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 It's a beautiful lie, It's a perfect denial [Liam]

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MessageSujet: It's a beautiful lie, It's a perfect denial [Liam]   It's a beautiful lie, It's a perfect denial [Liam] Icon_minitimeMer 1 Sep - 23:11

-C'est bon, je vais m'en occuper.

Une phrase que je répétais chaque jour, depuis mon arrivée à la communauté. A la fin de chaque repas, je préférais rester à m'occuper pour ranger la cuisine et mettre de côtés les restes afin de libérer les autres cuisiniers. Je voulais me rendre utile un maximum et c'était la seule chose que je pouvais faire. Enfin non, techniquement, j'étais capable d'autre chose mais je ne voulais pas me résoudre à en parler et à faire profiter de mes talents de militaire : Tout ça, c'était derrière moi à présent. J'avais d'ailleurs appris par l'un des cuisiniers qu'Alexander, l'un des leaders de la communauté, était aussi un vétéran d'Irak. Ca m'avait fait un drôle d'effet d'apprendre ça : Je n'avais pas pensé tomber sur un ancien militaire qui avait vécu les horreurs de cette guerre ici, au sein de cette communauté. J'avais encore moins pensé qu'un tel homme serait l'un des leaders. Cela dit, ça se tenait : Il avait l'habitude de la survie, de la difficulté de la guerre alors il était tout désigné pour mener ces gens. Et moi, j'étais désigné pour être un simple cuisinier. J'essayais en tout cas de m'en persuader mais je n'avais pas encore croisé Alexander (Il était apparemment à la recherche de sa femme mais je ne connaissais pas les détails de cette histoire. De toute façon, ça ne me regardait pas.) et du coup, j'ignorais si j'allais être tenté de vouloir discuter avec lui de ce que nous avions vécu là-bas. Chacun avait appréhendé la guerre d'une manière différente mais globalement, j'imaginais que nous avions vécu des évènements similaires. Je soupirai alors que j'avais les mains plongées dans l'eau pour nettoyer ce qu'il restait de vaisselle. Je ne voulais pas me focaliser sur le passé parce que si je le faisais, tout allait remonter et j'allais très mal le supporter. Je devais absolument penser à autre chose. C'est alors que j'entendis s'ouvrir la porte de ce qui nous servait de salle à manger. Je fronçai les sourcils : Il était tard, un peu plus de 20 heures et logiquement, personne n'aurait dû se trouver là à cette heure-ci. Je m'arrêtai de nettoyer, pris un torchon pour m'essuyer les mains et sortis de la cuisine pour voir qui venait d'entrer. Je me stoppai net et je sentis mon coeur louper un battement : Il était là, assis sur une chaise, accoudé sur la table en train de se frotter le front, l'air fatigué et tendu. Il était là...

Liam.

Vous avez sans aucun doute possible déjà entendu le terme « coup de foudre ». Eh bien c'était exactement ce qu'il m'était arrivé quand j'avais rencontré Liam. Je l'avais rencontré le premier jour de mon arrivée et ses yeux bleus m'avaient tout simplement fait perdre la tête. Je n'avais pas éprouvé ça depuis Jason, un homme avec qui j'avais fais la guerre et qui avait péri dans une embuscade à laquelle moi, j'avais survécu, et ressentir ça à nouveau, d'une manière aussi puissante, ça avait été très perturbant. Ca l'était toujours. Je lui avais adressé à peine un bonjour et depuis une semaine que j'étais là, ça avait été ça à chaque fois : « Bonjour » ou « Bonsoir». Qu'est-ce que je pouvais lui dire d'autre?
« Bonjour, je suis raide dingue de toi. Embrasse-moi. » Non, nous sommes bien d'accord, c'était totalement impossible. Il y avait tant de barrières... La première, et pas des moindres, j'ignorais s'il aimait les hommes ou les femmes. Dans le cas où il aimait les femmes, la question allait vite être réglée, mais si jamais il aimait les hommes, j'avais peut-être une chance. Enfin, encore fallait-il qu'il me trouve à son goût et ce n'était pas gagné. Malheureusement, l'amour n'est pas quelque chose que l'on contrôle. Cependant, à défaut de ne pas pouvoir contrôler mes sentiments, je pouvais au moins contrôler les apparences : J'étais doué pour ça, pour cacher mes sentiments et ce, même si j'avais un regard particulièrement expressif. Je pouvais faire passer n'importe quelle émotion et elle pouvait être fausse. Alors, quand je m'avançai vers lui, je mis un masque : Visage ouvert, relativement souriant, mais dans la limite du raisonnable et surtout, mes yeux ne devaient rien laisser passer en terme d'émotions et d'amour. Rien. Ca devait être assez réussi puisque lorsqu'il m'entendit approcher et qu'il releva le visage vers moi, son expression ne changea pas vraiment : S'il avait vu que je le regardais avec amour, il aurait probablement pris ses jambes à son cou, non? Bref, à présent que je m'étais rapproché, je remarquai qu'il avait l'air encore plus fatigué que je ne l'avais cru.

-Bonsoir. Liam, c'est bien ça?

Espèce de petit menteur Samuel... Comme si tu n'étais pas sûr et certain de son prénom...

-Ca n'a pas l'air d'aller...

Non, sans rire?... Idiot!

-Il y a des restes de ce qu'on a préparé ce soir... On a un peu improvisé en préparant de la salade de fruits avec ce qu'on avait. Je peux te faire cuire de la viande aussi si tu veux...

Et tu pourrais aussi la fermer et lui laisser le temps de répondre, non? Bon sang... Le problème était que j'avais du mal à ne pas enchaîner les mots tant j'essayais de ne pas me concentrer sur son regard que je trouvais absolument magnifique. En fait, je le trouvais lui, magnifique, mais ses yeux... Oui, ses yeux étaient vraiment uniques. En plus, c'était la toute première fois que je me retrouvais seul à seul avec lui depuis que je l'avais rencontré. C'était bien plus facile de garder ma carapace quand nous étions entourés mais en me retrouvant ainsi seul face à lui, c'était bien plus difficile de prétendre ne rien ressentir. C'était bien plus difficile de jouer la carte du cuisinier et du potentiel ami inquiet pour son pote. Oui, c'était difficile et pour être honnête, ça avait tendance à me mettre en rogne. J'avais réussi à construire cette carapace et j'étais censé pouvoir l'utiliser comme je le voulais, à volonté. Pourquoi, face à lui, était-ce plus difficile à faire? Etait-ce à cause de ce que je ressentais déjà pour lui? Il fallait l'accepter : C'était sans aucun doute cela, oui. J'étais donc, n'ayons pas peur des mots, dans une merde noire et pourtant, je ne suis pas du genre vulgaire, mais là. Là... Là, je sentais que ça allait vite devenir difficile à gérer. Pour le moment, j'étais capable de faire face, de garder un masque sur le visage et de prétendre ne rien ressentir mais combien de temps allais-je tenir le coup? Et qu'est-ce qui allait se passer quand j'allais craquer? Si jamais il me repoussait, allais-je être capable de rester vivre au sein de cette communauté? Oui, j'en étais déjà à me poser ces questions... Désespérant.
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Liam Marsden
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MessageSujet: Re: It's a beautiful lie, It's a perfect denial [Liam]   It's a beautiful lie, It's a perfect denial [Liam] Icon_minitimeVen 3 Sep - 11:13

Ma vie était définitivement foutue. En une semaine, j’étais passé de l’était dépressif, à carrément suicidaire. Tout, absolument tout, s’écroulait sous mes pieds sans que je puisse y changer quoi que ce soit. Sous nos pieds. Il n’y a rien de plus horrible que d’être conscient du drame qui se joue sans pouvoir y remédier, ni agir d’une quelconque manière afin d’en atténuer les conséquences. Non, il n’y avait rien que je puisse faire pour ramener Katarina chez elle, ni empêcher Gabrielle de s’enfuir de la Communauté. En l’espace d’une semaine, tout avait décliné. D’abord la disparition de Katarina, laissant Ethan dans un était de tension extrême, irrémédiable. Ethan sans Katarina, c’était bien sûr totalement impossible, mais que pouvions-nous faire ? J’avais eu l’impression, l’espace de quelques jours, que mon meilleur ami en voulait à la terre entière. Certes, il avait toutes les raisons de le faire mais cela me brisait le cœur. Parce que j’étais là pour l’aider, mais qu’il m’a repoussé. Ce n’est pas une question d’ego mal placé, mais enfin pourquoi tous nous renier comme si tout cela était de notre faute ? Il avait réussit à me faire culpabiliser, au fond. Si nous avions renforcé les mesures de sécurité, tout cela ne serait jamais arrivé. Katarina n’aurait jamais été enlevée. Lorsque j’avais appris la nouvelle, j’étais tout bonnement tombé de très haut. Comme si mon cœur avait fait le saut de l’ange dans ma poitrine. Ne parvenant pas à réaliser, je m’étais bêtement mis à chercher dans toute la Communauté à mon tour, en vain. Très vite, cette ruche déjà grouillante devint un vrai fourbi où il était impossible de poser un pied. J’avais l’impression d’avoir subis une deuxième guerre dont les bombardements silencieux avaient été tous aussi terribles. Ethan parti rapidement à la recherche de sa femme sans que possibilité de lui faire entendre raison, si bien que j’abandonnais vite mes tentatives. Il était aveugle, et seule Katarina parvenait à le guider dans le noir. Nous autres ne pouvions rien pour le calmer, le soulager. Mais qui l’aurait été à sa place ? Même Alexander parvenait difficilement, et au prix de grands efforts, à l’empêcher de commettre de mortelles erreurs. Cependant, Alexander aussi avait des problèmes. De gros problèmes. Si bien que très vite, la Communauté fut laissé à l’abandon, avec moi comme seul homme encore suffisamment fort pour diriger. Laissez moi rire. Aaron, quant à lui, ne savait plus quoi faire. Pour tout dire, il se laissait totalement aller à sa panique silencieuse, refusant de prendre la moindre décision en l’absence d’Ethan et Alexander, tout deux à la recherche de leurs femmes respectives durant la journée. Et moi dans tout ça, je me retrouvais avec une énorme patate chaude dans les mains.

Gabrielle s’en était donc également allée, mais volontairement à la différence de Katarina. Sans que l’on ai à m’expliquer quoi que ce soit, j’avais bien vite compris la raison de cet abandon atroce. Lorsque la galerie s’était effondrée, et ce triste évènement remontait à quelques semaines déjà, Ethan avait révélé d’horribles choses à son sujet. Des choses dont il ne soupesait certainement pas les conséquences, mais qui indéniablement allaient mettre à feu et à sang tout notre univers déjà considérablement fragilisé par cet accident. Un adultère. Personnellement, il n’était pas dans ma nature de prononcer tel ou tel jugement à l’égard de personnes que je ne connaissais pas, et qu’il ne fallait donc se baser que sur des actes. Ce que l’on a souvent tendance à oublier, c’est que ces actes sont engendrés par des raisons, et ne sortent pas tout droit d’une pure envie de trahison. Je ne savais pas pourquoi Gabrielle avait trompé son mari, non vraiment je n’en avais aucune idée. Mais ce que je savais, par contre, c’était qu’elle avait certainement une « bonne » raison. Alexander était une personne disponible, à l’écoute de chacun et maître de son esprit au point de pouvoir porter les fardeaux des autres sans dire mot. Il était le leader de la Communauté, à juste titre. Sans lui nous ne serions rien, et tous en avaient conscience. Mais ce qu’il se déroulait dans l’intimité de son couple, nous ne le savions pas. Et cela ne nous regardait absolument pas. Alors que sa femme le fasse cocu ne devait pas être une chose dont nous devions nous occuper, sauf que certains ne pensaient visiblement pas comme moi. Rapidement après sa sortie de l’infirmerie, Gabrielle se retrouva exclue, traitée comme une lépreuse car elle avait osé abuser de la confiance de son mari. Mais pourquoi ? En quoi cela concernait-il les autres survivants ? Si chacun avait choisi de railler cette femme de leur vie, moi pas. Car je trouvais cela injuste, en plus d’incroyablement méchant. Elle ne le méritait pas, personne ne méritait cela. Beaucoup avaient fait des erreurs mais peu s’en souvenait, la mémoire de nos propres fautes étant beaucoup plus courtes que pour celles des autres. C’était trop facile. Nous ne pouvions décemment traiter une femme de la sorte après toutes les épreuves qu’elle avait traversée. L’effondrement de la galerie était un épisode affreusement traumatisant. Sincèrement, s’acharner sur quelqu’un avec une telle force me paraissait inconcevable, et ce bien malgré les fautes commises. Ne nous battions pas déjà suffisamment contre le monde extérieur sans devoir en plus se battre entre nous ? Si bien évidemment je ne contribuais pas à cette attitude pleine d’ignorance forcée et de mépris, il m’était malheureusement impossible d’apporter mon soutien à Gabrielle. Non pas que j’eus honte d’être de son côté, au contraire j’aurais plutôt voulu me cacher si jamais j’avais adhéré à de telles inepties, mais avec tout ce qui nous tombait dessus d’un coup, je ne savais plus où donner de la tête. Pour la première fois, Alexander accepta de me léguer ses tâches tandis qu’il partait à la recherche de sa femme, et enfin je pris conscience des nombreux problèmes auxquels nous devions faire face. L’épuisement progressif de nourriture et de médicaments, la surpopulation, les réserves d’eau potables incertaines et les hors la loi de plus en plus hostiles, me tombaient dessus comme la misère sur le monde. Si je l’avais pu sans doute me serais-je appliqué à rassurer Gabrielle, mais non, j’en étais incapable. Et désolé.

Et comme si tout cela ne suffisait pas, Ethan avait poussé le bouchon bien, bien au-delà de mes limites. Bien sûr les circonstances étaient particulières sans vouloir dire horribles et au fond de moi quelque chose me disait qu’il n’avait pas réellement réfléchis à ce qu’il faisait mais tout de même. Il m’avait laissé Lena. En soi, cette phrase n’a rien d’atroce. Mais la douleur qu’elle éveille en moi était, elle, insoutenable. L’enfant de mon meilleur ami m’était insupportable, sa simple vue me faisant crisper mâchoires et serrer les poings. Malgré toute ma bonne volonté, je ne parvenais pas à l’aimer. Mon aversion envers les enfants en bas âge était plus forte que tout. Parce que Lena ravivait de trop mauvais souvenirs dans ma mémoire, de trop vieilles images jaunies par le temps. La plaie était cependant toujours ouverte, telle une sanglante plaie qui ne se referme que lorsque vous vous êtes totalement vidé de votre sang. Natacha. Notre enfant. Morts. Tout cela tournait sans relâche dans ma tête lorsque je posai mes yeux sur elle, en dépit de son innocence et sa beauté, elle était ma mort intérieure. Ma souffrance, ma haine. Comment pouvoir affirmer une telle chose sans s’en vouloir horriblement ? C’était impossible. Je m’en voulais, oui, énormément. Mais je n’étais plus assez fort pour me battre de nouveau afin de devenir un homme meilleur. Ou du moins c’était ce que je croyais. Lorsque Ethan me la remise sans plus d’indications que cela, j’étais devenu pâle comme un linge, la tenant si fermement contre mon torse qu’elle avait fini par pleurer. Pourtant cet enfant était facile à vivre, mais ma poigne extrêmement ferme l’avait tellement perturbé, n’y étant pas habituée, qu’elle n’avait pu retenir ses larmes. Et alors, je m’étais également mis à pleurer toutes les larmes de mon corps, sans parvenir à m’arrêter dans ma course destructrice. Et alors, enfin, j’avais pu me purger. Seul avec cet enfant qui aurait pu être mien, j’avais enfin réussi a extérioriser toute ma colère. Ne me demandez pas comment, mais d’un seul coup, je m’étais libéré. Il n’y avait plus rien, plus de haine, plus de passion. Lena était devenue une enfant normale à mes yeux, sans évoquer rien d’autre que ses parents ou les joies de l’innocence. Inutile de vous décrire le soulagement infinie que cela procure : il est indicible. C’était la seule bonne chose tirée de toute cette histoire pour moi.

Malheureusement, je n’étais tout de même pas très à l’aise car je n’avais aucune habitude des enfants en si bas âge, aussi avais-je passé le flambeau à Lilly, la jugeant plus capable que moi. Si jamais j’avais commis la moindre faute auprès d’elle, tous mes efforts auraient été anéantis.
Il était déjà tard lorsque enfin, je pu quitter l’infirmerie après avoir passé en revue avec Mathilda nos réserves, qui s’amenuisaient bien trop vite à mon goût. Tout gérer, être à la hauteur. Supportant mal la pression, il m’était difficile de garder la tête froide. Très sincèrement, j’étais à bout. Fatigué, usé. Toutes ces choses auxquelles je n’étais pas préparé et qui me pesaient réellement. Mais il était nécessaire de connaître exactement, avec certitude, quelles étaient nos réserves en médicaments et autres nécessaires à l’infirmerie. Bientôt, nous devrions partir de nouveau à l’extérieur afin d’étoffer tout cela. A vrai dire, l’idée d’organiser une exploration seul me déplaisait au point où j’aurais aimé la retarder jusqu’à ce qu’Ethan et Alexander soient de nouveau présents, malheureusement il n’y avait pas de date de retour précise pour eux. En soupirant, je poussai machinalement la porte de la salle à manger avant d’attraper la première chaise venue et de m’y laisser tomber avec lassitude. Nous verrons plus tard, lorsque nos leaders seront aptes à nous aider. Après tout, il était possible qu’ils reviennent aujourd’hui ou demain, tout était possible. Je connaissais suffisamment Ethan pour savoir qu’il ne reviendrait pas sans sa femme, et Dieu seul savait où elle pouvait se trouver, mais je priais de tout mon cœur pour que vite elle nous revienne. Pour son mari, sa fille, et pour nous tous. Ma peur pour elle était certes atténuée par toutes les autres choses auxquelles je devais penser, elle n’en était pas moins très forte. De même que pour Gabrielle, qui elle avait cependant choisi de partir seule. Il n’empêche qu’elle pouvait faire de très mauvaises rencontres au dehors, seule. Je poussai un soupir, me prenant la tête dans les mains. Ma seule envie du moment était d’aller me coucher, dormir et oublier tout cela. Mais pour le moment, je rêvai seulement d’un minimum de solitude, tout en sachant que je retrouverai Lucy et Lucas dans ma chambre. Juste une minute…de calme…

-Bonsoir. Liam, c'est bien ça?

Raté. Je n’avais pas entendu la porte de la cuisine s’ouvrir, pas plus que cet homme s’avancer vers moi. J’hochai brièvement la tête en signe de bonsoir avant de détourner le regard. Effectivement, c’était d’un impoli tordant mais mon état de fatigue était tel que je me sentais incapable de faire la conversation avec quiconque. Je ne répondis pas lorsqu’il me demanda si j’allais bien, la réponse était assez évidente il me semble. J’étais pâle, avais les traits tirés et de profondes cernes rougies sous les yeux. Non, je n’allais pas vraiment bien. Cependant, lorsqu’il poursuivi je tentai un petit sourire. C’était agréable de savoir que quelqu’un se préoccupait de mon état, en dehors de Mathilda qui tentait tant bien que mal de me maintenir la tête hors de l’eau. Je lui répondis doucement, ma voix trahissant ma faiblesse.

« Je te remercie Samuel, je n’ai pas très faim. »

Samuel Brimstone. Arrivé quelques jours plus tôt, un homme à priori calme et souriant. Je n’étais pas présent lorsqu’il fut trouvé dans New York, pas plus que pour son interrogatoire de routine. Habituellement je me chargeais de cela avec Ethan, Alexander, Aaron ou même les trois, mais cette fois-ci j’avais été pris par mon baby-sitting avec Lena. J’avais cependant lu les notes à son sujet, connaissant quelques éléments de son histoire, notamment ses talents de cuisinier. C’était donc naturellement que l’on avait accepté de le mettre aux cuisines, je suppose. Sauf qu’en ce moment je mangeais si peu que je n’avais pas réellement eu l’occasion de goûter à ses plats. En tout cas, Samuel ne semblait pas être du genre lourd à assumer. Pour ce que j’en savais, il aidait beaucoup et se montrait discret. Les rares fois durant lesquelles je l’avais croisé étaient banales, bonjour, bonsoir, rien de vraiment personnel. Même si je connaissais beaucoup de personnes ici, pour ne pas dire toutes, de part ma facilité à épauler les gens, ma timidité avait toujours été un frein à mes potentielles relations amicales. Ce qui fait que très simplement, je n’avais jamais éprouvé l’envie de lui parler plus que cela. Et puis soyons honnêtes, j’avais d’autres chats à fouetter en ce moment. Cependant, maintenant que nous nous retrouvions seuls et apparemment tranquilles, il n’y avait aucune issue de secours dans laquelle je pourrais m’engouffrer et échapper aux règles strictes de la conversation polie et calme avec un parfait inconnu. Non, cela ne me ressemblait pas réellement. Être un cadavre déambulant dans la Communauté à la recherche de réponses pour les questions les plus pressantes que nous rencontrions n’était pas non plus mon genre, ceci dit. Plusieurs fois, j’avais dû hausser le ton pour qu’on m’écoute. Après tout je n’étais pas leur leader, mais Aaron… Ah, Aaron. J’eus de nouveau un petit soupir en pensant à lui, à ses yeux, sa bouche. Et toutes ces nouvelles questions, encore et encore. Pourquoi n’obtenais-je jamais de réponses ? Pourquoi cette obscurité absolue ? Tout cela était si difficile, si éprouvant.

Depuis combien de temps avais-je conscience de mon homosexualité ? Quelques semaines, tout au plus. Quelques semaines durant lesquelles j’avais manqué de faire de très grosses bêtises, dont celle de me séparer de mes enfants. Sans Ethan, je serais de nouveau une loque à l’heure qui est. Malgré ses vains efforts pour me faire comprendre que je n’étais pas un monstre parce que j’étais d’avantage attiré par les hommes que par les femmes, je ne parvenais pas à y croire. C’était encré trop profondément en moi pour que je puisse me défaire de cette impression de rejet et de différence. C’était trop fort, plus que moi, tout simplement. C’est à ce moment précisément que je remarquai le regard insistant de Samuel sur moi. Je plantai à mon tour le mien sur lui, sans réfléchir. J’attendais qu’il dise quelque chose, s’en aille ou je ne sais pas, mais non, il demeurait face à moi, m’observant. Il y avait quelque chose d’assez gênant à se faire regarder de cette manière, j’avais l’impression de me faire dévorer tout cru. Cependant, il fallait bien avouer que Samuel était un homme plutôt séduisant. Immédiatement, je détournai les yeux, honteux de mes pensées. J’éprouvai alors le désire de m’en aller, de quitter cette salle à manger et cet homme pour lequel l’espace d’une seconde j’avais ressentis mon orientation sexuelle se manifester. Il m’était difficile d’admettre pouvoir ressentir du désire pour un homme, à fortiori lorsque ce dernier ce trouvait près de moi. Car alors, il aurait très bien pu me traiter de tous les noms, me frapper, s’en aller. C’était dans son droit. Mais Aaron n’avait rien vu, pour le moment. Et à présent Samuel, que je trouvais bien malgré moi agréable à regarder. Ce n’était pas normal de regarder un homme lorsque l’on en est soi même un. Contre nature. Je respirai profondément avant de déclarer :

« Finalement, j’ai bien envie d’un café. Je peux m’en occuper, ne te donne pas ce mal. »

Je l’avais vu esquisser un mouvement pour se diriger de nouveau dans la cuisine, là où il aurait pu me préparer ce café mais je ne le voulais pas. Tout ce que je voulais, c’était m’éloigner de lui afin de ne plus sentir son regard insistant sur moi. Je me levai d’un bond et passai à la cuisine, endroit dans lequel je venais rarement. Tellement rarement, que je n’avais absolument aucune idée de l’endroit où pouvait être rangé ce que je désirais. J’ouvris quelques placards, quelques tiroirs, bredouille. Jusqu’à ce que je trouve une bouteille de vin. Et là, c’est le drame. Je crois que mon cœur s’arrêta lorsque je vis une de mes mains se tendre vers cette bouteille, tremblante, mais obéissant à elle seule. Une envie de boire incommensurable, insoutenable, comme une évidence néfaste, tragique, mais nécessaire. Ce vieux réflexe qui autrefois me plongeait dans un état second, une détente extraordinaire. Mes doigts effleurèrent enfin cette satanée bouteille, la portant à mes lèvres tandis qu’en moi une petite voix me criait d’arrêter. J’allais replonger, replonger, replonger.

* SPLAAAAAAAATCH *


La bouteille s’écrasa au sol, répandant son poison tout autour d’elle, envahissant la cuisine de morceaux de verre coupant. Et moi, je tremblais comme une feuille, incapable du moindre mouvement. J’étais tétanisé, comprenant ce que je m’apprêtais à faire. Ma lâcheté n’avait donc aucune limite. Soudain, je sentis une présence dans mon dos, qui m’électrisa. Enfin, je pris de nouveau possession de mon corps et me jetai sur les débris de verre, essayant de les ramasser à mains nues tandis que je bredouillai des excuses confuses. Seulement, mes mains subissaient de tels soubresauts de peur, de colère, que je me coupai vite. La honte que j’éprouvai en cet instant me rongeait. J’étais un ancien alcoolique, un nouveau gay, une parodie de l’homme.

Tuez moi. Je suis une erreur de la nature.
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MessageSujet: Re: It's a beautiful lie, It's a perfect denial [Liam]   It's a beautiful lie, It's a perfect denial [Liam] Icon_minitimeVen 3 Sep - 16:19

Lorsque je l'entendis prononcer mon prénom, cela me fit un drôle d'effet. Oh, pas désagréable, au contraire. En fait, le peu de fois où nous nous étions croisés, il ne m'avait jamais appelé par mon prénom. Je sais, ça va vous paraître ridicule mais j'en étais tout chamboulé. Du coup, il me fallut un moment pour réaliser qu'il avait dit qu'il n'avait pas faim. Ah... Pourtant, je ne l'avais pas vu au service du midi, ni au service du soir. Quand avait-il mangé pour la dernière fois? Je ne pouvais pas m'empêcher de m'inquiéter. J'avais remarqué qu'il était très occupé et qu'il faisait tout ce qu'il pouvait pour la communauté. De plus, sa voix trahissait sa fatigue et sa faiblesse... Il devait absolument prendre des forces mais malheureusement, je ne pouvais pas le forcer à manger. Après tout, je n'étais rien pour lui. Ni pour personne d'ailleurs. Je n'étais qu'un petit cuisinier qui essayait de satisfaire les gens de la communauté, rien d'autre. Il semblait ailleurs, perdu dans ses pensées et moi, je n'avais qu'une seule envie : Me glisser à côté de lui et le prendre dans mes bras pour l'y bercer et essayer de lui apporter du réconfort. Je voulais être là pour lui, mais je ne pouvais pas. Je n'avais pas cette place dans sa vie, alors, je me contentai de l'observer et de profiter de sa présence. En fait, je ne l'observais pas : Je le dévorais des yeux. Littéralement. Le pire était que je ne m'en rendais même pas compte tant j'étais absordé dans ma contemplation de cet homme dont j'étais irrémédiablement tombé amoureux dès le premier regard. Oui, dès le premier regard. Ca avait de quoi rendre dingue, non? Je me rendis compte que je ne l'avais pas quitté du regard uniquement au moment où il tourna le visage vers moi et où il vrilla son regard au mien. C'était la première fois que je croisais son regard de cette façon-là et cet échange silencieux me fit presque frissonner. Mon regard devait sans doute en dire trop, j'avais sans doute oublié de garder ma carapace car Liam détourna brusquement le regard. Il semblait gêné. Merde... Je venais peut-être de tout foutre en l'air juste parce que j'avais été incapable de me retenir de le regarder. Je restai silencieux, me préparant à l'entendre m'annoncer qu'il s'en allait mais il déclara, non sans un soupir, qu'il avait bien envie d'un café.

Action. Réaction. Mes jambes bougèrent toutes seules afin de me porter jusqu'à la cuisine mais Liam s'empressa de m'annoncer qu'il allait s'en occuper lui-même. Ah.. D'accord. Bien. Très bien. Le message était clair : En gros, il préférait aller préparer son café plutôt que de me laisser faire et plutôt que de supporter ma présence. Génial... Je le regardai s'éloigner très rapidement -trop rapidement- avant de me laisser tomber sur la chaise qu'il venait de quitter. Je glissai mes mains contre mon visage et soupirai. Je m'en voulais tellement que j'avais envie de me frapper la tête contre la table jusqu'à ce que je termine inconscient. Comment avais-je pu être aussi con?! La dernière chose que je voulais c'était bien que Liam s'éloigne de moi. Je veux dire, même s'il n'aimait pas les hommes, l'avoir au moins comme ami m'aurait procuré un bien fou et là, c'était probablement foutu. Je n'avais pas fait attention, j'avais laissé mes sentiments et mon désir se lire sur mon visage et c'était terminé. Il n'allait pas ressortir de la cuisine tant qu'il ne m'aurait pas entendu partir, j'en étais certain. A l'intérieur de la cuisine, j'entendis les placards et le tiroirs s'ouvrir avec fracas : De mieux en mieux. Je l'avais tellement gêné qu'il en était nerveux. Bravo Sam'. C'est du beau boulot... Je serrai les poings et les plaquai contre ma bouche, essayant de me contenir et de retenir des larmes qui étaient en train de me brûler les yeux. Je n'allais pas, en plus, me mettre à pleurer comme ça! Je devais garder le peu de dignité qu'il me restait et faire face à la situation. En clair, je devais partir afin de le laisser tranquille. C'était ce que j'avais de mieux à faire. Le bruit d'une bouteille qui s'écrasa au sol me sortit de mes pensées plus que déprimantes et je me redressai dans la seconde. Je fonçai ensuite jusqu'à la cuisine et m'arrêtai sur le pas de la porte : Une bouteille de vin s'était écrasée au sol. Il y avait du vin et des morceaux de verre partout mais ce ne fut pas ce à quoi je fis le plus attention. Liam se tenait debout, juste à l'endroit où la bouteille était tombée et il ne bougeait pas. Quoique ce ne soit pas tout à fait exact : Il ne bougeait pas mais je voyais nettement son corps trembler. Je fronçai les sourcils, ne comprenant pas ce qu'il venait de se passer. C'est alors qu'il se jeta à terre pour essayer de ramasser les bouts de verre tout en se confondant en excuses.

Mon coeur me fit horriblement mal. Voir ainsi Liam, à genoux, en train de ramasser les bouts de verre, en train de s'excuser, en train de souffrir -car il était clair qu'il souffrait, même si je ne connaissais pas l'origine de cette souffrance-... Tout cela me fit horriblement mal. Parce que je l'aimais. Parce que même s'il ignorait mes sentiment qui étaient carrément dingues puisque je ne le connaissais que depuis quelques jours, sa souffrance était déjà ma souffrance à moi aussi. C'est là qu'il se coupa. Le voir se blesser ainsi fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase. Je me saisis du premier torchon à portée de main et m'agenouillai face à lui, en prenant soin d'éviter les bouts de verre, et posai le torchon sur sa main ensanglantée. Ma main se referma sur la sienne à travers le torchon et j'appuyai, de façon à ralentir l'hémoragie. Je pouvais sentir sa main trembler et je me rendis compte qu'il n'y avait pas que sa main : Comme au moment où j'étais entré dans la cuisine, c'était son corps entier qui tremblait. Bon sang, mais qu'est-ce qu'il lui arrivait? J'aurais voulu le savoir pour le soulager. J'aurais voulu pouvoir faire plus mais je ne pouvais pas : Ce n'était pas ma place. Aussi, je me contentai de presser ma main sur le torchon. J'essayai de croiser son regard mais il semblait déterminé à m'éviter : Je le comprenais. J'avais été trop loin dans la salle à manger, mais ce n'était pas pour ça que j'allais le laisser là se débrouiller seul, qu'il me déteste ou non. Alors, sans lui demander son avis, je posai mon autre main sur son avant-bras -un frisson me parcourut le corps- et je le forçai à se relever. Je l'approchai de l'évier et fit couler l'eau froide avant de retirer le torchon et de glisser sa main sous le jet d'eau. J'observai la blessure et même s'il ne s'était pas loupé, je doutais que cela ait besoin de points de sutures : A vérifier une fois que la blessure aurait bien été nettoyée. Je m'éloignai alors et saisit la serpillère et le seau ainsi qu'un sac poubelle avant de me mettre à genoux et de nettoyer. Lorsque je rencontrais des morceaux de verre, je prenais soin de faire attention au moment de les attraper et de les mettre dans le sac. Liam semblait être toujours incapable de bouger alors qu'il se tenait devant l'évier. Je décidai alors de briser le silence.

-Une fois, j'ai fais tomber une fontaine de champagne à la soirée d'une amie... C'était son enterrement de vie de jeune fille et j'ai voulu faire le mâlin et attraper la coupe de champagne la plus haute et je ne sais pas vraiment comment j'ai réussi à tout faire tomber mais... J'ai réussi... Il y avait du cristal et du champagne partout. J'ai cru qu'elle allait me tuer mais tout ce qu'elle a fait c'est rire et on a tous fait comme elle...

Oui, et le but de l'histoire c'était quoi Sam? Non parce que là, à part lui raconter que tu t'étais bien fendu la poire...

-Bref... Ca nous arrive à tous d'être maladroit. Ce n'est pas grave Liam.

Mais, voyant qu'il ne bougeait toujours pas, je décidai d'abandonner le nettoyage et de me rapprocher de lui. Je coupai le jet d'eau et prit sa main dans les miennes pour observer la coupure qui saignait toujours, mais moins que tout à l'heure.

-Ca va aller...

Je relevai mon regard vers son visage et croisai enfin son regard et je crus que je n'allais pas pouvoir me retenir de l'embrasser. Et pourtant... Pourtant, j'y parvins. Il semblait troublé et je n'aimais pas le voir comme ça. Je n'allais pas en rajouter une couche en l'embrassant de force. Alors, j'essayai de le rassurer.

-Ce n'est pas grave, Liam. Ce n'est qu'une bouteille de vin...

Répétai-je alors pour essayer de bien lui faire comprendre qu'il n'y avait rien de grave à casser une bouteille. Mais je savais bien, au fond de moi, que son trouble ne venait pas simplement de cette bouteille cassée. Il y avait un mal-être profond derrière tout ça. J'aurais voulu l'en libérer : C'était vraiment mon désir le plus cher. Tandis que je me perdais dans ses yeux, je réalisais à quel point j'avais été en-dessous de la vérité en les trouvant magnifiques : Je n'étais plus qu'à quelques centimètres de son visage et je les voyais très nettement à présent, et croyez-moi, ils étaient plus que magnifiques. Ils étaient merveilleux, parfaits, envoûtants... Je détournai le regard et lâchai sa main brusquement, sachant que si je ne m'éloignais pas tout de suite, j'allais faire une connerie que j'allais vraiment regretter. Je me remis à genoux et entrepris de terminer le nettoyage. J'avais à présent ramassé tous les bouts de verre et il ne restait plus qu'à terminer de nettoyer le vin qui s'était répandu par terre. Tout en passant la serpillère, j'essayais de me raisonner. Ces sentiments que j'éprouvais étaient beaucoup trop forts, beaucoup trop puissants et j'avais peur qu'ils ne finissent par me détruire si je n'y faisais pas attention. J'avais déjà presque tout foutu en l'air mais j'avais peut-être encore une chance. Peut-être qu'il allait oublier mon regard insistant, mes gestes un peu trop tendres et qu'il allait accepter d'essayer d'être mon ami. Ou peut-être qu'il allait quitter la cuisine parce que j'avais vraiment dépassé les bornes. La décision ne m'appartenait pas. Je ne pouvais qu'attendre et espérer. Point.
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MessageSujet: Re: It's a beautiful lie, It's a perfect denial [Liam]   It's a beautiful lie, It's a perfect denial [Liam] Icon_minitimeSam 4 Sep - 12:58

De pire en pire. A l’instant, j’étais prêt à retomber dans mes excès, mes folies et mes doutes. L’alcool. Quel fléau plus nocif que celui là ? Ma vie en avait durement pâtit, presque 10 ans passé dans cette nuit perpétuelle, sans possibilité de voir une seule fois la lueur du jour, et ce même en plein été. Ma vie, oui, avait été un terrible océan d’une noirceur infinie depuis ce tragique jour où j’avais appris la mort de ma femme, de mon enfant. Tout avait volé en éclat sous mes pieds, et le seul remède à cela avait été la bouteille. C’était la seule qui parvenait à atténuer mes cauchemars. Cependant, la guerre m’avait fait ouvrir les yeux, contempler ainsi la mort avait été l’électrochoc qui m’avait sorti de ce trou à la profondeur abyssale. Cette fois-ci, la force qui sommeillait en moi avait pris des proportions grandioses, et depuis j’étais sain. Relativement, sain. Mais, comme si toutes ces souffrances ne suffisaient pas, aujourd’hui j’avais failli recommencer. Qui étais-je, bon sang ? J’avais honte de moi, encore plus, toujours plus. Il n’y avait aucune limite à mon manque de courage, même si je devais bien avouer que les circonstances actuelles m’épuisaient au point où j’aurais tout accepté. La disparition de Katarina, le départ de Gabrielle, l’attitude de leurs maris… Non, vraiment, j’en avais plus qu’assez de tout cela. Comme si le sort s’acharnait. Au final, je n’étais sans doute pas obligé de m’occuper de toutes les choses pressentes de la Communauté en l’absence d’Ethan et Alexander, je le savais. Seulement, ces deux derniers semblaient avoir confiance en moi et il me semblait absolument inenvisageable de les décevoir. J’étais un homme sur lequel on pouvait compter, depuis mon arrivée, je m’y étais appliqué. Même au détriment de mes propres envies ou besoins, les autres passaient invariablement avant moi. C’était d’ailleurs à peu près la seule chose qui me rachetait. J’étais certes alcoolique, homosexuel, lâche, faible, pourris, mais au moins je n’étais pas égoïste.

Je regardai un instant ma main, dans laquelle un morceau de verre s’était planté, déchirant mes chaires. Tremblant, j’ôtai l’intrus et de jetai par terre, plus loin tandis que Samuel saisissait un torchon propre. L’espace d’un instant je pensai qu’il allait s’appliquer à nettoyer mes bêtises et je m’apprêtai à l’en empêcher, mais il prit doucement ma main et appuya le tissu sur la plaie, de manière à ralentir la fuite discontinue de mon sang. Voyant très nettement nos deux mains unies trembler sous l’effet de ma tension, je détournai le regard, honteux. Ce contact en lui-même était une honte de plus. Je doutai que Samuel connaisse quoi que ce soit de mon homosexualité puisque seul Ethan était au courant, et pensai que s’il avait su, il ne m’aurait jamais touché. J’aimais les hommes, ce qui était une faute inadmissible. Cela me mettait toujours mal à l’aise lorsque je me trouvais en présence d’un autre survivant masculin, car aucun n’était au courant et tous me traitaient comme si j’étais normal. Or, je ne l’étais pas. Et je savais très bien que s’il avait été au courant, il se serait enfui sur le champ. Aussi maintenais-je mon regard éloigné du sien, ayant très peur que d’un coup il comprenne mon attirance. Non pas pour lui, puisque c’était la première fois que je le rencontrai réellement, mais pour les hommes en général. Aaron était bien sûr le premier sur la liste, et c’était presque le seul auquel je trouvais du charme mais les yeux noisette et le sourire tendre de Samuel étaient tout aussi remarquables. Je ne devais pas y penser, n’en étais pas en droit. Lorsqu’il posa son autre main sur mon avant bras afin d’effectuer un mouvement qui m’amènerait à me relever, je fis mine de rien, mais intérieurement tout se bousculait. L’alcool, l’homosexualité. Deux épisodes tragiques de ma vie qui se déroulaient silencieusement sous les yeux de cet inconnu qui tentait malgré tout de m’aider. Malgré mon état de choc, j’eus comme un élan d’affection pour lui, que je réprimai aussitôt. De l’affection pour un homme, hors de question. Je n’assumais pas mon orientation sexuelle et m’interdisais strictement tout écart de trop.

Mes tremblements ne s’atténuaient pas, de même que mon visage avait définitivement perdu toute couleur. J’observai la scène comme de l’extérieur, ayant totalement perdu le contrôle de mes actes. Samuel passa ma main sous l’eau froide, je manquai de la retirer tant le contact de l’eau me parut glacé mais n’esquissai geste : il tenait de toute manière ma main trop fermement pour que je puisse m’en dérober. Malgré mon anéantissement intérieur, je remarquai l’application avec laquelle il examina ma plaie, et cela me fit une nouvelle fois chaud au cœur. En ce moment, j’étais celui qui tentait de prendre soin des autres, sans retour. Et cette brusque attention que l’on me portait m’apaisait relativement, même venant d’un homme. Surtout venant d’un homme. Finalement il s’éloigna de moi tandis que je ne bougeai pas, incapable du moindre geste de toute manière. Je l’entendis ramasser les morceaux de verre au sol et failli lui dire que je m’en occuperai mais ne le fis pas. Je sentais les larmes monter et ne voulais pas qu’il s’en aperçoive, sans quoi il me poserait certainement des questions auxquelles je ne voulais pas répondre. Mon regard était fixé sur l’eau qui coulait, nettoyant progressivement la blessure sanglante de ma main. Le liquide qui coulait se teintait de rouge en arrivant sur ma peau, avant de s’écraser lamentablement sur le fond de l’évier et de partir, loin dans les canalisations. Lorsqu’il prit la parole, je l’entendis à peine, focalisé sur ce sang qui coulait et coulait sans relâche. Je compris cependant ce qu’il disait, sans pouvoir rien répondre. Maladroit ? Ce n’était pas cela. Je n’étais pas gauche, pianiste de profession. Mes doigts pouvaient se mouvoir avec une aisance et une grâce remarquable lorsque je le désirais. J’eus un sourire triste à la pensé du temps où je jouais en orchestre : c’était la une des plus belles périodes de ma vie. J’avais connu Natacha, et nous allions fonder une famille. Alors tout semblait me sourire. J’allais signer un contrat, devenir pianiste indépendant. Ecrire mes propres morceaux… Soupire. Tout cela était si loin.

Une main vint couper le jet d’eau et attraper ma main meurtrie. J’en regardai le propriétaire, d’un œil vide, dénué d’expression. J’étais fatigué, troublé, blessé. Samuel m’affirma que tout irait bien et je me retins de répondre quoi que ce soit, entendant parfaitement les fausses notes de cette phrase. Si seulement tout pouvait changer. Si seulement je redevenais l’homme que j’étais avec Natacha, et puis si notre enfant voyait enfin le jour, et que la guerre n’avait pas eu lieu… Oui, tout aurait bien été. Mais non, la vérité était bien différente et je me voyais obligé de l’accepter, sans autre possibilité de toute manière. Soudain, il me regarda. Et étrangement, ce regard me coupa la respiration. Parce que j’y lu une affection qui habituellement ne m’était jamais destinée et qui me chamboulait totalement. Une effrayante pensée m’assailli : Samuel était-il gay ? Je secouai légèrement la tête, oubliant cette supposition aussi vite qu’elle ne m’était parvenue. Je déraillais totalement, étant tellement en manque d’affection que je m’inventais des choses. Et puis, même s’il l’avait été, il ne se serait jamais rien passé entre nous. Car moi je ne l’étais pas vraiment, au final. Je n’avais absolument jamais touché un homme et n’étais absolument pas prêt pour cela. Même pour Aaron, il m’aurait été difficile d’avoir un geste tendre. Cela me paraissait trop dégoûtant, trop horrible. Malgré mes sentiments, je n’en étais pas capable et voilà tout. Et puis… Aaron n’était pas homosexuel. Mieux valait me mettre ça dans la tête et oublier. Seulement Samuel ne me lâchait pas des yeux, et progressivement j’avais l’impression qu’il se rapprochait de mon visage, de manière à n’en être qu’à quelques centimètre à peine lorsque enfin il détourna les yeux et abandonna subitement ma main qu’il gardait toujours. Cependant, il prononça une phrase qui me fit sursauter.

-Ce n'est pas grave, Liam. Ce n'est qu'une bouteille de vin...

Qu’une bouteille de vin ? S’il avait su. S’il avait su que j’avais passé de nombreuses années à boire en cachette, à ne plus sortir, à habiter un appartement miteux. Que je ne mangeais même plus, ne dormais quasiment jamais. Oui, pour n’importe qui d’autre ce n’était qu’une bouteille de vin, mais pas pour moi. Non, pas pour moi. Pour moi, cette bouteille représentait ma mort. Ma déperdition. Me retournant, je le vis entrain de s’atteler au nettoyage de cette cuisine que j’avais souillé. Il passa la serpillière tandis que je réfléchissai, repassant cette phrase en boucle dans ma tête. Tout allait très vite. Et soudainement, je lâchai d’une voix fiévreuse :

« Lorsque l’on est un ancien alcoolique, une bouteille de vin représente beaucoup. »

Euh bonsoir. Etrangement, je ne fus pas spécialement choqué de la révélation que je venais de balancer. J’étais tellement fatigué qu’un peu plus ou un peu moins, je n’étais plus à ça près. Je vis cependant son visage je relever soudainement vers moi et cru bon d’expliciter, même si au final il n’y avait rien à dire sur cette période de ma vie.

« J’ai connu des moments difficiles. J’en connais toujours. Mai j’ai arrêté de boire. C’est juste que… J’ai beaucoup de soucis en ce moment. »

Je soupirai et me penchai pour ramasser un morceau de verre oublié. A présent, je ne regardai ni Samuel, ni rien dutout. Comme un automate je me retournai pour le jeter dans l’évier avant de prendre une serviette posée sur un plan de travail et l’appuyer contre ma plaie qui saignait à présent faiblement. Cependant, je sentais le regard inquiet de l’homme qui me tenait compagnie sur moi et lui jetai un faible sourire. Ce n’était pas si grave au final. Je n’étais pas totalement fautif, comme je l’avais dis c’étaient seulement ces problèmes qui me tombaient dessus et qui m’épuisaient. Une petite faiblesse, évitée de justesse. Voilà tout. Au final je compris que j’étais réellement trop sévère avec moi-même. Après tout, la tentation aurait été la même pour n’importe qui dans mon cas, l’essentiel est de l’éviter. Temps que l’on est suffisamment courageux pour lâcher la bouteille, il n’est pas trop tard. Et puis, même si je n’étais pas particulièrement fier d’avoir été alcoolique, je supposais que m’en être sorti était quelque chose sur quoi je pouvais m’appuyer pour retrouver confiance en moi. Mais oui, je n’avais pas été totalement lâche après tout. Je soupirai une nouvelle fois avant de poser les mains de chaque côté de mon corps sur le plan de travail derrière moi et demandai d’une voix faussement joviale :

« Bon. Tu pourrais me le faire ce café finalement ? »

Un dernier sourire empreint de lassitude et je m’éloignai, posant brièvement ma main sur l’épaule de Samuel au passage en signe de remerciement. Si cet homme m’était inconnu, il n’en était pas moins charmant.
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MessageSujet: Re: It's a beautiful lie, It's a perfect denial [Liam]   It's a beautiful lie, It's a perfect denial [Liam] Icon_minitimeDim 5 Sep - 19:31

Je m'acharnais avec la serpillère comme si nettoyer ce vin par terre pouvait nettoyer mon coeur et me libérer de ces sentiments qui étaient en train de me bouffer tout cru. C'était très con mais au moins, ça m'occupait. Je préférais ne pas le regarder, ne pas penser au fait qu'il se trouvait debout juste derrière moi. Rien que sa présence me rendait dingue tant j'étais déjà accro à lui. Alors que j'avais peur qu'un silence pesant ne s'installe, la voix de Liam s'éleva et les mots qu'il prononça me firent l'effet d'un choc électrique. Un ancien alcoolique? Lui? Aussitôt, je cessai de nettoyer pour relever mon visage vers lui. Je n'en revenais pas... Oh, je n'étais pas dégoûté de l'apprendre et je ne le jugeais pas, au contraire. J'étais bien le dernier à être en position de juger quelqu'un, en particulier lui. Non, en fait, je me demandais comment il avait pu en arriver là. Je me demandais quelles épreuves il avait traversé pour devenir un alcoolique. Il avait employé le passé, se considérait comme un ancien alcoolique mais je savais que l'alcoolisme faisait partie de ces maladies qui ne disparaissait jamais vraiment. Cette maladie était toujours prête à surgir à un moment ou à un autre et celui qui en souffrait devait faire preuve d'une grande force de caractère pour ne pas céder à la tentation. Alors que j'étais en train de penser au fait que j'aurais pu moi aussi passer par là si je n'avais pas été correctement pris en charge à mon retour d'Irak, il jugea bon de s'expliquer en m'annonçant qu'il avait connu des moments difficiles et qu'il en connaissait toujours. Mon coeur se serra une nouvelle fois. Si seulement j'avais pu l'apaiser, si seulement j'avais pu lui rendre la vie plus agréable... Je me doutais qu'il avait beaucoup de soucis : Tout le monde se déchargeait sur lui et il devait être à bout. De toute façon, cela se voyait sur son visage... Il se pencha soudain pour ramasser un morceau de verre que j'avais oublié et se retourna avant de le jeter dans l'évier. En le regardant, une profonde fierté me gonfla le coeur : Il avait eu envie de boire mais il n'avait pas craqué. Il avait préféré lâcher la bouteille. J'étais véritablement très fier de lui, de sa force, de son courage. Il ne s'en rendait sans doute pas compte, mais il était sur la bonne voie.

Je reportai mon attention sur le sol et me rendis compte que j'avais été plutôt rapide concernant le nettoyage. En même temps, j'étais tellement tendu qu'il aurait été surprenant que je prenne mon temps. Pourtant, cela m'aurait permis de rester plus longtemps auprès de Liam, mais c'était sans doute mieux comme ça. Je passai une dernière fois la serpillère de façon à retirer les dernières traces de vin avant de la poser sur le seau et de reporter mon attention sur Liam. Il semblait ailleurs, préoccupé et je pouvais le comprendre. Je ne pus empêcher l'inquiétude de m'envahir : J'avais peur pour lui. Peur qu'il souffre. Peur qu'il doute de sa force de caractère. Peur qu'il se juge avec trop de sévérité. Il sentit probablement que j'étais inquiet car il m'adressa un faible sourire qui, je l'imagine, se voulait rassurant. Cela ne fonctionna pas vraiment : Son sourire était trop triste, trop lointain pour me remplir vraiment de bonheur. Oui, j'aurais dû être rempli de bonheur puisque c'était la première fois qu'il m'adressait un sourire. J'espérais qu'il y en aurait d'autres. J'espérais être capable de le faire sourire avec plus de châleur et de gaieté. Ca allait être mon premier objectif : Lui faire oublier ses soucis. Je ne savais cependant pas comment j'allais m'y prendre et le câliner était absolument hors de question. J'arriverais probablement à trouver la réponse au moment venu. Alors que je me redressai, prenant le seau dans ma main au passage, il me demanda si finalement j'étais d'accord pour lui faire un café. Je souris châleureusement à cette demande : Bien sûr que j'étais d'accord. Si seulement son sourire à lui avait pu être aussi plus châleureux et moins voilé de lassitutde. Il s'éloigna du plan de travail et sortit de la cuisine, non sans avoir posé brièvement sa main sur mon épaule juste avant. Alors qu'il était déjà dans la salle à manger, moi j'étais encore debout, sans bouger, le seau dans la main, chamboulé par ce contact certes bref, mais pas moins important pour moi. Ce n'était sans doute pas grand chose pour Liam, mais pour moi... Sentir sa main se poser sur mon épaule de cette façon... Cela me renvoyait mes sentiments à la figure et j'eus envie de lâcher le seau et de le suivre pour le prendre dans mes bras et l'embrasser. A la place, je vidai le seau dans l'évier et le nettoyai avant de commencer à préparer le café.

Le tout était de rester calme et de ne rien laisser paraître. J'allais rejoindre Liam, nous allions boire un café et discuter calmement, comme deux amis pouvaient le faire. Oui, j'allais y arriver. Je n'avais pas le choix. C'était ça, ou ne plus du tout le voir et être séparé définitivement de lui et je n'étais pas prêt pour cela. Pas prêt du tout. Alors que le café coulait dans la cafetière, je rallumai l'eau froide et me baissai pour passer mon visage sous l'eau. J'avais besoin de me remettre les idées en place et surtout, de me calmer. Je finis par éteindre l'eau et frottai mes mains contre mon visage avant de soupirer et de relever le visage pour regarder le plafond. J'étais capable de me construire une carapace. J'étais capable de ne rien laisser paraître. Je l'avais déjà fait, il suffisait que je le fasse encore. Je préférai rester dans la cuisine le temps que le café se fasse : Cela me permit de me préparer à la suite. Au bout de quelques minutes, j'éteignis la cafetière, la prit et la posai sur un petit plateau avant de prendre deux mugs ainsi que la boîte à sucres, puis je posai tout cela à côté de la cafetière. Arrivé à la porte de la cuisine, je pris une profonde inspiration, mis mon masque et sortis. Liam s'était réinstallé à la même table et j'arrivai rapidement jusqu'à lui, un sourire un brin distant sur le visage. Je posai le plateau sur la table, et observai Liam en essayant de garder mon masque sur le visage, chose qui n'était pas si facile à faire. Je lui proposai du sucre mais il refusa. Aussi, je versai le café frais dans le mug avant de le poser devant lui. Il me remercia avec un petit sourire poli et je me servis rapidement mon café avant de m'installer au face de lui. Bon, je l'avoue : J'aurais voulu m'assoir à côté de lui ne serait-ce que pour le sentir près de moi mais ce n'était pas une bonne idée. Déjà, il se serait posé des questions, et puis, il me serait plus facile de garder mon masque si je gardais mes distances. Non?... Je portai le mug à mes lèvres et inspirai profondément pour m'imprégner de l'odeur de café frais : C'était vraiment agréable. J'avais toujours été un adepte de la caféine. Je finis par en boire une bonne gorgée avant de reposer le mug sur la table, mes mains l'entourant. Non, ce n'était pas une manière de les réchauffer : C'était une manière de leur éviter d'aller se balader ailleurs ou sur autre chose, en particulier sur les mains de Liam qui ne se trouvaient qu'à quelques centimètres. Saloperie de table beaucoup trop petite... Je glissai mon regard sur Liam et il me parût toujours aussi lointain. Alors, quitte à dépasser les bornes, je mis les pieds dans le plat.

-Tu n'as pas à avoir honte de ce qui s'est passé là-bas, ou de ce que tu as vécu avant Liam.

Il releva son regard vers moi mais son visage était impassible : J'étais incapable de deviner ce qui lui passait par la tête mais continuai malgré tout.

-On a tous été obligé d'affronter nos démons à un moment donné. Toi, tes démons ont pris l'apparence de la dépendance à l'alcool. Moi, ça a été de la violence envers les autres et surtout moi-même. Je pouvais partir au quart de tour, je m'énervais très facilement...

Je n'avais aucune peur de lui parler de cette partie de moi qui était pourtant bien cachée. Je ne pris cependant pas la peine de rentrer dans les détails. Lui non plus n'était pas entré dans les détails. Il avait simplement dit qu'il avait eu des moments difficiles : C'était la même chose pour moi. Nous n'étions cependant pas prêts à relater les faits qui nous avaient conduit à nous faire du mal et à faire du mal aux autres. Je le savais et lui le savait aussi, sans aucun doute possible. Il fallait au contraire essayer de se concentrer sur le positif qui réussissait à surgir de ces difficultés.

-Mais j'ai fini par me maîtriser, et toi ce soir, tu t'es maîtrisé. Tu n'as pas bu Liam. Tu as lâché la bouteille et c'est courageux. Tu aurais pu tout envoyer aux oubliettes et repartir de zéro, mais tu ne l'as pas fait. C'est bien. Tu peux être fier de toi.

J'avais envie de lui dire que moi, j'étais fier de lui mais ça j'aurais été trop loin. Ca m'aurait trahi, je le savais. Alors, je me contentai de le regarder, en gardant mon masque sur le visage. J'avais jusque là réussi à tenir le coup et si j'étais capable de continuer comme ça, alors peut-être que nous allions pouvoir être amis. Peut-être que j'allais pouvoir avoir cette petite place dans sa vie et j'étais prêt à me contenter de ça. Je préférais l'avoir un peu plutôt que de ne pas l'avoir du tout.
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MessageSujet: Re: It's a beautiful lie, It's a perfect denial [Liam]   It's a beautiful lie, It's a perfect denial [Liam] Icon_minitimeJeu 16 Sep - 19:06

D’un pas las, je me traînai jusqu’à la salle à manger où je tombai mollement sur la même chaise que quelques instants plus tôt. L’air pénétrait difficilement dans mes poumons, comme freiné par la culpabilité qui me serrait le cœur. Elle était cependant moins forte que quelques instants auparavant, car je venais sans réellement m’en rendre compte de franchir un grand pas. Au fond, je réalisais le chemin que j’avais parcouru. Certes mes fautes étaient grandes, mais j’avais tout de même tenté de les racheter. La mort de Natacha avait été payée par mon alcoolisme, la destruction volontaire de mon esprit et de mon corps, les nombreuses années passées dans le noir et la peur. Puis cet alcoolisme, au prix de grands efforts, avait été vaincu. Aujourd’hui je parvenais à vivre sans boire, sans me réfugier dans cet océan d’ignorance et d’ennui. Je n’avais plus besoin de béquille pour marcher. Bien sûr, le souvenir de ma femme et de cet enfant m’hantait chaque jour, cependant je parvenais ( non sans mal ) à vivre avec. Oui, j’essayais de reprendre une existence normale, dans la mesure du possible. En oubliant totalement mon homosexualité, j’étais quelqu’un de normal. Normal. Ce mot est si rassurant. Pourtant, il ne représente rien de particulier, qu’est ce que la norme après tout ? Etre hétéro, grand, brun, des enfants, une femme, et quelques années auparavant un bon boulot, une voiture de sport, une beau pavillon et un chien nommé Spiki ? Oui, toutes ces mesures devaient être prises en compte pour justifier la normalité. C’est étrange comme les gens, dont moi, se reposent sur ce principe, ce concept, alors qu’il est plus qu’évasif. Il y avait peut-être certains critères qui définissaient plus ou moins bien la normalité, mais en somme cette dernière n’existait pas vraiment. Il n’y avait pas de moule avec écrit en gros dessus « NORMAL » dans lequel nous passions tous à la naissance afin de continuer sur cette lancée toute notre vie. Ou alors, personne ne m’en avait parlé de ce connard de moule, parce que sincèrement j’aurais bien aimé lui dire deux mots.

Frottant de mes doigts toujours quelques peu tremblants mes paupières fatiguées, j’entendis le bruit de la cafetière qui se mettait en route et me focalisai uniquement sur ce son. Boire un café était-il réellement une bonne chose tandis que je tombais de sommeil et n’aspirais qu’à un peu de repos ? Sans doute pas, cependant j’avais encore certaines choses à régler. Je comptais bien passer faire un tour dans les réserves de nourriture avant d’aller me coucher, histoire de voir le tout écoulé depuis ma dernière visite, c'est-à-dire deux jours plus tôt. Disons que j’étais un tantinet plus stressé que les leaders habituellement sur ce point. Ne me demandez pas pourquoi, mais j’avais l’impression que nos réserves diminuaient plus rapidement lorsque je ne les surveillais pas consciencieusement, et bien que cette sensation soit totalement dépourvue de logique je m’y appuyais fermement. Il fallait que je sache, cela avait un côté rassurant. Pourtant je n’aimais pas m’y rendre tandis que nous avions la certitude que c’était là le lieu où Katarina s’était fait enlevée, j’y ressentais toujours comme un frisson d’horreur. Comme si le souvenir acide de ce jour flottait toujours là bas. J’inspirai profondément, tentant de mettre mes idées au clair. Lucy et Lucas étaient très certainement avec Lilly à l’heure qu’il était, mais je ne voulais pas trop me décharger sur elle et devais donc les récupérer au plus vite. Je n’avais pas vraiment le temps de boire un café, en y réfléchissant, mais maintenant qu’il était fait je me voyais mal abandonner Samuel après le lui avoir demandé. Ma fatigue ne me poussait pas encore jusqu’à de telles impolitesses. Et puis après tout, quelques minutes en plus ou en moins avec Lilly, cela ne changeait pas grand-chose. L’essentiel étant de les récupérer avant 21h. Le café serait vite bu, en somme. D’ailleurs j’eus un soupire de soulagement lorsque je vis Samuel revenir avec un plateau chargé de ma commission, cela ne durerait pas très longtemps encore.

Il me proposa gentiment du sucre, offre que je déclinai. Il me fallait en cet instant un bon café noir, nature, histoire de me remettre les idées en place. Je le remerciai d’un simple sourire lorsqu’il en posa une tasse pleine devant moi et machinalement en bu une gorgée, satisfait de ce puissant goût qui investissait ma bouche. A présent mes tremblements s’étaient totalement tus et je me sentais comme soulagé, vidé de ce coup d’angoisse infernal. Mon regard se perdait sur les tables voisines, sur les chaises, les murs même. J’observai sans ne rien voir d’autre que mes amis qui autrefois riaient ici. Oui, il fut un temps où la bonne humeur était de mise dans la Communauté. Je me souvins notamment du jour où Ethan avait demandé publiquement la main de Katarina et en fut une nouvelle fois touché. Personnellement je n’étais pas du genre à éclater de rire bruyamment ou discuter pendant des heures, non, j’étais beaucoup plus discret, pour ne pas dire effacé. J’entendais, mais ne disais rien. Les gens devaient penser que je n’avais rien à dire, mais en réalité je préférais surtout écouter, parce qu’il y a dans l’écoute quelque chose de beaucoup plus précieux que dans la parole. Ecouter quelqu’un c’est une manière de pénétrer sa personnalité, son être profond. Il y a la façon de penser bien sûr, mais aussi celle de s’exprimer, les mimiques, les expressions, les éventuels accents. Tant de choses qui nous en apprennent souvent long sur les personnes que nous côtoyons, mais que si peu remarque. Si les gens prenaient la peine de s’écouter plus attentivement, ils se connaîtraient mieux. Mais c’est rarement le cas. Le monde dans lequel nous vivions auparavant nous enseignait à tort à parler, parler et encore parler. Différentes langues, sur différents registres. Le chic, c’était d’avoir des choses à dire sur tout et n’importe quand. Moi je ne disais rien, je n’ai jamais rien dis. Pas parce que je ne savais rien, mais parce que je ne pouvais pas écouter et parler en même temps. Il faut faire des choix dans la vie, j’ai très jeune choisi d’apprendre à connaître plutôt qu’étaler ma propre connaissance aux autres. Chacun sa vision des choses.

Aussi lorsque Samuel reprit la parole, l’écoutai-je. J’écoutai chacun de ses mots comme s’ils faisaient partie d’une énigme à laquelle je devais absolument répondre si je voulais trouver la clef de son âme, et au final c’était cela. Ce que je devinais ? Lui aussi avait vécu des moments tragiques. Bien sûr je ne pouvais prédire quels évènements, et très sincèrement je m’en fichais : je ne voulais pas savoir ce qu’il ne me disait pas. Ce sont là des choses beaucoup trop personnelles pour que l’on s’amuse à y coller son nez en forçant une porte close. S’il ne s’expliquait pas, je ne lui demandais rien de plus. Moi non plus je n’étais pas allé trop loin dans mes dires car je n’en avais pas envie, et c’était aussi simple que cela. Seul Ethan connaissait mon passé, et très sincèrement lui raconter avait été un nouveau moment douloureux pour moi. Or, je ne voulais pas recommencer ce soir. Sauf que lorsqu’il parla de nouveau de moi, je l’observai sans broncher. Une fois de plus, je n’avais rien à dire. Tout simplement parce qu’il n’y avait rien à dire, d’ailleurs. Je ne savais pas vraiment si comme il le disait je pouvais être fier de moi, je ne savais pas non plus si c’était si courageux que cela. Au fond, j’aurais simplement aimé oublier cet accident et passer à autre chose. Pour une fois, je désirais arrêter de me retourner le cerveau sans cesse. De toute façon dialoguer seul sur mes inaptitudes multiples ne me servait à rien, alors oui, j’aurais aimé ne pas y penser. Pas tout de suite en tout cas. J’avais manqué de retomber dans les bras gluants de l’alcool, oui. Mais je leur avais échappé, donc le problème était réglé. Je m’étais déjà condamné intérieurement, le faire extérieurement à présent se révélerait futile. Alors je me contentai de le regarder, en silence, sans une expression. Cela pouvait paraître gênant quelque part mais ce genre de situation se passait de mot. Le silence est parfois une bien grande réponse à lui seul.

Il se passa ainsi quelques secondes, avant que je ne finisse par ouvrir la bouche.

« Parle moi de toi Samuel. »

Changement de sujet ? Non, le sujet était de toute manière clos. Et si cela pouvait paraître déconcertant pour mon interlocuteur, je trouvais très normal que de passer à autre chose maintenant. De plus, je ne le connaissais pas et quelque part il m’intéressait. J’avais beau avoir lu quelques bribes de lui sur les notes faites lors de son arrivée, rien de très consistant. Ce n’était pas là une curiosité étrange, simplement une envie d’écouter encore un peu. Il était nouveau, et n’importe qui à ma place aurait certainement demandé ce genre de chose, en lui laissant ainsi le choix de déterminer ce qui était racontable ou non. Seulement, à peine eut il ouvert la bouche que la porte de la salle à manger s’ouvrit de nouveau, laissant entrer deux petits monstres qui coururent jusqu’à notre table et me sautèrent dessus. Lucy et Lucas. Je me détournai alors de Samuel pour leur ouvrir grand mes bras et les réceptionner, tandis qu’ils riaient tout deux. Que se passait-il ? En relevant la tête j’aperçu Lilly qui m’adressa un sourire d’excuse, elle n’était certainement pas parvenue à les faire tenir en place une heure de plus. Après tout cela faisait longtemps que je les avais laissé à ses bons soins et à la longue ils avaient du se languir de moi, ou tout simplement s’ennuyer un peu. Je lui rendis un sourire alors un peu plus chaleureux et serrai doucement mes enfants. Les avoir près de moi était réconfortant en ce moment de grande fatigue, même si très vite je déplorai de ne pas les savoir muets comme leur nounou improvisée.

« Pousse toi, tu prends toute la place !
- T’avais qu’à arriver plus vite ! »

J’eu une moue dubitative avant de les lâcher tout deux et de me tourner de nouveau vers Samuel que j’avais presque oublié.

« Dites bonsoir à Samuel. »

Ce qu’ils firent respectueusement, malgré l’absence visible d’intérêt chez Lucas. Lucy quant à elle semblait…hypnotisée. Elle posa sur lui un regard à la foi plein d’admiration et de sympathie qui en disait long : elle était sous le charme. Un sourire étira alors mes lèvres et je compris sans nul mal qu’à cet âge là, c’était sans doute normal de trouver les hommes beaux. Même si c’était encore un peu tôt à mon goût. Et puis Samuel était bien trop vieux. Et puis il était hors de question qu’elle sorte de notre chambre sans moi. Oh et pas la peine d’espérer pouvoir lui faire goûter ses bons petits plats. Je secouai doucement la tête : un vrai papa poule. Lucy était encore une petite fille, pourquoi m’en faisais-je au juste ? Je perdais les pédales. A mon tour je le regardai et en arrivai à la même déduction, après tout Samuel avait effectivement beaucoup de charme. Ma fille n’était certainement pas la première dont le cœur chavirait pour lui. Finalement je fus sorti de mes pensées par Lucas qui, voulant tirer une chaise et s’y asseoir, manqua de tomber. Je le rattrapai « au vol » et l’assis sur un de mes genoux, l’autre ne tardant pas à être occupé par Lucy. Je passai alors mes bras autour d’eux afin de les serrer contre moi, avant de demander d’une voix empreinte de douceur et de tendresse s’ils avaient été sages, la réponse étant bien évidemment positive. Comme s’ils allaient me raconter leurs bêtises. Lucas se lança alors dans le récit de sa journée tandis que Lucy ne lâchait pas Samuel des yeux et que je sentais un malaise m’envahir : cela n’était pas très correct vis-à-vis de lui.

« Et après Isaac nous a apprit à faire des cocottes en papier. »

Bah voyons, elle était belle la vie. Je ris doucement avant de déposer un baiser sur chacune de leur petite joue rose et leur demander de retourner au salon où je savais qu’ils ne seraient pas seuls. Malgré leur capacité à se tenir tranquilles en l’absence de surveillance, je n’aimais guère cette idée. Ils avaient beau être âgés de dix ans et donc relativement autonomes pour cet âge, dans ma tête les jumeaux représentaient de fragiles choses que je devais préserver plus que ma propre vie. Lucy détacha alors ses yeux de son nouvel ami, puisqu’elle semblait lui avoir parlé, et commença à objecter. Au bout de quelques secondes de négociation, le marché était conclu : je devais être de retour dans moins d’une heure sans quoi je serais privé de bisou. Soit. Finalement, Lucas sauta de mon genou et Lucy l’imita, repartant tout les deux vers la porte. Lucas prit la posture de Superman en courant dans le couloir et sur cette dernière vision, sa sœur ferma la porte. D’un coup, le silence reprit ses droits dans la pièce et j’adressai un maigre sourire à Samuel.

« Désolé, ils n’aiment pas quand je les laisse trop longtemps. Et aujourd’hui j’ai été très occupé. »

Un soupir. Un nouveau regard dans le vague. L’air me sembla frais sans ses deux corps chauds contre le mien : j’en frissonnai.

« Pardon je t’ai coupé.»
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MessageSujet: Re: It's a beautiful lie, It's a perfect denial [Liam]   It's a beautiful lie, It's a perfect denial [Liam] Icon_minitimeDim 19 Sep - 18:56

« Parle moi de toi Samuel. »

Hein? Quoi? Parler de moi? Ah... Pour être sincère, je n'étais pas du genre timide et parler de moi ne me dérangeait pas vraiment. Enfin, en dehors de mon passé de militaire, j'étais en général prêt à me confier. Mais là... J'étais complètement bloqué. J'ouvris la bouche pour lui répondre mais rien ne sortit : Strictement rien. Pourquoi? Mais parce que nous allions vite faire le tour. J'allais lui dire que j'étais photographe professionnel, cuisinier amateur, ancien militaire -mais j'allais vite passer sur ce sujet- et j'arriverais ensuite le moment où un homme hétérosexuel pourrait parler de ses amours, de ses conquêtes. Hors, je ne me voyais pas parler des mes amours à Liam pour la bonne et simple raison que je ne voulais pas lui avouer que j'étais homosexuel. J'avais trop peur qu'il ne devine mes sentiments et je ne voulais pas prendre le risque de le perdre. Ami plutôt que rien : C'était ce que j'avais décidé. J'allais devoir être assez vague sur... Sur tout en fait car sinon, je risquais de me trahir tout seul. Bon sang... Si seulement j'avais pu tout lui dire, absolument tout... Ce n'était cependant pas envisageable. Vite : Parler. Je devais parler. Je devais répondre. Le Ciel avait peut-être décidé d'être clément avec moi aujourd'hui puisque je n'eus pas besoin de lui répondre : Deux tornades venaient d'entrer dans la salle à manger. Deux petites tornades qui foncèrent jusqu'à notre table et sautèrent sur Liam. J'écarquillai les yeux, m'attendant à peu près à tout sauf à ça. Il les prit dans ses bras et releva son regard vers une demoiselle qui se tenait à l'entrée de la salle à manger : Lilly, si mes souvenirs étaient exacts. Etant donné l'air qu'elle arborait, elle devait probablement être supposée veiller sur eux mais les deux petites tornades avaient réussi à lui échapper. Deux petites tornades que Liam gardait précieusement contre lui. Contre lui... J'eus l'impression d'être glacé sur place : Il avait des enfants. Si j'avais eu le maigre espoir qu'un jour nous pourrions vivre ensemble, cet espoir venait de s'éteindre : Je ne l'avais jamais vu avec une femme mais il était probablement marié, ou séparé, mais peu importait. Je n'étais pas son genre. Pas du tout. Ces enfants étaient adorables, et j'adorais les enfants, mais leur arrivée venait de m'achever. Je fis cependant un effort pour accrocher un sourire à mes lèvres et à ne rien laisser paraître, comme j'avais l'habitude de le faire. Ces petits bouts ne méritaient pas que je leur fasse la tête : Ce qui arrivait n'était pas leur faute, c'était la mienne.

« Pousse toi, tu prends toute la place !
- T’avais qu’à arriver plus vite ! »

Mon sourire se fit moins forcé en les entendant se chamailler de cette façon. Plutôt que de broyer du noir, je devais m'estimer heureux de pouvoir faire leur connaissance. Liam se retourna finalement vers moi et le sourire qu'il arborait me fit fondre à l'intérieur : Au contact de ses enfants, il s'était transformé et ce Liam là était encore plus charmant, encore plus séduisant, encore plus merveilleux, encore plus... Stop Samuel! Arrête ton délire. Il a des enfants, il aime les femmes, alors ça suffit! Suite à la demande de leur père, les enfants me saluèrent, se présentèrent, et je leur répondis avec un large sourire. Lucas ne sembla pas trop emballé à l'idée de me rencontrer ou plutôt, indifférent, à l'inverse de Lucy qui ne me quitta plus du regard. Apparemment, j'avais suscité son intérêt, pour mon plus grand plaisir. Je regardai cette petite puce avec tendresse quand mon regard fut attiré par Lucas qui manqua de tomber : Heureusement, Liam le rattrapa à temps et l'installa sur l'un de ses genoux, réservant l'autre pour Lucy. J'étais heureux d'être en leur compagnie, mais cette table qui nous séparait n'était qu'une matérialisation de cette frontière invisible qu'il y aurait toujours entre nous. Non... Je ne devais pas penser à ça. Je devais profiter de ces instants. Aussi, je reportai mon regard sur Lucy qui me regardait avec toujours autant d'affection, peut-être même d'admiration en fait. Quand Liam leur demanda, d'une voix pleine de douceur et de tendresse, s'ils avaient été sages, je crus que j'allais me lever et l'embrasser : J'étais complètement dingue de lui. Je l'aimais à en crever et le voir aussi tendre, aussi doux, ne faisait que renforcer cet amour déjà bien trop profond et puissant. Heureusement, le récit de ce que les enfants avaient fait me sortit de mes pensées amoureuses et je portai mon attention sur eux, essayant de me concentrer sur ce qu'ils avaient fait, et non pas sur ce que je crevais d'envie de faire. La petite Lucy se mit à me parler de ce qu'elle avait fait, du fait qu'elle était obligée de surveiller son frère et qu'elle était très responsable. J'avais la très nette impression qu'elle essayait de me convaincre de ses qualités. Mon sourire se fit encore plus large et je la félicitai de sa maturité. Malheureusement, quand j'entendis le petit rire de Liam, des frissons parcoururent mon corps et je reportai sans attendre mon attention sur lui, refusant de louper une seconde de ce rire et de ce bonheur sur son visage. Il déposa un tendre baiser sur les joues des petits avant de leur demander de retourner au salon avec Lilly. Lucy reporta alors son regard sur son père et commença à objecter et elle me parût encore plus adorable... Il finit par leur promettre de ne pas être trop long et de revenir dans moins d'une heure, ce qui termina de convaincre les jumeaux qui quittèrent la pièce de la même façon qu'ils étaient arrivés, donc, comme des tornades.

Quand la porte fut fermée, j'eus une étrange sensation de vide : C'était comme si la présence des enfants avait rempli la pièce et avait apporté de la châleur. A présent, je me retrouvais de nouveau seul avec Liam et avec ce mur invisible, plus que jamais présent entre nous. Au moins, en présence des enfants, j'avais pu m'évader, penser à autre chose, mais maintenant... Liam eut un petit sourire d'excuses qu'il accompagna d'explications sur le fait que les enfants n'aimaient pas rester trop longtemps sans lui. Mon sourire avait perdu de sa châleur, bien malgré moi, mais je tentai de le garder quand même accroché à mes lèvres.

-Tu n'as pas à t'excuser.

Il soupira et son regard se perdit dans le vague : J'étais une nouvelle fois en face d'un homme fatigué, brisé, et pas en face d'un homme heureux et épanoui grâce à ses enfants. Son expression m'arracha le coeur. Et c'est à ce moment-là qu'il décida de reprendre là où nous en étions arrêtés. Il disait m'avoir coupé, hors, je n'avais pas commencé à parler. Maintenant que nous revenions à ce sujet, je réalisai que je ne savais toujours pas quoi lui dire exactement. Lui parler de qui j'étais mais sans trop en dire me paraissait compliqué. Je n'avais cependant pas le choix. A moi de choisir mes mots et de faire attention. Bien attention. Je levai les yeux vers le plafond avant de reporter mon regard sur Liam, même si j'aurais préféré ne pas planter mes yeux dans les siens.

-Il n'y a pas grand chose à dire sur moi. Je suis né en Angleterre et je suis venu vivre à New York il y a un peu plus de deux ans. Je revenais d'Irak et j'avais besoin d'un nouveau départ.

Inutile de préciser ce que je faisais en Irak : Nul doute qu'il allait le comprendre. Je continuai rapidement, essayant d'éviter qu'il n'essaye d'en savoir plus à ce sujet.

-Avant de partir là-bas j'étais photographe, et je suis revenu à ce métier en arrivant à New York. La cuisine est juste une passion : Je n'ai jamais travaillé dans un restaurant. Ca m'aurait plu... C'est aussi pour ça que ça me fait plaisir de cuisiner pour vous tous. Et puis, de cette façon, je me sens un peu plus utile. Ca m'ennuierait de vivre ici et de ne pas pouvoir aider, ne serait-ce qu'un petit peu.

Je marquai un silence.

-Je t'avais dis qu'il n'y avait pas grand chose à dire sur moi.

Je haussai les épaules et détournai le regard. Oh si, il y avait tout un tas de choses à dire sur moi à commencer par mon homosexualité. Si j'abordais ce sujet-là, je pourrais lui en dire beaucoup plus sur moi : Ma fugue adolescent, mon retour à la maison avec des parents compréhensifs qui avaient fini par accepter mon homosexualité, les trois amours de ma vie, dont Jason que j'avais perdu en Irak, mon passage dans un institut spécialisé dans l'aide des vétérans pour m'aider à faire mon deuil et à avancer, et enfin, mon quatrième et plus grand amour qui se trouvait juste devant moi. J'aurais pu lui dire qu'à l'instant où j'avais croisé son regard, j'étais tombé amoureux de lui. J'aurais pu lui dire que j'étais prêt à tout pour lui. J'aurais pu lui dire que vivre à ses côtés et aux côtés de ses enfants aurait été mon plus beau cadeau. J'aurais pu lui dire qu'imaginer ma vie sans lui me paraissait impossible à présent qu'il y avait une place si importante. J'aurais pu, mais qu'est-ce que ça aurait apporté de bon? Rien du tout. Ca n'aurait fait que l'éloigner de moi, c'est tout. Alors, je devais me contenter de lui dire un minimum sur moi. Je n'avais pas réellement menti : J'avais simplement ignoré quelques détails importants certes, mais qu'il n'avait pas besoin de connaître. Bien sûr, la question pouvait tomber : « Est-ce que tu as des enfants? Tu es marié? », et là, j'allais être obligé de mentir, ce qui allait me déplaire car j'étais plutôt du genre honnête et surtout, je n'avais pas honte de mon homosexualité. Je n'avais jamais caché mes préférences en matière d'amour à qui que ce soit mais je n'étais jamais tombé amoureux d'un homme hétérosexuel : J'avais eu cette chance. Jusqu'à aujourd'hui en tout cas, car à présent, j'étais raide dingue d'un homme qui avait des enfants et pour qui les hommes représentaient soit des amis, soit des ennemis potentiels pour sa femme. C'était en tout cas ce que moi j'imaginais. Je soupirai avant de passer mes mains sur mon visage et de me frotter les yeux : En cet instant, j'aurais préféré ne pas me trouver là et ne jamais avoir mis les pieds à la communauté. J'avais cru que j'allais être en sécurité et bien, et j'étais en sécurité, mais pas protégé de tout. Je n'étais pas protégé de l'amour qui pouvait être destructeur, je n'étais pas protégé de mon coeur qui m'avait toujours fait aimer les autres avec passion. Je n'étais pas protégé...

Je passai ma main sur ma nuque avant de relever mon regard sur Liam qui m'observait d'un air intrigué. J'aurais pu en être surpris mais en y réfléchissant, il y avait de quoi être intrigué : J'avais fait un très bref résumé de ma vie et je m'étais enfermé dans le silence pendant quelques instants, sans aucune raison. Je devais donc en trouver une, et très vite. Ou pas... Parce que je n'avais pas envie d'inventer un mensonge, pas si je pouvais l'éviter. Je savais en plus que je risquais de devoir mentir d'ici peu s'il se mettait à me poser des questions plus personnelles alors, je préférai essayer de limiter les mensonges et les dégâts. Alors, je décidai de changer de sujet. C'était très lâche mais je ne pouvais pas faire autrement. J'esquissai un petit sourire avant de reboire une gorgée de café.

-Lucy et Lucas sont adorables. Je les avais vus avec les autres enfants mais je ne savais que tu étais leur père. En tout cas, malgré la situation, ils ont l'air très heureux et épanouis, c'est bien.

Et voilà : L'art et la manière de dévier et de changer de sujet. Il avait utilisé ce stratagème quelques minutes auparavant et à présent, c'était mon tour. Qui n'avait pas déjà utilisé cette technique pour éviter de parler de sujets que l'on préférait ne pas aborder? Nous l'avions tous fait au moins une fois. C'était une première pour moi et j'avais la détestable impression que j'allais devoir m'habituer à jouer à ce jeu de plus en plus souvent si je voulais pouvoir continuer à fréquenter Liam. Enfin, fréquenter... Je veux dire... Bref...
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MessageSujet: Re: It's a beautiful lie, It's a perfect denial [Liam]   It's a beautiful lie, It's a perfect denial [Liam] Icon_minitimeMar 21 Sep - 20:42

Alors que les jumeaux avaient à peine quitté la pièce, je ressentais déjà comme un terrible vide à l’intérieur de moi, un froid gigantesque qui me glaçait jusqu’aux os. Avoir des enfants avait été dans ma vie d’une importance capitale, ou du moins avec Natacha. Cela faisait partie de nos projets les plus chers, de nos plus grands rêves. Alors que ce rêve ne demandait qu’à se réaliser, on me l’avait impitoyablement arraché. Quelque part avoir sauvé la vie de Lucy et Lucas me renvoyait au sauvetage de mon enfant défunt, bien que cela soit totalement aberrant. Dans mon esprit il y avait là une symbolique toute particulière qui renforçait sans doute mon amour pour ces petits bouts qui étaient à présent les miens. Il m’avait été naturel de les « adopter », les ayant immédiatement prit sous mon aile afin de les soigner et prendre soin d’eux à l’avenir. Et je m’étais appliqué. A présent les jumeaux étaient mes enfants, sans que personne n’y voie quoi que ce soit à redire, et j’avais pour eux une affection ineffable. Aussi leur présence avait-elle été d’un grand réconfort en ce moment de doute, de crainte, mais surtout de fatigue : Je tombais de sommeil. Disons que je venais de passer une journée éprouvante, en plus de celle d’avant, de celle d’avant, et de celle d’avant. A peu près une semaine de chaos, en réalité. Croyez-moi, lorsque l’on n’est pas fait pour gérer comme l’on peut tout ce beau monde, on a plutôt intérêt à avoir les épaules très solides et un moral d’acier. Or moi, je n’avais ni l’un ni l’autre. Et je devais me dépatouiller. En clair, j’arrivais à un stade ou non seulement je commençais à me demander ce qu’allait devenir la Communauté sans Ethan et Alexander, mais en plus j’en arrivais à me poser des questions sur mes propres aptitudes. Très sincèrement, j’étais un bon à rien sur plusieurs sujets. Beaucoup de mal à raisonner Aaron, impossibilité de prendre la moindre décision, en matière de gros bide, on pouvait dire que ma vaine tentative de « maintenance d’autorité » ici avait échoué. En même temps je n’étais qu’un membre comme tous les autres et n’avais pas vraiment eu le choix. Heureusement que mon honnêteté m’empêchait encore de feindre l’ignorance quant à la situation critique dans laquelle nous nous trouvions, sans quoi j’aurais déguerpis sur le champ. Cela s’ajoutant à la panique quant aux disparitions de Katarina et de Gabrielle, ou plutôt départ pour cette dernière, je ne savais plus où donner de la tête ni quoi faire. Advienne que pourra comme disait l’autre.

Mais voilà, moi je n’avais pas le profil du leader, ni du sous leader, ni de quoi que ce soit d’ailleurs. Si j’étais relativement impliqué dans les affaires importantes de la Communauté, c’était surtout dû à l’affection qu’Ethan me portait et à sa confiance en moi. Pour le reste, ne pas trop m’en demander. Voilà pour ce qui était de ma tension et de ma fatigue. A présent, je ne songeai plus qu’à une chose : Dormir. Ce projet aurait pu être réalisé si jamais je n’avais croisé Samuel, quoique je doive faire une dernière chose avant mais enfin, ça ne faisait rien après tout. Voulez-vous savoir ce que je pense de Samuel ? Pas grand-chose à priori. Aussi lorsqu’il se décida enfin à me parler de lui, l’écoutai-je attentivement, lui portant toute mon attention possible. Je ne remarquai qu’alors son faible mais néanmoins distingué accent anglais qui confirmait sa nationalité, m’étonnant cependant de ses derniers mots. En Irak ? Je dû avoir un mouvement de recul bien malgré moi, n’étant pas bien difficile de savoir ce qu’il avait pu faire en Irak. La guerre, encore et toujours. Pourquoi les hommes s’acharnent-ils ainsi à s’autodétruire ? Après cette dernière guerre qui avait littéralement laissé le monde en miettes, je ne pouvais simplement plus en entendre parler. Toute cette violence m’insupportait. Cependant, je ne portai nul jugement à l’envers de Samuel, qui malgré son passé pouvait demeurer un homme charmant. Après tout, je supposai qu’en dépit de ses actes un homme était capable de conserver un bon fond. Je n’étais pas un exemple, j’avais fait des choses horribles et étais monstrueux, mais cela ne devait s’appliquer à chacun. A priori Samuel n’était pas vraiment agressif, plutôt serviable et surtout poli, donc je ne me faisais guère de souci. Et puis n’oublions pas qu’Alexander était également un ancien soldat et que cela n’en faisait pas moins un homme bien. Il accéléra le débit de ses paroles et instinctivement je me penchai en avant, me rapprochant de lui afin de mieux comprendre. Photographe ? Un léger sourire se dessina sur mon visage, c’était là un beau métier. N’ayant pourtant jamais été très attentif aux beautés de la photographie, je trouvais néanmoins le principe fascinant. Capturer des images, des senteurs sur le papier. Tout comme j’avais capturé les sons, leur donnant une signification. Oui, c’était un beau métier. J’écoutai le reste de sa tirade ce léger sourire se fanant lorsqu’il termina brutalement son récit, marquant une courte pause avant d’hausser les épaules et détourner le regard.

-Je t'avais dis qu'il n'y avait pas grand chose à dire sur moi.

C’était carrément du bâclé. Cependant je ne dis mot, attentant simplement qu’il se décide ou non à reprendre la parole. J’avais beau ne pas être du genre insistant, en l’occurrence j’aurais préféré qu’il continue. Allez savoir pourquoi, il était des personnes que j’aimais à écouter, apprécier leur voix, leur calme. Quelque part il y avait quelque chose dans sa manière de s’exprimer d’apaisant, comme une mélodie. Peut-être devrais-je lui demander un jour de me parler longuement afin de tenter de coucher tout cela sur des partitions. Au bout de quelques secondes de silence, il passa ses mains sur son visage de la même manière que je l’avais fait plus tôt, et je compris que l’évocation de son passé devait être douloureux. Il en était de même pour beaucoup de personnes ici, incapables de réellement tirer un trait sur ce qui ne serait jamais plus, de se défaire de ces liens invisibles et avancer. Moi-même connaissais le dur chemin de l’oubli partiel et volontaire, de la nécessité d’écourter certains souvenirs afin de les placer en second plan dans la liste de nos pensées. J’en connaissais certes le prix, mais également les avantages. Savoir maîtriser nos douleurs était quelque chose d’indispensable, et malgré mon incapacité à le faire j’encourageais quiconque à s’y exécuter. A mon sens c’était là la solution, même si pour ma part je ne parvenais à m’y résoudre. Le court moment de silence s’étirait de plus en plus et je n’osai briser le silence, n’osai le brusquer ou émettre une quelconque remarque. De toute manière, je n’aurais rien eus à dire. Ce qu’il m’avait dit était beaucoup trop évasif, beaucoup trop écourté. Tant de passages de sa vie avaient-ils été si douloureux, au point de les passer sous silence ? Je le respectai, cependant je ne pouvais m’empêcher de l’observer avec ce petit air interrogatif, cherchant bien malgré moi ce qu’il avait bien pu faire de si terrible. La guerre devait être bien suffisante déjà. Après tout cela ne me regardait pas et j’étais bien placé pour savoir que certaines choses devaient demeurer là où elles étaient, aussi laissai-je finalement moi aussi vagabonder mon regard dans la pièce. Il y avait à mon sens comme une sorte de malaise à présent, je me mordis la langue de ma stupidité : La seule question que j’avais posé avait été la mauvaise. Bien joué Liam.


Lorsque enfin il me parla des jumeaux, je reportai doucement mon attention sur lui. Inconsciemment, je me remis à sourire d’une manière bête et automatique, à la simple pensée de ces enfants qui étaient comme les miens. Ils ne l’étaient cependant pas et si Samuel semblait penser le contraire, peu de gens l’ignoraient : Il n’était pas ici depuis longtemps après tout. Je souris un peu plus largement lorsqu’il m’avoua les trouver épanouis, fier de moi et de mes efforts, même si je repensai brièvement à l’épisode passé dans ma chambre avec Ethan. Parfois je doutais horriblement, c’était dans ma nature. Ceci dit, j’avais toujours fait tout mon possible pour élever ces enfants au mieux, comme les miens, et j’étais content que quelqu’un y prête attention. Ou plutôt, que quelqu’un approuve ma pédagogie, car au fond son compliment me renvoyait à celui-ci. N’oublions pas que j’étais seul pour accomplir cette tâche herculéenne et que malheureusement, j’allais l’être encore pour un long moment. Parce que j’étais incapable d’aimer un homme, incapable de me l’avouer plutôt. Pourtant les sentiments, l’attirance étrange mais incontrôlable envers Aaron était une preuve incontestable de mon homosexualité, qui me paraissait le pire des défauts. Attention, je n’éprouvais aucune rancune envers les homosexuels, ils ne m’avaient jamais dérangé plus que ça, mais l’être moi-même me paraissait horrible. Tentant de me sortir de mes pensées qui s’égaraient, je remis d’une main rêveuse une mèche de cheveux derrière mon oreille avant de lui adresser un dernier sourire timide mais sincère. Ma voix se fit certainement plus douce que je ne l’aurais voulu.

« Lucy et Lucas ne sont pas mes vrais enfants… Enfin, ils ne le sont pas génétiquement parlant. Je les ai retrouvé coincés sous les décombres alors que nous étions en expédition, et depuis ils ne me quittent plus. Au début ce n’était pas simple mais je suis content de savoir qu’ils paraissent épanouis. Je ne sais pas si ils le sont vraiment, on ne peut jamais réellement savoir, si ? Je les élève tant bien que mal, je suis père célibataire alors… On fait avec les moyens du bord. »

J’haussai calmement les épaules, ce même sourire toujours accroché aux lèvres. Je me sentais tout de même mieux maintenant que j’avais vu mes enfants, même s’ils me manquaient encore d’avantage à présent. Je portai ma tasse à mes lèvres, en buvant les dernières gorgées de café tandis que je remarquai que Samuel avait également terminé le sien. Me levant, je déclarai brièvement que j’allais desservir et qu’il n’avait pas à bouger. Je reposai le tout, avec la cafetière et le sucre sur le plateau et retournai en cuisine, où je rangeai calmement les différentes choses à leurs places présumées. Il fallait vraiment que je me familiarise un peu plus avec cet endroit à l’avenir. Enfin, je lavai les tasses afin de ne pas laisser de vaisselle en plus derrière nous et m’essuyai les mains dans un torchon. Lorsque je me retournai, m’appuyant contre l’évier, Samuel se tenait à l’embrasure de la porte, me regardant. Immédiatement, je me sentis recouvert d’un épais voile de tendresse, d’affection, mais surtout d’amour. Oui, je lisais de l’amour dans ces yeux, et allez savoir pourquoi, ou comment, cela ne me choqua pas. Au contraire, ce fut comme un baume apaisant et réparateur sur ma peau, comme si j’avais été sujet aux sévices du froid un long moment avant d’enfin pouvoir m’abriter dans un endroit chaleureux. Samuel représentait en cet instant ce refuge, ce repère. Le fait que nous soyons des hommes ne m’importait plus une seconde, le détail ne m’apparaissait même pas en réalité. J’avais seulement besoin d’amour, d’attention, et il me l’offrait. Il m’offrait une chose que l’on ne m’avait pas offerte depuis des années et qui me manquait atrocement, sans que je ne m’en rende vraiment compte. Et cela était si bénéfique, si soulageant, que j’esquissai sans même y réfléchir un tendre sourire qui répondait à son regard, avant de m’avancer vers lui. Au fur et à mesure de mes pas je voyais son visage passer par des dizaines d’expressions différentes, mais je n’y prêtai nullement intention, trop fasciné par cette lueur d’affection qui semblait me guider dans le noir. Enfin, je posai mes mains sur ses joues et attirai son visage au mien, déposant ainsi mes lèvres sur les siennes avec une lenteur extrême. La première fois que j’embrassais un homme. Un homme ? Oh putain ! Mon cœur fit soudainement un bon dans ma poitrine et à peine quelques secondes après avoir effectué un geste vers lui, je me reculai brutalement, retournant jusqu’à l’évier où je me retrouvai horrifié. Franchement, je n’avais pas eus le temps de déterminer si cela m’était agréable ou non, tout ce que je voyais c’était cet homme, et moi qui était du même sexe, qui nous étions embrassés. Ou plutôt : je l’avais embrassé. Je ne savais même pas s’il avait répondu à mon baiser ou non tant je me sentais mal, mon teint devint de nouveau livide. Je venais de faire une horrible bêtise.

« Je… Je… Oh mon dieu. Je suis affreusement désolé Samuel, je ne voulais pas, enfin je n’ai pas réfléchis, je n’ai… »

Complètement perdu, le petit Liam. Pour le coup j’aurais aimé me jeter d’un pont tant j’avais l’impression de manquer d’air et qu’abréger mes souffrances aurait été doux. Me confondant toujours en excuses, je fini par avoir les larmes aux yeux et très vite me remettre à trembler de tous mes membres. Je me dégoûtais, je le dégoûtais, ce baiser était dégoûtant. J’aurais encore préféré mourir que de revivre ça.
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MessageSujet: Re: It's a beautiful lie, It's a perfect denial [Liam]   It's a beautiful lie, It's a perfect denial [Liam] Icon_minitimeVen 24 Sep - 20:59

Ce petit sourire sur son visage... Ce petit sourire que je n'avais jamais vu jusqu'à l'arrivée des jumeaux dans la pièce... Ce petit sourire qui me faisait tant craquer venait de réapparaître sur son visage. Le simple fait de mentionner ses enfant faisait ressortir toute cette tendresse et cette douceur qu'il avait en lui : Comme j'aurais aimé qu'il m'en offre un peu. Un espoir vain, je sais, mais que voulez-vous? L'amour n'est pas un sentiment que l'on peut contrôler à sa guise. On ne peut pas décider d'oublier une personne juste parce qu'elle n'est pas faite pour vous. Cela se saurait. Non, on ne peut pas contrôler ses sentiments. Tout ce qu'on peut faire, c'est essayer de les dresser et de le garder secrets pour éviter de faire trop souffrir la personne à laquelle on tient tant. Voilà pourquoi je ne pouvais que rêver de cette tendresse. Voilà pourquoi quand il replaça délicatement une mèche de ses cheveux derrière son oreille, je dus me contrôler pour rester assis et pour ne pas aller le prendre dans mes bras et le serrer contre moi. Voilà pourquoi je devais lui mentir en partie alors que lui se montrait sincère. Il aurait pu me laisser croire que Lucy et Lucas étaient ses véritables enfants, hors, ce n'était pas le cas. Il m'avoua les avoir retrouvé coincés sous des décombres alors qu'il était en expédition (ces fameuses expéditions dont j'avais entendu parler et à cause desquelles j'avais en partie caché mon passé de militaire : Je ne voulais pas qu'on me remette une arme entre les mains) et que depuis, ils ne quittaient plus Liam. Il était content de savoir que ses enfants semblaient épanouis : Je n'avais pas menti sur ce point-là et je n'en avais pas rajouté. Ils m'avaient réellement semblés heureux avec Liam et même si les enfants sont capables de mentir, il leur est difficile de cacher bien longtemps ce qu'ils ressentent réellement : J'en étais la preuve vivante. Peu importe. Je l'avais un peu rendu heureux en prononçant ces quelques mots et je peux vous dire que cela me fit vraiment plaisir. C'était peu de choses, c'est vrai, mais c'était beaucoup pour moi. J'étais sincèrement heureux d'avoir pu le soulager, même si cela n'avait été qu'un peu. Il encaissait beaucoup, supportait beaucoup, et si je pouvais lui être d'un quelquonque réconfort, cela m'irait très bien. Certes, j'aurais voulu être plus que ça mais j'étais capable de m'en contenter : Je le croyais en tout cas.

Soudainement il se leva et je crus qu'il allait s'en aller : L'heure n'était pourtant pas encore passée. Cette peur de le voir déjà partir s'envola rapidement quand il proposa de débarasser la table : Oui, nous avions tous les deux terminé de boire notre café et lorsqu'il m'annonça que je ne devais pas bouger et qu'il allait s'en occuper, j'acquiessai d'un bref hochement de tête en lui souriant doucement. Je le regardai retourner à la cuisine et quand il disparut à l'intérieur, ce fut plus fort que moi : Je me redressai et m'avançai jusqu'à la cuisine. Une fois arrivé, je m'appuyai contre la porte et l'observai en silence. Il était trop occupé à ranger et à nettoyer pour me remarquer. Je posai ma tête contre le montant de la porte et me mis à sourire bêtement : J'étais tout simplement heureux de pouvoir profiter de quelques instants en sa compagnie. J'aimais tout chez lui : Son regard, son sourire même s'il se faisait trop rare à mon goût, ses longs cheveux dans lesquels je rêvais de passer les doigts, sa façon de se tenir, de marcher, ses doigts qui semblaient se mouvoir d'une façon particulière, comme s'ils étaient avides d'être utilisés pour je ne savais quelle raison... Oui, j'aimais tout chez lui et j'aurais voulu pouvoir l'entourer de mon amour, l'étouffer avec. J'aurais voulu lui dire à quel point je l'aimais, j'aurais voulu l'embrasser et essayer de lui faire ressentir la façon dont mon coeur se gonflait et battait à tout rompre pour lui. J'aurais voulu être sien, qu'il soit mien. Il était celui que j'attendais, j'en étais certain et ce, malgré cette frontière qui existait entre nous. Je me foutais de devoir attendre des mois ou des années mais j'allais attendre. Non... J'allais l'attendre, lui. Attendre qu'il soit prêt à recevoir mon amour. Attendre qu'il soit prêt à me faire une place dans sa vie. Attrendre. Et pendant cette attente, j'allais essayer d'être le plus auprès de lui et de profiter de chaque instant. J'allais cacher mes sentiments et les laisser s'évader de temps à autres, comme j'étais en train de le faire en cet instant alors qu'il ne me re... Alors qu'il me regardait.

J'aurais pu me détourner et remettre le masque d'impassibilité sur mon visage, mais je ne le fis pas. Après tout, pourquoi cacher la tendresse que j'éprouvais pour lui? Il n'y verrait pas forcément une déclaration d'amour... Si? Peut-être oui, mais je n'arrivais pas à m'en inquiéter. En cet instant, alors que nos regards étaient plongés l'un dans l'autre, je n'avais pas envie de cacher mes sentiments : J'étais Samuel, j'aimais Liam, et je n'avais pas à m'en cacher. Au Diable les conséquences. Une pensée bien stupide n'est-ce pas? Parce qu'en pensant de cette façon, j'étais au fond presque certain de tout foutre en l'air et de perdre à jamais la chance d'être auprès de lui en tant qu'amour et tant qu'amant plutôt qu'en tant qu'ami. Oui, j'allais tout perdre, mais pouvoir être soi-même, pouvoir laisser parler son coeur... Cela me faisait trop de bien pour que je décide d'arrêter. Lorsqu'il me sourit tendrement, mon coeur s'accéléra et une petite lueur d'espoir se mit à briller en moi : Etait-il possible qu'il ressente la même chose à mon égard? Etait-il possible qu'il ait envie de me donner cette place que je souhaitais tant avoir dans sa vie? Etait-il possible qu'il soit en train de s'avancer vers moi, une tendresse incroyable dans les yeux? Je sentis les traits de mon visage se crisper et tout un tas d'émotions et de sentiments me traversèrent à une vitesse incroyable : Etonnement, surprise, doute, peur, interrogation, incompréhension, espoir, bonheur, tendresse, amour. Tout cela se mélangeait en moi et je savais qu'il pouvait lire en moi comme dans un livre ouvert puisque j'avais fait tomber le masque. Je me redressai sans pour autant reculer ni même avancer. Je restai là, à le regarder s'approcher de moi, mon coeur s'emballant de plus en plus à chaque seconde, appréhendant ce qui allait se passer. Quand il fut arrivé à ma hauteur et qu'il posa ses mains sur mes joues, je crus tout simplement que j'étais en train de rêver éveillé, que j'étais en train d'avoir un fantasme, là, tout de suite, alors qu'il était en train de faire la vaisselle. C'aurait été possible... Cela me parût encore plus possible lorsqu'il posa ses lèvres sur les miennes. Mais là, à ce moment-là, que ce soit un rêve ou un fantasme ne m'importa plus du tout : Liam était en train de m'embrasser et fantaisie ou pas, j'avais bien l'intention d'en profiter et de graver dans ma mémoire chaque sensation. C'était tout simplement merveilleux. Ses lèvres touchaient les miennes avec délicatesse et je sentais mon corps vibrer de bonheur et de plaisir. Au moment où je levai les mains pour les glisser à mon tour sur ses joues et où j'entrouvris la bouche, désirant plus que tout pousser ce baiser plus loin, il se raidit et se recula brutalement, brisant ce lien intense mais du coup bien trop bref. Une étoile filante... Voilà ce qu'avait été ce baiser. Une étoile filante qui venait de s'évaporer dans l'atmosphère. Je compris alors qu'il s'agissait de la réalité et non pas d'un fantasme parce que dans mon fantasme, il n'aurait pas arrêté... Dans mon fantasme, nous aurions partagés ce baiser, puis un autre, puis d'autres, et bien plus. Hors, il avait arrêté net ce qu'il avait commencé et il avait foncé jusqu'à l'évier où il se confondit en excuses avec des « Oh mon Dieu » et des « Je ne voulais pas » ou encore « Je n'ai pas réfléchi ».

Je restai quelques instants sans bouger, ne comprenant pas ce qui était en train de se passer. Enfin, voyant qu'il semblait vraiment perturbé parce qu'il avait fait et devinant quelques sanglots étouffés, je soupirai avant de m'avancer vers lui. Arrivé derrière lui j'hésitai quelques instants avant de poser mes mains sur ses épaules. A ce contact, il sursauta et se raidit mais je ne retirai pas mes mains, décidé à lui parler et à essayer de le rassurer. Plusieurs solutions étaient possibles : Soit il était homosexuel et avait peur que je ne le sois pas et donc, avait peur de ma réaction, soit il était hétérosexuel et n'avait jamais embrassé un homme jusqu'à aujourd'hui et cela le perturbait énormément, ce que je pouvais comprendre. Quand on découvre son attirance pour les personnes du même sexe, ce n'est pas un moment facile car aussitôt, on s'éloigne de ce que les gens définissent comme la normalité et la vie devient beaucoup plus compliquée : C'est comme ça. La raison de son trouble importait cependant peu : Je devais essayer de le rassurer et le sentir aussi près de moi me donna plus de force pour lui parler.

-Calmes-toi Liam. Il n'y a rien de mal. Je ne t'en veux pas.

Un sourire étira mes lèvres et j'approchai ma bouche de son oreille.

-En fait, j'ai plutôt apprécié que tu ne réfléchisses pas sur ce coup-là...

Qu'aurais-je pu lui dire d'autre? Que je lui en voulais? Que j'étais dégoûté par ce qu'il venait de faire? C'aurait été de l'hypocrisie pûre et simple. J'aimais les hommes... Non, je préférais les hommes et j'avais aimé plusieurs hommes au cours de ma vie. A présent, mon coeur battait pour lui, et pour lui seul, et j'avais été heureux qu'il m'embrasse, et j'avais même envie de recommencer alors pourquoi lui aurais-je menti? S'il n'avait pas fait le premier pas, j'aurais gardé mon homosexualité et mon amour pour lui plus longtemps en moi mais à présent, tout était différent. J'imaginais que son trouble allait passer et qu'il allait poser ses mains sur les miennes. Malheureusement, il ne bougea pas et resta pétrifié malgré mes mots doux et légers, malgré la douceur avec laquel mes mains touchaients ses épaules. Mon sourire s'effaça alors et un doute s'installa en moi : Etait-il en train de regretter ce qu'il avait fait? Son comportement était-il la manifestation de ce regret et non pas d'une crainte? Ne tenant plus, mes mains se refermèrent avec plus de fermeté sur ses épaules et je le forçai à se retourner pour me faire face. Ce que je vis me glaça le sang et m'arracha le coeur : Aussitôt, mes mains quittèrent ses épaules et je reculai. Ses traits ne trahissaient aucun regret mais un dégoût pur et simple. Un dégoût envers ce qu'il venait de faire. Un dégoût envers moi. J'aurais pu supporter ça de n'importe qui, mais pas de lui. Je sentis une boule nouer ma gorge et j'eus l'impression d'être replongé des années en arrière quand mes parents m'avaient fait comprendre qu'ils ne voulait pas d'un fils homosexuel, quand mon premier amour m'avait quitté à cause du rejet de mes parents, quand j'avais quitté la maison alors que je n'étais qu'un adolescent, quand j'avais souffert parce que j'étais juste différent. Différent... Et ce n'était pas mal d'être différent, ce n'était pas répugnant d'aimer un autre homme. Ca ne l'était pas bon sang! Pourtant, il semblait profondément dégoûté. Alors dans ce cas-là, pourquoi avait-il fait le premier pas? Oui, je l'aimais. Oui, je le désirais. Mais je n'avais rien demandé! J'aurais pu garder mes sentiments pour moi, j'aurais pu être l'ami... S'il n'avait pas été comme tous ces gens qui étaient incapables d'accepter la différence des autres. Petit à petit, la tristesse se transforma en douleur, la douleur se transforma en colère, la colère se transforma en haine et lorsque ma bouche s'ouvrit, ce fut pour prononcer des mots cinglants avec un ton que je ne me connaissais pas : Un ton froid et particulièrement méprisant.

-Tu as raison. La prochaine fois, réfléchis avant d'agir. Ca t'évitera d'avoir envie de vomir parce que tu auras embrassé un homme, et ça m'évitera de passer pour un con.
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MessageSujet: Re: It's a beautiful lie, It's a perfect denial [Liam]   It's a beautiful lie, It's a perfect denial [Liam] Icon_minitimeSam 25 Sep - 11:31

J’avais tout simplement le cœur au bord des lèvres, près à vomir et évacuer tout ce mal qui me hantait, me charcutait. Je ne parvenais pas à réaliser, à estimer l’ampleur des dégâts. Très sincèrement, mon homosexualité avait été purement théorique jusqu’alors, nul contact avec un homme ne m’avait jamais effleuré. Cependant, mon attirance était désormais néfaste. Comment expliquer cette chose horrible ? Pourquoi étais-je attiré par Aaron, pourquoi venais-je d’embrasser Samuel ? Non seulement je me dégoûtais, mais en plus j’avais la sensation de m’être totalement perdu au détour de mes inepties et mes pensées malsaines. Pendant longtemps j’avais tenté de demeurer un homme doux, un homme calme. A présent je ressemblais à une putain courant d’homme en homme à la recherche d’une agréable nuit de plaisir. Oui, j’avais l’impression de me dévergonder. Pour moi c’était malsain d’aimer un homme, c’était malsain de pouvoir ne serait-ce que penser à eux et c’était surtout malsain de moins penser à Natacha. Natacha. Je la trompais, en réalité. J’avais cru que les hommes m’apportaient cette douce quiétude qui me permettait de ne pas trop penser à elle, cependant cela était aberrant. En cet instant, alors que je suffoquais presque d’horreur, je pensais à ma femme. Une femme. De toute ma vie je n’en avais aimé qu’une, au point de vouloir l’épouser et lui faire un enfant. Pouvais-je ainsi changer du tout au tout ? Certes, mes expériences avaient été peut nombreuses, mais cela m’avait permit pendant une trentaine d’années de vivre sereinement dans la certitude d’une hétérosexualité basique. Enfant, je regardais les filles comme n’importe quel garçon de mon âge. Adolescent, j’eus mes premières petites amies d’une manière tout à fait normale, même si la plupart du temps mes aventures ne débouchaient sur rien. L’amour avait beau constituer tout mon être, je parvenais rarement à le transmettre aux personnes qui en étaient la cause. J’avais toujours eu beaucoup de mal à extérioriser parfaitement ce que je ressentais intérieurement sans me tromper, sans être maladroit ou stupide. Non, je n’étais pas très doué. Jusqu’à ce que Natacha entre dans ma vie, les relations amoureuses n’étaient pas vraiment ma tasse de thé, n’y accordant pas plus d’importance que cela. Disons simplement que je ne faisais pas partie des garçons qui passaient leurs soirées en galante compagnie ou leurs après midi au cinéma. Moi, j’étais seul. Je le suis resté très longtemps.

Les larmes finirent par réellement couler sur mes joues, réellement signer l’acte horrible que je venais de commettre et comme par réflexe, je tentai de les retenir. Je ne voulais pas qu’elles se moquent ainsi de moi, qu’elles témoignent avec un atroce plaisir de ma lâcheté qui se faisait de plus en plus grande. Je voulais seulement m’en aller. Si seulement j’avais pu. Je sentis Samuel s’approcher de moi, puis poser ses mains sur mes épaules tandis que je lui tournais le dos. Immédiatement, un froid polaire me parcouru et je me raidis sous son attaque, rentrait dans ma coquille bien au chaud, là où l’horreur de l’homosexualité me serait épargnée. Samuel eut beau m’affirmer que ce n’était pas grave, je ne me relâchais pas. Je savais que je venais d’embrasser un homme qui n’était pas aussi malsain que moi, et qui maintenant avait été touché par la vermine. J’aurais voulu m’excuser encore, encore et encore jusqu’à n’en plus pouvoir, jusqu’à ce qu’il m’arrache les cordes vocales afin de ne plus m’entendre prononcer ces mots dont la nécessité n’aurait jamais dû naître, mais je ne le fis pas. Parce que les mots qu’il prononça me glacèrent encore plus. Parce que j’étais à deux doigts de vomir mes tripes dans cet évier de misère. Il était homosexuel. Samuel était homosexuel. Il avait apprécié… Aucun haut le cœur ne vint secouer mon corps, le dégoût n’étant cependant pas loin. Pas envers lui, mais envers moi. J’avais sentis son souffle caresser mon oreille, il s’était rapproché encore de moi, il m’avait avoué avoir éprouvé du plaisir à m’embrasser et moi, j’avais seulement envie, besoin même, de me cacher dans un trou et ne jamais en ressortir. A présent une certitude me tiraillait le cœur : j’allais lui faire du mal. J’allais lui faire du mal parce que je ne voulais pas de lui, ni de ses baisers. Malgré mon geste, qui avait certes été poussé par la tendresse que j’avais lu dans ses yeux, je ne pouvais avoir de relation avec lui. Je n’en étais pas capable. Cela ne venait pas de Samuel, le fait que lui aime les hommes ne me dérangeait pas, mais moi je ne les aimais pas. Je ne voulais pas les aimer. Etait-ce si compliqué à comprendre ? De même que je n’éprouvais nul amour pour Aaron qui pourtant avait fait jaillir cette homosexualité de mon être, je n’aimais pas Samuel. Mon cœur était entièrement dévoué à Natacha, à jamais. A une femme. Une femme, bon sang !

Soudain, les mains de Samuel se refermèrent avec un peu plus d’intensité sur mes épaules, et bien malgré moi il me força à me retourner. Je crois que ce fut l’un des pires moments de ma vie. Son visage se décomposa et il me relâcha, effectuant quelques pas en arrière afin de s’éloigner de moi, ce qui était sans doute la meilleure des choses à faire. Mon dégoût s’en renforça aussitôt. Jamais je n’aurais dû avoir ce geste égoïste, poussé uniquement par mon envie d’être aimé, et ce bien que ce soit une très mauvaise idée. Je ne méritais pas l’affection de quiconque, et encore moins la sienne qui me paraissait si sincère. Or, cette sincérité, je ne pouvais en faire preuve. En réalité, ma fourberie ne venait pas de mon homosexualité, mais simplement de moi, tout court. Peut-être avais-je toujours été un monstre, et après tout cela ne m’étonnait pas. J’avais passé ma vie à fuir, fuir la violence de ma mère, fuir la mort de Natacha et mon enfant, fuir la vie en me cachant parmi mes rêves et ma musique. Un exutoire ? J’y avais cru, mais ce n’était pas de cela qu’il s’agissait. La musique était en réalité ma seule manière de me cacher totalement, de paraître doué alors que je n’étais qu’un imposteur. Il fut un temps où l’on pensait que j’irai loin, que j’avais un avenir prometteur. Il fut également un temps où j’y croyais, à ce rêve là. J’y croyais de toutes mes forces même. Seulement on ne peut aller contre sa nature ; je ne faisais preuve d’aucun talent. Dans tous les domaines j’étais et resterai d’une médiocrité affligeante. Mon être était médiocre. Tout, absolument tout chez moi l’était. C’était pourtant si évident, comment avais-je pu passer à côté si longtemps ? Comment avais-je pu imaginer ne serait-ce qu’un seul instant que j’avais le droit de vivre ? Mieux aurait-il fallu que je meure pendant les bombardements, que je ne me cache pas sous ce bar qui m’avait sauvé. J’aurais dû mourir : Cela aurait été une bien bénéfique chose pour la race humaine.

Le visage de Samuel se voila soudain d’une si grande colère, d’un si puissant courroux que j’en fus totalement pétrifié. Son regard exprimait une froideur à laquelle je n’avais de toute ma vie jamais été sujet, et très sincèrement j’en avais peur. Généralement, et à tort, on m’appréciait. Généralement personne ne venait me parler trop brusquement ou nourrissait une grande haine à mon égard. Ou plutôt, jusqu’à présent cela n’était jamais arrivé. Seulement lorsqu’il ouvrit la bouche, je dû affronter ses mots. Je dû les affronter car c’était là mon châtiment bien mérité.

-Tu as raison. La prochaine fois, réfléchis avant d'agir. Ca t'évitera d'avoir envie de vomir parce que tu auras embrassé un homme, et ça m'évitera de passer pour un con.

Quelque chose se brisa en moi. Une douleur et une tristesse s’emparèrent de mon corps, une douleur qui m’était jusqu’alors étrangère et que j’aurais à dompter en plus des autres : Cette haine indicible qui m’était destinée me brisait le cœur. Même si je reconnaissais volontiers l’avoir bien cherché, que cela n’était que le fruit de ma stupidité, il m’était difficile d’y faire face. Si difficile de garder mon regard dans le sien, dans cet océan de rancœur dont l’eau salée menaçait de s’écouler que je pris une nouvelle fois la fuite. Il m’était totalement impossible de demeurer là un instant de plus, impossible de l’affronter. Si j’étais lâche, autant l’être jusqu’au bout après tout. Autant éviter une plus grande punition encore, celle-ci me suffisait largement. Je baissai les yeux, puis quittai la pièce sans une parole de plus, sans un regard. J’étais incapable de m’excuser une nouvelle fois et de toute façon je savais que cela n’aurait mené à rien. Je savais que cela n’aurait rien changé à ma moisissure intérieure. En ouvrant la porte de la salle à manger, je ne jetai pas un regard derrière moi. J’avais bien trop peur de devoir de nouveau faire face à ce regard terrible. J’avais bien trop peur. Alors je suis parti, loin, loin de cette pièce. Je suis allé me noyer dans un tout autre océan. Celui de ma déperdition.
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MessageSujet: Re: It's a beautiful lie, It's a perfect denial [Liam]   It's a beautiful lie, It's a perfect denial [Liam] Icon_minitimeDim 26 Sep - 11:50

De l'amour à la haine, il n'y a qu'un pas et je venais de le franchir. J'aimais Liam, je l'aimais de tout mon être mais me rendre compte que je le dégoûtais avait fait naître en moi une haine incontrôlable, une haine qui était bien plus puissante que mon amour pour lui sur le moment. J'avais mal, comme je n'avais pas eu mal depuis longtemps. J'aurais préféré ne jamais connaître le délicat goût de ses lèvres plutôt que de devoir y renoncer si vite. J'aurais préféré qu'il s'abstienne et qu'il ne fasse pas le premier pas car s'il ne l'avait pas fait, je n'aurais pas dévoilé mes sentiments. Les avaient-ils seulement compris ou s'en fichait-il tout simplement? C'était possible. Peut-être qu'il s'était senti seul, que ma façon de le regarder lui avait donné envie d'essayer de se consoler dans mes bras mais son aversion avait été plus forte que ce désir d'être réconforté. En tout cas, le pourquoi du comment importait peu finalement puisque le résultat était le même : Il m'avait fait croire pendant quelques instants à une possible histoire avant de me retirer brutalement et avec violence tout espoir. Tout espoir. Comment aurais-je pu ne pas lui en vouloir? Il baissa le regard, incapable de soutenir le mien plus longtemps avant de quitter la cuisine. Je restai de marbre, sans bouger, me contentant de murmurer pour moi-même « C'est ça, prends la fuite, c'est ce que tu fais de mieux. » quand il fut sorti. Quelques instants après, j'entendis la porte de la salle à manger se refermer : Il était parti. Tout était terminé. Tout était fini. Pour toujours. Je restai quelques instants sans bouger, incapable de penser, le vide total s'emparant de mon être. Puis, progressivement, la colère que j'avais ressentie disparût pour laisser place à une profonde tristesse. Sachant ce qui était sur le point de se produire, je quittai la cuisine puis la salle à manger à toute vitesse de façon à regagner ma chambre le plus vite possible : Je ne voulais pas être vu dans cet état-là, c'était hors de question. J'avais baissé mon masque une fois face à Liam, et cela ne se reproduirait plus. En tout cas, sur le moment, j'avais bien l'intention de ne plus jamais rien laisser paraître.

Lorsque j'arrivai à ma chambre, j'entrai avant de refermer la porte avec violence. Je m'y adossai et tentai de reprendre ma respiration, ce qui me fut extrêmement difficile et ce n'était pas lié au fait que je venais de courir pour venir me réfugier ici. Non, cela ne venait pas de l'effort que je venais de faire : Cela venait de la douleur qui me serrait les entrailles, le coeur, les poumons... Tout était compressé à l'intérieur et j'avais l'impression de manquer d'air tant j'avais mal. Je portai brièvement mes doigts à mes lèvres, me souvenant de ce bref instant où elles avaient eu l'immense privilège et plaisir de toucher celles de Liam, me souvenant de ce que j'avais ressenti, me souvenant de l'espoir que ce baiser avait éveillé en moi, me souvenant de l'amour que j'éprouvais pour lui. Et là, la vague de douleur et de tristesse me submergea et m'emporta vers le fond. Les larmes coulèrent à flots sur mes joues et je me laissai tomber à genoux, pleurant en silence, serrant les dents pour me retenir de hurler ma douleur, frappant le sol de mon poing pour essayer d'evacuer ma tristesse qui prenait les traits d'une violence refoulée. Pourquoi?! Pourquoi avait-il fait ça? Pourquoi?! Je n'avais rien demandé! J'aurais été son ami s'il l'avait voulu, je n'aurais été que ça mais il avait fait le premier pas! Ce putain de premier pas... Il m'avait brisé en des millers de morceaux que personne à part lui ne serait jamais capable de recoller. Il m'avait détruit, anéanti. Il m'avait tout donné pour tout me reprendre. Je finis par arrêter de frapper contre le sol et rampai jusqu'à mon lit avant d'y grimper et de m'enrouler dans les draps alors que j'étais encore tout habillé. Mes mains se crispèrent tant sur le tissu que j'aurais pu le déchirer. J'enfouis ensuite la tête dans mon oreiller afin d'étouffer mes sanglots, refusant que quelqu'un ne m'entende. J'essayai de me calmer mais c'était impossible : J'avais trop mal pour ça. J'avais plus mal que lorsque mes parents m'avaient rejeté. J'avais plus mal que lorsque mon premier amour m'avant quitté. J'avais peut-être même plus mal que lorsque Jason avait été tué et pourtant, ce moment-là de ma vie avait horriblement douloureux et particulièrement difficile à surmonter. J'avais perdu un homme que j'aimais mais j'avais eu au moins la chance d'être aimé de lui en retour... Nous n'avions pas pu vivre pleinement notre amour mais nous avions pu partager nos sentiments. Là, c'était différent... J'aimais un homme qui ne m'aimait pas et pire, que je dégoûtais. Comment surmonter ça? Comment?! Je n'en avais aucune idée... J'avais l'impression d'avoir touché le fond.

Lorsque je m'éveillai le lendemain matin, je ne me souvenais même pas m'être endormi. En quelques secondes, les évènements de la veille me revinrent en tête et pendant un bref instant, j'eus l'espoir qu'il ne s'agissait que d'un cauchemar, mais lorsque je me redressai et que je vis que je portais les mêmes vêtements que la veille au soir, je compris que tout cela s'était bel et bien produit : Liam m'avait embrassé et m'avait repoussé. Je passai ma main sur mon visage et frottai mes yeux pour essayer de retenir mes larmes : J'allais devoir être fort et remettre mon masque. J'allais devoir faire comme s'il ne s'était rien passé. J'allais devoir supporter de le voir, j'allais devoir être aimable et lui sourire alors que j'avais mal à en crever. J'allais devoir mentir plus jamais.

J'en étais capable, mais en avais-je seulement envie?...

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