This Is War
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 Et je fais quoi maintenant ? - PV LIAM - TERMINE

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MessageSujet: Et je fais quoi maintenant ? - PV LIAM - TERMINE   Et je fais quoi maintenant ? - PV LIAM - TERMINE Icon_minitimeMer 20 Avr - 15:57

On ne peut pas dire que ça soit le grand luxe, mais nous arrivons quand même à nous débrouiller pas mal avec le peu que nous avons. La machine à laver par exemple... Bon, elle n'est pas énorme, mais il faut avouer que dans l'état actuel des choses, l'avoir est une véritable chance. En tout cas je suis la première à m'en réjouir. Normal, les trois quarts du temps, c'est moi qui fais la lessive. Il faut bien que je m'occupe, et puis pendant que je fais ça, le temps passe et je me concentre sur quelque chose en plus de me rendre utile.

Dès le départ j'ai été bien accueillie ici. Bien entendu je reste toujours méfiante, j'évite quand il y a trop de monde dans les pièces communes. Mais les gens me connaissement maintenant et ils savent qu'il ne faut pas me forcer la main si j'ai besoin de solitude. La solitude... Voilà bien une chose dont j'avais terriblement peur avant et maintenant, on dirait presque que je la recherche. C'est un peu ça dans le fond, je m'isole de tout le monde. Heureusement j'ai Matt, sans compter quelques amies qui m'obligent parfois à sortir un peu de ma coquille et grâce à qui j'ai l'espoir de peut être un jour avancer.

Mais là pour l'instant je me sens plutôt au point mort. Alors je me suis lancée dans un véritable nettoyage de printemps. Tout y passe, du sol au plafond, j'ai fait la vaisselle de tout le monde, refusant l'aide de tous ceux qui me la proposaient, et à ma tête, ils ont vite compris qu'il valait mieux ne pas me contrarier. Bon sang, je déteste quand je suis comme ça... Ca ne me ressemble tellement pas ! Par moments j'ai vraiment l'impression d'avoir pété un plomb pour de bon.
Matt me répète sans arrêt que c'est normal qu'après ce que j'ai vécu j'ai besoin de temps... Mais le fait de ne pas me reconnaître me fait peur.

Des semaines que je me bats contre moi-même et les progrès que je note sont infimes. Pourtant j'espère encore, au fond de moi, que cet état ne restera pas permanent, parce que pour l'instant, je n'ai vraiment plus le goût à rien. Je me pensais plus forte que ça, je n'imaginais pas que je serais incapable de me battre, et pourtant voilà où j'en suis actuellement. Et encore, je ne suis pas seule. Si j'avais dû errer dans la solitude qui était la mienne avant tout ça, je crois bien que j'aurais fini par me jeter dans l'Hudson. Mais je tiens... j'attends le miracle je crois, quelque chose qui sera un déclic et qui m'aidera à passer à autre chose.

Mais avant ce déclic, j'avais des choses à faire. J'ai donc rempli la machine à laver et l'ai mise en route avant de prendre quelques vêtements secs qui étaient à repasser histoire d'aller faire ça dans la pièce d'à côté. Je m'installe, commence donc mon travail... Les chemises s'empilent, quelques t-shirts... et puis là mon attention est attirée par quelque chose. Je tourne la tête, regarde par terre pour voir que l'eau commence à passer sous la porte de la pièce où est placée la machine à laver ! Et quand j'entre... Horreur, malheur, de l'eau partout !
Oh non, mince, c'est pas vrai, il ne manquait plus que ça !!!



Hey !!!! J'ai besoin d'aide ici !!!


Oui parce que ce n'est pas tout ça, mais je ne vais jamais arriver à bout de ce carnage toute seule... Et puis où est l'arrivée d'eau ?


Dernière édition par Mary Peterson. le Mar 26 Juil - 14:12, édité 1 fois
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Liam Marsden
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MessageSujet: Re: Et je fais quoi maintenant ? - PV LIAM - TERMINE   Et je fais quoi maintenant ? - PV LIAM - TERMINE Icon_minitimeLun 2 Mai - 10:23

HJ : J'espère que ça ira, désolée pour le retard.

A peine quelques jours que Samuel était parti et déjà, j’avais comme l’impression d’étouffer ici. Vivre sans lui, sans sa présence même si de plus en plus lointaine ces temps ci, vivre sans lui constituait réellement une épreuve pour laquelle je n’étais absolument pas préparé. Bien sûr, nous ne nous voyions sérieusement que depuis quelques mois, et encore, en cachette car je craignais toujours d’avouer mon homosexualité au grand jour mais… Mais ces quelques mois avaient été d’une intensité peu commune. Le simple fait que je sois tombé si malade, à la limite d’en mourir, nous avait réellement rapproché et solidifié notre couple. Sans parler de toutes ces heures durant lesquelles il s’était patiemment occupé de moi, changeant mes draps, goûtant mes thés avant moi pour s’assurer qu’ils ne soient pas trop chauds, assurant à Lucy et Lucas, mes enfants, un quotidien normal en dépit de la maladie de leur père. Oui, une générosité et une patience sans faille. A présent tout cela me semblait pourtant bien loin, et son départ… Son départ ne faisait que renforcer l’impression de vide créée par son soudain détachement, son attitude désintéressée vis-à-vis de moi. Vivre avec ça tout en le sachant loin, tout en sachant qu’il ne pensait certainement même plus à moi était sincèrement très compliqué à gérer et pourtant, il fallait bien que je garde le cap, n’est ce pas ? Ne serait-ce que pour les jumeaux dont je m’occupais à nouveau normalement et qui occupaient fort heureusement une grande partie de mes pensées. Ces petits bouts me permettaient de continuer à prendre soin de quelque chose et de moi, m’obligeant à toujours être disponible, ouvert, conciliant même si ces traits faisaient de toute manière parti de mon caractère naturel. Toujours est-il que sans eux, je ne savais vraiment pas comment j’aurais pu supporter l’absence de Sam.

Après avoir déposé les enfants dans le salon où d’autres enfants jouaient déjà, je repassai dans notre chambre afin de récupérer notre linge sale et descendre à la buanderie pour le laver. Une occupation comme une autre qui me permettait de ne pas sombrer dans les souvenirs et les remords comme j’avais si souvent tendance à le faire une fois seul, mais mes enfants n’étaient pas des bouées de sauvetage : Ils avaient besoin de temps pour eux, de temps pour jouer et rire sans être accroché aux jambes de leur père adoptif seulement parce que ce dernier aurait besoin de s’occuper l’esprit. Alors, je réunis rapidement notre linge, en profitai pour changer nos draps de lits et fourrai le tout dans un gros panier avant de me diriger vers la buanderie. En chemin je croisai quelques personnes qui me saluèrent pour la plupart d’un petit sourire que je leur rendis, accélérant cependant le pas afin d’arriver plus vite à destination. Je n’aimais pas qu’on me parle de mon séjour à l’infirmerie, qu’on me demande si j’allais mieux, même si en soit il s’agissait de choses positives et agréables car je n’aimais absolument pas parler de ma maladie. J’en portais toujours les séquelles, faisant toujours preuve d’une certaine maigreur et d’un teint encore plus pâle qu’à mon habitude, mais j’essayais de me rétablir. D’ailleurs, les progrès étaient énormes en comparaison de mon état passé cependant, je préférais encore ne pas me réjouir trop vite, de même que tout cela constituait encore un souvenir trop traumatisant pour que je ne souhaite en parler avec n’importe qui d’autre que Mathilda ou Samuel. Eux m’avaient suivi, accompagné tout durant ma maladie, ils avaient vu ce que j’étais devenu mais pas les autres, et c’était tant mieux au fond. Mieux valait-il que personne ne sache réellement ce qu’il m’était arrivé tant cela me paraissait horrible.

Je descendais les marches allant jusqu’à la buanderie lorsque j’entendis quelqu’un crier, appelant à l’aide. Fronçant vivement les sourcils je me précipitai jusqu’à l’origine du cri que j’avais entendu et trouvai Mary entrain de patauger dans de l’eau, la machine à laver ayant visiblement encore fait des siennes. Ca arrivait parfois, pas de quoi paniquer. J’eus un petit sourire avant de poser mon panier sur le sèche linge et me pencher derrière la machine à laver afin de vérifier si les tuyaux assurant l’arrivée d’eau étaient toujours bien fixés puisqu’à force, ils se dévissaient d’eux-mêmes en répandant leur contenu au sol. Et en effet, il ne s’agissait que de cela. Me relevant, je souris doucement à Mary désignai la machine d’un geste :

« C’est rien Mary, elle m’a déjà fait le coup plusieurs fois. Je crois que ça ira maintenant. »

Je ne connaissais pas très bien la personne qui me faisait face, seulement assez pour savoir son prénom. En même temps, je connaissais au moins de nom à peu près tout le monde ici puisque je faisais partie des premiers arrivant et qu’à force de vivre en communauté, nous nous côtoyions relativement tous. Cependant, je ne savais pas grand-chose de Mary puisque comme moi, elle semblait assez réservée et finalement, même si nous vivions 24 heures sur 24 ensemble, nous n’avions jamais vraiment discuté tous les deux. Nous avions ceci dit de toute évidence quelques points communs, à commencer par la discrétion et la timidité, même si cela n’arrangerait en rien une possible relation amicale entre nous. Mais après tout, je n’étais que Liam, celui à qui on demande un coup de main dès qu’il y a besoin et vers lequel chacun pouvait se tourner sans craindre de rejet puisque je me montrais toujours très attentif aux autres et à leurs besoins. Alors, si jamais Mary avait de nouveau besoin de moi… Je baissai lentement les yeux, mon regard tombant finalement sur le sol inondé d’eau. Eh bien voilà, elle allait avoir besoin de moi. Calmement je me dirigeai vers un placard dans lequel je pris deux serpillières et lui en tendit une avant de me munir d’un seau et commencer à éponger.

« Tiens, je vais t’aider à tout nettoyer puisque je suis là. Ah et, si ça t’arrive de nouveau et que personne n’entend tes appels au secours, pense juste à tourner le gros tuyau, là, derrière. »

J’eus de nouveau un sourire sincère envers elle avant de commencer à éponger les bêtises de cette saleté de machine à laver.
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MessageSujet: Re: Et je fais quoi maintenant ? - PV LIAM - TERMINE   Et je fais quoi maintenant ? - PV LIAM - TERMINE Icon_minitimeLun 2 Mai - 11:34

[HJ : Aucun problème, je n'ai pas attendu si longtemps et en plus tu m'avais prévenue Wink ]


La panique. C'est fou la facilité avec laquelle elle me gagne ces derniers temps. Pourtant ce n'était pas grand chose, juste un peu d'eau, et si j'avais été en état de réfléchir correctement, j'aurais probablement pu me débrouiller moi-même. Fichue machine à laver, c'est bien le moment de me jouer un coup pareil tiens ! Mais heureusement mes cris avaient été entendus. C'est Liam qui, à mon grand soulagement, pénétra dans la buanderie. Pas que je le connaissais particulièrement bien, en réalité, je savais très peu de choses sur lui... Son prénom pour commencer, comme je connaissais au moins le prénom de la plupart des gens ici, mais je savais aussi qu'il avait des jumeaux, un garçon et une fille, et que dernièrement il avait été souffrant, passant un long moment à l'infirmerie. D'ailleurs on voyait bien qu'il n'était pas encore au mieux de sa forme, je le trouvais bien pâle...

Mais Liam était un peu mon équivalent masculin... Je crois. Même si forcément nos histoires étaient différentes, nous étions tous les deux très impliqués dans la vie de la communauté et on rendait de nombreux services à tous ceux qui vivaient avec nous. Lui aussi était quelqu'un de réservé et de discret, et tous ces éléments mis bout à bout faisait que je me méfiais moins de lui que de la plupart des autres survivants avec qui je cohabitais. Liam était quelqu'un de doux et de gentil, je savais que je pouvais lui faire confiance, et d'ailleurs Matt l'appréciait également.

C'est drôle quand on y pense, nous vivons tous ensemble, il y a des gens qui nous semblent appréciables, et pourtant nous ne les connaissons pas vraiment. Je suppose qu'en d'autres temps, si par exemple il avait habité le même immeuble que moi avant la guerre, nous serions devenus amis. Mais là, je ne savais que très peu de choses à son sujet.
Je n'avais d'ailleurs pas l'intention de lui poser trop de questions. Déjà parce que ce n'était pas dans mes habitudes, en tout cas ça ne l'est plus, et puis je me sens mal à l'aise quand les gens se mettent à me parler de ce qui m'est arrivé. Forcément tout le monde est au courant. Quand Matt a débarqué ici avec moi, j'étais inconsciente et j'avais eu besoin de soins assez importants vu mon état. Mes vêtements déchirés et mes lésions ne laissaient aucun doute sur ce qui c'était passé, et ça avait vite fait le tour de la communauté. Je détestais d'ailleurs ces regards de pitié auxquels j'avais encore droit régulièrement. Mais il faut dire aussi que je ne semble pas forcément aller beaucoup mieux.

Je ne voulais donc pas infliger à un autre ce que je n'aimais pas qu'on m'inflige. Pas de question trop personnelles, mais sans doute que je réussirais mieux à parler avec lui qu'avec la plupart des autres personnes qui auraient été susceptibles de venir m'aider.
Fidèle à lui-même, Liam avait pris les choses en main et m'avait apporté son aide. D'ailleurs lui n'a pas paniqué une seule seconde et la situation l'a même fait sourire. C'était rassurant, et pendant qu'il s'afférait derrière la machine, j'ai posé ma main sur mon front et soufflé un bon coup pour essayer de me détendre.



Merci pour le coup de main. Je ne savais vraiment pas quoi faire.


Oui, ça, il avait dû remarquer. Je regardais par terre, évaluant les dégâts... La machine était repartie comme si de rien n'était, mais elle avait bien eu le temps de déverser de l'eau savonneuse et il y avait un bon centimètre dans toute la pièce. Ca allait être quelque chose d'arranger tout ça. Enfin il n'y avait plus qu'à retrousser ses manches ! Mais il était évident que je ferais moins de repassage que prévu finalement...
Au moment où j'allais aller chercher de quoi nettoyer, Liam me prit de court et revint avec deux serpillières et un sceau. Même à deux il y avait du boulot mais forcément, ça irait plus vite.



Merci du tuyau... C'est le cas de le dire !


J'amorçais un sourire, fait rarissime en ce moment, même si j'avais pris soin de baisser les yeux et de me concentrer sur ce que j'étais en train de faire. Ce n'était pas forcément évident pour moi de me détendre... En réalité, c'est comme si j'avais perdu le mode d'emploi pour y arriver. Parfois je voulais, mais je ne savais pas sur quel bouton appuyer ou bien quelle formule prononcer. Je faisais quand même des efforts. Depuis que j'étais avec Matt, j'avais pris la décision de me forcer à m'ouvrir un peu plus. C'était quelque chose de nécessaire, parce que je ne voulais pas le perdre, lui, le seul qui réussissait à m'arracher de vrais sourire, le seul que je laissais me toucher et dont j'avais tellement besoin... Mais s'il était patient, compréhensif, même s'il répétait sans arrêt que j'avais le droit d'avoir besoin de temps après ce qui m'était arrivé, je savais aussi que toute patience a des limites, et je trouvais injuste qu'il paie pour ce qu'on m'avait fait. C'était à moi de relever la tête, de faire des efforts. C'est ce que j'essayais de faire en ce moment même.


Comment vont les enfants ? J'avais croisé Lucy toute triste il y a quelques jours parce que sa poupée en chiffon était en train de perdre la tête... J'ai réussi à lui recoudre et pour cacher çà j'ai improvisé un petit collier avec une perle et un morceau de ruban. Elle était ravie et du coup maintenant elle m'appelle "Docteur Mary".


Mon sourire s'était agrandit à cette anecdote. J'aimais beaucoup m'occuper des enfants, c'était quelque chose que je faisais souvent d'ailleurs. Ca me détendait, je me sentais bien quand j'étais entourée de gamins. Ils étaient insouciants, gais malgré tout ce qui se passait autour d'eux, remplis d'espoir. J'allais souvent me ressourcer auprès d'eux et donner un coup de main pour les surveiller, ça me faisait du bien.


Ils sont adorables...
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Liam Marsden
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MessageSujet: Re: Et je fais quoi maintenant ? - PV LIAM - TERMINE   Et je fais quoi maintenant ? - PV LIAM - TERMINE Icon_minitimeLun 2 Mai - 17:31

Un léger rire m’anima lorsque Mary remercia pour le « tuyau », effectivement le jeu de mot tombait à propos. Bien malgré mon caractère discret et ma capacité à me fondre dans la masse, je n’étais pas associable, loin de là. J’appréciais la présence d’autres personnes à mes côtés, aimais rire et discuter même si je ne faisais clairement pas partie de ceux qu’on qualifierait de « boute-en-train ». Disons simplement que sans trop imposer ma présence, je demeurais ouvert à tous et appréciais énormément la compagnie de mes amis, aussi, sans pour autant aller lui taper sur l’épaule et débuter une grande conversation appréciais-je ce moment avec Mary. Bon, la machine à laver nous laissait une tonne d’eau à nettoyer mais cela ne faisait rien après tout, ce n’était pas grave. Surtout qu’en entendant des cris dans l’escalier j’eus très peur que quelqu’un ne se soit fait mal ou qu’il se soit passé quelque chose de vraiment horrible, mais au final ce n’était qu’un peu d’eau et apparemment une bonne frayeur pour Mary même si, comme je le lui avais dit, l’appareil faisait souvent des siennes. A vrai dire, je me demandais tout de même si ma présence ne gênait pas Mary à l’heure actuelle puisque, sans la connaître, je savais néanmoins qu’elle demeurait souvent seule et semblait parfois fuir les autres pour des raisons qui la regardait. La guerre avait changé beaucoup de choses, nos mentalités, nos réactions, les gens ne pouvaient être aussi heureux qu’avant, c’était bien évident. Nous avions tous vu et vécu des horreurs et, je savais pour avoir entendu certaines conversations que Mary, en l’occurrence, avait vécu des choses vraiment traumatisantes. Alors… Si elle avait prévu de passer un moment seule ici, profiter du calme de la buanderie sans avoir à faire la conversation à quiconque, j’étais prêt à m’effacer. Je pouvais très bien faire ma lessive de mon côté sans aller l’embêter, cela ne m’aurait même pas vexé en réalité puisque je comprenais très bien que l’on puisse désirer être en paix quelques instants, surtout dans une communauté où nous vivions constamment entourés d’une centaine de personne. Ceci dit, un nouveau sourire m’effleura, en réponse au sien, tandis que je relevai mon visage vers elle lorsqu’elle me parla de Lucy. Je secouai doucement la tête avant de me remettre à passer la serpillière.

« Je sais, elle me l’a montré après sa petite… Opération. Merci, parce que sincèrement la couture et moi… Seigneur, ça fait au moins quatre. La poupée aurait bien pu perdre la tête, le bras ou la jambe que je n’aurais rien pu y faire ! »

Et tout le monde savait que j’élevais les jumeaux en père célibataire, faute de pouvoir le faire avec Samuel. A présent, je vivais avec eux depuis presque deux ans et nous étions vraiment très proches, encore d’avantage depuis l’attaque des Hors la loi puisque Lucy s’était fait tirée dessus et que depuis, je me suis transformé en papa encore plus protecteur. J’ai toujours eu des tendances à être un vrai papa poule mais j’avoue qu’en ce moment, ils avaient surtout besoin de sentir que j’étais là pour eux et qu’ils étaient en sécurité à mes côtés alors, je tentais de leur assurer cette stabilité du mieux que je pouvais en me montrant extrêmement présent. Sans parler du fait qu’après cette attaque, j’avais mis des heures à aller jusqu’au chevet de ma fille puisque j’étais encore très malade, incapable de marcher, et que ma culpabilité ne faiblissait pas. Comme n’importe quel père dans ma situation je m’en voulais de ne pas avoir su protéger mes enfants de ce qui leur faisait du mal. Le fait que Mary prenne des nouvelles d’eux me fit cependant plaisir, je savais qu’il lui arrivait de les garder, ainsi que d’autres enfants de la communauté, sans doute aux côtés de Lilly. Disons qu’elles constituaient un peu nos nounous de fortune, les pauvres devaient bien souvent se retrouver avec de joyeux bambins sur les bras sans savoir quoi en faire.

« Mais sinon, les jumeaux vont bien. Ils sont au salon avec Lilly et les autres enfants, j’ai profité d’avoir un peu de temps libre pour faire un bond ici et m’occuper de la lessive. »

La définition de « temps libre » n’était pas la même pour les parents que pour les autres, en effet. De toute manière je n’avais pas beaucoup mieux à faire que ça puisque mes amis proches et Samuel étaient déjà partis, et puis ça ne me dérangeait pas. J’eus un nouveau sourire lorsque Mary m’annonça que les jumeaux étaient adorables et hochai doucement la tête, dans le genre « père accro » on ne faisait sans doute pas mieux que moi mais voilà, c’était plus fort que moi. Adopter ces enfants constituait une des seules choses vraiment bien que je n’ai jamais faite alors, oui, j’en étais heureux. Et je dois bien avouer que j’étais fier d’eux, autant de la maturité de Lucy que de la jovialité adorable de Lucas. Je les adorais, tout simplement. Je manquai de demander à Mary si elle projetait d’avoir des enfants mais me ravisai rapidement, trouvant au final ma question beaucoup trop personnelle. Dans une conversation comme celle-ci elle aurait pu passer inaperçue, elle semblait en effet apprécier les enfants alors, pourquoi pas ? Je prenais cependant soin de me faire taire tout en sachant que Mary faisait partie des personnes qui pouvaient très vite se refermer sur elles-mêmes, or puisqu’elle semblait encline à la discussion aujourd’hui, je n’avais pas envie de la brusquer. Je poursuivis donc sur le sujet des jumeaux.

« Parfois j’ai vraiment l’impression de faire les choses à l’envers avec eux, de mal m’y prendre alors que je fais tout mon possible. Malheureusement personne ne donne de mode d’emploi pour ce genre de chose et lorsque l’on est célibataire, on se débrouille comme on peut quitte à commettre des erreurs. Encore avec Lucas, j’arrive à anticiper, comprendre ses réactions, mais Lucy me prend totalement de court des fois, elle grandit à une vitesse ahurissante, c’est dingue. Et puis elle est plus indépendante, plus mature que Lucas. Je sens que je vais très vite devenir pour elle le père collant et insupportable que toutes les adolescentes craignent d’avoir. »

Plus que trois ou quatre ans et ce serait terminé, je me demandais comment j’allais bien pouvoir gérer la puberté des jumeaux. Je présumais que ce serait un moment difficile, surtout avec Lucy, effectivement. Pas qu’elle soit plus difficile à vivre que son frère puisque les deux étaient absolument adorables, comme le pensait Mary, mais elle allait me faire tourner en bourrique, c’était certain. De nouveau je ris doucement avant de lever les yeux au ciel en secouant doucement la tête, exaspéré de moi-même.

« Enfin bref, excuse moi. Je deviens vite un vrai moulin à paroles lorsque l’on aborde le sujet de mes enfants. »
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MessageSujet: Re: Et je fais quoi maintenant ? - PV LIAM - TERMINE   Et je fais quoi maintenant ? - PV LIAM - TERMINE Icon_minitimeMar 3 Mai - 14:53

Trouver un sujet de conversation relativement neutre ici n'était pas forcément chose aisée, se trouver des affinités avec d'autres personnes encore moins. Nous avions tous souffert, chacun à notre manière, nos caractères en avaient été affectés et nous ne réagissions pas de la même manière que nous l'aurions fait en d'autres temps. Avant, j'étais souriante et sociable, aujourd'hui je me cachais du monde et faisait tout pour ne pas me faire remarquer. Je suppose que Liam aussi était différent avant cette guerre. Malgré tout parfois le miracle avait lieu, et pour moi chaque conversation engagée, surtout avec un représentant de la gente masculine, était à la fois un miracle et une victoire, victoire d'autant plus grande que je ne me sentais pas mal en la compagnie de Liam, je n'avais pas de crainte. C'était quelque chose qui m'arrivait rarement, j'avais bien du mal à faire confiance au gens depuis un certain temps, et pour obtenir ce résultat, il me fallait en général pas mal de temps.
Mais on avait orienté la conversation sur les jumeaux. Je savais qu'il les élevait en père célibataire, et je savais aussi à le voir avec eux qu'il en était fou. C'est émouvant devoir qu'un homme puisse se sentir si proche de ses bouts de choux. Ce n'est pas une remarque misogyne de ma part, simplement dernièrement j'avais vu quels côtés sombres pouvaient avoir les hommes et malheureusement, même si j'avais conscience du fait que c'était parfaitement injuste, je ne pouvais m'empêcher de faire l'amalgame. Parfois c'est difficile de se raisonner, même si on voudrait vraiment pouvoir le faire.



Tu sais où me trouver si jamais ce genre de chose arrive encore. Moi la couture c'est mon rayon, j'étais styliste...


... Dans une ancienne vie. Ca me semblait tellement loin tout ça. Pourtant ça ne l'était pas tant que ça. Mais j'étais une femme active, je travaillais douze heures par jour, si pas plus si on compte les croquis que je ne pouvais m'empêcher de faire à la maison. J'avais même un bloc à dessins à côté de mon lit au cas où je me réveillerais la nuit avec une inspiration soudaine. Ca m'arrivait régulièrement d'ailleurs. Alors forcément à cette époque, le temps filait pour moi et je ne le voyais pas passer.
Depuis que j'étais ici, j'avais l'impression que tout allait au ralenti, que je n'avançais pas que mon existence stagnait comme l'eau d'un marécage. Je crois que Matthew était la seule personne capable de me porter vers l'avant, mais la tâche est tellement rude... Il fait ce qu'il peut, d'autant qu'il est très souvent parti. Très engagé dans ce qu'il fait il doit bien souvent partir et j'avoue qu'il me manque énormément. Mais je me refuse à lui avouer ça. Déjà parce que je ne suis vraiment pas de bonne compagnie, surtout sur du long terme. Je ne veux pas qu'il réduise ses activités et c'est certainement ce qu'il ferait si je lui disais une chose pareille... Ce qu'il fait pour la communauté est bien plus utile que ce qu'il pourrait faire pour moi. De mon côté j'essaye aussi de me rendre utile, et c'est ainsi que je fais passer le temps un peu plus vite... Juste un peu.
Je me concentrais ainsi sur la conversation que j'avais démarrée avec Liam. Lui aussi tentait de s'occuper, c'était un peu notre lot à tous.

J'écoutais avec attention ce qu'il me dit ensuite sur ses doutes de père, les peurs qui pouvaient l'assaillir de ne pas bien agir, de ne pas faire ce qu'il faut. Je crois que je n'ai jamais rencontré un seul parent qui ne soit pas en prise avec ce genre d'interrogations. Lui s'excusait de m'en avoir fait part, de s'être montré trop bavard peut être. Il est vrai que vu mon attitude en règle générale, on pouvait penser que je n'étais pas encline à écouter les gens et à vouloir les aider. Pourtant c'était un trait profond de mon caractère. Peut être un peu plus enfoui en ce moment, mais j'avais toujours eu une excellente oreille.



C'est moi qui ai lancé le sujet je te signale.


J'essayais de mon montrer un peu rassurante. Vu que les sourires avaient du mal à venir, forcément ce n'était pas vraiment évident, pourtant je voulais qu'il se sente bien et à l'aise. Ca me faisait du bien de parler un peu à quelqu'un. Evidemment j'avais des gens ici dont j'étais plus proches, mais pas tant que ça et puis c'était un plus de faire une nouvelle rencontre. Quelqu'un en moins à regarder un peu de travers ou avec suspicion, quelqu'un en qui avoir confiance, avec qui je pourrais discuter au détour d'un couloir ou lors d'une lessive commune.


Tu sais, je crois que tous les parents ont ce genre de peurs. Tes enfants sont épanouis, parfaitement heureux... ils sont vifs, intelligents, avec un caractère en or... Quelle meilleure preuve qu'ils ont la meilleure éducation possible ? Tu les adores, ça se sent, et eux le ressentent aussi. Des erreurs, tout le monde en fait, mais ils ont l'essentiel et c'est ça qui va les construire.
Lucy va pester contre toi plus souvent qu'à son tour, et puis plus tard elle te remerciera d'avoir été là, j'ai fait pareil tu sais... Le principal c'est de faire d'elle une adulte équilibrée et responsable, tous les ados se rebellent contre leurs parents, c'est presque un passage obligé. Et puis il est probable que son frère la surveillera encore plus que toi !
Ne t'en fais pas, tu vas gérer ça comme un chef !
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Liam Marsden
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MessageSujet: Re: Et je fais quoi maintenant ? - PV LIAM - TERMINE   Et je fais quoi maintenant ? - PV LIAM - TERMINE Icon_minitimeMer 4 Mai - 9:19

Je relevai brièvement les yeux vers Mary lorsqu’elle m’annonça avoir été styliste avant la guerre. Un peu malgré moi j’eus un pincement au cœur, songeant à toutes ces vies qui ne se résumaient plus qu’à un « avant ». Dans mon cas, les choses étaient beaucoup plus complexes, mon existence n’ayant pas été bouleversée par la guerre, mais bien avant déjà. Tout avait basculé le jour où ma femme accoucha prématurément et mourut des suites de son accouchement, emportant notre enfant mort-né avec elle. Ma vie entière avait perdu de sa valeur dès cet instant là, dès que l’on m’annonça la nouvelle. Et cela remontait à quelques années avant la guerre… J’ai perdu la joie de vivre, ou plutôt toute raison de vivre, je me suis laissé aller, j’ai commencé à boire… Pourtant, tout aurait pu être si beau, si parfait. J’étais pianiste et Natacha violoniste dans le même orchestre et peu après l’annonce de sa grossesse, je signais un contrat avec une grande maison de disque pour débuter une carrière solo. Que rêver de plus pour un homme et un musicien ? Tout était parti en fumée. Alors… Non, au final, la guerre n’avait pas bouleversé ma vie puisque après cela, je n’avais plus joué que dans des bars minables, buvant à longueur de journées pour oublier. Ce fut seulement après les bombardements que je débutais mon sevrage et depuis, je n’avais plus touché à une seule goutte d’alcool. Toujours est-il que mes rêves, ma carrière, mon monde s’étaient brisés bien avant ceux de beaucoup d’autres personnes même si au final, cela ne changeait absolument rien. Nous en étions tous au même point à présent : Nous avions tous perdu des êtres chers et tentions tous d’oublier. Pour ma part, j’y parvenais. Mon deuil durait depuis de nombreuses années déjà, or la seule personne que je fus capable d’aimer après Natacha fut Samuel. Un homme, oui, mais je ne pouvais plus regarder les femmes. Elles me faisaient bien trop penser à la mienne… Je tentai néanmoins de ne rien laisser paraître de cette foule de souvenirs qui me revenaient subitement en plein visage et continuai d’éponger l’eau comme si de rien n’était.

Et voilà que je faisais mon moulin à paroles. Oh, ce n’était pourtant pas mon genre de raconter ma vie durant des heures entières, à vrai dire je préférais largement écouter les autres que me confier mais j’avoue que parler de mes enfants me rendait heureux. C’est stupide, n’est ce pas ? C’était cependant la vérité, j’aurais pu raconter des centaines d’anecdotes à leur sujet sans me lasser, mais préférais tout de même m’arrêter là cette foi ci. A vrai dire, je craignais surtout de me montrer trop familier ou peut-être ennuyeux alors que je ne désirais absolument pas gêner Mary. On vient simplement faire sa lessive et voilà qu’on se retrouve avec un lourdaud qui nous raconte sa vie, ça n’a sans doute rien de plaisant. Pourtant elle m’annonça avec fermeté que c’était elle qui avait lancé le sujet, j’en déduisis donc que parler des jumeaux de la dérangeait pas et me détendis légèrement. En général je m’entendais bien avec tout le monde, étant particulièrement calme et posé je parvenais à me débrouiller même avec les caractères les plus difficiles de la communauté mais avec Mary, c’était différent. En toute sincérité je ne savais absolument pas comment me comporter avec elle de peur de lui être désagréable, mais ça, c’était quelque chose d’assez récurent chez moi : J’avais toujours peur d’être maladroit, et au final de déranger alors qu’à la base mes attentions étaient bonnes. J’étais désespérant, et me posais trop de questions. Stop maintenant. De toute manière, Mary reprit la parole et dès lors, je m’arrêtai de passer la serpillière pour l’écouter avec attention. Et ce qu’elle me dit, elle n’était pas la première à me le dire. Katarina, Samuel, Ethan… Tout le monde avait tenté de me persuader que Lucy et Lucas étaient heureux avec moi et pourtant, je ne parvenais à m’en convaincre totalement. C’était tellement compliqué… Je les avais trouvé dans New York il y a deux ans, donc âgés de huit ans. Ils avaient déjà reçu une éducation, avaient leurs petites habitudes, une vraie famille… J’avais tellement peur que tout cela leur manque, dans le sens ou je ne parviendrais pas à combler leurs besoins car en toute sincérité, non, je n’étais pas un père parfait. Loin de là même, mais après tout qui l’était ? Toujours est-il que Mary, Sam et tous ceux avec qui j’en avais parlé avaient raison : Tant que Lucy et Lucas paraissaient heureux et épanouis, l’essentiel était gagné. Je ne pu m’empêcher de rire lorsqu’elle m’assura que j’allais me débrouiller comme un chef. Ca, ça restait à voir.

« Merci, c’est très gentil. Ca me fait vraiment plaisir que tu me dises tout ça. »

Je la regardai quelques secondes dans les yeux, un petit sourire aux lèvres, avant de soupirer et m’occuper de nouveau de la corvée de serpillière. Il y eut quelques secondes de silence avant que je ne me souvienne qu’elle m’avait parlé de son ancienne profession, et jugeai que ce serait un bon sujet de conversation. Après tout, si elle l’avait elle-même mentionné, cela signifiait peut-être qu’évoquer ces souvenirs ne représentait pas une souffrance trop importante, non ? Ou alors j’étais complètement à côté de la plaque, et risquais de commettre une grosse maladresse. Je décidai finalement d’en toucher brièvement un mot, lui permettant donc de développer ou non. Ou l’art d’éviter de mettre trop franchement les pieds dans le plat.

« Alors comme ça, tu étais styliste ? Ca devait être plaisant de dessiner des vêtements que tout le monde voudrait porter le lendemain… Moi j’étais pianiste. Je joue toujours d’ailleurs… Après la guerre j’ai trouvé un petit synthétiseur qui ne marchait plus mais Tom et William s’y connaissent en circuits électroniques, ils ont réussi à me le réparer. Mais bon. Je rêve quand même d’un vrai piano. »

J’eus un petit sourire avant d’hausser doucement les épaules. C’est vrai que j’aurais aimé pouvoir me procurer un piano comme celui que je possédais autrefois mais, c’était complètement inaccessible de nos jours. Déjà parce que même si je le trouvais, il pèserait bien trop lourd pour le transporter et puis, où le mettrais-je ? Il ne tiendrait certainement pas dans ma chambre, et les salles communes étaient déjà bien trop remplies sans en plus y glisser un piano, sans préciser que la plupart des gens qui s’y trouvaient souhaitaient généralement être en paix. Ce n’était qu’un rêve après tout…

« Et toi tu dessines encore ? Tu sais, je crois qu’on pourrait essayer de te trouver de quoi faire des vêtements. Du tissu, du fil et des aiguilles, je ne pense pas que ce soit les premières choses pillées dans les magasins… Je pars souvent avec les autres en expédition dehors alors si tu veux, je pourrais essayer de te trouver ça. Bon, je ne suis pas un fin connaisseur mais comme mon synthé, ça pourrait être un moyen de combler le manque. »

D’accord, cette fois je risquais très clairement d’avoir mis les pieds dans le plat mais l’idée m’avait paru intéressante. Non ?...
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MessageSujet: Re: Et je fais quoi maintenant ? - PV LIAM - TERMINE   Et je fais quoi maintenant ? - PV LIAM - TERMINE Icon_minitimeMer 4 Mai - 11:44

Nous avions trouvé un terrain de discussion relativement neutre. Parler de Lucas et Lucy était agréable, aussi bien pour lui que pour moi, et je tenais ainsi ma conversation la plus aboutie depuis un certain temps. Habituellement, c'est moi qu'on essayait de rassurer, et là c'était plutôt l'inverse. Liam avait des craintes quant à la manière dont il gérait son rôle de père et c'était bien normal. En tout cas, ça prouvait qu'il en était un bon, les mauvais ne se posent pas ce genre de question. Je tentais donc de le rassurer au mieux, même si je savais qu'il avait dû entendre ce genre de discours des dizaines de fois. Mais à force de l'entendre par des gens différents, peut être que ça finira par rentrer non ? En tout cas ça ne fait pas de mal d'être dit à nouveau. Pour croiser les jumeaux régulièrement, je savais à quel point ces gamins étaient bien dans leur peau. Bien sûr ils avaient vécu la guerre, tout comme nous, mais bien pris en charge et aimés, les enfants ont une faculté d'adaptation bien plus grande que celle des adultes. Ils n'oublient pas, mais ils vont de l'avant et s'accrochent à leurs nouvelles références.

Pour moi par contre, la guerre avait tout changé. Je suis née en Afrique du sud, j'avais des parents aimants, tellement d'ailleurs que lorsqu'ils ont compris quelle était ma vocation, ils m'ont envoyé à Paris, quitte à ne plus me voir souvent, pour que je reçoive la meilleure formation et que je puisse réaliser mon rêve. Je ne sais même pas s'ils sont vivants ou morts aujourd'hui. Ces gens ont fait de moi une personne ouverte et chaleureuse, j'avais le sourire tout le temps, je mettais les gens de bonne humeur et quand quelqu'un avait le cafard, on me l'envoyait systématiquement parce que j'avais le don de remonter le moral. J'ai suivi mes études dans la capitale française et les ai réussies avec brio, décrochant des stages dans les maisons de haute couture les plus prestigieuses. J'ai énormément appris durant cette période. J'adorais ce que je faisais, ça se voyait, et j'avais le cerveau en ébullition tout le temps tellement il grouillait d'idées ! Je m'adonnais à ma passion, délaissant malheureusement un peu ma vie sociale. Je n'avais pas vraiment de temps pour ça, je voulais être la meilleure pour apprendre encore plus et côtoyer les grands noms de la mode, apprendre à leurs côtés. Leurs compliments sur mon travail me galvanisaient et me poussaient toujours à travailler plus. Je me disais que pour le reste, j'aurais bien le temps plus tard. Après tout, j'étais jeune, j'avais toute la vie devant moi, et une fois que j'aurais réussi à m'imposer et à me faire un nom dans le milieu, j'aurais plus de possibilités. J'ouvrirais ma boîte, j'aurais des collaborateurs... Oui, je voyais tout ça en grand. Ce n'était pas avoir les dents longues, je voulais juste réussir dans ce que j'aimais.

Et puis il y a eu cette guerre, celle avec laquelle on a essayé de faire avec. Pas longtemps... Un bombardement, mon immeuble soufflé quelques minutes à peine après que j'en sois sortie, et puis j'ai erré dans les rues, comme tant d'autres, complètement perdue, sans savoir où aller, quoi faire... tout a réellement basculé ce soir là, où trois hommes ont décidé de s'amuser avec moi. Ils ont bien rit... Mais pas moi. Ca a duré, duré et duré encore, le temps me paraissait interminable et je n'attendais qu'une seule chose : qu'on m'achève. Mais non, au contraire, on m'a sauvée. Mon corps tout au moins, parce que depuis j'ai l'impression d'être complètement morte à l'intérieur.
Epongeant toujours mécaniquement le sol, je levais les yeux vers Liam lorsqu'il reprit la parole pour me parler de ce qu'il faisait avant.



J'ai appris à jouer du piano aussi. Enfin disons que je me débrouille, je ne suis pas une virtuose.


J'avais juste pris des cours pendant mon enfance et mon adolescence. Papa jouait très bien lui par contre, et il n'était pas rare que nous fassions des petites parties à quatre mains. Maman adorait ça et elle passait son temps à nous filmer, il doit certainement exister des heures de bandes qu'on a finalement jamais plus regardées. Souvent je me plais à espérer que là-bas tout va bien pour eux. Evidemment ils ont su ce qui s'est passé ici, sans doute sont-ils persuadés que je suis morte. C'est un peu le chaos partout mais nous étions un peu isolés, et même s'ils n'ont plus la maison, peut être que comme moi ils ont pu trouver refuge ensemble quelque part. C'est tellement difficile de ne pas avoir de nouvelles, de ne pas savoir. Mais d'un côté je me dis que de cette manière, je peux garder un peu d'espoir.

Quand il m'a demandé si je voulais qu'il regarde pour me ramener des choses de sa prochaine expédition qui pourraient me permettre de coudre à nouveau, j'avoue que j'ai été un peu prise de court. Je ne savais pas trop quoi répondre, parce que l'idée de reprendre mon activité, je l'ai oubliée depuis longtemps. Je n'avais plus vraiment le goût à rien pour être honnête, alors penser à faire ce genre de chose...
Je suis restée silencieuse quelques instants, au risque peut être qu'il pense avoir fait une gaffe en me faisant cette proposition, mais en réalité, je jaugeais un peu la situation. Moi qui veut plus que tout me mettre quelques coups de pied au derrière pour m'obliger à me bouger, à avancer, c'était peut être une manière d'y arriver. Si j'avais été seule, j'aurais rejeté son offre poliment. Quel intérêt ? Mais voilà, je ne l'étais pas. J'avais Matt... Et Matt voulait plus que tout me voir remonter la pente. C'est pour lui que je me battais au quotidien maintenant, pas vraiment pour moi. Je pense que ça lui ferait plaisir de me voir me bouger un peu et reprendre ça.



Oui, pourquoi pas ? Si j'ai du matériel, je peux raccommoder les vêtements des autres et éventuellement en faire aussi.


Ca me forcerait également à parler aux gens, ce qui n'était pas franchement du luxe. J'étais trop renfermée, trop casanière, je m'en rendais bien compte. Mais c'était difficile de faire autrement. Là je devrais faire contre mauvaise fortune bon coeur, ça ne pouvait qu'être positif.


Mes premiers clients seront Lucy, Lucas, et leur papa...


Un léger sourire et je me lève, emportant le seau avec moi pour le vider dans l'évier et revenir ensuite continuer à éponger le sol. Mine de rien, on avançait bien, même si on parlait pas mal.


Il faudra absolument que je t'écoute jouer... tu aimes Chopin ?
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MessageSujet: Re: Et je fais quoi maintenant ? - PV LIAM - TERMINE   Et je fais quoi maintenant ? - PV LIAM - TERMINE Icon_minitimeJeu 5 Mai - 9:31

Non, ce n’était pas une bonne idée. A peine eus-je fait ma proposition que Mary m’observa avec un drôle d’air, puis resta silencieuse un long moment. Bon sang, je savais que j’aurais dû me taire. Parfois mon désir de faire plaisir aux gens et de leur être utile me rendait vraiment détestable au final, ce qui se révélait particulièrement frustrant mais également gênant pour moi. Peut-être que je lui avais fait du mal en remuant des souvenirs qui jusqu’alors dormaient paisiblement, et ce bien qu’elle n’en fait parlé que très brièvement. J’étais un idiot… Immédiatement je me sentis très mal à l’aise, baissant doucement mon visage vers le sol même si je fus incapable de continuer à frotter. Evidemment que je culpabilisais, qui se serait sentit bien tout en sachant qu’il avait peut-être blessé une autre personne comme un idiot ? Pas moi en tout cas, je m’en voulais sincèrement, me mordant la langue afin de la tenir en place pour la prochaine fois. Tandis que le silence s’étirait doucement je songeais à m’en aller, la laisser en paix afin de ne plus risquer de lui faire du mal une nouvelle fois, même si involontairement. Je n’aimais vraiment pas ça… Et pourtant, elle finit par accepter ma proposition, à contre cœur ou non je n’en savais rien mais elle accepta tout de même. J’hésitai à lui dire qu’elle ne devait en rien se sentir obligée d’accepter, après tout je n’aurais pas mal pris un refus. Après tout, j’avais proposé de lui chercher de quoi continuer à créer des vêtements dans le but de lui faire plaisir, alors si cela ne fonctionnait pas il ne fallait surtout pas qu’elle se force. Cependant, un léger sourire fit son apparition sur mon visage lorsqu’elle déclara finalement que ses premiers clients seraient les jumeaux et moi. Lucy allait adorer ça, surtout si Mary lui fabriquait de jolies robes. Surtout que les vêtements que nous possédions, même s’ils n’étaient pas en mauvais état, n’étaient pas forcément très beaux ou très saillants. Disons que nous faisions un peu tous avec les moyens du bord, même si nous nous en sortions plutôt bien. J’eus un regard pour mon vieux jeans qui avait un trou au genou. Rien de dérangeant, personnellement je n’avais jamais été un adepte des tenues soutenues mais la proposition demeurait agréable. Mary alla vider de seau, ce qui me laissa une seconde pour attraper mes cheveux et les nouer en chignon avec un crayon qui se trouvait là.

« Je suis certain que Lucy adorerait que tu lui dessines de nouveaux vêtements, surtout que les jumeaux ont tendance à grandir vite, je vais bientôt devoir me débrouiller pour leur constituer une nouvelle garde robe. »

Les choses étaient bien plus compliquées maintenant, plus question d’entrer dans n’importe quelle boutique et demander du dix ans pour obtenir de quoi vêtir ses enfants. Même si en général nous parvenions tous à nous débrouiller pour nous chausser et nous habiller, les enfants posaient plus de problèmes puisque effectivement, ils grandissaient. Il fallait régulièrement s’occuper de leurs trouver des vêtements et des chaussures à leurs tailles, surtout qu’ils bougeaient, jouaient, couraient partout et les abîmaient donc bien plus vite que les adultes. Pour élever Lucas depuis deux ans, je pouvais en parler en toute connaissance de cause. Heureusement pour moi que Lucy était plus calme et prenait davantage soin de ses affaires que son frère. J’étais perdu dans mes pensées lorsque Mary revint et reposa le seau vide, puis se remit à éponger. Nous aurions sans doute bientôt fini, j’avais raison : A deux, ça allait beaucoup plus vite. Toujours est-il que je mis un certain temps à comprendre ce qu’elle me demanda par la suite. Si j’aimais Chopin ? Chopin ? Seigneur… Je n’avais pas entendu ce nom depuis deux ans au moins. Avant la guerre, parler de musique classique n’était pas quelque chose d’extraordinaire, on pouvait entendre des noms comme Chopin, Beethoven ou Mozart à peu près n’importe où mais maintenant… Ca paraissait si futile, et puis à ma connaissance personne ne possédait de vieux CD ici comportant ce genre de musique. Alors j’avoue que oui, j’eus un léger bug en relevant les yeux sur elle et l’observant un long moment. La dernière fois que j’avais joué du Chopin remontait à des années, bien avant la guerre. Allez jouer ce genre de musique dans un bar rempli de poivrots, je doute que vous soyez bien accueilli. Et pourtant, j’en avais appris et joué au conservatoire, je connaissais certains morceaux par cœur, mais avec le temps… J’ignorais si j’allais être capable de rejouer sans aucune partition, simplement de tête ou à l’oreille, en me remémorant les sons et essayant de les reproduire comme dans mes souvenirs. Surtout que j’avais appris au moins des centaines de morceaux, je me rendais subitement compte que la plupart d’entres eux, je ne les avais plus joué depuis presque une décennie. Ca fait un drôle d’effet lorsque l’on se dit qu’avant, on les jouait tous les jours, ou du moins certains d’entres eux. Le choc passé, je frottai un peu plus fort le sol avant de déclarer doucement :

« Oui, bien sûr. Je serais ravi de t’en jouer un morceau mais je te préviens, je n’ai plus joué de Chopin depuis des années, ça risque de ne pas être fameux… »

Même si je tentai de la cacher, il y avait une certaine pointe d’amertume dans mes mots. A la manière des grands sportifs, les musiciens perdaient de leurs capacités s’ils ne s’entraînaient pas régulièrement, et il était évident que j’avais perdu beaucoup de mes possibilités en l’espace de ces quelques années. Je n’étais pas un prodige avant, mais en toute sincérité c’est vrai que j’étais doué. Assez pour être le seul joueur de piano de tout un orchestre. Assez pour signer un contrat destiné à me faire enregistrer un CD en solo. Assez pour avoir une grande carrière… Maintenant, je n’en étais plus certain. Bien sûr, je restais certainement plus doué que la plupart des gens qui auraient appris le piano puisque j’en jouais tout de même depuis près de vingt ans et avais décroché de beaux diplômes mais sans doute tout cela restait-il bien en dessous de mon ancien niveau. En même temps, à quoi cela aurait-il bien pu me servir ? C’est bien beau d’être pianiste de renommée, toujours est-il que ça ne permet en rien de survivre à une guerre comme celle-ci. Et puis de toute manière, plus aucune carrière ne m’était destinée, à présent si je jouais c’était pour Samuel, et rien que pour lui. Or, je le voyais mal m’annoncer qu’il trouvait que je jouais mal… Surtout en sachant qu’il avait quasiment à chaque fois les larmes aux yeux lorsque je prenais mon synthé devant lui. Non, personne ici ne viendrait me faire de reproches mais c’était tout de même difficile à admettre pour un musicien de haut niveau. Je fis cependant l’effort de raccrocher un petit sourire à mes lèvres : Mary ne méritait pas que je fasse une tête d’enterrement pour si peu, après tout elle n’y était pour rien. Alors, je posai ma serpillière et regardai autour de moi.

« Je peux te laisser finir pendant que je vais chercher mon synthé ? »

Il ne restait plus grand-chose à nettoyer de toute manière alors, en lui adressant un dernier sourire, je me dirigeai vers la porte et remontai vers ma chambre. C’était idiot mais j’appréhendais un peu de jouer devant elle, même si j’étais sûrement capable de lui jouer un morceau de Chopin, j’avais l’impression que je ne l’avais pas fait depuis un bon millénaire. Une fois dans ma chambre, j’attrapai mon instrument et rebroussai chemin. Est-ce que j’allais pouvoir le faire ? Depuis la mort de Natacha je n’avais joué que dans un but alimentaire, n’y prenant absolument aucun plaisir. La seule personne pour laquelle j’éprouvais du plaisir à jouer était Samuel, mais Samuel n’était pas là… Il n’était plus là. Pour lui, j’avais pu recommencer à écrire des morceaux, mes doigts s’étaient réhabitués au clavier, aux touches, aux notes… Je ne savais pas vraiment si j’en serais capable tout en sachant que notre couple sombrait peu à peu. Lorsque j’arrivai à la buanderie, le clavier sous le bras, le sol était parfaitement propre. J’eus un petit soupir en rejoignant Mary, m’asseyant sur le sèche linge et posant le synthé sur mes genoux. Nous y voilà. Allons, ce n’était pas très compliqué. Il suffisait que je joue, je l’avais déjà fait sans y prendre plaisir, simplement pour gagner de quoi manger, ou plutôt de quoi boire… Et puis, si ça pouvait faire plaisir à Mary d’écouter un morceau de Chopin, je n’allais pas l’en priver simplement parce que j’avais tant de mal à ne pas replonger dans mes souvenirs amers et sombres. Je sais que j’avais beaucoup de défauts, mais pas celui de l’égoïsme alors, qu’importe que ce soit difficile pour moi si je pouvais ne serait-ce que faire apparaître un maigre sourire sur le visage de Mary, ça en vaudrait toujours la peine. J’inspirai profondément.

« Alors, tu veux que je joue un morceau en particulier de Chopin ?»
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MessageSujet: Re: Et je fais quoi maintenant ? - PV LIAM - TERMINE   Et je fais quoi maintenant ? - PV LIAM - TERMINE Icon_minitimeJeu 5 Mai - 13:35

Je sais je suis parfois difficile à suivre. J'ai des moments de doute, des moments de repli, des moments où je semble tellement mélancolique et loin de tout... Un simple mot, une simple phrase ou une attitude peut tout faire basculer. C'est pénible, et pas seulement pour les autres, pour moi aussi. Mais ce qui vient de m'arriver est tellement récent dans l'absolu. Je n'en suis pas à des années de racommodage, c'est réellement frais, et pour l'instant je suis encore en ballottage entre ce que je voudrais pouvoir donner et ce que j'arrive à lâcher. C'est tellement difficile... Plus que je ne l'aurais pensé. Voilà que j'en arrive à douter du fait que je veuille reprendre une activité que j'aimais par dessus tout avant. Pourtant qu'est-ce que ça a à voir ? Peut être que je sens que je vais devoir rencontrer du monde... forcément ça a de quoi faire paniquer et il est là le noeud du problème. Comment je vais faire pour prendre les mesures ? Pour les filles je peux prendre sur moi, mais les hommes, ça va vraiment être compliqué.

Pourtant j'ai pris la décision d'avancer, même si c'est difficile, même si j'ai de nombreux coups de cafard, même si j'ai l'impression que je ne vais jamais y arriver... Moi en réalité, j'ai l'impression de ne pas avoir d'autre choix que de survivre. Pas assez courageuse pour en finir sans doute, pourtant je l'ai si souvent souhaité. Mais à chaque fois que je ne voyais plus le moindre espoir, je levais les yeux vers un regard bleu-vert qui peut se montrer tellement froid mais qui a toujours été pour moi d'une douceur incomparable. Je voyais ses fossettes se dessiner sur ses joues et l'espoir qu'il charriait avec lui pour moi. Il se battait tous les jours pour m'aider et je ne voulais pas le laisser tomber, je n'en avais pas le droit. Je tombe encore souvent, mais je me relève, je me dis que j'ai un but, que Matt en vaut la peine et qu'il mérite que je me fasse violence. Il y a encore des gens biens, de la bonté sur cette terre dévastée, je ne suis pas vraiment seule, je n'ai pas le droit de flancher complètement et personne ne pourra faire ce qu'il faut pour que j'aille mieux. C'est à moi d'avancer et de me battre.

Je décide donc de profiter de cette opportunité. Je sais, ça va être un défi, mais on n'a rien sans rien et ça peut être une bonne manière pour moi de me reconstruire. Essayons de penser positif de temps en temps, ça ne peut pas faire de mal. Je finis donc par dire à Liam que l'idée est excellente et que j'accepte son offre. Heureusement que je me suis décidée d'ailleurs, parce qu'à force de réfléchir, je l'ai vu perdre des couleurs ! Un des désavantages de ma manière d'être en ce moment qu'il faut que je gomme à tous prix d'ailleurs. Ainsi donc ils seront, lui et ses adorables enfants, mes premiers "clients". Je dis "client" parce que je ne sais pas trop comment les qualifier autrement, mais il y a un moment que l'argent n'a plus cours... et puis je ne me verrais pas en faire un commerce en de telles circonstances, je ne vendrai pas ça comme un service mais comme un plaisir que je peux faire à tout le monde. Ca risque d'apporter un peu de gaieté, les beaux vêtements sont devenus introuvables maintenant et en trouver à son goût est devenu chose impossible. On porte ce qu'on trouve, mais moi pour l'instant, ça me va très bien, j'ai même plutôt tendance à cacher mes formes sous des choses qui n'en ont pas. Si un homme me regarde avec un peu trop d'insistance, ça me terrifie, alors je ne vais pas les encourager !



Et bien ta mission sera de me trouver le matériel, je me charge du reste, pour eux comme pour toi.


Ca ne serait pas du luxe, et si ça pouvait faire plaisir...
Nous finissons par parler piano. Liam était pianiste, enfin il l'est toujours, ça ne s'oublie pas, même si on se rouille un peu si on ne pratique pas, et de mon côté, j'ai aussi appris à jouer de cet instrument magnifique. Bien sûr maintenant il faut faire avec les moyens du bord, et pour ma part, ça fait un bon moment que je n'ai plus joué, mais je me souviens qu'avant presque tous les soirs je jouais sur le Erard de la maison familiale. Une grande fierté de mon père, sujet de taquineries de ma mère qui disait qu'il était comme un conducteur lambda au volant d'une formule un ! Il m'a transmis son amour pour Chopin, et j'étais ravie d'apprendre que Liam connaissait son répertoire. D'ailleurs ça a dû se voir, parce qu'il a décidé de me laisser pour aller chercher son synthé. Evidemment, j'ai hoché la tête avec un air enthousiaste quand il m'a demandé la permission d'y aller, et je me suis dépêchée de terminer de ramasser le peu d'eau qu'il y avait par terre. Quand il est revenu, son instrument sous le bras, je finissais de ranger le matériel dans les armoires, et je suis venue m'installer à côté de lui, sur le petit meuble qui jouxtait la machine à laver.



Nocturne 20 en C mineur ?


Un des plus connus. Je sais, c'est classique, mais j'aimais vraiment beaucoup ce morceau. Je fermais donc les yeux et le laissait jouer. Clairement, il était doué et jouait admirablement bien. Ce n'est pas le tout d'effleurer les touches, encore faut-il réussir à y mettre de l'émotion, et ça, c'est loin d'être aussi simple. Mais là, je la ressentais. Je revoyais mon père assis derrière son piano, ma mère sirotant un verre de vin blanc dans le canapé tandis qu'elle nous écoutait. Moi je rejoignais papa derrière l'instrument et je commençais à jouer avec lui, les éclats de rire fusant à chaque fausse note. Doucement, les larmes coulaient sur mes joues, mais il était évident que ce n'était pas de la tristesse. J'avais un sourire léger sur les lèvres, j'étais juste émue. Ca faisait remonter pas mal de choses, et pouvoir exprimer ses émotions n'étaient pas une mauvaise chose dans mon cas.
Je le laissais donc continuer à jouer, m'imprégnant de chaque note, jusqu'à la dernière.



Merci...


J'ai aimé ça. J'ai même adoré. Pendant quelques minutes je n'étais plus ici, le monde n'avait pas été dévasté par cette guerre. J'ai revu mon pays, je suis retournée dans le passé, j'ai oublié...
Je pose mes mains sur le petit synthé et lui jette un regard interrogateur.



Je peux ?


A mon tour d'essayer de lui faire un peu plaisir. Je ne maîtrise pas aussi bien, c'est certain, mais je me débrouille assez pour faire quelque chose de convenable. Et là dans cette petite buanderie, après Chopin, Haendel est venu jouer sa sérénade...
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MessageSujet: Re: Et je fais quoi maintenant ? - PV LIAM - TERMINE   Et je fais quoi maintenant ? - PV LIAM - TERMINE Icon_minitimeJeu 5 Mai - 17:08

Cette situation me renvoyait à de très douloureux souvenirs que je tentai de mettre de côté, sans succès. J’étais de nouveau dans mon bar miteux, un verre d’alcool posé sur le piano, attendant qu’un client de vienne me demander un morceau quelconque avant de le jouer sans envie ni plaisir. Mon travail ne consistait qu’en cela : Jouer les désirs des autres, quant aux miens ils n’existaient plus, si bien qu’au final je ne jouais plus jamais pour moi, simplement pour me détendre ou m’évader comme je le faisais si souvent autrefois. Lorsque je vivais avec Natacha notre maison était toujours pleine de notes, elle vibrait et valsait au rythme de nos mélodies mêlées. Mais seul, pourquoi aurais-je joué ? Pour rien, pour rien du tout. Je jouais ce qu’on me demandait, et voilà tout. Et pourtant, j’eus un petit sourire lorsque Mary me demanda de jouer Nocturne 20 en C mineur. Si mes souvenirs étaient bons, il s’agissait d’un morceau reprit dans un certain film nommé Le pianiste, dans lequel un musicien juif parvient à survivre à la deuxième guerre mondiale grâce à son art. Allez savoir si la coïncidence était voulue ou non, j’hochai simplement la tête avant de poser mes doigts sur le clavier. J’aimais aussi ce morceau, j’aimais la douceur qui s’évadait des notes. Toujours est-il que lui, j’étais en mesure de le jouer alors, doucement mes doigts commencèrent leur valse. Peu à peu la partition me revenait totalement en tête, je me revoyais des années auparavant, au conservatoire. C’était exactement le genre de morceaux que l’on m’avait appris, très classiques mais en même temps, je préférais aussi les classiques. Je leur trouvais plus de force, plus de puissance. Au bout de quelques instants je parvins à me détendre, ayant bien conscience que les premières notes furent quelque peu crispées, et tentai d’y prendre du plaisir. C’était tellement plus beau lorsque le musicien aimait ce qu’il jouait mais malheureusement, j’eus beaucoup de mal à ne pas me laisser envahir par la tristesse de ce passé qui réapparaissait du même temps que les notes s’évaporaient dans les airs. J’hésitai même à m’arrêter lorsque je détachai mon regard du clavier pour le poser sur Mary, constatant avec stupeur qu’elle pleurait. Jouais-je si mal que ça… ? Pourtant, lorsque j’aperçu son sourire, je compris que ses larmes n’étaient pas dû à un éventuel morceau charcuté par un mauvais pianiste mais davantage à l’émotion. Doucement, je reposai mon regard sur le clavier que je surveillais d’un œil vide, laissant à mes mains le soin de faire ce qu’elles avaient à faire. Le morceau était bientôt terminé de toute façon.

Je soupirai avec tristesse. En toute sincérité, je préférais largement jouer pour Samuel. Ce n’est pas contre Mary mais au moins, la présence de cet homme que j’aimais tant ne laissait aucune place à mon ancienne vie, mes anciens rêves, et tout l’amour que j’éprouvais pour lui se ressentait dans ma manière de jouer. Là, j’avais très clairement l’impression d’avoir porté préjudice à un superbe morceau. Le fait que Sam se soit autant éloigné de moi ces derniers temps ne devait pas y être pour rien, sans doute cela influençait-il ma sensibilité et donc ma manière de jouer. Aussi lorsque Mary me remercia me contentai-je d’un maigre, très maigre sourire. Même si j’étais heureux de lui avoir fait plaisir, ce n’avait absolument pas été un bon moment pour moi, bien au contraire. Je comprenais fort bien à présent son hésitation lorsque je lui avais proposé de recommencer à dessiner des vêtements, peut-être que comme moi, son ancienne profession la renvoyait à des êtres chers, des êtres perdus à jamais et qui représentaient énormément. Je restai silencieux, préférant me taire plutôt que de parler d’une voix soudainement tremblante de douleur, et puis Mary posa ses mains sur le clavier en me demandant si elle pouvait jouer. Bien sûr, au contraire, je préférais largement l’écouter que de rejouer quoi que ce soit. Alors, avec un sourire beaucoup plus chaleureux cette fois, je glissai le synthé sur ses genoux et sautai du sèche linge, lui faisant ainsi face. Je dois avouer que j’étais assez curieux d’écouter ce qu’elle allait me jouer, et finalement lorsque les premières notes retentirent je fronçai les sourcils. Je connaissais ce morceau… Mais impossible de remettre le doigt sur son nom ou son compositeur. Ma curiosité n’en fut que plus affûtée. J’observai avec attention ses doigts, appréciant sa manière de jouer que je jugeais très délicate. Certaines personnes disent que l’on apprend toujours plus en retenant de ceux qui sont meilleurs que nous mais, je crois qu’observer les moins bons a également une très grande valeur. J’avais toujours adoré assister à des cours d’années inférieures à la mienne lorsque j’étais au conservatoire, aimant leurs façon de jouer que je trouvais si pure, si douce. Les plus jeunes n’avaient pas encore été formatés par les règles classiques et strictes de la musique, ils jouaient comme ils sentaient les notes, avec quelques maladresses certes, mais elles m’apparaissaient délicieuses. Le fait est que Mary jouait très bien, je me demandais depuis combien de temps elle s’était mise au piano. Sans doute une paire d’années. Un sourire plus large éclaira mes traits, d’habitude c’était moi qui jouais pour les autres, et entendre un morceau, juste pour moi, rien que pour moi, aussi bien joué… Oui, c’était vraiment agréable. Alors lorsqu’elle termina finalement, je ne pus m’en empêcher, je me mis à applaudir un peu bêtement. Déjà, j’aimais beaucoup ce qu’elle venait de m’interpréter même si je ne me souvenais absolument plus de qui cela pouvait bien être, ensuite je trouvais la prestation tout à fait remarquable. Je finis par arrêter et alors que je m’apprêtai à lui demander le nom du morceau, je fermai les yeux en secouant doucement la tête : Bien sûr, c’était ça…

« Händel, n’est ce pas ? Joli choix. Je n’avais pas entendu cette sérénade depuis très, très longtemps… »

J’eus un petit soupir en sentant de nouveau la vague de souvenir remonter, mais la repoussai de toutes mes forces. Heureusement pour moi, ce fut le moment que choisit la machine à laver pour émettre un son qui me parut horrible à côté de ceux que je venais d’entendre, nous signalant qu’elle avait terminé son travail. Je me penchai pour l’ouvrir, attrapai le linge qui s’y trouvai et le collai dans le sèche linge avant de la remplir du mien et lancer un programme. Puis, je me redressai et reposai mon regard sur Mary.

« Ca fait longtemps que tu joues ? J’aime beaucoup. »

Ce qui était absolument sincère. En même temps, je n’avais pas pour habitude de faire des compliments que je ne pensais pas, alors, je décidai de profiter de l’occasion.

« Est-ce que ça t’ennuierait de me jouer autre chose ? N’importe quoi, pour une fois que je peux le demander à quelqu’un… »
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MessageSujet: Re: Et je fais quoi maintenant ? - PV LIAM - TERMINE   Et je fais quoi maintenant ? - PV LIAM - TERMINE Icon_minitimeJeu 5 Mai - 21:28

Je crois que je n'ai jamais dit à Matt que je jouais du piano. Non en fait c'est certain, je ne lui ai jamais dit. Pas que je voulais le lui cacher, simplement ce n'est jamais venu dans la conversation. Depuis que je suis ici, j'ai un peu occulté ma vie d'avant, je l'ai tellement bien rangée dans un coin de ma tête comme toutes les bonnes choses qui avaient pu m'arriver que je crois que je commence à en oublier certains pans. C'est dangereux, et ce n'est certainement pas en agissant comme ça que j'irai mieux. Je ne dois pas oublier qui j'étais. Cette fille souriante et ouverte finalement, c'est elle que je veux redevenir. Donc ça m'a fait du bien que tous ces souvenirs reviennent à la surfaces. Comme des photos oubliées, rangées dans un tiroir et qui réapparaissent sans qu'on s'y attendent vraiment. J'ai vu les choses avec tellement de précision que c'était comme si j'y étais encore, comme si tout pouvait être possible.

Peut-on se perdre à ce point ? Oublier jusqu'à l'essence même de ce qu'on a été pour ne plus parvenir à montrer ne serait-ce qu'une image chimérique de ce qui nous caractérisait avant ? Une heure... ça a duré une heure... Une seule heure qui a effacé toutes les autres passées et sali de son film indélébile les suivantes. Je ne sais plus qui je suis, je ne sais plus qui sont les autres. Quel âme se cache derrière un visage que je peux croiser dans un couloir ? vous ne vous le demandez jamais n'est-ce pas, quelle est la véritable personnalité de cette personne sans nom que vous croisez au détour de votre chemin ? Combien de tueurs, de violeurs avons-nous déjà croisé sans le savoir. Chance que ça ne soit pas le bon moment pour eux, que vous ne soyez pas définie comme leur cible dans leur esprit malade. Moi j'y pense, j'y pense sans arrêt.

Ne vous étonnez donc pas que j'ai oublié l'essentiel. On ne peut pas vivre quand on est sans arrêt sur le qui-vive. Je surveille tout le monde, tout le temps, je regarde au-dessus de mon épaule sans arrêt et je vois des monstres partout. Je n'ai aucune idée de ce qui est arrivé à ceux qui m'ont agressée. Parfois dans mes cauchemars, j'entends des coups de feu, mais j'ignore si c'est un souvenir de la réalité ou bien un fantasme. Je n'ai jamais osé demander à Matt, et lui ne m'a jamais rien dit. Je ne sais pas pourquoi d'ailleurs. A-t-il peur de ma réaction si je savais qu'il a tué ces hommes ? Pourtant j'ai parfaitement conscience que c'était eux ou moi et quoiqu'il soit arrivé, je lui suis reconnaissante d'être venu à mon secours. Ca doit être ma faute, je parle trop peu. A force de ne rien dire les malentendus peuvent s'installer, et je crois sincèrement que nous avons beaucoup de choses à nous dire tous les deux.

Peut être que je suis à un tournant. Un simple morceau de musique joué sur un synthé, dans une buanderie. Ca a quelque chose d'ironique n'est-ce pas ? Etait-ce le déclic que j'attendais ? Evidemment je n'irais pas mieux du jour au lendemain, évidemment j'avais encore tout à faire. Mais ces souvenirs m'ont fait prendre conscience de ce que j'étais devenue, de ce que je pourrais être. Ou du moins de ce dont je voulais me rapprocher le plus possible parce que je ne serai plus jamais la même, c'est évident. Mon innocence, ma candeur, ma naïveté et ma confiance, tout s'est envolé, mais j'ai encore une vie, même si elle ne tient qu'à un fil. Je me rappelle de cette sérénade que mon père adorait jouer à maman... Sa préférée, et je la joue pour Liam en remerciement de ce qu'il vient de faire pour moi, même s'il n'en a pas conscience.



J'adore ce morceau. Ca me rappelle de bons souvenirs.


On a tous des musiques comme ça qui nous ramènent à de belles choses. Dommage, j'ignore quelle est celle qui pourrait le toucher le plus.


Mon père en jouait beaucoup. Du coup quand j'étais toute petite j'étais déjà sur ses genoux derrière le piano. Après j'ai pris des cours, mais jamais assez sérieusement pour être une vraie musicienne. Le but n'était pas là, mais j'étais contente d'apprendre à jouer et de pouvoir accompagner papa.


A ce moment là, j'allais descendre de mon meuble pour lui rendre son instrument, mais voilà qu'il me demandait de lui jouer autre chose. Lui qui avait pour habitude de jouer semblait être content de pouvoir écouter pour une fois. Et moi, ça faisait tellement longtemps que j'avais joué... et je n'avais jamais eu d'autre public que mes parents ou des gens très proches de la famille. Ca me faisait bizarre de m'y remettre d'ailleurs. Mais le fait qu'il ait aimé me faisait plaisir, parce que le but avait été là. Lui non plus n'allait pas super bien niveau moral, c'est un peu comme moi, c'était de notoriété publique. Pour passer par là, je savais qu'il était préférable de ne pas lui poser de question là-dessus, mieux valait agir avec pudeur.
Je réfléchis donc quelques secondes et me souviens d'un titre, qui à la base n'est pas un morceau composé pour le piano... On en est même loin, et pourtant joué par cet instrument, je trouve qu'il revêt une magie toute particulière. Mes doigts commencent à effleurer le clavier, et les premières notes de "My immortal" d'Evanescence, résonnent dans la buanderie.
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MessageSujet: Re: Et je fais quoi maintenant ? - PV LIAM - TERMINE   Et je fais quoi maintenant ? - PV LIAM - TERMINE Icon_minitimeDim 15 Mai - 9:43

C’était vraiment agréable. Pouvoir simplement s’asseoir, là, fermer les yeux et se laisser emporter par la mélodie avait quelque chose de très rassurant, tout comme une berceuse. Ici, je ne connaissais que très peu de musiciens, et même si, la plupart ne possédaient plus d’instruments en raison de la guerre. Ethan jouait de la guitare, et même s’il m’arrivait également de gratter les cordes, je préférais de loin les touches délicates d’un piano. En même temps, cet instrument faisait partie de moi, de ma personnalité, et ce depuis ma plus tendre enfance aussi était-il normal que j’y sois très attaché. Certes je ne possédais plus qu’un petit synthétiseur minable mais tout de même, cela me permettait de conserver le lien entre notre présent et quelques éléments heureux de mon passé. Cela me permettait de ne pas oublier qui j’étais tout en balayant beaucoup d’aspects négatifs de mon ancienne vie. Bien sûr, cela ne marchait réellement qu’avec Samuel puisqu’il était toujours le seul pour lequel jouer représentait un vrai moment de joie et de partage mais c’était toujours bon à prendre selon moi. Et puis, c’était déjà beaucoup. Cependant, écouter Mary jouer avait sincèrement été très reposant et apaisant, simplement car j’aimais ses notes, j’aimais sa manière de jouer et que cela me permettait de m’évader un peu moi aussi. Alors, oui, qu’elle recommence. Qu’importe le morceau, je m’en fichais éperdument, voulant simplement prolonger ce moment afin de pouvoir de nouveau me laisser aller et me détacher de mes sombres pensées bien trop présentes en ce moment. Elle sembla hésiter une seconde, puis réfléchir, pour enfin reposer ses doigts sur le clavier ce qui fit naître un doux sourire sur mes traits. Je fis quelques pas sur la pointe des pieds vers une chaise se trouvant en face de la machine à laver et m’y assis silencieusement en croisant les jambes. Je ne connaissais pas cette mélodie, j’en étais persuadé, aussi écoutai-je avec encore davantage d’attention. Le rythme lent et doux ne m’apaisa pas réellement, il en découlait trop de tristesse, trop de nostalgie pour que je puisse réellement me détendre et au contraire, cela ne fit que me renvoyer toute ma peine en plein visage. Peu à peu, mon esprit s’évadait certes de la buanderie, mais pour finalement ne se rapprocher que de la douleur, la souffrance dû au rejet de Samuel, au fait qu’il ne m’ai pas dit au revoir, tant de choses que j’occultais depuis quelques instants et qui refirent surface très rapidement. Je baissai les yeux, toute forme de sourire ayant définitivement déserté mon visage.

J’étais tellement loin, loin, loin, encore plus loin dans mes souvenirs et dans le temps. Revenu des mois auparavant, alors que Samuel et moi étions heureux, vivant certes notre amour en secret mais toute fois très amoureux l’un de l’autre. Aujourd’hui, je ne savais plus vraiment quoi en penser. Je ne savais même plus si l’utilisation du pronom « nous » avait quoi que ce soit de pertinent à présent. Sans doute pas… Notre couple partait totalement à la dérive, voilà la vérité, or j’étais absolument incapable de le perdre, incapable de survivre sans lui. Je ne parlais pas des repas, ni des soins médicaux, ni des thés qu’il m’apportait tous les jours, ce n’était pas une question de maladie parce que, même si en ce moment Samuel ressemblait plus à mon infirmier qu’à mon amour, il n’en demeurait pas moins le seul dans mon cœur et c’était uniquement pour cela que je le voulais, lui, lui seul, à mes côtés. J’avais besoin de lui uniquement parce qu’en son absence, tout me paraissait fade, triste et monotone. Il était mon sourire, les battements de mon cœur, mes rêves et mon futur or, tout cela s’était envolé avec lui… Tout cela avait disparu… Très vite, les larmes me montèrent aux yeux, je n’écoutais même plus Mary, ayant plongé trop profondément dans l’océan de ma peine, les notes ne me parvenaient plus au fond de l’eau. Non, plus rien ne me parvenait si ce n’est ce besoin urgent, pressant, indispensable de remonter très vite à la surface et respirer à pleins poumons seulement, la seule main suffisamment forte pour me relever m’avait abandonnée. La mélodie prit finalement fin, je ne saurais dire exactement quand, mais lorsque je m’en rendis compte, je relevai subitement la tête vers Mary qui m’observait et essuyait d’un revers de main mes larmes. Je n’étais pas comme tous ces hommes qui n’assumaient pas leurs larmes et pensaient qu’ils devaient se montrer fort, imperméables, en toute situation. J’avouais qu’il m’arrivait de craquer, comme tout le monde, et le fait que je sois de sexe masculin n’y changeait absolument rien, je ne me sentais pas dans l’obligation de paraître comme un bloc de béton. De toute manière, on remarquait assez rapidement que je n’en étais pas un, et qu’au contraire j’avais une grande sensibilité, une certaine douceur et fragilité. Cependant, je dois bien avouer que dans le cas présent, me mettre à pleurer de la sorte provoquait chez moi une honte importante. Ce n’était ni l’endroit, ni le moment, et Mary que je connaissais si peu n’avait pas à supporter cela. Après tout, elle n’y était pour rien et puis, je savais qu’elle avait suffisamment de problèmes sans en plus devoir essuyer mes larmes en me réconfortant. Alors je relevai finalement, et tentai un petit sourire même si le cœur n’y était absolument pas.

« Excuse-moi, ce morceau a réveillé beaucoup de choses… Je ne connaissais pas. »

J’eus un petit sourire, tentant de reprendre consistance mais surtout d’éviter de lui laisser le temps de poser la moindre question. Ce n’était pas son rôle, il ne fallait surtout pas qu’elle se sente obligée de quoi que ce soit mais je supposais qu’en présence d’une personne qui se met soudainement à pleurer, n’importe qui aurait comme réflexe de la réconforter. Voilà pourquoi je lui épargnais ceci en enchaînant très vite.

« Bon. Je vais aller prendre un café en attendant que ma lessive se fasse, je te laisse faire ce que tu as à faire… A plus tard. »

Sur quoi je m’avançai vers la porte, sans même prendre le temps de récupérer mon instrument, avant de me rendre compte que ce n’était vraiment pas poli. C’est vrai qu’en ce moment je n’allais pas très bien, que j’avais beaucoup de problème mais Mary n’y était pour rien et puis, la voir s’ouvrir un peu m’avait fait plaisir. Elle faisait partie de ces personnes qui ne discutent jamais vraiment avec les autres et ont tendance à rester seules dans leur coin or, aujourd’hui elle s’était laissée approcher par moi et le fait que je parte aussi brutalement pouvait être vexant. Mon but n’était cependant bien évidemment pas de la blesser ou lui laisser penser qu’elle m’ennuyait. Alors, je m’arrêtai sur le pas de la porte et me retournai, accrochant un sourire un peu plus chaleureux sur mon visage.

« A moins que tu n’acceptes de m’accompagner ? »

Elle pouvait très bien refuser, mon attitude ne donnait en toute sincérité pas très envie de passer plus de temps en ma compagnie. Mais après tout, un petit café me remettrait sans doute les idées en place et puis, elle n’était pas obligée de rester enfermée seule dans la buanderie tout l’après-midi.
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MessageSujet: Re: Et je fais quoi maintenant ? - PV LIAM - TERMINE   Et je fais quoi maintenant ? - PV LIAM - TERMINE Icon_minitimeDim 15 Mai - 16:02

Ca faisait du bien de reprendre le piano. D'un coup mon ancienne vie me revenait en mémoire, charriant avec elle son lot de bons souvenirs. C'était agréable d'avoir à nouveau de bons souvenirs en tête, j'avais presque oublié ce que ça faisait. Ma vie a basculé de la pire des manières, et depuis je me sens complètement ballotée, incapable de garder le cap, comme si on décidait pour moi de ce que je devenais. Qu'est-ce que je faisais là en réalité ? N'aurait-il pas mieux valu pour moi qu'on laisse ces salopards finir ce qu'ils avaient commencé ? Ca aurait été plus simple... Pourtant je savais que le seul fait de penser cela était injuste, que ça ne m'aidait absolument pas à surmonter. Le but était quand même de survivre, et pourtant je ne parvenais pas à sortir la tête hors de l'eau de moi-même. On devait le faire pour moi, et je savais très bien que si Matt me lâchait, j'allais sombrer pour de bon. Le pauvre, il n'était pas gâté avec moi. Lui aussi avait eu son lot de problèmes et il ne devait certainement pas se rendre compte qu'il allait en ajouter des tonnes en décidant de me ramener avec lui... Pourtant j'essayais de faire des efforts, mais je ne sais pas trop comment y arriver. J'ai cette désagréable impression d'être une coquille vide et qu'on ne pourra jamais rien tirer de bien de moi, quoiqu'on fasse, quoiqu'il arrive. Jamais je ne me suis sentie aussi impuissante.

Les choses seraient bien plus simples si j'étais seule. Dans l'ordre naturel des choses, j'aurais dû l'être d'ailleurs... Comment en était-il arrivé à tomber amoureux de moi ? Je crois que c'est un des plus grands mystères de la création. Je n'ai absolument rien d'attirant, en tout cas, je n'ai PLUS absolument rien d'attirant. Complètement éteinte, m'arracher un sourire est bien difficile et j'ai toujours l'air ailleurs. Je sursaute à la moindre occasion, je parle à peine... Un tel acharnement à s'occuper de moi et à essayer de me remettre sur les rails est quand même extraordinaire, il faut bien l'avouer. Surtout que je ne donne pas forcément l'impression d'y être sensible, au contraire, je l'ai souvent envoyé sur les roses en lui demandant de me laisser tranquille. Il est encore plus buté que moi, heureusement d'ailleurs, et il ne m'a jamais écouté.

Je ne me suis rendue compte de rien pendant que je jouais. Les yeux rivés sur le clavier, j'étais perdue dans mes pensées. J'aimais beaucoup ce morceau que j'étais en train de jouer. C'est vrai qu'il était mélancolique, mais j'ai toujours été friande de ce genre de musique. Mes goûts ont d'ailleurs été toujours très variés, et j'aimais bien jouer au piano des airs qui à la base ne s'y prêtaient pas forcément. Je trouvais toujours que le résultat apportait une autre dimension et permettait de redécouvrir une musique sur laquelle on ne se serait pas forcément arrêtée dans sa version originale. Ca nous avait aussi apporté bien souvent des crises de rire à la maison, quand papa me suggérait un morceau très léger et que je le jouais au piano à la manière d'une tragédienne. Elle était bien loin cette Mary là. Pourtant... Pourtant elle avait existé, elle avait été bien réelle. Elle doit encore être là quelque part non ? Si seulement je savais ce qui peut la réveiller... Le temps ? Peut être... Peut être que j'ai juste besoin de temps.

Lorsque je finis le morceau, je ferme les yeux quelques secondes avant de les rouvrir et de lever la tête pour regarder Liam. Mais je fronce vite les sourcils à le voir si bouleversé. Pourquoi ? Est-ce que cette musique lui a rappelé quelque chose ? On a tous comme ça des morceaux qui nous marquent, est-ce que j'ai justement choisi quelque chose qui lui parle particulièrement ? Ca serait tout moi remarquez, j'enchaîne les maladresses ces derniers temps. Et puis il faut bien que je me rende à l'évidence, je ne suis pas vraiment une compagnie qui amène à être joyeux. Si je me radine à un mariage, j'arriverai à mettre le moral de tout le monde à zéro, alors pour quelqu'un qui a une tendance à ne pas être déjà bien, ça relevait presque du suicide de rester en ma compagnie aussi longtemps.
En attendant, je me sentais vraiment mal de l'avoir mis dans un état pareil et je ne savais vraiment pas quoi faire pour me rattraper maintenant...



Ca va ?


Oh oui Mary, ça va... Ca se voit non ? Pas terrible, mais je n'ai pas pu trouver mieux. Je le regardais avec un air inquiet et il finit par se relever. Il affichait un sourire, un de ceux que je faisais l'effort de balancer de temps en temps pour rassurer les gens, un simple mouvement des muscles zygomatiques... Il disait ne pas connaître le morceau, mais que ça avait éveillé beaucoup de choses... C'est malin, j'aurais pu jouer quelque chose de plus gai non ? Ca avait été idiot, stupide, complètement hors de propos. Je ne savais plus quoi faire, plus quoi dire... Je me prenais la réalité en plein visage.
Mais je n'ai pas vraiment eu le temps de chercher une échappatoire, quelque chose d'intelligent à répliquer. Presque aussitôt il avait enchaîné, me signifiant qu'il allait prendre un café. J'ai hoché la tête de manière mécanique, les larmes me montant aux yeux, une nouvelle fois... Ces fichues larmes qui coulaient bien trop souvent à mon goût ces derniers temps et contre lesquelles j'étais incapable de lutter.
J'ai baissé la tête, et quand il m'a proposé de l'accompagner, j'ai secoué la tête.



Non merci...


Un simple souffle pour toute réponse et je descendais du meuble sur lequel j'étais perchée. J'étais bien incapable de lever les yeux vers lui et me contentais de m'approcher jusqu'à pouvoir lui tendre le synthé.


Je ne suis vraiment pas la meilleure compagnie dont on puisse rêver.


Il s'était montré poli en me le proposant, je voulais lui épargner de devoir me supporter encore parce qu'il était trop gentil pour faire ce dont il avait vraiment envie et partir.


Je suis désolée si j'ai...


Je cherche mes mots, je ne les trouve pas et je soupire avant de me détourner.


Désolée.
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MessageSujet: Re: Et je fais quoi maintenant ? - PV LIAM - TERMINE   Et je fais quoi maintenant ? - PV LIAM - TERMINE Icon_minitimeMar 17 Mai - 17:21

Je ne pu m’empêcher de me traiter d’idiot. Un idiot, il n’y avait absolument pas d’autre mot pour me qualifier. Tout d’abord, je demandais à Mary de me jouer un autre morceau juste pour mon bon plaisir, juste pour me détendre, puis me mettait stupidement à pleurer en brisant ainsi le bref moment de complicité musicale que nous partagions. C’était moi tout craché, à chaque fois que je pouvais être heureux, à chaque fois que je devais simplement profiter sans me poser de questions, je trouvais le moyen de tout gâcher. Surtout que très visiblement, j’avais également blessé Mary, ce qui bien évidemment me mettait très mal à l’aise. J’avais remarqué qu’elle ne me regardait plus dans les yeux, de même que sa voix était légèrement tremblante et d’une faiblesse plus qu’attristante. Je m’en voulais énormément, plus pour lui avoir fait mal à elle que pour avoir remué le couteau dans mes propres plaies en laissant de la sorte mes pensées s’égarer vers de bien sombres sujets de méditation. Idiot ! J’aurais voulu me rattraper avec ce café, tenter de dévier la conversation pour revenir à des choses plus légères, plus gaies et sympathiques mais elle refusa mon invitation assez rapidement. Bien sûr, elle ne voulait plus supporter ma présence plus que déprimante, je le comprenais parfaitement… Finalement, elle s’approcha un peu de moi pour me tendre le synthétiseur que j’attrapai doucement puis calai sous mon bras comme j’avais l’habitude de le faire lorsque je le transportais. Eh bien, il ne me restait plus qu’à le rapporter dans ma chambre et l’y ranger bien gentiment de manière à être certain de ne plus blesser personne avec mes sottises. Comme quoi, la musique pouvait représenter une source de bonheur, de création et d’enchantement, mais également un puit sans fond dans lequel on tombe sans jamais pouvoir se raccrocher à quoi que ce soit. Ce sont parfois les notes elles-mêmes qui vous poussent vers le fond et arrachent vos ongles lorsque vous tentez de vous raccrocher aux parois rugueuses. En tant que musicien j’en savais quelque chose… Musicien malheureux depuis près d’une dizaine d’années qui plus est.

Je fronçai vivement les sourcils lorsque Mary m’annonça finalement qu’elle n’était pas la meilleure compagnie dont j’aurais pu rêver. C’est vrai qu’elle n’était pas forcément pleine de vie et de joie, qu’elle ne riait pas aux éclats, qu’elle ne passait pas des heures à bavarder mais cela ne signifiait pas pour autant qu’elle représentait une mauvaise compagnie. En sa présence je n’avais personnellement pas éprouvé de gêne ou d’ennui, nous avions simplement discuté de tout et de rien et c’était de ma faute si les choses avaient dérapé. Surtout que je ne faisais pas partie des personnes les plus joyeuses de la communauté non plus, une simple discussion posée et calme suffisait amplement à ma satisfaction en tant que potentiel ami. Je veux dire que, naturellement, j’appréciais tout le monde sans porter de jugements, sans me poser de questions, alors il n’était pas nécessaire d’user et abuser de malice et d’humour pour que je m’attache. Non, non, je n’étais pas comme ça. Je n’étais même pas sélectif dans mes amitiés. Bien évidemment j’avais des affinités particulières avec certaines personnes mais il ne m’était absolument jamais, jamais, arrivé de repousser qui que ce soit, bien au contraire. Et dire que je pensais que tout le monde savait que quoi qu’il arrive, moi au moins je serais toujours là pour éventuellement aider et soutenir les autres… Je m’étais apparemment bien trompé, sans quoi Mary aurait su qu’elle ne me dérangeait pas et qu’au contraire, rester un peu avec elle alors que je ne la connaissais pas m’était agréable. Agréable, oui, même si je venais de verser quelques larmes dans un moment de nostalgie stupide. Cela n’avait absolument rien à voir avec elle, mais découlait simplement des difficultés que rencontrait ma relation amoureuse avec Samuel. C’est tout. Ca pouvait arriver à n’importe qui, même si j’avoue que sur ce coup là je n’avais pas été d’une finesse remarquable. Je soupirai, m’apprêtant à lui répondre lorsqu’elle me coupa à peine eus-je ouvert la bouche. Des excuses. Voilà qu’elle me présentait ses excuses. Mais où allait le monde ? C’était moi qui me mettais à pleurer comme un imbécile en gâchant les quelques instants que nous partagions et elle qui s’excusait… Bien joué Liam, tu assures vraiment en ce moment.

Elle se détourna alors et aussitôt, mes doigts s’enroulèrent avec légèreté autour de son poignet, sans aucune forme d’insistance puisque je n’étais pas brutal de nature. La retenant de la sorte, j’agissais avec spontanéité, sans réfléchir, sans me demander même si elle ne risquait pas de m’envoyer balader superbement. Tout ce que je voulais, c’était que nous ne nous quittions pas sur ces dernières paroles négatives. Je fronçai les sourcils tandis qu’elle relevait son regard vers moi avant de secouer doucement la tête.

« Non, ne t’excuse pas… Ce n’est rien, et ce n’est pas toi le problème du tout. Ne pense pas le contraire, je t’assure que tu n’y es pour rien. »

J’eus un petit soupir avant de laisser glisser mes doigts de son poignet et ainsi la relâcher. Je n’avais pas envie de me montrer trop tactile envers elle tout en sachant ce qui lui était arrivé, et même si je supposais que ma présence n’avait rien d’effrayante puisque j’étais généralement très doux, je n’avais absolument pas envie de la brusquer. Rien que pour bien lui faire comprendre qu’elle ne risquerait jamais rien avec moi j’avais envie de lui avouer mon homosexualité mais me retins : Ceci était beaucoup trop personnel, beaucoup trop intime mais surtout difficile pour moi, et nous ne nous connaissions qu’à peine. Seuls mes amis les plus proches étaient au courant, Lilly, Gabrielle, Mathilda et Ethan. C’est tout. Absolument tout, aussi n’étais-je pas capable de balancer ça comme ça, surtout que c’aurait été complètement hors de propos. Alors, pour simplement marquer l’absence d’agressivité dans mon attitude, je reculai d’un pas afin de ne pas l’oppresser et laisser entre nous une certaine distance sans doute rassurante. Je posai mes mains sur mes hanches avant de soupirer de nouveau.

« Et si, Mary, tu es de très bonne compagnie. Je sais qu’on ne se connaît pas vraiment, mais sache qu’avec moi ce genre de problèmes ne se pose pas : Même si tu n’as pas envie de dire un mot, même si tu n’es pas tout en rires et en farces, je m’en fiche et rien ne t’empêche de venir me voir. Le silence ne me dérange pas, et plutôt que de te voir toute seule dans un coin je te préfère largement à mes côtés, quand bien même tu ne m’adresserais même pas un simple « bonjour ». Je ne suis pas du genre à rejeter les autres pour ce genre de détail et je ne suis pas du genre non plus à laisser les gens autours de moi dans leur solitude. Alors peut-être que pour les autres tu n’es pas très drôle ou très bavarde, mais pour moi tu es très bien et ta compagnie m’est très agréable. Compris ? »

J’espérais parvenir à la convaincre, même si je me doutais que ce ne serait pas gagné.

« Maintenant, s’il te plait, fais moi plaisir : Viens prendre un café avec moi. Je ne te le proposerais pas deux fois si tu me dérangeais, et puis… Tu vas quand même pas me laisser tout seul, si ? »

Je tentai un petit sourire, qui cette fois n’avait absolument rien de forcé.







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MessageSujet: Re: Et je fais quoi maintenant ? - PV LIAM - TERMINE   Et je fais quoi maintenant ? - PV LIAM - TERMINE Icon_minitimeMar 17 Mai - 20:54

Je me serais bien fichue des gifles si j'avais pu... Vraiment. En même temps c'était couru d'avance, je rendrais dépressif les plus optimistes et les plus heureux, alors bien entendu, je n'étais pas forcément douée pour divertir. Pourtant ce n'était pas des musiques gaies qui manquaient ! Je connaissais des dizaines de morceaux entraînants, et lequel j'avais choisi ? Un truc bien mélancolique, triste à souhait. Forcément que Liam allait y être sensible ! Je me sentais vraiment en dessous de tout, incapable de faire quoique ce soit de bien. J'avais presque envie de me balader avec un panneau sur lequel j'aurais écrit "Attention, n'approchez pas sous peine d'envies de suicide".
Je ne lui faisais pas la tête du tout quand j'ai refusé de prendre ce café avec lui, et je n'aurais pas voulu qu'il prenne ça comme ça. J'étais loin d'être fâchée, mais c'est vrai que je m'en voulais beaucoup d'avoir provoqué ça, je pouvais parfaitement comprendre qu'il ne souhaite plus ma compagnie.

En fait c'était précisément la raison pour laquelle je me tenais à l'écart. J'avais envie d'aller vers les autres, malgré mon problème, même si en réalité ça me faisait peur, parce que je savais que c'était ce que je devais faire si je voulais avancer. Rester dans ma coquille, à l'écart de tout le monde, évidemment ce n'était pas bon pour moi. En même temps c'était logique, après ce qui m'était arrivé, rien de plus normal que d'avoir une certaine crainte envers les autres. combattre le mal par le mal, se faire violence pour avoir une chance de s'en sortir... C'était ce que je devais faire. Mais dans ce cas j'infligeais tellement de choses aux autres ! Ma détresse, ma tristesse, mon mutisme, ma mélancolie... Quel gâchis. Quelques minutes ont suffi à détruire une vie, à réduire à néant une personnalité. J'ignore totalement si je pourrai un jour redevenir ne serait-ce que l'ombre de celle que j'étais, mais je suis complètement perdue sur la manière d'y arriver.

Peut être que je dois attendre, m'isoler encore un peu, comme pour reprendre des forces, pour tenter de revenir en étant plus ouverte... Merde, je pense que je pense trop. Oui, c'est ça mon problème, je pense, et ça me rend cinglée de penser. Parfois je voudrais pouvoir fermer les vannes, pour ne plus avoir toutes ces images qui me reviennent en tête, pour ne plus entendre ces voix, ces rires lugubres et moqueurs. Et quand je ne pense pas à ça, j'analyse ce qu'est ma vie aujourd'hui, je ne cesse de me dire que j'entraîne Matt dans ma chute, je me demande si je ne devrais pas mettre fin à notre relation qui en réalité n'en est pas vraiment une à cause de moi. Et là je réfléchis encore. Comment le prendrait-il ? Je le sais très attaché à moi mais est-ce que ce n'est pas le prolongement de ce qu'il a commencé à faire en me sauvant la vie ? Est-ce qu'il ne s'est pas un peu perdu dans ses sentiments parce qu'il a trop veillé sur moi ? Et s'il est vraiment amoureux, quel avenir a-t-il avec moi ? Vous voyez ? Je pense, je pense, je pense encore...

A quoi bon insister ? A quoi bon l'accabler encore de ma présence ? Je sais que Liam est quelqu'un de profondément gentil, qu'il doit m'avoir proposé ce café parce que j'ai réussi à le faire sortir de ses gonds et qu'il s'en veut d'avoir réagi. Je décline donc son invitation et m'apprête à reprendre mes activités, sauf que sa main s'enroule autour de mon poignet. Aussitôt je me fige. La poigne est loin d'être forte, c'est à peine s'il m'effleure, mais je dois fermer les yeux et souffler un bon coup, respirer, pour essayer de rester calme. Ce n'est rien, ce n'est rien du tout. Je sais que je ne crains rien, je sais qu'il n'est pas comme ça, je sais qu'il ne me ferait pas de mal... Mais c'est plus fort que moi. Remarquez il y a un mieux... Il y a peu de temps encore j'aurais retiré ma main d'un coup sec et je me serais enfuie à l'autre bout de la pièce. Là je parviens à ne pas bouger et à attendre qu'il me lâche. Seigneur... Je me sens tellement ridicule... C'est tellement humiliant de réagir ainsi !

Et voilà que maintenant il me rassure, qu'il me dit qu'il aime ma compagnie et préfère que je sois avec lui que seule dans mon coin... Pourtant le résultat c'est qu'il n'aurait probablement pas pleuré s'il n'avait pas croisé ma route. Il a vraiment l'air de vouloir que je vienne. Est-ce que c'est de la pure charité ou bien est-ce qu'il en a vraiment envie ? Je ne sais pas comment réagir, je ne sais pas trop quoi dire. Mais à rester comme ça, ça ne va pas aider, c'est certain. Je lève un regard timide vers lui, ouvre la bouche, la referme... Bravo Mary, on dirait un poisson rouge !



Je...Hum...


Et là on dirait une débile profonde... Bon sang que quelqu'un enclenche la première !


D'accord, va pour un café...


Mon sourire est timide, mes bras enroulent mon corps comme pour le protéger, mais j'avance vers la porte. Je sais que je dois faire des efforts, je me promets d'essayer de ne pas être de trop mauvaise compagnie. Tandis qu'on avance dans le couloir, je me décide à reprendre la parole.


Je pense qu'on peut commencer à penser à se tutoyer non ?
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MessageSujet: Re: Et je fais quoi maintenant ? - PV LIAM - TERMINE   Et je fais quoi maintenant ? - PV LIAM - TERMINE Icon_minitimeJeu 26 Mai - 17:48

Elle sembla avoir quelques minutes d’hésitation, bafouillant quelques mots que je ne compris pas très bien. Bon… C’était sans doute râpé pour le café. En même temps, mon attitude ne donnait pas vraiment envie de passer davantage de temps en ma présence, je le savais très bien. J’aurais mieux fait de ne pas lui demander un second morceau, bon sang… J’eus un soupir. Je me désespérais de plus en plus. Et puis, contre toute attente, Mary finit par accepter. J’en fus tellement surpris qu’il me fallu une poignée de secondes pour comprendre l’information alors qu’elle se dirigeait déjà vers la porte. Je dû donc me dépêcher pour revenir à sa hauteur, la suivant par la suite sans un mot de plus dans le couloir. Mon invitation pouvait, en réalité, être tout à fait lourde et désagréable, surtout que j’avais carrément insisté… Super Liam, je te déclare officiellement le plus gros boulet de la Communauté. En même temps, je ne pensais pas à mal, désirant simplement ne pas risquer de gâcher ma relation avec Mary avant même qu’elle n’ait réellement commencer. Je ne voulais pas que nous soyons en froid à cause de cette bête histoire, cette émotivité stupide de ma part. Nous marchions depuis quelques instants déjà lorsqu’elle me demanda finalement si nous pourrions nous tutoyer. A cette proposition je souris chaleureusement ; Bien sûr que nous pouvions, au moins cela dissiperait un peu la distance qui semblait s’être installée entre nous depuis que j’avais fondu en larmes quelques instants plus tôt.

Finalement, nous marchâmes côte à côte jusqu’à la cuisine sans un mot de plus, croisant plusieurs personnes qui nous saluèrent pour la plupart d’un petit sourire amical et poli, même si je devais bien avouer que pour beaucoup, les gens ignoraient complètement Mary. Je ne pensais pas que ce soit fait exprès, non, mais elle était si discrète… Presque effacée en réalité. J’eus un sourire en la laissant passer avant moi dans la salle à manger et l’invitai à s’asseoir tandis que j’irai voir s’il y avait déjà du café de fait. A présent j’avais l’habitude des lieux étant donné que Samuel faisait partie des cuisiniers, nombreux avaient été les soirs où je l’avais rejoins ici plutôt que dans sa chambre, constatant qu’il n’y était pas déjà revenu. Il faut dire que Samuel était particulièrement serviable, il avait tendance à vouloir s’occuper de tout pour libérer les autres mais j’appréciais cette qualité, possédant la même. Alors, je l’aidais la plupart du temps à terminer de faire la vaisselle ou à ranger la salle à manger après les services du soir, profitant de notre délicieuse solitude pour chahuter gentiment, rire et nous embrasser en toute liberté. Personne ne venait plus une fois les 21 heures passées mis appart nous, alors nous n’avions pas vraiment à nous cacher et même si quelqu’un serait venu à entrer, je lui aurais simplement dis la vérité : J’aidais Samuel à ranger. Pour le reste, personne n’avait besoin de savoir quoi que ce soit, c’était notre vie et pas celle des autres. En tout cas, je ne fus pas paniqué ou déçu en remarquant que la cafetière était vide et pris simplement le café dans un placard pour en préparer une nouvelle. Etant donné que je traînais souvent ici, je connaissais à peu près l’emplacement de chaque chose et au final ce fut très rapide : Je mis la cafetière en route, attendis quelques minutes que coulent au moins deux tasses, nous les servis, et laissait le reste s’écouler paisiblement. Je posai les deux petites tasses sur un plateau, pris la boite à sucre, deux cuillères, et revins m’asseoir face à Mary dans la salle à manger. J’eus un nouveau sourire plein d’amitié en posant une tasse devant elle, ainsi que le sucre. Puis je soupirai d’apaisement en sentant l’odeur du café frais. Voilà de quoi me remettre les idées en place une bonne fois pour toutes. Malheureusement, mon regard croisa à cet instant précis mon synthétiseur que j’avais posé sur la table en entrant, et je ne pu m’empêcher de penser de nouveau aux récents évènements.

« Encore désolé pour tout à l’heure, j’ai une émotivité toute particulière lorsqu’il s’agit du piano. Je crois que ma carrière me manque, au fond. »

Ce qui n’était pas totalement faux, j’enviais mon ancienne vie lorsqu’il s’agissait de l’orchestre. Ceci dit, je ne désirais pas trop m’attarder là-dessus non plus.

« Bref, c’est stupide. »

Je secouai doucement la tête avant d’accrocher un nouveau sourire à mes lèvres, et tenter de changer de sujet.

« Tu sais quand est-ce que tu partiras pour ElizabethTown ? J’ai hâte de voir ça… On m’a raconté qu’il s’agissait d’un petit village, avec des maisons, et des arbres, et de l’air frais ! »

J’eus un petit rire.

« C’est tellement luxueux comparé à notre mode de vie actuelle… J’ose à peine y croire. »
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MessageSujet: Re: Et je fais quoi maintenant ? - PV LIAM - TERMINE   Et je fais quoi maintenant ? - PV LIAM - TERMINE Icon_minitimeJeu 26 Mai - 20:32

Deux cas désespérés, voilà ce qu'on était tous les deux. Je ne connais pas ses douleurs, elles ne sont pas aussi célèbres que les miennes, mais chacun nous avons pour ainsi dire morflé à notre manière. Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise méthode pour traverser ça, pas de bonne ou mauvaise méthode pour réagir et survivre au quotidien. Ca se saurait s'il y avait une solution miracle et on profiterait tous n'est-ce pas ? Et puis il faut bien admettre que je n'inspire pas à la bonne humeur. Pourtant j'essaye de faire des efforts pour sortir de ma coquille, mais ce n'est pas encore gagné, loin de là. Quand on croise ces gens qui nous saluent dans le couloir, je suis presque mal à l'aise et si mon regard croise le leur, je baisse les yeux avec un vague sourire timide. C'est difficile, j'ai l'impression que la civilisation n'est pas pour moi. Non, je suis plutôt faite pour vivre dans une grotte. Bien obscure, bien humide...

Bon sang voilà que je délire maintenant ! Oui, je crois que j'en ai bien besoin de ce café à la réflexion ! Je m'installe donc à table et laisse Liam s'occuper du breuvage. Un vieux magazine traine, presque une relique. Tout ça date d'avant cette période maudite où tout s'est arrêté et notre vie avec. Négligemment, je débarrasse un de mes pieds de sa chaussure et le relève vers moi, le coinçant sur le bord de la chaise alors que je commence à feuilleter le magazine. Un vieil exemplaire de Vogue... Pas mal de publicités pour des cosmétiques, le genre de chose que j'achetais presque de manière compulsive avant. Je sais qu'on ne peut pas vraiment se rendre compte de ça maintenant... J'ai complètement oublié le maquillage, mes cheveux ne sont plus jamais coiffés correctement et mes vêtements sont trop grands et informes... Mais avant j'étais coquette. Toujours à la pointe de la mode, je prenais vraiment soin de moi et je ne sortais jamais sans être parfaitement habillée, coiffée et maquillée. Limite si je ne considérais pas que porter des talons plats pour une femme était sacrilège ! Vous imaginez un peu le contraste avec maintenant ? Je soupire et me demande si je vais un jour redevenir cette femme que j'ai été... Ou du moins quelque chose d'approchant.

Je continue de feuilleter et soudain mon regard s'arrête. Une page... Un reportage photos, et mon passé me revient en pleine figure. Elles ont été prises au dernier défilé du créateur pour lequel je travaillais. Il y a quelques modèles à moi, et puis une photo de lui, moi, et un autre jeune créateur avec qui on formait une belle équipe. Mon regard s'obscurcit. Que sont devenus ces deux hommes ? Sont-ils morts ? L'un d'eux a-t-il survécu ? On ne peut pas savoir, il y a des groupes de rescapés un peu partout.
Liam me surprend en posant la tasse de café devant moi et je lève les yeux vers lui, lui rendant son sourire.



Merci.


Je prends la tasse, souffle un peu et avale une toute petite gorgée, écoutant ses nouvelles excuses, comme s'il avait besoin de m'en donner. Ca doit être pathologique chez les gens comme nous ce besoin de s'excuser tout le temps. Limite on s'excuse d'exister. Je pose ma tasse sur la table et penche un peu la tête.


Non ce n'était pas stupide. Et puis c'est peut être bon signe que ça te manque non ? Je crois que mon métier commence à me manquer aussi. Par contre il y a peu de temps, je crois que je n'avais même pas la force de manquer de quoique ce soit.


Peut être que c'était la vie qui reprenait un peu ses droits et nous disait "Hey ! Vous aimez des choses, vous avez le droit de les aimer ! Ca doit vous manquer ! Réveillez-vous, vous êtes vivants !"...
Je pousse le magasine vers Liam.



Regarde. Les modèles sur les photos 3 et 7 sont de moi. Et on me voit aussi avec Marc Jacobs et un autre jeune créateur qui travaillait avec lui. Je suis loin de ça maintenant, mais mes doigts n'ont pas oublié... Les tiens non plus. Ca fait partie de nous, c'est une partie de notre identité.


Mais on se perdait si facilement ici... Il faut bien avouer que sans repère, sortis totalement de notre vie et de notre quotidien, on avait dû se reconstruire et que ce n'était pas évident du tout. Il y a peut être une lueur au bout du tunnel finalement, même si on arrive encore à peine à la distinguer, même si elle semble tellement loin qu'inatteignable.
Elisabethtown représentait une partie de cet espoir. Mon sourire s'agrandit lorsqu'il me parla de cet endroit. Un espèce d'Eldorado que nous devions rejoindre. Là bas la vie devait être plus confortable. On allait enfin retrouver figure humaine, avec de vrais maisons, une nouvelle société qu'on allait construire ensemble.



On a presque l'impression que c'est trop beau pour être vrai n'est-ce pas ? Je ne serai pas mécontente de partir de cet endroit en tout cas.


Ca sera peut être l'occasion d'un vrai nouveau départ. Changer d'environnement rendra peut être les choses plus simples. Et puis je dois bien avouer que j'ai besoin d'espace. Je n'en peu plus de la ville, de cet endroit dévasté et pillé... Comment espérer ici ? C'est presque mission impossible quand on a un moral en acier, alors quand il est dans les chaussettes...


Je partirai en même temps que Matthew. On n'a pas encore décidé mais je sais qu'il ne veut pas qu'on tarde trop. Et toi ? Tu sais déjà quand tu plies bagage ?
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MessageSujet: Re: Et je fais quoi maintenant ? - PV LIAM - TERMINE   Et je fais quoi maintenant ? - PV LIAM - TERMINE Icon_minitimeMer 1 Juin - 15:03

Mon regard se porta immédiatement sur la page que Mary me désignait, observant avec une pointe de stupéfaction les modèles qu’elle me décrivait comme siens. Malgré moi je haussai les sourcils, complètement abasourdis. Bien sûr, je savais qu’elle avait dessiné des modèles pour de grands couturiers, mais de là à être publiée dans Vogue… Oh, je ne m’y connaissais pas vraiment, la mode n’ayant jamais vraiment été l’un de mes domaines de prédilections, mais n’importe qui savait que ce magasine avait une certaine importance dans le milieu. Alors oui, non seulement j’étais très étonné, mais également heureux, aussi stupide cette réaction soit-elle. Heureux tout simplement parce que j’appréciais Mary, et que sa réussite ne pouvait que me mettre en joie, quand bien même elle soit à présent passée. Surtout que c’était absolument superbe… Mon avis ne comptait pas pour grand-chose, je sais, il suffisait de jeter un coup d’œil à mon accoutrement pour comprendre que j’affectionnais un style assez simple et sobre qui s’éloignait énormément des magasines et pourtant, cela ne m’empêchait pas de trouver les modèles de Mary tout à fait remarquables. De toute manière, je suppose que nous n’avons pas besoin de formation pour reconnaître la beauté : Soit elle s’impose à nous, soit elle ne le fait pas, c’est aussi simple que cela. Inutile de connaître le solfège pour adorer un morceau de Bach, n’est ce pas ? Eh bien c’était exactement la même chose avec la mode, je crois. En tout cas, malgré mon inexpérience, je trouvais que Mary avait beaucoup de talent. Cependant, je relevai bien vite les yeux vers elle lorsqu’elle m’annonça que ses doigts n’avaient pas oublié. Sans doute en était-il de même pour moi, sans doute avait-elle raison, je ne savais pas. Je ne savais pas si le fait que je fus autrefois pianiste et aime la musique influençait en quoi que ce soit ma personnalité et en même temps, je ne parvenais pas à m’imaginer autrement. Je ne parvenais pas à constituer dans ma tête une vie où je n’aurais pas joué du piano, c’était totalement impossible alors oui, peut-être que Mary avait raison.

Mes doigts glissèrent sur la page de papier glacé tandis que mon sourire s’élargissait en écoutant Mary me parler d’ElizabethTown. Sans doute n’était-elle pas la seule contente de quitter les souterrains de New York, même s’il fallait bien avouer qu’ils nous avaient protégé du monde extérieur un bon bout de temps. Personnellement, je supportais assez bien la vie sous terre, quand bien même ce ne soit pas forcément très drôle tous les jours. La lumière artificielle, l’humidité de l’air, la température constamment basse, on finissait par s’y faire, c’est vrai, mais le monde se privait de tellement de beautés ici… En réalité, c’étaient les derniers événements qui me poussaient à réellement désirer partir d’ici. Entre l’effondrement des galeries et l’attaque des Hors la loi, nous n’étions de toute évidence plus en sécurité en cet endroit, ma propre fille avait reçu une balle… Ce n’était qu’une enfant, une enfant qui aimerait pouvoir de nouveau courir dans l’herbe pieds nus ou construire des cabanes, j’en étais certain. Même si notre confort allait de toute évidence s’améliorer, je songeais surtout à la sécurité de ma famille lorsque j’affirmais vouloir partir le plus vite possible avec eux. Quoi que, il y avait également les côtés négatifs, la peur du voyage, la peur de trouver un Samuel encore plus distant, la peur de ne pas réussir à semer les Hors la loi. La peur, mon seul réel frein.

« J’avoue que je n’aimais déjà pas beaucoup New York avant les bombardements, alors maintenant… »

J’eus un léger haussement d’épaules. Non, je n’aimais pas cette ville et s’y j’y avais vécu, c’était uniquement pour fuir mon ancienne vie, celle ou Natacha vivait encore, celle où nous attendions un enfant… Mes années ici avaient baigné dans l’alcool, le regret et le chagrin, comment aurais-je pu affectionner ce lieu ? De toute manière, je n’aurais aimé vivre nulle part sans ma femme, alors New York ou un village de 70 habitants au fin fond du Texas, cela n’aurait absolument rien changé pour moi. Cependant, il est vrai que la Grosse Pomme n’avait absolument plus rien d’accueillant désormais, ne subsistaient que ruines et restes de rêves écorchés dans ses rues. Comme la vie à la campagne serait différente ! Même si je supposais que la petite ville avait elle aussi été bombardée en raison de sa proximité avec New York, sans doute les dégâts seraient-ils moindres en comparaisons et puis, les champs, les petites maisons, le soleil… Adieu immeubles en cendres et chaussée défoncée ! Je ne vous regretterais pas.

« Non, je ne sais pas. Bientôt sans doute, je suppose qu’on ne laissera pas les enfants trop longtemps ici et que j’accompagnerai les jumeaux. »

La plupart des enfants étaient partis avec le premier groupe en raison de leur fragilité, si les jumeaux ne les avaient pas accompagné c’était uniquement parce qu’ils étaient déjà trop nombreux mais leur tour viendrait sans doute prochainement, et le mien avec. J’eus un petit soupir en songeant que je serais enfin auprès de Samuel, sans réellement savoir dans quel état j’allais le trouver. Mieux valait-il ne pas y penser tout de suite, cela ne m’avancerait de toute manière pas. Alors, plutôt que de sombrer de nouveau dans mes tristes pensées, je bu doucement une nouvelle gorgée de café et reposai la tasse sur la table.

« J’ai un peu peur pour eux des quatre jours de voyage à pieds… Surtout que je ne suis même pas en état de les porter, ces petites bestioles. Je vais devoir me montrer particulièrement patient et rassurant pour réussir à les contenir et les motiver jusqu’à la fin. »

Un sourire tendre effleura ma joue.

« Mais ça en vaut la peine… »
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MessageSujet: Re: Et je fais quoi maintenant ? - PV LIAM - TERMINE   Et je fais quoi maintenant ? - PV LIAM - TERMINE Icon_minitimeMer 1 Juin - 19:16

Mon passé... Je m'en sens tellement étrangère que c'en est effrayants par moments. Qui est cette femme belle, à la pointe de la mode, aux cheveux brillants et aux yeux maquillés qui sourit avec enthousiasme ? C'est tellement loin tout ça, et tellement proche à la fois. Par moments j'ai le sentiment d'être entrée dans une autre dimension, que le monde auquel j'appartenais est là dehors, quelque part, invisible à mes yeux. Ici c'est un cauchemar, ma vraie réalité est ailleurs, je vais me réveiller. Mais chaque jours quand j'ouvre les yeux, je retrouve cet endroit froid et impersonnel, ce lieu où tant t'âmes étrangères se côtoient et survivent.

Je sens Liam quelque peu surpris lorsqu'il regarde les photos. Oui, j'avais une grande carrière devant moi. Déjà mon nom n'était plus inconnu dans le milieu de la mode et on me pronostiquait de pouvoir créer ma propre griffe dans les dix années à venir si je continuais sur cette lancée. Mon travail était apprécié, tant par mes pairs que par le public, et c'est la raison pour laquelle je donnais peu de mon temps à ma vie privée. Un vrai bourreau de travail, une business woman comme on en croise tant à New York, qui vit au rythme de son portable et de son agenda électronique. Quand je rentrais chez moi je n'en avais pas fini pour autant. C'est à ce moment là que je créais. Le terme peut paraître pompeux pourtant c'est ça. Une page blanche, quelques feutres, et en quelques heures j'avais inventé des dizaines de modèles. Certains verraient le jour, d'autres pas, d'autres encore serviraient de base mais seraient fortement modifiés... Je ne pouvais jamais savoir.

Je fis un léger sourire lorsqu'il me dit qu'il n'aimait déjà pas New-York avant la guerre. Ca je pouvais comprendre. Cette ville convenait parfaitement à ma vie professionnelle. Il faut bien avouer que pour tout styliste, Milan, Paris et New-York sont des références. Ces villes, j'en ai rêvé toute mon enfance, toute mon adolescence. Quand mes parents m'ont annoncé qu'ils me payaient mes études à Paris, je crois que ça a été le plus beau jour de ma vie, et j'ai savouré chaque jour que j'ai passé en Europe. Il me restait New-York a faire, et quand j'ai débarqué ici, je me sentais comme un poisson dans l'eau. Toujours pressée, c'était pour moi la ville idéale. Ici ça bouge, et le fait que je m'étais plongée corps et âme dans mon travail ne m'a pas fait remarquer de manière trop prononcée le côté impersonnel de cet endroit.

Parce qu'impersonnelle, la grosse pomme l'est, et pas un peu. Ici, si vous avez un malaise dans la rue, il peut se passer vingt minutes pour qu'une personne daigne venir voir si vous êtes toujours en vie. Ici on n'est pas une personne, on fait partie d'un flot humain, comme une vague qui n'en a que faire de perdre quelques gouttes. Finalement ça m'a bien arrangé. Je n'ai pas trouvé énormément de monde pour s'inquiéter de savoir si j'allais bien. Tant mieux, ça m'aurait mise mal à l'aise. Je n'étais pas vraiment dans une période où je supportais bien la chaleur humaine.



Je viens d'Afrique du Sud. Les choses sont bien différentes là-bas, ce n'est pas la même ambiance. Je me plaisais bien à New-York, mais j'avoue que mon pays me manque. Tout est vert et chaud là-bas...


Est-ce que j'y retournerai un jour ? Rien n'est moins sûr. Je ne sais pas comment ce monde va sortir de ce chaos, si nous verrons ça ou s'il faudra attendre plusieurs générations pour que l'être humain retrouve une civilisation digne de ce nom. Pour l'instant on faisait ce qu'on pouvait, et Elisabethtown était une étape certaine. Enfin on allait quitter ce trou, partir pour un endroit plus accueillant, où nous aurions plus de confort. Pour moi qui était si fragile psychologiquement parlant, c'était un défi. Même si je savais que nous partions pour un mieux, j'avais peur des nouveautés. A peine le temps de me faire à cet endroit que je me déracinais à nouveau. J'aurais voulu être plus vieille de quelques semaines, être installée là-bas depuis un moment et avoir trouvé une certaine routine. C'était idiot, ça je le savais, mais je ne pouvais pas m'empêcher de craindre un peu l'inconnu, même s'il semblait porteur d'espoir.
Il allait pourtant bien falloir que je m'y prépare, parce que Matt désirait que nous ne tardions pas. Peut être partirions-nous avec le prochain groupe... Je l'ignorais. Liam ne semblait savoir plus que moi quand il partait, mais effectivement la priorité était de faire partir les enfants rapidement, comme il accompagnerait les jumeaux, il serait certainement du prochain groupe qui prendrait le départ.



On partira peut être en même temps alors.


C'était peut être idiot, mais l'idée de voyager avec un maximum de monde que je connaissais me rassurait un peu. Oh je savais que Matt ne me lâcherais pas d'une semelle, c'était certain. Il avait même plutôt tendance à être parano en ce qui me concernait par moments. Les gens n'avaient pas intérêt à me regarder de travers. En même temps ici les choses se passaient bien à ce niveau là, et heureusement d'ailleurs !
C'est vrai, quatre jours de marche ce n'était pas rien pour les enfants. Pourtant on n'avait pas le choix. Ca n'allait pas être simple, mais comme il le disait si bien, oui, ça en vaudrait la peine.



Si on part en même temps on te donnera un coup de main pour les jumeaux avec Matt. Faut pas croire derrière ses airs bourrus il a un super contact avec les gosses !


Un petit rire s'échappe de mes lèvres, le premier depuis un bon moment. D'ailleurs le son me semble même étrange, comme s'il n'était pas à sa place. Je bois une gorgée de café et fixe un point invisible sur la table quelques secondes avant de relever les yeux vers lui.


Ils vont partir à l'aventure, ça va les gonfler à bloc de savoir qu'ils vont découvrir un nouveau chez eux. Je suis sûre qu'ils risquent de te surprendre.


Les enfants étaient après tout pleins de ressource, bien plus que nous, et quand ils se gorgeaient d'enthousiasme pour quelque chose, ils pouvaient faire preuve d'une patience et d'une endurance que peu d'adultes pouvaient manifester. Ils seraient encadrés, je ne me faisais pas de souci pour eux.


C'est drôle... Mais j'ai du mal à imaginer qu'autre chose que ces quatre murs puisse encore exister. Je ne parviens pas à me projeter là-bas... tu y arrives toi ?
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MessageSujet: Re: Et je fais quoi maintenant ? - PV LIAM - TERMINE   Et je fais quoi maintenant ? - PV LIAM - TERMINE Icon_minitimeDim 12 Juin - 16:44

L’Afrique du Sud ? J’eus un léger haussement de sourcils accompagné d’un sourire en coin. Disons que je trouvais cela assez surprenant étant donné son teint de nacre et ses yeux bleus, quand bien même il s’agisse d’une réaction stupide. Ce n’était cependant pas la première nationalité que je lui aurais attribuée et je dois bien avouer ce je fus relativement surpris de découvrir ceci, sans y attacher de réelle importance pour autant. Enfin, je n’en tirais pas de préjugés ou quoi que ce soit du genre et même, la croyais avec un sourire amusé lorsqu’elle affirma que tout était chaud et vert là bas. Sans doute cela était-il vrai, alors qu’ici tout avait le même gris sale et détestable. Cependant, la guerre… La guerre changeait beaucoup à la donne. Impossible de dire si l’Afrique du Sud plus que les Etats-Unis avait survécu aux bombardements, cela me paraissait pour autant peu probable. Même si nous n’avions absolument aucune nouvelle du reste du monde, je ne voyais pas comment les autres pays auraient pu mieux s’en sortir que le nôtre et puis, si eux étaient toujours en place, pourquoi ne pas nous venir en aide ? Si l’Europe, l’Afrique, l’Océanie portaient encore des pays vivants, radieux comme jadis, pourquoi ne pas nous les envoyer afin de nous sortir de cet état plus que déplorable ? Je supposais qu’ils l’auraient fait, mais malheureusement personne n’en avait réchappé. Personne n’avait été plus fort que l’autre cette fois ci et à présent, il nous fallait ramasser les pots cassés, au risque de se couper. Cela ne faisait rien, au bout de deux ans j’avais fini par accepter cette fatalité, faute de pouvoir me battre contre. Toujours est-il que notre monde était sans doute entièrement dévasté.

Peut-être quelques petites maisons encore en état, formant un minuscule village, quelques arbres, de l’herbe, un jardin. Dans ce jardin une balançoire, une cabane, seulement quelques jouets éparpillés dans l’herbe, pleins de terres et de petites bêtes amusantes. Mes enfants devaient pouvoir connaître cela, ils devaient pouvoir en profiter de nouveau. Pour les adultes, ce n’était pas la même chose, certes la vie sous terre n’avait-elle rien d’amusant mais ce n’était pas non plus insupportable. Ce qui nous manquait, ce n’était pas forcément l’air frais ou la beauté d’un clair de lune, mais plutôt nos téléphones portables, nos voitures, nos travails, des choses stupides et futiles mais qui, pourtant, possédaient toujours une certaine forme d’importance. Les adultes ne parvenaient pas à accepter l’idée de cette nouvelle vie puisqu’ils avaient connu un monde totalement différent la majorité de leur propre vie, pour les enfants ce n’était pas comparable. Même si les plus grands conservaient des souvenirs plus ou moins nets de ce qu’était le monde avant la guerre, il ne pouvait pas leur manquer comme à nous. Alors, oui, nous devions nous battre pour qu’ils puissent connaître quelque chose que nous avions nous aussi connu et qui était absolument indispensable à une enfance heureuse. Un petit bout de terrain, une maison normale, propre, de quoi manger tous les jours, que demander de plus ? Certains avaient perdu leurs parents durant la guerre, mais ils ne seraient sans doute pas seuls, quelqu’un avait forcément prévu de les regrouper et les mettre avec des adultes, de manière à ce qu’ils se sentent entourés et protégés. Toutes les conditions de vie à mon sens idéales pour que Lucy et Lucas s’épanouissent normalement seraient enfin réunies. Même si eux aussi avaient perdu leurs vrais parents, à présent j’étais là, je prenais soin d’eux comme un père et il était hors de question que cela change, je savais que nous pourrions être heureux. Je savais que tous les trois, nous pourrions former une famille pleine de joie, d’insouciance, comme toutes les familles devraient l’être. Il fallait que ce soit possible, mais surtout : Il fallait tout faire pour rendre ce rêve possible.

Un léger sourire frôla ma joue. Oui, peut-être que nous partirions ensemble, Mary, les jumeaux et moi. En toute honnêteté cette possibilité m’aurait beaucoup soulagé puisque j’aurais dès lors éventuellement pu confier mes enfants à des personnes que je connaissais et en lesquelles j’avais confiance. N’oublions pas que même si mon état n’avait plus rien de dramatique, je demeurais fragile, malade, et que ce voyage serait une épreuve très compliquée pour moi. Aussi devoir m’occuper de deux enfants dans le même temps ne serait-il pas aisé, mais je n’avais de toute manière pas le choix, refusant de ne pas partir à leurs côtés. Qu’importe que je souffre, il fallait que nous soyons ensemble, soudés, unis. Mon sourire ne pu que s’élargir et à mon tour, je me surpris à rire doucement. Oh, je ne doutais pas des capacités de Matthew à calmer les enfants, et en toute sincérité je ne le trouvais pas spécialement bourru. Disons que j’avais certaines facilités avec les caractères les plus difficiles et croyez moi, qui peut s’accommoder de celui de Mathilda pour largement s’accommoder de Matthew. En réalité, et ce bien que nous ne soyons pas particulièrement proches, je parvenais plus ou moins à comprendre sa ligne de conduite puisqu’elle était, au final, assez semblable à la mienne. Agir pour le bien de la Communauté, faire passer ses envies ou besoins après ceux des autres, toujours se montrer disponible et ouvert, c’était des traits que nous avions en commun. Aussi l’appréciais-je, même si je le connaissais peu. Je savais également de lui qu’il éprouvait énormément de respect à l’égard d’Alexander et encore une fois, c’était quelque chose que nous avions en commun. Partir aux côtés de Mary et Matthew m’aurait donc fait extrêmement plaisir et, sans hésitation aucune, je leur aurais confié mes enfants. Malheureusement nous ne décidions pas de ces choses là, seul Alexander le faisait et nous saurions certainement très bientôt ce qu’il en était.

« Oh tu sais, j’en connais des plus bourrus que lui ici. C’est un vrai nid à sales caractères cette Communauté, et Matthew n’est franchement pas le pire ! »

Lucy et Lucas risquaient de me surprendre, oui, sans doute. En tout cas je l’espérais, seulement je savais que la blessure de Lucy l’avait beaucoup secoué et ducoup, je ne voulais pas leur en demander trop à tout les deux. Avant toute chose, je désirais les préserver et tenter, même si ce serait très compliqué, de leur éviter de souffrir durant ce voyage. Marcher durant quatre jours entiers était une épreuve pour les adultes comme pour les plus petits, ce n’était pas quelque chose de particulièrement agréable, surtout en sachant qu’au dehors il faisait plutôt froid. Je n’avais pas non plus envie qu’ils tombent malades, ils étaient si fragiles… Le problème, c’est que moi aussi je l’étais, je ne pouvais pas faire tout ce qui aurait normalement été en mon pouvoir pour les préserver, et j’en éprouvais une profonde tristesse. Je ne savais pas comment les choses allaient se dérouler, espérais pour autant que ce serait pour le mieux. C’était tout ce que je pouvais faire : Espérer que tout irait bien.

« Sans doute… Mais tu sais, Lucy s’est fait tirée dessus durant l’attaque des Hors la loi et, enfin… Les jumeaux ont beaucoup de mal à se remettre d’un épisode aussi traumatisant, je crains que l’envie de découvrir leur nouveau foyer ne parvienne pas à les motiver suffisamment pour venir à bout de cela. »

J’eus un léger haussement d’épaules, soupirant.

« Me projeter là bas ?... »

Je demeurai quelques instants silencieux, réfléchissant. J’aurais pu y arriver, mais une pièce essentielle de mon puzzle manquait, si bien que l’image qu’il représentait m’était encore trop floue. Samuel… Si seulement tout avait été plus simple entre nous en ce moment, sans doute aurais-je pu davantage m’imaginer à ses côtés, aux côtés des jumeaux, dans un genre de petit village à l’air libre où la vie serait enfin plus agréable mais malheureusement, les quelques tentatives que j’avais effectué ne portaient pas vraiment leurs fruits. Sans lui, je ne savais pas ce que j’allais bien pouvoir faire là-bas, je ne savais pas à quoi ressemblerait ma vie. Néanmoins, je fis l’effort d’accrocher un sourire à mes lèvres et feindre un calme qui m’avait déserté dès que j’avais envisagé qu’il me quitte.

« Oui, oui, je crois. Le fait que nous quittions New York m’aide à imaginer un tout autre monde, mais j’ai un peu peur de me faire des idées. D’espérer quelque chose de magnifique pour au final me retrouver dans un coin aussi miteux que celui-ci… »

De nouveau, je pris quelques secondes pour réfléchir.

« Ceci dit, connaissant Ethan, il y a peu de risques pour qu’Elizabeth Town soit un village miteux… S’il a jugé bon de nous y faire déménager, nous, sa femme et sa fille, c’est que l’endroit doit être agréable à vivre. Et l’accord d’Alexander en est une preuve satisfaisante je pense. »

Après un bref sourire et une nouvelle gorgée de café, je reportai mon regard sur Mary.

« Vous prévoyez d’emménager ensemble avec Matthew ? »

Je n’étais pas vraiment au courant de leur relation et bien loin d’être poussé par la curiosité, ma question relevait simplement d’un désir de bavarder encore un peu avec Mary.
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MessageSujet: Re: Et je fais quoi maintenant ? - PV LIAM - TERMINE   Et je fais quoi maintenant ? - PV LIAM - TERMINE Icon_minitimeDim 12 Juin - 18:42

L'Afrique du Sud est une société hétéroclite, un vrai melting pot de nationalités différentes. Beaucoup de gens au teint de porcelaine et aux yeux clairs viennent de là-bas, j'en suis un parfait exemple. Je n'ai jamais véritablement ressenti le mal du pays, parce qu'aussi bien à Paris qu'à New-York, je faisais ce que j'aimais, ma vie était bien remplie, et je n'avais en aucun cas l'occasion de m'ennuyer ou de regretter quoi que ce soit. Mais les choses ont forcément changé depuis cette guerre. Le plus difficile dans tout ça est de ne pas savoir en réalité. Que sont devenus les miens là-bas ? Ca fait tellement longtemps que je suis persuadée qu'ils sont morts, mais... Et si ce n'était pas le cas ? Après tout, je suis bien vivante moi n'est-ce pas ? si on peut dire... Alors peut être que là bas, il y a un survivant persuadé que je suis morte. Lequel ? Mon père ? Ma mère ? Les deux ? Dans ces conditions, je ne parviens pas à faire mon deuil. Sans certitude, il est impossible pour moi de tirer une croix sur eux. Mais comment savoir ? Il n'y a plus le moindre moyen de communication. Aucun espoir d'avoir des nouvelles, je ne vois pas comment ça pourrait être possible. Nous sommes encore en plein chaos, la guerre est loin d'être finie. Nous devons nous cacher, le danger est partout dehors, alors réorganiser une société dans ces conditions, autant dire que c'est tout bonnement impossible.

Elizabethtown est un espoir pour tout le monde. Pour moi aussi, dans une certaine mesure. Mais je ne me fais pas d'illusions non plus. Les choses sont plus calmes là-bas, mais la sécurité y reste aléatoire. Combien de temps avant que le danger nous rattrape ? C'est vrai, nous aurons plus de confort, enfin nous retrouverons la surface et l'air frais. Et après ? Je ne suis même pas sûre qu'on nous permettra de rebâtir quelque chose un jour.
Ces derniers temps j'ai tendance à voir tout en noir et c'est vrai, souvent je me dis qu'inexorablement, nous finirons par nous faire tirer comme des lapins les uns après les autres. rien que le voyage jusque là-bas est dangereux. Le voyage dure 4 jours, 4 longs jours de marche où nous devons passer au nez et à la barbe des hors la loi. Chaque groupe va risquer sa peau, sans compter que si notre petit manège est repéré, autant dire que la migration va être interrompue. Ca fait beaucoup de responsabilité à assumer pour les chefs de groupe, et je ne doute pas, au vu de ses relations avec Alexander, que Matt sera de ceux-là.



Matthew n'a pas un sale caractère du tout.


J'avais secoué la tête avec conviction. Je crois que personne ici ne le connais aussi bien que moi, et son vrai visage, je le connaissais par coeur. Matt est parfaitement conscient de la situation, et contrairement à beaucoup, il ne croit pas à la chance ou au hasard. Il sait que notre survie dépend d'une ligne de conduite que nous devons tous suivre sans dévier. Nous dépendons les uns des autres, et si on ne suit pas les règles, ça peut être catastrophique. Alors oui, il est exigeant sur ce point, parce qu'il tient à chacune des personnes qui est ici. Etant donné son métier, il se sent plus responsable que d'autres, et il s'en voudrait beaucoup si un incident devait survenir. il s'est mis cette responsabilité sur ses épaules, et il est souvent soucieux. Il rappelle souvent les gens à l'ordre alors il passe pour ce qu'il n'est pas. Mais moi je sais que cet homme n'est que douceur et gentillesse. Il n'y a qu'à voir la manière dont il s'est occupé de moi, la patience qu'il témoigne encore à mon encontre. Combien auraient fuit ? Tous. Ils auraient tous fuit, c'est évident. Matt est un homme séduisant, je vois bien comment beaucoup de femmes le regardent ici. Ca serait facile pour lui de se construire une vraie relation amoureuse avec une autre. Pourtant il n'a jamais failli.

Ca, c'est le Matt que moi je connais. Alors il ne m'est jamais venu à l'idée de penser qu'il était bourru ou qu'il avait un sale caractère. C'est ce que les autres pensent, c'est sa réputation et je le sais, mais je connais trop bien ses qualités pour balayer tout ça d'un revers de la main.
Je sais aussi qu'il adore les enfants. Il en voudrait certainement d'ailleurs, je n'en doute pas. C'est une chose à laquelle je pensais de plus en plus souvent, parce que forcément je me demande si je pourrai un jour lui en donner. Déjà il faudra que je le laisse me toucher autrement que par de simples baisers ou me prendre dans ses bras. Et puis... Et puis il y a l'environnement. Est-ce bien raisonnable de faire des enfants dans ces conditions ? D'aucuns vous diront qu'ils sont le futur et qu'on doit bien les élever pour justement permettre au monde de se relever. Mais le danger est tellement présent dans notre vie... Tout n'est que mort et désolation, comment vouloir donner la vie ? L'amour oui, l'envie d'avancer. Mais est-ce suffisant ?

C'est vrai, les enfants sont notre avenir. D'ailleurs ils vivent tout ça bien mieux que nous. Eux espèrent, eux s'amusent dès qu'ils en ont l'occasion, malgré le chaos environnant. Je ne doute pas que les jumeaux vivront ce déménagement avec bien plus de force que n'importe quel adulte.
C'est vrai, Lucy avait vécu un événement on ne peut plus traumatisant, et forcément Lucas y avait été fort sensible et avait presque vécu ça à travers sa soeur. Mais je la voyais depuis... Et elle se battait, elle se battait de toutes ses forces. Plus que moi en tout cas, je m'étais d'ailleurs déjà dit qu'il faudrait que je devrais peut être prendre exemple sur cette petite fille.



Ils n'attendent que ça...Tu verras, ça sera un bon déclencheur pour les aider.


J'essayais de le rassurer comme je pouvais. Ce n'était pas facile, et je comprenais parfaitement le souci qu'il pouvait se faire pour les jumeaux. Mais je savais aussi que lui-même n'était pas dans une forme olympique, pas encore tout à fait remis de ses propres blessures, et à vrai dire, je me faisais plus de soucis pour lui. Alors qu'ils soient tous les trois avec nous me soulagerait je dois dire. au moins comme ça on pourrait s'occuper d'eux et veiller à ce que tout se passe bien. Peut être que je devrais en parler à Matthew pour que de son côté il en touche un mot à Alexander ? C'était lui qui décidait des groupes, ça serait peut être une bonne chose. Et puis m'occuper d'eux allait certainement me faire du bien aussi. A force d'être centrée sur moi-même, j'avais l'impression que mes problèmes ne faisaient que grossir comme sous l'effet d'une loupe. J'avais besoin de ça, parce qu'une fois à Elizabethtown, j'avais bien l'intention de tenter par tous les moyens de prendre un nouveau départ. Je voulais un autre avenir, pour Matt, pour moi, pour notre couple. Il faudrait que je me batte, ça je le savais, j'étais ma pire ennemie dans cette histoire, surtout que j'avais bien du mal pour l'instant à me projeter là-bas. Liam espérait aussi que cet endroit était tel qu'on nous le décrivait. Je ne connaissais pas bien ce Ethan, j'étais plus proche de sa femme, mais Liam avait raison. S'il avait décidé de tous nous rapatrier là-bas, sa famille comprise, c'est que forcément ça valait le coup, il n'aurait pas risqué un tel voyage pour tous si ça n'en valait pas la peine. C'était tout ce que je pouvais espérer aussi.


Oui, on va emménager ensemble.


Je souris et bus à mon tour une gorgée de café.


Je ne me vois pas vivre seule. Et puis... Et puis j'ai l'intention d'utiliser ce déménagement comme un nouveau départ.


Je soupirais et posais ma tasse sur la table. Il y a quelques minutes, je pense que j'ai eu comme une illumination. J'ai revu la Mary d'avant, et je me suis dit que Matt l'aurait adorée. Sans doute que beaucoup de gens ici l'auraient appréciée. Je me suis dit que ce n'était pas juste de permettre à ces trois monstres de me voler ma vie. Je devais réagir, à tout prix, même si je devais me faire violence.


Je pense que si je ne me mets pas un grand coup de pied aux fesses pour me booster je n'avancerai jamais. Je n'ai pas le choix, personne ne peut le faire pour moi. Pour obtenir du positif il faut penser positivement, espérer, même si c'est en vain. Je suis encore en vie. J'existe... je ne dois pas le faire que pour lui, je dois le faire pour moi aussi, sinon ça ne fonctionnera jamais.


J'ai un petit sourire qui se fait contrit, m'excusant presque de ce discours fantaisiste, et je hausse les épaules avant de reprendre ma tasse.


Et toi ? Tu vas t'installer juste avec les jumeaux ou tu vas faire de la "colocation" ?
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