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 Can I have a word with you ? [Aaron T. ; Mathilda J. ; Samuel B.]

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Liam Marsden
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Can I have a word with you ? [Aaron T. ; Mathilda J. ; Samuel B.] Empty
MessageSujet: Can I have a word with you ? [Aaron T. ; Mathilda J. ; Samuel B.]   Can I have a word with you ? [Aaron T. ; Mathilda J. ; Samuel B.] Icon_minitimeDim 14 Juil - 17:10

NB : Les paroles en italiques sont en langage des signes.

Ambre était un véritable petit rayon de soleil dans nos vies. Elle n’était arrivée que depuis une semaine et déjà, nous en étions tous gagas. Que ce soit Samuel, Giulio, Lilly ou mon père, personne ne pouvait jamais s’empêcher de la prendre dans ses bras et la couvrir de papouilles. Papouilles qu’Ambre acceptait de bon cœur, d’ailleurs. Elle semblait adorer que l’on fasse attention à elle et qu’on la cajole, n’hésitant pas à réclamer notre attention lorsque cette dernière finissait par se détourner d’elle. Je me sentais fondre à chaque fois que je la voyais se poster résolument devant moi, bras tendus pour me signaler qu’elle voulait que je la prenne contre moi, avec ce petit regard dont elle avait le secret. Elle parvenait très bien à se faire comprendre en dépit de son handicap, utilisant des gestes simples pour nous montrer ce qu’elle voulait ou nous poser des questions. Un peu comme Lilly, qui d’ailleurs la connaissait puisqu’elle avait souvent gardé les orphelins chez Isaiah et en était tout simplement dingue. Elles partageaient cette incapacité à parler ainsi que cette faculté innée de se faire comprendre sans la moindre parole, ce qui, je l’espérais du moins, n’aurait de cesse de les rapprocher au fil du temps. Lilly était une personne que j’appréciais énormément, très proche de notre famille, et j’aurais aimé qu’elle parvienne à partager ceci avec Ambre. Après tout, moi et Sam avions beau l’aimer de tout notre cœur, nous ne serions jamais réellement capables de comprendre cela : Nous entendions et parlions parfaitement, comment aurions-nous pu soutenir Ambre aussi bien que Lilly pouvait le faire ? C’était tout simplement impossible. Pour nous, le seul moyen de réellement communiquer avec notre fille restait le langage des signes que nous apprenions de notre mieux jour après jour auprès d’elle. Dans le principe, retenir les différents signes n’était pas très compliqué. Ce qui l’était davantage, c’était museler l’instinct de s’exprimer à haute voix directement. Il m’arrivait trop souvent de lui poser des questions bêtement, comme j’aurais pu en poser à n’importe qui d’autre dans la maison, et de me confronter à son regard interrogateur avant de devoir me reprendre avec des signes. Une fâcheuse tendance qui passerait sans doute avec le temps.

Cependant, le caractère d’Ambre différait beaucoup selon si elle se trouvait avec des adultes ou avec des enfants. Nous avions très vite remarqué qu’elle n’avait pas vraiment d’amis, ni de son âge ni plus vieux, et s’était sentie très mal à l’aise avec Lucy et Lucas au départ. Bon, avec Lucy je pouvais le comprendre puisque cette dernière ne daignait pas lui accorder un regard depuis son arrivée, mais avec Lucas ? Après la curiosité, il s’était très vite montré amical avec elle, tentant de communiquer, de jouer, prenant un grand plaisir à lui montrer la maison, ses jouets, lui présenter ses copains… Et pourtant, elle avait mis un certain temps avant de vraiment répondre à ses invitations, fuyant la plupart du temps la pièce si on l’y laissait seule avec Lucas. Pourquoi ? Je l’ignorais totalement. C’était tout simplement comme si elle ne supportait pas les autres enfants. Et puis finalement, au bout de quelques jours, elle s’était montrée plus à l’aise avec lui, cessant de le regarder comme une bête étrange et acceptant de jouer avec lui. Par contre, même après une semaine, il n’y avait aucune évolution dans sa relation avec Lucy. Cette dernière s’évertuait à la traiter comme une paria, ne cachant pas le moins du monde son mécontentement de la voir ici. Elle allait même jusqu’à reprocher à Lucas de s’intéresser à Ambre. Ce comportement allait, je l’espérais, passer avec le temps… Malheureusement, plus les jours passaient, plus elle devenait désagréable, et pas qu’avec Ambre. A présent, elle refusait même de nous adresser la parole à Sam et à moi, faisant délibérément la tête à chaque fois que nous tentions une nouvelle approche pour arranger les choses. Oh, j’avais essayé de lui parler mille fois, de comprendre d’où venait réellement cette fâcherie, mais je n’y comprenais toujours rien. Je ne comprenais pas pourquoi Lucas parvenait à si facilement se faire à l’idée d’avoir une petite sœur adoptive et pas Lucy, et cela me désespérait.

S’agissait-il de jalousie ? Cela aurait été plus que probable, et d’ailleurs, elle faisait peut-être même plus la tête à Samuel qu’à moi-même. En même temps, il traitait Ambre comme une petite princesse, la tenant sans cesse sur ses genoux, la couvrant de baisers… Ce qui provoquait immanquablement des regards noirs de la part de Lucy. Mais comment aurait-il dû agir ? Il aurait eu exactement le même comportement avec elle si elle ne s’était pas évertuée à le repousser, il avait, d’ailleurs, toujours eu ce comportement avec elle aussi… Depuis le début, Sam avait été très proche de Lucy et l’arrivée d’Ambre n’y aurait rien changé s’il n’en avait tenu qu’à lui, j’en étais persuadé. Seulement, Lucy ne voulait pas partager ses papas, ça c’était plus que clair. Elle ne voulait pas lâcher une miette des marques d’affection que nous pouvions lui porter à Ambre et pourtant, nous étions bien obligés de partager, non ? Lorsque l’on a trois enfants, on répartie forcément les marques de tendresse différemment que lorsque l’on en a deux. Cela ne signifiait pas que nous aimions davantage Ambre, mais il fallait bien lui faire une petite place dans la famille. Et puis, il fallait aussi prendre en compte le fait qu’Ambre était encore toute petite, bien plus petite que les jumeaux lorsque je les avais adopté, et qu’elle représentait un véritable petit miracle pour nous étant donné les circonstances dans lesquelles nous l’avions adopté. Cela jouait également dans le fait que nous faisions particulièrement attention à elle, sans compter son handicap : Elle n’entendait rien et ne parlait pas, elle était donc bien plus vulnérable que les jumeaux dans une situation de danger. Elle ne pouvait ni l’entendre venir, ni crier à l’aide, ce qui constituait définitivement un motif suffisant pour l’avoir toujours près de nous, non ? Si Lucas semblait parfaitement l’accepter, Lucy décidemment pas, et mes multiples tentatives de réconciliations n’avaient mené nulle part.

« Bonjour Lucy. C’était bien l’école ? »

Silence. Des pas dans l’escalier, puis le bruit d’une porte de chambre claquée. Mon père soupira avant de porter son regard sur moi.

« Moi aussi je mérite qu’on me fasse la tête maintenant ? »

J’eus un sourire désolé avant de tirer une chaise et m’asseoir à la table de la cuisine, parcourant des yeux la liste de devoirs que Gabrielle avait donné à Lucas.

« Sérieusement Liam, ça ne peut pas durer comme ça. Les enfants peuvent avoir des opinions, mais manquer de respect à un adulte est intolérable. »

Cette fois, je lâchai un soupir à peine dissimulé. Certes mon père avait-il raison, mais que pouvais-je bien faire le plus ? La punir ? Cela me faisait horreur. Depuis que je vivais avec les jumeaux, les fois où ils avaient été punis pouvaient se compter sur les doigts d’une seule main. En même temps, il fallait également avouer qu’ils ne l’avaient jamais mérité, ce qui en ce moment n’était plus le cas : Lucy aurait définitivement mérité d’être punie pour refuser de dire bonjour aux membres de la maison, ce qui était une grande marque d’irrespect, et pourtant je ne m’y décidais toujours pas.

« Je vais aller lui parler » déclarai-je d’une voix éteinte avant de reposer la liste sur la table et monter à l’étage. Parler, parler, parler. La seule chose qui me semblait appropriée et qui pourtant ne donnait aucun résultat. Je frappai cependant résolument à la porte de sa chambre, attendant une permission pour entrer qui ne vint pas. Je soupirai alors et entrai tout de même, sachant pertinemment que Lucy avait très bien entendu et ne voulait tout simplement pas se donner la peine de répondre. Je la trouvai assise à son bureau, ses livres d’école ouverts devant elle. Elle ne daigna m’accorder qu’un bref regard et reporta immédiatement son attention sur ses livres. Je m’approchai lentement jusqu’à la fenêtre et me mis à regarder dehors. D’ici, je pouvais voir Lucas jouer aux billes avec ses copains et entendre Ambre rire. Samuel l’avait posé sur ses genoux et s’amusait à monter et descendre la rampe plus ou moins vite, ce qui semblait beaucoup amuser Ambre, à la manière d’un manège. Elle s’amusait à lâcher les mains lorsqu’ils descendaient et riait de plus belle une fois arrivés en bas de la rampe, se raccrochant à Sam pendant qu’il remontait. Un tendre sourire étira mes lèvres : Ambre parvenait réellement à lui faire dédramatiser son handicap. Pour elle, il n’y avait rien de mal à ce que son père soit toujours assis, au contraire : Cela lui permettait de s’asseoir sur ses genoux et se laisser emmener sans efforts partout dans la maison.

« Tu sais, il fait très beau dehors. Tu devrais aller jouer, tu feras tes devoirs plus tard. J’ai vu que Gabrielle n’avait pas donné grand-chose pour lundi, tu auras largement le temps de t’en occuper avant le dîner. »

Aucune réponse. J’eus un nouveau soupir avant d’ouvrir la fenêtre, voulant apporter un peu d’air frais à cette chambre. Aussitôt, les rires d’Ambre devinrent beaucoup plus forts. Lucy se leva alors en trombe et vint refermer la fenêtre très brutalement, ce qui me fit fortement froncer les sourcils.

« Je ne veux pas l’entendre ! » me cria-t-elle avant de retourner s’asseoir. Je restai immobile un long moment, parvenant de moins en moins à comprendre d’où pouvait venir cette haine si farouche à l’égard d’une petite fille qui n’avait rien demandé à personne. Finalement, j’allai m’asseoir sur le lit de Lucas et tentai d’amorcer une énième discussion.

« Tu sais Lucy, quand je vous ai adopté ton frère et toi, je voulais seulement vous offrir une famille et de l’amour. Vous étiez seuls, perdus, et sans moi vous auriez été placés parmi les enfants orphelins. Tu le sais ça, n’est ce pas ? Vous n’auriez pas eu de famille. C’est ce qui est arrivé à Ambre : Personne ne l’a recueilli, personne à part nous. Et maintenant qu’elle a trouvé une famille, tu la rejettes. Mets toi à sa place, Lucy. Comment te serais-tu sentie si j’avais déjà adopté des enfants avant Lucas et toi et qu’ils vous avaient mis à l’écart ? Ce n’aurait pas été très agréable, n’est ce pas ? C’aurait même été injuste, non ? Tu n’essayes même pas d’apprendre à la connaître… Elle ne va pas te voler ton frère ou Samuel, tu sais. Il faut seulement partager un peu. »

Ma voix avait été très douce et pourtant, cela n’empêcha pas Lucy de me répondre d’un ton cinglant :

« Je m’en fiche ! Elle avait qu’à se trouver une autre famille. Il y a plein de gens ici, pourquoi il faudrait que ce soit nous ?! Et puis pourquoi adopter un autre enfant alors que vous nous avez déjà, nous ? On n’est pas suffisants ? On n’est pas assez bien ? »

J’eus un mouvement de recul, prenant ces reproches de plein fouet.

« De toute façon, ce sera jamais ma petite sœur. Vous pouvez pas m’obliger à l’aimer. »

La discussion finissait une nouvelle fois dans le mur. Lucy semblait bien décidée à rester sur ses positions et finalement, elle avait raison : Nous ne pouvions l’obliger à rien. Néanmoins, je lui rappelai avant de quitter sa chambre qu’elle devait se montrer polie vis-à-vis des autres habitants, cela n’étant pas discutable. Le reste de l’après midi se passa normalement, à ceci près que Lucy ne nous gratifia pas une seule fois de sa présence. J’avais laissé les enfants jouer, en profitant pour filer aider Laurence, et étais rentré pile au moment de faire les devoirs, en fin d’après midi donc. Je parvenais en effet assez bien à me débrouiller pour accomplir toutes mes tâches et réussir à passer du temps avec ma famille, jonglant entre les moments importants de la journée durant lesquels je devais être présent et les moments plus creux où je pouvais m’éclipser quelques heures. Je fus donc de retour pour aider Ambre à tracer ses premières lettres (elle apprenait lentement à écrire grâce à Elizabeth qui faisait classe aux plus petits) tandis que Samuel expliquait à Lucas se problèmes de maths. Une nouvelle fois, Lucy ne descendit pas malgré mes multiples invitations à partager ce moment en famille. Certes, elle n’avait besoin d’aucune aide puisqu’elle était brillante, mais avant l’arrivée d’Ambre cela ne l’empêchait pas de s’installer avec nous et faire ses devoirs avec Lucas. Quoi qu’il en soit, je filai de nouveau voir Laurence à l’heure du bain, laissant à Samuel et Lilly le soin de s’occuper d’Ambre dans la salle de bain du rez-de-chaussée. Le problème, c’est que c’était encore tout nouveau de devoir s’occuper d’un enfant si petit. Si Lucy et Lucas s’étaient toujours débrouillés tout seuls, Ambre avait besoin qu’on lui donne le bain, qu’on l’aide, la surveille, joue un peu avec elle. Ce n’était pas si compliqué en soit, mais sur certains points, je devais bien avouer que Sam était un papa plutôt… Inexpérimenté. Il ne fallait par exemple pas compter sur lui pour laver les cheveux d’Ambre : La seule fois où il avait essayé, le pauvre bout de choux s’était retrouvé avec des nœuds horribles, ce qui avait rendu Lilly folle, même si personnellement ça m’avait plus fait rire qu’autre chose. Voir le petit air penaud de Samuel tandis que Lilly se bagarrait pour défaire les nœuds avait été un épisode tordant pour moi qui avais l’habitude de laver les cheveux longs. Que voulez vous ?  Laver les cheveux d’une petite fille lorsque l’on est un homme aux cheveux courts et n’a jamais vécu avec la moindre femme, eh bien ce n’est pas si simple. Ceci dit, je devinais que l’aide de Lilly n’était pas seulement due aux cheveux de la petite : Elle aimait simplement passer du temps avec elle, et se moquait gentiment de Samuel pour pouvoir aider aux bains en toute légitimité.

« Oh, viens là mon lapin » J’ouvris grand les bras en me baissant pour laisser Ambre s’y blottir et la gardai tout contre moi tout en me dirigeant vers la salle à manger où Lucas aidait Amarilli à mettre la table. J’étais rentré pile à l’heure du dîner, étant parti vérifier les derniers rapports de sécurité avant la nuit. « Papa t’a donné le bain ? » Elle hocha positivement la tête. « Et Lilly aussi ? » Nouveau hochement, accompagné d’un geste vers ses cheveux qui signifiait clairement que Lilly les lui avait lavé. J’eus un léger rire face au sourire victorieux de cette dernière : A trop se battre pour s’en occuper, Sam et Lilly allaient finir par rendre notre fille pourrie gâtée. Rapidement, je posai Ambre sur sa chaise puis m’installai moi-même à table, prêtant une attention discrète à Lucy qui s’assit à côté d’elle la mine sombre : Elle faisait toujours la tête et visiblement cela n’était pas près de s’arranger. Quoi qu’il en soit, nous dînâmes tous ensemble comme à l’accoutumée, Giulio racontant à mon père sa journée dans un anglais fortement teinté d’italien, Lilly  écoutant Lucas lui expliquer les multiples subtilités du jeu de billes et la manière dont il en avait gagné trois nouvelles aujourd’hui, et moi surveillant du coin de l’œil Ambre pour m’assurer qu’elle n’avait pas besoin d’aide pour manger tout en parlant des derniers rapports de sécurité à Samuel. J’aurais voulu lui parler de l’épisode dans la chambre de Lucy, mais ne pouvait décemment pas le faire devant elle. Alors, comme tous les soirs depuis une semaine, j’allais attendre de me coucher à ses côtés, dans l’intimité de notre chambre, pour pouvoir discuter avec lui de ce problème là. Nous ne savions pas plus l’un que l’autre comment nous y prendre avec Lucy, à ceci près que lui ne pouvait même pas lui adresser la parole sans qu’elle ne tourne aussitôt les talons. Elle lui en voulait bien plus qu’à moi et cela nous peinait tout autant l’un que l’autre.

Tandis que le dîner se déroulait normalement, mon attention fut soudainement attirée vers Ambre. Elle tentait désespérément d’atteindre la cruche pour se servir de l’eau mais n’y arrivait bien évidemment pas, bien trop petite pour cela. Ceci dit, ce qui me frappa ne fut pas qu’Ambre se débattait pour atteindre cette cruche, mais le regard sombre de Lucy qui l’observait sans bouger d’un cil. Là, je ne comprenais décidemment pas. Pourquoi ne pas l’aider alors qu’elle aurait pu atteindre la cruche en une seconde ? Je restai figé, sourcils froncés, observant la scène sans rien dire tandis que je semblais être le seul à l’avoir remarqué. Je vis alors Ambre, à court d’idée, se tourner vers Lucy et lui désigner la cruche puis son verre vide du doigt. Lucy qui lui répondit par un regard glacial avant de reporter son attention sur son assiette, ignorant la petite qui sembla totalement perdue. Alors, Ambre posa son regard sur le verre de Lucy qui lui était plein, et eut à peine le temps de diriger sa main vers celui-ci de Lucy, probablement dans l’idée de boire dans ce verre-ci puisque le sien était vide et impossible à remplir. Cependant, sa main n’atteignit pas le verre : A peine Lucy eut-elle compris l’intention d’Ambre qu’elle se redressa et gifla le bras de la petite qui aussitôt se recroquevilla sur elle-même. Cette fois, c’en fut bien trop pour moi. Je lâchai mes couverts de surprise avant de me mettre à crier.

« LUCY ! »

Aussitôt, un silence de plomb s’abattit sur la table tandis que tous tournaient leurs regards vers nous. Je me levai d’un bond avant de désigner l’étage du doigt.

« File dans ta chambre ! MAINTENANT ! » Rajoutai-je en voyant qu’elle ne bougeait pas. Puis, je me dirigeai rapidement vers Ambre, la prenant dans mes bras et la posant sur mes genoux, avant de répondre aux questions qui se mirent à fuser dès que Lucy fut partie.

« Elle a refusé de donner de l’eau à Ambre et l’a frappé lorsqu’elle a voulu boire dans son verre. »

Ils parurent choqués, mais ne furent pas les seuls. J’étais moi-même choqué, comprenant de moins en moins l’attitude de Lucy mais surtout, ne la supportant plus du tout. La violence, même s’il n’avait s’agit que d’une petite gifle sur le bras, était tout bonnement intolérable. Qu’elle n’accepte pas la venue d’Ambre était une chose, qu’elle se mette à la frapper en était une bien différente. Comment cela allait-il évoluer ? Allait-elle finir par monter graduellement dans la violence ? Je n’aurais su le tolérer. Ambre n’était pas là pour se faire martyriser, et ce n’était certainement pas à une autre petite fille de la terroriser. La pauvre se blottissait contre moi, ne comprenant absolument pas ce qu’elle avait fait de mal et la raison de cette gifle. Mais en même temps, qui comprenait ? Lucy était tout simplement entrain de largement dépasser les limites et il était plus que temps de les lui rappeler. Mon père avait sans doute raison : Une punition ne faisait jamais de mal lorsqu’elle était méritée. Alors, le dîner se passa résolument sans Lucy qui était devenue le sujet principal de la conversation. Lucas quant à lui affichait un air gêné, se sentant la plupart du temps responsable des actes de sa sœur sans pour autant les comprendre ou même les défendre, bien au contraire, il était le premier à se disputer avec elle parce qu’elle refusait de prêter ses poupées à Ambre ou à lui reprocher de tout le temps faire la tête. Ceci dit rien de tout ce que nous pouvions lui dire ne changeait quoi que ce soit. Elle allait donc être punie jusqu’à ce que son comportement s’améliore.

C’est avec cette ferme résolution que je montai jusqu’à sa chambre tandis que les autres débarrassaient la table. Je comptais bien lui expliquer pourquoi elle avait été punie, ainsi que la prévenir qu’elle le serait encore si elle continuait sur cette lancée. Si cette fois je ne criais pas, mon ton fut cependant très ferme, assez en tout cas pour que le message passe. Bien évidemment, elle était encore plus fâchée d’avoir été punie et ne reconnaissait absolument pas sa faute. Pour elle, Ambre n’avait pas à boire dans son verre, point final. Cependant, cet égoïsme commençait sérieusement à m’énerver et je lui conseillai de bien réfléchir à son comportement durant la nuit. Nuit qui fut agitée pour moi également : Je ne parvenais pas à oublier le geste qu’elle avait eu. Je fus cependant soulagé de voir que Samuel m’appuyait dans mon choix de l’avoir punie, ne tolérant pas plus que moi cette violence gratuite. Cela m’aida à me sentir moins coupable : Je détestais punir mes enfants, mais les laisser faire n’importe quoi n’était pas leur donner une bonne éducation. Ils avaient besoin de limites pour pousser droit, point final. J’espérais néanmoins que la nuit aiderait Lucy à y voir plus clair et que le lendemain se passerait normalement. C’était dimanche demain, le seul jour que je pouvais passer tranquillement avec les enfants et Samuel sans avoir besoin de courir partout, et j’avais envie d’en profiter. Oui, j’avais envie de me détendre et laisser retomber toute la pression accumulée depuis l’arrivée d’Ambre : Cela ne dépendait que de Lucy. Quoi que, cela dépendait également un peu de Mathilda et Aaron.

Entre les multiples discussions au sujet du comportement de notre fille, Sam et moi avions décidé de choisir un parrain ainsi qu’une marraine pour Ambre. Nous voulions qu’elle se sente le plus entourée possible, qu’elle ait une grande famille et ne soit plus jamais seule comme ça avait été le cas à l’orphelinat. Alors, nous choisîmes des personnes qui à nos yeux avaient beaucoup d’importance. Oh, le choix ne fut pas si aisé que cela. Lilly aurait fait une excellente marraine, Sam et moi l’adorions, mais elle vivait déjà avec nous et nous savions que sa relation avec Ambre ressemblait plus à celle d’une grande sœur que d’une marraine. Puis finalement, l’évidence s’imposa : Mathilda serait une marraine merveilleuse. Bien sûr, elle détestait les enfants, ce n’était un secret pour personne, mais elle avait aidé notre famille et notre couple plus que n’importe qui d’autre. Combien de fois nous avait-elle sauvé, moi et Sam ? Nous devions lui en être éternellement reconnaissants et la choisir comme marraine était, d’une certaine façon, une manière de lui montrer à quel point elle comptait pour nous. Bien évidemment, Mathilda étant Mathilda, nous nous doutions que la partie ne serait pas gagnée d’avance. Elle allait certainement protester, refuser, ne pas vouloir s’impliquer mais nous étions résolus. Mathilda était définitivement une personne exceptionnelle et nous voulions qu’elle fasse partie de la vie de notre fille, surtout que connaissant Ambre, elle n’allait certainement pas se laisser faire par le petit air revêche de Mathilda. Quant au parrain, je savais que Sam tenait à ce que ce soit Aristide, mais je refusais pour plusieurs raisons : Déjà, je ne l’aimais pas particulièrement (ce que je m’abstins de préciser, bien évidemment). Pas que j’avais une dent contre lui, mais il ne faisait tout simplement pas partie de mes amis, nos caractères étant radicalement différents. Ensuite, et ce fut l’argument qui acheva de convaincre Sam, Mathilda et Aristide ne pouvaient pas se supporter. Ce n’était un secret pour personne et je ne voyais absolument pas Ambre au milieu de ces histoires : Si Sam et moi n’y étions pas mêlés, ce n’était pas pour y jeter notre fille. Cependant, j’avais bien ma petite idée sur ce fameux parrain.

Aaron. Certes, il avait un caractère à peu près aussi terrible que Mathilda. Certes, il ne me parlait plus pour des raisons idiotes. Certes, lui et Mathilda s’entendaient comme chien et chat. Mais il demeurait des personnes que j’appréciais le plus à la communauté, que je connaissais depuis le plus longtemps et en lesquelles j’avais le plus confiance. Et puis, Aaron et Mathilda pouvaient bien se comporter comme des gamins, tout le monde savait très bien qu’ils en pinçaient juste l’un pour l’autre et refusaient de se l’avouer. Finalement, Samuel approuva également cette idée et notre choix fut fait : Aaron et Mathilda serait le parrain et la marraine d’Ambre. Deux personnes exceptionnelles pour notre petite fille exceptionnelle. Malheureusement, les convaincre n’allait pas être chose facile et en premier lieu, il allait falloir que je parvienne à me réconcilier avec Aaron bien que pour ma part la dispute soit oubliée : Il m’avait fait une proposition que j’avais refusée, il n’y avait pas de quoi en faire toute une montagne. Et puis, je n’étais pas rancunier de la nature. Je parvenais à passer outre le fait qu’il m’ait blessé en m’ignorant et en me poussant à travailler avec Laurence plutôt qu’avec lui (car je ne me faisais aucune illusion sur la raison de mon changement soudain de poste) pour pouvoir retrouver une relation normale même si, le connaissant, les choses ne risquaient pas de s’arranger comme par magie. Ceci dit, j’avais bien une petite idée pour le convaincre d’enterrer la hache de guerre, et je comptais bien la mettre à profit dès le lendemain.

Ce dimanche fut en premier lieu somme toute normal. Nous profitâmes de pouvoir nous lever un peu plus tard pour dormir et prîmes un petit déjeuner plus copieux que durant la semaine en compagnie de Giulio qui tombait toujours lit très tôt. En dépit de la guerre et des difficultés, le dimanche demeurait un jour particulier. Personne n’était censé travailler, mis appart les gardes qui bien évidemment effectuaient des roulements sur les quatre dimanches du mois. Mais pour les personnes comme moi, Giulio ou même Gabrielle et les enfants, il s’agissait d’un jour de repos bien mérité. Alors, chacun se levait à l’heure souhaitée et profitait de cette journée comme bon lui semblait, c’est pourquoi nous prenions notre temps pour petit déjeuner et passer un bon moment ensemble. Rapidement, Lilly rejoignit la table, ainsi que Lucas qui affichait une mine radieuse face au beau soleil qui perçait au travers des fenêtres : De bonnes parties de billes s’annonçaient pour cet après midi. Alors que tout se passait parfaitement bien, je vis soudainement Lucy arriver dans la cuisine avec une expression qui me glaça aussitôt le sang. Quelque chose n’allait pas. Elle n’était pas fâchée, ni en colère, mais elle semblait… Elle semblait avoir peur. Et croyez moi, lire cette peur sur le visage de ma fille me fit très rapidement bondir de ma chaise bien que je n’eus pas le temps de me précipiter vers elle : Ses mots m’avaient de nouveau glacé sur place.

« Papa… J’ai du sang dans ma culotte. »

Le silence qui répondit à cette phrase ne dut absolument pas la rassurer puisque aussitôt, je vis de grosses larmes apparaître dans ses yeux. Malheureusement, il n’y avait absolument rien que je puisse dire sur le moment pour la rassurer tant j’étais figé sur place. Dans ma tête, de très nombreux scénarios s’enchaînaient, des scénarios tous plus horribles les uns que les autres. Quelqu’un l’avait violée, quelqu’un l’avait maltraitée, quelqu’un lui avait fait du mal… Cependant, Lilly me ramena vite sur terre lorsque je la vis se lever très rapidement, aller fouiller dans son sac à dos, et en ramener une… Serviette hygiénique ? Oh…mon…dieu. Ma fille, ma toute petite fille, mon petit bébé avait ses… Premières règles. J’en fus tellement choqué que je restai de nouveau sans réagir lorsque Lilly me tendit ladite serviette, présumant à priori que j’allais être en mesure d’expliquer ceci à Lucy sauf que voilà : Dans ma tête, je n’étais absolument pas préparé à cela. Cependant, en voyant les larmes de Lucy, je fus bien obligé de réagir. Il n’y avait pas de quoi être si effrayée, ce n’était que la nature… Une nature que je haïssais en ce moment même. Alors, je conseillai à Lucy de remonter, se laver et changer de sous- vêtements, lui assurant que j’arrivais tout de suite et qu’il ne fallait absolument pas qu’elle s’inquiète. Elle ne parut pas très rassurée mais au moins, elle sécha rapidement ses larmes et m’écouta. Avant de monter pour la suivre, j’eus un regard pour Samuel, le suppliant silencieusement de se charger d’expliquer à Lucy ce qui était entrain de se passer mais il parut encore plus désarmé que moi. Allons bon, un homme incapable de laver des cheveux n’allait certainement pas être plus compétent pour expliquer ça… J’eus alors un soupir et me résignai, songeant qu’une mère, en cet instant, aurait été du plus grand secours.

Finalement, je ne sais pas qui fut le plus gêné des deux lorsque j’expliquai à Lucy la raison de ce sang et la manière dont elle devait utiliser la serviette hygiénique. De toute évidence, il s’agissait là d’une chose dont elle n’avait pas vraiment connaissance, ce qui ne me surprit pas, songeant que personne n’avait jugé utile de lui en parler avant ses huit ans (avant la guerre donc) et que depuis qu’elle vivait avec moi, je n’avais jamais abordé ce sujet. Pourtant, Lucy avait à présent onze ans et c’était, du moins je le supposais, normal que son corps commence à changer maintenant. Néanmoins, je lui promis de faire venir Mathilda dès que cette dernière aurait du temps : Certes, venir rassurer une petite fille à propos de ses menstruations n’allait pas réjouir Mathilda, mais si cela pouvait rassurer Lucy, alors j’étais prêt à supporter l’attitude glaciale du chirurgien. Lucy préféra finalement rester allongée toute la matinée, sans doute fatiguée de cet épisode. Quand je redescendis à la cuisine, j’y trouvai Samuel qui coupait un fruit pour Ambre et qui releva vers moi un regard amusé. Il était très clair que ce qui arrivait à Lucy n’était absolument pas grave, mais son petit air enjoué m’agaça et je levai les yeux au ciel tout en me laissant retomber sur ma chaise.

« Rigole… Un jour, celle-ci aussi aura grandi et alors, crois moi, ce sera toi qui te colleras aux explications farfelues. » Dis-je en désignant Ambre du doigt. Une remarque qui ne fit ceci dit pas disparaître le sourire de Samuel. « Je demanderai quand même à Mathilda de passer rassurer Lucy et vérifier que tout est normal » repris-je tout en me servant un nouveau café. Quant à Lucas, il ne parut pas bien comprendre pourquoi sa sœur saignait et fut plus qu’abasourdis lorsque nous lui expliquâmes que ceci arrivait à toutes les filles. Il eut ce genre de regard qui dit très clairement « les filles sont bizarres » avant de finir son petit déjeuner.

Il était environ 15 heures lorsque je partis chercher Mathilda qui, comme prévu, ne fut guère emballée par sa tâche. Néanmoins, lorsque je lui proposais d’aller voir Olympe qui était de service à l’infirmerie aujourd’hui, elle sembla se raviser et alla rapidement en direction de notre maison. Immédiatement après, j’allai au QG : Samuel et moi avions décidé de profiter de la présence de Mathilda à la maison pour y inviter également Aaron et leur demander d’être le parrain et la marraine d’Ambre. En sachant que je venais de passer chez eux et que Mathilda s’y était trouvée, je déduisis qu’Aaron était forcément au QG. Non seulement il se fichait de savoir quel jour il travaillait, mais de plus il ne passerait sans doute de plein grès sa journée dans la même maison que Mathilda. D’ailleurs, je ne fus pas surpris de l’entendre m’inviter à entrer d’une voix bourrue lorsque je frappai à la porte de son bureau, et entrai sans attendre. Il m’adressa à peine un regard, reportant immédiatement son attention sur ses plans, mais ne parut pas spécialement enchanté de ma visite. En même temps, étant donné la nature de nos relations dernièrement, il ne devait pas avoir particulièrement envie de me voir, ne prenant même pas la peine de répondre au bref « bonjour » que je lui avais adressé. Cela ne m’empêcha cependant pas de m’avancer dans la pièce jusqu’à m’asseoir en face de son bureau et abattre immédiatement mes cartes. Inutile de tourner autour du pot, je savais qu’Aaron n’aimait pas particulièrement les préambules.

« Le dernier plan de ravitaillement fait par Sean n’était pas si mal, n’est ce pas ? »

Il soupir répondit à ma question alors qu’il ne prit même pas la peine de relever les yeux vers moi.

« Il était même parfait, et ce bien que tu n’aies pas pris la peine de lui expliquer comment s'y prendre, non ? Enfin, heureusement que moi j’étais là pour le lui expliquer. »

Cette fois, il releva brièvement son regard vers moi, un regard à la fois étonné et triomphant : Sean n’avait pas réussi à pondre ça tout seul et Aaron devait en être particulièrement heureux.

« Il se pourrait que j’accepte de l’aider plus souvent, de le former, puisque tu ne veux pas le faire et qu’Alexander n’en a pas le temps. Il se pourrait que je sois là tous les jours et que je veille à ce que Sean fasse du bon travail, qu’il apprenne de toute mon expérience, et on sait tout les deux que j’ai moi-même été formé à bonne école. »

Après tout, j’avais veillé à la bonne marche de la communauté d’assez près pendant de longues années, sans compter la période durant laquelle j’étais carrément aux commandes de la machine, alors qu’Alexander et Ethan avaient quitté les sous terrains pour retrouver leurs femmes et qu’Aaron ne parvenait pas à s’en remettre. Et puis, soyons honnêtes : Si Aaron avait voulu que je reprenne un rôle de leader à plein temps, ce n’était pas pour rien. D’ailleurs, la manière dont je le vis réfléchir à mes propos de me laissa aucun doute quant à la valeur de ma proposition. Proposition qui pour ma part n’avait que du positif : Je ne voulais pas assumer un rôle de leader, mais pouvoir conseiller Sean et lui enseigner toutes les méthodes de travail sans intervenir dans ses décisions me convenait parfaitement.

« Il se pourrait également que, en dehors du temps passé avec Sean,  je surveille l’avancée les chantiers de l’infirmerie et de l’église pendant que tu travailles sur les plans. J’imagine que ton temps serait bien mieux dépensé si tu pouvais travailler davantage à ton bureau, mais tu as quand même besoin d’un homme de confiance pour te remplacer sur le terrain. »

Mon sourire devint un peu plus large alors que j’observai Aaron qui semblait réfléchir à toute vitesse. Il ne prononçait pas à mot mais rien qu’à son regard, je devinais avoir tapé dans le mile. En même temps, j’avais travaillé assez longtemps à ses côtés pour savoir la manière dont il aimait faire les choses, et les relations humaines n’étaient décidemment pas son péché mignon. Avoir la possibilité de rester seul avec ses plans des journées durant ne devait donc pas lui déplaire tant que ça. Au bout d’un certain temps, il finit cependant par relever le regard vers moi et croiser les bras tout en s’enfonçant dans son fauteuil. Il attendait la seconde partie du marché, se doutant très probablement que tout ceci ne serait pas gratuit.

« Samuel et moi t’invitons à prendre un café cet après midi, disons vers 16 heures. Si tu viens, tu pourras compter sur moi dès demain. Si tu ne viens pas, je continuerai à travailler avec Laurence à la sécurité et ne me mêlerai plus jamais à ce qu’il se passe au QG. C’est toi qui décides. » Rajoutai-je avec un sourire avant de me lever et partir sans plus de manières. Aaron allait venir ; C’était certain.

En rentrant chez moi, je ne fus par surpris d’apprendre que Mathilda était à l’étage avec Lucy depuis un certain moment. Sans doute lui expliquait-elle en détails les raisons de ces saignements, ainsi que les différents changements qui allaient s’opérer dans son corps à présent. Cela me rassura : J’avais été totalement incapable de poser des mots précis sur ce phénomène alors que la clarté était sans doute la meilleure chose pour faire comprendre à Lucy qu’il n’y avait pas de quoi s’alarmer. Mais quand même, savoir que ma toute petite fille devenait une femme, c’était assez perturbant, même si à onze ans j’aurais dû me douter que cela allait finir par arriver. Et puis quelques part, je me demandais également si ceci ne pouvait pas expliquer l’attitude exécrable de Lucy ces derniers temps : Peut-être que les hormones avaient exacerbé son déplaisir d’avoir une petite sœur au point de la rendre absolument terrible avec tout le monde ? Avec un soupir, je finis par aller voir Sam et lui annoncer qu’Aaron viendrait pour 16 heures et qu’il fallait trouver un moyen de retenir Mathilda jusque là. Il sembla réfléchir un instant puis, m’assura de ne pas m’en faire pour cela. Aussitôt que Mathilda fut redescendue, nous  annonçant que Lucy semblait avoir bien compris d’où cela venait, que tout était absolument normal et qu’elle se reposait à présent, Samuel demanda à lui parler également, en privé. Je les laissai s’isoler dans notre chambre avant reporter mon attention sur Ambre qui dessinait tranquillement dans le salon. Finalement, je vins m’asseoir tout près d’elle et pris une feuille avant de l’imiter, ce qui la fit sourire : Rien ne semblait lui faire plus plaisir que de nous voir jouer avec elle. J’imaginais qu’à l’orphelinat, Isaiah n’avait guère de temps pour cela. Puis, lentement, je lui expliquai en langue des signes que Aaron et Mathilda allaient venir pour la voir cet après midi. Samuel et moi lui avions déjà expliqué qui ils seraient pour elle, de même que nous lui avions brièvement parlé d’eux-mêmes. Elle avait semblé enchantée de connaître encore de nouvelles personnes.

Nous dessinâmes un long moment durant lequel je me demandais ce que Samuel pouvait bien raconter à Mathilda. Finalement, les 16 heures approchèrent et je me décidai à aller préparer du café, ainsi que le goûter des enfants, laissant Ambre dessiner tranquillement. Je lançai alors la machine à café, fit bouillir de l’eau pour le thé de Sam, et remplit deux grands verre de limonade faite maison par les bons soins de Giulio pour Lucas et Ambre, sachant que Lucy se reposait et n’aurait certainement pas le cœur à manger. Sans quoi, elle pourrait bien évidemment grignoter quelque chose en se levant. Puis, je disposai dans une assiette quelques cookies pour Ambre et allai en porter d’autres à Lucas avec son verre, le laissant jouer et partager avec ses amis qui étaient sous la surveillance de plusieurs autres adultes. Alors que je m’apprêtai à apporter son goûter à Ambre, on frappa à la porte. J’eus un regard pour la pendule et un sourire se dessina sur mes lèvres : Non seulement Aaron était venu, mais en plus il était d’une ponctualité sans accroc. Je lui ouvris la porte au passage, l’invitant à entrer tout en me dirigeant vers le salon pour donner son goûter à Ambre qui ne s’y intéressa cependant pas tout de suite : Elle avait relevé ses beaux grands yeux noisettes sur Aaron et lui souriait de ce sourire qui faisait fondre tout le monde.

« Je t’en prie, installe toi. J’arrive dans une seconde. »

Je repassai à la cuisine et ramenai des tasses ainsi que le café, entendant dans le couloir la porte de la chambre se rouvrit. A peine étais-je assis que Samuel entra dans le salon, Mathilda sur ses talons. Mathilda qui se stoppa net en voyant Aaron assis sur le canapé, et eus un mouvement pour faire demi tour avant que je ne l’interpelle.

« Mathilda ! S’il te plait, reste. Nous voulons vous parler, à Aaron et à toi. C’est important. »

Face à son regard glacial qui reflétait très bien son mécontentement d’avoir été piégée de la sorte, je me sentis obligé de rajouter :

« C’est très important. Ca ne prendra qu’une minute, s’il te plait. »

Elle soupira avant de venir s’asseoir le plus loin possible d’Aaron sur le canapé et me demander d’une voix sèche un café bien serré que je m’empressai de lui servir. J’aurais dû ne pas faire trainer les choses en longueur et leur annoncer rapidement que nous les voulions comme parrain et marraine pour Ambre (à laquelle, la pauvre, ils ne semblèrent même pas faire attention), mais j’en étais tout bonnement incapable. En même temps, ils me fusillaient tout les deux du regard, plus glacial l’un que l’autre, et cela ne me mettait absolument pas en confiance. Cependant, Samuel vint rapidement à ma rescousse et leur présenta lui-même Ambre comme notre dernière petite fille. Je vis alors Ambre se relever avec un dessin à la main et se diriger tout droit vers Aaron alors que la voix de Samuel venait à peine de s’éteindre. En moi, je remerciai intérieurement le ciel d’avoir une fille aussi spontanée et adorable : Elle venait sans doute de nous éviter un flop cuisant en ne laissant pas le temps à Aaron et Mathilda de répondre.

« Mon papa m’a dit que tu dessines des maisons. »

Je traduisis rapidement, peu surpris par le regard interrogateur d’Aaron qui finit par reporter son regard sur Ambre et hocher simplement la tête. Un sourire radieux illumina le visage de la petite avant qu’elle ne lui tende son dessin.

« ... Moi aussi »

Aussitôt, un sourire étira mes propres lèvres. Je traduisis de nouveau avant de jeter un regard à Samuel. Notre fille était exceptionnelle.
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Aaron Thomas

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MessageSujet: Re: Can I have a word with you ? [Aaron T. ; Mathilda J. ; Samuel B.]   Can I have a word with you ? [Aaron T. ; Mathilda J. ; Samuel B.] Icon_minitimeMer 17 Juil - 14:18

Qu'on me foute la paix : c'était somme toute une requête plutôt raisonnable non ? Ou alors, était-ce vraiment trop demander ? De la paix, est-ce que c'était vraiment trop demandé ? Il fallait croire que oui puisque malgré mes instructions, malgré mes directives, il y en avait toujours ou une pour venir me briser les noix. Oui, me briser les noix et je me trouve plutôt poli en l'occurrence. Dans « je ne veux pas être dérangé. », vous pouvez me dire ce que les gens ne comprenaient pas ? Vous pouvez me dire ce qui n'était pas clair ? C'est limpide mais certains semblaient atteint d'une maladie étrange qui leur faisait manquer le fond de ma pensée et il était des jours plus que d'autres où je ne supportais vraiment pas qu'on fasse abstraction de mon désir de rester seul : des jours comme aujourd'hui si bien que quand Sean sortit de mon bureau, ce fut après s'être pris en pleine poire des réflexions assez cinglantes voire même cruelles mais je me foutais qu'il le prenne mal. Il avait voulu faire partie de l'équipe, qu'il assume. En parlant d'équipe... Il y en avait un qui avait déserté et c'était sans doute cet événement qui me restait en travers de la gorge qui me rendait encore plus irritable qu'à l'ordinaire. Je n'avais toujours pas digéré le fait que Liam ait refusé d'avoir plus de responsabilités à nos côtés. Il faut dire que ce refus avait favorisé l'arrivée de Sean, un type que je ne pouvais vraiment pas sentir, donc bon, il y avait de quoi lui en vouloir. D'ailleurs, je ne lui adressais plus la parole depuis, sauf si cela était vraiment nécessaire. Pour être tout à fait honnête, une partie de moi s'inquiétait de savoir comment les choses se passaient pour lui et surtout pour Samuel qui souffrait de graves séquelles après l'explosion de la bibliothèque mais jamais je ne l'avouerais. Jamais.

Si mes relations avec Liam (et avec presque tout le monde en dehors d'Alexander) étaient tendues, celles avec Mathilda l'étaient encore plus. L'explosion de l'église était franchement responsable de mon comportement vis à vis de Mathilda. Nous avions commencé à nous fréquenter, enfin, plus ou moins. Plus précisément, nous avions commencé à coucher ensemble et à nous voir régulièrement juste pour ça. J'avais de mon côté développé des sentiments assez forts pour elle, des sentiments qui venaient s'entrechoquer contre les sentiments que j'éprouvais toujours pour Emma, ma femme que l'on m'avait arrachée beaucoup trop tôt. Nous étions donc dans une relation assez particulière mais nous partagions quelque chose ce qui était déjà pas mal. Cependant, l'explosion de l'église avait tout remis en question de mon côté. J'avais vu trop gens mourir, trop de gens partir, trop de gens souffrir et j'avais ressenti une terrible peur dans mes entrailles quand j'avais entendu l'explosion : j'avais eu peur que Mathilda se trouve là et qu'elle périsse comme Emma avait péri. J'avais horriblement et terriblement peur. Voilà pourquoi j'avais décidé de me fermer complètement et de ne même plus ne poser ne serait-ce que ma main  sur elle. J'avais été froid, dur, d'un manque de tact à pleurer quand je lui avais dit que je ne voulais plus la voir. En avait résulté des mots assez durs venant d'elle également et depuis, nous ne nous adressions plus la parole, sauf en cas de nécessité (comme avec Liam en fait). Cependant, la tension entre Mathilda et moi était bien différente de celle qui existait entre moi et Liam. Pourquoi ? Parce que mes sentiments pour Mathilda me rendait encore pire vis à vis d'elle tant je souffrais au fond de les avoir enfermés plutôt que de les avoir écoutés. Il était cependant hors de question que je cède : plus jamais je ne voulais traverser l'épreuve de perdre un être cher. Alors oui, j'allais être seul et ce serait très bien comme ça.

Nous en revenons donc au fait que j'avais demandé à être laissé tranquille, plus particulièrement en ce dimanche où je m'étais réfugié au QG pour travailler le plus tranquillement du monde. S'il y avait bien un jour où on n'allait pas me déranger, c'était le dimanche non ? Non, puisqu'après avoir passé le début de la journée tranquillement installé dans mon bureau à travailler sur les plans d'une maison que nous devions bientôt détruire pour reconstruire par dessus ensuite, j'entendis frapper à la porte. Aussitôt, je laissai échapper un grognement d'exaspération : même une journée complète sans voir quelqu'un c'était impossible. Ils voulaient me rendre dingue, je ne voyais pas d'autres explications. J'hésitai, ayant l'envie de prétendre ne pas être là mais si on était venu frapper c'était qu'on savait que j'étais bel et bien dans le bureau. Je finis donc par inviter la personne à entrer, enfin inviter c'est vite dit car j'espérais que le ton avec lequel j'avais parlé allait suffire à faire partir la personne. Mauvaise pioche cependant car la porte s'ouvrit.... Sur Liam. Super. Parfait. Vraiment parfait. A peine le vis-je entrer que je détournai le regard, reportant toute mon attention sur mon plan même si à présent je serrai beaucoup plus fortement mon crayon et que j'avais beaucoup plus de mal à me concentrer. Quand il me dit bonjour je ne répondis pas. Il n'y avait personne cette fois-ci pour me faire remarquer mon manque de politesse, personne pour me dire que j'exagérais alors je comptais bien en profiter pour ne pas lui parler. Avec un peu de chance, en voyant que je n'étais pas du tout motivé pour tailler une bavette avec lui, il allait faire demi tour. A croire que j'étais vraiment malchanceux puisque, du coin de l’œil, je le vis s'asseoir en face de moi. Je serrai la mâchoire, sentant la colère grimper d'un seul coup. Ce fut pire quand il mentionna le dernier plan de ravitaillement fait par Sean. Je laissai échapper un soupir, fortement exaspéré. Oui, bon, son plan était pas mal et après ? Il croyait franchement que j'allais accorder de l'importance à ça ? Il croyait franchement que j'allais admettre que Sean faisait du bon boulot ? Plutôt crever oui.

Liam semblait être pris d'une diarrhée de mots puisqu'il continua, alors que rien dans mon comportement ne pouvait l'inciter à poursuivre, et pourtant... Pourtant il poursuivit en me disant que Sean s'était bien débrouillé surtout si on prenait en compte le fait que je ne lui avais rien expliqué. Oui, mais encore ? Heureusement que Liam avait été là ? Quoi ? Il l'avait aidé. Je le savais, JE LE SAVAIS ! Un bref sourire teinté de victoire se dessina sur mes lèvres au moment où je daignai enfin relever mon regard vers Liam : ainsi donc, Sean n'avait pas fait ça tout seul. Il était donc bel et bien  aussi incapable que ce je pensais. Liam continua sur sa lancée en m'annonçant qu'il pourrait l'aider plus souvent, le former puisque je ne voulais pas le faire et qu'Alexander n'avait pas le temps.
ui, eh bien parfait, tant mieux : ils pouvaient bosser ensemble, au contraire, ça m'arrangeait oui. Oui enfin sauf que, techniquement, Liam n'était pas censé aider Sean puisqu'il ne faisait plus partie des leaders de la communauté. Ma mâchoire se serra un peu plus à cette pensée et j'en eus presque envie de casser mon crayon en deux. Il avait refusé mais à présent, il était d'accord pour passer du temps à former Sean. Comme ça ? D'un seul coup ? Si je mettais ma rancœur de côté, je devais admettre que l'idée était plutôt bonne : Liam était excellent dans tout ce qu'il entreprenait pour la communauté, c'était d'ailleurs pour ça que je lui avais proposé d'avoir un rôle plus important mais puisqu'il avait refusé à ce moment-là, pourquoi accepter maintenant de nous redonner un peu plus de son temps ? Pour me rendre service ? Cela m'étonnait car vu nos relations, il était improbable qu'il souhaite me rendre les choses plus simples. Alors quoi ? Ce fut le pompon quand il proposé, en plus du temps passé avec Sean, de surveiller l'avancée des chantiers pour me permettre de travailler plus longuement sur mes plans. Je fronçai les sourcils et lâchai mon crayon avant de m'adosser dans le dos de mon siège en croisant les bras : j'étais sceptique. Intéressé, même très intéressé, mais sceptique oui. Sa proposition était très intéressante et allait dans mon sens puisque cela pourrait me permettre d'être tranquillement à mon bureau à bosser sur des plans plutôt que de me coltiner la compagnie des autres. J'étais cependant sceptique parce que je me demandais vraiment d'où venait ce soudain revirement de situation. Il y avait une contrepartie, c'était certain, et j'attendais juste qu'il daigne me l'annoncer.

« Samuel et moi t’invitons à prendre un café cet après midi, disons vers 16 heures. Si tu viens, tu pourras compter sur moi dès demain. Si tu ne viens pas, je continuerai à travailler avec Laurence à la sécurité et ne me mêlerai plus jamais à ce qu’il se passe au QG. C’est toi qui décides. »

J'écarquillai les yeux : venir prendre le café ? C'était ça sa condition ? C'était une blague, impossible que ce soit ça. Pourtant, il se leva et quitta mon bureau. Donc, sa condition pour m'apporter son aide et me rendre la vie plus simple, c'était que j'aille boire un café chez eux ? Hum... Je ne pouvais m'empêcher de penser qu'il y avait quelque chose derrière cette proposition, surtout que ça arrivait d'un coup sans prévenir. J'observai la pendule et soupirai avant de me pencher en arrière et de me mettre à fixer le plafond, frottant doucement mes tempes. Je ne devais pas me précipiter, je devais réfléchir. Soyons clairs : je n'avais particulièrement envie (même pas du tout) d'aller boire le café chez Liam et Sam (même si ça m'aurait fait plaisir de voir Sam et de savoir comment il allait quand bien même je ne l'aurais pas avoué) mais à côté de ça, la proposition de Liam était extrêmement intéressante. Il me connaissait très bien et il savait que sa proposition ne pouvait que me faire rêver : passer mon temps dans mon bureau, sans plus voir personne, c'était une véritable aubaine pour moi. Je n'aurais qu'à aller sur les chantiers de temps à autres mais Liam s'occuperait du plus gros de la supervision. Je pourrais quant à moi me concentrer sur les plans, sur les nouveautés que je voulais pour la ville. Et pour ce qui était de Sean, c'était vraiment l'occasion rêvée d'être tranquille : si Liam bossait avec lui, je n'aurais plus du tout à avoir de contact avec lui (ou alors très peu) et c'était vraiment une bénédiction de pouvoir prétendre ne plus avoir à le supporter. Je réfléchis longtemps à tout ceci, pesant le pour et le contre, jetant de temps à autres quelques coups d’œil à la pendule et quand je vis qu'il était 15h45, je fermai les yeux quelques instants, réfléchissant une dernière fois. Puis, je bondis d'un seul coup et quittai le bureau d'un pas rapide : un café hein ? Très bien. J'allais boire un café et j'allais y gagner énormément. Ce serait parfait. J'en oubliai même que je pensais qu'il y avait autre chose derrière ce café, naïf que j'étais, trop intéressé par l'offre de Liam.

Quand j'arrivai à leur maison, j'avais en tête de boire le café le plus rapidement possible avant de me tirer vite fait bien fait. J'aurais accompli ma part du contrat et Liam accomplirait la sienne en retour, pour mon plus grand bonheur. La porte s'ouvrit sur Liam qui m'invita à rentrer avant de s'éclipser rapidement. J'avais aperçu qu'il tenait un goûter dans les mains, sans doute pour l'un des enfants. J'entrai donc et refermai derrière moi et entrai à pas lents et peu assurés dans le salon me sentant tout à coup encore plus mal à l'aise que ce que j'aurais pensé. Décidément, je n'étais pas fait pour ce genre de trucs. Je glissai mes mains dans mes poches et me tassai sur moi-même, espérant en réalité passer inaperçu mais l'enfant à laquelle Liam venait d'apporter le goûter avait levé son regard vers moi et me souriait radieusement. Histoire de ne pas passer pour un monstre j'esquissai un sourire qui à mon avis ressembla plus à une grimace qu'à un véritable sourire. Liam me proposa de m'installer avant de retourner jusqu'à une autre pièce, la cuisine apparemment. Je m'installai donc sur le canapé et croisai de nouveau le regard de l'enfant. Je m'y attardai un peu plus cette fois-ci, remarquant que ses yeux était d'une couleur noisette mais surtout qu'ils respiraient la tendresse. Même moi, je ne pouvais que la trouver adorable, c'est vrai. J'avais été au courant de l'adoption récente de la petite mais je n'avais pas encore eu l'occasion de faire sa connaissance. Elle me fixa d'un air étrange et elle avait beau être adorable, au bout d'un moment, je finis par détourner le regard quelque peu gêné. Pourquoi me fixait-elle de cette façon ? Heureusement Liam entra dans la pièce avec les tasses et le café : parfait, qu'on en finisse et vite. Il s'installa et j'entendis du bruit derrière nous. Je me retournai et j'aurais bien adressé un petit sourire à Samuel s'il n'y avait pas eu Mathilda derrière lui. Je sentis mon visage se figer, mes mains se crisper et quand elle amorça un mouvement pour faire demi tour et s'en aller, je me retournai aussitôt, regardant droit devant moi. Le but de cette manœuvre était surtout d'essayer de me calmer car la présence de Mathilda me rendait toujours nerveux. J'allais ainsi attendre qu'elle ait quitté la maison.

C'était sans compter sur Liam qui lui demanda de rester car lui et Samuel avait à lui parler. En fait, ils avaient à nous parler à Mathilda et à moi. Je me tournai vers Liam et le fusillai du regard en repensant à la suspicion à laquelle j'avais pensé un peu plus tôt. Un simple café hein ? Bien sûr que non et j'avais eu raison de douter. J'avais surtout été trop con pour croire qu'il ne s'agirait que de ça : un guet-apens, voilà ce dont il s'agissait. Liam insista et j'entendis Mathilda soupirer avant de l'apercevoir du coin de l’œil s'asseoir sur le canapé, le plus possible de moi. C'était assez désagréable pour moi de me retrouver dans cette situation car je faisais tout pour l'éviter même si au fond c'était la dernière chose que je voulais. Dans une autre vie, dans d'autres circonstances, tout aurait été plus simple, j'aurais même pu venir directement avec elle, j'aurais pu être assis à côté d'elle, sa main dans la mienne et pendant un instant cette vision brouilla le reste. Je revins cependant rapidement à la réalité quand Mathilda demanda à Liam un café bien serré. Je continuai à fixer Liam avec rage, lui en voulant particulièrement de m'avoir piégé, surtout pour me retrouver avec Mathilda. J'allais avoir cet épisode en travers de la gorge un long moment. J'aurais préféré travailler avec Sean plutôt que de subir ce qui était pour moi une véritable torture. Au bout de quelques instants, Samuel prit la parole pour nous présenter leur fille : Ambre. Il enchaîna rapidement en nous annonçant que Liam et lui souhaitaient que Mathilda et moi soyons les parrain et marraine de la petite. Je fus tellement choqué que mon regard cessa d'être meurtrier. Mes yeux s'écarquillèrent sous la surprise et ma bouche s'entrouvrit au même moment. C'était une blague, non ? Ils étaient en train de nous faire marcher là... Sauf qu'apparemment, vu leurs têtes, ils semblaient être extrêmement sérieux. C'était donc ça le fond de la chose, la raison du revirement de situation si soudain que je n'avais pas compris, le pourquoi de cette invitation et cette proposition faite par Liam.

Hors de question.

Pourquoi ? Pour plusieurs raisons. J'étais un véritable incapable avec les enfants, plus bourru que moi ça n'existait pas et je détestais être en compagnie d'autres personnes. J'allais finir en vieil ermite solitaire, je le savais, et ce n'était vraiment pas le genre de comportement dont un enfant avait besoin. J'étais même franchement étonné qu'ils aient pensé à moi. Qu'ils aient pensé à Mathilda encore... Oui et non parce qu'en dehors d'être médecin, elle était comme moi : les relations humains ce n'était pas son truc. Non, franchement, ils n'auraient pas pu choisir pire pour leur fille. En plus, il fallait ajouter à ça la relation compliquée et tendue entre Mathilda et moi, et cela donnait vraiment un cocktail plein de poison pour un enfant. Alors, bien sûr que ça allait être non : qu'avaient-ils cru ?... J'allais leur dire sans attendre que ce n'était pas la peine de compter sur moi quand la petite se leva et se dirigea rapidement vers moi. Qu'est-ce qu'elle me voulait maintenant ? Après m'avoir fixé pendant de longs instants voilà qu'elle me choisissait moi pour... Quoi d'ailleurs ? Ah, me donner un dessin. Elle me donnait un dessin à moi ? D'accord... Mais pourquoi moi ? La petite leva alors ses mains et commença à faire des gestes. Sur le moment, je ne compris pas ce dont il s'agissait et quand j'entendis la voix de Liam, je relevai un regard interrogateur vers lui. Il ne me fallut que quelques secondes pour comprendre : il venait de traduire ce qu'avait dit sa fille car elle était sourde et muette. A présent que j'étais face à cela, je me souvenais que j'avais entendu parler de ce détail concernant l'enfant. Les nouvelles vont vite à Elizabeth Town. Je finis par reporter mon attention sur la demoiselle et hochai positivement la tête car son papa avait raison : Je dessinais bien des maisons. Elle me tendit avec vigueur son dessin avec un immense sourire radieux et chaleureux sur le visage. Je restai un instant sans bouger avant d'attraper le dessin d'une main tremblante. La petite choisit ce moment-là pour s'exprimer et Liam traduisit : « Moi aussi. ».

Oh... Je ne m'étais pas attendu à ça et je ne m'étais surtout pas attendu à l'effet que ces deux phrases allaient avoir sur moi. Moi qui était un véritable roc, moi qui était pire qu'un troll dès qu'il s'agissait de sentiments, la petite m'avait attrapé dans ses filets en l'espace de quelques secondes. Et j'avais beau de pas aimer la compagnie des autres, j'avais beau être un incapable avec les enfants, elle me fit littéralement fondre tant la façon dont elle avait « dit » ça était adorable. Tout à coup, la petite maison qui se trouvait au milieu de la page blanche me sembla très jolie et très bien réalisée. Aussi dingue que cela puisse paraître, ce fut cette fois-ci un véritable sourire qui étira mes lèvres : un sourire maladroit mais un sourire quand même et pas cette foutue grimace qui un peu plus aurait effrayé l'enfant.

-Merci, dis-je en articulant assez, espérant qu'elle pourrait lire sur mes lèvres. Je relevai d'ailleurs mon regard vers Liam et Samuel, les regardant tour à tour.

-Est-ce qu'elle peut lire sur les lèvres ?

Ils acquiescèrent tous les deux mais Liam ajouta qu'il fallait juste que je parle assez doucement pour qu'elle ait bien le temps de pouvoir lire sur mes lèvres. Je le remerciai brièvement avant de reporter mon attention sur la demoiselle qui me regardait toujours avec douceur, cet adorable sourire accroché à ses lèvres.

-Tu fais des maisons encore plus jolies que les miennes.

Mensonge éhonté et après ? C'était une enfant et on disait toujours ce genre de choses aux enfants. Et puis elle était jolie sa maison : elle était d'une drôle de couleur, extrêmement disproportionnée mais ça n'avait pas d'importance : c'était joli parce que c'était elle qui l'avait dessiné. La petite continuait de me fixer et au bout d'un moment, je finis par poser le dessin à côté de moi. J'hésitai : j'avais envie de la prendre dans mes bras mais je ne m'en sentais pas capable. J'avais vraiment deux bras gauches pour ce genre de trucs alors, finalement, je me contentai de poser ma main sur sa joue (d'ailleurs, ma main me donna l'impression d'être un géant tant la joue de la petite était petite) et de la caresser doucement. Je n'étais cependant pas à mon aise, pas habitué à avoir ce genre de geste et je retirai rapidement ma main. Mon sourire se fana doucement et je reportai mon attention sur Sam et Liam. Ma colère avait largement diminué à présent, grâce à la petite et uniquement à la petite. Malheureusement, cela ne changeait rien.

-Écoutez, elle est vraiment adorable, c'est clair et... Bon, c'est gentil d'avoir pensé à moi mais franchement, c'est impossible. S'il vous arrivait quelque chose, je ne saurais même pas comment m'en occuper.

Je gardais résolument mon regard détourné de la petite, ayant trop peur de lire de la déception sur son si joli petit visage. Je poursuivis.

-Vous me connaissez enfin ! Je suis déjà incapable de gérer mes relations avec les gens en général...
-Ça, on l'a bien remarqué oui.

La remarque avait claqué comme un fouet. Mathilda avait enfin daigné ouvrir la bouche  mais elle l'avait fait uniquement pour m'envoyer une réflexion en pleine tronche comme elle seule en avait le secret. Je me tournai vers elle et me rendis alors compte qu'elle me fixait avec un sourire mauvais aux lèvres. Cela eut le don de faire remonter la colère en flèche : c'était quand même l'hôpital qui se foutait de la charité là.

-Oui, parce que toi tu es tellement douée avec les gens en matière de relations humaines.

J'avais bien insisté sur le mot « douée ». Non parce que si moi j'étais un mec bourru, Mathilda était un glaçon ce qui n'était pas mieux. Ce n'était ni le lieu ni le moment pour s'envoyer des pics mais c'était elle qui avait commencé. En cet instant, la demande de Sam et Liam ne comptait plus, pas même le petit ange qui se trouvait non loin de moi et qui ne comprenait sans doute rien à rien de ce qui était en train de se passer. Non, tout ce qui comptait, c'était d'envoyer Mathilda sur les roses : c'était le meilleur moyen d'ignorer ce que je voulais réellement, le meilleur moyen.

Le pire aussi.
Et puis elle l'avait cherché.
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Mathilda Johnson

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MessageSujet: Re: Can I have a word with you ? [Aaron T. ; Mathilda J. ; Samuel B.]   Can I have a word with you ? [Aaron T. ; Mathilda J. ; Samuel B.] Icon_minitimeMer 24 Juil - 13:49

« Très bien Lucy. Tout d’abord, j’aimerais que tu me parles un peu de ces saignements. Sont-ils très abondants ? Ou bien s’agit-il d’un petit filet de sang ? De quelle couleur ? »
 
A croire que j’étais gynécologue. Je retins un soupir face à l’expression déroutée de Lucy qui ne savait visiblement que répondre. Pourquoi avais-je accepté de faire cela, déjà ? Ah, oui : Parce que je refusais qu’on cède le moindre de mes cas à Olympe, et ce y compris lorsque j’étais en repos et elle de service à l’infirmerie. Liam était venu me voir moi, pas elle. Malheureusement, je commençais à vivement regretter mon entêtement, ne prenant absolument aucun plaisir à rassurer une gamine de onze concernant ses premières règles. J’avais seulement envie de lui dire « Bravo, tu es une femme maintenant ! Prépare toi à vivre ce calvaire au minimum trois jours par mois pour le restant de ta vie ! » mais ne pouvait décemment pas le faire. En même temps, étais-je réellement la personne la plus apte à ce genre de choses ? J’étais chirurgien cardiaque, bon sang ! Le cycle menstruel n’avait absolument aucun intérêt médical à mes yeux, mais puisqu’il s’agissait de Lucy… Eh bien, j’allais tâcher de cacher mon agacement du mieux possible et lui expliquer tout ce qu’elle avait besoin de savoir là-dessus même si cela relevait de l’ennui profond pour moi. Au bout de quelques instants, elle finit par me donner des réponses qui laissaient à penser que tout était parfaitement normal, ce qui me soulagea : Je n’allais pas avoir besoin d’aller y jeter un coup d’œil moi-même, ce qui d’ailleurs n’aurait été agréable pour aucune de nous deux. Non, tout ce que j’avais à faire en cet instant, c’était simplement lui expliquer d’où provenaient ces saignements et la rassurer sur le fait qu’il s’agissait d’un phénomène parfaitement naturel et normal. Finalement, la chose sembla bien comprise puisque Lucy termina par m’adresser un sourire, même s’il fut timide, auquel je répondis. Pas tellement parce que j’étais heureuse qu’elle se sente mieux, mais simplement parce que j’étais soulagée que cela soit terminé. Quoi ? J’aimais bien Lucy, là n’était pas la question, mais sérieusement, pourquoi Liam avait-il jugé nécessaire de m’appeler ? Personne ne courrait chercher un médecin pour de simples menstruations ! Il n’y avait vraiment que les hommes pour penser qu’il s’agissait d’un mystère incompréhensible que seules les femmes pouvaient s’expliquer entres elles… Avec un soupir, je finis par quitter la chambre, non sans avoir conseillé à Lucy de garder le lit pour la journée, chose qui ne sembla pas la déranger le moins du monde. Le début de ce premier cycle l’épuisait, ce qui n’avait rien d’anormal, les hormones commençant à se déchaîner à l’intérieur de son corps. Quelques heures de repos et tout irait parfaitement bien.
 
Inutile de préciser que le regard légèrement inquiet de Liam ne fit que m’agacer un peu plus lorsque je fus redescendue. Cette fois, je ne fis aucun effort pour masquer cet agacement et soupirai de manière ostentatoire avant de lui annoncer la chose la plus évidence qu’il soit : Lucy allait parfaitement bien, il n’y avait absolument aucune raison de s’inquiéter. Elle entrait tout simplement dans l’adolescence, il n’y avait rien d’extraordinaire à cela. Connaissant Liam, je m’attendais à une tonne de questions qui ne vinrent cependant pas. Ce fut au contraire Samuel qui prit immédiatement la parole, demandant à me voir en privé. Je levai les yeux alors les yeux au ciel, de plus en plus exaspérée : Allait-il m’annoncer que lui aussi avait ses « ragnagnas » ? Quoi qu’il en soit, je finis par le suivre dans une pièce éloignée tout en soupirant. Peut-être allais-je au moins pouvoir en profiter pour examiner sa cicatrice ? Ou bien allais-je encore devoir me pencher sur un problème que n’importe quelle mère au foyer aurait pu résoudre ? J’espérais fortement pour Samuel qu’il ne s’agissait pas de quelque chose de cet ordre, sans quoi je risquais de fortement l’envoyer promener : J’en avais assez de m’occuper des petits bobos de chacun. Malheureusement pour moi, la liste de petits bobos ne semblaient pas terminée. Aussitôt eut-il finit de m’expliquer son « problème » que je levai les yeux au ciel, agacée.
 
« Des picotements, vraiment ? Cela semble extrêmement intéressant. »
 
Mon ton ironique sembla le perturber, ce qui ne m’étonna guère. A la manière dont il m’avait annoncé cela, on aurait presque pu croire qu’il attendait que je saute de joie en lui annonçant qu’il allait sans doute remarcher un jour. Malheureusement, il n’y avait aucune chance pour que je lui annonce ceci, ni aujourd’hui ni même jamais. Je finis par lâcher un nouveau soupir avant de prendre une profonde inspiration. J’étais d’une humeur massacrante en ce moment – enfin, plus qu’auparavant s’entend – mais ce n’était pas à Samuel de payer pour un autre. Un autre dont mon esprit chassa aussitôt l’image avant que je ne m’assoie lentement sur le lit de Samuel et reprenne d’une voix plus calme :
 
« Je veux simplement dire qu’il n’y a rien d’étonnant au fait que tu croies ressentir des picotements dans tes jambes. C’est un phénomène très répandu chez les personnes victimes de paralysie ou amputées : Beaucoup affirment encore sentir une main ou une jambe coupée depuis bien longtemps. C’est psychologique, rien d’autre. Il faut que tu admettes que tes jambes sont désormais hors service. »
 
Chose qui, de toute évidence, prenait énormément de temps. Je n’étais pas souvent venue chez eux depuis l’explosion de l’église, ayant beaucoup de travail à l’infirmerie, mais j’avais eu vent de l’attitude de Samuel depuis sa paralysie et en avais moi-même parfois fait les frais lorsque j’étais venue examiner l’avancée de ses fractures. Cependant, je l’avais toujours recadré derechef, refusant la moindre marque d’irrespect tandis qu’il me devait la vie. Mais pour ce qu’il se passait avec Liam, je n’avais pas pu être d’un grand secours : Je savais que la phase de la colère était inévitable dans ce genre de cas, mais au-delà de quelques conseils, je n’avais pas pu pas aider Liam à gérer l’attitude de Samuel. Je n’étais pas le meilleur psychologue d’Elizabeth Town, et puisque du côté physique j’avais réparé tout ce qui était cassé, il n’y aurait pas eu grand-chose de plus que je puisse faire. Quoi qu’il en soit, je ne pensais absolument pas que ces fameux picotements soient un signe de rétablissement ou quoi que ce soit de cet ordre : Purement psychologique, et donc une fois de plus hors de mon champ d’action. Malheureusement, Samuel insista en me décrivant toujours plus de phénomènes typiques de ce genre de cas, allant même jusqu’à affirmer qu’il s’était brièvement tenu debout, sur ses deux jambes, la veille. J’haussai un sourcil, surprise par tant d’assurance : Il semblait réellement persuadé de ce qu’il avançait et de toute évidence allait me donner du fil à retordre pour lui faire comprendre la vérité. Aussi, préférant les actes révélateurs aux paroles inutiles, je lui demandai simplement de retirer son pantalon afin de pouvoir l’examiner, ne cachant cependant absolument pas mon scepticisme. C’était triste, mais il fallait se faire une raison ; il ne pourrait plus marcher. J’avais moi-même eu bien trop de mal à le lui annoncer pour aujourd’hui prendre le risque de laisser s’insuffler en lui trop de faux espoirs. Aussi, je finis par me relever et me pencher au dessus de lui lorsqu’il eut enfin retiré son pantalon, observant avec attention.
 
Sa cicatrice était parfaite : Au moins une bonne chose. Quant aux os qui avaient été brisés durant l’explosion, il semblait que les plâtres aient fait du bon travail, chacun s’étant en apparence ressoudés normalement. Bien sûr, seul une radio aurait pu me le confirmer, mais l’apparence globale indiquait que tout était normal. Je pris chacune de ses jambes, les pliant et dépliant alternativement, satisfaite de constater qu’il n’y avait aucune résistance ou sensation étrange. Du côté des os, rien à signaler donc. Passons maintenant aux choses sérieuses… Prouver à Samuel que ces picotements ne relevaient que de son imagination.
 
« Ferme les yeux. » demandai-je d’une voix impatiente, ignorant totalement son expression. Lorsqu’il s’exécuta, je posai ma main sur sa cuisse. « Tu peux me dire sur quelle jambe est ma main ? » Il sembla hésiter, puis secoua négativement la tête. J’eus un léger soupir : Cela ne rimait décidemment à rien. Cependant décidée à lui prouver qu’il n’y avait rien, je le pinçai cette fois, et fus plus que surprise de l’entendre soudainement me dire que ma main était sur sa cuisse droite. Je relevai aussitôt les yeux vers lui, totalement interloquée : Je lui avais bel et bien pincé la cuisse droite… Il y eut un long silence durant lequel mon cerveau fonctionna à toute vitesse, cherchant à comprendre comment cela était possible. Malheureusement, je n’y voyais aucune explication. Peut-être un coup de chance ? Je le pinçai une nouvelle fois, sans réaction de sa part. A quoi cela rimait-il, bon sang ?! Il fallait que j’en ai le cœur net : Etait-il totalement paralysé, oui ou non ? Parce que pour le moment, je n’avais absolument aucune explication au fait qu’il ait pu ressentir mon premier pincement, et pas le deuxième. Alors, je relevai la tête et cherchai des yeux ma mallette, que j’avais emmenée au cas où Lucy aurait eu besoin d’un examen plus poussé. J’y pris une aiguille, le genre de grosse aiguille qui fait mal rien qu’à la regarder, et la désinfectai le plus rapidement du monde sous le regard perdu et affolé de Samuel. Il me demanda ce que je comptais en faire, question à laquelle je ne pris pas le temps de répondre. J’étais mentalement bien trop occupée pour prendre le temps de lui expliquer, et finis par lui ordonner de refermer les yeux d’une voix rapide et impatiente, me moquant totalement du fait que l’aiguille pouvait impressionner : J’allais très vite savoir si les nerfs répondaient toujours.
 
A peine l’aiguille fut-elle plantée dans un de ses nerfs que Samuel sursauta en grimaçant. Je m’empressai de poser ma main libre sur ses yeux, réprimant par avance son réflexe de les rouvrir sous le coup de la douleur, et lui demandai rapidement quelle jambe était touchée. La bonne réponse me surprit tout autant que le sursaut qu’il avait eu. Comment cela était-il possible ? Comment les nerfs pouvaient-ils toujours être réceptifs alors que je présumais une lésion de la moelle épinière ? Bien sûr, ceci ne constituait qu’une supposition puisque je n’avais eu absolument aucun matériel pour le vérifier, mais quand même… Il y avait un très sérieux problème de sensibilité. Mon cerveau tournant toujours à plein régime, je décidai de le piquer à un autre endroit et lui demandai cette fois de l’identifier plus précisément. Il me répondit aussitôt qu’il s’agissait du côté de sa cuisse gauche, ce qui fut une nouvelle fois juste. Les choses devinrent au fil des secondes plus claires dans mon esprit, si bien que je finis par reposer mon énorme aiguille et en prendre une beaucoup plus fine, réitérant l’opération. Cette fois, il fut impossible pour Samuel de localiser l’endroit exact de la piqûre même s’il parvint à identifier à chaque fois la bonne jambe. En clair, les messages nerveux ne parvenaient au cerveau que si la douleur était intense et le nerf fortement sollicité. Je ne savais absolument pas ce que cela pouvait signier, et reposai mon aiguille avant de retirer ma main de devant ses yeux. De toute évidence, il y avait là quelque chose de très étrange. Cette fois, je lui posai de très nombreuses questions, beaucoup plus précises que lorsqu’il m’avait expliqué le problème. Je ne savais toujours pas si cela signifiait qu’il allait remarcher un jour, mais en tout cas une chose était sûre : Samuel n’était pas paraplégique. Si tel avait été le cas, j’aurais pu lui couper la jambe sans aucune anesthésie sans qu’il ne ressente quoi que ce soit. Alors quoi ? La neuro n’était pas mon domaine de prédilection, et sans aucun matériel, je ne pouvais parvenir à aucune conclusion. Ce qui à mes yeux paraissait le plus étrange était que la sensibilité des jambes semblait être revenue au court des dernières semaines tandis qu’après l’accident, il n’y avait vraiment plus rien. Si à ce moment là il avait pu ressentir quoi que ce soit, il n’aurait jamais pu surmonter de multiples fractures sans le moindre soupir de souffrance. Mais qu’est ce qui pouvait expliquer cela ? Malgré toute mon expérience et tout mon savoir, je devais bien avouer que je n’en avais pas la moindre idée. Certes étais-je un bon médecin, mais je n’étais pas non plus devin. Après un long temps de réflexion, je finis par relever mon regard vers lui.
 
« Je vais être très franche : Je ne sais absolument pas ce qu’il se passe. »
 
Ce n’était malheureusement pas la première fois que je lui disais cela. Je n’avais pas non plus compris immédiatement ce dont souffrait Liam, il y avait des mois de cela… Ceci dit, ce qui arrivait aujourd’hui ne relevait absolument pas de la même gravité.
 
« J’ai bien peur d’avoir mal pronostiqué ton état, Samuel. De toute évidence, tu es loin d’être paralysé…Si tel était le cas, le test des aiguilles n’aurait rien donné... Ceci dit, je ne peux pas me prononcer sur le fait que tu remarcheras un jour. La sensibilité n’est pas très élevée, ce qui n’est pas très bon signe. » Rajoutai-je rapidement après avoir vu passer une lueur d’espoir dans son regard. Certes j’aurais pu me montrer plus optimiste, mais je préférais ne pas faire de promesse, sachant très bien que j’étais totalement aveugle sans la moindre radio de sa colonne. Je réfléchis encore quelques instants, lui laissant le temps d’encaisser la chose, avant de penser à un dernier point que je voulais éclaircir. Je lui demandai alors de remonter son pantalon et, lorsque ce fut fait, de prendre appui sur moi pour essayer de se lever. Bien évidemment, je n’espérais pas qu’il puisse se tenir réellement en appui sur ses jambes et marcher, mais je voulais savoir si cela provoquait le moindre picotement, ou je ne sais quoi d’autre, qui aurait pu m’aider.
 
« Est-ce que tu peux essayer de poser un pied devant l’autre ? Est-ce que tu sens quelque chose ? Des picotements, ou quoi que ce soit ? » lui demandai-je d’une voix essoufflée alors que je peinai à supporter son poids. Après quelques secondes, je fus cependant obligée de le reposer sur sa chaise mais relevai vivement la tête vers lui lorsqu’il m’annonça, d’une voix hésitante, qu’il avait bien ressentis quelque chose, oui. Je l’observai quelques instants avec intensité avant de déclarer d’une voix blanche :
 
« Je ne sais pas si ça pourrait donner quelque chose, mais peut-être qu’en te faisant travailler…Peut-être qu’en sollicitant tes jambes régulièrement, elles pourraient récupérer en sensibilité. Ce serait un genre de rééducation, même si je ne suis absolument pas sûre du résultat.»
 
Chose que Samuel s’empressa d’accepter. Je soupirai avant de lui répéter à maintes reprises que le résultat n’était pas garanti, mais promis de venir chaque jour le faire travailler même si, de mon côté, je n’avais absolument aucune expérience dans ce domaine. J’improvisai totalement mais allais très vite me documenter : J’avais à l’infirmerie des dizaines de livres, j’en trouverais bien un sur le sujet. De même que j’allais très vite consulter Jackson afin d’obtenir son avis. Certes n’avait-il pas eu le temps de décrocher son diplôme, mais la neurologie était sa spécialité et peut-être serait-il en mesure de m’aiguiller. Malheureusement, si je prenais chaque jour du temps pour m’occuper de Samuel, j’allais immanquablement devoir céder quelques autres cas à Olympe, faute de pouvoir être à la fois à l’infirmerie et ici. Certes les choses étaient elles plus calmes en ce moment à l’infirmerie, mais je répugnais toujours à céder le moindre patient à cette écervelée de grecque. En l’occurrence, je craignais de ne pas avoir vraiment le choix… Je fus soudainement sortie de mes pensées et légèrement étonnée lorsque Samuel me demanda de venir pendant que Liam était à l’extérieur, ne souhaitant pas lui dévoiler la « presque » bonne nouvelle. Bien que je n’en compris pas la cause, je m’abstins de tout commentaire et acceptai. Il s’agissait après tout de leur vie, non pas de la mienne.  
 
Puisque je ne comptais rien faire de plus sans m’être au préalable documentée, Samuel et moi passâmes au salon afin d’y prendre un café. J’acceptai cette offre sans soupçon, appréciant leur compagnie ainsi que celle de Giulio que je connaissais bien depuis New York : Il avait été le cuisiner responsable d’apporter les repas à l’infirmerie pour les souffrants, et cela nous avait au fil du temps rapprochés. J’espérais donc qu’il serait là, assis sur le canapé, bavardant tranquillement avec Liam comme il en avait l’habitude. Autant dire que lorsque je vis non pas sa silhouette ronde, chaleureuse et accueillante, mais celle détestable et dégoûtante d’Aaron, je fus légèrement surprise. Mon cœur fit un bond dans ma poitrine avant que je ne tourne les talons, prête à m’en aller : Hors de question que je demeure dans la même pièce que ce…ce… Ah ! Je le détestais. Oui, je le détestais plus que n’importe qui d’autre au monde et ne comprenais absolument pas ce qu’il faisait là, dans cette maison, ce salon en même temps que moi. Voulait-il donc me rendre folle ? Voulait-il donc que je finisse par lui sauter dessus pour lui arracher les yeux ? Car croyez-moi, c’était là un traitement que je lui aurais infligé avec plaisir. Non, je ne parvenais toujours pas à digérer ce qu’il s’était passé entre nous, et encore moins la manière dont cela s’était passé. Après avoir passé chacune de ses nuits dans mon lit pendant des semaines, monsieur m’annonçait un beau jour qu’il ne voulait plus avoir le moindre rapport avec moi d’une manière plus qu’indélicate et grossière. Qu’aurais-je pu lui répondre, si ce n’est que j’étais heureuse qu’il cesse enfin de m’importuner avec des rapports sexuels qui de toute façon ne m’avaient jamais satisfaite ? Bien évidemment, tout au fond de moi, je savais qu’il ne s’agissait que d’un mensonge de plus mais je n’avais pas pu me retenir : J’avais été blessée, tout simplement. Même si je ne me le serais jamais avouée, oui, j’avais eu mal qu’il me rejette de la sorte. Parce que j’avais aimé qu’il vienne chaque soir dans mon lit. J’avais aimé être aussi proche de lui. Je l’avais aimé, lui. Ah, bon sang! Je n’étais donc rien de plus qu’une femme tout aussi nunuche que les autres, toujours entrain de s’apitoyer sur ses sentiments grotesques.
 
Sentiments ou pas, je ne comptais de toute façon pas rester. Cependant, la manière dont Liam m’interpella me retint : Ils voulaient nous parler, à Aaron et à moi ? Devais-je comprendre qu’ils avaient fait exprès de nous réunir alors que nous nous évertuions à nous éviter ? Décidemment, ils voulaient qu’il y ait un meurtre. Ils voulaient tous que je finisse par découper Aaron au scalpel, et c’était bien ce qui allait finir par arriver si nous devions rester plus de quelques secondes ensemble dans la même pièce. Mon regard fut certainement glacial, à tel point que Liam se sentit obligé de rajouter que cela ne durerait qu’une minute. Une minute en compagnie de ce porc d’Aaron ? Non merci. Je m’en serais très volontiers passée, mais le regard que me lança Samuel au même moment me retint une fois de plus. Qu’y avait-il donc de si important ? Je soupirai, me résignant à aller m’asseoir sur le bord le plus éloigné d’Aaron sur le canapé, refusant de lui accorder ne serait-ce qu’un regard. M’avait-il, lui, accordé un regard lorsqu’il m’avait abandonné alors que je craquais littéralement sous le poids des blessés suite à l’explosion et que j’aurais eu besoin de lui ? Besoin ? Non. Je n’avais pas besoin d’Aaron, ni même de personne. Aaron ne méritait même pas ma colère : Il ne méritait rien d’autre que de l’indifférence de ma part, et ce même si l’ignorer me tordait le cœur sans que je ne puisse me raisonner. Une fois assise, je fixai un long moment Liam d’un regard sans doute particulièrement froid avant de lui demander un café serré, ayant sans doute bien besoin de cela pour pouvoir affronter cette proximité avec Aaron. Je sentais que mes nerfs allaient craquer, étais tendue à l’extrême et finis par croiser les jambes d’un mouvement brusque, plus glaciale que jamais. Cet épisode risquait de me rester en travers de la gorge un long moment.
 
Liam semblait se liquéfier sous mon regard, ainsi que sous celui d’Aaron que je présumais tout autant meurtrier que le mien. Après tout, s’il avait décidé de mettre un terme à notre « relation », ce n’était pas pour rien : Il ne désirait plus me voir parce qu’il ne ressentait rien d’autre à mon égard que du mépris, voilà tout. Voilà tout… A cette pensée, mon cœur se serra encore mais aussitôt, je portai ma tasse à mes lèvres, avalant une longue gorgée de café tout comme j’aurais voulu ravaler mes sentiments et les faire taire à jamais. Ceci dit, je manquai de tout recracher lorsque Samuel prit la parole pour nous présenter la petite Ambre que j’avais déjà vu, et nous annoncer qu’ils nous voulaient, Aaron et moi, comme parrain et marraine. Pour une nouvelle, c’en était une. Je déglutis difficilement avant d’afficher de nouveau un visage de marbre, ne réagissant en apparence pas le moins du monde. Pour être honnête, je me demandais simplement d’où leur venait cette idée farfelue : Aaron comme parrain ? Seigneur, mais quel parent digne de ce nom aurait choisi pareil goujat comme parrain pour son enfant ?! Qu’ils aient pensé à moi pour la marraine passait encore, mais Aaron… Non, je n’en revenais décidemment pas. Et j’en revenais encore moins en sachant qu’Aaron ne daignait plus adresser la parole à Liam depuis que celui-ci avait refusé d’être leader après le départ d’Ethan. Même avec Liam, Aaron n’était pas capable de se comporter en homme civilisé. Pourquoi diable aurait-il du devenir le parrain de leur dernière fille ? Surtout que d’après ce que j’avais compris, Ambre était un peu leur petit miracle. Alors pourquoi l’affubler d’un parrain aussi pitoyable ? Décidemment, Liam et Samuel manquaient vraiment de jugement parfois.
 
Quant à moi, inutile de dire que je n’étais pas particulièrement emballée par la chose. Je n’aimais pas les enfants, ne sachant pas réellement comment me comporter avec eux. Bien évidemment, j’aimais bien Lucy et Lucas parce que je les connaissais depuis longtemps, de même que je m’occupais tant bien que mal de Lena lorsque Katarina la laissait à l’infirmerie, mais ça s’arrêtait là. Je ne me voyais pas vraiment dans le rôle de la marraine attentionnée, mais n’eus pas le temps de dire quoi que ce soit. Ambre venait de s’approcher d’Aaron et lui tendre un dessin, ce que je regardai du coin de l’œil, ne souhaitant toujours pas m’intéresser à lui. J’observai alors la scène d’un regard froid, ne m’étonnant guère de voir la petite communiquer en langue des signes et son père traduire puisque j’étais déjà au courant de son handicap. Oui, Aaron gribouillait des maisons, enfin, du moins lorsqu’il n’était pas occupé à courir les jupons d’Elizabeth Town. Je retins un soupir avant de reporter mon attention sur Ambre lorsqu’elle lui assura qu’elle aussi, lui tendant son dessin qui représentait effectivement une maison. Comme c’était… Quoi ? Mignon ? Peut-être, oui… En tout cas, son innocence ne pouvait que faire sourire.  Mais ce qui me fit sourire encore davantage fut qu’Aaron lui répondit que son dessin était encore plus réussi que ses propres maisons : Ca, je n’en doutais pas le moins du monde. Même une enfant de cinq ans réalisait sans doute un travail bien plus soigné et propre qu’Aaron. Cependant, mes pensées s’éloignèrent légèrement de ce sarcasme lorsque je reposai mon regard sur Ambre, qui elle observait Aaron d’un regard pétillant : Elle le regardait un peu comme un regarde un héros, et je présumais qu’elle s’y était déjà attachée. Pourquoi, je n’en connaissais pas la raison, mais toujours est-il qu’elle semblait beaucoup aimer Aaron alors qu’elle ne le connaissait même pas. Liam et Sam lui avaient-ils déjà dit qu’il serait son parrain ? Je n’en savais strictement rien, mais cela passa également au second plan lorsque je vis Aaron reposer le dessin puis poser sa main sur la joue de la petite, un sourire tendre accroché aux lèvres. Le genre de sourire que je ne l’avais absolument jamais vu arborer, en réalité… A croire que lui aussi s’était déjà attaché à la petite. Songeait-il réellement à accepter d’être son parrain ? Pauvre Ambre… Tes parents ne t’ont pas gâté sur ce coup là.
 
Heureusement pour elle, Aaron déclina rapidement la proposition en se justifiant de manière maladroite, comme toujours. Ceci dit, mon attention resta quelques instants attachée à ses mots : « Elle est vraiment adorable… » Vraiment adorable ? Si je connaissais un tant soit peu Aaron, je pouvais traduire par :  « J’aimerais être son parrain, mais je suis tellement stupide que je vais quand même refuser ». Mais il voulait l’être, c’était certain… Aussitôt, un sourire mauvais se dessina sur mes lèvres. Une idée peut-être plus sadique que lui faire endurer une opération à cœur ouvert sans anesthésie venait de me traverser l’esprit. Un sourire mauvais qui s’accentua encore davantage lorsqu’il continua en déclarant qu’il était incapable de gérer ses relations en général. La remarque m’échappa, ce fut tout simplement plus fort que moi. Ceci dit, je n’allai pas jusqu’à ajouter qu’Aaron était un incapable dans tout ce qu’il entreprenait, et ce bien que je le pense. Il faut dire aussi que le regard qu’il me lança en se tournant vers moi ne me laissa d’autre choix que de me taire : Le grand Aaron était en colère, et bien loin de me faire peur, cela m’amusait à un point inimaginable.

« En tout cas moi je ne passe pas mes journées enfermée dans mon bureau à gribouiller sur des bouts de papier. Pendant que tu joues avec tes crayons de couleur, moi je sauve des vies. » rétorquai-je en instant bien tout comme lui avait insisté sur le mot « douée ». Sans lui laisser le temps de répondre, je me tournai rapidement vers Samuel et Liam et affichai un sourire, ni trop éclatant, ni trop froid, afin de demeurer crédible.
 
« Je serais ravie d’être la marraine d’Ambre. C’est très gentil d’avoir pensé à moi. »
 
Bien évidemment, je n’étais pas ravie d’être la marraine d’Ambre, mais mon masque fut sans doute crédible puisque aussitôt Liam afficha un air soulagé. J’en profitai pour me tourner vers la petite qui nous dévisageait, Aaron et moi, n’ayant sans doute pas la moindre idée de ce qui se tramait avant de lui tendre les bras pour l’inciter à venir me voir. Les sourds muets avaient tendance à très bien comprendre le langage corporel, faute de pouvoir comprendre le langage oral. Ils étaient bien souvent capable de connaître d’humeur d’une personne ou ses intentions rien qu’en la regardant, aussi devais-je faire attention à ce que tout dans mon attitude la rassure. Elle n’avait cependant que six ans, et tomba dans le panneau : Elle vint rapidement à moi avant que je ne la hisse sur mes genoux et lui donne son goûter afin qu’elle puisse manger tranquillement. L’image parfaite de la bonne marraine. Je l’observai quelques instants d’un regard que je voulu plein de bonté avant de relever les yeux vers Samuel et Liam.
 
« J’espère que je pourrais la garder de temps en temps, l’infirmerie est calme en ce moment, je pourrais lui y aménager un coin afin que nous passions du temps ensemble. »
 
Histoire de lui faire passer ses envies de dessiner des maisons comme l’autre incapable. A présent que Samuel et Liam semblaient parfaitement croire à mon faux intérêt pour leur enfant, je décidai de passer aux choses sérieuses : Je n’avais pas accepté sans raison.
 
« Pour le parrain, je pense que Sean serait très heureux que vous lui proposiez. C’est un homme très bien, très gentil, tu le connais Liam. Il aime beaucoup les enfants, et s’il vous arrivait quelque chose, lui et moi serions en mesure de bien nous occuper d’Ambre. Nous sommes très proches. »
 
Je faisais comme si Aaron n’existait plus, le mettant totalement à part de la conversation, et imaginais son visage se décomposer en en riant intérieurement. Si j’avais vu juste et qu’il aurait vraiment voulu être le parrain de la petite, savoir qu’on allait le remplacer allait déjà lui faire de la peine. Mais qu’en plus ce soit Sean… Ah, ça allait le rendre malade ! Rien que d’entendre des compliments à son égard le rendait, je l’espérais, malade. Encore un sujet de discorde entre Aaron et moi puisque j’appréciais effectivement Sean et ne m’en étais jamais cachée, bien au contraire : J’avais déjà volé dans les plumes d’Aaron lorsqu’il poussait le bouchon trop loin avec lui. Je le traitais un peu comme mon protégé, ayant pleinement confiance en lui et surtout estimant qu’il faisait un parfait leader : Enfin quelqu’un pour faire voir à Alexander qu’Aaron n’avait pas toujours raison. Ceci dit, il semblait que quelqu’un tienne à ce que Aaron soit son parrain : Si je ne prêtais pas attention à l’expression d’Aaron, mon regard tourné vers Samuel et Liam, je vis néanmoins Ambre lui tendre un de ses cookies avec un regard qui disait très clairement : « Pourquoi t’es triste ? »
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Samuel Brimstone
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Can I have a word with you ? [Aaron T. ; Mathilda J. ; Samuel B.] Empty
MessageSujet: Re: Can I have a word with you ? [Aaron T. ; Mathilda J. ; Samuel B.]   Can I have a word with you ? [Aaron T. ; Mathilda J. ; Samuel B.] Icon_minitimeJeu 25 Juil - 16:26

Si on m'avait dit, après mon accident, que j'allais être capable d'être autant heureux à nouveau, j'aurais tout simplement pris la personne qui se serait adressée à moi pour une folle. Je lui aurais ri au nez en lui disant que c'était totalement impossible et j'aurais bien eu l'air idiot puisqu'à présent j'étais véritablement heureux et profait de la vie au maximum avec le sourire. Ma réconciliation avec Liam avait été le point de départ d'une nouvelle vie, d'un nouveau départ dans lequel Ambre avait trouvé sa place et quelle place : elle était aimée et adorée mais il n'aurait pas pu en être autrement tant elle était merveilleuse. Sa simple présence dans une pièce suffisait à réchauffer le cœur de quiconque se trouvait en sa compagnie. Il ne s'était passé qu'une semaine depuis qu'elle avait officiellement trouvé notre foyer pour ne plus en partir mais j'avais l'impression que cela faisait plus longtemps. J'avais même fini par dire à Liam qu'en à peine quelques jours, nous avions sans doute droit au bonheur de plusieurs semaines et même plusieurs mois tant tout se déroulait à merveille. Enfin, presque tout. La seule ombre au tableau se trouvait être Lucy qui avait toujours un comportement détestable vis à vis d'Ambre et les choses allaient malheureusement en s'empirant. Nous avions tenté de parler avec elle, en vain, et nous avions ensuite espéré que les choses allaient se calmer mais c'était loin d'être le cas : non seulement Lucy nous en voulait, en voulait à Ambre ainsi qu'à Lucas qui lui acceptait l'arrivée de sa nouvelle petite sœur sans aucun problème, mais en plus, elle avait un comportement détestable avec les autres membres de la maison également ce qui n'était vraiment pas bon. Le pire fut un soir, quand elle en vint même à être violente avec Ambre alors que cette dernière ne cherchait qu'à boire un peu d'eau. Lucy avait carrément levé la main sur elle ce soir-là et même si je n'avais pas été très à l'aise avec l'idée de la punir, nous n'avions pas eu d'autre choix et j'avais soutenu Liam dans sa décision : qu'elle fasse la tête était une chose, qu'elle se montre violente en était une autre et il fallait absolument imposer des limites. Des limites que Lucy devait comprendre une bonne fois pour toutes. Alors, même si ça nous avait attristé, elle avait été punie.

Elle aurait pourtant pu être pleinement heureuse comme nous car les moments de bonheur ne manquaient pas. En fait, tous les moments passés en compagnie d'Ambre étaient des moments de bonheur. Grâce à elle, tout semblait plus facile et naturel, même mon handicap me semblait simple et naturel. Elle avait rendu ma chaise roulante plus... Amusante en fait. Je sais que de tels mots peuvent paraître dingues et mêmes bizarres et pourtant, c'était bien le cas. En fait, j'avais trouvé une façon de faire rire Ambre aux éclats et cela impliquait ma chaise roulante justement. Elle était souvent sur mes genoux et j'avais découvert par hasard son amusement quand j'avais pour la première fois pris la rampe qui me permettait de quitter la maison avec elle sur mes genoux justement : elle avait éclaté de rire alors, par curiosité, j'avais recommencé et cette fois-ci, elle avait carrément écarté les bras en croix quand nous avions pris de la vitesse. Elle adorait ça et elle n'avait pas manqué de me l'expliquer, même si je débutais dans l'apprentissage du langage des signes. C'était quelque chose qui me prenait beaucoup de temps mais comme je l'avais, puisque pour l'instant je n'avais pas repris de travail officiel au sein de la ville, je me donnais à fond de façon à être à la hauteur. Lilly était d'ailleurs d'une aide précieuse, non seulement pour m'aider mais aussi pour Ambre. Nous avions parlé avec Liam de cet handicap qu'elles partageaient et qui les rapprochaient et nous étions heureux et soulagés qu'Ambre ait auprès d'elle quelqu'un qui puisse véritablement la comprendre, mieux que nous ne la comprendrions jamais malgré tous les efforts du monde.

Je n'avais cependant pas que le langage des signes à apprendre : je devais apprendre à être père. Comprenez-moi bien : j'étais le père des jumeaux, certes, mais j'étais arrivé dans leurs vies alors qu'ils étaient déjà grands. Ambre était beaucoup plus petite et elle nécessitait donc une toute autre attention et d'autres gestes dont je n'avais absolument pas connaissance et que j'étais donc obligé d'apprendre sur le tas, au plus grand désespoir de ceux qui savaient y faire : je n'étais pas très doué. J'avais cependant des circonstances atténuantes puisque j'étais en train d'apprendre et si Liam se montrait patient et compréhensif, Lilly, elle, l'était beaucoup moins quand il s'agissait de mes bourdes avec Ambre. J'avais par exemple été incendié par Lilly quand j'avais lavé les cheveux d'Ambre. Ce n'était arrivé qu'une seule et unique fois car le jour où j'avais essayé, je m'y étais tellement pris comme un manche que mon rayon de soleil s'était retrouvée avec des nœuds partout dans les cheveux. Lilly avait littéralement pété les plombs et elle avait passé beaucoup de temps à les démêler avant de m'annoncer que plus jamais je ne devais essayer ce genre d'expérimentations. J'avais eu une moue légèrement boudeuse, savourant particulièrement ces petits moments passés avec Ambre, ces moments privilégiés où je m'occupais d'elle puisque c'était moi qui lui faisait prendre son bain. Ma moue boudeuse était rapidement passée puisque j'adorais Lilly et qu'Ambre était heureuse de l'avoir avec nous à l'heure du bain. De plus, Lilly avait bien compris que j'aimais passer du temps seul avec Ambre puisqu'après lui avoir lavé les cheveux, elle me laissait seul avec l'enfant pour que nous puissions profiter de cet instant rien qu'à nous. J'étais extrêmement reconnaissant à Liam de me laisser ce privilège. Il faut dire que je ne pouvais pas tout faire et ce, à cause de mon handicap, alors, il avait décidé de me laisser le plaisir de m'occuper d'Ambre au moins pour son bain. Oh j'étais là au quotidien s'il y avait besoin mais je n'étais pas autant utile que Liam : c'était une vérité qui ne m'attristait pas cela dit. J'avais accepté la situation et j'avais décidé d'essayer de voir le bon même là où il y avait du mauvais.

Pour ça, j'avais été parler à Isaiah. J'avais été le voir le lendemain de l'adoption d'Ambre pour aller en premier lieu m'excuser du comportement horrible que j'avais eu avec lui. Il n'avait pas été très réceptif car il était vraiment différent depuis l'explosion de l'église mais il m'avait écouté et avait fini par accepter que je revienne le voir pour discuter, chose que j'avais fait chaque jour de la semaine. Je ne restais qu'une petite demie heure avec lui mais je lui parlais de ce que je ressentais, je lui expliquais ce qui avait pu me passer par la tête (ce qui me passait encore par la tête). Isaiah n'était cependant pas l'unique instigateur de ce changement : Liam y était pour beaucoup. J'aimais nos enfants mais Liam était ma vie et grâce à lui j'avais enfin retrouvé mon chemin. Pouvoir le retrouver chaque soir, pouvoir me perdre dans ses bras était une véritable bénédiction du Ciel. Pouvoir me confier à lui en était une également et si j'avais décidé de ne pas vivre avec le passé et de ne pas vivre dans le regret de l'avoir tenu à l'écart, je ne m'en sentais pas moins coupable et idiot d'être passé à côté de tout ceci. Quand je l'avais dit à Isaiah, il m'avait simplement répondu que ça arrivait maintenant car je n'avais pas été prêt avant, tout simplement : c'était la meilleure explication et surtout le meilleur réconfort que je pouvais trouver dans ces semaines perdues. Quand Liam avait eu le temps, il m'avait aidé à prendre ma douche mais cela ne s'était malheureusement pas reproduit beaucoup durant cette semaine car il avait été pas mal occupé : oui, j'ai bien dit malheureusement car finalement, j'appréciais ce moment passé avec lui. Un petit truc rien qu'à nous deux. Cela dit, quand il n'avait pas été dans la douche avec moi, j'en avais profité pour tester de nouveau la sensibilité de mes jambes et je m'étais rendu compte que même si ça restait aléatoire, c'était bel et bien là et j'avais l'intention d'en parler à Mathilda dès que possible. Ce fut finalement Liam qui m'offrit cette possibilité.

Entre deux éclats de rires, entre deux câlins, entre deux discussions sur le comportement de Lucy, nous avions pris le temps de discuter du parrain et du marraine de notre fille. Il était important, nécessaire et vital qu'elle ait au plus vite un parrain et une marraine. Pour ce qui était de la marraine, nous eûmes une pensée pour Lilly mais finalement, sa relation avec Ambre était toute autre qu'une relation marraine-filleule : c'était plus une grande sœur pour elle et nous avions donc décidé de laisser leur relation en l'état puisqu'elle leur convenait à toutes les deux. Finalement, il ne nous fut pas difficile de trouver la marraine idéale : Mathilda. Nous savions que Mathilda n'aimait pas vraiment les enfants mais elle nous aimait nous et elle nous avait tant aidé qu'elle avait sa place à nos côtés et dans notre vie. De plus, avec elle, nous étions certains qu'il n'arriverait rien à Ambre et qu'elle serait capable de veiller sur elle et de l'aimer si besoin : pour nous. Malheureusement, si pour nous c'était une évidence, ce ne serait pas une évidence pour Mathilda et nous allions donc devoir être malins pour la convaincre. Puis, vint le moment du choix du parrain et j'avais tout de suite pensé à Aristide. Il était mon meilleur ami et s'occupait parfaitement bien d'Emma, la fille de Gabrielle, ainsi que d'Héphaïstos, son petit garçon. Il serait parfait comme parrain pour Ambre. Malheureusement, Liam n'avait pas été emballé par l'idée car si moi j'étais ami avec lui, de son côté, mon futur époux n'était pas particulièrement proche d'Aristide ce qui était parfaitement vrai même si ce n'était pas, pour moi, une raison suffisante pour refuser qu'il soit le parrain d'Ambre. Cependant, quand Liam précisa que Mathilda et Aristide ne se supportaient pas, je ne pus que me ranger de son côté : nous ne pouvions pas choisir un parrain et une marraine qui se détestaient. C'était tout simplement impensable. Quand Liam avait finalement mentionné Aaron j'avais été surpris et un peu dubitatif : Aaron et Mathilda ne s'entendaient pas bien non plus et Aaron était un véritable ours et ce, avec tout le monde. Cependant, Liam appréciait énormément Aaron et il avait confiance en lui ce qui étaient pour moi de bons arguments. Et puis finalement, nous savions qu'Aaron et Mathilda ne se détestaient pas vraiment : ils refusaient simplement d'accepter qu'ils craquaient l'un pour l'autre. Liam et moi n'étions pas là pour jouer les cupidons mais si être parrain et marraine d'Ambre pouvait les rapprocher, ce serait très bien : des gens heureux c'était beaucoup mieux que des gens tristes et renfermés sur eux-mêmes. J'acceptai donc avec plaisir qu'Aaron soit le parrain d'Ambre. Encore fallait-il réussir à le convaincre lui aussi et ce ne serait pas simple. Liam avait cependant une idée en tête et quand il m'expliqua qu'il comptait plus ou moins faire du chantage à Aaron, j'eus un sourire : mon homme avait des ressources dont je n'avais pas idée.

Le plan devait être mis à exécution d'ici peu et pour être précis, dès le lendemain.

C'était un dimanche et c'était le premier matin où Liam et moi pouvions traîner un peu au lit depuis notre réconciliation ce qui fut véritablement agréable. Le petit déjeuner (enfin « petit »...) fut tout autant agréable : Giulio avait de vrais doigts de fée quand il s'agissait de cuisine. Autant dire que la journée commença donc très bien : une grasse matinée, un petit déjeuner copieux en compagnie des enfants et des autres habitants de la maison, ainsi qu'un soleil magnifique. La journée s'annonçait parfaite. Enfin, presque parfaite puisque si Lucas affichait un sourire radieux, Lucy elle brillait par son absence et quand elle arriva, c'était pour nous montrer sa sombre mine habituelle. Sur le coup, en tout cas, je pris son attitude pour son comportement habituel mais en quelques secondes à peine, je réalisai qu'elle n'avait pas sa mine habituelle : c'était pire que d'habitude. Quelque chose clochait : elle avait peur. Liam bondit de sa chaise et j'écarquillai les yeux au moment où les mots franchirent les lèvres de Lucy « Papa... J'ai du sang dans ma culotte. » Il y eut un lourd silence ensuite, tout le monde encaissant l'annonce. J'avais personnellement l'impression qu'une grosse boule venait de se former dans ma gorge, m'empêchant de respirer correctement : elle saignait. Pourquoi saignait-elle de cet endroit là ?... Lilly me fit sursauter quand elle se leva : sur le coup, je crus qu'elle allait aller chercher de l'aide mais je fronçai les sourcils en la voyant s'approcher de son sac à dos avant d'en ressortir une serviette hygiénique. Quoi ? Hein ? Quoi ? Oh... Lucy avait ses premières règles. Je soupirai de soulagement à cette pensée mais ensuite, je me sentis tout à coup mal à l'aise : premières règles... Premières... Elle allait avoir besoin d'explications et au moment où Liam la rassura tant bien que mal avant de lui dire de monter dans sa chambre, je me tassai sur ma chaise roulante. J'eus raison de me faire tout petit car Liam se retourna vers moi et eut un regard suppliant auquel je répondis par un bref hochement de la tête négatif, le regardant avec des yeux exorbités : il ne pouvait pas songer sérieusement à me demander d'aller lui parler. J'étais incapable de laver les cheveux d'Ambre sans faire une véritable catastrophe alors expliquer les mystères du corps de la femme à notre plus grande fille ? Merci mais non merci. Liam hésita avant de soupirer et de prendre la direction de la chambre de Lucy.

Bon... Voilà qu'elle était une jeune femme. Finalement, je me tournai vers Lilly, une idée me traversant l'esprit : si elle avait ses premières règles, cela voulait dire qu'elle avait les hormones complètement en vrac non ? Et quand les femmes avaient leurs hormones en vrac, leur comportement en était altéré, non ? Est-ce que ce changement hormonal pouvait être en partie responsable de son comportement exécrable de cette dernière semaine ? Pour toute réponse, Lilly leva les yeux au ciel avant de soupirer d'un air désespéré. Quoi ?... C'était possible non ? Giulio soupira également avant de proposer une seconde salve de café et de thé pour tout le monde. Alors que je buvais une nouvelle gorgée de thé, j'eus soudainement peur : non pas pour l'état de santé de Lucy mais pour notre état mental à nous. Si le changement hormonal n'avait pas été responsable de son comportement et que ses hormones allaient seulement commencer à lui jouer des tours, une aggravation de son comportement était à prévoir. Nous allions avoir besoin de beaucoup, beaucoup de patience. Ambre était trop petite pour comprendre ce qu'il se passait mais elle était malgré tout assez grande et surtout assez futée pour comprendre qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas et, malgré le comportement de Lucy à son égard, elle n'hésita pas à demander si Lucy allait bien. Je la rassurai en lui adressant un tendre sourire et en lui répondant que Lucy irait très bien, qu'il ne fallait pas s'inquiéter. Je lui demandai ensuite si elle voulait manger un fruit et ce fut avec un immense sourire (un sourire dont je ne me laissais pas) qu'elle me dit oui. J'attrapai donc une pêche et commençai à la découper quand Liam refit son apparition dans la cuisine. Je relevai mon regard vers lui et ne pus m'empêcher d'esquisser un sourire légèrement moqueur devant sa mine déconfite : j'avais échappé à l'épreuve imposée de force par le corps de Lucy, pas lui. Il soupira avant de se laisser retomber sur sa chaise et de me porter un coup fatal : « Rigole… Un jour, celle-ci aussi aura grandi et alors, crois moi, ce sera toi qui te colleras aux explications farfelues. » dit-elle en désignant Ambre du doigt. Je haussai les épaules, ne perdant pas mon sourire : j'avais beaucoup de temps pour me préparer psychologiquement, un temps que lui n'avait pas eu en l’occurrence, donc bon. Je donnai le premier morceau de pêche à Ambre quand Liam me dit qu'il allait quand même demander à Mathilda de passer dans la journée. Je hochai doucement la tête, mes pensées vagabondant soudainement bien ailleurs que tout ça : si Mathilda venait à la maison, c'était l'occasion rêvée de lui parler de mes jambes et cette nouvelle me faisait chaud au cœur. Finalement, Lucas fut demandeur d'explications concernant sa sœur et après lui avoir tout dit, il ne sembla pas inquiet mais juste légèrement dépité : les filles étaient un mystère qu'il  n'avait pour l'instant pas envie de résoudre. Un jour sans doute.

Liam partit chercher Mathilda dans l'après midi et quand elle arriva, elle ne semblait pas emballée par ce qu'on lui demandait de faire mais accepta malgré tout de monter à l'étage pour parler avec Lucy. Liam ne rentra pas tout de suite puisqu'il avait décidé de mettre son plan à exécution et d'aller faire son petit chantage à Aaron. La chose était simple : il allait lui proposer de s'occuper d'aider Sean (qu'Aaron détestait littéralement) et en échange, Aaron devait accepter de venir prendre un café à la maison. Stratagème qui cachait notre véritable intention qui était donc de lui proposer d'être le parrain d'Ambre. Liam étant absent et Mathilda étant avec Lucy, Lucas et Ambre jouèrent ensemble et je les regardai, adorant les voir jouer ensemble. Il faut dire que ça n'avait pas été une mince affaire : si Lucas avait été tout de suite très ouvert à Ambre, cette dernière avait eu beaucoup plus de mal à faire confiance à Lucas et à accepter de jouer avec lui. Elle avait cependant fini par laisser de côté sa méfiance et sans doute sa timidité et ils se rapprochaient de jour en jour. Quand Liam rentra, je lui annonçai que Mathilda était toujours avec Lucy. Il m'annonça alors qu'Aaron serait là pour 16 heures et je lui adressai un clin d'oeil complice : notre plan fonctionnait parfaitement, en tout cas pour l'instant. Il allait cependant falloir retenir Mathilda jusqu'à ce qu'Aaron arrive et je rassurai Liam en lui affirmant qu'il n'y avait pas à s'inquiéter pour ça car j'avais mon idée. Oh oui, ça, pour sûr que j'avais mon idée. Je fus rassuré que Liam ne me pose pas plus de questions : j'aurais été incapable de lui répondre car je ne voulais pas lui parler de ce qu'il se passait avec mes jambes. Je ne voulais pas d'un faux espoir... Quand Mathilda redescendit, elle nous annonça que tout était normal et que Lucy semblait bien tout avoir compris. Notre fille se reposait à présent. Préférant ne pas laisser le temps à Mathilda de s'enfuir, je lui demandai si je pouvais la voir en privé. Elle ne sembla pas plus emballée que quand elle avait dû voir Lucy mais n'osa pas refuser. Une fois dans la chambre, je m'empressai de lui expliquer que j'avais depuis quelques jours ressenti plusieurs picotements et fourmillements dans les jambes. Elle fut bien sûr dubitative mais, refusant de m'arrêter là, je lui expliquai que j'avais même réussi à me tenir debout pendant un bref instant quelques jours auparavant.

J'étais euphorique : Pas Mathilda.

Elle était persuadé que tout ceci n'était que psychologique : le syndrome du membre fantôme. Elle m'expliqua que certaines personnes paralysées ou même amputées ressentait parfois avec une intensité incroyable le membre qu'ils avaient perdu mais tout cela n'était que psychologique. Je refusais cependant d'y croire : je n'avais pas fait que ressentir des picotements, je m'étais tenu debout. Si j'avais pu le faire cela prouvait que ce n'était pas dans ma tête, non ? Avec le visage fermé, elle me demanda de retirer mon pantalon afin de m'examiner et je m'empressai de le faire. Elle se leva et observa mes jambes avec attention et garda un air neutre. Elle s'attarda sur ma cicatrice qui était plutôt jolie (enfin, aussi jolie qu'une grande cicatrice pouvait l'être) et prit chacune de mes jambes les pliant et les dépliant l'une après l'autre. Je ne sentis rien mais cela ne me surprit pas : c'était aléatoire et je n'avais rien ressenti en bougeant simplement mes jambes. Il avait fallu que j'insiste plus. Mathilda me demanda de fermer les yeux d'une voix impatiente et je fronçai les sourcils, ne comprenant pas où elle voulait en finir. Finalement, je décidai d'obéir : c'était elle le médecin et je lui faisais confiance. Quand elle me demanda si je pouvais sentir sa main je répondis que non, préférant être honnête : non, je ne sentais rien du tout. Puis, je sentis quelque chose : ce fut lointain et presque imperceptible mais ce fut pourtant bien là, sur ma cuisse droite, ce que je m'empressai de dire à Mathilda qui ne me répondit rien. Un long silence s'installa : quoi ? Je m'étais trompé ? Ou avais-je vu juste ? Le temps commençait à me sembler long, surtout que je ne sentais à présent plus rien. Quand j'entendis Mathilda bouger, je rouvris les yeux que j'écarquillai d'horreur en la voyant brandir une immense... Non... Une gigantesque aiguille.

« Euh... Tu comptes faire quoi avec cette chose ?... » demandai-je d'une voix éraillée.

Je n'étais pas du style à paniquer pour une aiguille et j'en avais vu d'autres mais franchement, elle était vraiment, vraiment immense... Elle ne prit même pas le temps de me répondre et m'ordonna simplement de refermer les yeux. Fermer les yeux ? Alors qu'elle tenait ce truc dans sa main ? Une idée qui ne m'enchantait vraiment pas mais encore une fois j'obéis. J'eus à peine fermer les yeux que je sentis quelque chose de plutôt douloureux dans ma cuisse et sursautai. Mathilda plaqua sa main sur mes yeux, m'empêchant ainsi de les ouvrir : à quoi jouait-elle bon sang ? Est-ce qu'elle avait planté cette aiguille dans ma cuisse ? Était-ce pour ça que j'avais eu mal ? J'avais eu mal... Bon sang, j'avais eu mal pour la première fois depuis des semaines.  C'était... Il n'y avait pas de mots. Elle pouvait bien me torturer, j'adorais avoir mal en fait : j'adorais sentir quelque chose dans mes jambes. Je sentis une autre douleur ailleurs et je grimaçai tout en souriant : je devais avoir l'air d'un fou mais ça m'était égal. Elle me demanda de situer la douleur et lui dit aussitôt que j'avais eu mal sur le côté de ma cuisse gauche. Je l'entendis bouger mais ne dis rien, décidé à me prêter jusqu'au bout à l'exercice. Je sentis finalement quelque chose mais plus la même douleur. Je désignai à chaque fois la jambe sur laquelle j'avais senti quelque chose et Mathilda finit par retirer sa main de devant mes yeux. Je les rouvris et la regardai avec impatience : alors quoi ? Qu'en pensait-elle ? Avant de me répondre quoi que ce soit, elle entreprit de me poser beaucoup de questions sur ce que j'avais ressenti exactement, sur les sensations que cela me procurait, sur les moments exacts où cela se produisait en général et elle me demanda surtout ce qu'il s'était passé quand je m'étais tenu debout. Je lui racontai tout avec le plus de détails dont j'étais capable de me souvenir. Un long silence suivit pendant lequel Mathilda me sembla réfléchir à toute vitesse mais à moi, cela me parut vraiment très long : j'avais besoin qu'elle m'apporte des réponses et quand la réponse vint enfin, ce ne fut pas ce à quoi je m'étais attendu.

Elle n'avait absolument aucune idée de ce qu'il se passait.

Bon, ça au moins c'était dit. Ce qui suivit fut cependant beaucoup plus agréable à entendre et beaucoup plus rassurant : elle pensait avoir mal pronostiqué mon état. J'étais loin d'être paralysé. « Loin d'être paralysé ». Aussitôt, un large sourire étira mes lèvres tant entendre ces mots fut merveilleux : je l'avais imaginé, je l'avais espéré et elle venait vraiment de me le dire. J'en eus même les larmes aux yeux. Je n'étais pas paralysé. Elle s'empressa cependant d'ajouter qu'elle ne pouvait pas savoir si j'allais remarcher un jour car ma sensibilité n'était pas très élevée. Elle pouvait dire ce qu'elle voulait, être autant pessimiste que possible, moi, à présent, j'avais l'espoir et je n'allais pas abandonner. Mes jambes fonctionnaient et j'allais faire en sorte qu'elle fonctionne véritablement comme avant : je ferais tout, absolument tout. Je serais enfin le père que je rêvais d'être, l'époux que je rêvais d'être. Je serais enfin et définitivement moi. Elle me demanda finalement de remettre mon pantalon et je m'exécutai, incapable de perdre mon sourire. Elle me demanda finalement de prendre appui sur elle et d'essayer de me lever. Mon sourire se fana légèrement car je savais que ça n'allait rien donner : je devais y aller étape par étape. Je décidai cependant d'obéir une nouvelle fois et pris appui sur elle avant de me redresser. La pauvre dut subir tout mon poids puisque j'étais incapable de prendre appui sur mes jambes. Elle me demanda si je pouvais mettre un pied devant l'autre, si je ressentais quoi que ce soit et je fus obligé de lui répondre par la négative. Elle fut rapidement obligée de me reposer sur ma chaise roulante, ne pouvant me soutenir plus longtemps. Elle marqua un nouveau silence avant de m'annoncer que l'on pouvait essayer de me faire faire une sorte de rééducation, même si elle ignorait les bienfaits de cette idée. J'acceptai sans hésitation, ravi de tenter quelque chose. Puis, doucement, je me mis à réfléchir à ce que j'allais dire à Liam : devais-je lui en parler ou devais-je garder le secret ?  J'avais dit pas de faux-espoir et cette rééducation n'allait peut-être rien donner du tout... Alors, la décision fut rapidement prise : je demandai à Mathilda de venir si possible pendant que Liam serait absent car je préférais vraiment garder tout ceci pour moi. Elle accepta sans poser de questions : elles furent peut-être intérieures mais elle ne me demanda rien.

Il était donc temps de retourner au salon : j'avais eu mes réponses et à présent, je devais repenser à la véritable raison de la présence de Mathilda. J'aperçus rapidement Aaron auquel j'adressai un large sourire mais mon sourire ne dura pas sur mon visage quand je vis son expression. Il avait vu Mathilda et n'était pas ravi de sa présence tout comme Mathilda ne fut pas ravie de la présence d'Aaron non plus. Alors que j'allai auprès de Liam et d'Ambre, mon futur époux dut supplier Mathilda de rester. Elle hésita mais finit par accepter avant de demander un café serré. Tout ça ne s'annonçait vraiment pas très bien. L'ambiance était à couper au couteau : Aaron et Mathilda étaient installés le plus loin possible l'un de l'autre et on avait l'impression qu'il y avait une véritable tempête de neige entre eux. Ils nous fusillaient du regard et au bout d'un moment, je finis par soupirer avant de lâcher la bombe moi-même : autant être franc rapidement et savoir sur quel pied danser. A la vue de leurs expressions respectives, j'avais peur d'avoir droit à un « non » direct et sans détour mais notre fille ne leur laissa pas le temps de s'offusquer de cette demande car elle s'avança vers Aaron pour lui montrer un dessin. Liam fit la traduction de ce qu'elle voulait dire et je ne pus m'empêcher de sourire : elle ne le faisait pas exprès mais pourtant elle savait y faire. Comment Aaron aurait-il pu résister à un truc pareil ? D'ailleurs, il ne résista pas bien longtemps et j'en fus plutôt satisfait, souriant à présent largement. Malheureusement, le fait qu'Ambre le fasse craquer ne changea rien à sa réponse qui ne tarda pas à tomber : il refusait, non pas parce qu'il ne la trouvait pas adorable mais parce qu'il ne se sentait pas capable d'être son parrain. J'allais le rassurer quand Mathilda lança une réflexion à Aaron sur son incapacité à gérer ses sentiments vis à vis des autres. Une remarque à laquelle Aaron ne tarda pas à répondre pour mieux permettre à Mathilda de répondre à son tour. Je perdis complètement mon sourire et soupirai, complètement désespéré par ce qui était en train de se produire : j'avais pensé à tout, mais pas à une dispute, surtout pas devant la petite... Mathilda prit cependant un virage à 180° en nous annonçant soudainement qu'elle serait ravie d'être la marraine d'Ambre.

Hein ? Ah ? Vraiment ?

J'écarquillai les yeux sous la surprise avant de relever mon regard vers Liam : j'étais plus que surpris qu'elle accepte aussi vite surtout après avoir envoyé Aaron sur les roses mais bon, nous n'allions pas poser trop de questions. Elle était d'accord, il ne manquait plus qu'à convaincre Aaron de changer d'avis. Ambre se dirigea rapidement jusqu'à Mathilda qui s'était tournée vers elle. Rapidement, Mathilda posa Ambre sur ses genoux avant de la regarder avec tendresse, le genre de regard que je connaissais pas à Mathilda : j'allais de surprise en surprise. Et là, elle nous annonça qu'elle espérait pouvoir la garder de temps en temps et qu'elle pourrait même aménager un coin à l'infirmerie pour pouvoir passer du temps avec la petite. J'ouvris la bouche, incapable de répondre quoi que ce soit sur le moment. Il me fallut quelques secondes avant de reprendre pleinement contenance et de réussir à bredouiller quelques mots.

« O...Oui... Ce serait vraiment génial Mathilda. Merci pour Ambre. C'est vraiment super. »

Et une nouvelle fois, je relevai mon regard vers Liam, n'en revenant toujours pas. C'était magnifique, inespéré... Et pas gratuit car très vite, la sentence tomba : elle proposa Sean comme parrain et aussitôt je fermai les yeux en soupirant. Alors ça, Aaron allait très, très mal le prendre. Je connaissais bien Mathilda et là, elle cherchait juste à faire du mal, c'était clair et net. Je rouvris finalement les yeux et me tournai vers Aaron qui semblait s'être liquéfié sur place. Le pauvre... Il avait beau avoir des défauts, il ne méritait pas un tel sort car la sentence de Mathilda avait vraiment été brutale et sans appel. Elle n'aurait pas pu lui faire plus mal : il était fou d'elle, détestait Sean et elle venait de lui porter un coup fatal. D'ailleurs, l'expression d'Aaron changea rapidement : un voile de tristesse s'installa sur son visage. La situation était vraiment en train de prendre une tournure très délicate. Ambre, égale à elle-même, capable de voir ce que les autres ne voyaient pas forcément, s'empressa de « demander » à Aaron pourquoi il était triste en lui tendant un cookie. Je vis Aaron tourner lentement son visage vers la petite. Il prit le cookie avant d'esquisser un sourire qui me fendit le cœur. Il ne répondit cependant rien et je décidai de ne pas laisser la situation s'aggraver plus avant.

« C'est gentil de proposer ça Mathilda mais nous n'avons pas choisi Sean. C'est Aaron que nous avons choisi. C'est Aaron que nous voulons. Aaron ?... »

Il tourna son visage vers moi : le pauvre faisait vraiment peine à voir. Je roulai jusqu'à lui et lui adressai un sourire réconfortant. Quant à mon regard, j'y mis le plus de douceur possible : j'avais compris pourquoi il était triste mais il fallait que ça lui passe au-dessus et il fallait qu'il accepte d'être le parrain d'Ambre.

« Écoutes... Faut que tu saches que je suis pas très doué moi non plus. »

Il fronça les sourcils et je poursuivis, ignorant le regard noir qu'était en train de me jeter Mathilda depuis que j'avais gentiment refusé sa proposition.

« Avec Ambre... Je suis pas très doué, tout le monde ici pourra te le confirmer. J'apprends petit à petit à m'occuper d'elle mais ce n'est pas pour ça qu'elle n'est pas heureuse. Et puis.. Tu as peut-être du mal avec les autres mais Ambre, elle n'est pas comme les autres, je suis sûr que tu l'as compris. Tu seras un parrain génial. Différent, mais génial. S'il te plaît... On veut vraiment que ce soit toi, pas vrai mon amour ? » dis-je en me tournant soudain vers Liam.

« Nous voulons Aaron et personne d'autre. »

J'avais absolument besoin du soutien de mon futur époux, besoin qu'il appuie mes mots de façon à convaincre Aaron et surtout, de façon à éviter une véritable apocalypse.   Ambre était à présent blottie dans les bras de Mathilda mais continuait à fixer Aaron avec douceur. La marraine et la filleule étaient en cet instant un sacré contraste.
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Liam Marsden
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MessageSujet: Re: Can I have a word with you ? [Aaron T. ; Mathilda J. ; Samuel B.]   Can I have a word with you ? [Aaron T. ; Mathilda J. ; Samuel B.] Icon_minitimeMer 31 Juil - 14:06

Par expérience, je savais très bien qu'Aaron n'avait absolument aucune chance d'échapper à Ambre : Elle était si adorable dans tout ce qu'elle faisait que ne pas l'aimer relevait de l'impossible. La manière dont elle lui avait dit qu'elle aussi aimait dessiner des maisons avait été si douce, si mignonne et innocente que cela ne pouvait que toucher Aaron. Même s'il se donnait des airs de durs, je le connaissais suffisamment pour savoir qu'un grand cœur se cachait sous ses airs d'ours polaire, un grand cœur qui ne pourrait pas se retenir de battre pour Ambre. Ce fut donc sans aucune surprise, mais avec beaucoup de tendresse que j'observais la scène entre elle et Aaron, un sourire doux étirant mes lèvres. Allez savoir pourquoi, mais je sentais que cette petite allait rendre les hommes complètements fous d'elle lorsqu'elle serait plus grande : Une source supplémentaire d'ennuis pour Sam et moi. Mais nous n'en n'étions pas là. Pour le moment, notre si jolie fille n'avait que six ans et besoin d'un parrain, un parrain qui refusa subitement la responsabilité de la tâche. Mon sourire s'effaça sitôt qu'Aaron eut pris la parole, mes sourcils se fronçant au fur et à mesure de ses mots. Je ne comprenais pas pourquoi il pensait qu'être parrain relevait de l'impossible. Ne pas pouvoir s'occuper d'Ambre s'il nous arrivait quelque chose, à Samuel et à moi ? Ma foi, ni lui ni moi n'étions pourtant à l'aube de la mort, alors pourquoi déjà envisager cette éventualité ? Certes, nul ne savait jamais ce que la vie pouvait nous réserver, mais tout de même... A moins de mourir tout deux dans les deux jours à venir, je supposais que nous aurions largement le temps d'apprendre à Aaron comment s'occuper d'une petite fille de six ans, ce qui n'était finalement pas si compliqué. Quant à ses relations, d'accord, Aaron n'était pas un model de courtoisie, mais Samuel et moi l'étions : Nous avoir pour parents et Aaron pour parrain aurait donc été un juste milieu. J'oubliais néanmoins qu'au parrain se rajoutait la marraine, marraine qui ne se retint absolument pas de couper la parole à Aaron pour le critiquer.

Je réprimai un léger soupir, levant les yeux au ciel avant de me mettre à fixer le plafond tandis que Mathilda et Aaron se renvoyait la balle de leur haine inexplicable. J'attendais que cela passe, tout simplement, sachant par expérience que s'immiscer dans ce genre de conversation n'était jamais bon, et encore moins lorsqu'il s'agissait d'Aaron et Mathilda : Oser ne serait-ce que glisser un mot dans cet échange farouche aurait revenu à se jeter dans une areine avec deux lions enragés. Et puis soyons honnêtes, j'étais bien la dernière personne à souhaiter m'immiscer dans n'importe quelle dispute, ne prenant jamais parti et détestant de toute manière les conflits. Conflits qui ne rimaient d'ailleurs à rien en l'occurrence. Aaron avait ses défauts et ses qualités, tout comme Mathilda. Pourquoi chercher à toujours faire du mal à l'autre ? Ils ressemblaient à deux scorpions, se piquant successivement l'un et l'autre afin de savoir lequel des deux était le plus vénéneux. Je fixai toujours mon plafond d'un air désolé lorsque Mathilda termina par lâcher qu'elle acceptait d'être la marraine d'Ambre, nous remerciant de l'avoir choisie pour ce rôle. Je ne pu m'empêcher de hausser les sourcils, extrêmement surpris. Elle acceptait, comme ça, si facilement ? Apparemment, puisqu'elle en vint même à nous annoncer qu'elle souhaitait passer du temps avec sa filleule et allait lui aménager un endroit à l'infirmerie afin de pouvoir l'y garder avec elle. Pour une surprise... Oui, j'étais carrément surpris mais aussi heureux, bien entendu. Avoir Mathilda comme marraine pour Ambre relevait réellement du miracle à mes yeux : Il s'agissait d'une personne sur laquelle je voulais vraiment que mes enfants prennent exemple, dans le sens où elle était honnête, responsable, brillante dans son domaine et droite. Bien évidemment, elle avait également des défauts, mais qui n'en avait pas ? Et puis, une nouvelle fois, sa personnalité allait créer un juste milieu avec l'éducation sans doute trop "gentille" que Samuel et moi allions donner à Ambre. Le parfait mélange entre le monde des gens civilisés et polis dans lequel nous vivions, et celui impitoyable et acide dans lequel Aaron et Mathilda semblaient vivre.

J'appuyai donc Sam lorsqu'il remercia Mathilda en hochant simplement la tête, partageant la surprise que je lisais dans sa voix mais apparemment tout aussi décidé que moi à ne pas poser plus de questions que cela. Malheureusement, le soulagement que j'avais pu ressentir en entendant que Mathilda acceptait de devenir la marraine d'Ambre s'évanouit très vite lorsque cette dernière reprit en nous conseillant Sean comme parrain. J'ouvris la bouche, mais aucun son n'en sortit : J'étais tout simplement complètement perdu. Pourquoi parlions-nous de Sean ? D'où lui venait l'idée que nous voulions proposer quelque chose d'aussi important à Sean ? Certes était-il très gentil, mais je ne le connaissais pas vraiment... Enfin, pas assez pour lui proposer de faire partie de la vie de mes enfants d'une manière aussi importante. Sean n'était même pas un ami de la famille, jamais Samuel ou moi-même n'avions songé à lui pour le parrain d'Ambre. Alors pourquoi Mathilda proposait-elle cela ? Je n'y comprenais décidemment rien et posai mon regard sur Aaron, cherchant des réponses dans son regard et ce que j'y vis m'expliqua effectivement la raison de cette soudaine amitié vis à vis de Sean : Evidemment, Mathilda cherchait seulement à vexer encore un peu plus Aaron en espérant que nous allions finalement lui préférer un homme qu'il détestait. Aussitôt, je me sentis particulièrement mal à l'aise, ne sachant comment démêler cette situation. Nous savions que choisir Aaron et Mathilda était risqué, mais j'aurais espéré qu'ils auraient pu mettre leurs différents de côté pour nous, pour Ambre, et un peu pour eux aussi puisqu'il était insensé que de se faire autant de mal gratuitement. En tout cas, leur comportement dépassait de loin mon propre entendement : Jamais je n'aurais pu me comporter de cette manière avec qui que ce soit tant cela me paraissait horrible, alors forcément, être confronté à une telle situation ne gênait énormément dans le sens où je ne savais absolument pas comment réagir. Ambre vint finalement à notre secours lorsqu'elle tendit un de ses cookies à Aaron qui, le pauvre, semblait réellement attristé par la dernière attaque de Mathilda. D'un côté je le plaignais, d'un autre je me disais que lui aussi l'avait bien cherché : Dans cette histoire, aucun des deux ne valait mieux que l'autre. Là, c'était Mathilda qui avait blessé Aaron, et dans deux minutes se serait l'inverse, j'en étais persuadé. La situation ne m'en attristait cependant pas moins, et je bénissais le ciel pour avoir une relation bien plus douce et simple avec Samuel que celle qu'Aaron et Mathilda entretenaient. Enfin, ils n'entretenaient rien du tout à bien y réfléchir...

Quoi qu'il en soit, j'étais bien incapable de prononcer le moindre mot et me contentai d'observer Aaron accepter le cookie de ma fille avec un air désolé. Qu'aurais-je pu dire ? Oh, tout un tas de choses en fait, mais ce fut finalement Samuel qui se décida à rétablir la situation en expliquant gentiment à Mathilda que nous voulions Aaron comme parrain. Même si c'était lâche de ma part de me cacher derrière mon futur époux pour ne pas affronter Mathilda, je dois bien avouer que je fus extrêmement soulagé qu'il se charge de lui refuser son caprice. Cependant, pour bien connaître Mathilda, je savais que personne ne pouvait rien lui refuser, et attendais les représailles. Représailles qui ne tardèrent pas à arriver puisque presque aussitôt, Mathilda posa un regard noir sur Samuel qui l'ignora totalement. Alors, ce regard noir finit par se poser sur moi, et inutile de vous dire qu'il ne m'aida pas à me sentir plus à l'aise, bien au contraire... Mathilda recommençait à me fusiller du regard et je détestais cela, me sentant à la fois terriblement gêné mais également tendu, si bien que j'eus beaucoup de mal à concentrer mon attention sur ce que Sam disait à Aaron. J'essayais réellement de l'écouter afin de pouvoir l'aider à convaincre Aaron, mais Mathilda ne cessait de me regard avec cette froideur, cette colère, et cela me déstabilisait complètement. Je n'étais pas tellement habitué à ce genre de regards, et puis je n'étais pas non plus du genre à m'imposer, si bien qu'en général je m'écrasais totalement lorsque l'on commençait à s'énerver contre moi... Alors que Mathilda me regarde de cette manière... Je commençais à avoir chaud et ne plus savoir comment me mettre, ayant simplement envie de me cacher sous le tapis et ne plus sortir de ma cachette tant que Mathilda serait dans la pièce. S'il n'en avait tenu qu'à moi, j'aurais continué à garder le silence durant tout le reste de la conversation, mais Samuel se retourna malheureusement vers moi alors que je me battais toujours silencieusement contre ce maudit regard noir. J'étais tellement perturbé que j'eus du mal à revenir dans la conversation et me mis à bredouiller tout en gesticulant sur le canapé, totalement mal à l'aise :

" Euh... Oui, oui. On veut que ce soit Aaron, oui..."

Pas très convainquant mais j'étais toujours trop perturbé pour réellement pouvoir appuyer Samuel. Néanmoins, en voyant la tête qu'il fit ainsi que l'air peu convaincu d'Aaron, je pris une profonde inspiration avant de vraiment me détacher du regard meurtrier de Mathilda et reprendre d'une voix beaucoup plus assurée, m'adressant directement à Aaron :

" Sam a raison : Ce n'est pas parce que tu manques d'expérience que tu seras un mauvais parrain ou qu'Ambre ne sera pas heureuse... Tu verras que ce n'est pas si compliqué de s'occuper d'un enfant, et puis de toute façon on ne comptait pas te la laisser du jour au lendemain sans aucune aide. Ne t'inquiète pas... Tu pourrais commencer par venir la voir ici de temps en temps, passer du temps avec elle dans sa maison afin de te familiariser un peu et puis... Je ne sais pas, peut être que quand tu seras plus en confiance tu te sentiras de la garder avec toi en dehors de la maison et de t'en occuper sans que nous soyons derrière toi ? "

Je tentai un sourire pour Aaron avant de reporter mon regard sur Ambre qui profitait tranquillement de son goûter sur les genoux de Mathilda. Je ne voyais décidemment pas comment Aaron aurait pu continuer de refuser d'être son parrain : Il devait forcément remarquer qu'elle était calme, douce, pas du genre à faire bêtise sur bêtise et donc pas si difficile, non ? Nous avions la chance d'avoir une fille avec laquelle nous pouvions passer de réels moments de partage et de complicité car malgré son âge, elle n'était pas le moins du monde turbulente. Alors pourquoi refuser de s'en occuper ? Qu'est ce qui pouvait paraître si difficile aux yeux d'Aaron ? Il ne comprenait pas que le simple fait de venir jouer avec Ambre l'après midi ou de l'emmener voir son bureau au QG l'aurait déjà rendue heureuse et aurait amplement suffit à remplir son rôle de parrain. Nous voulions seulement qu'elle grandisse avec lui et Mathilda, qu'elle leur fasse confiance, qu'elle les compte parmi ses proches... Pourquoi se poser tant de questions ? Les enfants n'étaient pas si compliqués, il suffisait d'être présent et de l'aimer : Une fois que cela était acquit, le plus dur était fait. Mais encore fallait-il qu'Aaron en ait envie, et en ait le temps... Alors que je regardais toujours Ambre, je finis par sentir de nouveau de regard sombre de Mathilda et relevai le mien vers elle : Grave erreur. Elle semblait encore bien plus furieuse qu'avant et me dévisageai avec colère, ce qui me fit pâlir. En une seconde, elle parvint à me faire de nouveau me sentir extrêmement mal à l'aise, si bien que je ne su plus très bien ce que j'étais entrain de dire à Aaron une seconde plus tôt et finis par reprendre avec une maladresse horrible, davantage concentré sur la raison de ce regard noir plutôt que sur les incertitudes d'Aaron.

" De toute façon, notre deuxième choix ne se portait pas sur Sean, mais sur Aristide... "

Oups ? Oui, et un gros "oups" même. A peine eus-je prononcé ces mots que je vis Samuel me faire les gros yeux tandis que Aaron et Mathilda me dévisageais, très visiblement choqués. J'aurais pu leur dire que notre deuxième choix était Ben Laden que ce n'aurait pas été pire... Il y eut un long silence avant que je ne me sente rougir, plus gêné que jamais, ne sachant absolument plus quoi dire. En y réfléchissant, j'aurais d'ailleurs mieux fait de me taire plutôt que de chercher à rattraper la situation, cela m'aurait sans doute évité d'empirer encore davantage les choses. Je me mis à bafouiller de nouveau :

" Enfin, je veux dire... C'est... Enfin, Aaron, tu ne vas pas laisser Aristide devenir son parrain, hein ? Tu peux pas permettre ça, hein ? C'est pas... C'est pas un exemple pour les enfants, et puis... C'est encore pire que Sean, hein ? Hein ? "

Je tentai un petit rire gêné, crispé, avant de croiser le regard de Samuel et de déglutir difficilement, perdant toute trace de sourire. J'allais me faire tuer... Oh oui, j'allais me faire littéralement tuer et le pire, c'est que je ne le méritais même pas : Samuel savait très bien que je n'avais rien contre Aristide. D'accord je n'étais pas très proche de lui, mais je n'avais jamais dit du mal de lui, jamais... Je n'avais simplement aucune raison de le faire puisqu' il ne m'avait jamais causé de tort, mais face aux visages d'Aaron et Mathilda, j'avoue que je m'étais laissé allé : J'avais simplement voulu adopter leur point de vue afin d'éviter qu'ils ne me sautent à la gorge, et finalement je n'avais fait qu'empirer les choses. Rouge comme une tomate, je finis par me lever d'un bond, ne supportant pas le regard de Sam, et balbutiai rapidement :

" Vous revoulez du café ? Moi je reveux du café. Y'en a plus. Je vais en refaire. Dans la...La cuisine ! Je vais à la cuisine ! "

Je partis presque en courant jusqu'à la cuisine, lâchant un profond soupir lorsque j'y fus enfin seul. Discuter avec Aaron et Mathilda dans la même pièce équivalait définitivement à marcher sur un nid de vipères.
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Aaron Thomas

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MessageSujet: Re: Can I have a word with you ? [Aaron T. ; Mathilda J. ; Samuel B.]   Can I have a word with you ? [Aaron T. ; Mathilda J. ; Samuel B.] Icon_minitimeSam 3 Aoû - 10:25

Bien sûr, tout aurait été tellement plus simple si je n'avais pas fait ma mauvaise tête, comme d'habitude. Tout aurait été plus simple si j'avais laissé glisser la remarque de Mathilda et si j'étais passé à autre chose rapidement. J'étais cependant bien incapable d'accomplir un tel prodige alors, j'avais répliqué mais son venin n'avait fait que devenir plus puissant encore et très vite, elle me cracha d'autres infamies au visage. Oui, je restais enfermé dans mon bureau mais pas pourquoi gribouiller avec des crayons de couleurs pendant qu'elle sauvait des vies. Ah oui, parce que Madame était un chirurgien elle valait mieux que tout le monde bien sûr et ça, elle n'hésitait pas à nous le faire ressentir à tous : indispensable Mathilda. Notre sauveuse à tous. Et puis quoi encore ? Bon, elle était dans le vrai mais j'étais trop buté et trop en colère pour m'en rendre compte. Il était clair que son métier était essentiel et que nous avions besoin d'elle mais en cet instant, ce n'était que de l’esbroufe pour moi et rien de plus. J'allais l'envoyer sur les roses quand elle détourna son regard de moi pour le poser sur Liam et Samuel. Je refermai aussitôt la bouche que je venais d'ouvrir pour lui rétorquer quelque chose et me renfrognai, particulièrement frustré de ne pas avoir pu lui répondre quoi que ce soit pour me défendre. Je me renfrognai un peu plus quand j'entendis Mathilda accepter d'être la marraine d'Ambre. Ah oui ? Comme ça ? J'aurais pourtant juré qu'elle n'aurait pas accepté... Elle avait beau être médecin, elle n'était pas un modèle de tendresse et de gentillesse alors, qu'allait-elle bien pouvoir apporter à Ambre ? Mathilda tendit ses bras vers Ambre et la petite n'hésita pas une seule seconde pour se glisser sur les genoux de celle qui était à présent sa marraine. J'observai le manège du coin de l'oeil, suspicieux quant à l'attitude de Mathilda qui affichait un air doux que je ne lui connaissais pas : était-elle tombée sous le charme de la petite comme moi ou jouait-elle un jeu ? Et si elle jouait un jeu, dans quel but ? Cela sembla en tout cas bien réel quand elle annonça qu'elle espérait pouvoir garder la petite de temps en temps à l'infirmerie et qu'elle aurait même un coin aménagé pour elle. Je ne pouvais malgré tout pas m'empêcher d'être septique. C'est peu après que le coup de grâce me fut donné. Alors qu'elle donnait son goûter à la petite, les mots sortirent de sa bouche avec un naturel déconcertant, comme si ça coulait de source : « Pour le parrain, je pense que Sean serait très heureux que vous lui proposiez. » J'eus un moment où tout sembla se stopper autour de moi : j'avais bien entendu ? Non, je devais avoir mal entendu... Pendant un dixième de seconde je me mis à espérer que j'avais tout simplement perdu la boule mais Mathilda ne s'arrêta pas là et les mots qu'elle prononça ensuite finirent de m'achever. « Nous sommes très proches. »

Nous... Sommes... Très... Proches...

Je fixai Mathilda avec des yeux écarquillés, sous le choc et quand le choc fut passé, je me sentis soudain accablé d'une tristesse sur laquelle je n'aurais même pas pu poser de mots tant c'était violent et douloureux. Je détournai le regard et me mis à fixer le vide, laissant ces quatre mots raisonner dans ma tête en écho sans plus s'arrêter : « Nous sommes très proches. » En fait, ces derniers mots avaient éclipsé tout le reste : d'ordinaire, j'aurais été horriblement vexé et en colère de l'entendre vanter les mérites de Sean et si elle n'avait pas ajouté qu'ils étaient proches, les choses auraient sans doute été dans ce sens mais là, j'avais sincèrement trop mal pour être en colère. Je détestais Sean même si techniquement ce gars là ne m'avait rien fait mais c'était comme ça : je n'avais pas confiance ni en lui, ni dans ses décisions et Mathilda venait de me prouver que j'avais raison de ne pas avoir confiance en lui. Comment aurais-je pu avoir confiance en un type qui n'hésitait pas à toucher à la femme d'un autre ? Bon... D'accord, Mathilda n'était pas femme, elle n'était même pas ma petite amie et même plus mon amante puisque j'avais mis fin à tout ceci de manière plutôt abrupte mais malgré tout je l'aimais comme un fou. Je ne l'aurais avoué à personne, surtout pas à elle et encore moins à Sean mais le fait était là : j'avais de réels sentiments pour elle. Alors oui, j'allais en sens contraire de mes sentiments (Bonjour Monsieur l'Inversé du Ciboulot) mais n'empêche que si Sean avait été un homme bien, il aurait éviter de poser ses sales mains sur Mathilda... « Proches »... J'avais bien compris ce qu'elle sous entendait pas « proches » et j'en avais presque la nausée. Était-ce cela qui m'attendait à présent ? Parce que je n'arrivais pas à accepter d'aimer une autre qu'Emma, parce que j'avais trop peur de l'avenir et de ce qu'une relation avec Mathilda risquait d'entraîner, j'étais condamné à la voir batifoler avec un des hommes que je détestais le plus dans cette ville ? C'était cruel et dur à encaisser. Je me sentais de plus en plus mal, me mettant à présent à voir des images dont je me serais bien passé quand je vis un mouvement à côté de moi. Doucement, je me tournai vers Mathilda et Ambre et me rendis compte que c'était la petite qui avait eu un petit geste vers moi : elle me tendait un cookie. La traduction arriva rapidement « Pourquoi t'es triste ? » Ah ça, pourquoi, c'était une longue et sacrée histoire...

J'avais mal au cœur (littéralement en plus des nausées) mais la douceur d'Ambre me fit beaucoup de bien et j'acceptai le cookie avant d'esquisser un sourire qui, je m'en doutais, devait transpirer la tristesse et non pas le bonheur. Je l'aurais bien remercié mais j'étais incapable de parler : j'avais trop peur que ma voix ne soit complètement éraillée et tremblante. Je gardai le cookie dans la main, n'ayant en fait pas du tout faim, quand Samuel prit la parole pour refuser l'offre de Mathilda. Je relevai aussitôt mon regard vers lui et je laissai échapper un petit soupir de soulagement avant de lui adresser un sourire franc, bien que toujours teinté de tristesse : avec les quelques mots qu'il avait prononcés, il m'avait fait beaucoup de bien. Entre la fille qui soulageait avec un simple cookie et l'un des papas qui soulageait avec quelques mots, il fallait croire que c'était de famille. Malheureusement, il y avait une contrepartie à ce soulagement : Samuel et Liam tenaient vraiment à ce que je sois le parrain d'Ambre et tout de suite, je me sentis de nouveau mal à l'aise. Si j'avais des doutes sur ce que Mathilda pouvait apporter à l'enfant, j'en avais encore plus sur ce que moi je pourrais bien pouvoir lui apporter. J'étais un véritable incapable... Samuel s'avança cependant jusqu'à moi avant de m'expliquer que lui non plus n'était pas très doué avec Ambre. Je fronçai doucement les sourcils, ne saisissant pas bien ses mots : comment ça il n'était pas doué ? Il avait l'air d'être tout sauf pas doué justement. Il s'empressa de m'expliquer qu'il avait des difficultés avec Ambre et qu'il apprenait petit à petit à s'occuper d'elle mais que ça n'empêchait pas l'enfant d'être heureuse. Je dois bien avouer que sur ce point il avait raison : Ambre semblait être une petite fille vraiment très, très heureuse dans sa nouvelle famille. Il était clair qu'elle n'était pas comme les autres mais est-ce que cela suffisait pour prendre le risque de me la confier ? Pour sûr que j'allais être un parrain différent des autres si j'acceptais mais génial, je n'aurais pas dit ça. Samuel semblait cependant persuadé que tout se passerait bien et il ne tarda pas à demander son avis à Liam. Je relevai alors mon regard rempli d'interrogations vers le second papa d'Ambre : était-il du même avis que son futur époux ? Apparemment, il semblait un peu ailleurs et en le regardant avec plus d'attention, je me rendis compte qu'il semblait mal à l'aise. Il ne me fallut pas longtemps pour comprendre pourquoi : j'eus un bref regard vers Mathilda et son regard à elle ne laissait rien présager de bon. Elle fusillait littéralement Liam du regard, n'appréciant sans doute pas que lui et Samuel refusent que Sean soit le parrain d'Ambre. Je reportai mon regard sur Liam, ne pouvant m'empêcher d'esquisser un petit sourire triomphant malgré la tristesse qui serrait toujours mon cœur. Eh oui, prends ça dans les dents. Ils me veulent moi, et pas ton amant de bas étage...

Liam finit par bredouiller quelques mots en confirmant qu'il voulait que ce soit moi le parrain mais la façon dont il prononça ces mots me fit douter et je perdis mon sourire triomphant : disait-il cela juste pour ne pas contrarier Samuel ou à l'inverse, était-il sincère mais complètement déstabilisé par l'attitude Mathilda envers lui ? La seconde solution me paraissait tout à fait probable tant Mathilda avait un regard assassin. Quand Liam parvint enfin à ignorer le regard de Mathilda, je le vis soudain plein d'assurance et quand il m'expliqua ce qu'il pensait réellement, je fus conforté dans mon idée qu'il était mal à l'aise à cause de Mathilda mais qu'il était sincère en ce qui me concernait : lui aussi voulait que ce soit moi et pas Sean. Encore un point de marqué pour moi et pas pour l'autre con. Oui, je comptais les points et alors ?! En plus, les mots de Liam me soulagèrent grandement quant au rôle que j'allais avoir vis à vis de la petite : si j'acceptais d'être son parrain, nous allions y aller progressivement et en douceur. Ils n'allaient pas me la laisser du jour au lendemain et allaient me laisser le temps dont j'aurais besoin pour prendre confiance en moi avant que je m'en occupe vraiment tout seul en dehors de leur foyer. C'était là des conditions qui me semblaient plus que raisonnables et doucement, l'idée d'accepter commença vraiment à germer. Non seulement Liam et Samuel voulaient vraiment de moi mais en plus, tout comme Mathilda avait voulu me faire mal en proposant Sean, ça allait profondément la contrarier d'être obligée de faire équipe avec moi quand il s'agirait d'Ambre et l'idée n'était pas déplaisante. Tout le monde serait content, sauf elle, mais ce n'était pas bien grave puisqu'elle pourrait aller se consoler dans les bras de son petit Sean chéri. Mon regard se posa sur Ambre (je pris soin de ne pas regarder Mathilda) et en voyant la petite savourer son goûter, je décidai de manger le cookie qu'elle m'avait si gentiment donné. Je croquai un bon morceau avant de commencer à mâcher quand Liam reprit la parole « De toute façon, notre deuxième choix ne se portait pas sur Sean, mais sur Aristide... » Je manquai de m'étouffer et dus faire un effort pour réussir à finir de mâcher mes morceaux de cookies et les avaler sans m'étrangler. Quand ce fut fait, je relevai mon regard sur Liam, un regard choqué mais surtout un regard empreint d'une colère noire.

Comment avaient-ils pu, tous les deux, ne serait-ce qu'un instant, songer à confier Ambre à ce sale type qui était encore bien pire que Sean ?

Je n'en revenais pas qu'ils aient pu avoir une telle idée. Ce type était une ordure, il était détesté par bon nombres de personnes et il y avait de quoi car on ne pouvait pas faire pire : il avait trahi celui qui avait accepté de l'avoir sous son toit et cette trahison avait eu des conséquences désastreuses et pas seulement pour ce triangle amoureux qui avait fini par imploser. Ça avait eu des conséquences sur nous tous et jamais, jamais je n'aurais pu pardonner à Aristide. Je savais que lui et Samuel étaient amis et ça ne me regardait pas puisque Samuel faisait ce qu'il voulait et après tout, chacun pouvait penser ce qu'il lui plaisait, mais Aristide n'était pas un homme digne de confiance. Certes, apparemment, il n'était pas un mauvais père car il semblait bien s'occuper de son fils (qu'il avait quand même eu avec une fille qu'il considérait comme une petite sœur...) et de la fille d'Alexander et Gabrielle quand elle n'était pas avec son père mais ça ne changeait rien au problème : on ne pouvait pas songer à lui pour être le parrain d'Ambre. Liam sembla réaliser qu'il aurait mieux fait de se taire et il ne tarda pas à tout faire pour se rattraper, sauf que ce fut un échec cuisant : pour la deuxième fois, il aurait mieux fait de se taire. Il s'adressa directement à moi en me disant que je ne pouvais pas laisser Aristide devenir le parrain d'Ambre car ce n'était pas un exemple pour les enfants et que c'était encore pire que Sean. Oui, certes, dans le fond, il avait raison, les mots étaient justes mais la façon dont il les avait dit l'était beaucoup, beaucoup moins. En plus, ce fut au tour de Samuel de foudroyer Liam du regard et pour cause : il venait, juste devant lui, de dénigrer son meilleur ami. Personnellement, j'aurais également très mal pris la chose. Le visage de Liam avait à présent une couleur rouge tomate et il se leva d'un bond avant de demander si nous voulions reprendre du café et je haussai les sourcils : c'était, je crois, la pire tentative de détourner une conversation que j'avais jamais vue. En un instant, il fila à la cuisine et si la situation n'était pas aussi électrique et tendue, j'aurais pu en rire. Samuel observa l'entrée de la cuisine avant de se tourner vers nous et d'avoir un sourire d'excuse avant de s'éclipser à son tour : il avait deux mots à dire à Liam, ça ne faisait aucun doute. Je l'observai s'éloigner et soudain, je me figeai en réalisant que j'étais à présent seul avec Mathilda et Ambre.

Hésitation. Devais-je les ignorer ou devais-je faire un effort ? Je soupirai avant de prendre ma décision et pas seulement sur le fait de devoir faire un effort. Liam avait eu des mots maladroits mais pourtant très justes : je ne voulais ni de Sean, ni d'Aristide dans la vie de cette petite et j'avais beau avoir des défauts, je valais mieux que ces deux types. J'étais bourru, asocial, mais je n'étais pas un mauvais bougre. De plus, Liam et Samuel étaient confiants et pensaient sincèrement qu'avec du temps j'allais réussir à m'occuper de la petite correctement. Quant à l'aimer, inutile de tourner autour du pot : je l'aimais déjà cette gamine. Je me tournai donc vers elle, ignorant au début Mathilda. L'enfant observait l'entrée de la cuisine avec intérêt, attendant sans doute avec impatience que ses deux papas reviennent mais quand elle remarqua que je la regardais, elle releva son regard noisette vers moi et m'adressa un sourire radieux auquel je ne pus que répondre avec sincérité : cela devait être le premier sourire sincère que j'affichais depuis des lustres.

« Merci pour le cookie », finis-je par dire en prenant soin de très bien articuler pour qu'elle puisse lire sur mes lèvres. Aussitôt, elle m'en tendis un deuxième que je refusais d'un petit signe de la tête. « Non merci, ils sont pour toi ceux-là. » Il n'en fallut pas plus à l'enfant pour qu'elle se mette à manger de nouveau. Je portais d'ailleurs le reste du gâteau qu'elle m'avait donné à la bouche pour le terminer.

Comprenant que je ne pouvais pas continuer à faire comme si Mathilda n'était pas là, je finis par relever mon regard vers elle et aussitôt, mon sourire disparut : elle était d'une humeur massacrante et si elle avait pu m'écorcher vif rien qu'en me regardant, j'aurais déjà mordu la poussière. Je soupirai avant de m'adosser contre le canapé, ne cessant pas pour autant de la regarder. J'essayais d'être neutre mais il n'était pas impossible que mes sentiments soient visibles en cet instant dans mon regard. Je ne me posai cependant pas la question.

« Il va falloir t'habituer à ma présence parce que j'ai bien l'intention d'accepter. »

La chose à ne pas dire puisque je vis son regard brûler d'une colère noire. Elle ne pouvait cependant pas totalement se laisser aller puisque la petite était sur ses genoux : c'était sans doute une bonne chose car une partie de moi était persuadée que si Ambre n'avait pas été là, Mathilda m'aurait sauté dessus pour m'arracher les yeux.

« Sois rassurée, j'aurais préféré moi aussi qu'ils choisissent quelqu'un d'autre pour être la marraine mais comme ils t'ont choisie, toi, je vais devoir faire avec. Alors, toi aussi, tu vas devoir faire avec. »

Mais que c'était là un énorme mensonge. Une autre qu'elle ? Bien sûr que non mais je me refusais à m'avouer que ça me faisait plaisir alors lui avouer à elle ou à quelqu'un d'autre... Et de nulle part, la proposition de choisir Sean comme parrain revint dans ma tête, accompagnée par ces mots terribles qui allaient me faire faire des cauchemars un moment. Je finis par détourner le regard, craignant qu'elle puisse y lire l'ombre soudaine de la colère et de la tristesse qui venaient de refaire leur apparition.

« Tu vas devoir faire sans Sean, c'est con ça... » dis-je les dents et la mâchoire serrées. J'en serrai même les poings : si le cookie avait encore été dans ma main, il aurait terminé en miettes. « Mais je ne doute pas que vous trouverez d'autres moyens de passer du temps ensemble... » ajoutai-je avec aigreur et dégoût.

Ah ça oui, ils n'allaient avoir aucun problème pour se trouver des occupations ces deux-là... Le mieux était sans doute que j'essaye de ne pas y penser mais c'était plus facile à dire qu'à faire : je n'arrivais plus à penser à autre chose si bien que les images horribles dont je me serais bien passé revinrent me hanter. Je sentis la petite main d'Ambre se poser sur la mienne et je glissai doucement mon regard (pour le moins perturbé sans doute) vers elle. Elle s'exprima à sa façon mais n'y connaissant rien, je lui adressai malgré tout un sourire d'excuse avant de relever mon regard vers Mathilda.

« Est-ce que tu as compris toi ? »

Oui, peut-être qu'elle parlait le langage des signes et que je ne le savais pas. Après tout, ce n'était pas de moi dont elle était très proche donc, ce n'était pas avoir moi qu'elle partageait ce genre d'informations...
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Mathilda Johnson

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MessageSujet: Re: Can I have a word with you ? [Aaron T. ; Mathilda J. ; Samuel B.]   Can I have a word with you ? [Aaron T. ; Mathilda J. ; Samuel B.] Icon_minitimeVen 9 Aoû - 14:01

A ce stade, on pourrait carrément dire que je jubilais intérieurement en imaginant la tête qu’Aaron pouvait bien faire, ainsi que la colère qui devait très probablement monter en lui. Certes s’agissait-il de provocation gratuite, mais entre Aaron et moi tous les coups étaient permis depuis qu’il m’avait rejeté comme un vulgaire mouchoir usagé. Il avait déclaré la guerre, à lui d’en assumer maintenant les conséquences. J’espérais sincèrement que Samuel et Liam accepteraient ma proposition et décident de faire de Sean le parrain d’Ambre : C’aurait été là un des plus beaux coups jamais porté à Aaron. Je l’observai d’un œil froid prendre le cookie qu’Ambre lui tendait tout en refoulant le flot de critiques qui affluaient jusqu’à ma bouche ; Les gâteaux et autres douceurs n’étaient-elles pas réservées aux enfants ? N’était-ce pas là une décision prise par les leaders pour parer aux manques de nourriture ? Quel bel exemple venant justement de l’un des leaders que de voler son goûter à une enfant ! Aaron n’était définitivement pas un exemple pour elle. Je reportai rapidement mon regard sur Samuel, attendant de savoir si oui ou non j’avais gagné cette bataille contre Aaron avant de me raidir toute entière en écoutant la réponse. Ils avaient choisi Aaron, voulaient Aaron ? Mais bon sang, qui aurait bien pu s’accrocher à ce point à un crétin comme Aaron ? Je me retins de lever les yeux au ciel lorsque je vis Samuel s’avancer vers lui, n’écoutant même pas ce qu’ils pouvaient se dire. Tout ceci était au comble du ridicule. Fallait-il donc supplier Monsieur Aaron pour qu’il daigne accepter une marque d’amitié et de confiance ? Mais laissez le pourrir au fond de son bureau, bon sang ! C’est tout ce qu’il mérite ! J’avais envie de hurler mais contins ma rage, me contentant de serrer les dents tandis que je sentais chaque muscle de mon corps se contracter au point de m’en faire mal. Mon regard se posa sur Samuel qui m’ignora superbement : Parfait. Vraiment parfait. Ils voulaient jouer ? Très bien, j’allais jouer. Certaines personnes avaient trop facilement tendance à oublier qu’on ne contrarie pas Mathilda Johnson.

Mon regard se posa donc sur Liam : Une proie bien facile. J’imaginais à quel point ce regard devait être froid et dur en voyant le visage de Liam se décomposer au fil des secondes ainsi que son comportement qui révélait très facilement à quel point il pouvait se sentir mal à l’aise. Tellement mal à l’aise qu’il allait finir par me donner ce que je voulais sans rechigner… Oh, je connaissais bien Liam : Il ne supportait pas la pression, de même qu’il ne supportait pas les conflits. Le fusiller du regard allait donc immanquablement finir par le faire craquer. C’était du moins ce dont j’étais persuadée lorsque, subitement, Samuel se tourna vers lui pour lui demander de l’appuyer. Aussitôt, le lien fut rompu, Liam parvint à détourner le regard et je perdis donc toute influence sur lui. Non pas que je me pensais télépathe, mais j’avais bien vu que ce regard atrocement froid lui faisait perdre tous ses moyens et lui donnait envie de mettre fin à la torture le plus rapidement possible. Seulement là, c’était Samuel qui y avait mis fin. Je retins un nouveau soupir, sentant la colère s’intensifier en moi au fur et à mesure des secondes. Je n’y comprenais décidemment rien : Qui préfèrerait Aaron à Sean ? C’était totalement insensé. Néanmoins, je ne pouvais de toute évidence que m’avouer vaincue face aux flots d’arguments que Samuel et Liam donnaient à Aaron afin qu’il accepte. Ils le voulaient lui, point final. J’étais donc dans une impasse. Mon seul espoir demeurait qu’Aaron s’obstine à refuser et alors, Sam et Liam n’auraient plus le choix : Ils seraient obligés de demander à quelqu’un d’autre, même si ce ne serait de toute évidence pas à Sean. Mais qui alors ? Je n’allais pas tarder à le découvrir et cette nouvelle risquait de me rendre encore plus furieuse… A peine Liam eut-il reposer son regard sur moi que je le vis pâlir, sans doute sous l’effet de la colère qui se dégageait de moi, avant qu’il ne se mette à bafouiller maladroitement que leur second choix se portait sur… Aristide. Je sursautai presque, toute la colère laissant place à l’incompréhension et la surprise tandis que j’écarquillai les yeux : Aristide ? Etait-ce une plaisanterie ? Pensaient-ils vraiment que j’allais tolérer ça ?

D’accord, je savais qu’Aristide faisait partie des amis de Samuel et avais déjà supporté sa présence pour faire plaisir à Sam et Giulio, mais de là à accepter d’être la marraine d’Ambre si lui en était le parrain ? Pas question ! Je ne pouvais pas le supporter, et encore moins depuis que je devais accepter la présence permanente de sa crétine de sœur avec moi à l’infirmerie. Cet homme m’horripilait et je n’avais absolument aucune envie de faire le moindre effort. Même Aaron valait mieux que ce coureur de jupons puisqu’au moins lui avait toujours défendu Alexander tout comme je l’avais fait. Liam se rendit soudainement compte de la bourde qu’il avait fait puisqu’il se mit à rougir avant de tenter de récupérer la situation en s’adressant directement à Aaron. Dire qu’Aristide n’était pas un exemple pour les enfants n’était qu’un euphémisme… Cependant, et même si Liam avait raison dans le fond, ces mots ne parvinrent pas à mettre fin au malaise qui s’était installé à l’annonce du choix d’Aristide comme parrain, bien au contraire. La manière dont Liam avait amené la chose puis tenté de la rattraper ne permettait pas de passer si facilement à autre chose, surtout pour moi : Je refusais catégoriquement de devoir faire équipe avec Aristide concernant Ambre. Déjà que je n’avais même pas envie d’être sa marraine, alors si en plus je devais compter avec l’autre imbécile… Non, dans ce cas là ils auraient à se trouver une autre marraine également, chose que j’aurais voulu leur dire immédiatement, sauf que Liam ne m’en laissa absolument pas le temps : Il finit par se lever d’un bond avant de courir jusqu’à la cuisine en prétendant aller chercher du café alors qu’il y en avait encore sur la table. Je me tournai alors vers Samuel, mais ce dernier suivit rapidement Liam dans la cuisine sans que je ne puisse dire quoi que ce soit. Cette fois je soupirai pour de bon : Soit. J’allais attendre qu’ils reviennent, puis j’allais me dérober en leur conseillant de trouver une marraine qui acceptera de jouer en duo avec ce crétin d’Aristide.

J’étais tendue, non seulement parce que j’étais contrariée mais surtout parce qu’à présent je me retrouvais presque seule avec Aaron. Or, c’était justement ce que je cherchais à éviter depuis un certain temps. Je me mis alors à regarder droit devant moi, l’ignorant du mieux que je pouvais tout en espérant que Samuel et Liam allaient se dépêcher de revenir. Aussitôt fait, je leur annoncerais que je ne voulais pas être la marraine d’Ambre à cause d’Aristide et m’en irais sur le champ. Je sentis Aaron se tourner vers Ambre mais n’effectuai pas un geste, fixant toujours le mur droit devant moi sans bouger ne serait-ce que d’un cil. De même, je ne prêtai aucune attention à ce qu’il dit à l’enfant, l’ignorant encore et toujours de toutes mes forces. Cependant, l’ignorer devint plus difficile lorsque je finis par sentir son regard sur moi alors qu’il m’observait de toute évidence avec attention, puis totalement impossible : « Il va falloir t’habituer à ma présence parce que j’ai bien l’intention d’accepter ». Je posai aussitôt mon regard sur lui, un regard qui brillait sans doute de colère mais je m’en moquais éperdument. S’il acceptait, non seulement j’aurais définitivement perdu, mais en plus je n’aurais plus la moindre bonne excuse pour revenir sur mon choix d’être la marraine d’Ambre. J’étais coincée, encore une fois. Cependant, la colère s’estompa légèrement lorsque Aaron reprit en m’annonçant qu’il aurait lui aussi souhaité une autre personne pour la marraine mais qu’il allait devoir faire avec tout comme moi. Je dois bien avouer que ces mots me serrèrent le cœur : Il me détestait tellement… Certes n’étais-je pas un amour avec lui non plus, mais à qui la faute ? Qui avait rejeté l’autre ? Pourquoi étais-je si en colère contre lui ? Je lui en voulais pour avoir fissuré ma carapace sans la moindre difficulté avant de m’abandonner… Oui, il avait réussi à refaire battre mon cœur mort, et ce contre mon gré, avant de me laisser de côté et à présent, il m’annonçait très clairement qu’il aurait préféré passer du temps avec n’importe qui d’autre au monde que moi. Etais-je donc si repoussante ? Qu’avais-je bien pu faire pour mériter un tel mépris ? Je ne dis cependant rien, ne laissant rien paraître tandis que je l’observais avec froideur. Avoir mal pour lui était déjà une chose que je ne supportais pas, alors le lui montrer en plus… C’était tout simplement hors de question.

Ce qui vint ensuite détourna cependant bien rapidement mes pensées de cette soudaine tristesse. Faire sans Sean ? D’autres moyens de passer du temps ensemble ? J’arquai un sourcil, ne comprenant pas réellement où Aaron voulait en venir. Pourquoi Diable aurais-je dû vouloir passer du temps avec Sean ? Certes je l’appréciais, mais de là à insinuer des choses ? Et d’ailleurs, quel genre de choses ? Est-ce que Aaron pensait que Sean et moi… ? Mon regard ne le quitta pas tandis qu’il serrait les poings, de toute évidence en colère. Mais finalement, je n’y comprenais pas grand-chose. Même en admettant que Sean et moi soyons amants, je ne voyais pas vraiment ce que cela pouvait faire à Aaron. Et finalement, je n’eus pas réellement le temps de me poser davantage de questions, voyant du coin de l’œil Ambre faire des signes afin de communiquer. Mon regard ne se détachait ceci dit toujours pas d’Aaron tant j’aurais voulu comprendre ce qui lui traversait l’esprit. Aaron qui releva alors son regard vers moi en me demandant si j’avais compris ce que Ambre venait de dire, question à laquelle je ne répondis pas. Pourquoi Diable aurais-je compris le langage des signes ? Question stupide, réponse inexistante, en tout cas de ma part. Non, à la place je me contentai de continuer à le regarder, sans froideur certes, mais tout de même avec insistance. Puis, au bout de quelques secondes, je décidai de mettre fin à son air complètement perdu face à mon silence. J’esquissai un léger sourire.

« Désolée, tu disais ? J’étais un peu ailleurs… Je me demandais seulement quelle partie de ton corps j’aurais découpé en premier si je t’avais eu allongé sur une table d’opération… »

Je marquai une légère pause avant d’esquisser un sourire plus large.

« Je crois que j’aurais commencé par enlever le superflu… A quoi bon te laisser cette partie là puisque de toute façon tu ne sais pas t’en servir ? »

Sourire poli complètement faux et ironique. Certes étais-je un peu glauque, mais après tout Ambre n’entendait pas, et était bien trop petite pour comprendre où je pouvais vouloir en venir… Quoi qu’il en soit, je savourai quelques instants la tête que fit Aaron avant qu’il ne me redemande si j’avais compris Ambre d’une voix sèche et en serrant les dents : Pas de répartie, alors ? Oh, tant pis. J’étais légèrement déçue de son self contrôle mais ne perdit cependant pas mon sourire, me penchant alors vers Ambre qui nous regardait d’un air interrogateur, ne comprenant sans doute pas pourquoi personne ne lui répondait. D’un geste, je la priai de répéter tout en sachant que je n’allais de toute façon rien y comprendre. Cela ne m’empêcha cependant pas d’afficher un air entendu avant de relever la tête avec Aaron.

« Oh, oui j’ai compris. »

Face à son air surpris, je traduisis avec ce même sourire faux :

« Elle se plaint d’avoir écopé du parrain le plus pitoyable au monde et demande la permission de se suicider maintenant afin de ne pas avoir à te supporter toute sa vie. »

Sourire plus large.

« Que dois-je répondre ? »

On pourra concidérer qu'il s'agissait là de ma petite vengeance pour avoir accepté d'être le parrain d'Ambre. En attendant, voyons voir jusqu’où va ton self contrôle, mon cher Aaron.
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Samuel Brimstone
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MessageSujet: Re: Can I have a word with you ? [Aaron T. ; Mathilda J. ; Samuel B.]   Can I have a word with you ? [Aaron T. ; Mathilda J. ; Samuel B.] Icon_minitimeMer 14 Aoû - 15:08

Il ne me manquait plus que l’appui de Liam pour qu’Aaron soit définitivement convaincu. Pour que cela fonctionne, Liam n’avait qu’un seul mot à dire (ou quelques-uns) mais Aaron aurait vite fait d’être convaincu, j’en étais certain. Une certitude qui se fana quelque peu quand je vis que Liam semblait complètement ailleurs, limite à ne pas écouter ce que j’étais en train de dire qui avait pourtant son importance : j’étais en train d’essayer de mettre toutes les chances de notre côté pour qu’Aaron devienne le parrain d’Ambre. En attendant Liam balbutier quelques mots, mon visage se décomposa lentement, ne trouvant pas du tout là-dedans le soutien dont j’avais besoin pour convaincre Aaron. Mon fiancé ne me regardait même plus il semblait complètement absorbé par autre chose… Je détournai le regard et suivis là où les yeux de Liam s’étaient fixés et m’aperçus rapidement qu’il était figé à cause de Mathilda et pour cause : cette dernière était littéralement en train de fusiller mon homme du regard. Je détournai rapidement mon regard en me mordant l’intérieur de la bouche : elle était infecte… J’adorais Mathilda, je l’adorais, mais agir de cette façon tout ça parce que nous avions choisi Aaron et parce que nous ne voulions pas de Sean… Si elle avait voulu s’en prendre à quelqu’un elle aurait pu s’en prendre à moi au lieu de mettre Liam mal à l’aise de cette façon…  Cependant, il finit par reprendre du poil de la bête et je relevai mon regard vers lui en esquissant un sourire quand je l’entendis parler à Aaron avec beaucoup plus d’assurance, lui assurant qu’il pourrait y aller à son rythme et qu’il n’aurait pas à s’occuper de la petite du jour au lendemain. Mon sourire se fit de plus en plus large en entendant Liam expliquer à Aaron avec un calme olympien que tout serait fait pour qu’il puisse prendre ses marques tranquillement, sans aucune pression. Ce fut finalement un sourire victorieux qui étira mes lèvres quand je reportai mon attention sur Aaron : si après ça, il refusait d’être le parrain d’Ambre, je n’y comprendrais plus rien. Il se passa quelques instants sans que personne n’ajoute quoi que ce soit mais je vis du coin de l’œil le regard sombre de Mathilda s’intensifier : elle n’avait visiblement pas aimé que Liam dise tout ceci à Aaron mais il faudrait bien qu’elle s’y fasse puisqu’Aaron allait devenir le parrain d’Ambre, j’en étais à présent certain.

" De toute façon, notre deuxième choix ne se portait pas sur Sean, mais sur Aristide... "

Mon sourire disparut un moins d’une seconde et je crispai la mâchoire avant de relever mon regard vers Liam et de froncer les sourcils. Il ne venait pas de dire une chose pareille… Il n’avait pas pu faire une telle bourde, c’était impossible. J’avais dû rêver, imaginer la scène… Malheureusement, vu sa tête et vu les mines déconfites d’Aaron et Mathilda quand je me retournai vers eux, je compris que je n’avais en rien rêvé : Liam venait bel et bien de dire ce qu’il y avait de pire à dire dans les circonstances actuelles. J’observais Aaron et Mathilda, m’attendant à une véritable explosion de reproches et de noms d’oiseaux. Ils détestaient Aristide. C’était une véritable haine farouche qu’ils portaient tous les deux à l’encontre de mon meilleur ami et c’était d’ailleurs pour cela que Liam avait refusé qu’Aristide soit le parrain d’Ambre. Il savait que Mathilda le détestait et il ne voulait pas d’un tel climat autour d’Ambre. Pour le coup, lui qui avait voulu du climat calme et sans complications, c’était loupé. C’était même carrément loupé. Mathilda et Aaron étaient profondément choqués de savoir que nous avions songé à Aristide. Personnellement, je ne voyais pas en quoi c’était si choquant : Aristide avait beau avoir mauvaise réputation, c’était un homme bien et un bon père alors il aurait fait un excellent parrain. Malheureusement, je ne pouvais pas défaire le passé, je ne pouvais pas effacer leurs désaccords et la haine qu’ils lui portaient. Je ne pouvais pas la comprendre mais je devais la tolérer, je n’avais pas le choix. Il y avait cependant un grand pas entre tolérer ce qu’ils pouvaient ressentir à l’égard d’Aristide et aller dans leur sens, une chose que je n’avais pas l’intention de faire. Liam, cependant, semblait tout à fait prêt à aller dans leur sens et à dénigrer Aristide si bien que quand il rouvrit la bouche et commença à littéralement planter un couteau dans le dos de mon meilleur ami, je relevai un regard brûlant de rage vers lui : comment osait-il dire des choses pareilles ? Qu’il puisse être désarmé par l’attitude de Mathilda et d’Aaron, ça, je pouvais le comprendre, mais de là à traiter Aristide avec la même haine qu’eux… De là à oser dire qu’il n’était pas un exemple pour les enfants, que c’était pire que Sean (qui lui, le pauvre, n’avait rien demandé…), c’était vraiment horrible. Et puis ce n’était vraiment pas le meilleur argument pour convaincre Aaron : « Soit le parrain d’Ambre sinon ce sera ce séducteur et briseur de ménages d’Aristide ». Voilà ce que mon futur époux venait en fait de dire et ça me rendait malade…

Il y eut un nouveau silence pendant lequel Liam devint rouge comme une tomate. Puis, finalement, il trouva la pire excuse du monde pour se tirer vite fait bien fait : du café. Monsieur voulait du café. Monsieur voulait surtout prendre ses jambes à son cou oui… Il quitta la pièce en l’espace de quelques secondes. Je restai un moment sans bouger, hésitant : soit je restais là à essayer de rattraper le coup, soit j’allais lui dire ce que je pensais de sa façon de casser du sucre sur le dos de mon meilleur ami juste pour éviter de devoir affronter Aaron et Mathilda. Finalement, j’optai pour la seconde solution : déjà, je refusais de faire comme si cela ne m’avait rien fait, de plus, c’était le moment ou jamais de laisser Aaron réfléchir. Quand je reportai mon regard vers eux, j’hésitai alors à emmener Ambre avec moi mais me ravisai : après tout, c’était le meilleur moyen de savoir si ces deux-là pouvaient mettre leurs différents de côté pour s’occuper ensemble de notre fille. Je m’excusai donc auprès d’eux et eus un regard tendre pour ma fille avant de me tourner et de rouler jusqu’à la cuisine. J’y trouvai un Liam se tenant de dos, les mains accrochées à l’évier. J’étais sûr et certain qu’il m’avait entendu mais il ne se retourna pas et je savais très bien pourquoi : il craignait la suite, il craignait mes mots, mon attitude… Il craignait la confrontation mais même s’il la craignait, il n’allait pas y échapper. Il était hors de question que je laisse passer ça.

« Liam… » Grondai-je sombrement, son prénom sifflant presque entre mes dents.

Il resta de dos : très bien. Qu’il me regarde ou pas, ça ne m’empêcherait pas de lui voler dans les plumes. Je m’avançai un peu plus histoire de ne pas avoir à monter la voix : je ne tenais pas à ce que Mathilda, Aaron ou Ambre nous entendent.

« Qu’est-ce qui t’a pris ?! Je sais que Mathilda est infecte là, je sais que la tension est à couper au couteau mais de là à parler comme ça d’Aristide… C’est mon meilleur ami et toi, tu te le traites comme ça ? Juste pour éviter de devoir les affronter ? C’est facile non ? On a encore le droit d’avoir nos opinions ! »

Clairement oui : nous avions le droit d’apprécier Aristide. Nous n’étions pas obligés d’aller dans leur sens bon sang !

« En plus, je sais très bien que tu ne penses pas un traitre mot de ce que tu as dit mais tu l’as dit et c’est franchement horrible pour Aristide : il ne mérite pas ça ! Alors j’espère que tu vas te reprendre et arrêter de paniquer comme ça : Tu ne… »

Je me stoppai cependant dans ma phrase, voyant enfin Liam s’agiter mais non pas pour se tourner vers moi, s’excuser ou que sais-je d’autre, non. Je le vis se baisser et commencer à ouvrir les placards, balançant ce qu’il y avait à l’intérieur. Son attitude n’était cependant pas agressive, elle était nerveuse, très nerveuse, et il ne balançait pas les affaires parce qu’il était en colère : il cherchait quelque chose, même un simple d’esprit l’aurait compris. Et, non seulement je n’étais pas un simple d’esprit mais en plus je connaissais très bien l’homme que j’aimais : c’était de l’alcool qu’il cherchait là. Il ne s’en était sorti que depuis quelques mois mais la maladie était toujours là, prête à le prendre par surprise et dans des moments de trop gros stress, il pouvait avoir envie… Non, il pouvait avoir besoin d’un verre d’alcool et dans un moment comme ça, il n’était pas capable de réfléchir correctement : c’était le manque qui parlait, et rien d’autre. Mon cœur se serra en le voyant s’activer de la sorte : j’avais mal de le voir comme ça et je m’en voulus aussitôt de m’être emporté.

« Liam… » Murmurai-je tout bas mais il m’écouta pas ou, plutôt, il ne m’entendit pas.

Je soupirai avant de m’avancer jusqu’à lui mais il bougeait tellement vite que ce ne fut pas simple. Je profitai d’un moment où il se tournai pour ouvrir un autre placard pour me redresser autant que possible et me pencher en avant pour attraper ses poignets avec force. Il résista d’abord en prenant soin d’éviter mon regard mais il était hors de question que je le laisse faire.

« Liam, ça suffit maintenant. Stop ! » Ajoutai-je avec plus de fermeté sans pour autant être froid, bien au contraire. J'avais été trop loin et il avait besoin d'être rassuré, non pas d'être accablé. « Je suis désolé mon amour. Tu m’écoutes ? Je suis désolé de m’être emporté. »
Il fallut quelques instants pour qu’il daigne enfin poser son regard sur moi et la détresse que je vis à l’intérieur me serra encore plus le cœur. Je lâchai doucement ses poignets et posai mes mains sur ses joues dans un geste tendre avant de lui adresser un sourire rempli de douceur.

« J’ai été blessé par ce que tu as dit parce que j’adore Aristide mais j’aurais pu y mettre les formes… Pardon. Je sais qu’elle te stresse… »

Et là, il savait très bien de qui je parlais et son expression me confirma qu’en fait, Mathilda le pétrifiait et il y avait de quoi.

«  Tu n’as qu’à essayer de faire comme moi : tu l’ignores. Elle finira bien par se calmer. »

Peut-être n’y arriverait-il pas mais il pouvait au moins essayer et de toute façon, il ne serait pas seul : au prochain regard de travers de Mathilda vers Liam, j’allais mettre les pieds dans le plat et d’ailleurs, mieux valait que je prévienne mon amour.

« Le prochain regard de travers qu’elle te lance, je m’en mêle : hors de question qu’elle joue au tyran redoutable avec toi. »

En parlant du tyran redoutable… Je réalisai soudain que nous n’entendions plus rien et je tournai la tête vers le salon, tendant l’oreille histoire de m’assurer que la troisième guerre mondiale ne se poursuivait pas à quelques pas de nous. Liam murmura mon prénom et je me retournai vers lui : il m’observa un instant avant de demander, non sans une certaine détresse dans sa voix, si j’avais osé laisser Ambre avec eux. J’esquissai un petit sourire maladroit.

« Bah… Oui… En même temps, faut bien tester non ? On va vite voir si ça… Colle ou pas… »

Cependant, en prononçant ces mots, j’eus soudain peur : c’était peut-être prémédité et complètement dingue. Ce fut Liam qui s’avança le premier à pas de loup jusqu’à l’entrée de la cuisine. Je le suivis et me penchai légèrement pour pouvoir voir Aaron, Mathilda et notre petite puce de là où nous nous trouvions. Ambre allait bien même si elle donnait l’impression d’attendre quelque chose. Mathilda fixait sombrement Aaron et ce dernier était complètement fermé mais au moins, ils ne s’étaient pas écorchés vifs. Je posai ma main sur le poignet de Liam, caressant doucement sa peau avant de murmurer tout bas.

« Ils ont survécu… »

Je fus tout à coup pris d’une envie de rire et fis un effort considérable pour me retenir car je venais de réaliser que nous les avions mis au pied du mur alors que…

« Ils ne parlent pas le langage des signes… Elle a dû leur dire quelque chose, tu ne crois pas ? »

Parce que vu la façon dont notre fille regardait son parrain et sa marraine (oui, pour moi c’était acquis), elle leur avait vraisemblablement dit quelque chose et elle n’avait toujours pas eu de réponse.

« On fait quoi ? On les laisse se débrouiller encore un peu ou on arrête l’expérience là pour le moment ? »

Je relevai mon regard vers Liam, cherchant une réponse auprès de mon futur époux, de celui qui était également le père d’Ambre et qui, malgré sa maladresse, malgré sa peur de Mathilda (une peur justifiée) avait bien sûr son mot à dire concernant les décisions qui touchaient Ambre de près comme de loin. J’espérais vraiment qu’il allait être capable de mettre ce bref instant de tension qu’il y avait eu entre nous de côté. J’espérais surtout que son envie soudaine de trouver de l’alcool lui était véritablement passée. Je cherchais la réponse dans ses yeux, espérant la trouver vite car, sous mes airs détendus, j’avais peur : peur qu’il aille mal, peur qu’il souffre, peur qu’il ne rechute… Si ça devait arriver, je serais là pour lui, à chaque moment, à chaque étape car tout ce que je voulais c’était son bonheur.
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Liam Marsden
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MessageSujet: Re: Can I have a word with you ? [Aaron T. ; Mathilda J. ; Samuel B.]   Can I have a word with you ? [Aaron T. ; Mathilda J. ; Samuel B.] Icon_minitimeJeu 19 Sep - 15:30

Certes faisais-je preuve d'énormément de lâcheté en fuyant ainsi une situation conflictuelle que j'avais moi-même crée, mais en même temps, je ne me sentais absolument pas capable de supporter ce climat de tension ne serait-ce qu'une seconde de plus. Non seulement Aaron et Mathilda me fusillaient tout deux du regard, mais j'avais en plus réussi à m'attirer les foudres de Samuel. Seigneur... Dans quel pétrin t'es-tu encore fourré, Liam ? Oh, j'allais passer un sale quart d'heure, c'était certain, mais si je pouvais ne serait-ce que gagner quelques minutes de paix avant de devoir retourner affronter tout ces regards... J'eus un soupir, mes mains s'accrochant à l'évier de la cuisine tandis que je me forçai à inspirer et expirer profondément, tâchant de faire retomber la pression. C'était cependant bien trop difficile : Je ne parvenais tout simplement pas à me détacher du regard terrible de Mathilda qui allait, j'en étais persuadé, m'attaquer de nouveau dès que j'aurais franchis la porte du salon. Cette femme était décidemment pire qu'un énorme bloc de glace... Quant à Sam, je savais qu'il n'allait pas se montrer beaucoup plus chaleureux à mon égard. La manière dont j'avais, sans réellement le vouloir, descendu Aristide risquait de me valoir une énorme dispute. Et quelle excuse allais-je pouvoir lui fournir, si ce n'est que le regard de Mathilda m'avait tout simplement fait perdre tous mes moyens ? Rien, rien du tout... Je n'avais aucune autre excuse et, malheureusement, je connaissais suffisamment Samuel pour savoir que cela ne suffirait pas. S'il y avait bien une chose à laquelle il était attaché, c'était sa liberté de pensée, et me voir vendre la mienne seulement pour "plaire" à Mathilda et Aaron allait le rendre dingue. Complètement dingue, même. Ceci dit, j'avais sans doute quelques minutes devant moi pour m'y préparer et pouvoir affronter la tempête, non ? Non, apparemment pas, puisque j'entendis très rapidement le bruit caractéristique du fauteuil de Samuel dans la cuisine, suivit d'un "Liam" prononcé si brutalement que j'en sursautai avant de m'accrocher un peu plus à l'évier. La tempête arrivait déjà.

Oh, j'aurais sans doute dû me retourner pour affronter le regard de Samuel et surtout assumer mes paroles, voire m'en excuser, mais j'en fus tout simplement incapable. Moi qui détestais plus que tout les conflits, on pouvait dire que sur ce coup j'étais vraiment servis. Et alors que je me sentais déjà horriblement mal suite aux regards accusateurs d'Aaron et Mathilda, alors que j'aurais déjà voulu pouvoir me cacher dans un trou de souris pour ne pas avoir à affronter Samuel, ce dernier se mit justement à me faire des reproches qui certes étaient justifiés, mais qui ne faisaient que renforcer encore un peu plus mon mal être. J'avais effectivement dit des choses horribles et Sam comptait bel et bien me le faire payer, qu'importe le prix. Et alors que les reproches s'accumulaient, je sentais en moi la pression monter de plus en plus, mes mains s'accrochant de plus en plus fort à l'évier. D'accord, je le méritais, mais il n'empêche que la situation était horriblement difficile à supporter pour moi : Je haïssais ça, tout simplement. Je haïssais les disputes tout comme je haïssais que l'on me prenne à partie. Je haïssais être en situation de conflit avec qui que ce soit et d'ailleurs, en général, je faisais tout pour éviter le moindre désaccord avec les autres, quitte à accepter des choses qui me posaient pourtant problème. Malheureusement, en l'occurrence, j'avais réellement fait preuve d'un grand manque de tact et rien n'allait pouvoir empêcher Sam de me passer un savon. Alors, en silence, j'encaissai chacun de ses mots tout en me crispant de plus en plus, mon corps réagissant instinctivement aux attaques, mes doigts s'accrochant de plus en plus à l'évier. J'aurais tellement voulu avoir le courage de me retourner et simplement lui dire que j'étais désolé, que j'avais craqué sous la pression du regard de Mathilda, mais malheureusement j'étais bien trop lâche pour cela. J'avais tellement peur de ce que je risquais de lire dans le regard de Samuel... Tellement peur qu'il soit tout aussi froid et dur... Affronter ceci de la part de Mathilda était déjà une épreuve dont je ne sortais pas indemne, mais ce n'était sans doute rien comparé à affronter ceci de la part de Samuel.

Je me liquéfiais sur place, mes doigts s'accrochant à présent tellement fort à l'évier que mes phalanges m'en faisaient mal. Il fallait que ça s'arrête... Il fallait que Samuel arrête de me noyer de reproches, sans quoi je sentais que j'allais fondre en larmes. Malheureusement, il ne s'arrêtait pas, au contraire : Il continua en me reprochant de paniquer à cause de Mathilda et de ne pas réussir à me reprendre, ce qui fut les paroles de trop. Mathilda, Aaron, Aristide... Trop de sujets épineux qui firent monter mon stress à son paroxysme. Alors, sans même que je ne m'en rendre réellement compte, mes doigts se dévissèrent de l'évier avant que je ne me baisse rapidement, ouvrant à la volée le premier placard à ma portée. Placard que je me mis à fouiller de fond en comble en éparpillant son contenu au sol avant d'en ouvrir un autre et refaire la même chose, et ainsi de suite. Mes gestes étaient rapides et désordonnés, mes mains tremblant à présent comme des feuilles au vent. Le pire était que je ne me rendais même pas réellement compte de ce que j'étais entrain de faire, complètement obnubilé par tous les reproches que Samuel m'avait fait, pas le regard de Mathilda, par tout ce stress qui s'était lentement accumulé en moi avant d'exploser à présent. Non, je ne me rendais même pas compte que je m'étais mis à la recherche d'un verre d'alcool, mon esprit totalement concentré sur la cause de cette envie subite de boire. Boire... Ce n'était cependant pas la première fois que je me laissais tenté par l'alcool depuis ma dernière cure. C'était triste mais après avoir recommencé à boire la première fois, j'étais repartis totalement de zéro : J'avais perdu toute résistance face à l'envie, et aurais sans doute déjà recraqué si Samuel n'avait pas été là pour me rattraper à chaque fois. Malheureusement, on ne se libère pas si facilement d'une telle maladie, et surtout pas dans mon cas. J'étais tellement atteint... J'étais parfaitement lucide sur ce sujet. Je savais parfaitement que je marchais sur un fil, risquant de tomber à chaque nouveau pas, mais avais-je le choix ? Les premiers mois étaient toujours les plus difficiles, les plus vicieux aussi. Alors... Effectivement, je vidais tour à tour tous les placards de notre cuisine en quête d'une bouteille d'alcool, n'ayant absolument pas conscience de mes gestes, cherchant seulement un peu de répit face à toutes les accusations dont j'étais la cible.

Je ne pris réellement conscience de se qui était entrain de se passer que lorsque je sentis les doigts de Samuel s'enrouler autour de mes poignets, m'empêchant d'effectuer le moindre geste. « Liam, ça suffit maintenant. Stop ! » Je sursautai avant de baisser les yeux, me rendant alors compte du désastre que j'avais fait en vidant le contenu de plusieurs placards par terre. Oh, seigneur... Un profond sentiment de honte m'envahit alors, si bien que je demeurais obstinément les yeux baissés même lorsque Samuel s'excusa de s'être emporté. Emporté... Oui, on pouvait dire qu'il s'était montré assez brutal comparé à la manière dont il me parlait habituellement, mais le problème ne venait pas de là : Le problème, c'était moi. Moi et l'alcool... Allais-je finir par m'en sortir ? Allais-je pouvoir un jour réellement affirmer que je n'avais plus la moindre envie de boire ? Car malgré le bonheur, malgré l'amour dont j'étais entouré, le fait était que cette partie sombre de ma personnalité ne s'effaçait toujours pas. Néanmoins, j'avais la chance d'avoir à mes côtés un homme aimant, patient, et surtout un homme qui me connaissait plus que n'importe qui au monde : Il savait parfaitement comment me calmer lorsque je ressentais la tentation, si bien que je finis par relever lentement mon regard vers le sien, y cherchant ce soutien que j'y trouvais toujours et qui m'aidait plus que tout. Le sourire qu'il m'adressa tout en posant lentement ses mains sur mes joues fut ce soutien et aussitôt, je sentis la pression diminuer légèrement en moi. Il s'excusa encore une fois et la douceur de ses gestes, de ses mots, m'apaisèrent énormement, du moins jusqu'à ce qu'il en vienne à parler de Mathilda. Aussitôt, son regard meurtrier me revint en mémoire et je grimaçai, effectuant un geste de recul à peine visible tant j'aurais voulu pouvoir m'évanouir de la surface de la terre afin de ne plus avoir à supporter ce regard terrible. Comment était-il Dieu possible d'avoir un regard aussi horrible ?

Ma grimace s'accentua encore davantage lorsque Samuel me proposa d'ignorer Mathilda. L'ignorer ? Mathilda n'était malheureusement pas le genre de personne à se laisser ignorer... Quant à savoir si elle allait se calmer, eh bien, je l'espérais. D'une part pour moi qui n'aurais alors plus à supporter ce regard, d'autre part pour Ambre qui demeurait malgré tout le fond du problème : Elle avait besoin d'un parrain et d'une marraine, et que Mathilda et Aaron s'obstinent à ne pas vouloir s'entendre alors que tout le monde savait très bien qu'ils se couraient constamment après m'aurait réellement attristé pour notre fille. J'espérais donc qu'ils allaient se comporter en adultes par amour pour Ambre, mais également par amour pour nous. Cependant, pour que cela marche, il fallait encore que nos propres relations avec Mathilda demeurent amicales : Je craignais que ce ne soit plus le cas si Samuel décidait de s'en mêler comme il venait de me l'affirmer. Je hochai néanmoins la tête, peu rassuré à cette idée mais néanmoins rassuré de savoir qu'il était là, à mes côtés, prêt à intervenir pour me protéger : C'était à la fois adorable et terriblement rassurant. Il était de toute manière la seul à pouvoir me procurer ce délicieux sentiment de sécurité, et alors que je me perdais de ces pensées, je le vis soudain tourner la tête vers le salon et tendre l'oreille. Je fronçai légèrement les sourcils : Avait-il vraiment laissé Ambre avec eux ?... Oui, bon, d'accord nous les avions choisi comme parrain et marraine, mais étant donné l'agressivité actuellement présente dans cette pièce, j'aurais préféré que nous évitions de leur laissé notre fille cadette. Ce fut sans doute la raison pour laquelle ma voix trembla tant lorsque je demandai enfin à Sam s'il avait laissé Ambre avec eux : J'avais réellement peur de ce qu'ils avaient pu se dire devant notre fille car même si elle ne pouvait pas entendre, elle ressentait très bien les tensions et cela risquait de l'effrayer. Or, je refusais que ma fille ne se sente ne serait-ce qu'une minute mal à l'aise dans sa propre maison, et encore moins en compagnie de son parrain et de sa marraine. Quant à savoir si ça "colle ou pas", j'aurais préféré que nous évitions de le tester maintenant, alors qu'Aaron et Mathilda étaient prêts à se sauter à la gorge... Je fus donc incapable de répondre au sourire, même si maladroit, de Sam et m'avançai rapidement jusqu'à l'entrée de la cuisine afin de jeter un coup d'oeil au salon.

Bon. Personne n'était mort, ce qui relevait déjà de l'exploit. Cependant, on pouvait très vite constater qu'Aaron et Mathilda n'étaient pas loin de l'explosion : Ils se regardaient d'un air mauvais qui ne m'inspirait rien de bon. Quant à Ambre, elle semblait dans l'attente de quelque chose, regardant successivement Aaron et Mathilda comme si elle attendait quelque chose d'eux. Je fronçai un peu plus les sourcils, cherchant ce qu'elle pouvait bien vouloir et surtout, me demandant pourquoi Aaron et Mathilda ne le lui donnaient pas. La réponse me fut finalement apportée par Samuel : Effectivement, elle leur avait probablement parlé mais, ne connaissant pas le langage des signes, Aaron et Mathilda ne devaient certainement pas savoir comment réagir. Bon. Ce n'était encore pas trop grave et de toute façon, ce genre de situations risquait d'arriver encore très souvent, du moins jusqu'à ce que Aaron et Mathilda soient capables de comprendre un minimum Ambre. Ceci dit, ils étaient l'un comme l'autre des personnes extrêmement intelligentes : Je ne me faisais donc pas de souci pour ce qui était de leur apprentissage de la langue.

« On fait quoi ? On les laisse se débrouiller encore un peu ou on arrête l’expérience là pour le moment ? »

J'eus un léger soupir avant de poser ma main sur celle de Sam alors qu'il caressait doucement mon poignet, reportant mon regard sur lui.

" Je crois qu'il serait préférable de ne pas trop leur en demander d'un coup... Ils sont déjà au bord de la crise de nerfs et je n'ai pas envie qu'Ambre voie ça. "

Samuel approuva d'un hochement de tête avant que je ne soupire de nouveau :

" Promets moi que nous ne leur laisserons jamais Ambre en même temps avant qu'ils ne se soient réconciliés."

Il eut un petit sourire avant de hocher de nouveau la tête et aussitôt, je me penchai pour pouvoir venir déposer un baiser sur ses lèvres avant de quitter la cuisine. Je ne dirai pas que mon envie de boire s'était complètement envolée, cependant je parvenais à la mettre suffisamment de côté pour pouvoir me concentrer sur le plus important, et le plus important c'était Ambre. Ambre qui sauta rapidement des genoux de Mathilda pour se précipiter vers moi lorsqu'elle me vit rentrer dans le salon. Aussitôt, je me baissai afin de pouvoir la prendre dans mes bras et la serrai contre moi tout en retournant m'asseoir sur le canapé. J'essayais d'éviter le regard de Mathilda, et Ambre m'y aida : Elle me posa rapidement la question qu'elle avait posé à Aaron quelques instants plus tôt et à laquelle elle n'avait, de toute évidence, reçu aucune réponse. Un léger sourire se dessina alors sur mes lèvres avant que je ne lui réponde, articulant bien afin de ne pas avoir à faire de gestes.

" Je ne sais pas... Il faudrait que je lui demande. "

Elle hocha alors vivement la tête avant de se tourner vers Aaron avec un grand sourire, attendant déjà une réponse positive. Mon sourire se fit un peu plus large en la regardant : Elle était tellement adorable, tellement spontanée et curieuse de tout... Un cadeau merveilleux que le ciel avait décidé de nous offrir et que nous allions, Samuel et moi, chérir. Puis, je me tournai moi même vers Aaron qui semblait particulièrement renfrogné. Néanmoins, la question d'Ambre allait, je l'espère, détourner ses pensées de ce que Mathilda avait bien pu lui envoyer à la figure pendant que nous étions à la cuisine.

" Ambre aimerait savoir si son parrain pourrait lui montrer les maisons qu'il dessine. "

Mon sourire se fit un peu plus large : Tout comme Ambre, je n'attendais qu'une réponse positive.

" Parce que tu es son parrain, n'est-ce-pas ? "
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Aaron Thomas

Aaron Thomas


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Can I have a word with you ? [Aaron T. ; Mathilda J. ; Samuel B.] Empty
MessageSujet: Re: Can I have a word with you ? [Aaron T. ; Mathilda J. ; Samuel B.]   Can I have a word with you ? [Aaron T. ; Mathilda J. ; Samuel B.] Icon_minitimeMer 2 Oct - 17:47

Silence pesant. En fait, l’ambiance était tellement oppressante et étouffante qu’on aurait pu couper l’air ambiant au couteau et je craignais fortement que les choses n’aillent pas en s’arrangeant. J’étais toujours autant blessé et furieux de savoir que Mathilda et Sean fricotaient ensemble enfin… Dire que j’étais blessé et furieux d’être persuadé que Mathila et Sean fricotaient ensemble serait plus juste. Bref, intérieurement, je n’avais sans doute jamais été aussi mal et Mathilda ne faisait strictement rien pour arranger mon état, bien au contraire. A la voir, on avait l’impression qu’elle jubilait à me voir aussi mal car, je dois bien l’avouer, il m’était difficile de cacher tout ce que je ressentais en cet instant contrairement à elle qui était un véritable bloc de glace. Son regard lançait des éclairs mais ça n’avait rien d’électrisant, c’était plutôt terriblement désagréable. Son regard n’était plus froid mais insistant. J’avais véritablement l’impression que si elle en avait eu l’occasion, elle m’aurait massacré sur place et très vite, je me rendis compte que j’étais complètement et définitivement dans le vrai car elle ne tarda pas à me lancer, non sans avoir esquissé un sombre sourire au préalable, qu’elle ne m’avait pas écouté car elle se demandait quelle partie de mon corps elle aurait pu découper en premier si j’avais été allongé sur sa table d’opération. J’encaissai sans rien dire, pas vraiment étonné de l’entendre prononcer de pareils mots même si c’était toujours douloureux : j’avais beau avoir agi comme un con avec elle, j’avais mal de savoir qu’elle me détestait autant. Oui, ça faisait toujours autant mal même si du temps avait passé et ça me ferait sans doute toujours mal. Quand son sourire s’élargit, je sentis mes entrailles se tordre, craignant qu’elle ne me frappe d’un nouveau coup encore plus violent et en vérité, j’ignorais ce que j’allais être encore capable de supporter venant de sa part.
 
Effectivement, le coup suivant fut brutal.
 
Bien sûr qu’elle aurait découpé cette partie « là » en premier puisque d’après elle je ne savais pas m’en servir. Je crispai la mâchoire, ne répliquant rien non pas parce que rien ne me venait à l’esprit mais surtout parce que j’avais peur de dire quelque chose que j’allais regretter par la suite. J’étais assez fou pour penser qu’elle venait de me dire ça juste par pure vacherie et non pas parce qu’elle le pensait réellement et donc, mieux valait que je ne lui réponde rien. Je prenais sur moi, je faisais même un effort considérable pour ne rien répondre mais c’était ce qu’il y avait de mieux à faire. A la place, je continuai à serrer les dents et décidai de me focaliser sur ma filleule et sur sa question à laquelle elle n’avait toujours pas obtenu de réponse. Alors, je redemandai à Mathilda si elle avait compris ce que la petite nous avait demandé. Ma voix fut sèche et à l’image de ce que je pouvais ressentir intérieurement mais j’étais fier de ne pas avoir craqué et d’avoir réussi à ne pas céder à la provocation : si je parvenais déjà à me contrôler de cette façon devant Ambre, c’était pour moi une grande victoire et cela me confortait dans la décision que je venais de prendre. C’est alors que Mathilda m’affirma qu’elle avait compris ce que la petite avait dit. J’écarquillai les yeux, surpris et ne m’y attendant vraiment pas : j’avais donc raison en pensant que j’étais la dernière personne avec laquelle elle partagerait ce genre d’informations.
 
J’aurais dû me douter que ce n’était pas vrai. J’aurais dû me douter que ce n’était là qu’un moyen supplémentaire de me balancer une nouvelle saloperie à la figure.
 
Je détournai le regard en l’entendant me dire qu’Ambre se plaignait d’avoir écopé du parrain le plus pitoyable au monde, particulièrement vexé par une telle remarque. Cependant, quand j’entendis la suite, je reportai mon regard sur Mathilda : un regard noir et brûlant de rage. Comment osait-elle prononcer de telles paroles ? Elle pouvait me détester, elle pouvait m’envoyer toutes les vacheries possibles mais qu’elle ose dire de cette façon qu’Ambre demandait la permission de se suicider car cela allait lui éviter d’avoir à me supporter toute sa vie me mit véritablement hors de moi. Elle était encore plus incontrôlable que moi en fait. Elle qui se vantait d’avoir la tête sur les épaules et d’être responsable, en cet instant, elle était bien plus irresponsable que moi. En cet instant, elle était bien plus pitoyable que moi. En cet instant, elle était, elle, la pire marraine au monde. Quand elle me demanda, après avoir élargi son sourire, ce qu’elle devait lui répondre, je baissai brièvement mon regard vers Ambre avant de venir lui caresser les cheveux dans un geste maladroit mais tendre. Puis, je relevai un regard plus que jamais enragé vers Mathilda.
 
« Je crois que le mieux serait que tu évites de lui parler si c’est pour dire des horreurs pareilles. »
 
Je secouai doucement la tête, de plus en plus dépité par son attitude : j’avais des défauts, c’était clair, mais elle était bien loin de valoir mieux que moi.
 
« Je suis peut-être le parrain le plus pitoyable du monde à tes yeux mais moi, jamais j’oserai dire de tels trucs devant la petite, jamais. Alors de nous deux, je me demande bien qui est le pire. Si je suis pitoyable, toi, tu es monstrueuse… » Ajoutai-je dans un murmure sombre.
 
Oui, elle était monstrueuse d’avoir osé parler de cette façon. Je l’aimais. Je l’aimais comme un fou mais ce côté de sa personnalité, ce côté-là me sortait par les yeux. La situation allait empirer, c’était sûr à présent. Heureusement, Liam et Sam choisirent ce moment-là pour revenir et quand je les entendis arriver, je détournai aussitôt mon regard de Mathilda et, quand je posai mon regard sur eux, je me sentis tout à coup plus détendu : je n’étais plus seul face à cette furie et je leur en étais sincèrement reconnaissant. Prenant bien soin de ne plus du tout regarder Mathilda, je vis Ambre foncer vers Liam qui serra fort l’enfant dans ses bras. J’observai la scène, ne pouvant m’empêcher d’esquisser un sourire. Sam observait Liam et Ambre un large sourire aux lèvres et tous les trois semblaient être tellement heureux… Il y avait de quoi être jaloux d’un bonheur pareil et en fait, en me proposant d’être le parrain d’Ambre, ils allaient me permettre, d’une certaine façon, de pouvoir participer à ce bonheur. J’étais persuadé que l’enfant allait beaucoup m’apporter, sans doute bien plus que ce que moi j’allais lui apporter. Si en quelques minutes elle avait réussi à me permettre d’être plus calme et de supporter les pics de Mathilda, sur le long terme, elle allait me changer réellement. Le voulais-je seulement ? Pourquoi pas oui. Ce n’était pas désagréable de ressentir de la joie, même un tout petit peu. C’était risqué bien sûr, car qui disait joie disait peine à un moment donné mais là, pour le coup, j’étais prêt à franchir le pas.
 
J’étais réellement prêt.
 
Oui, je l’étais, mais c’était sans compter sur Mathilda. J’aurais dû m’en tenir à mon plan et ne pas la regarder mais ce fut plus fort que moi et quand je vis le regard qu’elle était en train de lancer à Liam, je me tassai de nouveau sur moi-même tout en perdant mon sourire : elle était vraiment affreuse là… Elle aurait pu faire un effort mais non. Et après, c’était moi le problème ? Ah, la bonne blague. J'oubliai cependant bien vite ma mauvaise humeur et surtout la mauvaise ambiance signée Mathilda quand Ambre se tourna vers moi en m'adressant un sourire rayonnant. C'était complètement dingue comment cette petite parvenait à faire oublier le mauvais pour ne laisser apparaître plus que la douceur. C'était peut-être un « alien » en fait... Ouh la, il était temps que j'aille me replonger dans ma bulle, je commençais à délirer sérieusement. Au moment où je commençais donc à me sentir un peu mieux, Liam donna voix à la question d'Ambre : la demoiselle voulait savoir si son parrain, donc moi, pouvait lui montrer les maisons qu'il dessinait. Je relevai mon regard vers Liam qui affichait un large sourire. Il enchaîna en me demandant confirmation : est-ce que j'étais bien son parrain. Oh bon sang... Oh que oui j'étais son parrain ? J'allais peut-être ne pas être le meilleur mais j'allais faire de mon mieux : je l'aimais déjà en fait et c'était un miracle car je ne me croyais pas capable de ce genre de sentiments, plus particulièrement vis à vis des enfants. Oubliant définitivement les ondes néfastes que Mathilda dégageait juste à côté de moi, un large sourire étira mes lèvres : j'en eus mal à la mâchoire tant je n'étais pas habitué à sourire de cette façon.

« Un peu que je suis son parrain. » Répondis-je à Liam avant de me redresser un peu.

Je décidai d'ignorer Mathilda jusqu'au bout et m'approchai d'Ambre. Je me perdis d'ailleurs quelques instants dans la douceur des yeux de l'enfant avant de poser doucement ma main sur sa tête. Bon, c'était très maladroit comme geste mais fallait pas s'attendre à trop de miracles d'un coup non plus.

« Je serai très content de te montrer mes maisons Ambre. » dis-je en prenant soin de bien articuler pour qu'elle puisse me comprendre. « Demain ? »

Je relevai mon regard vers ses papas car j'avais beau avoir accepté et être son parrain, j'avais quand même besoin de leur autorisation. En voyant leurs sourires, je compris que c'était d'accord : peut-être était-ce juste parce qu'ils étaient soulagés que j'ai finalement accepté, ou peut-être étaient-ils sincèrement heureux que je décide de passer du temps avec Ambre aussi vite. En tout cas, c'était un oui. Et moi, au moins, j'avais proposé ça le plus sincèrement du monde contrairement à une certaine personne...

« Alors demain. On pourra même en dessiner ensemble. » Ajoutai-je en reportant mon attention sur Ambre.

Tout alla ensuite très vite. Elle se pencha vers moi, déposa un baiser sonore sur ma joue avant de s'accrocher à mon cou.

« Euh... » Balbutiai-je, les bras levés comme si on venait de me braquer avec une arme.

C'était une démonstration d'affection à laquelle je ne m'étais pas préparé et il me fallut donc quelques instants pour encaisser la chose et l'accepter. En plus, j'allais devoir m'y habituer car quelque chose me disait que la petite allait se montrer plutôt câline. En même temps c'était normal et ce n'était pas de sa faute si j'étais un vieil ours grincheux et pas du tout habitué aux câlins. D'un geste maladroit, je refermai mes bras autour de l'enfant et tapotai son dos : bon, y'avait encore beaucoup de boulot mais il fallait bien commencer quelque part. M'enfin, ce premier câlin durait un peu trop longtemps pour moi et quand je levai un regard implorant (et sans aucun doute plutôt risible vers Liam), il hocha doucement la tête avant de glisser ses bras autour d' Ambre et de la reprendre dans ses bras. Je me sentis tout à coup beaucoup mieux et plus à l'aise : j'avais vraiment encore beaucoup de progrès à faire pour supporter ce genre de trucs. Je n'étais cependant pas inquiet : comment aurais-je pu l'être ? Quoique, il y avait bien un détail et pas des moindres qui pouvait m'inquiéter mais je préférais ne pas y penser. D'ailleurs, avant que ce moment plutôt agréable ne redevienne terrible, je décidai de mettre les voiles : c'était plus prudent.

« Je vais y aller. » Dis-je aux garçons et à Ambre, ignorant encore une fois Mathilda. « Merci beaucoup de m'avoir choisi. J'espère pas trop vous décevoir. » Bon, c'était loin d'être gagné mais j'allais faire de mon mieux. J'hésitai un instant face à Ambre mais, étant encore une fois incapable de me montrer trop câlin, je me contentai de tapoter le dessus de sa tête. « A demain. »

Je me redressai complètement et, histoire de ne pas me montrer complètement impoli, j'adressai un regard à Mathilda. Le sien aurait pu me clouer sur place tant il était furibond mais je l'encaissai avant de hausser les épaules : elle allait devoir s'y faire de toute façon. Je m'avançai jusqu'à la porte et après avoir adressé un dernier regard à Liam, Sam et Ambre, je quittai la maison. A l'instant où la porte fut refermée et où je fus séparé d'Ambre, j'eus l'impression de ressentir une nouvelle fois tout le poids du monde sur mes épaules. Le poids de la culpabilité de mon comportement vis à vis de Mathilda, le poids de la douleur de la savoir heureuse dans les bras de Sean, le poids de la solitude qui jusque là m'allait si bien. J'eus un regard en arrière pour la maison avant de soupirer et de me diriger vers mon bureau. Je croisai quelques personnes sur le chemin et personne ne me salua. Je réalisai que c'était la première fois que je faisais attention à ce détail. Jusqu'à présent, cela ne m'avait jamais dérangé ni même interpellé mais là, ça attira mon attention. J'avais vraiment pris soin de faire le vide autour de moi. D'accord, c'était pour me protéger mais finalement, est-ce que c'était mieux ? Alors que je me retrouvais seul dans ce bureau vide et sombre, est-ce que j'étais plus heureux qu'à l'époque où j'avais été avec femme ? Plus heureux qu'à l'époque où j'avais couché avec Mathilda ? Non. Clairement, la réponse était non. Je me laissai tomber dans mon fauteuil et me penchai en arrière avant de me mettre à fixer le plafond. J'étais entouré uniquement par le silence et il me parût pour la première fois pesant.

« T'es vraiment trop con... » Murmurai-je pour moi-même.

Oui, j'étais vraiment trop con. Un vieux con tout seul. Enfin, j'allais moins l'être puisqu'un petit rayon de soleil allait à partir d'aujourd'hui faire partie de ma vie et à cette pensée, je me mis à sourire tout seul comme un imbécile.


[O.V.E.R]
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