On top of the world you get nothing done (Nathaniel)

Invité

Je devenais folle. Je n’avais pas pu mettre un pied dehors depuis quatre jours. Quatre jours !!! Plus que la frustration sexuelle, c’était le fait de me sentir enfermée entre quatre murs qui me rendait folle.

Les deux premiers jours j’avais supporté aisément la « solitude », l’enfermement, et le temps pourri. Disons que j’en avais profité pour lire, paresser dans mon lit, prendre soin de moi. Et j’avais pas mal réfléchi à certaines choses. Je m’étais surprise une nuit à rêver de Nathaniel…Et bizarrement au réveil j’avais un sourire accroché à mes lèvres qui refusait de disparaitre. Il était lâche, menteur, fuyard, mais il avait quelque chose qui me plaisait. Comme si plus il me rejetait, plus je…non rien du tout. Je rien du tout oui. C’est un coup occasionnel et c’est tout.

Si seulement j’avais pu effacer son image en me faisant sauter, ca m’aurait bien arrangé mais non…. La neige tombait abondamment sur cette putain de ville dévastée. D’ailleurs elle commençait a me sortir par les yeux cette ville. J’aurais vraiment voulu retourner chez moi. Revoir mon pays, sentir à nouveau la chaleur, suffoquer tellement la température est élevée.

Jusqu'à mon arrivée a New York je n’avais jamais vu la neige. Mais maintenant j’en avais carrément ma claque. C’était froid…et je n’aimais pas ça…Putain si ca pouvait s’arrêter. J’avais l’impression qu’il neigeait depuis trois semaines, alors que non…trois jours à peine.

Et ce n’était visiblement pas prêt de s’arrêter. J’avais essayé de sortir de chez moi, mais j’avais fait à peine deux pas dans la rue, que j’avais rebroussé chemin, il y avait presque quarante centimètres de neige et je m’enfonçais dans le neige. Quand je suis remontée, je me suis tout de suite déshabillée et je me suis emmitouflé dans une grosse couverture bien épaisse.

Je baiserais une autre fois… Au pire je pouvais tout aussi bien me soulager seule non ? Y’a pas de honte à ca quand même. C’est ce que j’ai fait alors… Cinq fois dans la journée. Finalement ca défrustrait bien….Et puis au moins je prenais mon pied à chaque fois. Ca me changeait des une fois sur trois… Oui j’avais fait des statistiques. Bha quoi ? On s’occupe comme on peut… Je tenais même un espèce de journal avec les notes de mes amants… Ca m’amusait…Et je vous dis, ça passe le temps.

Et enfin après presque cinq jours d’un temps de merde. Mais pas un petit temps de merde hein ! LE temps de merde… le soleil s’est enfin pointé. Et là la neige à bien fondu. J’avais l’impression de revivre. Je me sentais enfin moi-même. Si bien que je me suis habillée en vitesse comme une gamine qui est pressée de voir son amoureux. Sauf que moi, je ne voulais pas d’amoureux… Baiser oui… encore que…maintenant que j’avais découvert que les plaisirs solitaires me satisfaisaient pleinement, bizarrement j’éprouvais moins le besoin. Je dis pas que j’étais devenue frigide ou quoi que ce soit. Mais j’avais pas une envie irrépressible.

Là j’avais envie de courir. J’avais envie de sortir.

Alors je suis allée droit à Central Park. Même si cet ancien haut lieu new yorkais ressemblait plus à une forêt maintenant, j’adorais cet endroit. Je savais qu’il se passait des trucs louches mais jusque là il ne m’était rien arrivé alors je n’y pensais pas.

Pourtant…

J’étais à peine dans Central Park depuis dix minutes que je me suis fait accosté par deux mecs. Enfin accostée…disons plutôt qu’ils m’ont sauté dessus.

Ils ont essayé de m’arracher mes vêtements, mais je ne sais pas avec quelle force je me suis débattue et j’ai couru le plus vite possible. Je n’avais pas vu leurs visages. Tout ce que je pouvais affirmer, c’est que vu ce que j’avais senti, ils n’avaient que la peau sur les os. Des camés sans doute. Y’en avait partout dans Central Park.

Je n’ai pas cherché à comprendre sur le coup, je ne voulais qu’une chose, leur échapper. Alors je suis rentrée chez moi. Enfin j’ai essayé, j’ai fini par trébucher dans ma course effrénée.

Invité

Surtout ne pas bouger.
Un seul mouvement, et tout pouvait déraper. Je respirais lentement, sachant que chaque pas suffisait, seconde après seconde, à provoquer ma perte.

Comment en étais-je arrivé là ?
...Au sommet de cet immeuble, haut de 12 étages, comme il en restait peu.
Avec trois types face à moi, dont deux avaient un flingue braqué sur moi.

Et je reculais, de plus en plus, lentement, me rapprochant du bord peu à peu.

Et j'avais un putain de vertige.

...

J'étais fichu.

Jamais je ne pourrais m'en sortir. J'avais encore joué les indestructibles en allant fourrer mon nez là où ce n'était vraiment pas nécessaire. Et cette fois ci, ils avaient été plus malins que moi. Pour une fois.

Une fois de trop.

J'étais à 5 cm du bord, les mains en l'air, en train de jouer ma vie comme un imbécile. Je ne pouvais pas venir à bout de tous les détraqués du monde tout seul, il fallait que je me mettre bien ça dans le crâne.

Et là, j'avais compris.

Parole d'imbécile.

...

Le petit mec avec la veste bleue allait tirer, je le savais. Je le voyais dans son regard. J'avais eu le même bien trop souvent.

Alors je devais juste réfléchir à une chose :
Comment voulais-je mourir ?

Le choix fut vite fait.

Je les ai regardé une dernière fois.

- Dommage... c'était bien joué les mecs.

Et j'ai sauté.
Enfin, je me suis laissé tomber en arrière, plutôt.

Je sentais le vent me caresser, et le froid pénétrer mes entrailles. Mais ça m'était égal.

J'étais libre.

...

...

Et soudain, tout fut noir. J'avais chaud. Monstrueusement chaud.

Je me réveillais en sursaut.

A la communauté. Dans mon lit. Il était 4 heures du matin. Et je venais de faire un cauchemar. Cela faisait au moins 10 ans que cela ne m'était pas arrivé.
Et je dois dire, que ça me foutait la trouille.

Je me suis levé, et j'ai filé à la cuisine pour me préparer un truc à boire. Je savais déjà que je n'arriverais pas à me rendormir. C'était peine perdue.
Alors je me suis assis à une table, et j'ai réfléchi. Pendant 3 heures, jusqu'à ce que quelqu'un ne daigne se lever.

Et honnêtement, il n'y a qu'une seule chose qui m'obsédait des derniers temps, passant largement devant ma mission du moment.

Et cette chose répondait au doux nom de Sarah.
Bien sûr, je ne voyais pas de rapport avec mon cauchemar, et il n'y en avait certainement pas. Mais je n'arrivais pas à me la sortir de la tête.

Cela faisait 3 semaines que je ne l'avais pas vue. J'y étais retourné, à deux reprises, mais incapable d'entrer, je lui ai laissé quelques vivres devant sa porte. Ce n'était pas que je n'avais pas envie de la voir... j'avais juste... peur.
Rapport à notre discussion de la dernière fois.
J'avais peur de m'attacher à elle, et que ça me foute dans une merde innommable.

Alors je préférais l'éviter pour l'instant. En m'assurant tout de même qu'elle allait bien. De loin.
Observant, guettant...
Je l'avais attendue 4 heures la dernière fois, juste pour l'apercevoir 10 secondes, le temps qu'elle traverse la rue pour entrer dans un autre immeuble que le sien et que je sois rassuré.
Elle allait bien.

Ce jour là, je suis sorti sans prévenir personne, même si c'était contraire aux règles, et je suis allé directement chez elle.
Heureusement, le temps s'était calmé, la neige avait bien fondu, et je n'avais pas trainé sur le chemin. Mais au moment où j'entrais dans sa rue, je la vis débouler à toute vitesse, s'étalant de tout son long en plein milieu de la route déserte.

Ca ne présageait rien de bon.

Alors pour une fois, je me suis dit que je lui parlerais.

Je me suis approché, elle m'avait vu. A quelques mètres d'elle, j'ai vu que ses vêtements étaient en pièces ou presque. Et ça m'a un peu mis hors de moi, je devais bien l'avouer.

- Tu t'es battue avec un tigre ou quoi ?

Putain de cynisme de merde.

Invité

Je suis tombée les mains en avant. Heureusement que la neige n’avait pas encore fondu. Sinon je me serais sans doute explosé les coudes et le menton contre le bitume. Enfin ce qu’il restait du bitume. Parce qu’a certains endroits il était totalement défoncé par les bombardements.

Additionnez donc des vêtements à moitié déchirés et la neige. Qu’est ce que vous obtenez ? Un froid de canard. J’avais l’impression que ca me glaçait intérieurement. Qu’est ce qui se passait pour que je sois autant dans la merde subitement ?

Quand j’ai relevé un peu la tête j’ai vu celui que je n’avais pas envie de voir. Enfin ce n’est pas que je n’avais pas envie de le voir. J’étais heureuse au fond de moi. Mais il avait eu raison. J’avais fini par avoir des problèmes. Et c’était ca qui faisait que je le maudissais.
Il m’a mis encore en rogne en deux secondes. Il m’énervait vraiment et pourtant je l’aimais bien. Oui allez j’avoue je l’aimais bien. Je n’avais jamais rencontré un mec comme ça. Et c’est pour ca que je le repoussais. Je voulais pas m’attacher à lui.
Même si… c’était déjà plus ou moins fait malheureusement

Mais plutôt crever que de l’avouer.

- Tu t'es battue avec un tigre ou quoi ?

Je lui ai lancé un regard qui en disait long. J’aurais eu des flingues à la place des yeux, je l’aurais fusillé. J’ai essayé de lui en coller une, mais je l’ai raté.

-Va te faire foutre Nathaniel….

Je m’en suis voulu immédiatement. Mais j’avais réagi du tac au tac. Je m’étais fait agresser par deux malades et lui il faisait de l’humour. Je lui en voulais.
Pourtant j’avais besoin de lui. Pour tout un tas de raisons. Je me suis raccroché tant bien que mal à lui.

-Reste…. Me laisse pas….

J’ai senti les yeux me piquer. J’avais peur, très peur même. Je n’aurais pas réagi aussi rapidement, je me serais certainement fait violer. Ou tuer…

-J’ai…..peur….
Je n’arrivais pas à dire les choses. Mais là, avec lui, depuis le départ, je me sentais en confiance. C’était étrange comme sensation. Mais j’avais l’impression qu’on pouvait tout se dire.

-Maintenant j’ai peur.

Il savait que si je lui avouais cela, je ne le faisais pas de gaieté de cœur. Mais j’avais besoin qu’il reste prés de moi, qu’il me rassure. Et pour une fois je voulais pas dormir seule. J’étais complètement flippée maintenant…

J’ai essayé de me relever, mais au moment de poser mon pied sur le sol, j’ai senti une douleur lancinante me prendre et je ne ressentais plus que ça.

-Aie….ma cheville. Bordel j’ai maaaaaal !

Invité

Comme je m'y étais attendu, elle me regarda d'un air mauvais. Je me suis baissé à sa hauteur et elle a tenté de me mettre une baffe. Loupé. Et le pire, c'est que ça m'a fait sourire.

- Va te faire foutre Nathaniel….

Bon, je l'avais bien mérité. J'étais prêt à me relever lorsqu'elle me demanda de rester.

- Reste... Me laisse pas…

Elle n'avait pas l'air en forme du tout. Je ne l'avais jamais vue aussi perdue.

- J’ai… peur…

Ca, je le voyais bien qu'elle n'était pas dans son état normal. Mais en même temps, je l'avais prévenue.

- Maintenant j’ai peur.

Elle essaya de se relever, sans succès...

- Aie… ma cheville. Bordel j’ai maaaaaal !

J'ai alors passé un bras sous ses épaules pour la soutenir.

- Appuie-toi sur moi.

Elle a enfin réussi à se relever, et nous nous sommes dirigés vers l'entrée de son immeuble. Je regardais sans cesse en arrière, pour m'assurer que nous étions bel et bien seuls.
Arrivés dans le hall, on a fait une petite pause. Elle s'est appuyée contre un des murs...

- Bon... tu vas me raconter ce qui s'est passé ?

Je me suis alors baissé à nouveau pour regarder sa cheville de plus près. J'ai ôté sa chaussure et sa chaussette. Très romantique. Elle avait un beau bleu. Mais au moins, ce n'était pas cassé.

- Ca va à peu près... on dirait que t'as une jolie entorse.

Je me suis alors attardé plus précisément sur sa tenue. Ses fringues étaient déchirées, elle était décoiffée... ça ne sentait pas bon du tout.
Et ça avait le don de ne me rappeler qu'une seule chose : la fois où j'avais trouvé Gabrielle en bien mauvaise posture à Central Park.

- Toi, t'es allée faire un tour à Central Park.

J'avais dit ça sans y croire. Aucune chance pour que ça se reproduise quand-même. Mais à la tête que Sarah faisait, j'avais compris que je venais de taper dans le mille.

- Bon... explique-moi ça... j'ai des types à aller tuer ensuite.

Et j'étais plus que sérieux. J'en avais marre de ces abrutis qui s'en prenaient à tout le monde. Et surtout à elle. Ils n'avaient pas le droit.

Invité

Nathaniel a passé un bras sous mes épaules et m’a aidé à me relever vraiment. Je me suis reposé sur lui et j’ai fait quelques pas. Mais j’avais vraiment très mal. Je boitais vraiment. Même poser le pied par terre était un supplice alors après un ou deux mètres à sautiller sur une seule jambe, je n’avais déjà plus de force.

Quand on est arrivés dans le hall de mon immeuble, je lui ai fait signe de s’arrêter. J’étais épuisée, j’avais mal, j’avais froid, j’avais peur.

Je me suis appuyée contre un mur en essayant de ravaler les sanglots qui me prenaient au fond de la gorge. Je n’allais tout de même pas ridiculiser davantage de lui. Là je venais de ruiner l’image qu’il avait de moi. Je m’en fichais dans un sens, de toute façon il ne voulait plus de moi…alors je n’avais plus besoin de faire d’efforts pour me rendre désirable.

- Bon... tu vas me raconter ce qui s'est passé ?

J’ai fermé les yeux. Je ne me sentais pas le courage de lui dire ce qui s’était passé. Parce que je savais qu’il allait me dire qu’il avait raison, qu’il m’avait prévenu. C’était déjà assez difficile comme ca. Et puis je ne savais pas très bien ce qu’il s’était passé.

Je marchais et en une seconde deux mecs me sont tombés dessus, et ont commence a poser les mains sur mo et a m’arracher mes vêtements. Je me suis débattue, j’ai réussi à prendre la fuite, et voilà. Pas de quoi en faire un roman.

Oui il m’avait prévenu. Oui j’aurais du l’écouter un peu plus. Mais voila, tant que ca vous arrive pas, vous vous en fichez.

Il s’est baissé et à regarder ma cheville après avoir retiré ma chaussure et ma chaussette. Quand il a effleuré j’ai hurlé tellement j’avais mal.

- Ca va à peu près... on dirait que t'as une jolie entorse.

J’ai grimacé, et j’ai retenu tant bien que mal des larmes qui me montaient aux yeux. Je n’avais jamais eu aussi mal. Il s’est relevé et m’a regardé un peu plus attentivement.

- Toi, t'es allée faire un tour à Central Park.Comment il avait deviné ? J’ai du faire une drôle de tête quand je me suis rendue compte qu’il avait visé juste et j’ai eu le réflexe de croiser mes bras comme pour me cacher. Pourtant j’étais ridicule, il m’avait déjà vu nue. Mais là je me sentais juste…Sali. Oui c’était le mot.

- Bon... explique-moi ça... j'ai des types à aller tuer ensuite.

J’ai secoué la tête vivement. Et je me suis accrochée à lui. J’ai posé un regard suppliant sur lui.

-Me laisse pas seule s’il te plait. C’est pas grave, c’est rien je t’assure.

Je minimisais les choses, mais finalement c’était vrai, ils m’avaient juste touchés. J’avais réussi a m’en sortir alors inutile d’épiloguer. J’en prenais note, je ne pouvais pas en parler surtout.

-Tu veux bien m’aider à aller jusque chez moi ?

Je n’y arriverais pas seule….

-Je veux juste…me laver et me changer.

C’était vraiment tout ce que je demandais. Chasser l’idée que ma peau soit empreinte de leurs mains sur moi. Et surtout foutre mes vêtements en l’air. Je ne supportais plus de penser à eux en voyant mes fringues.

Et là mes nerfs ont lâché, je me suis mis à le regarder à travers mes larmes. Des larmes silencieuses. Je n’arrivais même pas à crier, alors que ça me ressemblait.

Invité

Sarah secoua la tête, mais sans me raconter ce qu'il s'était passé.

- Me laisse pas seule s’il te plait. C’est pas grave, c’est rien je t’assure.

Oui vas-y prends-moi pour un imbécile !

- Comment ça c'est rien ? T'as vu l'état de tes fringues ? Et ta tête ?

Elle ne répondit pas, préférant presque changer de sujet.

- Tu veux bien m’aider à aller jusque chez moi ?

Je soupirais.

- Je veux juste… me laver et me changer.

J'avais l'impression d'avoir déjà entendu ça.
Et puis soudain, elle fondit en larmes.

J'avais bien envie de lui faire la morale, ou de lui balancer un bon vieux "Je te l'avais dit". Mais ça ne servirait à rien. Elle n'avait pas besoin de ça. Et moi non plus.
Alors je l'ai juste prise dans mes bras.

- Promets-moi juste de ne pas retourner là-bas toute seule.

Voire pas du tout, en fait.
Je lui fis ensuite signe de monter sur mon dos, ce qu'elle fit vite fait, et nous montâmes les escaliers ainsi jusqu'à arriver à son appartement.
Je la déposais alors dans sa chambre, et je l'ai attendu au salon, le temps qu'elle... fasse ce qu'elle avait à faire. Se laver et se changer, sans doute.

Je me suis installé dans son canapé, et j'ai fermé les yeux 5 minutes. Je ne dormais pas, je me reposais juste.
Moi qui n'avait pas l'intention de rester, c'était plutôt mal parti. Mais après le cauchemar que j'avais fait cette nuit, j'avais décidé de venir parler à Sarah. Seulement, j'étais tombé au mauvais moment.

Et j'avais bien envie de savoir ce qui lui était arrivé, aussi. Il fallait que je la fasse parler. Même si je ne savais pas trop comment.

Elle revint enfin au bout de longues minutes. Toute propre, et changée.
Je relevais la tête vers elle.

- Ca va mieux ?

Bon allez, je me jetais à l'eau.

- T'es prête à me raconter ?

Je doutais qu'elle le fasse, mais on ne savait jamais. Je ne perdais rien à demander.

Invité

Nathaniel m’a regardé quelques secondes avant de se décider. Son regard était assez interrogateur, mais j’ai préfère faire comme si j’avais rien vu. J’avais pas envie de parler. J’avais juste envie de me sentir en sécurité. Et là dans le hall je ne ressentais pas ca.

Il m’a prise dans ses bras. Et j’ai commencé à me sentir un peu mieux. Il était protecteur et c’est tout ce que je demandais là.

- Promets-moi juste de ne pas retourner là-bas toute seule.

Je ne lui ai pas répondu, mais mon regard en disait long. Non franchement j’avais beau aimer me sentir libre de tout, je ne retournerais pas à Central Park de si tôt. Je ne pouvais pas promettre de ne jamais y retourner. Mais pour le moment j’étais assez calmé. J’avais vraiment eu la trouille de ma vie là.

Il m’a fait signe de grimper sur son dos, et je me suis installé le plus confortablement possible en passant mes bras autour de son cou en faisant gaffe de pas l’étouffer. Il a monté les escaliers, et j’ai eu l’impression que si je n’avais pas été la, il aurait monté les escaliers tout aussi vite. J’ai été étonné qu’il m’amène directement dans ma chambre. Au moins j’avais pas à sautiller du salon à la chambre comme une conne.

Il est sorti pour me laisser seule….Limite comme un gentleman. J’aurais remarqué d’habitude, et je m’en serais sans doute vexée, mais là j’étais juste reconnaissante de me laisser tranquille pendant un moment. Là bizarrement je ne voulais plus qu’on me regarde nue, j’avais presque honte de mon corps. Et puis, je sentais que je serais moins libidineuse. Je dis pas que j’avais pas envie, mais là c’était plus pareil.

Je me suis lavée en frottant partout comme une malade. Ils m’avaient pas trop touché, mais pour moi c’était déjà trop…. Et quand j’ai commencé à me sentir un peu mieux, je me suis séchée, et j’ai enfilé un vieux pantalon et un truc qui cachait toutes mes formes.

J’ai retenu des sanglots. J’allais quand même pas pleurer. Je l’avais bien cherché de toute façon…. Je avais que tôt ou tard ca arriverait non ? Non….j’y avais jamais vraiment pensé. Comme on dit…tant que ca vous est pas arrivés, vous voulez pas y croire.

Quand je suis revenue dans le salon, Nathaniel était installé sur le canapé, et a relevé la tête vers moi en un petit sourire timide.

- Ca va mieux ?

J’ai hoche la tête, en restant au coin de la porte quelques instants avant de sautiller vers lui.

-Moui….

Je me suis affalée sur le canapé à côté de Nathaniel après avoir frôlé le ridicule en sautillant sur une jambe pour ne pas poser mon pied par terre. J’avais essayé dans la chambre et j’avais failli hurler de douleur.

- T'es prête à me raconter ?

J’ai secoué la tête pour lui dire que non j’étais pas prête à raconter. Et en réfléchissant bien,,.y’avait rien a dire selon moi.

-Y’a rien à dire Nathaniel…

J’étais allée dans un endroit dangereux alors qu’il m’avait prévenu sur mon comportement et les risque que je prenais trois semaines auparavant. Et même si ca me faisait chier de l’avouer, il avait raison. §je devais admettre qu’il tenait quand même a moi. J’étais vraiment mitigée. Dans un sens je voulais pas qu’il s ‘attache, et dans l’autre ca me flattait.

-Oui ok, tu m’avais prévenu. C’est bon j’ai compris la leçon merci….

J’ai détourné le regard un instant avant de me coller à lui. J’ai posé ma tête contre lui et j’ai passé une main sous son pull presque machinalement. Et j’ai fermé les yeux.

-Serre-moi juste contre toi…. Je me déshabillerai pas je te promets. Je veux juste me sentir protégée dans tes bras.

Invité

Sarah secoua la tête et répondit à côté... comme attendu.

- Y’a rien à dire Nathaniel…

Evidemment. Les fringues déchirées et les cheveux en bataille, c'était tout à fait normal. Tout allait TRES bien dans le meilleur des mondes. Je m'étais fait du souci pour RIEN. Quelle idée !
Je serrais la mâchoire, comme pour éviter d'en rajouter une couche. Ou deux.
Tais-toi Nate, ce n'est pas le moment.

- Oui ok, tu m’avais prévenu. C’est bon j’ai compris la leçon merci...

Je souris à cette remarque. Touché.
Elle se blottit contre moi et ferma les yeux.
Je me contentais alors de passer mon bras autour de ses épaules, resserrant un peu plus notre étreinte.

- Serre-moi juste contre toi…. Je me déshabillerai pas je te promets. Je veux juste me sentir protégée dans tes bras.

Là, je souriais carrément. Rapport à sa réflexion sur sa fâcheuse tendance à se déshabiller tout le temps. Et sans prévenir.
Je soupirais ensuite, lui expliquant ce que j'avais en réalité en tête.

- Je ne voulais pas te faire la morale. Je voulais juste savoir si... si t'allais bien... si tu n'étais pas... blessée...

Ou pire. Moyen subtil de parler de tout à fait autre chose, mais Sarah avait compris.
Alors j'ai entrepris de lui raconter une toute autre histoire, pour qu'elle sache qu'elle n'était pas seule. Et qu'elle pouvait me parler.

- Tu sais, il y a quelques temps, j'ai une amie qui s'est retrouvée à Central Park sans faire vraiment exprès... longue histoire... et...

Je ne savais pas trop comment raconter la suite.

- Je passais dans le coin par hasard et j'ai entendu des cris. Quand je suis arrivé, un type la violait et l'autre regardait. Ils l'avaient frappée.

Une scène horrible.

- Je les ai tué tous les deux.

Enfin, Gabrielle en avait tué un, mais on n'allait pas chipoter pour ça. Sarah avait relevé la tête vers moi.

- Si je te raconte ça c'est juste pour que tu saches que... que si tu veux m'expliquer ce qui s'est passé... tu peux.

Au moins, Sarah n'avait pas l'air blessée, cheville à part. Et justement...

- Ta cheville ça va mieux ?

J'avais dit ça comme pour changer légèrement de sujet. Si Sarah voulait en parler, elle le ferait.

Idéalement, il faudrait mettre de la glace sur la cheville mais... ouhla. Ca me donnait une idée.
Je me suis levé d'un bond.

- Je reviens dans une minute.

J'ai attrapé une bassine qui trainait à la cuisine, et je suis descendu... tout bêtement pour chercher de la neige.
Quand je suis remonté, Sarah n'avait pas bougé du canapé, et je lui ai fait une sorte de cataplasme à base de neige.

- Pour pas que ça enfle trop...

Elle se contenta de sourire. Au moins, elle ne m'avait pas encore jeté. Je savais qu'elle m'aimait bien.
J'en était persuadé.

Invité

Nathaniel m’avait prise dans ses bras, et j’étais juste bien dans ses bras, j’avais envie de rien d’autre en fait. Je me posais plus de questions pour le moment. J’avais plus envie.

- Je ne voulais pas te faire la morale. Je voulais juste savoir si... si t'allais bien... si tu n'étais pas... blessée...

Non….enfin j’étais tombée, je m’étais tordu la cheville. Mais ils avaient pas eu le temps de me faire quoi que ce soit. Non pas que je sois prude ou tout ça. Mais c’était moi qui décidai de qui avait l’honneur de me toucher. Et là je me sentais juste salie… Je me sentais un peu comme avant. Comme quand on décidait pour moi. Là deux mecs avaient décidés qu’ils prendraient leur pied avec moi. Et comme avant quand j’avais cette espèce de truc sur la tête qui me rendait invisible aux yeux des autres, je me sentais juste dépossédé de mon âme.

- Tu sais, il y a quelques temps, j'ai une amie qui s'est retrouvée à Central Park sans faire vraiment exprès... longue histoire... et...Je passais dans le coin par hasard et j'ai entendu des cris. Quand je suis arrivé, un type la violait et l'autre regardait. Ils l'avaient frappée. Je les ai tué tous les deux.
J’ai relevé légèrement la tête vers lui en plongeant mes yeux dans les siens. Il y avait un espèce de truc indéfinissable dans son regard. Et j’ai été touchée.

- Si je te raconte ça c'est juste pour que tu saches que... que si tu veux m'expliquer ce qui s'est passé... tu peux.

Je me sentais pas le courage de dire ce qu’il s’était passé. Apres ce qu’il venait de me dire sur son amie, je me sentais juste ridicule à coté d’elle. Alors non ce n’était vraiment rien. Plus de peur que de mal comme on dit.

Et là en une seconde il m’a repoussé et s’est levé d’un seul coup. Je suis simplement restée scotchée à le regarder partir. Et je me suis sentie plus vide qu’une coquille subitement. Et je me sentais juste vulnérable….

- Je reviens dans une minute.

Moins d’une minute plus tard il était revenu avec une bassine remplie de neige… Je l’ai regardé sans comprendre jusqu'à ce qu’il me pose la glace sur la cheville avec un petit sourire.

- Pour pas que ça enfle trop...

Sauf que….c’était froid. Très froid. Et forcément j’ai crié.

-C’est froiiiiiiiiiiiid.

Mais au fond ça faisait du bien. La douleur semblait anesthésiée, c’est tout ce que je demandais. Alors je l’air remercié en lui souriant.

-Mais ça fait du bien.

Après je l’ai attiré à moi, et je l’ai fait s’asseoir en entourant sa taille de mes bras et j’ai posé ma tête contre son torse. J’ai relevé un peu la tête pour lui poser une question.

-Tu vas rester là hein ? Je veux pas que tu repartes pour le moment.

Et j’ai recollé ma tête contre lui. Et c’est sorti tout seul.

-J’ai eu la trouille de ma vie, je voulais juste voir de la verdure, alors je suis allée à Central Park. C’est pas la première fois que j’y vais. Et là j’ai pas compris ce qu’il se passait…. Deux mecs m’ont sauté dessus, et ont commencé à m’arracher mes vêtements et à me caresser. Je me suis débattue et je suis partie en courant… tu vois y’a rien à dire. J’ai eu de la chance moi….

Contrairement à sa copine j’étais vernie…. Et puis c’est pas comme si je l’avais pas cherché…

-Mais je veux que tu restes. Je me sens bien avec toi Nathaniel.

Ca aussi c’était sorti tout seul. Alors je me suis mordu la lèvre. Avant de m’en foutre carrément. C’est pas comme si je le pensais pas. J’étais vraiment bien là. Avec lui…Et puis au point où j’en étais…je pouvais encore me ridiculiser un peu plus….

-Tu vas rester hein ?

Invité

Sarah cria au contact de la neige froide.

- C’est froiiiiiiiiiiiid.

Ah ben ça, oui. La neige chaude n'avait pas encore été inventée.

- Mais ça fait du bien.

Tant mieux. C'était fait pour.
Je lui ai souris et avant que je ne bouge elle m'a tiré vers elle pour que je m'assoie à ses côtés, m'enlaçant naturellement.

- Tu vas rester là hein ? Je veux pas que tu repartes pour le moment.

Je n'ai même pas eu le temps de répondre. Elle s'est mise à parler...

- J’ai eu la trouille de ma vie, je voulais juste voir de la verdure, alors je suis allée à Central Park. C’est pas la première fois que j’y vais. Et là j’ai pas compris ce qu’il se passait… Deux mecs m’ont sauté dessus, et ont commencé à m’arracher mes vêtements et à me caresser. Je me suis débattue et je suis partie en courant… tu vois y’a rien à dire. J’ai eu de la chance moi...

Je poussais un soupir de soulagement. Les types ne l'avaient pas touchée. Heureusement. Plus de peur que de mal.

- Tu as eu beaucoup de chance, oui.

En même temps, cela ne m'étonnait qu'à moitié. Elle était assez maline et rapide pour ne pas se laisser faire.
Mais face à deux mecs, elle devait quand-même remercier sa bonne étoile.

- Mais je veux que tu restes. Je me sens bien avec toi Nathaniel.

Ah. Première fois qu'elle admettait qu'elle était bien quand j'étais là. Et je souriais comme un niais...

- Tu vas rester hein ?

Je plongeais alors mon regard dans le sien.

- Je ne peux pas rester pour très longtemps... mais jusqu'à ce que le soleil se couche, ça devrait aller.

Tant pis pour Armando aujourd'hui. J'irais une autre fois. Et puis de toute façon, je n'avais rien de nouveau à lui raconter.
Elle faisait un peu la moue, mais je n'avais pas le choix.

- J'ai pas le choix pour le moment. Mais bientôt, je pourrais à nouveau faire ce que je veux.

Sous-entendu : j'aurais bientôt terminé ma mission et je pourrais être à nouveau libre comme l'air. Mais d'abord, il fallait que je tue trois types qui ne m'avaient strictement rien fait.

- Tu sais... je suis venu plusieurs fois en trois semaines... t'as dû trouver de la nourriture devant ta porte...

Elle acquiesça.

- J'avais pas trop envie de tomber sur toi... par rapport à la dernière fois où on s'est vu... et puis... j'avais pas non plus envie de te retrouver dans les bras du premier abruti venu. Une fois, ça m'a suffit.

Largement.

Invité

J’avais besoin qu’il reste. Et envie. Sa présence m’apaisait. C’était con parce que je savais pas grand-chose de lui et que je refusais de m’attacher à qui que ce soit, mais il avait un truc qui me calmait. Je sais pas pourquoi mais il me traitait pas comme les mecs me traitaient d’habitude, et il était jamais impressionné par ce que je disais ou faisait. Et puis quand il me regardait comme ça, droit dans les yeux, il se passait quelque chose….

- Je ne peux pas rester pour très longtemps... mais jusqu'à ce que le soleil se couche, ça devrait aller.

Il devait être dans les 15h……et le soleil se couchait vers 19heures….alors il fallait que j’en profite. Même s je trouvais que ça faisait court. Court parce que pour une fois j’avais peur d’être seule, j’avais peur que les mecs de Central Park viennent. Et puis c’était court parce que j’avais peur de m’endormir. Et de pas profiter du calme qu’il m’apportait. Alors j’ai pas pu m’empêcher de faire la grimace.

- J'ai pas le choix pour le moment. Mais bientôt, je pourrais à nouveau faire ce que je veux.

Je savais pas trop pourquoi il me disait ca et ce que ca voulait dire. Et j’avais pas envie de creuser. J’avais envie de rester là a rien dire, dans les bras d’un mec à tomber par terre et que j’aimais bien. Alors je me suis contenté de me serrer contre lui.

-Ha…..

J’avais pas envie de chercher à comprendre franchement, même si c’était pourtant pas dans ma nature. Dans mon état normal, je l’aurai fait chier jusqu'à ce qu’il me dise pourquoi il avait pas le choix, et combien de temps faudrait attendre. Là j’avais juste envie qu’on passe à autre chose. Qu’on dise plus rien, et qu’on profite juste. Et que je me sente protégée.

Mais il avait envie de parler. …

- Tu sais... je suis venu plusieurs fois en trois semaines... t'as dû trouver de la nourriture devant ta porte...

J’ai hoché la tête pour lui dire que je savais. Oui, même si on ne s’était pas vus depuis trois semaines, j’avais trouvé des cartons avec de la bouffe dedans. Et même su y’avait pas de mots, je savais que c’était Nathaniel qui les avait amenés la. Et j’avoue que c’était sympa….sortir par un temps pareil me réjouissait pas tant que ça. J’avais pas l’habitude de la neige, alors moins j’étais en contact avec elle, mieux je me portais.

- J'avais pas trop envie de tomber sur toi... par rapport à la dernière fois où on s'est vu... et puis... j'avais pas non plus envie de te retrouver dans les bras du premier abruti venu. Une fois, ça m'a suffit.

Hou là. Je me suis carrément crispé quand il m’a dit ca. J’aimais pas la tournure que ca prenait. Ca sonnait ….j’aimais pas ca quoi. Je voulais qu’on dise rien, qu’on se contente d’être comme ca : moi dans ses bras jusqu'à ce qu’il parte, et qu’on cherche pas plus loin. Et puis, je me souvenais de cette dispute…et je la trouvais ridicule, parce qu’on se devait rien.

Je me suis alors retourné pour le regarder et je lui ai fait une petite grimace.

-On peut juste oublier s’il te plait ?

Oublier ce qu’il s’était passé. …parce qu’il s’était rien passé justement. Enfin….il m’avait fait une espèce de crise. On s’était pris la tête et puis…. Et merde….j’avais refusé de penser à tout ça, et voilà qu’il revenait en remettant ca sur le tapis. Je sentais que si je mettais pas court à tout ça, j’allais finir énervée. Et il partirait. Et je me retrouverais seule. Et j’aurais peur. Et je voulais pas avoir peur.

-Je veux pas parler de ça. Parce que ça sert à rien et parce que j’ai pas envie.

Ma voix était claire et nette. Y’avait pas à discuter des heures. On reparlerait pas de ça.

-Tu me dois rien, et je te dois rien Nathaniel. Alors arrête s’il te plait.
Moi c’est ce que j’alliai m’efforcer de faire. Faire comme avant. Enfin non…..j’avais failli me faire violer et j’avais vraiment eu peur. J’ai posé ma tête sur son épaule et j’ai soupiré avant de passer mes bras autour de sa taille.

-Si tu restes que quelques heures tu peux me serrer contre toi ? J’ai eu peur Nathaniel….j’ai toujours peur…. Reste cette nuit.

Invité

Je l'ai sentie un peu mal à l'aise, et elle s'est retournée pour me regarder.

- On peut juste oublier s’il te plait ?

Oublier. C'était un bien grand mot.
Je ne savais pas si j'allais être capable de tirer un trait sur tout ça, mais j'allais essayer.
Parce qu'elle me le demandait.

- Je veux pas parler de ça. Parce que ça sert à rien et parce que j’ai pas envie.

Ok. J'avais compris, pas la peine d'insister.

- Tu me dois rien, et je te dois rien Nathaniel. Alors arrête s’il te plait.

- Promis.

Je ne pouvais rien dire d'autre. Inutile de la braquer en en reparlant, encore et encore.
Elle a ensuite passé son bras autour de moi et elle posé sa tête sur mon épaule. J'ai resserré mon étreinte autour de ses épaules.

- Si tu restes que quelques heures tu peux me serrer contre toi ? J’ai eu peur Nathaniel….j’ai toujours peur…. Reste cette nuit.

Bien que j'en ai réellement très envie, je ne pouvais raisonnablement pas rester toute la nuit. Je ne pouvais pas me trouver une énième excuse bidon ou cela finirait par se voir. Déjà qu'Alexander par exemple n'avait toujours pas confiance en moi. Et à juste titre d'ailleurs.

Mais je n'ai pas eu le courage de lui dire non.

- Je vais rester le plus longtemps possible...

Cela ne voulait pas dire que j'allais rester cette nuit, mais au moins, j'allais essayer, si j'en trouvais le moyen.
Je détestais à avoir à choisir entre Sarah et ma mission. Le plus simple, serait de concilier les deux, mais je savais que c'était impossible. Il fallait donc que j'avance dans ma mission pour la terminer au plus vite. Mais cela voulait dire que beaucoup de gens allaient souffrir, y compris des gens auxquels je m'étais attaché, comme Katarina ou Gabrielle.

Aussi, il fallait vraiment que quelque chose soit fait pour "nettoyer" Central Park, ou toutes les filles encore en vie allaient en subir les conséquences. Malheureusement, je ne pouvais rien y faire, et personne ne le pouvait. C'était répugnant.

Je ne lâchais pas Sarah d'un millimètre, sa respiration semblait apaisée, et je ne m'en plaignais pas. J'étais juste bien.
Et probablement qu'elle aussi.

Invité

Je me disais pour la première fois de ma vie, que j’avais besoin de quelqu’un. J’avais besoin de l’affection de quelqu’un. J’avais repoussé tant de fois les hommes qui étaient passés dans mon lit. Même Nathaniel j’avais joué avec lui. Pourtant il était toujours là. Il était là alors que j’avais cru me faire violer, et c’est dans ses bras à lui que je me laissais aller.

J’étais prête à le laisser dormir avec moi cette nuit, j’étais prête à le voir demain matin au réveil. J’étais prête à lui faire une petite place dans ma vie en fait. Et même si j’avais très peur, mon corps se détendait.

Pour la première fois depuis des mois, me retrouver dans les bras d’un mec vraiment désirable faisait pas monter en moi l’envie de coucher ou de faire quoi que ce soit. Non ce que j’avais envie là c’était qu’il me tienne contre lui. Et il a du sentir que j’étais pas prête à parler.

Ni de ce qui venait de se passer, ni de ce qu’il s’était passé la dernière fois qu’il était venu chez moi,..

Je voulais juste ses câlins. Je voulais m’endormir dans ses bras…..

- Je vais rester le plus longtemps possible...

Il allait rester ! Je pouvais enfin me détendre. Il me laisserait pas. J’ai fermé les yeux et j’ai senti mes muscles se détendre. J’étais dans les bras du mec que …j’appréciais. Et je souriais comme une abrutie sans doute. Je m’accrochais à lui et je prenais juste la mesure que tout ça c’était nouveau pour moi. Jamais j’avais laisse un mec me prendre dans les bras et jamais je m’étais sentie bien dans les bras d’un mec. Et je me rendais compte que depuis le début j’avais aimé être dans ses bras.

J’ai eu peur, pourtant j’ai chassé ces idées dans un coin de ma tête et je me suis laissé aller. D’une petite voix, je l’ai à nouveau supplié. Pas pour qu’il reste….Il allait rester le plus possible, il me l’avait promis. Et jusque là il avait tenu toutes ses promesses, alors je le croyais. Non, je voulais qu’il me parle.

Je m’en foutais de ce qu’il me raconterait, je voulais juste entendre sa voix. Il avait une voix calme posé, et j’aimais bien entendre son rire aussi.

Oui je sombrais dans la niaiserie profonde mais franchement je m’en contrefichais là.

-Tu peux me parler Natahniel? De ce que tu veux. Mais parle-moi.

J’ai légèrement entrouvert les yeux et levé ma tête pour le regarder .Ma main s’est glissé sous son tee shirt pour le sentir un peu plus contre moi. Et même ça ça attisait pas le désir en moi. J’avais pas envie qu’on baise, ou qu’on fasse autre chose. Je voulais qu’on soit là, tranquillement chez moi, à parler.

-J’ai envie d’entendre ta voix…..

Invité

On resta silencieux de longues minutes, avant que Sarah ne reprenne la parole.

- Tu peux me parler Nathaniel ? De ce que tu veux. Mais parle-moi.

Elle me regardait, attendant que je réagisse.
Mais que pouvais-je bien lui raconter ?

Je n'avais aucune idée de ce dont on pouvait parler. Elle revint à la charge.

- J’ai envie d’entendre ta voix…..

Euh, oui. Pourquoi pas. Mais je n'étais pas spécialiste d'histoires à raconter. La seule solution qu'il me restait, était donc de parler de moi. Malheureusement, il n'y avait pas grand chose à dire.

Elle me fixait toujours, attendant que je lui parle. Une recette de cuisine, un mode d'emploi, le bottin... j'aurais pu lui raconter n'importe quoi.
Mais comme un imbécile, je ne savais pas trop pourquoi... j'ai parlé...
J'ai parlé de quelque chose que je n'avais jamais dit à personne. Ca m'est venu tout seul, d'un bloc. Sans même y réfléchir.

- La croix est l'échelle des cieux.

Sarah s'interrogeait. J'ai continué.

- Je ne sais pas si tu as déjà entendu ce proverbe dans ton pays...

Elle me fit signez que non. Pas étonnant. Ce n'était pas vraiment sa culture.

- Je ne suis pas croyant, et je ne l'ai jamais été. Mais quelque part, on peut dire que je suis un peu superstitieux...

Vraiment un tout petit peu, promis.

- A chaque fois que j'ai tué quelqu'un... j'avais comme une sorte de... de mode opératoire. J'agissais toujours de la même manière, toujours au même moment, toujours avec la même arme...

Elle m'écoutait attentivement. Cette fois, j'avais fait mouche, elle buvait mes paroles.

- ...et même si ça ne m'a jamais rien fait de tuer ces gens... disons que j'avais... quelques remords. Enfin surtout au début. Ca s'est estompé ensuite.

Ca s'est carrément effacé même. Je n'avais plus le moindre frisson, la moindre émotion, en m'attaquant à quelqu'un. Il n'y avait plus que le fric qui me motivait, en fait.

- Pour remédier à ça... dès le début... dès mon premier meurtre... je m'amusais à graver une croix au niveau de la clavicule de mes victimes.

Oui enfin, s'amuser, c'était un bien grand mot. Ce n'était pas marrant à proprement parlé.

- C'est peut-être con... mais je me disais, que quoi qu'ils aient fait, et que quoi que j'ai fait... ils trouveraient la paix. Les cieux.

C'était complètement stupide, oui. Mais je ne pouvais pas m'en empêcher.

- La croix est l'échelle des cieux. C'est là que je voulais en venir.

J'avais surtout rien trouvé de mieux à raconter.
J'avais tout de même un petit détail à ajouter.

- Depuis les bombardements... j'ai arrêté de faire ça.

Pourquoi, je n'en avais pas la moindre idée. Pourtant, je n'avais pas cessé de tuer des gens pour le compte d'Armando.

Allez savoir.

Invité

J’avais besoin qu’il me parle, j’avais besoin de me laisser embarquer par sa voix. J’avais besoin de fermer les yeux et de me sentir juste bien. Etre dans ses bras et fermer les yeux ne me suffisait plus. Je voulais qu’il me parle. Et franchement je me foutais ce qu’il me dirait. Je m’attendais pas non plus à ce qu’il me raconte un conte de fées quand même….

Et puis quand j’allais le supplier encore une fois il m’a sorti un truc que j’ai vraiment pas compris.

- La croix est l'échelle des cieux.

Hein ? Quoi ? Non mais il avait fumé sérieux ? Pourtant je le voyais pas se droguer. Enfin je l’imaginais pas quoi….Quand il a vu mes yeux se transformer en deux soucoupes, il a commencé à m’expliquer.

- Je ne sais pas si tu as déjà entendu ce proverbe dans ton pays...

Heu non….mais bon j’étais musulmane. …donc la croix……

- Je ne suis pas croyant, et je ne l'ai jamais été. Mais quelque part, on peut dire que je suis un peu superstitieux...

Je pouvais comprendre qu’on soit pas croyants, même si jamais j’avais perdu la foi. J’étais pas non plus très regardante sur le Coran et ce que disait le prophète, et j’étais pas non plus le genre à prier cinq fois par jour. Enfin je l’étais plus…. Avant oui. Dans mon pays, chez moi, on priait. Mais malgré tout ça je croyais toujours en Allah. Il ne m’avait jamais laissé, il avait toujours été là.

J’écoutais Nathaniel, et j’avais tourné la tête vers lui.

- A chaque fois que j'ai tué quelqu'un... j'avais comme une sorte de... de mode opératoire. J'agissais toujours de la même manière, toujours au même moment, toujours avec la même arme....et même si ça ne m'a jamais rien fait de tuer ces gens... disons que j'avais... quelques remords. Enfin surtout au début. Ca s'est estompé ensuite.
Pour remédier à ça... dès le début... dès mon premier meurtre... je m'amusais à graver une croix au niveau de la clavicule de mes victimes.
C'est peut-être con... mais je me disais, que quoi qu'ils aient fait, et que quoi que j'ai fait... ils trouveraient la paix. Les cieux.

Je sais pas trop pourquoi il me racontait ça mais j’aimais l’écouter me parler de sa vie. Et c’était super intéressant, il se dévoilait vraiment. Au moins maintenant y’avait un point partout. Il savait ce que j’avais vécu avant d’arriver à New York et je savais un peu mieux ce qu’il faisait.

Alors on en était là…. On se confiait l’un à l’autre, on apprenait a se connaitre. Comme un couple….

C’était ca alors ? C’était aussi facile que ça ?

En tout cas avec Nathaniel ca me semblait tellement facile, tellement naturel. Ouais je commençais à être fleur bleue mais je m’en foutais. Là, je rendais les armes. J’étais plongée là dedans quand il m’a reparlé de son expression.

- La croix est l'échelle des cieux. C'est là que je voulais en venir.

Par contre je savais pas pourquoi il avait commencé à tuer. Et ce qu’il faisait….permettre aux âmes de trouver la paix était vraiment…mignon ?

- Depuis les bombardements... j'ai arrêté de faire ça.

J’ai penché la tête pour le regarder et je lui ai souri. Et Je me suis reblottie dans ses bras, la main sous son tee shirt.

J’avais des tas de questions à lui poser. Je voulais savoir des choses sur lui, je voulais apprendre à le connaître. Parce qu’on m’avait jamais fait autant confiance en me confiant des choses.

-Pourquoi t’as commencé à tuer ?

Y’avait forcément une raison…..On tue pas sans raison non ? Enfin moi je m’en foutais….même si j’avais tué personne, la mort des gens me faisaient pas grand-chose. Ouais j’étais une sale égoïste et egocentrique mais je m’en foutais…..De toute façon quand on crève, on crève seul…..

-Nathaniel…

J’adorais son prénom….J’avais pas l’habitude des prénoms américains….je connaissais pas la signification de ce prénom. Dans ma culture, on donne un prénom aux enfants pour une raison. On est plus attachés à la signification qu’a la beauté du prénom. Sarah signifiait princesse….. Voilà ce que je représentait pour mes parents…Pourtant à la base je savais que ce prénom n’était pas courant dans ma religion…..Mais même si ma mére s’était convertie, elle était juive de confession…..Elle a du choisir….enfin plutôt elle avait pas le choix avec mon père…..

-Ca veut dire quoi Nathaniel ?

Ouais j’étais toujours bloquée sur son prénom. Je voulais savoir….

Et puis comme d’habitude, je suis passée à autre chose après l’avoir embrassé.

-Ca fait quoi de tuer ?

Je voulais savoir…ce qu’il ressentait….si c’était comparable à un orgasme en fait.

-C’est mieux que le sexe ?

Invité

Elle me regarda et se blottit contre moi. Quelques secondes après, elle me posa une question

- Pourquoi t’as commencé à tuer ?

Question qui tue. Ahah.
Je n'ai pas pris le temps de tout lui expliquer, c'était bien trop long. Et puis, je n'avais jamais raconté cette histoire à personne. Comment revenir sur le fait que ma mère avait été tuée, que son meurtrier n'avait jamais payé et que j'avais donc décidé de faire ma propre justice ?
Je me suis contenté d'une phrase...

- Longue histoire...

Elle ne s'en formalisa pas, et continua le fil de ses pensées.

- Nathaniel… Ca veut dire quoi Nathaniel ?

Elle en avait de ces questions !

- Je ne sais pas. Je me suis jamais posé la question à vrai dire...

C'était l'occasion de se renseigner.
Elle m'embrassa, puis poursuivi...

- Ca fait quoi de tuer ?

Là, elle me scotcha.
Jamais personne ne m'avait posé cette question.

Soit parce que la personne que j'avais en face de moi ne savait pas ce que je faisais réellement pour vivre... soit parce qu'elle était elle-même du milieu, et dans ce cas, elle savait. Comme Armando par exemple.
La dernière possibilité étant que la personne se trouvant face à moi soit déjà morte. Tuée par mes soins ou non.

- C’est mieux que le sexe ?

Je me mis à sourire. Cette fille n'arrêtait pas de m'étonner.

- Ca n'a pas grand chose à voir en fait...

Je réfléchis quelques instants, le temps de mettre mes idées en ordre. Puis, je me lançai...

- C'est difficile à expliquer. Je fais jamais ça impulsivement, c'est toujours très réfléchi. Il faut être concentré, attentif... et entrainé, bien sûr. Jusqu'au moment de presser sur la détente, on sent l'adrénaline monter. On est comme... pris au jeu.

Voilà, exactement. Je voyais ça comme un jeu en fait.

- Puis après... on est satisfait. Encore plus si le travail est bien fait. On se sent... presque soulagé.

Je n'avais pas la moindre idée si elle pouvait s'imaginer ce que ça faisait.

- Tu vois ce que je veux dire ?

Elle avait l'air d'en saisir l'essentiel.

- Enfin ça... c'est pour un meurtre prémédité. Quand on doit tuer pour se défendre, par exemple, c'est autre chose. On n'a pas le temps de réfléchir, tout va beaucoup trop vite. Mais on se sent... puissant.

Ca pouvait rendre dingue si on n'y était pas un minimum préparé.

- Enfin le mieux... c'est de le vivre pour comprendre.

J'espérais ne pas lui avoir mis une mauvaise idée en tête...

Invité

J’étais rapidement passé à autre chose quand j’avais compris qu’il avait pas envie de me dire pourquoi il avait commencé à tuer. Et puis je voulais pas qu’on se prenne la tète. On était tellement bien, calmes tous les deux alors j’allais pas gâcher ce moment.

Il devait voir que j’étais moins sur la défensive que d’habitude parce que quand je lui ai posé des questions sur ce qu’il ressentait quand il tuait quelqu’un il s’est mis à me sourire. Je voulais savoir si ça lui faisait plus d’effets qu’une partie de jambes en l’air. Il avait du tuer plus de personnes que les filles avec qui il avait couché. Il avait même failli me tuer…deux fois…..

- Ca n'a pas grand chose à voir en fait...

Alors il préférait peut être tuer…..mais j’avais quand même du mal à y croire vu comme il était doué au lit.

- C'est difficile à expliquer. Je fais jamais ça impulsivement, c'est toujours très réfléchi. Il faut être concentré, attentif... et entrainé, bien sûr. Jusqu'au moment de presser sur la détente, on sent l'adrénaline monter. On est comme... pris au jeu.
Puis après... on est satisfait. Encore plus si le travail est bien fait. On se sent... presque soulagé.
Tu vois ce que je veux dire ?

J’ai hoché la tête sans réussir à dire un mot. Oui je voyais ce qu’il voulait dire. Je buvais quand même ses paroles, ça aurait pu paraitre ridicule, mais de ma part ça voulait dans un sens dire pas mal de choses. J’étais juste bien avec cet homme et je pouvais me laisser aller. Et j’avais pas prévu tout ça….

- Enfin ça... c'est pour un meurtre prémédité. Quand on doit tuer pour se défendre, par exemple, c'est autre chose. On n'a pas le temps de réfléchir, tout va beaucoup trop vite. Mais on se sent... puissant.

La façon dont il en parlait donnait vraiment envie. De nouvelles sensations….Ses yeux prenaient un éclat particulier, sa voix semblait exaltée. Et franchement ça donnait envie d’essayer. J’avais un flingue chez moi mais je m’en étais jamais servi….Peut etre qu’il m’apprendrait….si je lui demandais….

- Enfin le mieux... c'est de le vivre pour comprendre.

Le vivre….

Oui, le vivre…..

A cet instant j’ai su que je voulais essayer. Je voulais tirer sur quelqu’un ! Je voulais ressentir ça, je voulais jurger par moi-même si ça ressemblait au sexe. Alors je me suis retourné et je lui ai souri. Il avait sans doute compris…..Il avait du comprendre que je voulais essayer.

Je sais pas trop ce qu’il en pensait mais moi je voulais essayer. Je voulais qu’il me fasse partager sa vie.

-Tu m’apprendras ?

Apprendre quoi ? Tuer quelqu’un ? Non , non je voulais pas en faire mon métier. Je voulais apprendre à tirer déjà. Mais vu son regard, il devait commencer à flipper. Je voulais pas tuer pour rien non plus, mais je voulais savoir tirer. Et qui de mieux qu’un tueur professionnel peut vous apprendre ça ?

-A tirer je veux dire.

Peut être qu’il voulait quelque chose en échange. Le monde fonctionnait comme ça maintenant…..

-Par contre j’ai rien en échange…

Moi j’avais aucune aptitude, je savais pas faire grand-chose. J’avais toujours vécu dans le luxe et la paresse. Tout ce qu’on me demandait c’était d’apprendre a devenir une bonne épouse. Et je doutais que ce soit ce que voulait Nathaniel.

-Je sais rien faire…..

Et ça m’a blessé. Enfin je venais de me blesser toute seule pour le coup… Alors je me suis crispée dans les bras de Nathaniel et je sentais les larmes monter. Je venais de réaliser que j’avais pas de but dans la vie…..

Invité

J'étais complètement idiot où je le faisais exprès ?
Je penchais volontiers pour la première proposition.

Sarah n'était pas sourde, et il était évident qu'elle allait rebondir sur ma dernière phrase. Mais POURQUOI avais-je dis un truc pareil ? POURQUOI ?
Elle se retourna vers moi, tout sourire... bien joué Nate !

- Tu m’apprendras ?

Comme si on pouvait apprendre à tuer quelqu'un... j'ai failli lui répondre que c'était impossible, mais elle se rattrapa.

- A tirer je veux dire.

Ah.
Ça, c'était différent... disons que ça pouvait se négocier. A voir. Je ne voulais pas non plus faire n'importe quoi avec elle et que cela me retombe dessus d'un moyen ou d'un autre. Mais on pouvait en discuter.

- Par contre j’ai rien en échange…

En échange ? Comme du troc ?

- Je ne demande rien en échange.

Si je le faisais, c'était juste pour... je devais bien l'admettre... c'était pour passer du temps avec elle, voilà tout.
Elle prit alors une voix un peu triste...

- Je sais rien faire…..

Elle se blottit un peu plus contre moi. Je ne comprenais pas très bien ce qui se passait mais elle était visiblement touchée.

- Ne dis pas que tu ne sais rien faire... je suis certain que c'est pas vrai.

Je n'avais pas d'exemple précis en tête, tout simplement parce que je ne la connaissais pas très bien. Alors il était peut-être temps d'en savoir un peu plus.

- Tu faisais quoi avant ? Je veux dire, avant de venir ici pour épouser...

J'ai failli dire l'autre ordure. Je me suis retenu.

- ... pour épouser ton fiancé ?

Je ne savais pas à quoi ressemblait sa vie d'avant, mise à part le fait que son "fiancé", donc, n'était pas un type bien. Pour ça qu'on m'avait charger de le tuer.
Et je ne savais pas non plus à quoi pouvait ressembler une vie dans un pays oriental, avec une culture complètement différente et un mode de vie certainement peu commun pour moi.

- T'as appris l'anglais là-bas ? Tu le parles très bien... c'est rare.

J'étais curieux de savoir si elle avait eu la chance de faire des études, si elle avait eu un métier... mais il fallait bien que je me rende compte que je ne savais même pas la plus élémentaire des choses... son âge.
Je voyais bien qu'elle était un peu plus jeune que moi, mais je ne pouvais pas être plus précis.

- Enfin c'est rare... pour ton âge.

Et voilà, ni vu, ni connu, j'avais posé la question.
Mais elle m'avait grillé, c'était obligé.

Invité

Il avait beau me dire qu’il ne voulait rien en échange…. Je savais que tôt ou tard je devrais rembourser ; C’était ainsi qu’on m’avait enseigné la vie. Tout se paye un jour disait ma mère. J’avais entendu parler des occidentaux comme des gens rusés et faux, et on m’avait appris à m’en méfier tout en faisant croire que je les appréciais.

Pourtant je n’avais jamais su faire semblant, encore moins avec Nathaniel. J’étais bien dans ses bras, et ce n’était pas un mensonge. J’étais bien mais je me rendais compte que je n’avais rien, que je ne savais rien faire. C’était même étonnant voire miraculeux que j’ai survécu jusque là….

Et j’avais aussi de la chance d’avoir Nathaniel…même si notre relation était assez bizarre et ambiguë, il était toujours là pour moi.

- Ne dis pas que tu ne sais rien faire... je suis certain que c'est pas vrai. Tu faisais quoi avant ? Je veux dire, avant de venir ici pour épouser...pour épouser ton fiancé ? T’as appris l'anglais là-bas ? Tu le parles très bien... c'est rare.
Enfin c'est rare... pour ton âge.

Il était doux, sa voix état calme et posée, et ça me faisait un bien fou. Depuis quand je ne m’étais pas laissée aller comme ça ? En fait jamais je crois…. On en était à parler de moi et j’avais même pas envie de l’envoyer chier ou de ne pas répondre. J’avais envie de lui répondre, il m’avait fait confiance en me confiant des choses. Et même si je connaissais pas vraiment sa vie, là ses questions étaient sans doute le moment d’apprendre à se connaître.

Et puis il me faisait des compliments, il me valorisait, et ça sonnait même pas faux, ça avait l’air sincère….Pourtant je savais que sa vie c’était le mensonge, mais là je sais pas…..je savais qu’il me mentait pas…

Je me suis un peu détachée de lui pour le regarder et je lui ai souri. Il essayait de savoir quel âge j’avais, et je trouvais ça assez mignon de le demander comme ça . Et ça m’amusait de le faire languir et d’en faire un jeu.

-Tu me donnes quel âge ?

Il a secoué la tête pour me faire comprendre qu’il n’en savait rien. Ou alors il ne voulait pas s’avancer. Je savais que je faisais sans doute plus femme que la plupart de celles de mon âge mais pourtant je faisais mon âge non ?

-J’ai dix neuf ans Nathaniel…

Dix neuf ans…je savais qu’ici ça signifiait que j’étais mineure…. Et puis je savais pas quel âge avait Nathaniel mais certainement pas mon âge….Sept ans de plus ? huit ? En fait je m’en fichais.. De toute façon j’avais failli épouser un mec plus vieux que moi et puis….c’est dans l’ordre des choses que l’homme soit plus âgé que la femme. Mon père avait quinze ans de plus que ma mère….

Ma vie avait été parfaitement orchestrée quand on y pensait, comme celle de toutes les femmes dans mon pays et ma culture. Jusqu'à nos règles nous étions censées être innocentes alors on nous laissait aller et venir à notre guise, notre éducation était la même que celle des petits garçons et puis quand nous devenions femmes, nos vies changeaient du jour au lendemain. On nous cachait, on nous interdisait presque tout, et surtout on n’avait plus aucune fréquentation masculine à part ceux de notre famille, et encore il fallait se cacher aussi la plupart du temps…..

Mais comme je l’avais dit avant, le visage de mon pays avait changé. Ce qui faisait de mon pays sa richesse c’était le pétrole. Et le pétrole c’est du business. Alors toutes nos vies étaient orientées la dessus. J’avais appris l’anglais très jeune, en pensant faire une carrière à l’étranger, en devenant avocate par exemple. Mais à quinze ans je n’avais plus quitté notre propriété. L’école se faisait à la maison. Des cours d’anglais bien sûr…..je devais maitriser la langue pour pouvoir m’intégrer et faire penser que je ne serais pas en danger. Du mensonge, toujours du mensonge.

-Si je parle si bien l’anglais c’est que dans mon pays on n’a plus le choix, c’est la langue du business. Et si tu veux passer pour quelqu’un de civilisé tu n’as pas le choix….

Pourtant a croire comme ça, à m’entendre parler, je haïssais mon pays et ma culture alors que c’était pas ça du tout. … au contraire. Ce que je n’aimais pas c’était de ne pas avoir l’impression de m’appartenir. Je n’étais pas moi-même là bas…. Pourtant l’étais-je ici ?

-C’était ça ma vie Nathaniel….ne rien faire, seulement faire semblant….

Et là sentir que je savais même pas qui j’étais, ce que je voulais, ce que je valais aussi me faisait tellement mal… jusque là j’avais évité d’y penser…..Et je me suis mis à pleurer, à sangloter, et à essayer de me détacher de cette étreinte.

-Je suis une femme Nathaniel, tu crois que j’étais destiné à aller à l’université et à faire ce que je veux ?

Je voulais qu’il comprenne….qu’il me comprenne.

-J’étais destinée à être une bonne épouse, à me taire et à ne rien dire.

Invité

Sarah n'avait jamais été aussi douce et calme avec moi. Cela me surprenait un peu qu'elle se laisse autant aller. Mais ça faisait un bien fou de passer un moment agréable avec quelqu'un. Et surtout avec elle.

Elle sourit avant de me répondre...

- Tu me donnes quel âge ?

J'ai hésité à répondre, mais je ne savais pas quoi dire. Je me doutais qu'elle devait être un peu plus jeune, mais je ne savais pas à quel point. J'ai secoué la tête pour lui faire comprendre que je n'avais aucune idée de son âge.

- J’ai dix neuf ans Nathaniel…

Dix-neuf.
Elle avait dix-neuf ans.

Là, je dois dire que je ne m'y attendais pas vraiment. Ici, cela voulait dire qu'elle n'était même pas majeure !
Et cela voulait aussi dire que j'avais... 10 ans de plus qu'elle.
Ca donnait un sacré coup de vieux. Moi qui avait l'impression d'être encore jeune. Loupé. Elle me battait à plate couture.

Elle continua...

- Si je parle si bien l’anglais c’est que dans mon pays on n’a plus le choix, c’est la langue du business. Et si tu veux passer pour quelqu’un de civilisé tu n’as pas le choix….

Hmm, je n'avais pas pensé à ça. Il fallait dire que je n'étais pas très familier à la culture orientale. Pas du tout, même. Mais c'était logique.

- C’était ça ma vie Nathaniel….ne rien faire, seulement faire semblant….

Faire semblant ? Mais semblant de quoi ?

- Je suis une femme Nathaniel, tu crois que j’étais destiné à aller à l’université et à faire ce que je veux ?

Je commençais à comprendre pourquoi elle disait se sentir inutile et ne servir à rien. Dans son pays, elle n'était sans doute pas libre de faire ce qu'elle voulait... comme tout bêtement faire des études ou voyager. Sortir avec des copines ou bien aller faire du shopping.
Je n'avais pas songé à cela. Je n'avais pas du tout la même culture, et pour moi les femmes pouvaient faire ce qu'elles voulaient. Comme n'importe qui.

- J’étais destinée à être une bonne épouse, à me taire et à ne rien dire.

Encore pire que ce que je pensais. J'essayais de la resserrer contre moi mais elle se détachait. Trop de mauvais souvenirs sans doute...

- Tu ne l'aimais pas... ton fiancé. Tu ne l'avais pas choisi.

Certainement un mariage arrangé. Comment n'avais-je pas compris cela plus tôt ! Abruti. Je lui avais fait de la peine sans le vouloir.

- Excuse-moi de t'avoir fait penser à tout ça... c'était pas voulu... je voulais juste un peu mieux te connaître...

Passons à autre chose. Je n'aimais pas la voir dans cet état. Elle avait les larmes aux yeux.

- Si t'as envie de te moquer moi... tu peux y aller... tu peux me traiter de vieux si ça t'amuse. J'ai 29 ans.

Rien qu'en le disant, je me sentais vieux. Enfin, par rapport à elle tout du moins.
Ca ne marchait pas vraiment, mais au moins, cela l'avait fait sourire un peu. Je ne savais pas si elle doutait de mon âge, mais maintenant elle était fixée.

Elle continuait à sangloter, alors je me suis dit qu'il fallait la rassurer. Tout simplement.

- Avec moi tu peux faire ce que tu veux Sarah.

Elle releva la tête vers moi, comme si je venais de dire un truc hallucinant.

- Tout ce que tu veux.

A moins que ce que j'ai pu dire... ne sous-entende que l'on soit ensemble. Ce qui était quand-même assez inattendu.
Pour elle comme pour moi.

Invité

J’étais bien dans ses bras, mais parler de ce qu’avait été ma vie me mettait toujours autant dans cet état. Je voulais me débattre, taper, hurler et pleurer. C’est pour ca que je m’arrangeais pour cacher tout ce passé, c’est pour ça que je ne voulais pas qu’on s’attache à moi ou que je puisse m’attacher. Je préférais être la salope de service plutôt que l’ancienne fille planquée sous un voile. Je ne voulais pas qu’on sache ce qu’avait été ma vie, parce que je ne voulais pas qu’on puisse croire qu’on pouvait me faire subir la même chose. Et c’est pour ca que j’étais bien contente aussi qu’ils soient tous morts. Au moins, personne ne pouvait plus m’obliger à quoi que ce soit.

Les rares fois ou je repensais ma vie à Abu Dhabi j’avais cette fureur qui m’envahissait lentement.

J’aurais aimé rester dans les bras de Nathaniel, il essayait de me garder contre lui, mais je le repoussais parce que j’avais mal. Les souvenirs me faisaient mal.

- Tu ne l'aimais pas... ton fiancé. Tu ne l'avais pas choisi.

J’ai hoché la tête. Oui j’avais pas choisi. Oh que non je ne l’aimais pas. Comment voulez vous aimer quelqu’un que vous avez jamais vus vous….Et pourtant ça arrivait tous les jours…. Les occidentaux pouvaient pas comprendre…

- Excuse-moi de t'avoir fait penser à tout ça... c'était pas voulu... je voulais juste un peu mieux te connaître...

J’aurais préféré qu’il ne me connaisse pas dans un sens. Parce que je n’aurais pas eu aussi mal. J’aurais aimé qu’il pense que j’étais comme lui, que j’étais libre et que je l’avais toujours été. Mais non, je goutais à la liberté depuis un an seulement . alors oui j’étais complètement folle, mais c’était ma manière de me venger.

- Si t'as envie de te moquer moi... tu peux y aller... tu peux me traiter de vieux si ça t'amuse. J'ai 29 ans.

Le traiter de vieux ? Jamais….et puis il était pas mal pour un « vieux ». Et il me plaisait. Je l’aimais bien. Et je me fichais bien de ces dix ans de différence. J’avais été élevée dans ce respect des plus âgés alors même si je rejetais un peu mon éducation j’avais encore des restes.

Finalement, est ce que je rejeter celle que j’avais été avait été la bonne situation ? J’avais l’impression que le boomerang me revenait en pleine figure, et ça faisait mal. Depuis quand j’avais pas pleuré ? En fait je me rendais compte que seule ou avec les autres hommes je pleurais jamais. Je mettais ce masque, et là je venais de faire tomber le masque.

Je redevenais la petite Sarah El Af Aoui qui était promise à une vie facile et luxueuse, mais une vie de silence et de paraitre.

- Avec moi tu peux faire ce que tu veux Sarah.

J’ai relevé la tête en le regardant avec des yeux carrément hallucinés. Je devais faire une tête de poisson rouge. C’est pas tant qu’il me dise quelque chose que je voulais entendre…parce qu’en fait je ne voulais pas qu’il me laisse tout faire.

Et il insistait.

- Tout ce que tu veux.

J’ai secoué la tête. Non je voulais pas qu’il me laisse tout faire. C’est pas parce que je enais de lui dire que tout m’avait été interdit, et tout m’aurait été interdit qu’il devait me dire ça. Je lui avais pas dit ca dans ce but là. Pas du tout même.

-C’est pas ce que je veux Nathaniel…

Il venait à son tour de se décomposer. Je comprenais ce qu’il voulait me faire comprendre en me disant que je pouvais tout faire avec lui. C’était surement sa manière a lui de me dire qu’il voulait qu’on soit plus qu’amants. Il voulait une vraie relation.

Et là ce que je venais de lui répondre, ca pouvait passer pour un refus. Pourtant je refusais pas. Ca me plaisait même. Parce qu’il me plaisait, et surtout parce que je me sentais bien avec lui.

-Que tu me laisses faire tout ce que je veux, je veux dire.

C’était pas ce que je voulais si on décidait de….enfin d’avoir une relation exclusive….. Ouais…vous avez bien entendu. J’étais prête à me calmer. Il avait réussi à me faire céder et j’avais compris que je l’aimais bien.

-Je veux juste que tu me traites comme ton égal. Pas comme un objet joli qu’on déplace.

C’était ça que j’attendais. Que les choses soient équitables. Je voulais pas de domination. Sexuellement j’était pas contre mais dans la vie, je voulais être sur le pied d’égalité. Parce que pour moi ce serait déjà énorme. Je demandais pas plus. Je voulais pas le dominer, mais je voulais pas qu’il me domine non plus.

J’essayais de lui expliquer ce que je voulais maintenant qu’il m’avait un peu ouvert une porte.

-Ou qu’on utilise pour se faire du bien…..

C’était clair…..Je voulais qu’il sache aussi que j’avais pris gout à ses attentions. S’il envisageait quelque chose entre nous, même si je savais comment ça finirait, je voulais pas me rendre compte qu’il venait juste pour tirer un coup.

Il n’avait pas dit un mot depuis tout à l’heure. Et je savais pas si c’était bien ou mal.

-Nathaniel ?

Je suis retournée dans ses bras en m’y blottissant comme une petite fille et j’ai cherché son regard.

-Ca te gêne que j’ai que 19 ans ?

Invité

Elle secoua la tête...

- C’est pas ce que je veux Nathaniel…

Et paf.
Prends-ça.

- Que tu me laisses faire tout ce que je veux, je veux dire.

Je préférais ça.
J'avais cru qu'elle n'avait plus envie de me voir pendant quelques instants, mais visiblement, cela n'avait rien à voir. Heureusement.

- Je veux juste que tu me traites comme ton égal. Pas comme un objet joli qu’on déplace.

Je me mis à sourire, un peu machinalement.
Loin de moi l'idée de la traiter comme un objet. Je n'avais jamais agi comme tel et ce n'était pas dans ma nature.

- Ou qu’on utilise pour se faire du bien…..

Ca non plus, pas vraiment mon genre. Même si, il fallait l'avouer, nous étions très doués pour nous faire du bien.
Je me mis alors à repenser à nos exploits, et un sourire assez étrange de dessina sur mon visage. Sarah me rappela à l'ordre.

- Nathaniel ?

Elle se blottit à nouveau contre moi et me regarda.

- Ca te gêne que j’ai que 19 ans ?

Radical comme changement de sujet...
Et c'était une très bonne question.

J'ai pris le temps d'y réfléchir quelques secondes, plus pour avoir l'air sérieux que pour y penser en détail. Disons qu'à une époque, cela m'aurait peut-être dérangé. Elle était encore très jeune, mineure, et dans ce pays, cela n'était pas très bien vu. Cependant, Sarah était une femme qui avait l'air d'avoir 10 ans de plus dans sa tête, et c'était le principal.
Et puis, ce n'était pas comme si ce pays était en miettes de toute façon... alors qui cela pouvait-il déranger ?
Si nous avions envie d'être ensemble, pourquoi pas. Rien ne s'y opposait. Même pas moi.

Je l'ai alors regardée, et je lui répondu assez simplement.

- Non.

Clair. Net. Précis.

- Plus maintenant.

J'ai déposé un baiser sur son front et je l'ai resserrée contre moi. J'ai fermé les yeux furtivement... et je me suis réveillée dans la même position, 5 heures plus tard.
Sarah dormait profondément.
Je me suis levé doucement, j'ai mis une couverture sur elle et un oreiller sous sa tête, je l'ai embrassée et je suis parti.

Il était grand temps que je rentre.

Mais j'allais vite revenir.

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