recula rapidement avant de plonger son regard dans le mien.

« Tu me fais confiance ? » murmura-t-il dans un souffle.

Je haussai les sourcils, surpris d'une telle question avant de hocher la tête.

« Bien sûr... » murmurai-je à mon tour.

Un nouveau sourire étira ses lèvres avant qu'il ne me demande de m'allonger. Je restai un instant sans bouger avant de m'appuyer sur mes bras et de me soulever assez pour pouvoir me laisser glisser entièrement sur lit. Liam quant à lui s'était reculé juste pour me laisser le temps et la place de m'installer. J'étais de nouveau dans l'inconnu, ignorant pour le coup ses intentions : allait-il s'installer de telle sorte que je puisse enfin lui faire l'amour ? Ou avait-il autre chose en tête ? Cela dit, j'avais beau être dans l'inconnu je n'avais pas peur puisque je lui faisais justement une confiance aveugle. Il glissa alors ses mains sur mes chevilles avant de les faire remonter tout doucement le long de mes mollets. Je voyais ses caresses mais ne le sentais pas et pendant un instant, mon cœur se serra : comme j'aurais voulu sentir chacune de ses caresses. Je n'eus cependant pas le temps de me focaliser sur cette pensée somme toute assez mélancolique puisque les mains de Liam glissèrent finalement sur mes cuisses puis sous l'une d'entre elles. Sous bras glissa sous mon genou et tout doucement, il souleva ma jambe, la pliant de telle sorte qu'il puisse se glisser contre moi et c'est là que je compris enfin où il voulait en venir. J'aurais pu me focaliser sur cette foutue jambe inerte que Liam avait soulevé mais j'étais trop obnubilé par ce qui se profilait à l'horizon. Liam avait pris confiance en lui, je l'avais vu ces derniers mois mais il n'avait jamais été autant entreprenant et cela me fit fondre encore plus. Le voir si sûr de lui, si bien dans sa peau ne pouvait que me rendre heureux. Sans que je puisse l'en empêcher, un large sourire étira mes lèvres et je me redressai juste assez pour pouvoir glisser ma main sur sa joue, le caressant avec tendresse et délicatesse. Nos regards se trouvèrent pour ne plus se quitter et doucement, il se glissa contre moi jusqu'à nous unir. Je crispai la mâchoire quand je le sentis en moi mais ne fermai pas les yeux, refusant de quitter son regard tout comme lui semblait décidé à ne pas quitter le mien. Il entama doucement de légers mouvements de va et viens, préférant la douceur à la passion au départ et à chaque mouvement, je fus un peu emporté dans un tout autre endroit : un endroit où régnait amour, passion et plaisir. Un endroit dont nous nous étions éloignés depuis trop longtemps. Il se pencha doucement sur moi et déposa un baiser sur mes lèvres avant de commencer à accélérer. Alors, mes bras se refermèrent autour de son cou et je le ramenai le plus possible contre moi, savourant chaque mouvement, chaque instant. Très vite nos respirations se mêlèrent comme nos corps, nos souffles devenant de plus en plus courts, la sueur rendant nos corps brillants tout comme nos regards qui étaient remplis d'une fièvre passionnée. Le temps sembla s'arrêter et quand le plaisir grimpa d'un seul coup en flèche, quand ses mouvement devinrent encore plus rapides, et quand un véritable feu d'artifice de plaisir explosa pour lui comme pour moi, tout ce qui avait pu se passer avant disparut.

Il ne subsistait que lui, moi, nous.

Nos regard restèrent quelques instants plongés l'un dans l'autre avant qu'il ne dépose un baiser sur mes lèvres et qu'il ne s'allonge doucement sur moi, glissant son visage dans le creux de mon cou. Je le serrai contre moi et embrassai son front, nos corps se soulevant ensemble au même rythme de nos respirations encore saccadées.

« Je t'aime. Je t'aime tellement. »

C'est dans un murmure qu'il répondit à cette déclaration et un sourire étira mes lèvres : j'étais heureux. J'étais tellement heureux que ça me semblait complètement dingue. Doucement, je laissai aller mes doigts sur la peau de son dos, le caressant délicatement du bout des doigts. Mon regard se perdit dans la contemplation du plafond, tant j'étais grisé et complètement transporté par tout ce qu'il venait de se passer. Nous nous étions enfin retrouvés et plus rien ne nous séparerait jamais et mieux, nous allions être plus unis que jamais. Nous allions nous marier, nous allions adopter un autre enfant. Je tournai doucement la tête et observai la fenêtre : la nuit était sans doute bien avancée et nous allions être un peu déphasés le lendemain matin mais cela ne nous empêcherait pas de convaincre Isaiah. Il serait obligatoirement convaincu en nous voyant autant heureux Liam et moi. Je tournai de nouveau la tête et glissai doucement ma joue contre le front de Liam, cessant mes caresses pour le serrer de nouveau contre moi.

« Demain, à la même heure, nous serons de nouveau parents. »

Je le sentis se mouvoir contre moi et il redressa son visage vers moi, un sourire aussi large que le mien étirant ses lèvres. Il déposa un tendre baiser sur mes lèvres avant de se détacher de moi, juste le temps de pouvoir venir se coucher à mes côtés. Je déposai de nouveau un baiser sur son front avant de glisser mon bras sous lui pour venir le serrer par la taille contre moi. Ma main libre alla trouver la sienne pour entrelacer nos doigts.

« Je suis tellement heureux. »

Je tournai le visage pour le regarder.

« Je ne pensais pas pouvoir être encore autant heureux et grâce à toi, c'est possible. J'ai l'impression de rêver...»

Ce n'était cependant pas un rêve : c'était la réalité. J'étais là, dans les bras de l'homme que j'aimais plus que tout au monde, dans les bras de mon futur époux et j'avais droit à un bonheur insoupçonné. Un bonheur qui m'était donner de savourer grâce à lui. Je le dévorais à présent du regard avec amour, tendresse et reconnaissance.

« Tu es mon miracle Liam. »

Mon sourire se fit encore plus large.

Oui, il était mon miracle.
Ma vie.
Mon tout.
Pour toujours.
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Liam Marsden
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MessageSujet: Re: Where do we go from here ? [PV Liam]   Where do we go from here ? [PV Liam] Icon_minitimeMer 10 Juil - 16:13

Mais pourquoi aurait-il voulu que j’arrête ? Samuel prenait du plaisir, cela ne laissait aucune place au doute, aussi ne comprenais-je vraiment pas ce qui pouvait à ce point le gêner. Hans ? C’était arrivé il y a des mois… Des mois durant lesquels Samuel m’avait interdit ce genre de gestes et, si jusque là je n’avais pas insisté, ce soir je me sentais définitivement prêt à franchir ce pas. Hans et tous les souvenirs ce rapportant à lui n’avaient aucune importance en cet instant : Je rêvais seulement de retrouver Samuel, mon époux, l’homme de ma vie, l’homme que j’avais cru perdre pendant un long moment. L’enjeu était bien trop important pour que je ne songe à cet autre type et à tout le mal qu’il avait bien pu me faire. Alors, je poursuivis sur ma lancée, ignorant totalement les protestations de Samuel, me contentant de le regarder avec, je l’imaginais, un désir non dissimulé. Désir qu’il vit probablement puisque il se laissa finalement retomber contre les oreillers en soupirant. J’en profitai pour accentuer mes caresses, resserrant légèrement mes lèvres autour de son intimité afin de lui apporter le plus de plaisir possible. Bien évidemment, je n’avais pas beaucoup – pour ne pas dire aucune- expérience en la matière, mais tentai de faire au mieux, me montrant le plus doux possible. Cela sembla rapidement porter ses fruits puisque je le sentis passer ses doigts dans mes cheveux dans un geste que j’interprétai comme de la tendresse, et non pas un désir de domination, et qui me donna encore davantage envie de continuer à lui faire plaisir. Je ne me sentais pas le moins du monde contraint ou soumis, sachant pertinemment que je pouvais arrêter dès que j’en avais envie, et ne pensais donc plus du tout à Hans. Ca n’avait décidemment rien de comparable, comme je m’y étais attendu.

Au bout de quelques minutes, alors que je m’attelai toujours à lui donner le plus de plaisir possible, je sentis ses doigts glisser de mes cheveux pour se poser sur les draps et s’y accrocher. Un sourire étira faiblement mes lèvres au-delà de mes caresses : Il aimait vraiment cela. Il aimait vraiment ma manière de le caresser et cela ne pouvait que me rendre heureux. Pouvoir être aussi proche de lui, lui faire oublier tout ce que nous avions pu traverser de douloureux et nous retrouver en tant que couple ne pouvait que me rendre heureux. Au fil des minutes, j’accentuai légèrement mes mouvements, lui arrachant à ma plus grande satisfaction des soupirs de plus en plus prononcés. Cependant, je m’arrêtai net et relevai un regard surpris vers lui lorsque je l’entendis prononcer mon prénom. Que se passait-il ? Y avait-il un problème ? Il posa alors ses mains sur mes épaules et aussitôt, mes lèvres quittèrent son intimité, mon esprit fonctionnant à toute vitesse afin de comprendre ce qui pouvait le pousser à me faire arrêter. Ceci dit, son regard m’apporta très vite les réponses nécessaires : Il voulait aller plus loin. Et d’ailleurs, moi aussi je voulais aller plus loin. Moi aussi je voulais pouvoir lui faire l’amour, vraiment lui faire l’amour. Ces quelques caresses ne constituaient que l’entrée en matière et très rapidement, ma langue remonta le long de son corps avant que mes lèvres ne se posent brièvement sur les siennes. Je brûlais d’envie de lui et, même si j’aurais très bien pu me positionner de telle manière à ce que ce soit lui qui me fasse l’amour, j’avais envie de changer un peu les rôles ce soir. Certes, cela n’avait jamais été très courant entre nous mais après tout, pourquoi pas ? Cependant, pour arriver à cela, il allait falloir qu’il me laisse me glisser entre ses jambes et ça… Eh bien, j’ignorais tout simplement si cela n’allait pas le rebuter légèrement. Aussi, je lui demandai dans un murmure s’il me faisait confiance, cherchant par là à lui montrer une nouvelle fois qu’au-delà de ses doutes éventuels, aucune barrière ne nous empêchait de faire ce dont nous avions envie.

Samuel sembla hésiter quelques instants avant de répondre par l’affirmative, ne comprenant sans doute absolument pas où je voulais en venir ni pourquoi je lui posais une telle question. Un sourire étira alors doucement mes lèvres : Il n’allait pas tarder à le découvrir. Il suffisait qu’il me fasse effectivement confiance et me laisse faire pour que nous prolongions ce moment merveilleux que nous étions entrain de vivre. D’une voix douce, je lui demandai alors de s’allonger, m’éloignant aussitôt pour lui laisser la place de bouger. Puis, je me glissai à ses pieds et posai lentement mes mains sur ses chevilles. Mes doigts remontèrent légèrement les long de ses jambes jusqu’à atteindre ses cuisses que j’entrouvris doucement. J’ignorais absolument comment il pouvait prendre la chose, ne sachant déchiffrer son regard en cet instant mais en tout cas, il ne m’arrêta pas, ne protesta pas, et ne sembla pas se raidir ou se refermer. C’était la première fois que je touchais ses jambes d’une manière aussi prononcée et cela aurait très bien pu le faire bondir, mais de toute évidence ce ne fut pas le cas. Je fus d’ailleurs pleinement rassuré lorsque je vis un large sourire se dessiner sur ses lèvres et y répondis alors qu’il posait une main tendre contre ma joue : Ce que nous avions pu vivre auparavant me paraissait décidemment bien loin. Il avait finalement fallu que le déclic se fasse pour que Samuel m’accepte de nouveau pleinement à ses côtés, pour qu’il redevienne l’homme aimant que j’avais souhaité épouser. A cette pensée, mon sourire devint un peu plus large et je ne perdis plus une seconde pour me glisser lentement contre lui, jusqu’à enfin entrer en lui. Nos regards ne se quittèrent pas une seule seconde, me permettant d’y lire le plaisir de Samuel tout comme lui devait sans doute y lire le mien. Je laissai échapper un bref gémissement en m’enfonçant un peu plus en lui avant de commencer de léger va et vient, prenant garde à ne pas lui faire mal. Puis, lorsque je fus certain de ne pas lui faire le moindre mal, je me penchai sur lui et l’embrassai avec amour avant d’accélérer le rythme petit à petit. Autant être honnête : Je n’avais pas envie de prendre mon temps. J’aurais pu faire durer le plaisir mais j’avais tellement envie de lui que cela m’était tout simplement impossible. Je le voulais, maintenant, et attendre ne faisait absolument pas partie des idées que j’avais en tête. C’est pourquoi j’accélérai encore dès que je sentis la jouissance arriver après de longues minutes teintées de passion torride. Puis, je me laissai totalement aller à cette fameuse jouissance, mon corps tout entier se collant au corps de Samuel alors que je laissai échapper de profonds gémissements de plaisir.

Mon cœur battait tellement fort que Samuel devait certainement le sentir contre sa poitrine alors que je m’allongeais lentement sur lui, épuisé d’autant de plaisir. C’était tellement bon de pouvoir le retrouver de cette manière, tellement délicieux de pouvoir partager de nouveau ce genre de moments… Je ne parvenais même pas à reprendre mon souffle tant j’étais électrisé par tout ce qui venait de se passer, oubliant complètement les semaines passées. Je me blottis alors contre lui, déposant de légers baisers dans son cou, savourant la tendresse qu’il m’apportait en me serrant contre lui. Lorsque sa voix s’éleva doucement pour me dire qu’il m’aimait, un faible sourire étira mes lèvres avant que je ne lui réponde que moi aussi je l’aimais. Je l’aimais même plus que tout. Ma joue se posa finalement contre son épaule tandis que je fermai les yeux, profitant de ce moment exceptionnel qu’il nous était donné de partager. Au fond, je n’ignorais pas que Samuel aurait encore du chemin à parcourir avant de redevenir pleinement l’homme qu’il avait été, mais après tout je ne lui demandais pas cela. Je lui demandais simplement d’être là, vraiment là, d’être mon époux et le père de mes enfants. Je lui demandais simplement de s’ouvrir enfin à moi, et certes tout n’était pas réglé, mais j’avais la certitude que nous avions passé le pire. Il connaîtrait sans aucun doute d’autres moments de doutes, de tristesse et alors, j’allais être présent. J’allais être là pour lui, prêt à le rassurer et le réconforter. Et qui sait ? Peut-être qu’avec le temps, Samuel réussirait à s’accepter complètement tel qu’il était et à passer au-delà de son handicap. C’était du moins ce que j’espérais de tout mon cœur : Pouvoir retrouver un équilibre dans notre vie de couple et de famille était tout ce que je souhaitais. Ambre y aiderait sans doute… En admettant qu’Isaiah nous autorise à l’adopter. Un léger soupir s’échappa de mes lèvres à cette pensée. J’ignorais réellement quelle allait être sa décision mais en même temps, il aurait été particulièrement injuste de refuser de nous la laisser. Etions-nous de si mauvais parents ? Je me refusais à y croire. Lucy et Lucas étaient parfaitement équilibrés, ils semblaient heureux… Ce n’aurait sans doute pas été le cas si nous avions constitué de mauvais parents, n’est ce pas ?

Alors que je me perdais dans mes pensées, je sentis les bras de Samuel se resserrer autour de moi et me blottis à mon tour un peu plus contre lui. Un large sourire se dessina sur mes lèvres : Il n’y avait aucun doute à avoir, nous serions bel et bien de nouveau parents dès le lendemain. Isaiah avait peut-être eu des doutes au début, mais il ne pouvait pas être assez aveugle pour ne pas voir à quel point nous aimions déjà Ambre et à quel point nous voulions qu’elle fasse partie de notre famille. Demain… Cela semblait si proche à présent. Demain nous aurions un troisième enfant. Je me redressai alors légèrement, juste assez pour pouvoir déposer un baiser plein de tendresse sur les lèvres de Samuel, puis me laissai glisser à côté de lui sans pour autant m’éloigner. A présent que j’étais si proche de lui, je ne voulais plus jamais le laisser partir, et surtout pas maintenant, alors que nous nous étions sur le point d’avoir un troisième enfant. Sans doute éprouvait-il également ce besoin irrésistible d’être proche de moi puisque très vite, je le sentis passer son bras autour de ma taille pour me serrer contre lui, son autre main venant chercher la mienne pour y entrelacer nos doigts. Je relevai les yeux vers lui, l’observant avec amour et tendresse jusqu’à ce que nos regards se croisent. Je dois bien avouer que ses mots me surprirent un peu en dépit des circonstances : Le mot « heureux » n’avait plus semblé faire partie de son langage depuis un bon moment. Et pourtant… Pourtant, il était bel et bien entrain de me dire qu’il était heureux, grâce à moi, que c’était moi qui avait rendu ceci possible. Me doigts se resserrèrent autour des siens alors que je sentais les larmes me monter aux yeux, ne cessant pourtant pas de le regarder avec toujours autant d’amour et de tendresse. C’était tellement merveilleux, tellement magique de l’entendre me dire cela, et encore plus après tout ce que nous avions vécu ce soir. J’avais fini par baisser les bras, par abandonner le combat, et à présent je me rendais compte que je ne m’étais pas battu pour rien : J’avais réussi à le rendre heureux. J’avais réussi à lui apporter de la joie malgré son handicap : Mon souhait le plus cher venait de se réaliser.

« Tu es mon miracle Liam. »

Un petit rire s’échappa de mes lèvres avant que je ne retire mes doigts des siens pour venir rapidement essuyer mes larmes. Un miracle, moi ? Je ne serais pas allé jusque là, mais puisqu’il le disait, alors j’avais envie d’y croire. J’avais envie de croire que je lui apportais autant de bonheur que lui pouvait m’en apporter. Aussi, je conservai un sourire tendre tout en relevant mon regard baigné de larmes vers Samuel. Des larmes de joie, de soulagement également. Des larmes qui ne semblaient pas vouloir arrêter de s’accumuler au bord de mes yeux, si bien que je dû les essuyer une nouvelle fois avant de m’excuser rapidement.

« Je suis désolé, c’est juste que… Tu m’as tellement manqué. »

Ce qui n’était pas un reproche, bien au contraire. Je ne voulais pas briser ce moment magique en accablant Samuel de reproches quant à son comportement passé, mais seulement lui dire qu’effectivement, cet homme doux et bon que je tenais en cet instant dans mes bras m’avait manqué. J’avais cru l’avoir perdu et finalement… Mon sourire s’élargit un peu plus avant que je ne me redresse pour l’embrasser avec douceur. Nous venions de tourner une nouvelle page de notre histoire et j’espérais que plus jamais nous n’aurions à la relire. Oui, j’espérais de tout mon cœur qu’à présent, notre chemin ne serait plus semé d’embûches, qu’au contraire il nous mènerait seulement au bonheur et à une vie simple ensemble. Une vie pleine d’amour ensemble. A cette pensée se rajouta l’image d’Ambre et bien vite je me reculai, songeant qu’il devait déjà être bien tard alors que la journée qui nous attendait le lendemain serait sans doute très longue, en plus d’être particulièrement importante. Alors, je reposai doucement ma joue contre son épaule avant de me blottir de nouveau contre Samuel et murmurer tout bas :

« Bonne nuit mon amour. Je t’aime… J’ai hâte d’être demain. »

Je sentis ses bras se resserrer encore autour de moi avant de fermer les yeux, pensant à tout ce qu’il venait de se passer, à tout ce qui se passerait demain. La respiration lente et la chaleur de Samuel me bercèrent et bien vite, je m’endormis le cœur plein de joie et de paix.

La sonnerie du réveil le lendemain matin m’arracha très rapidement à cette paix. Je grimaçai, ayant l’impression d’avoir à peine eu le temps de fermer les yeux sans réellement avoir dormi. Cependant, il fallait bien se lever : Les jumeaux n’allaient pas tarder à descendre prendre leur petit déjeuner avant de partir à l’école. Et puis, Isaiah allait venir… Cette pensée suffit à réveiller complètement mon corps ensommeillé. Je me redressai donc dans le lit avant de venir poser un bref baiser sur les lèvres de Samuel qui semblait avoir tout autant de mal que moi à se réveiller et lui dire bonjour avant de me lever et m’habiller. Si seulement nous avions pu traîner au lit… Seulement, nous n’en avions absolument pas le temps, pas aujourd’hui. J’adressai un dernier baiser à Samuel avant de sortir et faire un passage éclair à la salle de bain, puis aller à la cuisine où je retrouvai Giulio. Rien qu’à l’odeur, je devinais qu’il avait préparer de bons pancakes pour le petit déjeuner. Ce début de matinée se passa normalement : Je préparai du café et du jus d’orange tandis que Giulio finissait les pancakes, puis embrassai Lucy et Lucas lorsqu’ils descendirent prendre leur petit déjeuner. Ensuite, je les menai rapidement à l’école avant de rentrer à la maison et retourner à la cuisine, m’asseyant près de Samuel. Je me servis un peu plus de café et bu ma tasse lentement, songeant à Isaiah. A quelle heure allait-il venir ? Combien de temps encore à attendre avant de savoir si oui ou non nous allions pouvoir adopter Ambre ? Je ne cessai de jeter des regards à la pendule, sachant pertinemment qu’il était encore bien tôt mais sentant également l’impatience grandir en moi.

Finalement, ce fut Lilly qui posa des mots sur mes pensées agitées lorsqu’elle vint s’asseoir à la table du petit déjeuner et me demanda, à sa manière à elle, si je savais quand Isaiah viendrait. Les habitants de la maison savaient que nous voulions adopter un troisième enfant ainsi que les conditions dans lesquelles se faisait cette adoption. Les seuls à l’ignorer restaient les jumeaux : Nous avions préféré leur annoncer la chose uniquement lorsque nous serions sûrs qu’Ambre viendrait chez nous. Je laissai échapper un bref soupir avant d’ouvrir la bouche pour répondre que je n’en savais rien lorsque j’entendis frapper à la porte. Aussitôt, je me figeai, et cru bien sentir Samuel se figer tout autant que moi à mes côtés. Lilly nous lança un sourire joyeux avant de croquer dans un pancake même si pour ma part, j’étais totalement incapable de sourire. J’avais soudainement terriblement peur, peur qu’Isaiah nous ait mal jugé, peur qu’il soit totalement aveugle et refuse de nous confier Ambre. Cette peur s’accentua encore davantage lorsque je me levai pour aller lui ouvrir, sentant Samuel sur mes talons. Et finalement, lorsque la porte s’ouvrit sur Isaiah, sans Ambre, j’eus l’impression de recevoir un véritable coup de poignard en plein cœur : Il ne l’avait pas emmené…Cela signifiait-il que… ? Je n’eus pas vraiment le temps de me poser plus de questions, Isaiah nous demandant déjà s’il pouvait entrer. Tel un robot, je hochai rapidement la tête avant de m’écarter du passage et le laisser passer au salon. Je n’eus même pas la force de regarder Samuel, craignant de lire dans son regard la même déception qui déchirait à présent mon cœur et de ne pas pouvoir me retenir de pleurer. Mes jambes me portèrent difficilement jusqu’au canapé où je me laissai tomber, ne regardant pas davantage Isaiah que Samuel : En cet instant je ne voyais que mon désespoir.

« Je suis désolé de me présenter aussi tôt chez vous, mais j’ai pensé que vous auriez besoin de temps afin de préparer la chambre d’Ambre. »

Mon regard se releva instantanément vers Isaiah, ses paroles peinant à être assimilées par mon cerveau.

« Je ne sais toujours pas s’il s’agit d’une très bonne idée, mais puisque vous semblez très attachés à elle, et qu’elle ne cesse de me demander de venir chez vous… Eh bien, j’accepte. J’accepte de vous confier Ambre. »

Ma bouche s’ouvrit sous le coup de la surprise, du bonheur et du soulagement mêlés. Mon cœur battait à tout rompre et mes doigts se resserrèrent sur la main de Sam  que j’avais instinctivement pris dans la mienne tandis qu’Isaiah parlait. J’aurais pu lui sauter au cou et le remercier mille fois s’il n’avait pas rapidement repris la parole, tendant vers nous une petite pile de livres auxquels je n’avais même pas fait attention lorsque je lui avais ouvert la porte.

« Vous y trouverez de nombreux conseils pour comprendre et appréhender son handicap, ainsi qu’il manuel d’apprentissage de la langue des signes. Ca vous sera sans doute bien utile… »

Il continua à parler mais je n’entendais même plus ses mots, mon regard ayant soudainement rencontré celui de Samuel. Un regard à la fois interrogateur et complètement perdu qui me rappela un petit détail… Ambre était sourde, et j’avais complètement oublié de le dire à Sam. Question « petit détail », on pouvait dire que celui là était plutôt pas mal. En même temps, tout s’était passé tellement vite… Je dois bien avouer que cela m’était complètement sorti de la tête. Cependant, si Isaiah voyait que Samuel n’avait aucune idée de la raison pour laquelle il nous donnait ces livres… Je mimai le plus discrètement possible quelques mots sur mes lèvres : « Je t’expliquerai », et lui fis signe de se taire. Oh, je me doutais qu’il n’avait pas être très heureux d’apprendre que j’avais oublié de lui dire quelque chose d’aussi important, mais il aurait bien le temps de me disputer une fois qu’Isaiah serait parti. Isaiah qui ne remarqua rien, feuilletant les livres qu’il avait apportés tout en continuant à nous expliquer ce qu’ils renfermaient. Il termina cependant par les refermer et relever les yeux vers nous.

« Pour ce qui est du reste de ses affaires, je vous préviens : Elle n’a pas grand-chose à elle. A l’orphelinat les enfants partage tout, elle ne possède donc ni jouet à elle, ni vêtements, ni rien. Je vous apporterai quand même de quoi avoir le temps de trouver des vêtements spécialement pour elle. Voilà, je crois que c’est tout. »

Il se releva et nous annonça qu’il viendrait déposer Ambre chez nous aux alentours de 17h, le temps de préparer correctement son arrivée. Je ne pris conscience qu’il était parti que lorsque j’entendis la porte d’entrée claquer tant j’étais submergé par le flots d’émotions que ses paroles avaient engendré. Cependant, bien au-delà du bonheur qui m’envahissait, une dernière source de doutes subsistait en moi. Rapidement, je me tournai vers Samuel avant de serrer ses mains dans les miennes. Mon regard se posa de nouveau sur les livres qu’Isaiah nous avait apportés.

« Je suis désolé… Je… Je savais, mais j’ai complètement oublié, enfin je… Elle est sourde, et muette… Est-ce que ça change quelque chose pour toi ? »

Je relevai alors mon regard vers le sien, y cherchant les réponses et fus plus que soulagé de voir que non, cela ne changeait rien du tout pour lui. Alors, une fois les l’euphorie de la nouvelle passée et les nombreux félicitations des autres membres de la maison, nous décidâmes de préparer à Ambre une chambre digne de ce nom. Entendre Isaiah dire qu’elle ne possédait rien à elle m’avait serré le cœur et j’espérais pouvoir faire en sorte qu’ici, elle se sente parfaitement chez elle et puisse avoir un endroit intime, personnel. Lilly se proposa immédiatement pour lui trouver des jouets et des vêtements, allant fouiller toutes les maisons et caves d’Elizabeth Town. Quant à mon père et Giulio, ils acceptèrent de lui bricoler quelques meubles, pour peur que des bras jeunes et forts acceptent de les monter jusqu’à l’étage. Très vite, Giulio réquisitionna Aristide qui n’eut de cesse de nous féliciter avant qu’ensemble ils partent chercher un petit lit, une commode, tout ce qui serait nécessaire à la chambre d’Ambre. Ils n’eurent pas besoin de chercher très loin : Ethan et Katarina avaient laissé tous leurs meubles en partant, y compris ceux des enfants et ils furent bien vite ramenés à l’étage de notre propre maison. Quant à Sam et moi, nous laissâmes nos amis, notre famille s’occuper de tout cela : Nous avions une autre mission à accomplir, une mission qui risquait de se révéler bien plus compliquée que trouver quelques meubles…

« J’espère qu’ils prendront bien la chose… » murmurai-je à Samuel tandis que nous prenions ensemble le chemin de l’école. Les jumeaux ignoraient tout de ce nouvel enfant, et à présent nous devions trouver la manière la plus adéquate pour leur annoncer. Sauf que j’ignorais totalement de quelle manière ils allaient régir : Allaient-ils être heureux ? Ou au contraire très tristes ? Surpris, déçus ? Je n’en savais rien et continuai de me poser beaucoup de questions jusqu’à la porte de la classe de Gabrielle. J’adressai un dernier regard à Sam avant de frapper et entrai lorsque l’on m’en donna la permission.

« Bonjour Gabrielle. Désolé d’interrompre ta classe, mais j’aimerais parler un instant aux jumeaux, si tu me le permets ? »

Elle accepta avec un sourire et les jumeaux se levèrent lentement avant de sortir de leur classe, nous adressant à Sam et à moi des regards plus qu’inquiets. Finalement, Lucy se dirigea tout droit vers Sam avant de s’asseoir sur ses genoux et se serrer contre lui.

« Il s’est passé quelque chose ? Tu ne vas pas bien ? »

Il la rassura rapidement et aussitôt, elle reporta son regard vers moi, à l’instar de Lucas qui s’était assis sur une marche d’escalier. Je soupirai avant de m’asseoir à côté de lui.

« Nous voulions vous parler parce que nous avons une nouvelle à vous annoncer… Une bonne nouvelle. Vous allez avoir une petite sœur. »

Cette fois, aucune euphorie, aucun « félicitations ! », aucun cri de joie. Rien du tout, si ce n’est des regards de plus en plus perdus. Je repris rapidement, tentant de clarifier la situation.

« Samuel et moi allons adopter un troisième enfant… Plus petite que vous. Elle sera à la maison dès ce soir. »

Je vis Lucy froncer vivement les sourcils.

« Mais pourquoi ?
- Mais où est-ce qu’on va aller, nous ? »

La question de Lucy resta en suspens tant celle de Lucas m’avait boulversé. Je me tournai rapidement vers lui et croisai un regard à la fois perdu et particulièrement inquiet. Aussitôt, je posai ma main sur son bras dans un geste tendre et rassurant.

« Vous n’allez nulle part, vous restez avec nous. Il n’est pas du tout question que vous partiez, bien au contraire nous…
- Vous nous aimez plus, c’est ça ? »

Lucy s’était vivement relevée et me regardait avec un regard rempli de larmes. Décidemment, je n’avais pas prévu que les choses se déroulent de cette manière, et sans doute que Samuel non plus tant il semblait perdu lui aussi.

« Bien sûr que nous vous aimons ! Ne dit pas ce genre de choses, Lucy. Vous êtes nos enfants, nous vous aimons plus que tout !
- Alors pourquoi vous en voulez d’autres ?! Moi je veux pas de petite sœur ! On était bien tout les quatre !
- On sera bien tout les cinq aussi, tu verras…
- Non ! C’est pas vrai ! Je la déteste déjà ! »

Je n’eus pas le temps de dire quoi que ce soit d’autre qu’elle avait déjà remonté l’escalier et était retournée dans sa classe en claquant la porte. Seigneur… J’avais imaginé beaucoup de choses, mais certainement pas une réaction telle que celle-ci… Je fixai toujours la porte, espérant la voir se rouvrir sur Lucy, lorsque je vis du coin de l’œil Lucas hausser les épaules. Je reportai alors toute mon attention sur lui.

« Moi je trouve que c’est plutôt cool… Mais tu me jures qu’on pourra rester aussi ? Je veux pas partir, moi… Mais si on peut rester avec vous, ben… C’est bien, non ? Enfin… Elle est gentille ? Elle a quel âge ? Elle s’appelle comment ? Tu crois qu’elle aime bien jouer aux dames ? »

Un sourire se dessina finalement de nouveau sur mes lèvres. Lucy prenait très mal la chose, mais Lucas… Lucas était définitivement plus facile. La nouvelle l’avait un peu perturbé mais après tout, il n’y voyait pas de grande objection et c’était déjà ça. Alors, je le rassurai une nouvelle fois en lui répétant que nous allions rester tous ensemble, qu’ils n’était pas question que lui et sa sœur parte, qu’ils étaient nos enfants et que nous les aimions. Il sembla se détendre et me posa toujours davantage de questions sur Ambre, visiblement curieux de savoir quel pouvait être cet étrange nouveau membre de notre famille. Au bout de quelques minutes, je le renvoyai en classe et me retournai vers Samuel, lui adressant un regard qui en disait long. Lucy risquait de nous en vouloir encore un bon moment.
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Samuel Brimstone
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MessageSujet: Re: Where do we go from here ? [PV Liam]   Where do we go from here ? [PV Liam] Icon_minitimeDim 14 Juil - 10:31

Une courte nuit de sommeil mais que ce sommeil (même bref) fut agréable. Pouvoir m'endormir dans les bras de Liam, être apaisé de cette façon fut incroyablement bon et inespéré. Quand le réveil sonna, je grommelai quelques mots incompréhensibles avant de soupirer : je n'avais pas envie de me lever. J'aurais voulu rester toute la journée au lit avec Liam, juste pour passer le maximum de temps seul avec lui. Cependant, j'avais beau avoir cette envie, je savais que c'était impossible car non seulement les jumeaux allaient se lever mais en plus, Isaiah allait venir pour nous faire part de sa décision concernant Ambre. Un sourire étira mes lèvres à cette pensée : j'avais tellement hâte de la revoir et de la serrer dans mes bras. Quand je sentis les lèvres de Liam se poser délicatement mais brièvement sur les miennes, mon sourire s'élargit et pendant un instant j'eus envie de passer mes bras autour de Liam et de le coller à moi pour l'empêcher de quitter la chambre. Je me retins et le laissai filer, non pas parce que j'en avais envie mais parce que c'était nécessaire. Il me fallut quelques minutes pour me décider à m'étirer et à me redresser dans le lit. Mon regard se posa sur mes jambes et ce qu'il s'était passé la veille me revint en mémoire : je m'étais tenu debout. Par curiosité, je glissai mes mains sur mes cuisses pour voir si je sentais quelques chose mais je ne sentis rien du tout. Je haussai les épaules : après tout, j'avais dépassé ce stade. Il y aurait encore des difficultés, j'allais avoir besoin d'aider pour maîtriser le Samuel qui était si amer mais mes jambes avaient cessé une bonne fois pour toutes d'être mon obsession. Je me glissai dans mon fauteuil et c'est une fois dans la salle de bain que le miracle se produisit une seconde fois, lorsque je m'installai sur ma chaise pour me doucher. Au moment où je me penchai pour attraper la pomme de douche, je sentis comme un coup d'électricité dans les deux jambes car j'avais pris appui dessus sauf que d'ordinaire cela ne me faisait rien. Aussitôt, je lâchai la pomme de douche et passai mes mains sur mes cuisses avant de tapoter : cela ne dura pas longtemps et ce fut presque imperceptible mais je sentis bel et bien quelque chose. Très vite, la sensation disparut et je soupirai avant de reprendre la pomme de douche : j'allais devoir en parler à Mathilda à la première occasion car après tout, peut-être que ce n'était que dans ma tête.

Quand j'arrivai finalement à la cuisine, Liam était parti amener les jumeaux à l'école. Giulio m'adressa un sourire franc avant de me demander comment les choses s'étaient passées avec Liam (même si vu notre tête à tous les deux, il se doutait que nous nous étions enfin réconciliés). Je lui confirmai que tout allait à présent pour le mieux et j'eus droit à une embrassade ainsi qu'à un « Je suis heureux pour vous deux fiston. » ce qui me fit sourire : j'adorais quand Giulio me surnommait comme ça. Il se remit à la préparation du petit déjeuner quand j'entendis la porte d'entrée et bientôt, Liam arriva dans la cuisine. Alors que je finissais mon thé, Liam se servit un café avant de s'asseoir à côté de moi. Doucement, mon sourire s'effaça pour laisser la place à un visage inquiet : maintenant que nous y étions, maintenant que le moment était presque arrivé, j'avais très peur qu'Isaiah ne refuse de nous confier Ambre. Pourtant, j'avais été plein de certitudes la veille mais là... Pour le coup, je n'étais plus sûr de rien et je n'étais pas le seul à être anxieux : Liam jetait des coups d’œil frénétiques vers la porte, dans l'attente de l'arrivée d'Isaiah. Lilly vint finalement nous rejoindre et je la saluai juste avant qu'elle ne « demande » quand Isaiah allait arriver. Un sourire crispé étira mes lèvres : si seulement on le savait... On frappa à la porte. Maintenant alors ? Je me raidis sur ma chaise roulante, mes mains quittant ma tasse de thé pour venir se crisper sur mes genoux. Liam était autant tendu que moi, il faut dire qu'il y avait de quoi être tendu. Lilly ne sembla pas perturbée le moins du monde mais contrairement à nous, elle n'avait aucune raison de s'en faire. Nous restâmes quelques instants sans bouger avant que Liam ne se relève et je sus que c'était le moment. Mes mains glissèrent sur les roues du fauteuil et je suivis Liam : si j'avais pu marcher, mes pas auraient été d'une lourdeur à pleurer et quand Liam ouvrit la porte sur Isaiah, seul, je sentis mes épaules s’affaisser sous le choc : il ne l'avait pas amenée... C'était donc un non. Tout à coup, une horrible sensation de vide s'empara de mon cœur. Je m'avançai jusqu'au canapé en fixant Isaiah, accablé par la douleur. Liam s'installa sur le canapé à côté de moi mais il ne me regarda pas et c'était sans doute mieux comme ça : lire la douleur dans les yeux de l'autre aurait été insupportable sur le moment.

« Je suis désolé de me présenter aussi tôt chez vous, mais j’ai pensé que vous auriez besoin de temps afin de préparer la chambre d’Ambre. »

Hein ? Quoi ? Quelle chambre ? Je fronçai les sourcils, n'étant pas certain d'avoir bien compris.

« Je ne sais toujours pas s’il s’agit d’une très bonne idée, mais puisque vous semblez très attachés à elle, et qu’elle ne cesse de me demander de venir chez vous… Eh bien, j’accepte. J’accepte de vous confier Ambre. »

Mes yeux s'écarquillèrent au moment où ma bouche s'ouvrit de stupéfaction : s'il y avait eu des mouches, j'aurais pu les gober que je ne m'en serais même pas aperçu. Il avait dit oui. Il nous confiait Ambre. Je sentis mon cœur s'emballer et très vite, c'est un large et franc sourire qui illumina mon visage. La main de Liam se posa sur la mienne et je la serrai avec force, écoutant Isaiah tout en ne l'écoutant pas tant j'étais heureux et du coup, sur un petit nuage. Nuage ou pas, je vis Isaiah nous tendre des livres et je tentai de lire ce qui y était écrit, en vain. Pourquoi nous donnait-il ces bouquins ?

« Vous y trouverez de nombreux conseils pour comprendre et appréhender son handicap, ainsi qu’il manuel d’apprentissage de la langue des signes. Ça vous sera sans doute bien utile… »

Tout doucement, mon sourire s'effaça pour laisser cette fois-ci place à un masque d'incompréhension. Handicap ? La langue des signes ? Ambre était sourde et muette ? J'entendis Liam me murmurer un petit « je t'expliquerai » et aussitôt, j'affichai un nouveau sourire histoire de ne pas inquiéter Isaiah. Alors elle était sourde et muette... C'était donc pour ça qu'elle ne m'avait rien dit quand elle était venue. Eh bien, pour une nouvelle... Est-ce que ça changeait ce que je pouvais ressentir pour elle et mon envie d'être son père ? Absolument pas. J'était différent moi aussi et ce n'était pas si grave (enfin, plus précisément ce n'était "plus" si grave). J'allais juste devoir apprendre une nouvelle langue et j'allais le faire le plus rapidement possible afin d'être là pour elle. Isaiah ouvrit les livres et les feuilleta un peu, nous expliquant quelques passages par ci par là et je l'écoutai avec attention : j'avais envie d'être à la hauteur. Finalement, il referma les livres et reporta son attention sur nous.

« Pour ce qui est du reste de ses affaires, je vous préviens : Elle n’a pas grand-chose à elle. A l’orphelinat les enfants partage tout, elle ne possède donc ni jouet à elle, ni vêtements, ni rien. Je vous apporterai quand même de quoi avoir le temps de trouver des vêtements spécialement pour elle. Voilà, je crois que c’est tout. »

Pas d'affaires à elle ? Je sentis mon cœur se serrer à cette pensée tant c'était triste. Nous allions y remédier mais l'idée elle-même était absolument terrible et intolérable. Isaiah se redressa avant de nous annoncer qu'il déposerait Ambre aux alentours de 17h afin de nous laisser le temps de tout préparer pour elle. Je le remerciai (j'étais plein de gratitude pour lui à présent et j'irais m'excuser pour mon comportement dès que cela me serait possible) et il quitta la maison. Aussitôt, Liam se tourna vers moi et me serra les mains avant de se confondre en excuses parce qu'il avait oublié de me parler de son handicap. J'avais toujours ce même sourire franc accroché à mes lèvres et quand il me demanda si cela changeait quelque chose pour moi, je haussai les sourcils, surpris qu'il pense à me poser la question : bien sûr que non ça ne changeait rien et mon regard ainsi que mon sourire ne pouvaient que le rassurer. Nous savourâmes pendant quelques instants la nouvelle, seuls : Ambre était officiellement notre fille. Il fallait cependant se mettre à l'ouvrage et après avoir été félicités par les membres de la maison, il fallait nous mettre au travail. Enfin, nos amis allaient se mettre au travail tandis que nous, nous allions nous occuper d'une mission bien plus périlleuse et risquée : l'annonce de l'arrivée d'Ambre aux jumeaux. Quand Liam me murmura qu'il espérait qu'ils allaient bien prendre la chose je fus incapable de le rassurer tant je doutais moi-même de leur réaction : Lucas avait encore beaucoup de mal avec moi même si nos relations s'étaient améliorées et j'ignorais qu'elle réaction il pourrait avoir vis-à-vis de l'arrivée d'une petite sœur. Quant à Lucy, elle et moi étions très proches même si ces derniers temps je n'avais pas été à la hauteur et si j'ignorais quelle réaction pourrait avoir Lucas, j'avais bien une petite idée de la réaction de Lucy mais préférai m'abstenir d'en faire mention : après tout, je pouvais avoir tort alors inutile d'inquiéter Liam. Quand nous fûmes arrivés à l'école, mon cœur se remit à battre comme un fou contre mes côtes tant j'étais tout à coup stressé : j'espérais vraiment que tout allait bien se passer. Arrivés devant la salle de classe, Liam frappa à la porte et après avoir eu l'accord de Gabrielle (que je saluai brièvement avec un sourire), les jumeaux quittèrent la classe. Comme d'habitude, ce fut vers moi que Lucy se dirigea en premier avant de s'installer sur mes genoux et de me serrer contre elle. Mes bras se refermèrent autour de sa taille et je serrai ma fille contre moi avec tendresse.

« Il s’est passé quelque chose ? Tu ne vas pas bien ? »

« Tout va bien Lucy. » m'empressai-je de répondre.

« Je vais très bien. Enfin, disons plutôt que je vais mieux. » ajoutai-je avec un clin d’œil complice.

Oui, terminé le Samuel incapable d'être le père qu'il devait être. Elle porta finalement son regard sur Liam à côté duquel se trouvait Lucas, assis sur une marche. Liam s'installa à côté de Lucas en soupirant avant de leur dire que nous avions une nouvelle à leur annoncer, une bonne nouvelle. Et là, comme ça, d'un coup, il leur annonça qu'ils allaient avoir une petite sœur. Je ne m'étais pas attendu à ce qu'il l'annonce aussi vite mais après tout, il valait mieux ne pas tourner autour du pot. Les enfants n'eurent sur le moment aucune réaction même si je sentis l'étreinte de Lucy se resserrer un peu autour de mon cou. Liam croisa mon regard et d'un geste bref de la tête je lui soufflai qu'il pouvait continuer : nous n'avions pas le choix. Alors, il poursuivit en leur expliquant plus précisément que nous allions adopter un troisièment qui était plus petite qu'eux et pour finir, il leur annonça qu'elle serait à la maison le soir-même. Lucy retira ses bras et les croisa avant de froncer les sourcils : je craignais le pire.

« Mais pourquoi ? »
« Mais où est-ce qu’on va aller, nous ? »

J'écarquillai les yeux en entendant Lucas demander où ils allaient aller : il n'avait pas bien compris nos intentions. Il était hors de question que nous nous séparions d'eux et je fus heureux de voir Liam répondre à sa question. De mon côté, je glissai ma main sur la joue de Lucy mais elle me foudroya du regard et je retirai aussitôt ma main.

« Vous nous aimez plus, c’est ça ? »

Elle se redressa et quitta mes genoux, son regard étant à présent rempli de larmes. Allons bon, je ne m'étais pas attendu à ce qu'elle prenne bien la chose mais à ce point-là... Je n'en revenais pas qu'elle puisse tirer de telles conclusions de notre désir d'avoir un troisième enfant.

« Où vas-tu chercher des idées pareilles ? »

Liam poursuivit en expliquant avec vivacité et conviction que nous les aimions plus que tout, qu'ils étaient nos enfants mais Lucy ne l'entendit pas de cette oreille.

« Alors pourquoi vous en voulez d’autres ?! Moi je veux pas de petite sœur ! On était bien tout les quatre ! »
« On sera bien tout les cinq aussi, tu verras… »
« Non ! C’est pas vrai ! Je la déteste déjà ! »

« Lucy ! » dis-je d'une voix forte mais elle avait déjà remonté l'escalier pour retourner dans sa classe. Je portai mes doigts à mon visage et frottai mes tempes, étant choqué de sa réaction : ça avait été une véritable tornade de douleur et de colère.

« Moi je trouve que c’est plutôt cool… »

Je reportai mon attention sur Lucas et doucement, un sourire étira mes lèvres. Il semblait beaucoup moins opposé que Lucy à l'arrivée d'Ambre tant que nous étions certains que cela signifiait qu'il pouvait rester avec nous. Il fut d'ailleurs très curieux et commença à nous poser tout un tas de questions sur Ambre et je laissai même échapper un petit rire quand il nous demanda si elle aimait bien jouer aux dames. Lucas était a priori conquis. Tandis que Liam le rassurait et répondait le mieux possible à ses questions, mon regard se reporta vers les escaliers et doucement, mon sourire se fana : je détestais l'idée que Lucy se sente mal... Liam renvoya finalement Lucas en classe et j'adressai à notre fils un sourire (qu'il me rendit ce qui me fit plaisir) avant de reporter mon attention sur Liam et son regard en disait long. Je soupirai et m'avançai avant de prendre ses mains dans les miennes.

« Je vais lui parler ce soir avant l'arrivée d'Ambre. Peut-être qu'une fois la nouvelle encaissée, elle le prendra mieux. »

C'était bien d'avoir de l'espoir mais cet espoir fut vite réduit à néant quand Liam revint de l'école avec les jumeaux. Lucy était complètement fermée et elle fila directement dans sa chambre sans même que je ne puisse avoir le temps de lui parler. Quand je lui demandai de revenir, elle m'ignora et puisque je ne pouvais pas monter jusqu'à sa chambre, elle fut donc tranquille. Le moment de l'arrivée d'Ambre arriva bien vite et Lucy fut obligée de redescendre : il était hors de question qu'elle ne soit pas là pour accueillir Ambre. Je tentai de m'approcher d'elle mais encore une fois elle m'ignora en croisant les bras et en détournant le visage : ça n'allait pas être simple. Je n'eus pas le temps d'essayer de lui parler qu'on frappa à la porte. Je portai mon attention sur Liam et nous échangeâmes un sourire avant qu'il n'ouvre la porte et quand je vis Ambre dans les bras d'Isaiah, mon sourire s'élargit et j'eus l'impression que mon cœur était littéralement irradié par le soleil. Elle était là. Elle était bel et bien là et elle avait ce magnifique sourire accroché à ses lèvres. Aussitôt, elle tendit les bras vers Liam qui la serra fort contre elle. Isaiah s'approcha et me tendis les affaires que je posai sur mes genoux.

« Merci beaucoup. » dis-je avec un sourire franc. « Je pourrai venir vous voir demain ? » ajoutai-je puisque j'avais dans l'idée non seulement de m'excuser mais aussi d'avancer et Isaiah était celui dont j'avais besoin et même s'il ne sembla pas particulièrement emballé, il accepta très brièvement avant de quitter la maison.

Quand la porte fut refermée, Liam s'approcha de moi et je déposai les affaires d'Ambre par terre avant qu'il ne dépose l'enfant sur mes genoux : mon regard croisa le sien qui était brillant de larmes mais puisqu'il s'agissait de larmes de joie je ne fus pas inquiet. Ambre glissa ses petits bras autour de mon cou et je la serrai avec force contre moi avant de reculer légèrement mon visage et de poser mon front contre le sien.

« Bienvenue à la maison. » dis-je en articulant bien, espérant qu'elle serait capable de lire sur mes lèvres.

Le sourire d'Ambre s'élargit et j'entendis Lucas tousser pour nous faire signaler sa présence. Nous tournâmes notre attention vers lui et Liam s'approcha. Nous nous regardâmes brièvement, craignant la suite. Je déposai Ambre par terre et elle attrapa la main de Liam qu'elle serra fort. Mon regard se porta sur Lucy qui fusillai celle qui était à présent sa petite sœur du regard. Ma mâchoire se crispa et je fronçai les sourcils, n'appréciant pas cette attitude : elle pouvait faire un petit effort quand même, non ? Elle remarqua mon regard et aussitôt détourna le sien. Lucas embrassa maladroitement Ambre sur la joue et Lucy n'eut pas d'autre choix que de faire la même chose même si son visage resta résolument fermé. Elle demanda aussitôt si elle pouvait remonter dans sa chambre et, préférant ne pas la forcer, nous acceptâmes. Lucas, lui, préféra rester, toujours autant curieux vis-à-vis d'Ambre. Les habitants de la maison furent absolument merveilleux avec elle et, si elle semblait déjà aux anges, elle le fut encore plus quand elle découvrit sa chambre. Nos amis avaient merveilleusement bien travaillé et en une journée, il avait fait de cette pièce un petit coin de paradis pour la petite fille. Son sourire était la plus belle des récompenses pour eux comme pour nous. Lucas se faufila dans la chambre avant de commencer à fouiller pour trouver quelques jouets : je fus agréablement surpris qu'il soit à ce point-là prêt à accepter Ambre. Cette dernière sembla quelque peu timide au début mais finalement, l'entrain de Lucas eut raison de sa timidité et, petit à petit, elle se mit à jouer avec lui. J'aurais cru que son handicap serait un problème mais les enfants semblaient bien se comprendre entre eux et Lucas avait un comportement véritablement exemplaire, contrairement à Lucy. Lucy... Pourquoi réagissait-elle de cette façon ? Quand Liam et moi nous couchâmes ce soir-là, après un repas plutôt festif pour fêter l'arrivée d'Ambre (enfin, festif pour tout le monde sauf pour Lucy qui était restée boudeuse), et après avoir câliné Ambre plus que de raison avant de la mettre au lit, nous en parlâmes et finîmes par nous dire que Lucy devait être jalouse. Bizarrement, nous étions persuadés que si le troisième enfant avait été un garçon, elle n'aurait pas réagi de la même façon. Lucy était exclusive et plus particulièrement vis-à-vis de moi. De plus, mon comportement récent n'avait pas aidé et je m'en voulais horriblement. Après tout, nous adoptions un troisième enfant alors que j'avais délaissé Lucy et Lucas, alors que j'avais été un père absent ces dernières semaines. Lucy devait donc avoir l'impression qu'on lui prenait tout mais avec le temps, avec les bons mots et l'amour, les choses allaient forcément s'arranger, non ? C'est avec cet espoir que je m'endormis dans les bras de Liam.

Un espoir, encore une fois, qui était vain.
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