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 Everybody's Got to Learn Sometimes. [Ethan J.]

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Liam Marsden
In love with JUDASLiam Marsden


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MessageSujet: Everybody's Got to Learn Sometimes. [Ethan J.]   Everybody's Got to Learn Sometimes. [Ethan J.] Icon_minitimeVen 11 Nov - 19:18

Le climat devenait de plus en plus tendu pour chacun d’entre nous, mais plus particulièrement pour les habitants de notre maison. ElizabethTown tout entière vivait dans un climat de terreur que nul ne semblait pouvoir contrôler seulement, nous, nous vivions en plus sous le même toit qu’une des personnes qui justement nous terrorisaient. Mon père. Je ne pourrais affirmer que tous l’acceptaient mais au moins, pour le moment, chacun demeurait correct vis-à-vis de lui, ce que je ne pouvais qu’apprécier même si j’étais moi-même particulièrement troublé. Nous devions le cacher, éviter de laisser les volets et les rideaux ouverts afin que personne ne puisse l’apercevoir, ainsi que nous priver d’inviter qui que ce soit pour préserver le secret. C’était… Difficile à gérer. Sincèrement, j’avais beau être heureux de savoir mon père en vie, près de moi, je ne pouvais néanmoins me réjouir totalement. Je ne pouvais faire l’impasse sur ce qu’il avait fait, ou du moins sur ce que j’imaginais qu’il avait fait car au final, je ne savais absolument rien de son passé parmi ces gens. Préférant nous garder en sécurité, je lui avais formellement interdit de nous dire quoi que ce soit concernant ces personnes, mais cela ne m’empêchait pas d’y penser souvent. Et s’il savait comment nous protéger ? Et s’il savait comment les arrêter ? J’aurais pu essayer de l’emmener voir Alexander et implorer sa clémence en échange d’informations, mais le risque me paraissait bien trop important. De plus, même en admettant qu’Alexander décide de lui pardonner et l’accepter parmi notre communauté en échange de ses informations, je savais très bien que personne ne voudrait de lui nulle part, qu’on le détesterait pour ce qu’il avait très probablement fait. Et je le comprenais, je ne pourrais pas en vouloir aux autres de rejeter mon père pour son passé, seulement je ne voulais pas prendre le risque de le mettre en danger. Et si on décidait de se venger sur lui ? Et si on le prenait à partie ? Non. Je préférais largement le savoir en sécurité chez moi, même caché, même vivant comme un fugitif, plutôt que de prendre autant de risques pour lui rendre sa liberté. C’était égoïste, j’en avais parfaitement conscience, et je privais très certainement la communauté toute entière de paix si l’on avait pu enfin savoir comment se protéger mais au fond, mon choix était fait. J’avais choisi mon père, qu’importent les conséquences et je savais que je risquais gros si l’on finissait par le trouver mais… Ce risque là, je le prenais. Je devais le prendre. Par amour pour lui, j’étais prêt à n’importe quoi pour le protéger et le garder auprès de moi.

Cependant, je ne pouvais occulter le sentiment de culpabilité qui résultait de ce choix, quand bien même je ne sois aucunement décidé à revenir dessus. J’avais beau être sûr de moi, cela ne m’empêchait pas de me sentir horriblement mal pour toutes ces personnes qui avaient perdues des enfants, des amis, des maris ou des femmes. J’avais mal pour eux, tout simplement, et ce même si quelque part je savais que j’aurais pu les soulager en mettant peut-être fin au massacre. Seulement voilà, même si dans les faits je le pouvais, mon cœur et mon sang me l’interdisaient formellement alors… Eh bien j’évitais de trop y penser, évitais la présence des autres ce qui au final ne m’était pas vraiment difficile. Depuis que j’avais retrouvé les jumeaux, ils refusaient de me quitter, refusaient que je les laisse seuls plus de quelques instants et bien évidemment, je n’allais pas contre cela, passant le plus clair de mon temps à m’occuper d’eux. Après des mois entiers d’indifférence je reprenais mon rôle de père très au sérieux, tâchant d’être le plus présent et à l’écoute pour eux, tout comme je l’avais toujours été. Nous en avions tous les trois besoin. Enfin… Tous les quatre plutôt, puisque Samuel faisait désormais également partie de notre famille. Ou du moins s’y faisait-il une place, petit à petit. Contrairement à ce que j’avais pu croire, les jumeaux l’acceptaient plus ou moins à nos côtés même si, bien évidemment, ce n’était pas encore tout à fait naturel. Disons qu’ils n’étaient pas farouchement opposés à notre relation, ce qui était déjà un bon début. Pour ce qui était de totalement l’assimiler comme un membre de notre famille, il faudrait sans doute un peu de temps encore mais cela ne faisait rien, nous allions être patients avec Sam. Pouvoir déjà nous occuper d’eux ensemble, pouvoir vivre notre vie de couple sans avoir à nous cacher représentait un immense pas en avant. Nous vivions enfin normalement et, pour ce qui était des enfants, les choses rentreraient probablement dans l’ordre lorsqu’ils se seront faits à la présence de Sam. Ce n’était pas simple, nous en avions conscience, aussi nous ne leur mettions pas la pression le moins du monde.

Voilà ce à quoi ressemblait ma vie désormais. Presque idyllique si on oubliait le fait que mon père était certainement un meurtrier, quand bien même il demeure à mes yeux toujours le même homme, cet homme doux comme un agneau, patient, poli… Je ne pouvais néanmoins pas me plaindre en comparaison de certains autres foyers. Avec Sam nous avions la chance de n’avoir perdu aucun de nos proches, ni aucun membre de notre famille, ce qui était véritablement un luxe en ces temps difficiles. Cependant, nous n’étions pas très rassurés, comme tout à chacun. Je l’avoue, j’avais peur que la chance tourne, que nous soyons nous aussi frappés par le sort même si, au final, nous avions déjà failli l’être… Nous avions déjà failli perdre nos enfants, ce qui constituait à mes yeux une raison supplémentaire de les couver et les surveiller au doigt et à l’œil. Même la nuit, Sam et moi ne dormions que d’un œil tant nous craignions qu’il arrive quelque chose. Après tout, mon père avait débarqué en pleine nuit dans l’idée de nous tuer alors, nous savions mieux que quiconque que nous n’étions pas totalement en sécurité, voire pas du tout. Seulement nous n’avions pas d’autre choix : Nous devions faire avec, vivre avec cette angoisse de se réveiller et ne pas trouver nos enfants dans leurs lits. Qu’aurions-nous pu faire ? Nous dormions la porte ouverte, guettant le moindre bruit suspect, la moindre trace d’effraction mais mis appart cela, nous ne pouvions absolument rien contre la menace. Nous étions impuissants. Quant à sortir de la maison, bien que nous n’y soyons finalement pas très en sécurité, je dois bien avouer que cela me dérangeait particulièrement. Je détestais voir Sam partir pour la bibliothèque ou ailleurs, seul, et le surveillais à chaque fois, de loin, derrière les carreaux. J’avais continuellement peur que quelque chose nous arrive, comme tout le monde. Et très sincèrement, ne pas songer à reboire relevait presque de l’impossible avec tout cela. Je tenais bon, m’accrochais à Sam, aux enfants, à notre vie, mais j’en avais envie, très envie même. En même temps, il ne suffisait pas d’arrêter pour ne plus ressentir le besoin, du jour au lendemain, à fortiori lorsque l’on vivait dans un stress permanent. Il fallait néanmoins faire avec, nous n’avions pas d’autres possibilités.

Alors, nous nous protégions comme nous le pouvions. Tout d’abord, personne ne restait seul à la maison. Nous nous débrouillions toujours pour être au moins deux adultes présents, sans compter mon père, ce qui nous garantissait au moins une certaine protection en cas d’attaque. Ensuite, nous nous barricadions le plus possible la nuit, fermant les volets, plaçant des objets devant les fenêtres afin de les entendre tomber si quelqu’un tentait d’entrer, des chaises devant les portes d’entrées. Ce n’était pas une garantie, toujours est-il que cela nous permettait de nous sentir plus ou moins à l’aise dans notre maison quand bien même nous ne nous leurrions pas sur le danger que nous courrions. Malheureusement, les choses n’allaient pas en s’arrangeant, bien au contraire. Chaque jour nous découvrions des menaces tagguées sur les maisons, personne ne sachant d’où elles venaient, comment on avait pu les taguer là sans qu’on ne s’en rende compte, comment cela était possible, tout simplement. Inutile de préciser que cela replongea la ville toute entière dans une terreur encore plus puissante. Nous avions, de notre côté, été épargné pour le moment mais quelque part je ne me faisais pas d’illusions, il n’y avait aucune raison pour que notre maison plus que les autres réchappe à cela. Et je ne savais absolument pas comment j’allais pouvoir le prendre lorsque cela arriverait, comment j’allais pouvoir le surmonter.

En attendant, il fallait néanmoins continuer à vivre ou plutôt, tenter de vivre normalement. Le lendemain de ma demande en mariage, Sam et moi sommes allés voir Isaiah pour lui en parler quand bien même il soit particulièrement occupé. Se marier n’était certes pas la première chose à laquelle les gens songeaient en ce moment mais nous, nous le voulions vraiment, quand bien même nous soyons homosexuels. En réalité cela n’aurait pas réellement posé problème si Sam n’avait pas souhaité un mariage à l’église mais de toute évidence, j’avais encore énormément de choses à apprendre sur lui. Très sincèrement, je ne partageais pas son besoin mais puisque cela lui tenait à cœur… Toujours est-il que nous allions nous marier, ou du moins lorsque Isaiah aurait accepté de marier deux hommes car pour le moment, ce n’était pas tout à fait gagné. Il avait commencé par nous regarder avec des yeux ronds avant de s’excuser, refuser, puis, à force d’arguments finir par envisager la chose. L’envisager, sans proposer la moindre date… Ce qu’il me proposa, par contre, fut de participer à ses réunions de soutien par rapport à mon alcoolisme, proposition que Samuel approuva fortement. Je ne comprenais pas. Je ne comprenais toujours pas pourquoi. Enfin, si, bien sûr, je comprenais qu’Isaiah s’inquiète pour ma santé mais cela n’avait rien à voir avec notre mariage seulement, lorsqu’il finit par annoncer qu’il s’agissait là d’une condition obligatoire, je fus obligé d’abdiquer. Sam eut beau me répéter que cela ne pourrait que me faire du bien, que me confier serait forcément bénéfique, je n’y croyais pas vraiment. Je n’avais pas envie de raconter mon histoire à qui que ce soit or, dans les réunions de ce genre, nous sommes forcés à un moment ou à un autre d’expliquer les raisons de notre chute. Et cela ne me réjouissait pas le moins du monde. Cependant, pour lui faire plaisir, pour ne pas compliquer encore davantage notre situation auprès d’Isaiah, j’abdiquai et allai à ces réunions, sachant pertinemment que cela ne m’aiderait pas.

La simple phrase « Je m’appelle Liam et je suis alcoolique » me donnait des frissons. Devoir faire acte de présence chaque semaine à ces réunions me donnait des frissons. Je détestais cela, même si j’évitais de trop m’en plaindre. Alors je prenais sur moi, m’y rendais invariablement, tâchais d’être le plus agréable possible même si au fond j’aurais aimé être n’importe où ailleurs que dans cette église, au milieu de ces gens qui avaient tous vécu tant d’horreurs. Leurs histoires ne m’aidaient pas à me sentir mieux, bien au contraire, et leur raconter la mienne demeurait à mes yeux impossible. Je devais néanmoins m’y plier, c’était le marché. Cependant, j’eus un peu plus de mal à ne pas broncher lorsque Isaiah me demanda de trouver un parrain, une personne vers laquelle je pourrais me tourner en cas de problème en dehors du cercle de soutien. Je demeurai abasourdi de longues secondes jusqu’à ce qu’il ne rajoute qu’une personne elle-même sujette à la dépendance pourrait mieux m’aider que n’importe qui d’autre. D’accord mais… Je ne connaissais absolument personne qui pourrait jouer ce rôle là. De tous mes amis proches, aucun n’était ou n’avait été dépendant et… Oh… Pour la première fois depuis longtemps, je songeai à Ethan. Ethan… Mon ancien meilleur ami. C’est vrai que j’aurais pu lui demander à lui mais malheureusement, nous n’étions plus aussi proches qu’auparavant, loin de là. Depuis que Katarina avait été enlevée, il ne m’avait jamais réadressé la parole et quelque part, je n’avais pas osé aller lui parler non plus car je savais très bien qu’il m’en voulait mais… Je ne savais pas. Je ne pouvais pas demander ça à Ethan après des mois d’indifférence, ç’aurait été complètement hors propos. Isaiah s’obstina cependant, me conseillant d’y réfléchir plus longuement, de prendre la bonne décision. Isaiah ne savait ceci dit pas tout ce qui nous séparait désormais, Ethan et moi. Un an, ce n’était pas rien. Un an durant lequel nous n’avions pas échangé un seul mot, un an durant lequel nous avions mutuellement fait comme si l’autre n’existait plus. Très sincèrement, je pensais que la faute était partagée. D’une part m’en avait-il voulu pour quelque chose de stupide, certes, mais de mon côté je n’avais rien fait pour rétablir le contact, pour retourner vers lui et clarifier la situation. Je ne pouvais donc pas le considérer comme fautif de notre brouille même si, à la base, je ne pensais pas avoir fait quoi que ce soit de mal.

Le fait est que suite à l’enlèvement de Katarina, j’avais refusé de l’aider à chercher sa femme, mais j’avais de très bonnes raisons. Je ne pouvais pas laisser les jumeaux pour partir dans New York accompagné d’un seul homme, ç’aurait été du suicide. Et très sincèrement, j’avais beau le considérer alors comme un frère, cela ne signifiait pas que je cautionnais chacun de ses actes. Même un frère sait reconnaître les erreurs de son semblable, et en l’occurrence il m’avait semblé que partir seul dans la ville, sans savoir où chercher, en prenant le risque d’y laisser sa vie était une erreur. Alors… Non, c’est vrai, je n’étais pas allé avec lui et il m’en avait voulu pour cela, mais quelque part je ne me sentais toujours pas en tort. Même avec le recul, je n’aurais pas souhaité agir autrement qu’en restant à la communauté, prenant le relais d’Ethan et Alexander absents alors qu’Aaron se noyait sous son devoir de leader. Cela ne signifiait pas qu’Ethan ne m’avait pas manqué mais quelque part, je ne savais plus vraiment qui il était. Je ne savais pas ce qu’il avait vécu, ce qu’il était devenu, tout comme lui ignorait tout de moi à présent. Nous étions devenus des étrangers, aussi triste cela soit-il. Alors lui demander d’être mon parrain, aujourd’hui, m’apparaissait totalement saugrenu et très sincèrement, je craignais bien trop d’être repoussé pour oser aller le voir. Malgré tout, je l’aimais toujours. Aussi un rejet de sa part m’aurait-il fait bien plus mal que cette commune indifférence qui ne semblait pas le déranger plus que cela. Je supposais qu’il n’avait même pas tenté de prendre de mes nouvelles lorsque j’avais été malade, ni même lorsque j’avais de nouveau sombré dans l’alcool bien que ce ne soit un secret pour personne. Il s’en moquait, voilà tout. Il s’en moquait et je ne voyais pas ce que j’aurais pu faire pour changer cela.

Pendant plusieurs jours, je m’interrogeais donc. Je ne savais sincèrement pas quoi faire, la possibilité d’aller parler à Ethan m’apparaissant toujours déplacée même si je me rendais compte qu’il me manquait réellement. J’avais des amis, je côtoyais beaucoup de personnes, mais aucune de ces relations ne ressemblait à celle que nous avions avec Ethan. Il avait été mon meilleur ami et, malgré tout, je ne l’oubliais pas. Je ne faisais pas une croix dessus même s’il était clair que cette amitié avait gravement décliné. Ce ne serait sans doute jamais la même chose, c’est vrai, mais après tout renouer avec lui ne pourrait qu’être bénéfique. En admettant qu’il ne me repousse pas, bien entendu. Décidant d’en parler à Isaiah, de lui expliquer en détails la situation, je fus contraint à admettre que je ne perdrais rien à au moins aller le voir pour tenter de clarifier la situation. Même s’il m’en voulait toujours et ne souhaitait plus rien à avoir à faire avec moi, essayer d’établir une communication serait toujours plus constructif que rester chacun dans son coin en faisant mine que l’autre n’existait plus. Aussi, je décidai finalement de me rendre chez Ethan pour mettre à bien ces conseils, appréhendant cependant toujours un peu. Je ne savais pas vraiment ce que j’allais pouvoir dire, ni comment engager la conversation, encore moins comment amener le fait que j’aurais aimé qu’il soit mon parrain même si cela passait en second plan. D’abord, il fallait que je réussisse à pouvoir lui parler plus de cinq minutes sans qu’il ne me referme la porte au nez ce qui ne serait pas forcément aisé. Pour avoir connu Ethan, je savais qu’il ne se forçait pas à être agréable avec les personnes qui le dérangeaient, aussi n’aurait-il sans doute pas hésité très longtemps à me renvoyer. Toujours est-il que ce jour là, en début d’après midi, j’avais prévu de passer voir Ethan. Puisque nous étions dimanche je supposais qu’il n’était pas au QG mais étant donné le climat de terreur qui régnait sur la ville… Enfin, je ne perdais rien à aller voir, même si je sentais l’appréhension me gagner au fil des heures qui me rapprochaient de cette entrevue. Finalement, après le repas et avoir passé du temps avec les jumeaux et mon père, je quittai la maison pour me diriger vers celle d’Ethan, mon cœur battant de plus en plus fort.

Je savais ce qu’on disait de lui, mais je m’en fichais. Je ne voulais pas savoir, parce que cela ne me concernait pas et que quelque part, j’estimais qu’à partir du moment où l’on ne me faisait pas directement de tort je n’avais pas à juger qui que ce soit. Et quoi que l’on puisse en penser, moi, j’avais du respect pour lui, tout comme j’en avais toujours eu. Nos différents n’avaient pas réellement changer mon opinion de lui, après tout il n’avait pas forcément eu tort seulement parce que je pensais avoir eu raison. Nous avions tous les deux nos raisons, qui étaient justifiées. Voilà tout. Malheureusement, j’avais beau me répéter silencieusement cela tandis que je me dirigeais vers sa maison, je n’en n’étais pas moins rassuré. Je ne me sentais pas à l’aise de réapparaître comme ça, après tant de temps, et surtout en sachant qu’il s’était montré assez sec avec pas mal de personnes ces derniers temps. Mais il était trop tard pour reculer. Je pris donc une profonde inspiration avant de frapper à sa porte, me demandant soudain si je n’allais pas tout simplement le déranger. Le dimanche restait le seul jour durant lequel nous pouvions tous nous reposer et avec tout ce qui arrivait en ce moment, il devait en avoir besoin, je risquais de seulement perturber une journée calme en famille pour lui et… Oh, bon sang. Il fallait que je le fasse, sans chercher le moindre prétexte pour fuir puisque de toute façon je venais déjà de frapper. Au pire il allait me renvoyer, me dire que je tombais mal, et j’allais repartir sans demander mon reste. Pour le parrain, eh bien, je n’en aurais pas et ce ne serait certainement pas un très grand mal. Qu’avais-je à y perdre, après tout ? Nous ne nous parlions déjà plus, ce n’était pas comme si je risquais de détruire une amitié déjà en ruines. J’attendis donc, sentant mon visage perdre de ses couleurs au fur et à mesure des secondes qui s’écoulaient, continuant à me poser des centaines de questions, jusqu’à ce que la porte ne s’ouvre finalement sur mon ami. Ou ancien ami. Nous nous dévisageâmes quelques instants en silence avant que je n’ouvre la bouche, ne sachant toujours pas quoi dire mais étant bien obligé de justifier ma présence qui devait lui paraître étrange. J’eus un sourire nerveux avant de finalement lâcher :

« Bonjour. Je… euh… »

Oui, mais encore ?

« Je suis désolé de te déranger, j’aurais voulu qu’on discute tous les deux mais… Si tu veux, je peux repasser plus tard, ou un autre jour, ou… »

Ou jamais, parce qu’à présent que j’étais en face de lui je me rendais réellement compte que nous n’avions plus rien de deux amis. Le voir, lui adresser la parole me perturbait alors qu’auparavant j’aurais pu passer des heures avec lui. Nous n’étions pas forcément toujours bavards, mais il y avait cette chose, ce lien entre nous. Aujourd’hui, il n’existait plus. Alors quoi ? J’avais réellement et définitivement perdu cet ami, ce meilleur ami pour n’avoir pas pris la décision qu’il attendait de moi ni la peine de retourner le voir après ? De toute évidence, oui, et cela me serrait vraiment le cœur.
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Ethan Jones
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MessageSujet: Re: Everybody's Got to Learn Sometimes. [Ethan J.]   Everybody's Got to Learn Sometimes. [Ethan J.] Icon_minitimeSam 26 Nov - 12:32

Peur ! Nous avions tous peur. Ce mot, ce sentiment était sur toutes les lèvres depuis quelques semaines. Mais les nombreuses inscriptions sur les façades des maisons n’ayant épargné personne, tout le monde sentait désormais personnellement en danger. Des enfants avaient disparus, d’autres avaient eu plus de chance, des gens étaient morts et d’autres avaient été blessés mais jusque là, beaucoup se sentaient à l’abri de cette menace invisible. Pourtant, maintenant, tout le monde restait chez soi. Les rues de ce petit quartier tranquille d’Elizabethtown que nous avions investi étaient désormais désertes. Nous n’avions même plus à nous fâcher pour que les règles établies par Alexander pour assurer la sécurité de tous soient respectées. Au fond, c’était une bonne chose. Mais lorsqu’on creusait un peu plus, on se rendait tous compte qu’on aurait préféré continuer à faire des remontrances à chacun.
Le quartier semblait être un quartier fantôme et j’en avais la chair de poule à chaque fois que je devais sortir. Des dizaines de tête étaient visibles à travers des petites ouvertures faites aux rideaux des maisons et je soupirai. Je ne pouvais leur en vouloir d’avoir aussi peur et d’être un peu ridicule parfois…J’avais aussi peur qu’eux. Nous avions tous peur, et le plus dur à accepter c’était que maintenant cette peur était si déraisonnée que tout le monde avait peur de ses voisins ou de ses amis. Autrefois, j’avais été dans ce cas, et je me rendais compte maintenant que c’était déraisonné et déraisonnable. J’avais fini par admettre que personne n’était un espion. J’avais mis du temps à le réaliser, mais ayant passé au crible chaque personne, je me rendais compte que personne ne pouvait être assez tordu pour nous vendre à des cinglés. Les seules personnes que j’aurais pu soupçonnées n’avaient pas été épargnées. Et je doutais maintenant de mon ancienne théorie parce que ce n’était pas les hommes forts qu’on avait essayé d’éliminer. Non…à chaque fois, ils s’en étaient pris aux plus faibles d’entre nous.

Ce climat était pesant mais nous faisons avec. Je faisais avec. J’essayais au moins. J’avais pensé que vivre tous ensemble dans la même pièce (enfin vivre était bien un grand mot puisque durant la journée nous descendions au salon après avoir pris soin de tout fermer à l’étage) serait pour les enfants le signe que quelque chose n’allait pas mais pour Sasha cela ne faisait aucune différence. Lena, elle, ne voyait pas les choses de la même manière. Elle n’était pas soucieuse ou nerveuse, elle semblait même contente. Mais elle en profitait bel et bien… Elle ne voulait jamais dormir dans son petit lit. Elle dormait toujours dans notre lit. Si la première nuit j’avais échangé un regard accusateur à Katarina, lui faisant comprendre que je lui en voulais, Lena était venue me faire un câlin et j’avais presque oublié le reste. Et chaque nuit, Lena dormait dans mes bras et j’en oubliais le reste. J’avais ma petite fille pour moi tout seul et j’étais le plus heureux des papas.
Katarina, depuis que j’avais cédé, était un peu plus rassurée. Oh bien sur, ce n’était pas miraculeux non plus puisqu’elle continuait à sursauter au moindre bruit, mais elle réussissait à s’endormir. Pour moi c’était un peu plus difficile. Elle m’avait transmis une partie de sa peur, et je ne dormais jamais réellement sur mes deux oreilles. S’il leur arrivait quelque chose, je ne me le pardonnerais jamais. J’avais pensé à demander de l’aide à certains de mes amis, mais si pour ceux avec lesquels j’avait toujours des liens solides je ne me voyais pas leur demander de l’aide parce qu’ils avaient eux aussi leurs propres familles à gérer, les autres je ne pouvais pas le leur demander. Non que je ne veuille pas, mais je me rendais compte que j’avais été injuste avec eux.

Depuis deux jours, je cherchais une idée lumineuse pour aller voir Lilly. Ma chère Lilly qui me manquait et que j’avais injustement écartée de ma vie. Mais après tant de mois je ne savais pas si elle pouvait réussir à me pardonner. Elle était d’une gentillesse extrême mais elle était surtout assez rancunière. J’étais comme son frère et j’avais été très dur avec elle. Depuis son arrivée à Elizabethtown elle ne m’avait jamais adressé la parole. Enfin, Lilly ne parlait pas vraiment puisqu’elle était muette mais elle se faisait comprendre autrement. Et avec moi, depuis des mois elle n’avait jamais essayé de communiquer. Pis encore, elle s’enfuyait des qu’elle me voyait. Cela me brisait le cœur…Mais je ne pouvais blâmer personne d’autre que moi.

Cet après-midi là ne dérogeait pas à la règle, je me demandais encore comment j’allais réussir à aller vers Lilly sans qu’elle ne me fasse comprendre qu’elle ne voulait plus rien savoir de moi. Katarina et les enfants dormaient à l’étage. J’avais pris soin de fermer les volets et de faire en sorte d’entendre si quelqu’un venait à essayer de les ouvrir. Certains avaient choisi un système de prévention sonore comme du verre ou un objet qui fasse du bruit s’il tombait. Moi j’avais choisi une solution plus radicale. Quiconque cherchait par l’extérieur à rentrer chez nous, se prenait une décharge électrique. Je savais ce qu’en pensaient certains mais je n’en avais que faire. Et au moins, cela me permettait de me sentir un peu plus confiant quand je devais quitter la maison et laisser Katarina et les enfants seuls.
Alexander était passé un peu plus tôt m’avertir que le prisonnier avait encore lâché des infos supplémentaires et il avait promis de repasser dans la soirée pour que nous en parlions avec Aaron et qu’on décide de ce qu’on allait faire. Personnellement, aller à la rencontre de ces personnes ne me semblait pas une très bonne idée. Si nous envoyions les plus costauds d’entre nous, il n’y aurait plus personne ici et je ne pouvais pas m’empêcher de penser qu’il s’agissait d’un guet apens…Oui j’étais toujours aussi paranoïaque...Mais mieux vaut prévenir que guérir non ?

Katarina et les enfants étaient dans la chambre depuis une heure et j’en avais déjà assez d’être là à attendre qu’ils se réveillent pour aller faire mon travail dans l’ancienne épicerie. Demain était le jour de la distribution des vivres et je n’avais encore aucune idée de tout ce que nous avions et de la façon dont j’allais distribuer les vivres. Comme la plupart des gens ne voulaient plus sortir, j’étais obligé de tout faire moi-même et je savais que cela me prendrait toute la journée. Il me faudrait demander à quelqu’un de rester à la maison avec Katarina. J’aurais bien demandé à Elizabeth de venir, mais même si Katarina l’appréciait je savais que passer la journée entière avec ma meilleure amie ne l’enchanterait pas plus que cela. J’aurais aimé qu’elles deviennent de très bonnes amies mais il fallait que je me rende a l’évidence : Katarina et Elizabeth ne seraient jamais les meilleures amies du monde…
J’avais pensé à demander à Cassandre aussi mais même si Katarina appréciait la jeune fille, je savais qu’elles ne seraient jamais totalement amies non plus… C’était un peu comme si depuis sa dispute avec Gabrielle, Katarina ne voulait plus du tout d’amies. Elle prétendait le contraire mais à la façon dont elle agissait c’est ce qu’il transparaissait et j’étais triste pour elle. J’aurais tellement aimé qu’elle ait une amie…Mais pour le moment, je préférais laisser les choses se tasser. Et puis, je ne pouvais pas tout combattre en même temps. Avoir réussi à la remettre en confiance dans sa propre maison était déjà un succès énorme en soi, alors je m’occuperais plus tard de la vie affective de ma femme. Elle irait vers les autres dés qu’elle se sentirait prête. Et pour le moment elle n’était pas prête tout simplement.

Les minutes s’écoulaient si lentement que j’en venais à faire les cent pas dans le salon. J’allais user les tapis et le parquet mais je m’ennuyais. Katarina était tellement maniaque que je n’avais rien à faire à la maison, et je ne voulais pas monter et risquer de faire du bruit en m’occupant. Alors je restais dans le salon sans savoir quoi faire. J’aurais bien joué de la guitare si je n’avais pas eu peur de réveiller les enfants. Cela m’aurait certainement occupé…et j’aimais ça. J’avais repris la musique depuis quelques mois et cela m’apportait un bien-être sans pareil. M’y remettre n’avait pas été facile et sans partition, ni aide musicale je ne pouvais que rejouer ce que je connaissais déjà ou alors composer. La plupart du temps, je finissais par jouer les morceaux que j’avais l’habitude de jouer avec mon père. De vieux tubes des années 70, des chansons qui avaient un sens pour moi. Dés que je jouais ces morceaux là, des morceaux de vie me revenaient. Et cela m’aidait à me lier à mes parents…Avec le temps, je finissais par avoir du mal à me souvenir de leurs visages et ce n’était que quand je jouais de vieux tubes de Stones que j’arrivais encore à revoir leurs visages. J’espérais ne jamais perdre cela…

J’étais dans la cuisine lorsque j’ai entendu quelqu’un frapper à la porte. De peur que la personne frappe à nouveau et finisse par réveiller Katarina et les enfants, j’ai laissé tomber tout ce que j’étais en train de faire, c'est-à-dire laisser la casserole remplie d’eau sur le côté de la cuisinière et remettre mon thé à plus tard. C’était sans doute Evan qui venait passer un peu de temps avec moi. Enfin…si Diane travaillait…Parce que sinon, je savais qu’ils ne se lâcheraient pas. Je n’étais pas jaloux mais je n’arrivais pas à être aussi enthousiaste que mon meilleur ami vis-à-vis de Diane…J’essayais de ne pas trop le montrer parce que je ne voulais pas perdre Evan mais j’étais toujours mal à l’aise lorsqu’elle était là. Katarina semblait un peu plus l’apprécier, mais je mettais ça sur le compte de l’effet « collègues ». Enfin…de toute façon je connaissais assez Evan pour être persuadé que ce n’était qu’une simple amourette et que dans quelques semaines il serait passé à autre chose. Il avait passé trois ans à chercher Lizzie sans penser à lui, et il s’était enamouré de la première jolie fille qu’il avait vue. Il fallait seulement que je sois patient.

C’est donc avec une surprise non dissimulée que je me suis retrouvé face à face avec Liam lorsque j’ai ouvert la porte. Pendant une seconde je suis resté interdit. Liam et moi avions été amis. Très amis. Mais je ne lui avais pas pardonné son immobilisme lorsque Katarina avait été enlevée. Avec le temps et d recul, je me rendais compte que j’avais été injuste. Je ne regrettais pas en un certain sens, et d’un autre je n’aurais pas du couper les ponts avec lui pour cette raison. Je n’avais aucune idée de ce qu’était sa vie à présent. Je savais seulement qu’il avait trouvé quelqu’un pour partager sa vie, Samuel. Mais lui non plus, je n’avais aucun contact avec lui. Ce que je me demandais c’était pourquoi il était là, sur mon perron, un dimanche après midi alors que les allées et venues de chacun étaient peu nombreux. J’ai du paraitre rustre de ne pas le saluer et j’ai senti à son hésitation qu’il avait peur que je ne lui saute dessus et que je ne lui refasse le portrait.
Mais je ne voulais pas de ça. Je voulais savoir pourquoi il était là, sans arrière pensée méchante. J’ai sauté sur l’occasion de peut-être m’excuser pour mon injustice il y a de cela des mois et j’ai secoué la tête.

-Non, non !

Il avait fait le premier pas, chose que je n’aurais sans doute jamais fait de mon plein gré je le savais, et je ne pouvais pas lui tourner le dos. Je m’étais promis que cette ville, mon fils, mon meilleur ami seraient le signal qu’il fallait que je redevienne le vrai Ethan, et ce n’était pas en claquant la porte au nez à Liam que j’allais commencer.
J’ouvris un peu plus grand la porte tout en faisant attention à ne parler trop fort. D’où on était, Katarina risquait de se réveiller, et je ne voulais pas la laisser seule dans la maison. Parce que même si j’étais juste devant, elle me ferait une scène monumentale pour l’avoir laissée seule à la maison. Et je n’avais pas la force de raisonner encore une fois ma femme. Je ne voulais plus me battre pour le moment avec elle.

-Je t’en prie Liam, entre.

Je n’étais pas sûr qu’il le fasse après tout ce qu’il s’était passé, mais s’il avait fait le premier pas, je pouvais faire le second non ? En tout cas, j’allais essayer… Je pointai du doigt l’étage en parlant à voix basse.

-Katarina et les enfants dorment à l’étage. J’évite de faire trop de bruit, Sasha a le sommeil très léger.

Personne n’ignorait que nous avions un fils maintenant, ni comment il s’appellait. Seulement Liam ne l’avait sans doute jamais vu. Enfin, je n’en savais rien…Il y avait tant de choses sur lesquelles j’avais décide de fermer les yeux.
Je conduisis alors Liam vers la cuisine, ne cessant de me poser milles questions et cherchant la bonne attitude pour masquer ma nervosité et ma gêne. Je n’avais aucune idée de ce qu’il me voulait et cela me rendait non pas suspicieux mais curieux.

-J’allais me faire un thé, tu en veux un ?

Je n’arrivais pas à le regarder droit dans les yeux, et j’évitais clairement son regard maintenant. La tension était palpable chez chacun de nous, et c’était comme si nous étions deux étrangers. Sauf que nous nous connaissions, nous avions été amis. Ce pouvait –il que rien ne soit plus possible entre nous ? Je n’en avais aucune idée. Mais il fallait que je me lance, que je sois courageux et que j’essaie.

-Qu’est-ce que je peux faire pour toi Liam ?

J’aurais pu m’excuser tout de go bien entendu, mais je ne pouvais pas le faire tant que je ne savais pas ce que me voulait Liam. Si je m’étais trompé sur ses intentions amicales, je ne voulais pas perdre la face en m’excusant alors qu’il ne voulait plus rien à voir avec moi. Je savais que cette vanité ne me ressemblait pas, mais je n’y pouvais rien…J’avais des torts, mais j’estimais encore qu’il en avait également…La question était de savoir à présent si Liam allait faire le troisième pas en avant ou s’il allait reculer…
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Liam Marsden
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MessageSujet: Re: Everybody's Got to Learn Sometimes. [Ethan J.]   Everybody's Got to Learn Sometimes. [Ethan J.] Icon_minitimeSam 18 Fév - 18:12

C’était terrible de me trouver là, face à mon ancien meilleur ami, et me rendre compte de tout ce qui nous séparait à présent. Une année entière passée dans l’indifférence, ce n’était pas rien. Et même si certaines informations se répandaient vite au sein de notre petite communauté, il était clair que l’intimité de l’autre nous était désormais inconnue tandis qu’auparavant nous savions tout l’un de l’autre. Il avait longtemps été la seule personne à laquelle j’avais pu confier mon alcoolisme, Natacha, mon passé et mes peurs. Cela peut paraître stupide, mais pour une personne aussi discrète que moi, il s’agissait d’une très grande marque de confiance et d’affection. Enfin… Tout ceci ne devait sans doute plus posséder beaucoup d’importance à l’heure actuelle. Ce qui demeurait de notre amitié n’était que de la gêne, car de toute évidence Ethan était aussi mal à l’aise que moi. Il s’empressa cependant de secouer la tête en signe de négation lorsque je proposai de repasser plus tard, ce qui m’étonna. Je pensais qu’il allait sauter sur l’occasion de se débarrasser de moi, n’ayant aucunement envie de renouer le moindre lien avec une personne qui désormais ne comptait plus le moins du monde à ses yeux, mais il me retenait au contraire. C’était extrêmement perturbant car je savais de moins en moins à quoi m’attendre. Allions-nous réellement mettre les choses au point, là, maintenant ? C’est étrange mais au fond, je n’y avais sans doute pas cru depuis le départ, persuadé qu’il ne prendrait pas la peine de m’écouter une minute. De toute évidence ma vision de lui avait changé sans même que je m’en rende compte. A présent l’homme qui se tenait devant moi n’était plus cet ami agréable, attentif que j’appréciais autrefois, mais un étranger froid, indifférent et rancunier.

Cependant, la manière dont il m’ouvrit doucement sa porte me redonna un peu d’espoir. Il m’acceptait chez lui, au sein de sa demeure et ce geste me prouvait que je m’étais trompé : Il n’était pas aussi rancunier que je le croyais, sans quoi il aurait réagi bien différemment. Malgré tout, je dois l’avouer, je n’étais toujours pas rassuré. J’espérais simplement que nous allions avoir une discussion constructive, essayant de contenir ma gêne derrière un sourire maladroit alors que je répondais à son invitation. J’eus cependant beaucoup plus de mal à contenir cette gêne lorsqu’il reprit la parole à voix basse pour m’annoncer que sa famille se reposait à l’étage, ce qui impliquait implicitement que nous fassions peu de bruit. Je tombais mal… Enfin, dans un sens cela me permettait d’avoir une conversation avec Ethan sans être dérangé, mais je n’aimais pas m’immiscer de cette manière dans la vie des autres, dans leur intimité. Finalement, toute trace de sourire, même gêné, fini par s’effacer de mon visage. Sasha. Un prénom qui ne correspondait à aucune réalité dans mon esprit. Je savais qu’il appartenait à un enfant, le second d’Ethan et Katarina, mais étrangement je ne parvenais à m’en faire aucune image et ce pour une bonne raison : Je ne l’avais absolument jamais vu. J’avais été bien trop malade durant longtemps pour sortir de chez moi et, lorsque finalement j’avais cessé de boire, eh bien je ne l’avais jamais vu, pas même aperçu. Alors forcément, je parvenais difficilement à admettre que mon ancien meilleur ami ait pu avoir un fils alors que je ne le connaissais pas même s’il s’agissait d’une évidence indéniable. J’avais seulement du mal à m’y faire, et fus encore plus mal à l’aise que précédemment alors que je suivais Ethan qui me conduisait vers la cuisine.

Mes mains devenaient moites et s’agitaient un peu trop, preuve flagrante de ma nervosité, alors que nous passions à la cuisine. J’hésitais à me lancer, expliquer la raison de ma venue avec franchise, ne sachant cependant pas comment m’y prendre. Les mots n’avaient jamais été mon fort, je n’en possédais pas l’entière maitrise et, souvent, ils reflétaient mal ce que je pensais et ressentais réellement. Or, dans le cas présent, je ne voulais surtout pas qu’Ethan puisse se méprendre : Il fallait donc que je sois d’une clarté absolue, sans pour autant paraître trop direct. Autant dire que j’étais dans une position extrêmement délicate et ne savais pas comment j’allais pouvoir réussir à m’en sortir. Ce fut donc avec une grande tension que je hochai la tête pour accepter de prendre un thé d’un geste bref et raide, incapable d’esquisser ne serait-ce qu’un sourire. Mais tout ceci était ridicule. J’étais ridicule, et Ethan tout autant que moi. Je remarquais bien qu’il fuyait mon regard tout comme je fuyais le moment de lui dire ce que j’étais venu lui dire mais finalement, à quoi bon fuir ? Nous savions tout les deux ce qu’il en était et, malgré le fait que nous ne nous soyons pas parlé depuis longtemps, nous nous connaissions bien trop pour jouer à ce jeu stupide. Certes la situation n’était pas des plus agréables mais nous devions cesser de faire comme s’il ne s’était rien passé entre nous et, surtout, comme s’il s’agissait d’une visite comme une autre. Je soupirai puis déglutis en songeant qu’il fallait que je me lance lorsque Ethan me prit de court et me demanda la raison de ma venue. Nous y étions.

Je demeurai silencieux quelques instants, l’observant faire le thé, avant de soupirer de nouveau. J’étais déjà fatigué de cette entrevue désastreuse, et, puisque finalement je ne savais de toute manière pas manier les mots, choisi de me jeter carrément à l’eau.

« J’ai besoin d’un parrain pour mes réunions aux dépressifs anonymes. Tu devrais peut-être t’asseoir pour que je t’explique, ça… Ca risque d’être long. »

Cette fois, je le regardais droit dans les yeux et je savais que ce regard rejoignait mes paroles : Il fallait que nous nous asseyons autour d’une table et que nous mettions les choses au point. Après avoir fuit ce moment durant un an, aucun de nous n’avait plus le droit de reculer et même s’il ne désirait vraiment plus d’une amitié avec moi, c’était le moment de le dire. C’était le moment de mettre les choses à plat une bonne fois pour toutes. Finalement, je tirai moi-même une chaise et m’assis, joignant les mains devant moi alors que je réfléchissais à la suite de mes paroles, attendant qu’il me rejoigne mais même lorsque ce fut fait, je ne parvins pas à relever les yeux vers lui. Je n’avais, sur le moment, plus le courage de le regarder dans les yeux en lui disant ce que j’avais à lui dire.

« Je ne sais pas si tu es au courant ou non, mais je vais me marier et… Eh bien, je ne peux pas le faire si je ne suis pas ces réunions, c’est une condition non négociable posée par le pasteur du village. J’ai replongé récemment, ça n’allait pas très bien… »

Un résumé bien fade de ma vie depuis qu’il n’en faisait plus partie, mais je n’avais aucunement envie de rentrer dans les détails pour le moment. Aussi bête cela soit-il, je ne parvenais pas à me défaire de l’idée qu’Ethan se fichait totalement de moi à présent et de ce fait, je n’éprouvais aucune envie de lui raconter ma vie en détails. Il devait s’en moquer comme de l’an quarante. Je me grattai nerveusement la main avant de continuer, mal à l’aise.

« Et bref, je n’ai pas le choix. J’ai besoin d’un parrain. Sauf que mis appart toi… Et finalement, je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas toi. Je ne vois pas pourquoi nous ne sommes plus amis, Ethan. »

Je relevai alors les yeux vers lui, fronçant les sourcils. Je finis par secouer doucement la tête en signe d’incompréhension.

« A ma place tu aurais fait pareil, ne me dis pas le contraire… Tu aurais pensé à ta propre famille avant n’importe quoi d’autre. J’avais beau te considérer comme mon meilleur ami, mes enfants passaient en premiers. J’ai peut-être été un mauvais ami mais c’est toujours mieux qu’être un mauvais père à mes yeux et… Et je pense que tu peux le comprendre. Tu as deux enfants, tu peux le comprendre. Tu peux me comprendre. Je suis désolé de t’avoir abandonné dans un moment si difficile, sincèrement, je m’excuse pour ça, mais je ne regrette pas mon choix et j’aimerais vraiment que tu me dises si toi, à ma place, tu aurais fait autrement. »

Je le regardai intensément, sans ciller.

« Tu aurais laissé Katarina et Lena derrière toi pour partir dans New York avec moi, seuls, sans savoir où chercher, sans savoir si tu allais revenir, ou quand tu allais revenir ? Tu l’aurais vraiment fait ? »

Là était le cœur du problème. Là était le point névralgique. Parce que s’il me répondait que oui, il l’aurait bel et bien fait, je n’aurais plus qu’à m’en aller de chez lui car nous n’aurions plus rien à nous dire. Sauf que je savais que c’était faux, personne n’aurait agi de la sorte. Personne ne faisait passer ses amis, même les meilleurs, avant sa famille. Nous avions bien trop conscience de la difficulté d’avoir et d’élever des enfants en ces temps d’après guerre ainsi que de notre chance d’avoir trouvé l’amour malgré tout pour risquer de le gâcher. Rien, rien au monde ne valait plus cela. Rien ne le valait et j’espérais sincèrement qu’Ethan le comprendrait enfin car j’avais besoin de ça, j’avais besoin qu’il comprenne pourquoi j’avais agi de cette manière et pourquoi je l’avais laissé seul. Sans cela aucune forme de pardon ne serait jamais possible entre nous.
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