All I wanted was you... { ETHAN }

« Les joies de la grossesse. »

Quel est l'imbécile qui a dit ça ? Alors soit elles étaient très bien cachées, ces joies, soit je n'y avais pas encore eu droit. Moi j'avais plutôt l'impression de passer d'un problème à un autre. Si je n'étais plus malade, j'étais complètement insomniaque depuis une semaine. J'étais complètement déréglée. En journée j'étais complètement épuisée et j'avais du mal à garder les yeux ouverts. Et dès que tout le monde était couché, eh bien moins j'étais en pleine forme. Magnifique. Mais au moins Mathilda était contente : j'avais rangé l'infirmerie quatre fois cette semaine. Encore plus ordonnée qu'une vraie pharmacie ! Et dès qu'un des enfants se réveillait, je me précipitais. Et oui, la gentille fille lisant la Belle au Bois dormant à deux heures du matin, c'était moi. Vous me direz, c'était l'occasion où jamais de m'entrainer. Mais malheureusement pour moi, il arrivait aussi à ces chers bambins de passer d'agréables nuits sans cauchemar, sans rien du tout... Dommage pour moi. J'étais condamnée à lire mes contes de fées toute seule. Dramatique, n'est-ce pas ? L'air de rien, cela m'occupait l'esprit de prendre soin des enfants. On ne peut pas s'occuper d'enfants et penser à autre chose en même temps. Ça c'était un coup à massacrer une princesse par erreur. Et moi, je ne voulais traumatiser personne. Même si je dois avouer que je n'avais jamais aimé ces princesses. Trop stupides.

Cette nuit, il n'y avait personne. Vraiment personne. J'avais déjà classé les médicaments par ordre alphabétique, je ne pouvais pas retourner à l'infirmerie, sous peine de les ranger par couleur. Si je faisais ça, Mathilda allait devenir folle. J'ai bien pensé à lire tous les livres qui me tombaient sous la main, mais j'étais certaine de ne pas pouvoir rester concentrer très longtemps. C'était toujours pareil. Je finissais toujours par penser à autre chose. Et autre chose était généralement synonyme d'ex fiancé, de rupture.. En somme, ce n'étaient pas des pensées très joyeuses. Bêtement, j'étais allée devant la chambre d'Ethan, avant de me souvenir qu'il était rentré et que j'aurais beaucoup de mal à dormir dans son lit en cachette. D'abord parce qu'il devait y être lui. Et puis j'avais mis un point final à notre histoire, alors aller dans son lit c'était certainement la dernière chose à faire.

Ma grande amie du moment, c'était la cuisine. Quand je ne savais pas quoi faire, j'allais me faire un thé. Oui je sais, c'est bête. Mais comme je l'ai déjà dit, j'étais complètement insomniaque et je m'occupais comme je pouvais. J'occupais mon esprit et je m'occupais les mains. Je passais mon temps à ne pas penser. Il ne fallait pas que je pense à Ethan. Je savais que je lui avais fait du mal. Beaucoup de mal. Je crois qu'il aurait eu moins mal si je lui avais directement arraché le coeur. Il devait penser que j'avais été terriblement injuste avec lui. Cruelle aussi. J'avais été intransigeante, je l'avais repoussé et pour la première fois j'avais résisté à ses suppliques, quand bien même cela me crevait le coeur. Mais je ne pouvais plus le porter plus longtemps. Il fallait que je me détende un peu, que je me laisse aller. Avec lui je ne pouvais pas. Il attendait trop de moi. Tellement qu'il aurait fini par être déçu. Contrairement à ce qu'il pensait, je ne pouvais pas tous supporter. J'avais essayé tellement longtemps que cela avait fini par me réduire en miettes.

Pour retourner à ma chambre, je devais forcément passer devant ce qui nous servait de salon. Comme d'habitude, je suis passée devant... avant de freiner brutalement. J'ai froncé les sourcils. Ah tiens, je savais qu'il y avait des musiciens dans la communauté. J'ai apprécié la mélodie de guitare une minute ( enfin j'imagine que c'était une guitare ) et je me suis remise à marcher, en ayant haussé les épaules. J'ai fait demi tour brutalement quand le dit musicien a commencé à chanter doucement. Comme une gamine, j'ai collé mon oreille à la porte. Nom. De. Dieu. Cette voix là je la connaissais très bien. Trop bien même. J'ai alors fait quelque chose de terriblement stupide. Je me suis assise par terre et je l'ai écouté. Je n'ai même pas remarqué à quel point le sol était glacé. J'ai eu un petit soupir. Ce talent là, Ethan me l'avait caché. Et c'était bien dommage, parce que j'étais totalement séduite. Je n'aurais pas été contre une petite berceuse de temps en temps...

Je n'ai pas pu m'empêcher de remarquer à quel point les paroles de sa chanson étaient triste. Et je me suis sentir coupable d'un coup. J'ai eu un petit soupir. J'étais stupide de rester là. J'étais censée m'éloigner de lui, pas l'épier quand il ne le savait pas... J'étais prête à me relever quand une paire de jambes est entrée dans mon champ de vision. J'ai relevé les yeux. Oh, bonsoir Lilly ! Avec un petit sourire qui ne me disait rien qui vaille, elle m'a tendu la main, pour me relever. Je lui ai tendu la mienne, pas très sûre de ce que je faisais. Je me suis retrouvée sur mes deux pieds, avec un air particulièrement idiot. Allez, à trois je pars en courant. Un... Deux... Lilly a ouvert la porte du salon brusquement. Et hop, plus de musique. Elle n'avait pas lâché ma main. Ce qui a suivi, j'aurais dû le voir venir... Elle m'a littéralement jetée au milieu au milieu de la pièce. Elle a souri à Ethan avant de me claquer la porte au nez. Ah, sale gosse. J'ai lancé un regard agacé à Ethan. Bon d'accord, il n'y était pour rien. J'ai attrapé la poignée de la porte en jurant. Et j'ai essayé d'ouvrir la porte. En vain. Ah la petite maligne, elle nous avait enfermés.

« Lilly Stevens ! Si tu n'ouvres pas cette porte tout de suite, je fais de toi des confettis ! Lilly ! »

Evidemment, ça faisait un moment qu'elle était partie en courant. J'ai levé les yeux au ciel, avant de me retourner vers Ethan. Avec un air profondément agacé je suis allée m'asseoir à côté de lui, sur le canapé. Enfin, à côté... il y avait deux bonnes places entre nous. J'ai eu un petit soupir. C'était terrible, mais je ne savais pas quoi lui dire. J'étais toujours folle amoureuse de lui, j'étais enceinte de lui, mais je ne savais pas quoi lui dire. Alors j'ai cherché n'importe quoi pour meubler le silence. Tant pis s'il trouvait ça stupide et... stupide.

« Tu ne m'avais jamais dit que tu... que tu savais jouer. Tu as l'air d'être plutôt doué. »

Je ne le regardais pas. Je fixais désespérément le mur, en espérant trouver un trou de souris où disparaître.

Lilly avait réussi à me faire sortir de ma chambre. Et ce n’était pas franchement gagné. J’étais rentré depuis une semaine. Et je n’étais presque pas sorti de ma chambre à part pour manger. Lilly avait été la seule à oser s’imposer pour être là. Je devais faire peur ou pitié aux autres. En un sens ça m’arrangeait bien. Je ne savais plus où aller, ni quoi faire. Je me sentais brisé, incapable d’avancer.

J’aurai aimé mourir. Et je crois que si Katarina n’attendait pas notre enfant, je me serais laissé mourir. Mais cette fois –ci j’aurais choisi la méthode radicale.

Lilly voulait que je sorte de cette chambre. Sans doute en avait –elle assez d’être enfermée en quatre murs. Elle ne me lâchait pas une seule seconde. Elle était là nuit et jour pour moi. Et elle avait plus ou moins pris parti pour moi apparemment. Pourtant j’avais beau lui dire qu’elle ne devait pas en vouloir autant à Katarina, je savais qu’elle lui en voulait. Sans doute à cause du bébé, je ne savais pas trop…

Lilly me forçait sans cesse à sortir de ma réserve. Elle me questionnait pour que j’essaye d’y voir plus clair. Mais j’avais encore bien du mal. La blessure était encore bien trop vivace. Nous étions sortis de la chambre en plein milieu de la nuit. Lilly voulait que je joue. Depuis trois jours, elle me forçait à faire sortir des choses en jouant de la guitare et en chantant ce qui me passait par la tête. Une thérapie musicale, voilà en quoi consistait son idée de génie.

Sacré Lilly…

Et en fait, ca marchait relativement bien. J’arrivais enfin à me débarrasser de certaines choses. Par contre pour les réponses à mes questions, je pouvais repasser….Je n’en avais aucune. Si tant est qu’il y en ait.

Nous sommes allés nous asseoir sur le canapé d’un des salons et Lilly s’est installée dans un fauteuil pendant que j’ai pris place sur un canapé juste à côté d’elle. J’ai souri quand elle a sorti de sa poche le carnet qu’elle avait souvent sur elle pour communiquer. Et elle a griffonné quelque chose avant de me le tendre.

-Ethan, il faut que tu arrêtes de pleurer. Je sais qu’elle t’a blessé. Mais tu ne peux pas te laisser aller. Pense au bébé.

Arrêter de pleurer….Facile à dire. Je ne passais pas deux heures d’affilée sans fondre en larmes sans raison. Il me suffisait de croiser au loin Katarina pour fondre en larmes. Et souvent dés que je posais les yeux dans ma chambre, un souvenir me revenait en mémoire et les sanglots arrivaient plus vite que prévu.

-Je sais…. Tu as raison….Mais je me sens tellement vide à l’intérieur Lilly.

Et vide c’était encore trop pour exprimer ce que je ressentais. Pourtant elle avait raison, il fallait que j’arrête. Mais c’était plus facile à dire qu’à faire.

-Tu m’exaspères.

J’ai eu un sourire contrit.

-Excuse-moi….

Je m’en voulais d’imposer tout ca à mon amie. Elle ne cessait de me pousser en avant. De m’aider à me sortir la tête hors de l’eau. Comme l’avait fait Katarina…

Katarina…

-Je n’ose même plus la regarder.

J’avais honte quand je la regardais. Honte de ce que je lui avais fait. Elle était à bout, épuisée, lassée. Mais le sentiment qui dominait c’est que j’avais envie de la prendre dans mes bras et de m’excuser. Mais je savais qu’elle me repousserait. Il fallait que je me fasse une raison, c’était fini.

-Tu loupes quelque chose…

J’ai secoué la tête en souriant. Un sourire franc et sincère. Comme je n’en avais sans doute pas eu depuis des lustres vu le sourire victorieux de Lily. J’ai soupiré longuement et j’ai caressé les cordes de ma guitare en évitant le regard de ma presque petite sœur.

-Dés que j’essaye de capter son regard, elle me fuit. Et j’ai l’impression qu’elle me lacère encore plus le cœur.

-J’ai remarqué oui…

-Petite espionne va….

J’ai relevé les yeux et je lui ai souri à nouveau en lui lançant un coussin à travers la figure. Je ne pouvais lui en vouloir. Elle s’inquiétait pour moi. Sans elle je me serais encore laissé aller. Pourtant je ne pouvais pas éternellement me reposer sur elle.

-Heureusement que tu es là….

Heureusement oui….

-Tu vas me devoir beaucoup d’argent.

Cette fois ci j’ai ri. Elle avait gagné, j’allais un peu mieux. Elle me faisait lentement comprendre que je devais me ressaisir. Elle a étouffé un bâillement et je m’en suis voulu. Si elle ne dormait pas encore a cette heure ci c’était ma faute.

-Va te coucher, tu tombes de sommeil. Je te rejoins.

Je ne reproduirais pas les mêmes erreurs avec Lilly. Même si elle n’était pas Katarina, je tenais a elle. Et je ne voulais pas qu’elle ait à me porter. Finalement j’apprenais sans doute de mes erreurs. Mieux vaut tard que jamais non ?

-Bonne nuit Ethan.

Elle m’a embrassé sur la joue et elle s’est levée.

-Bonne nuit Lilly.

J’ai fixé mon attention sur ma guitare, sans savoir si Lilly était encore là ou pas. Sans doute parce que je n’ai pas entendu la porte se refermer. Elle écoutait sans doute ce que j’avais sur le cœur. Et j’ai commencé à gratouiller comme l’inspiration venait.

What if I wanted to break
Laugh it all off in your face
What would you do? (Oh, oh, oh, oh)
What if I fell to the floor
Couldn't take all this anymore
What would you do, do, do?

Come break me down
Bury me, bury me
I am finished with you

What if I wanted to fight
Beg for the rest of my life
What would you do?
You say you wanted more
What are you waiting for?
I'm not running from you (from you)

Come break me down
Bury me, bury me
I am finished with you
Look in my eyes
You're killing me, killing me
All I wanted was you

I tried to be someone else
But nothing seemed to change
I know now, this is who I really am inside.
Finally found myself
Fighting for a chance.
I know now, this is who I really am.

Soudain j’ai entendu la porte se refermer et le rire de Lilly résonner. Je me suis alors retourné et j’ai eu la surprise de voir Katarina. Elle semblait gênée par la situation. Je me suis contenté de la regarder. Visiblement elle était dans le coin quand Lilly était sortie et cette petite peste avait eu la bonne idée de pousser Katarina dans la pièce. Elle avait de la suite dans les idées quand même. Seulement je ne me sentais pas le courage de rester dans la même pièce que Katarina. J’étais en train de me demander si elle m’avait entendu chanter quand elle s’est assise à l’autre bout du canapé. Elle a désigné ma guitare.

« Tu ne m'avais jamais dit que tu... que tu savais jouer. Tu as l'air d'être plutôt doué. »

Oui….sans doute….Finalement il y avait une partie de moi qu’elle ne connaissait pas. Sans doute parce que je n’avais retouché à une guitare que depuis quelques jours. Je n’en avais pas touché avant parce que cela me rappelait trop l’absence de mes parents. De mon père pour ce coup là.

-Je sais jouer oui…. Je jouais souvent avec mon père…

C’était lui qui m’avait offert ma première guitare, m’avait appris à en jouer et m’avait encouragé à composer. Quand il était mort, ma guitare avait fini explosée contre un mur. J’ai inspiré longuement pour chasser ces pensées. C’était bien trop douloureux. Finalement je n’avais toujours pas fait le deuil de mes parents, et je doutais de le faire un jour. J’ai désigné la porte d’un regard, en évitant celui de Katarina. Je savais que je ne supporterais pas d’y lire de l’indifférence et du dégoût.

-Si tu veux sortir, il suffit de soulever un peu la poignée quand tu la tournes.
J’ai à nouveau reporté mon attention sur ma guitare.

-Bonne nuit Katarina….

Et j’ai recommencé à jouer le même morceau depuis le début.

Lilly allait me le payer. Elle n'avait pas le droit de faire une chose pareille, nom de dieu ! Je ne voulais pas qu'elle se mêle de cette histoire, je ne voulais que personne ne se mêle de cette histoire. Mais je me doutais bien que c'était auprès d'elle qu'Ethan avait trouvé refuge. Et franchement vu tout ce que je lui avais balancé, je ne pouvais pas lui en vouloir. Mais je devais cesser de m'en vouloir moi aussi. J'avais fait ce que j'avais fait à faire... Je me doutais bien que Lilly m'en voulait. Pensez vous j'avais réduit en miettes le cœur de son sauveur... Quelle imbécile je faisais. Je n'aurais jamais dû m'arrêter devant cette foutue porte. C'était vraiment se jeter dans la gueule du loup. J'aurais très bien pu entrer dans cette pièce toute seule. Le résultat eut été le même. Quoique non, Ethan ne m'aurait pas vue me débattre avec la porte comme une forcenée. J'avais dû le vexer en lui montrant que je ne voulais pas rester dans la même pièce que lui. Mais c'était au dessus de mes forces... Sauf que j'allais devoir faire avec. J'espérais quand même que Lilly viendrait me délivrer au bout d'un moment... J'étais idiote, assise sur ce canapé. Je ne savais pas quoi dire à Ethan, en plus. Collée à l'autre bout du canapé, j'avais sorti la première bêtise qui m'étais venue.

J'ai eu un petit sourire, pas très sincère. Je regrettais qu'il ne m'ait pas dit qu'il savait jouer. Mais d'un côté je ne lui avait pas tout dit non plus... Le passé, c'était le passé... Mais découvrir de nouvelles choses à son sujet renforçait l'idée selon laquelle je ne le connaissais pas. J'avais l'impression de côtoyer un étranger ces derniers temps. C'était terrible comme impression. J'imagine qu'il devait ressentir la même chose. Je n'étais plus douce, plus attentive... J'étais froide, têtue... Il a désigné la porte d'un regard, m'ignorant royalement, en me disant comment l'ouvrir. Quand il m'a souhaité bonne nuit, je l'ai regardé en secouant la tête avant de lever les yeux au ciel. J'ai posé ma tasse de thé sur la table assez violemment avant d'aller essayer d'ouvrir cette maudite porte. J'ai bien fait comme il m'a dit... Au final je me suis retrouvée à secouer la porte désespérément. J'ai soupiré avant de croiser mes bras sous ma poitrine avec un air agacé. Très agacé.

« Je pense que pour sortir je devrais défoncer cette porte, mais vois-tu je ne suis pas experte en lancer de chaises et de table. »

MOI. Alexander avait fait une drôle de tête en retrouvant la moitié du mobilier du salon explosé. Nous avions dû retrouver d'autres chaises... L'avantage, c'est que nous en avions profité pour changer un peu la décoration... Avec un second soupir, je suis retournée m'asseoir sur le canapé. La nuit allait certainement être encore plus longue que prévu. J'ai ramené mes jambes contre ma poitrine et j'ai posé ma tête sur mes genoux. J'aurais voulu être sourde pour ne pas l'entendre chanter. Il allait finir par me faire pleurer cet imbécile. J'ai fermé les yeux et j'ai essayé de penser à autre chose. Ce qui n'était pas facile du tout... J'ai eu une espèce de pulsion que je me suis dépêchée de refréner. Je mourais d'envie de me jeter dans ses bras, de lui dire de me pardonner. Je voulais pleurer dans ses bras, encore et encore. Mais je savais très bien qu'il ne fallait pas. D'autant plus qu'il m'aurait certainement repoussée. Après tout ce que je lui avais fait... Je pouvais le comprendre. J'ai eu un petit rire nerveux tout à coup. Je venais de réaliser quel jour nous étions.

« Au fait, bonne Saint Valentin. »

J'ai secoué la tête doucement. Je n'avais jamais aimé ce jour. Peut-être parce que je ne l'avais jamais fêté. Avec personne. De toute façon je trouvais cette fête stupide. Et puis très franchement, avec la fin du monde, ce genre d'idioties... Je me suis relevée pour attrapée ma tasse. Je l'ai reposé tout de suite, l'odeur m'étant insupportable tout à coup. Je me suis laissée retomber en arrière et j'ai glissé ma main sur mon ventre. Eh bien, il allait m'en faire voir de toutes les couleurs ce petit bout...

J’ai senti tout de suite que Katarina n’appréciait pas la façon dont je venais de lui parler. Et pour cause, j’avais été sec, dur, rempli d’animosité. Non pas que je veuille lui faire du mal, mais j’étais en réelle souffrance. Et c’était sans doute une façon de me protéger. Je préférais qu’elle quitte la pièce et qu’elle me laisse seul. J’avais envie d’aller mieux. Parce que bientôt je serais père. Et que c’était là-dessus que je devais me focaliser. Je devais oui, mais je n’y arrivais pas. Il lui avait suffit de mettre un pied dans le salon pour que tout de suite son parfum vienne chatouiller mes narines.

Quand elle s’était assise sur le canapé j’avais feint l’indifférence. Mais ce n’est pas ce que je ressentais. J’avais envie de me mettre à genoux et de l’implorer de me reprendre. Mais je savais qu’elle me repousserait encore. Et je n’avais plus la force de supporter ça une nouvelle fois. Mon masochisme avait ses limites finalement.

J’ai sursauté malgré moi quand elle a posé violemment la tasse sur la table. Je n’aimais pas la violence chez Katarina. Tant dans ses gestes que dans ses paroles. Ca ne lui ressemblait pas…Peu importe, de toute façon tout ce qu’elle faisait depuis que j’étais revenu, ca ne lui ressemblait pas. Je ne connaissais pas cette facette de Katarina et j’aurai préféré ne jamais avoir à la connaitre.

Je n’ai pas pu m’empêcher de la suivre des yeux. Elle essayait d’ouvrir la porte, et visiblement elle n’y arrivait pas. J’allai me lever et lui ouvrir la porte quand elle a croisé les bras sous sa poitrine et m’a regardé avec un air dédaigneux.

« Je pense que pour sortir je devrais défoncer cette porte, mais vois-tu je ne suis pas experte en lancer de chaises et de table. »

Elle m’aurait giflé qu’elle m’aurait fait moins mal sans doute. Pourtant elle avait raison au fond. Seulement me reprocher ma souffrance et mon désespoir était bien cruel en vérité. Oui j’avais été violent quand elle m’avait dit qu’elle en avait assez de me laisser une chance. J’avais tellement eu mal que j’avais tout cassé autour de moi. Mais qu’est ce qu’elle aurait aimé que je fasse ? Que je pleure encore, que je l’implore ? J’avais essayé….

J’ai serré les dents un instant et je n’ai pas pu m’empêcher de lui répliquer aussi froidement qu’elle venait de le faire. Oeil pour œil comme on dit non ?

-C’est bas Katarina…Tu m’excuseras d’être malheureux MOI !

Malheureux ? Et encore je pesais mes mots. J’avais l’impression qu’il n’existait pas un seul mot assez fort pour exprimer ce que je ressentais au plus profond. J’avais insisté sur le « Moi » parce que je l’avais observé à la dérobée, et elle n’avait pas l’air malheureuse elle. Elle avait toute une cour autour d’elle, et elle avait trouvé un sauveur. Non, Katarina n’était pas malheureuse. Je voulais qu’elle se rende compte à quel point j’avais mal. C’est comme si je cherchais un moyen de la rendre aussi malheureuse que moi. Alors qu’au fond tout ce que je voulais c’était son bonheur, et rien d’autre.

Elle a ri nerveusement. Sans doute parce que ma souffrance lui était égal. Je ne voyais que ça. Jusqu’a ce qu’elle enfonce le clou un peu plus profondément.

« Au fait, bonne Saint Valentin. »

Elle se fichait de moi non ? Elle me souhaitait une bonne Saint Valentin ? Elle m’avait quitté sans ménagement et elle me souhaitait une bonne Saint Valentin ? Elle était cruelle. J’ai essayé de sourire ironiquement, comme elle le faisait si bien. Mais cela a du ressembler à une horrible grimace.

-Ouais c’est ça. Bonne Saint Valentin….

Je me retenais de lui dire d’aller la souhaiter au nouveau vu les relations qu’ils entretenaient. Mais je me suis retenu. J’étais bien incapable d’être aussi cruel. Je n’avais pas de mal a lui faire comprendre que j’étais au 36e dessous, mais lui dire des choses blessantes je m’y refusais. Parce que je l’aimais plus que tout. Et parce que c’était notre enfant qu’elle portait. Le notre…. Et rien que pour lui je ne pouvais pas faire ca.

J’allais essayer de me concentrer à nouveau sur ma guitare et continuer à jouer quand j’ai vu du coin de l’œil Katarina basculer la tête en arrière avec une mine affreuse, et poser une main sur son ventre. Mon instinct a alors pris le dessus. J’ai posé ma guitare au sol et je me suis précipité vers elle.

-Ca va pas ?

J’étais tout prés d’elle, à moins d’un mètre pour être précis. Mais je ne me sentais pas le courage de la regarder en face, ni d’avancer plus. J’avais tellement peur qu’elle me repousse. Je me suis alors contenté de fixer son ventre, et la main qu’elle y avait posée d’un geste terriblement protecteur et maternel.

-Katarina y’a un problème avec le bébé ?

Faites que ce ne soit pas ça. Je me suis alors radouci et j’ai tenté une approche.

-Tu veux bien que je pose ma tête contre ton ventre et que je lui parle ?

Il se plaignait d'être malheureux ? Il se plaignait d'être malheureux ? Mais qu'est-ce que j'aurais dû dire, moi ? Il ne se rendait pas compte à quel point je souffrais. Peut-être était-ce parce que je ne montrais pas ma souffrance, jamais. C'était peut-être pour cela qu'il ne l'avait jamais vue... Mais j'aurais aimé qu'il la voit. Il n'y avait pas de demie mesure. Ethan montrait trop qu'il souffrait, moi je ne le montrais pas. Nous étions vraiment de parfaits contraires. Et vu comment avaient tourné les choses, ce n'était pas vraiment une bonne chose. Nous étions arrivés au paroxysme de l'incompréhension. J'avais l'impression que nous ne pourrions jamais nous retrouver. Si seulement nous nous étions trouvés un jour... Je n'aimais pas du tout la froideur de son ton. Il ne m'avait jamais parlé comme ça. J'imagine qu'il devait se dire que je le méritais. Il ne comprendrait probablement jamais pourquoi je l'avais quitté. Il devait se dire que j'étais injuste, cruelle... Mais moi j'en avais assez des promesses brisées, des mensonges... Il m'avait caché trop de choses. Je ne pouvais plus lui faire confiance. Et peut-être qu'au fond, je n'avais plus envie de lui faire confiance.

Il m'a rendu mon sourire ironique. Je n'aimais pas non plus le voir avec cet air là. Ce n'était pas lui. Cela ne lui ressemblait pas... Mais il devait avoir beaucoup de mal à digérer tout ce que je lui avais dit. Je n'avais pas été tendre avec lui. Mais je préférais qu'il m'en veuille plutôt qu'il ne continue à me supplier. Je n'aurais pas supporté cela très longtemps. J'aurais certainement cédé. Et il m'aurait certainement déçue encore une fois. Or je préférais mettre un point final à tout cela. Et j'aurais bien aimé qu'on respecte ma décision ! Lilly savait très certainement tout ce que j'avais dit à Ethan. Il avait dû se confier à elle. Et plutôt que de me laisser tranquille elle avait préféré m'enfermer avec lui. Comme Alexander l'avait fait avant elle. Et cela c'était très mal passé. Il m'avait hurlé dessus, je l'avait giflé et nous nous étions jeté des horreurs à la figure. Je ne voulais pas que cela recommence. Je n'aurais pas la force d'endurer une autre dispute. J'étais fatiguée, j'étais lasse. J'étais à deux doigts d'aller m'allonger sur le second canapé en lui tournant le dos, pour éviter toute discussion.

J'ai été surprise de trouver Ethan si près de moi, alors qu'une seconde plus tôt il m'ignorait royalement. Je l'ai dévisagé un instant, mais il ne me regardait pas. Il fixait mon ventre avec insistance. J'ai levé les yeux au ciel. Avant de me détendre. Je n'avais pas besoin de jouer les sorcières cruelles cette fois-ci. J'ai eu un petit rire, sincère cette fois.

« Mais oui, ça va... Je ne suis pas malade, je suis enceinte. »

S'il y avait bien une chose que je détestais, c'était qu'on s'inquiète pour moi à outrance. Voilà pourquoi je n'avais dit à presque personne que j'étais enceinte. Je ne supporterais pas d'avoir quelqu'un derrière moi en permanence. J'ai eu un petit soupir. Et puis Ethan s'inquièterait certainement assez. Quelque chose me disait qu'il allait me rendre folle s'il se précipitait vers moi dès que je faisais une petite grimace. Est-ce que je pouvais lui en vouloir ? C'était son enfant aussi, il avait bien le droit de s'inquiéter... Mais j'aurais voulu qu'il me laisse tranquille. Or, l'un n'allait pas sans l'autre. J'imagine que je pouvais bien supporter ça le temps de la grossesse. Après il n'aurait à s'inquiéter que pour le bébé...

« Et non, il n'y a aucun problème avec le bébé... Il a juste décidé d'affamer sa mère. Je ne supporte plus certaines odeurs et... Ce n'est pas très important. »

Je ne voulais pas m'étaler, d'autant plus qu'il devait se moquer de ce genre de choses. Mes petits problèmes de femme enceinte ne regardaient que moi. Personne n'avait envie de savoir ce qui me donnait la nausée. Et très franchement je n'avais pas envie d'en parler. Qu'on me laisse tranquille, voilà ce que je voulais. Au moins pendant un certain temps. Parce que je ne pourrais pas cacher ma grossesse éternellement. Malheureusement. J'ai lancé un regard surpris à Ethan et mes yeux ont fait l'aller retour entre mon ventre et sa tête. Poser sa tête contre mon ventre ? Parler au bébé ?

« Je ne suis pas sûre qu'il puisse déjà t'entendre... Mais vas-y. Autant qu'il s'habitue à ta voix tout de suite. »

Je voulais qu'il comprenne que je n'avais pas l'intention de l'écarter complètement de ma grossesse et du bébé. Même si je refusais qu'il soit toujours derrière moi, il avait bien le droit de profiter de son enfant aussi, même avant qu'il soit né... Même si je me doutais bien que cette proximité ne nous aiderait pas à rester éloignés l'un de l'autre. J'allais prendre sur moi et refouler mes sentiments, en pensant à ce que j'avais décidé. Plutôt facile. En théorie.

Katarina a laissé fuser un petit rire. Mais il n’était pas moqueur ou ironique. C’était un petit rire sincère comme elle en avait tant eu lorsque nous formions encore un couple aux yeux de tous. Ca me rappelait les fois où j’avais l’impression d’être en parfaite osmose avec elle .Ces moments de complicité qui n’appartenaient qu’a nous et qui me semblaient pourtant si loin.

« Mais oui, ça va... Je ne suis pas malade, je suis enceinte. »

Elle n’était pas malade ? Non bien sûr être enceinte ne signifiait pas être malade mais qu’elle soit enceinte la rendait fragile. Elle était fragile et elle portait un être en elle, un être bien plus fragile que n’importe qui d’autre. Je voulais que notre enfant aille bien. Et oui j’avais eu peur quand elle avait porté la main à son ventre, et que j’avais vu une mine étrange sur son visage. Alors ca pouvait lui paraitre agaçant, mais oui je m’inquiétais. Et je n’étais pas prêt d’arrêter.

« Et non, il n'y a aucun problème avec le bébé... Il a juste décidé d'affamer sa mère. Je ne supporte plus certaines odeurs et... Ce n'est pas très important. »

J’ai poussé un soupir de soulagement. Au moins le bébé allait bien. Elle l’aurait senti si quelque chose n’allait pas non ? Elle me l’aurait dit non ? Je l’espérais vraiment du fond du cœur. Mais qu’elle ait faim et qu’elle ne supporte plus certaines odeurs, ca m’inquiétait. Je me demandais ce que je pouvais faire pour arranger ça. J’ai réfléchi un instant.

-Bien sur que si c’est important. Tu veux que je te rapporte quelque chose à manger ? Je ferais tout ce que tu veux Katarina.

Et je l’ai regardé. Je ne l’avais pas regardé depuis des jours. Et j’ai eu un pincement au cœur. Elle était magnifique !!! Maintenant je comprenais quand on disait qu’une femme enceinte a une aura et que c’est à ce moment là qu’elle est au summum de la beauté. J’en étais presque retombé amoureux. Et je n’ai pas pu m’empêcher de rougir. Enfin, moi je me suis sentie rougir. Si elle l’a vu elle n’a rien dit….

« Je ne suis pas sûre qu'il puisse déjà t'entendre... Mais vas-y. Autant qu'il s'habitue à ta voix tout de suite. »

Ha ?? J’ai du paraitre déçu un instant. Et je l’étais…. Je pensais qu’il pouvait déjà m’entendre. En fait je me rendais compte que je ne savais pas grand-chose d’une grossesse. Je ne savais rien en fait…Je ne savais pas à quel vitesse se développait un enfant, à part en neuf mois. Mes connaissances étaient vraiment limitées. Pourtant je voulais apprendre. Je voulais faire partie de la vie de cet enfant. Je voulais m’investir dans la grossesse de Katarina.

-Ha bon il ne m’entend pas encore ?

Mais peu importe…on pouvait essayer non ? Et puis j’avais besoin de ce moment d’intimité. Meme si nous n’étions plus ensemble Katarina et moi, nous allions avoir un enfant. Et nous avions besoin de créer quelque chose avec cet enfant. Et moi j’avais besoin de me donner l’illusion que nous étions une famille. Je me suis accroupi à ses pieds et j’ai posé ma tête contre le ventre de Katarina et j’ai souri. Je me suis adressé à notre enfant en posant sans le vouloir mes mains de part et d’autre de son ventre.

-Bonjour mon amour. C’est Papa… J’ai hâte que tu sois dans mes bras tu sais. Mais pour le moment il faut que tu restes bien au chaud dans le ventre de Maman, et que tu grandisses bien. Et puis….si je pouvais choisir, je préférerais que tu restes toujours dans le ventre de maman, parce que le monde dans lequel on va te parachuter est pas terrible. Mais t’inquiète pas mon bébé….Papa sera toujours là pour te protéger.

J’ai caressé le ventre de Katarina et j’ai relevé mes yeux vers elle en lui souriant. Je ne pensais même plus qu’on s’était disputés, que nous n’étions plus ensemble. Tout ce que j’avais en tête c’était le bonheur que je venais de ressentir à parler à notre enfant. J’étais heureux dans un sens. Et puis je me posais tout un tas de questions. Des questions pour lesquelles Katarina avait sans doute des réponses. Mes pensées étaient uniquement dirigées vers le bébé. Comme si nous venions silencieusement de faire une trêve pour être de bons parents.

-T’es sûr qu’il entend pas ? Il entendra quand ? Et tu le sens déjà bouger ou pas ?

J'ai secoué la tête doucement. Oh non, je ne voulais rien manger... Je m'étais déjà forcée à manger avant d'aller au lit. Ce n'est pas que je ne voulais pas manger, non. Mais de temps en temps j'avais l'impression que l'odeur de la nourriture m'agressait complètement et là c'était soit je repoussais mon assiette doucement, soit je partais en courant direction les toilettes. Et je préférais de loin interrompre mon repas discrètement. Tout le monde ce serait douté de ce qui m'arrivait, sinon. Et pour le moment je préférais rester aussi discrète que possible. Nous avions déjà tellement de problèmes que je ne voulais pas en devenir un supplémentaire. Et puis, évidemment, je me disais que pour le moment je pouvais très bien gérer le problème toute seule. Enfin, si Lilly ne vendait pas la mèche. Elle en était bien capable, rien que pour m'embêter... Je suis sûre qu'elle aurait fait n'importe quoi pour me casser les pieds. Elle allait m'épuiser pour que je retourne avec Ethan... C'était malin, mais je ne cèdes pas au chantage, mademoiselle !

J'ai dû avoir un petit sourire étonné quand il a rougi. Je n'ai rien dit, mais je me suis demandée pourquoi il s'était empourprée. À quoi s'attendait-il en me regardant ? À ce que je lui lance un regard froid et cruel ? Une chose est sûre, il ne s'attendait pas à me voir sourire et rire... J'ai secoué la tête doucement. Non, je doutais sincèrement que le bébé puisse l'entendre... C'était encore beaucoup trop tôt pour cela. Ethan a posé sa tête contre mon ventre et je me suis raidie une seconde avant de me détendre. J'ai eu un léger frisson quand il a posé ses mains sur mon ventre. Je ne sais pas s'il avait senti cette petite bosse sous ses doigts... Oh bien sûr ce n'était pas grand chose pour le moment. Mais à elle seule, cette petite bosse signifiait énormément... Et puis elle prouvait qu'il y avait bien un bébé là dedans, qui commençait à prendre ses aises. Ça a été plus fort que moi, j'ai posé ma main sur sa tête et j'ai commencé à caresser ses cheveux, comme j'en avais l'habitude. Quand je me suis rendue compte de ce que je faisais, j'ai eu un petit sursaut et j'ai retiré ma main... Ma main, je ne savais pas où la mettre. Ah oui, tiens, sur ce coussin, elle serait très bien.

Je crois que j'ai eu un grand sourire tout à fait niais quand il a commencé à parler au bébé. Je trouvais ça... Adorable. Oui, c'était le mot. Tous les futurs pères n'étaient certainement pas aussi... aussi... Ah, là les mots me manquaient. Ou plutôt, tout un tas de mots me venaient : prévenant, attentif, concerné, tendre... En très peu de temps j'avais retrouvé le vrai Ethan, celui que j'aimais tant. Visiblement, il n'était pas capable de feindre de m'ignorer bien longtemps... Comme moi je ne savais pas rester en colère très longtemps. Et puis comment vouliez que je reste en colère contre lui ? Je ne pouvais pas, j'étais obligée de me radoucir. Je n'oubliais pas ce que j'avais décidé pour autant, mais je me disais que nous pouvions tout aussi bien nous comporter en adultes responsables et passer un moment ensemble sans se taper dessus. Il a caressé mon ventre et a relevé les yeux vers moi en souriant. Et je lui ai rendu son sourire bêtement.

« Toi, tu n'avais pas vraiment songé à être père avant aujourd'hui... »

Vous me direz, je n'avais pas songé non plus à devenir mère. Enfin si cela m'était arrivé. Mais pas souvent. J'avais envisagé la possibilité d'être mère... Et j'avais très souvent repoussé cette possibilité, pensant que ce n'était définitivement pas pour moi. Je m'étais trompée, apparemment. J'ai eu un petit soupir et je me suis passée une main dans les cheveux.

« Non, il ne t'entend pas encore, j'en suis certaine. Il commencera normalement à entendre vers six mois... Ça lui laissera quand même trois mois pour s'habituer à nos voix, ne t'inquiète pas. »

Comme quoi ça sert pas mal, de faire médecin. Surtout qu'on me collait tout le temps à la maternité et en service pédiatrique. Je lui ai souri et j'ai vu ma main caresser sa joue. J'ai regardé ma main avec un petit air halluciné et j'ai secoué la tête. Stupide réflexe.

« Et non, il ne bouge pas encore. Il commencera à bouger vers la fin du troisième mois... A peu près. Si c'est un peu plus tard il ne faut pas s'inquiéter pour lui. Ou pour elle, d'ailleurs. »

Nos regards se sont croisés, et nous nous sommes souris assez tendrement. Nous allions être parents. C’était comme si rien d’autre n’existait que ce fait. Nos disputes, nos griefs, nos reproches… tout ça était balayé par le fait que Katarina attendait notre enfant. J’avoue que je ne pensais même pas à plaider ma cause et à la supplier de me reprendre. Ce n’était pas le moment d’être égoïste. Il fallait que j’arrête de penser à moi, et que je pense plus au bien être de Katarina et du bébé.

Je trouvais ca vraiment merveilleux. Nous allions être parents. Dans quelques mois un petit être dépendrait totalement de moi. J’espérais avoir assez de temps pour me faire à ces nouvelles responsabilités. Et j’espérais surtout être un bon père. Je ne voulais pas que mon passé soit nuisible pour notre enfant. Il avait fait assez de mal comme ça entre Katarina et moi.

« Toi, tu n'avais pas vraiment songé à être père avant aujourd'hui... »

Je lui ai souri bêtement. Ca se voyait tant que ça ? Sans doute. Ou alors était ce parce que Katarina avait toujours su lire dans mon regard. Bien sur quand je lui avais demandé de m’épouser, je savais qu’un jour je voulais qu’on fonde une famille. Mais je ne pensais pas que cela se ferait aussi vite. Et surtout j’avais l’impression de tout faire à l’envers. Normalement le bébé arrive après le mariage non ? Et là. Non seulement il arrivait avant et surtout les parents étaient séparés. Non décidément je ne pensais pas que cela se passerait comme ca.

-J’y avais pensé, mais pas maintenant. J’avais peur d’y penser je pense….

Parce que cela faisait peur dans un monde comme le notre. Et puis nous ne nous connaissions que depuis moins d’un an. Cela pouvait paraitre très précipité tout de même. Katarina s’est mise à répondre à mes questions concernant le développement du bébé. Et je l’écoutais attentivement, je voulais apprendre.

« Non, il ne t'entend pas encore, j'en suis certaine. Il commencera normalement à entendre vers six mois... Ça lui laissera quand même trois mois pour s'habituer à nos voix, ne t'inquiète pas. »

J’avoue que j’étais déçu…. Si le bébé commençait a nous entendre à 6 mois de grossesse, je devrais attendre encore quatre mois….. Et ca me paraissait énorme. J’ai du faire une drôle de tête.

-Ah….

J’ai secoué la tête. Je ne voulais pas y croire. Alors j’ai cherché des alternatives.

-Tant pis, je lui parlerais quand même. Peut être que les médecins se sont trompés, et de toute façon je suis sûr que notre enfant comprend déjà….

Et en fait j’y croyais. Pour moi notre enfant était spécial. Et j’étais sûr qu’il entendait au moins le son de ma voix. Et peu importe si Katarina avait raison, je n’attendrais pas quatre mois avant de parler à notre enfant. J’avais tant de choses à lui dire. Je continuais à lui sourire et j’ai fermé les yeux par réflexe quand elle a caressé ma joue. J’ai essayé de ne pas bouger, j’avais peur que la magie du moment ne disparaisse.

« Et non, il ne bouge pas encore. Il commencera à bouger vers la fin du troisième mois... A peu près. Si c'est un peu plus tard il ne faut pas s'inquiéter pour lui. Ou pour elle, d'ailleurs. »

Surtout ne pas briser la magie. J’avais rêvé de ce moment d’intimité depuis des jours et des jours. Alors je préférais faire comme si elle n’avait pas eu de geste tendre. J’ai reporté mon attention sur notre bébé. J’ai souri tendrement.

-Encore un mois alors ? Tu me le diras hein quand il bougera ?

J’espérais vraiment pouvoir profiter de ces instants. Je savais que je n’attendais que ça. Que le bébé bouge pour que nous soyons tous les deux rassurés. S’il bougeait c’est qu’il allait bien non. Et j’ai secoué la tête d’un air halluciné en regardant Katarina le plus sérieusement du monde.

-Enfin non pas il. ..Elle. Ce sera une fille. Je veux une fille.

Je savais qu’on ne choisissait pas. Mais je voulais une fille. Je voulais en quelque sorte une mini Katarina. Il y avait tant de raisons pour lesquelles je voulais une fille en fait. Bien sûr je serais aussi heureux si nous avions un fils. Mais j’avais peur qu’il ne me ressemble. Et puis, une fille c’est plus proche de son papa parait il. Pour moi notre enfant ne pouvait qu’être une fille. J’en aurais mis ma main à couper.

A nouveau, j’ai posé mes mains sur le ventre de Katarina et j’ai posé ma tête sur les genoux de Katarina. Et j’ai parlé à nouveau à notre enfant.

-Mon amour, tu seras aussi belle que ta maman. Non pas aussi belle, bien plus belle.

Je me suis alors rendu compte que je pouvais vexer Katarina alors j’ai rapidement levé la tête vers elle en rougissant. J’espérais qu’elle ne se fâche pas. Je ne disais pas qu’elle n’était pas superbe. Bien au contraire.

-Excuse-moi Kat, je ne voulais pas te vexer… Tu es magnifique. La grossesse te va bien.

Oui elle avait pris de la poitrine, ce qui je l’avoue n’était pas pour me déplaire. Et puis elle semblait rayonnante. Elle avait beau prétendre le contraire. Elle était superbe. Et je ne comprenais pas pourquoi si peu de personnes n’avaient pas remarqué qu’elle avait changé. J’ai soupiré alors en reposant ma tête sur ses genoux. J’aurai presque pu m’endormir tellement je me sentais bien. Il y avait longtemps que je ne m’étais pas senti aussi bien en fait. La dernière fois remontait à la dernière nuit que nous avions passé ensemble. Et cette nuit là, nous ne le savions pas, mais notre enfant était déjà là… Si j’avais su, jamais je ne serais jamais parti….

-J’ai hâte qu’elle soit là Kat….

Il avait presque l'air... heureux. Cela faisait un moment que je ne l'avais pas vu comme ça. Mais il faut dire que je ne lui avais guère donné de raisons d'être heureux ces derniers temps. En un sens, je m'en voulais. Il avait déjà tellement souffert qu'enfoncer le couteau dans la plaie c'était à la limite du terrorisme. Voilà pourquoi je l'avais porté pendant toutes ces semaines, pendant tous ces mois. Pour qu'il puisse se reposer un peu... Mais il faut croire que cela n'avait pas été une bonne chose. J'aurais peut-être dû lui dire que cela ne durerait qu'un temps, qu'il devrait se reprendre en mains. Mais je ne l'avais pas fait, croyant naïvement qu'il s'en rendrait compte seul. Et au final les choses avaient tellement dégénérées que nous n'étions même plus capables de nous comprendre. Que nous ne nous soyons toujours pas hurlé dessus relevait du miracle. Enfin, à mon sens. J'avais vraiment l'impression de ne plus le connaître, de ne plus savoir qui il était vraiment. Je me rendais compte que je l'avais aimé durant des mois sans savoir... J'avais été aveugle, ou bien il avait changé trop brutalement pour que je puisse m'en rendre compte à temps. Question sans réponse...

Il semblait d'apprendre que le bébé ne pouvait pas encore l'entendre. C'était encore beaucoup trop tôt. Mais j'imagine que pour un homme c'était difficile de vraiment être au courant de ce genre de choses. Pour une femme, c'était différent, puisque nous sommes directement concernées. Ce doit être dur pour un homme de réaliser ce que c'est. Non pas que cela le soit moins pour une femme. J'avais encore du mal à m'habituer à l'idée. Tant que le bébé ne bougeait pas, tant que je ne prenais pas plus de ventre, cela resterait une idée un peu abstraite. Je m'en rendrais bien compte quand le bébé commencerait à faire les montagnes russes – sans jeu de mot, dans mon ventre. J'ai eu un petit sourire et j'ai secoué la tête doucement.

« Oh, mais ce n'est pas parce qu'il n'entend pas qu'il ne comprend pas. S'il comprend que sa mère va bien, il va bien... Et puisque je vais très bien en ce moment... »

Ouh là, une petite minute. À demi mots, je venais de lui dire que je me sentais merveilleusement bien avec lui. Et zut. J'espérais qu'il n'y prête pas attention, mais très franchement je doutais qu'il ne note pas une chose pareille. Quelle idiote... J'avais trop tendance à dire ce que je pensais, or ce n'était pas vraiment une bonne chose si je voulais qu'il croit sincèrement que je ne voulais plus de lui. J'allais aussi devoir surveiller ce que je disais... Voilà pourquoi je ne voulais pas rester seule avec lui. Je savais que certains réflexes allaient me revenir naturellement. Il fallait vraiment que je m'en débarrasse pourtant. Sinon nous n'allions jamais nous en sortir.

« Bien sûr que je te le dirais. »

A l'entendre, j'allais garder toutes ces choses pour moi toute seule... Mais je ne voulais le priver de rien. Ce qui, au fond, était assez paradoxal. Je ne voulais plus être avec lui, mais j'allais le mettre au courant dès que le bébé ferait quelque chose. Et je savais très bien ce que cela signifierait. Passer du temps avec lui, lui parler, le voir sourire, l'entendre rire... S'il y avait bien une chose dont je ne me débarrasserait jamais, c'était de mes sentiments pour lui. Ils étaient ancrés trop profondément en moi. Il faudrait que je me débrouille pour vivre avec. Du moment qu'il n'avait pas conscience de mes sentiments pour lui, cela irait. Enfin, j'imagine. J'avais toujours su dissimuler mes sentiments aux autres. La preuve, au début il n'avait même pas réalisé à quel point il m'attirait.

« Une fille ? Et pourquoi est-ce que tu veux une fille ? »

Un garçon, c'était bien aussi, non ? De toute façon, nous n'aurions pas le choix. C'était l'un ou l'autre et ce serait la surprise à la naissance. Nous ne le saurions pas avant, puisque nous n'avions rien pour faire une échographie... Comment ça, plus belle que maman ? J'ai haussé les sourcils avec étonnement. Bon alors ça, c'était vexant... Il s'est dépêché de se rattraper, mais j'ai affiché un petit air boudeur une seconde.

« Depuis quand est-ce que je ne suis plus assez jolie pour toi ? »

D'accord, c'était stupide de poser cette question. De toute façon je n'attendais pas vraiment de réponse. La grossesse te va bien, la grossesse te va bien... Il ne dirait certainement pas ça quand je serais énorme. Je croisais quand même les doigts pour ne pas être si énorme que cela. Avec un peu de chance je me contenterais de prendre du ventre et pas autre chose. Si le petit monstre continuait à m'affamer, cela devrait aller... Pour le moment, les envies de femme enceinte, je ne connaissais pas. Heureusement. Allez trouver des fraises en plein hiver dans un New York dévasté. Pas facile, facile. J'ai eu un petit soupir, assez défaitiste.

« Moi je préfère qu'elle prenne son temps. Je ne suis pas sûre de faire une bonne mère... Je ne suis pas prête. Pas prête du tout, même. »

Katarina m’a souri et m’a rassuré gentiment concernant le bébé. M’expliquant calmement qu’il ressentait déjà les choses. Lorsqu’elle m’a confié qu’elle se sentait bien là, et que le bébé aussi par la même occasion, je n’ai pas pu m’empêcher d’avoir un léger pincement au cœur. Se doutait elle du bien que cela me faisait de l’entendre dire qu’elle se sentait bien ? Elle se sentait bien là avec moi. Et j’avoue non sans honte que je me sentais parfaitement bien aussi. J’avais l’impression que nous formions une famille. Je voulais que ce moment dure toujours, que rien ne s’arrête. Elle acceptait de me faire une place, elle ne me tiendrait pas à l’écart de la grossesse. C’est ce qui était censé se passer mais ca me remplissait de joie. Je ne voulais plus que nous nous disputions ou que nous soyons fâchés l’un envers l’autre. Cet enfant méritait des parents heureux. Et amoureux….mais pour ca je savais que le chemin serait long. J’allais tout mettre en œuvre pour que Katarina me pardonne. Elle finirait bien par me pardonner non ?

Elle me ramena rapidement sur terre en se moquant affectueusement de moi et de mon envie d’avoir une fille. Peut être préférait elle un garçon ? J’avoue que l’idée que ce soit un petit homme ne m’avait pas traversé l’esprit outre mesure. Dans ma tête c’était clair comme de l’eau de roche. Nous aurions une fille. Je l’idéalisais sans doute. Mais quel père n’idéalise pas son enfant ? Un père, j’allais devenir père. Autant l’idée me paraissait abstraite quelques jours auparavant, autant maintenant que j’avais commencé à créer un lien avec elle, je me sentais devenir père. Je voulais le mieux pour cet enfant. Et pour le moment ce qu’il y avait de mieux c’est que ses parents aillent bien.

Alors j’allais faire des efforts. A commencer par éviter que Katarina se sente prise au piège. Je ne voulais pas qu’elle croit que je manigançais pour qu’elle me retombe dans les bras ce soir. Je savais que les choses ne s’arrangeraient pas comme ca, et que le malaise était bien trop profond pour guérir d’un coup de baguette magique.

J’avais tellement hâte pour le moment de tenir notre enfant dans les bras, que je ne pensais plus qu’à ça. C’était comme si à présent j’avais une réelle mission sur terre. C’était effrayant mais en même temps je me sentais tellement prêt. C’était plutôt paradoxal je dois avouer. Katarina elle ne semblait pas se sentir prête.

« Moi je préfère qu'elle prenne son temps. Je ne suis pas sûre de faire une bonne mère... Je ne suis pas prête. Pas prête du tout, même. »

Alors là je n’étais pas d’accord avec elle. Mais alors pas du tout. Katarina ferait une mère parfaite. Elle était déjà mère dans sa tete. La seule femme avec un tel instinct que j’avais eu l’occasion de rencontrer de toute ma vie c’était ma mère. Et ma mère était une mère formidable. Je me suis alors relevé et je me suis assis à l’autre bout du canapé en ouvrant mes bras. Et j’ai fait signe à Katarina de venir.

-Viens dans mes bras Kat.

Je n’avais aucune arrière pensée. Je ne comptais pas profiter de la situation car je n’y pensais même pas. Tout ce a quoi je pensais, c’était que la femme que j’aimais, la mère de mon enfant était effrayé par la situation. Et je ne voulais qu’une seule chose : qu’elle prenne confiance en elle. J’attendais qu’elle vienne dans mes bras, mais j’ai commencé à essayer de la rassurer.

-Tu seras une mère parfaite Katarina, tu es faite pour ça. Regarde la façon dont tu t’occupes des enfants, et a quel point ils aiment passer du temps avec toi.

Combien de fois j’avais retrouvé Katarina assise dans un sofa avec un enfant de la communauté dans les bras. Elle participait énormément a leur vie, elle aidait régulièrement Gabrielle. Et rien qu’a voir la façon dont elle regardait Emma parfois me laissait penser que Katarina serait une mère géniale pour notre enfant.

Je sentais pourtant qu’elle hésitait à venir dans mes bras. Sans doute pensait elle que j’allais a nouveau la supplier. Ce n’était pourtant pas mon intention alors j’ai levé les yeux au ciel en soupirant. Ce n’était pas au programme, et j’avoue que j’étais blessé qu’elle puisse penser cela de ma part.

-Je te promets de ne pas profiter de la situation Katarina, ce n’est même pas dans mes intentions. Je veux juste prendre la mère de mon enfant dans mes bras. Tu m’as dit que le bébé se sentirait bien si sa maman se sentait bien.

C’était bien ce qu’elle avait dit non ? Je n’avais rien inventé tout de même ?

-Je veux ce qu’il y a de mieux pour elle Kat. Alors laisse-moi te prendre dans mes bras.

J'ai eu un petit soupir. Je m'étais toujours occupée d'enfants. Et je savais m'en occuper, je savais comment ils fonctionnaient... Mais prendre soin des enfants des autres, ce n'était pas la même chose, je n'avais aucune obligation particulière envers eux. Par exemple, quand je m'occupais d'Emma, je savais que Gabrielle n'était jamais très loin, prête à prendre le relais en cas de pépin... Avoir son propre enfant ce n'est pas la même chose. Cela implique d'énormes responsabilités et pour tout dire, je n'étais pas certaine de vouloir de ces responsabilités. Pas encore. Certes, j'avais sept mois pour m'habituer à l'idée. Mais pour l'instant j'étais juste terrifiée à l'idée de devoir prendre soin d'un bébé qui ne dépendrait que de moi et qui n'aurait personne pour le défendre. Personne n'avait jamais dépendu de moi à ce point là, même pas Ethan. Il était adulte, toute de même, il pouvait se prendre en main s'il le voulait vraiment... Mais un bébé... J'en avais vu plein des bébés, je savais à quel point ils étaient fragiles et dépendants !

J'ai regardé Ethan se relever et aller s'asseoir à l'autre bout du canapé. Pendant une minute, j'ai cru qu'il allait reprendre sa guitare et m'ignorer. Mais non, il m'a ouvert ses bras et il m'a dit de venir m'y blottir. Je me suis mordue la lèvre et j'ai détourné le regard en secouant la tête doucement. Non, je n'irais pas dans ses bras, c'était hors de question. Il ne se rendait pas compte de ce qu'il me demandait. Je ne pouvais pas aller dans ses bras sans arrière pensée. Lui, il n'y pensait peut-être pas, parce qu'il ne voyait toujours que l'aspect premier des choses. Si j'allais dans ses bras, je ne pourrais pas me retenir de le toucher, de le caresser, de l'embrasser... Comme je l'avais toujours fait. Que nous soyons séparés ou non, il m'attirait toujours comme un aimant. Si j'allais dans ses bras, j'aurais ensuite beaucoup de mal à les quitter...

« Une mère parfaite ? J'aimerais bien... Mais c'est tellement difficile aujourd'hui. J'ai peur de ne pas lui offrir tout ce qu'il... elle mériterait. »

Cela promettait d'être terriblement compliqué. Il faudrait se débrouiller avec le peu de moyens que nous avions... Moi j'aurais voulu élever ce bébé dans un monde toujours debout... C'était idiot mais je nous aurais bien vu tous les trois dans un grand appartement en plein New York... Comment ça tous les trois ? Je me suis retenue de lever les yeux au ciel. Je recommençais à penser à nous en tant que couple et cela n'allait pas du tout. On aurait dit que même moi je peinais à accepter notre rupture. J'étais vraiment un cas désespéré et désespérant. Heureusement qu'il ne pouvait pas lire dans mes pensées, car il aurait très certainement bien rigolé. J'ai eu un petit soupir, bien je lui ai lancé un petit regard qui voulait clairement dire « arrête ça ».

Mais j'avais été idiote moi aussi, de lui dire que je me sentais bien avec lui. C'était lui tendre une perche qu'il ne manquerait pas d'attraper. C'était ma faute, entièrement ma faute. J'ai eu un petit sourire défaitiste. Et puis j'ai levé les yeux au ciel. Je me suis glissée jusqu'à lui et une fois que j'ai été assise à côté de lui, j'ai hésité. Et avec un franc soupir, je suis allée m'asseoir sur ses jambes et j'ai posé ma tête contre lui. Presque timidement j'ai passé un bras autour de lui. Il avait changé. Enfin, physiquement. Il avait repris beaucoup de poids et il semblait être beaucoup moins fragile.

« C'est bien pour la petite que je fais ça. »

Mais bien sûr... Bêtement, j'avais cédé. J'aurais très bien pu camper sur mes positions et refuser qu'il me prenne dans ses bras, mais je ne l'ai pas fait. Mais me trouver dans la même pièce que lui ne m'aidait pas à garder le contrôle de moi même. J'avais l'impression que quoi que je fasse, je finirais toujours par me retrouver dans ses bras. Jusque là cela avait toujours été le cas. J'ai secoué la tête tout doucement, avant de fermer les yeux.

« Au fond, c'est stupide... Nous n'avons jamais pensé à ce qui pourrait arriver, malgré tout ce temps passé ensemble. C'était prévisible. »

Vue la fougue avec laquelle nous nous aimions chaque nuit... Mais pendant ces six mois là, je n'étais pas tombée enceinte. Il n'avait fallu qu'une toute petite fois de rien du tout... Enfin, rien du tout, façon de parler. J'avais toujours été très heureuse entre ses bras. Peu importait qu'il m'aime avec passion où qu'il me câline tendrement. C'était pareil. J'ai eu un petit soupir. Et j'ai préféré penser à autre chose.

« Si c'est bien une fille... Comment est-ce que tu aimerais l'appeler ? »

Pendant quelques instants, ma mâchoire s’est crispée malgré moi. Katarina hésitait à venir dans mes bras. Malgré mes paroles rassurantes concernant mes intentions, elle hésitait encore. Si elle hésitait c’était parce qu’elle ne m’aimait plus et qu’être dans mes bras lui était insoutenable. Ca ne pouvait être que ça non ? Enfin c’était la seule explication que j’avais. D’habitude elle n’hésitait même pas une seule seconde quand je lui ouvrais mes bras. J’aurai aimé qu’elle y vienne sans hésitation cette fois là. Katarina refusait de croire qu’elle pouvait être une mère merveilleuse.

Si elle, elle n’y croyait pas, moi j’y croyais pour deux alors. Katarina n’aurait aucune difficulté à élever notre enfant. Elle avait l’instinct d’une mère avant même d’être enceinte. Et j’avais bien vu la façon avec laquelle elle caressait son ventre à peine enflé dés qu’elle se sentait mal. Elle le protégeait déjà plus que n’importe qui d’autre. Et je voyais ses yeux s’illuminer quand on en parlait. Non moi je n’avais pas de doutes, elle serait parfaite.

« Une mère parfaite ? J'aimerais bien... Mais c'est tellement difficile aujourd'hui. J'ai peur de ne pas lui offrir tout ce qu'il... elle mériterait. »

J’ai secoué la tête pour signifier mon désaccord. Bien entendu je ne pouvais qu’être d’accord quand elle m’expliquait que dans le monde où nous vivions il était difficile d’élever un enfant. Cependant, là où je n’étais pas d’accord quand elle disait que dans des circonstances comme celle là, elle ne se sentirait pas apte à lui offrir tout ce qu’il mériterait. Je me suis alors servi de ma propre expérience. J’avais perdu mes parents, et même si j’étais adulte, je n’en restais pas moins un enfant, leur enfant. Et ce qui m’avait manqué quand ils étaient partis, ce n’était pas un toit, de quoi me nourrir, ou de l’argent… Non, mes parents avaient tout prévus de ce côté-là. Ce qui m’avait manqué c’était eux. C’était parce que j’étais privé de leur amour et de leur affection que j’avais sombré dans la drogue. Un enfant n’avait besoin que de ça finalement. Je savais que nous pourrions le nourrir, l’habiller, le soigner. Katarina semblait vouloir parler de ce qu’il aurait eu dans un New York encore debout : les jouets en veux tu en voilà, les sorties, les activités…. Mais moi tout ce que je voyais, c’était l’amour qu’elle avait à offrir à notre enfant. Et l’amour que j’avais moi aussi à lui offrir.

-Un enfant n’a besoin que d’amour et d’affection Katarina. Et ça tu peux lui offrir bien plus que de raison. Alors rasure- toi tu feras une mère parfaite.

Elle hésitait encore à venir dans mes bras, je le voyais. Et ca me rendait malheureux dans un sens. Et au moment où je m’y attendais le moins, elle s’est glissée lentement vers moi et est venue s’asseoir sur mes genoux. J’ai soupiré d’aise quand elle a posé sa tête contre moi, et j’ai fermé les yeux avec un grand sourire quand elle a passé un bras autour de moi. Je tiendrais ma promesse, je ne la toucherais pas. J’étais tellement bien comme ça. Je voulais rester comme ça toute ma vie. J’ai ri doucement quand elle a capitulé.

« C'est bien pour la petite que je fais ça. »

J’ai acquiescé de la tête en souriant. Tout ce que nous ferions maintenant ce serait pour elle.

« Au fond, c'est stupide... Nous n'avons jamais pensé à ce qui pourrait arriver, malgré tout ce temps passé ensemble. C'était prévisible. »

Stupide ? Je ne trouvais pas ça stupide moi… Au contraire j’étais le plus heureux des hommes à l’idée d’être père. Bien sur, elle avait raison, jusque là nous nous étions aimés toutes les nuits et il avait suffi d’une nuit entre deux séparations pour qu’elle tombe enceinte. Mais je ne regrettais rien. Cet enfant était le fruit de notre amour. Oui c’était prévisible. Nous ne nous protégions pas, alors il fallait que cela arrive un jour ou l’autre. Peut être qu’une part de nous le voulait. En tout cas moi je réalisais que je ne m’étais pas protégé sans doute inconsciemment parce que je voulais de cet enfant. J’ai refermé mes bras sur elle, en essayant de ne pas la caresser. Non pas que je voulais profiter de la situation, mais simplement parce que le geste me semblait si naturel… Et pourtant je lui avais promis de me contenter de l’avoir dans mes bras. Alors il fallait que je sois sur mes gardes et que je ne me laisse pas trop aller. Je ne voulais pas de cris. Je voulais une parenthèse enchantée.

-Moi j’ai du y penser….et sincèrement Kat, je me fiche pas mal de me demander si on aurait pu prévoir et empêcher ça. Tout ce que je peux te dire, c’est qu’avec notre enfant, tu me fais le plus beau cadeau au monde, et rien ne me rend plus heureux que la perspective d’être père.

Nous allions être parents oui. Et Katarina y pensait sans doute autant que moi. Et visiblement pour elle, ca semblait plus concret pour le moment. Sans doute parce que c’était elle qui le portait et qu’elle le savait depuis plus longtemps que moi. Moi je ne le savais que depuis une semaine, et même si j’avais été ravi dés l’instant ou elle me l’a annoncé, j’avoue que je n’avais pas encore pensé à ca.

« Si c'est bien une fille... Comment est-ce que tu aimerais l'appeler ? »

J’avoue que je n’y avais pas tellement pensé à ça…. Je me suis mis alors à réfléchir à toute vitesse. Et j’ai fini par trouver ce que je voulais vraiment. J’ai ri légèrement, elle allait sans doute se moquer de moi.

-He bien…j’avoue ne pas y avoir pensé avant que tu m’en parles. Mais….

Elle allait vraiment se moquer de moi. J’ai marqué un temps d’arrêt avant de me décider à lui avouer.

-J’aimerais qu’elle ait le même prénom que toi, mais je sais que ca serait étrange. Alors j’aimerais qu’elle ait un prénom russe. Comme sa maman.
Je voulais vraiment que notre enfant sache qu’elle est issue d’un métissage en parlant les deux langues, et je voulais que rien qu’en entendant son prénom, les gens sachent automatiquement qu’elle était métisse. Pour moi il n’y avait rien de plus beau…. Bien sûr dans les circonstances actuelles, un métissage comme celui là était dangereux, mais je la protégerais. Et j’étais fier que notre enfant soit mi anglaise, mi russe.

Cela semblait sans doute un peu pied de nez aux racistes, et finalement c’en était un.

-Et je veux que tu ne lui parles qu’en russe. Je veux qu’elle en soit fière et qu’elle ne cache pas ses origines.

Il a refermé ses bras autour de moi et j'ai eu un petit frisson. Très franchement, je n'aurais pas songé une seule seconde à me retrouver dans ses bras cette nuit. Et c'était la dernière chose que j'aurais voulu. Mais maintenant que c'était fait, je ne pouvais me changer d'avis et le repousser d'un coup. Je ne voulais pas le blesser plus encore. De toute façon, demain les choses redeviendraient normales bien assez vite. Disons que pour quelques heures, nous pouvions bien nous comporter en adultes responsables et... amoureux ? Non, non, hors de question que je lui montre que je l'aimais encore. Quoique, il devait bien s'en douter, non ? J'avais cédé, j'étais bel et bien là dans ses bras, en train de l'enlacer. Si je m'étais vraiment forcée à faire cela, je ne serais pas aussi détendue. Mais là, il fallait bien avouer que je me sentais bien et en sécurité. Plus que les autres fois. Je ne sais pas si c'était parce que j'étais enceinte et plus fragile ou si c'était parce qu'il avait changé physiquement et qu'il était un peu plus imposant... Déjà que je me trouvais ridiculement petite par rapport à lui, j'allais maintenant me trouver ridiculement frêle et fragile. Bon, cela lui permettrait peut-être de se rendre compte que moi aussi j'avais besoin que l'on veille sur moi... Enfin, quelque chose me disait qu'il allait garder un œil sur moi en permanence, maintenant qu'il savait que j'étais enceinte.

J'ai eu un petit soupir. L'amour et l'affection c'était bien, mais... J'avais l'impression que ce bébé manquerait de plein de choses. À moins que je ne me fasse des idées ? J'imagine que toutes les futures mères étaient stressées par ce genre de choses. Puis j'ai pensé aux enfants de la communauté. Ils n'avaient pas vraiment l'air malheureux... J'imagine que tant qu'on s'occupait d'eux ils étaient heureux. C'était pareil avec Emma, qui était toujours d'humeur joyeuse. Et elle était née directement après la guerre, alors que les choses allaient encore plus mal qu'aujourd'hui. Finalement, Ethan avait peut-être raison. On fait beaucoup de choses avec de l'amour et de l'affection. Oui mais les parents d'Emma s'aimaient et ils ne passaient pas leur temps à se déchirer. Alors qu'Ethan et moi, oui. Ce n'était pas l'idéal pour un enfant. Certes, les choses se calmeraient certainement d'ici à la naissance du bébé, mais tout de même...

Je me suis détendue pleinement quand j'ai compris qu'il allait tenir sa promesse et qu'il ne tenterait rien pour me récupérer cette nuit. S'il ne voulait que me tenir dans ses bras, alors ça allait... Dans le cas contraire je n'hésiterais certainement pas à le repousser. J'avais été assez claire avec lui la dernière fois. Et je voulais vraiment qu'il accepte cela. Je savais que ce n'était pas facile pour lui. Mais je ne voulais plus souffrir à cause de notre histoire. Elle avait pourtant si bien commencé... Est-ce que nous aurions pu prévoir que cela allait arriver ? Je ne sais pas... Et de toute façon, maintenant nous ne pouvions plus revenir en arrière. Nous ne pouvions que nous préparer à être parents. Cela ne serait peut-être pas une si mauvaise chose. Enfin, je ne dis pas que c'était une mauvaise chose, mais j'aurais préféré que tout aille bien entre nous. Ce n'était hélas pas le cas et il fallait faire avec, que cela nous plaise ou non.

« C'est peut-être un beau cadeau, mais tu devrais attendre un petit moment avant de l'avoir entre les mains... Tu vas devoir apprendre à être patient. »

J'ai eu un petit rire. Il semblait terriblement impatient, mais malheureusement il allait devoir prendre son mal en patience. Il faudrait attendre encore sept mois. Cela semblait à la fois très long et très court. Je ne savais pas ce qui pourrait se passer pendant ces mois là. J'espérais que tout irait pour le mieux. Il le fallait. Je ne voulais pas être inquiète chaque jour pour la vie du bébé. J'ai secoué doucement la tête et j'ai préféré penser à autre chose pour le moment... Parlons prénoms, ce serait plus agréable. Il a eu un petit rire et j'ai souri. J'ai fini par rire doucement moi aussi. Le même prénom que moi ? En effet, cela serait étrange... Mais qu'il veuille à tout prix lui donner un prénom russe, je trouvais ça... Adorable, touchant ? J'ai eu un petit soupir et je n'ai pas pu m'empêcher de l'enlacer un peu plus étroitement. Quand bien même ce n'était pas facile d'être russe aujourd'hui, j'aimais bien l'idée. Je n'avais pas envie d'oublier mes racines et je n'avais pas envie qu'elles soient oubliées. J'ai eu un franc sourire.

« Mais si je ne lui parle qu'en russe, toi tu ne comprendras pas ce que je lui dis... Cela ne risque pas de te poser problème ? »

Je me suis redressée pour pouvoir le regarder. Je ne craignais plus qu'il me regarde froidement, et j'espérais qu'il ne le craignait pas non plus.

« Alors, voyons voir ce qu'il y a comme jolis prénoms. Il y a Natacha, Sonja, Olga, Helena, Katrina, Marishka, Lena, Valentina... »

Je me retenais vraiment de ne pas sourire comme un idiot mais j’avais énormément de mal. Il y a quelques heures, je me morfondais parce que Katarina m’ignorait. Nous allions être parents et nous agissions comme de parfaits étrangers. Et encore des étrangers se seraient parlés, nous nous évitions. Et pourtant là elle était dans mes bras. Et nous parlions de l’avenir, nous parlions de notre enfant comme un couple normal. J’étais peut être maso mais je n’aurais échangé ce moment pour rien au monde. J’espérais juste que ce moment soit un début de réconciliation. J’espérais vraiment que si je ne tentais rien ce soir, elle se rendrait compte avec le temps qu’elle pouvait avoir confiance en moi. Je lui avais promis de ne pas en profiter, et pour le moment je tenais parole. J’usais de toutes mes forces mais j’y arrivais. Il le fallait. Pour nous et pour notre enfant.

Je voulais que notre enfant ait la chance d’avoir des parents amoureux et unis. Je n’imaginais pas élever cet enfant autrement. Cela m’était tout a fait inconcevable. J’avais sept mois pour arranger les choses et je me promettais d’y arriver. Je ne remercierais jamais assez Lilly pour son idée. Pourtant elle en voulait à Katarina de m’avoir quitté ainsi, mais elle avait sans doute compris avant nous que la meilleure solution était de nous réunir tous les deux dans une pièce.

Pourtant j’avais peur que Katarina ne m’aime plus. Bien sur elle était dans mes bras, et elle m’avait enlacé, mais elle le faisait sans doute pour se mettre dans une position plus agréable, et elle le faisait pour notre enfant. Pourtant c’était moi qui avais avancé cette raison non ? Je devais arrêter de me torturer le cerveau et de juste profiter de l’instant présent. Elle était dans mes bras c’est out ce qui comptait non ?

« C'est peut-être un beau cadeau, mais tu devrais attendre un petit moment avant de l'avoir entre les mains... Tu vas devoir apprendre à être patient. »

Elle a eu un petit rire cristallin et j’ai souri. Elle savait pourtant que la patience n’était pas mon fort. Je n’avais pas cette qualité là, contrairement à elle. Mais je n’avais pas le choix là. Que je le veuille ou non, il me faudrait attendre avant de prendre notre enfant dans les bras.

-Tu sais bien que la patience et moi on est pas bons amis.

Et pourtant j’allais devoir faire preuve de patience. Pour notre enfant. Et pour qu’elle me revienne. Je ferais tout pour qu’elle me revienne. Mais je savais maintenant que ce ne serait pas en trépignant et en la suppliant. Mais en étant moi-même. Ce soir elle semblait se détendre dans mes bras. C’était peut être ça…. Pourtant c’était difficile. Elle n’avait même pas idée a quel point. Mais pour notre enfant et son bien être j’étais prêt à tout un tas de sacrifices.

Justement il était question de ce petit bout de chou encore si petit dans le ventre de Katarina. Un être qui ne demandait qu’à grandir au milieu de l’amour de ses parents. Et quand elle serait née, je voulais qu’elle représente cet amour. C’est pourquoi je voulais qu’elle parle russe. Elle aurait cette chance alors pourquoi l’en priver. Et j’adorais les sonorités de cette langue. Je n’en aurais jamais honte, c’était pour moi un honneur. Katarina semblait tout de même apprécier mon geste. Pensait elle vraiment que je voulais priver notre enfant de ses racines ? Me connaissait elle si mal ?

« Mais si je ne lui parle qu'en russe, toi tu ne comprendras pas ce que je lui dis... Cela ne risque pas de te poser problème ? »

Ha c’était donc ça. Elle pensait à moi…Qu’est ce que j’en pensais ? Sérieusement… Je me suis mis à m’imaginer la situation. Notre enfant parlant russe avec Katarina, et moi à côté. Et soudainement j’ai eu le déclic.

-Et pourquoi ca me poserait problème ? Et puis je peux toujours l’apprendre moi aussi non ?

Je lui proposais dans un sens de passer du temps avec moi à m’apprendre sa langue. Cela aurait pu passer pour une tentative rusée pour passer du temps avec elle et la reconquérir. Même si c’était un peu ça, j’avoue que je pensais surtout à notre enfant. Et puis, même si Katarina refusait de m’apprendre le russe, je voulais vraiment qu’elle communique avec notre enfant par cette langue là. Pour moi c’était important. Et je savais que cela ravirait Katarina.

Ne nous restait plus qu’à lui trouver un prénom a cet enfant. Pour rendre les choses plus concrètes. Et puis il fallait quand même commencer à y penser. Katarina s’est redressée d’un seul coup en souriant. Et je le lui ai rendu. C’est comme si nous n’étions plus en guerre. Nous étions juste deux futurs parents qui avaient une discussions a propos de l’enfant a naitre.

« Alors, voyons voir ce qu'il y a comme jolis prénoms. Il y a Natacha, Sonja, Olga, Helena, Katrina, Marishka, Lena, Valentina... »

Je l’écoutais attentivement me faire une liste de prénoms quand soudain elle a prononcé LE prénom. J’ai fait un bond, elle a du être surprise. J’ai secoué la tête en lui posant un doigt sur la bouche et j’ai souri comme un idiot sans doute. Mais elle venait de me proposer un prénom sur lequel je venais d’avoir un véritable coup de foudre.

-Lena ! Lena !!!! Ce sera Lena !!

Ce prénom était la douceur même. Pourtant il pouvait très bien ne pas lui plaire. J’avais peur tout à coup de décider seul. Et je m’en suis voulu alors je me suis mordu la lèvre inférieure avant d’avouer timidement à Katarina les choses.

-Je ne veux pas te l’imposer hein. Après tout les décisions doivent se prendre à deux. Je ne veux rien t’imposer Kat. Si tu ne veux pas qu’elle parle russe, si tu ne veux pas qu’elle porte un prénom russe, si ce prénom ne te plait pas à toi, si…

J'ai affiché un petit air surpris. Il voulait apprendre le russe ? Je n'ai pas pu m'empêcher de rire.

« Tu voudrais que je t'apprenne le russe ? Tu es prêt à apprendre avec acharnement ? Parce que cela risque de ne pas être facile... Mais j'imagine que cela doit être faisable, même si je pense être un très mauvais professeur... »

Apprendre c'était facile, enseigner ça l'était moins. Mais je trouverais bien un moyen de lui apprendre l'essentiel... Néanmoins, je soupçonnais aussi Ethan de demander à apprendre le russe pour pouvoir passer un peu de temps avec moi. Il n'y avait pas un seul autre russe ici, personne à qui l'envoyer. Il avait bien calculé son coup. Mais je crois que cela ne me dérangeait pas cette fois. Vraiment, l'idée de parler russe au bébé me plaisait. Je ne voulais pas devenir une espèce en voie d'extinction, comme on dit. J'avais envie que ma culture ne se perde pas, peu importe si cela ne plaisait pas à certains. Être russe ne devait pas être une honte. La plupart des gens avaient tendance à oublier que le peuple russe aussi avait souffert de cette guerre. J'imagine qu'il devait aussi y avoir des poches de survivants un peu partout dans le pays. Enfin je l'espérais. Je ne le saurais probablement jamais. Et cela me désolait. Il y aurait toujours une petite part de moi qui ne se sentirait pas à sa place ici. Une petite part de moi qui voudrait retrouver son pays... Il y avait tout un tas de choses qui me manquaient et que je ne reverrais jamais... J'ai eu un petit soupir.

Je me suis mise à énumérer les prénoms qui me passaient par la tête. Il y avaient des centaines des prénoms, mais il y en avaient certains que j'aimais plus que d'autres. Je me demandais s'il lui plaisaient... Après tout, les prénoms russes n'avaient rien à voir avec les prénoms anglophones. Il aurait très bien pu ne pas aimer... J'étais en train de penser à tout ça quand il a fait un bond, me faisant sursauter. Si j'étais bien enceinte d'une fille, la petite venait de faire un bond elle aussi. Je lui ai lancé un regard surpris il m'a souri comme... un imbécile heureux ? Je n'ai pas pu m'empêcher de sourire moi aussi. Lena ? Il voulait l'appeler Lena ? Il avait l'air d'en avoir drôlement envie en tout cas. J'ai eu un petit rire quand il a commencé à s'excuser. J'ai secoué la tête doucement.

« Bien sûr que si je veux lui parler russe. Je le fais déjà d'ailleurs... Et puis Lena c'est très joli. Je suis certaine que cela lui ira très bien. »

Intérieurement, j'ai souri. Nous ferions tous les deux une drôle de tête si c'était un garçon. Mais j'avais un bon pressentiment. Et puis que cela soit un garçon ou une fille, nous l'aimerions autant, non ? En fin de compte, moi aussi j'avais hâte qu'elle soit là. Je voulais la voir, pouvoir deviner ce qu'elle avait pris de moi, ce qu'elle avait pris de son père... Mais je voulais d'abord la sentir bouger, sentir ses coups de pieds, ses coups de poings... On m'a toujours dit que c'était génial de sentir son bébé bouger. J'avais hâte d'en faire l'expérience. Ah et j'espérais ne pas prendre trop de poids quand même. C'était stupide, mais je n'avais pas envie de me regarder dans une glace en grimaçant. Bon d'accord, c'est naturel et deux ou trois petits kilos ne me tuerait pas. Mais bêtement, je craignais qu'Ethan ne me regarde plus de la même façon. Alors que je l'avais quitté et que je ne voulais plus qu'il me touche... Ah oui, vraiment ? Mais qu'est-ce que je faisais dans ses bras alors ? Et pourquoi est-ce que je m'y sentais bien ? Je me suis retenue de lever les yeux au ciel. J'étais un véritable paradoxe à moi toute seule. Il faudrait que je remette de l'ordre dans mes idées.

« Je te jure que dès que je croise Lilly, je me venge et l'enferme avec Riley toute une journée. »

Avec un peu de chance, elle le mettrait en pièces. J'ai eu un petit rire, légèrement moqueur. J'ai eu un petit soupir.

« Mais finalement, son idée n'était peut-être pas si mauvaise... Je t'avoue que je n'étais pas de très bonne humeur jusqu'à maintenant. »

Je me suis empourprée. Je me suis empressée de baisser les yeux et je me suis traitée d'idiote en russe. Une jolie déclaration de plus et c'en était fini de moi. Imbécile, imbécile, imbécile !

Elle a paru réellement surprise quand j’ai suggéré qu’elle m’apprenne le russe. Pourtant je ne voyais pas ce qui pouvait la gêner. Elle savait que j’aimais sa langue, et que j’en étais fier. Et maintenant que nous allions être parents, je trouvais normal de m’intéresser un peu plus aux origines de la femme que j’aimais. Oui parce que, nous avions beau être séparés, j’étais toujours fou d’elle.

« Tu voudrais que je t'apprenne le russe ? Tu es prêt à apprendre avec acharnement ? Parce que cela risque de ne pas être facile... Mais j'imagine que cela doit être faisable, même si je pense être un très mauvais professeur... »

J’ai acquiescé d’un signe de la tête. Oui je voulais qu’elle m’apprenne le russe. Je voulais passer du temps avec elle. En toute sérénité. Je voulais qu’elle comprenne à quel point je l’aimais. Elle ne disait pas oui, mais elle ne disait pas non non plus. J’espérais vraiment qu’elle accepter de m’enseigner les rudiments de sa langue. Que je comprenne quand même ce qu’elle disait à notre enfant.

Le petit rire cristallin de Katarina a résonné à nouveau, pendant que je m’évertuais à m’excuser d’avoir sursauté, et d’imposer mes choix. Mais il fallait que je m’excuse. Je voulais que l’on prenne ces décisions a deux. Et pour le moment j’avais vraiment l’impression de m’imposer. Et j’avais l’impression de paraitre égoïste. Ce que je n’étais pas au fond. Rien ne m’importait plus que son bonheur a elle, ses désirs a elle. La seule chose que je n’acceptais pas d’elle c’est qu’elle m’ait quitté. J’avais du mal à vivre sans elle. Bien sur Lilly était très présente pour moi. Mais elle n’était pas Katarina….Personne n’était Katarina, et c’était elle que je voulais. Elle et notre enfant.

« Bien sûr que si je veux lui parler russe. Je le fais déjà d'ailleurs... Et puis Lena c'est très joli. Je suis certaine que cela lui ira très bien. »

Au moins elle voulait aussi l’appeler Lena. Et elle voulait lui parler russe. Elle lui parlait déjà russe ? J’ai souri. Elle aussi avait commencé à parler au bébé. Ca me rassurait, je n’étais pas le seul à être totalement dingue de ce petit être. Elle avait raison, j’étais sur que ca irait très bien a notre fille. De toute façon ca ne pouvait être qu’une fille. J’ai calé ma tête contre celle de Katarina par habitude. Et quand j’ai réalisé je me suis mordu la lèvre inferieure. J’avais vraiment peur qu’elle me repousse. J’attendais qu’elle fasse un mouvement de recul, mais visiblement elle n’en ferait pas. J’avoue que je ne savais plus quoi penser. Elle était changeante. Certaines fois elle m’ignorait, me repoussait, et d’autres comme là elle était celle que je connaissais, celle que j’aimais.

« Je te jure que dès que je croise Lilly, je me venge et l'enferme avec Riley toute une journée. »

Je n’ai pas pu m’empêcher d’avoir un pincement au cœur et de faire la moue. Elle en voulait à Lilly parce qu’elle nous avait enfermés tous les deux. C’était sans doute difficile pour elle de se retrouver seule avec moi alors qu’elle ne m’aimait plus. Pourtant elle était dans mes bras non ? J’avoue que j’y perdais mon latin. J’avais l’impression qu’elle soufflait le chaud et le froid. Pour le moment je résistais à l’envie de l’embrasser, me focalisant sur le bébé. Mais la conversation venait de dévier vers nous. Irrémédiablement. Et je n’étais pas préparé à recevoir tout un tas de reproches ou à entamer une discussion. J’avais surtout très peur de me mettre encore à pleurer. Je ne la supplierais comme une semaine auparavant. Je savais que cela ne servirait à rien. J’ai failli m’étrangler quand elle a eu un petit rire moqueur. Je sentais le vent tourner. Le moment était trop beau, ca ne pouvait durer….

« Mais finalement, son idée n'était peut-être pas si mauvaise... Je t'avoue que je n'étais pas de très bonne humeur jusqu'à maintenant. »

J’ai eu pendant un instant l’impression d’avoir mal entendu. Mais quand Katarina a rougi et a baissé la tête, j’ai compris que j’avais parfaitement entendu. Elle était de bonne humeur alors qu’elle était dans mes bras. Et voilà que ça recommençait, je ne la comprenais plus. Je connaissais Katarina et si je ne me trompais pas elle m’avouait être malheureuse loin de moi. Je ne savais pas quoi faire pour être honnête. J’avais peur de dire quelque chose qui puisse rompre ce moment de complicité. Mais de l’autre coté si j’ignorais son message, elle penserait sans doute que je ne l’aimais plus. Et je ne voulais pas qu’elle puisse penser que je puisse cesser de l’aimer. J’étais vraiment tiraillé entre deux attitudes. J’ai inspiré longuement et je me suis jeté à l’eau. Malgré la promesse que je lui avais faite.

-Pourquoi tu n’étais pas de bonne humeur ? Ca ne va pas ?

Franchement j’avais du mal à croire qu’elle allait mal. Elle m’avait quitté. Donc elle devait aller mieux. Et elle attendait un enfant. Même si ce n’était pas dans ses projets, je me doutais qu’elle était ravie. Alors sincèrement je ne comprenais pas.

On ne se comprenait plus visiblement. Avant j’avais l’impression qu’il me suffisait de lire dans ses yeux pour tout savoir mais là je n’y arrivais plus. C’était comme si un mur s’était érigé entre nous et malgré nous. Nous n’arrivions pas à communiquer.

-Finalement, je ne sais même pas ce que tu fais dans mes bras. Je ne sais plus….

J’avais dit ca sur un ton las. J’avais subitement envie de pleurer. J’étais épuisé. Epuisé d’user de toutes mes forces pour feindre que je ne ressentais rien de plus pour elle. Je devais vraiment être maso pour lui avoir demandé de venir dans mes bras. Même si mes raisons étaient nobles et tout ce que vous voulez, je me faisais du mal inutilement. Comment croire une seule seconde ne pas avoir envie de l’embrasser et de la caresser. A dire vrai j’en crevais d’envie.

Je crois que j'avais dit le mot de trop, la phrase de trop. J'imagine que c'était inévitable. Nous ne pouvions pas parler du bébé pendant des heures et des heures... A un moment, cela finirait forcément par dériver... Nous allions redevenir des adultes responsables et... séparés. Le retour sur terre risquait d'être brutal. Je commençais à en avoir assez de redescendre sur terre aussi brutalement. À chaque fois j'avais l'intention de tomber sur les fesses. Et évidemment, pas de coussin pour amortir le choc. Je n'étais pas si solide que cela, je n'avais pas envie d'être complètement brisée. J'ai eu un petit soupir. J'aurais vraiment dû tenir ma langue et réfléchir à ce que j'allais dire avant de parler. Autant avec n'importe qui d'autre je pouvais me taire et me retenir, autant avec lui, j'en étais complètement incapable. Il fallait que je lui dise ce que j'avais sur le cœur, il fallait que je lui dise ce que je ressentais. J'avais besoin qu'il me comprenne... Et c'était stupide parce que cela ne creusait aucun fossé entre nous. Au contraire, cela nous rapprochait... Je n'avais même pas pensé à le repousser quand il avait posé sa tête contre la mienne. C'était certainement à cause de l'habitude... Cela m'avait paru tellement naturel. Je devais absolument apprendre à me passer de tout cela, quand bien même cela serait terriblement dur.

Ethan m'a demandé pourquoi je n'étais pas de bonne humeur et je me suis raidie imperceptiblement. Je me suis mordue la lèvre et j'ai soupiré très franchement.

« Tu sais très bien pourquoi ça n'allait pas et tu sais très bien pourquoi je n'étais pas de bonne humeur. »

J'avais été sèche. Un peu trop sèche. Je m'étais pourtant juré de ne pas m'emporter. Je me suis détendue et j'ai posé ma main sur son épaule.

« Excuse moi. »

La dernière chose dont j'avais envie, c'était de m'énerver. Ce n'était vraiment pas le moment. Et puis il avait l'air tellement heureux que c'eût été criminel de lui faire du mal maintenant. Pourtant quelque chose me disait que nous n'allions pas tarder à nous faire du mal. Si j'avais été moins stupide, j'aurais trouvé un autre sujet de conversation. Un sujet stupide aurait fait l'affaire. La couleur rose pour une fille aurait fait l'affaire. Dommage pour moi, personne n'avait encore inventé la machine à remonter le temps. J'ai relevé la tête et je l'ai regardé avec de grands yeux étonnés quand il a dit qu'il ne savait pas ce que je faisais dans ses bras. Je suis restée pétrifiée une seconde et je me suis littéralement échappé de ses bras. Ça devait certainement ressembler à une fuite... Je me suis assise à côté de lui en silence. Voilà, je n'étais plus dans ses bras, il n'avait plus à se poser de questions. J'ai inspiré à fond et j'ai fixé le mur d'en face pendant plusieurs secondes. Je priais pour que Lilly revienne et ouvre cette maudite porte. J'étais paniquée à l'idée de devoir me confronter de nouveau à ce mur d'incompréhension qu'il y avait entre nous. Quand j'ai relevé les yeux vers lui, j'ai remarqué qu'il était à deux doigts de se pleurer. Sans réfléchir, j'ai pris ses mains entre les miennes.

« Je t'en prie, ne pleure pas. »

S'il pleurait, j'allais aussi pleurer et inévitablement... Je n'ai pas pu m'empêcher de remarquer que ses mains étaient glacées. Sans vraiment y réfléchir, je me suis mise à caresser ses mains, comme pour les réchauffer. En réalité, tout ce que je voulais c'était le rassurer. Alors que ce n'était pas la bonne chose à faire si je voulais qu'il se prenne enfin en main. J'ai fini par soupirer. J'ai lâché ses mains et je me suis laissée aller contre le canapé.

« Je n'ai pas envie de me disputer avec toi, Ethan. Pas maintenant. Je suis épuisée, tout ce que je veux c'est un petit moment de calme. Et je sais bien que tu veux la même chose, Ethan... »

Katarina semblait croire que je savais qu’elle allait mal et pourquoi elle avait mal. Mais pour être honnête je n’en savais vraiment rien. J’étais complètement perdu. Depuis une semaine, quand j’arrivais à capter quelques secondes son regard, tout ce que je voyais c’était du mépris. Là encore elle redevenait la Katarina que je connaissais depuis une semaine. Sèche. Dure. Cassante. Ca faisait tellement mal…. Cinq minutes avant, je tenais la Katarina que j’aimais dans mes bras et là c’est comme si j’avais son double maléfique dans les bras. J’en perdais mon latin. J’aurai tant aimé que les choses soient faciles, limpides. J’en avais assez de souffrir. Mon cœur ne supportait plus les chocs.

Et pour bien enfoncer mon clou, MA Katarina est revenue. Sa voix s’est faite plus douce, et elle a posé tendrement une main sur son épaule et s’est excusée. J’ai failli poser la mienne sur la sienne comme pour la retenir. Je voulais retenir la femme que j’aimais. Je ne voulais plus revoir celle qui me faisait du mal et me méprisait. Je me sentais si mal finalement. J’allais être père oui….j’en était totalement fou de joie. Mais je n’arrivais plus à savoir qui j’étais vraiment. Et la chose plus difficile de tout. C’est que j’avais l’impression de n’avoir rien fait de bien dans ma vie. J’étais un junkie….même si je ne me droguais plus, je resterais a jamais un junkie. J’avais un trésor dans les mains avec Katarina et je l’avais sali…Non je n’avais rien fait de bien dans ma vie. A part notre enfant… J’ai fermé les yeux et j’ai essayé de refouler les larmes qui n’attendaient que de se frayer un passage au coin de mes yeux. J’essayais d’inspirer et d’expirer longuement pour faire passer cette crise. Mais je n’y arrivais pas. J’avais l’impression de suffoquer, de me noyer. Je sanglotais presque quand Katarina a pris mes mains dans les siennes.

« Je t'en prie, ne pleure pas. »

J’essayais de me retenir pourtant, j’essayais tellement fort. Mais j’avais bien du mal. J’étais perdu…Davantage quand elle soufflait le chaud et le froid comme ca. Pourtant le contact de sa peau contre la mienne quand elle a réchauffé mes mains sans doute glacées, m’a fait un bien fou. Oh Katarina…

Et à nouveau c’est comme si elle s’échappait. Je ne comprenais plus rien. J’allais craquer, j’étais sur le point de le faire. J’ai rouvert les yeux et j’ai tenté de fixer un point en face de moi. Peut être que si je me concentrais sur autre chose ca irait mieux. Elle a lâché mes mains, et je l’ai vu pose sa tête contre le canapé en soupirant du coin de l’œil.

Je ne savais toujours pas ce qui la rendait malheureuse elle. Et ca me torturait. Je ne voulais pas la savoir malheureuse. Je pouvais supporter mon malheur à moi tant bien que mal, mais le sien. Je pensais que c’était ce qu’elle voulait : être loin de moi.

« Je n'ai pas envie de me disputer avec toi, Ethan. Pas maintenant. Je suis épuisée, tout ce que je veux c'est un petit moment de calme. Et je sais bien que tu veux la même chose, Ethan... »

Elle n’avait pas tort, j’avais besoin de calme. J’avais besoin de me sentir apaisé. Tout à l’heure quand elle était dans mes bras, et que nous parlions à notre enfant je me sentais si bien. Pourquoi quand j’étais loin d’elles, je ressentais un vide et une douleur vivace ? J’ai pris ma tête dans mes mains et j’ai fait ce que j’avais vu Katarina faire quand elle se sentait mal, j’ai replié mes jambes contre ma poitrine et j’ai placé ma tête entre mes genoux et je me suis bercé.

Je n’étais rien d’autre qu’un pauvre junkie complètement perdu…

-Je ne sais plus ce que je veux à vrai dire….A part notre enfant….A part toi…. Mais je ne mérite peut être pas tout ça…

J’ai senti mes yeux me piquer davantage. Il fallait que je m’occupe sinon j’allais fondre en larmes. Et je n’en avais pas envie. Pas ce soir, pas comme ça. J’avais besoin d’extérioriser les choses. Katarina allait mal… le bébé en souffrait sans doute. Et j’allais mal aussi. Nous allions tous mal… Il fallait pourtant qu’on arrête de se déchirer comme ça.

Le problème c’est que je ne savais pas comment faire. Je n’avais pas le mode d’emploi. J’ai alors fait ce que je faisais quand j’étais plus jeune. J’ai pris ma guitare et je suis allé m’asseoir sur la table basse du salon en face de Katarina, et j’ai commencé à gratter tranquillement ma guitare. L’air m’était revenu automatiquement, j’avais toujours aimé cette chanson et là je la trouvais parfaite. Elle ne la connaissait sans doute pas. Mais c’était vraiment ce que je ressentais. Et là, je n’avais plus la force de faire passer ce que j’avais sur le cœur autrement qu’en chanson.

Oh, why you look so sad?
Tears are in your eyes
Come on and come to me now
Don't be ashamed to cry
Let me see you through
'Cause I've seen the dark side too
When the night falls on you
You don't know what to do
Nothing you confess
Could make me you love you less

I'll stand by you
I'll stand by you
Won't let nobody hurt you
I'll stand by you

So if you're mad, get mad
Don't hold it all inside
Come on and talk to me now
Hey, what you got to hide
I get angry too
Well I'm a lot like you
When you're standing at the crossroads
And don't know which patch to choose
Let me come along
'Cause even if you're wrong

J’ai relevé les yeux vers elle alors que j’allais entamer le refrain. Elle me regardait avec ses grands yeux. Et j’ai lâché ma guitare quand j’ai vu ses yeux s’embuer. Je ne voulais pas qu’elle pleurer. Je ne supportais pas quand elle pleurait. Je me suis alors précipité à ses pieds et j’ai relevé son menton d’un doigt ou deux.

-Je ne veux pas que tu pleures Kat….Ne pleure pas s’il te plait. Mon ange….

J’avais osé la toucher et lui faire comprendre à quel point je l’aimais. Décidément c’était un cercle vicieux…

Je ne voulais plus être en guerre avec lui. En tout cas, pas ce soir... Parfois j'étais à deux doigts de rendre les armes et de signer l'armistice. Tout ça... C'était plus que je ne pouvais en supporter. Là, je n'aspirais qu'à un moment de paix, un moment de calme. Nous étions enfermés tous les deux et je ne supporterais pas de me disputer avec lui. Je n'avais pas envie de soutenir son regard, ni de de voir le mal que je lui avais fait. Plus encore, je ne voulais pas voir les larmes rouler sur ses joues. Je savais pertinemment que je ne pourrais pas m'empêcher de les essuyer. C'était toujours plus fort que moi. Finalement, tout était peut-être de ma faute... Je m'étais tellement habitué à m'occuper de lui. Dès le début je n'avais pas pu m'en empêcher. Et si, s'en m'en rendre compte, je l'avais entravé, enchainé ? Je n'y avais jamais pensé... Envisager cette possibilité me faisait trembler. Je n'avais pas pu être si aveugle, tout de même. Et puis, comment aurais-je pu faire autrement ? Je n'aurais pas pu juste m'occuper de lui tant qu'il était malade et ensuite lui dire de se débrouiller seul... Je n'y avais même pas pensé. C'était clair dans mon esprit. Il était fragile, alors je devais l'aider, le soutenir... Mais est-ce que je n'aurais pas dû mettre des limites à cela ? La question resterait sans réponse...

Je me suis mordue la lèvre quand il a ramené ses jambes contre sa poitrine. J'ai senti mon coeur et ma poitrine se serrer. Il avait l'air d'aller tellement mal... J'ai tendu une main vers lui, pour caresser ses cheveux, mais j'ai laissé ma main retomber le long de mon corps. Le toucher n'arrangerait rien, au contraire. J'en mourais d'envie pourtant, mais il fallait que je me contienne. Si je ne le faisais pas, les choses allaient empirer. Finalement, nous évitions la colère pour lui préférer la tristesse. Je ne savais pas ce qui était le pire... Il était à bout, je le sentais bien. Je me suis forcée à respirer à fond et à fermer les yeux. Je refusais de faire face à sa peine plus longtemps. Je devais faire comme si elle n'était pas là, je devais apprendre à l'ignorer. À l'ignorer... Je n'ai pas pu. J'ai ouvert les yeux et j'ai tourné la tête vers lui. Je ne savais pas quoi lui dire.

« Ne dis pas ça... Tu ne mérites pas d'être seul non plus... »

Et pourtant, moi je le laissais seul. Désespérément seul. C'était cruel... J'avais l'impression de lui rendre la monnaie de sa pièce, mais le vouloir vraiment. Je ne voulais pas le faire souffrir comme ça. Mais je ne pouvais pas non plus lui donner une autre chance, je ne pouvais pas lui dire de se reposer sur moi. Il fallait que je me repose. J'en avais besoin. Je n'avais pas pu me détendre quand il n'était pas là. J'avais trop peur pour lui. Maintenant que je savais qu'il allait bien... Enfin, bien, c'était très exagéré. Il n'allait pas bien du tout et j'en avais conscience. Mais cette fois j'avais bien peur de ne rien pouvoir faire pour lui. J'étais déterminée à le laisser se débrouiller. J'étais persuadée que c'était pour son bien. Il devait apprendre à se prendre en main... Maintenant que je n'étais plus là pour le pousser, il ne savait pas quoi faire... Instinctivement il s'était raccroché à Lilly. Mais elle était jeune, et je doutais qu'elle sache vraiment quoi faire pour lui, même si au fond je savais qu'elle devait faire tout ce qu'elle pouvait pour l'aider. Mais je connaissais trop bien Ethan...

Je l'ai regardé aller s'asseoir sur la table du salon et j'ai regardé la place vide à côté de moi, un peu bêtement. Avec un petit soupir, j'ai croisé mes jambes sous moi. J'ai attrapé un coussin et je l'ai serré contre ma poitrine, comme une petite fille qui a un gros chagrin... J'ai relevé les yeux vers lui quand il a recommencé à jouer. Et au fur et à mesure que je l'écoutais chanter, j'ai senti mes nerfs lâcher, un par un. Je ne pouvais pas cesser de le regarder, mais je sentais que je n'allais pas tarder à craquer. J'ai commencé à trembler et je sentais mes yeux se remplir de larmes. Sans que je puisse faire quoi que ce soit pour empêcher ça. Quand il a relevé les yeux, je l'ai regardé avec un air ahuri et j'ai cligné des yeux plusieurs fois, comme pour chasser les larmes. Totalement inefficace. Je n'ai pas tardé à sentir les larmes couler sur mes joues. J'ai baissé les yeux. Il a relevé mon visage et je n'ai pas pu m'empêcher de frissonner. J'ai eu un petit soupir de circonstance et j'ai étouffé un sanglot.

« Je suis désolée... Je n'arrive plus à m'empêcher de pleurer. Et puis... Ne crois pas que je veuille te faire du mal sciemment... Je ne suis pas comme ça... Mais je ne peux plus te porter, Ethan, je n'y arrive plus... »

J'ai chassé mes larmes d'une main tremblante. Puis j'ai glissé mes mains dans ses cheveux pour les caresser, un peu frénétiquement tout de même. J'ai fini par prendre son visage entre mes mains. Je tremblais comme une feuille, c'était clair et net.

« Je n'y arrive plus... Je suis désolée, pardon... »

Les choses allaient si mal ? J’avais l’impression que nous ne savions que nous faire du mal et pleurer. A chaque fois c’était le même scenario….Elle avait raison quand elle disait qu’il fallait que ca s’arrête. C’était vraiment trop difficile à supporter. Il fallait qu’on arrive a briser ce mur. J’ai frémi quand elle a étouffé un sanglot. Je ne pensais pas qu’elle réagirait comme ca à ma chanson. Bien sur je me doutais qu’elle n’y serait pas indifférente, mais je n’avais pas voulu la faire pleurer. Je voulais juste qu’elle sache que j’étais là. Quoiqu’il se passe j’étais là. Et je resterais là.

« Je suis désolée... Je n'arrive plus à m'empêcher de pleurer. Et puis... Ne crois pas que je veuille te faire du mal sciemment... Je ne suis pas comme ça... Mais je ne peux plus te porter, Ethan, je n'y arrive plus... »

Et c’était elle qui s’excusait…J’ai levé les yeux au ciel en me mordant la lèvre. Elle était épuisée, a bout de forces. Sa voix était tellement lasse, tellement usée. Elle attendait un enfant, elle aurait du déborder de joie, mais elle était triste. Je venais juste de réaliser a quel point elle était triste. Et le plus dur c’est qu’elle m’avouait pourquoi elle était aussi triste. A cause de moi….C’était moi l’avait usé. Personne d’autre que moi.

Restait seulement à savoir comment nous en étions arrivés là… Mais très franchement, je n’avais pas la force ce soir de creuser….Je savais que si nous commencions à parler réellement de nos problèmes, nous allions y passer des heures. Et le final serait le même sans doute. Et pour le moment je ne voulais pas parler plus que ça, je ne voulais pas qu’elle puisse me blesser. Je savais qu’elle ne le faisait pas par cruauté, mais quand même…
J’ai laissé mes mains se poser sur ses épaules tandis qu’elle séchait ses larmes. Je voyais sa main trembler, et j’avais mal pour elle. J’ai soupiré d’aise quand ses mains sont venues caresser mes cheveux. C’était comme si c’était la première fois qu’elle me caressait ainsi. Je ressentais des frisons dans la nuque. Et j’ai ferme les yeux. Quand je les ai rouverts, ses mains avaient glissées et elle tenait mon visage. Nous nous sommes regardés mélancoliquement.

« Je n'y arrive plus... Je suis désolée, pardon... »

Et j’ai refermé les yeux. J’avais un mal fou à supporter de la regarder. Il y avait un mur entre nous. Un mur virtuel, mais pourtant si réel. J’ai inspiré longuement comme pour trouver la force de dire quelque chose.

-Je ne sais plus même à quoi je dois croire Kat…

C’est tout ce que j’ai réussi à lui dire avant de me dérober à elle quelques instants pour me relever.

-Pardonne-moi de t’avoir trop demandé….

Depuis le départ, je m’étais reposé sur elle. Elle avait passé des jours et des nuis entières avec moi, à me soutenir, à m’écouter, à me parler, à être la tout simplement. Et puis ensuite quand nous nous étions jetés à l’eau, elle avait continué à me protéger et je m’étais laissé aller contre elle. Comme une mère prend soin de son enfant. Pourtant je n’étais pas son fils et elle n’était pas ma mère. On avait sans doute fini par faire la même chose. Ca paraissait ridicule dis comme ca surement. Et puis je l’avais quitté une première fois, une seconde fois, et inversement…Et là encore je lui en avais trop demandé. Je lui avais demandé de me comprendre, de ne pas poser de questions, d’accepter mes décisions. Elle en avait sans doute perdu ce qui faisait d’elle celle que j’aimais. Elle n’avait rien demandé en échange, je m’en rendais compte maintenant.

J’étais vraiment un crétin au fond. D’avoir pu penser que ca puisse tenir comme ca, d’avoir pu penser qu’elle m’accueillerait a bras ouverts a mon retour. Il fallait juste que je commence à admettre la triste réalité. Elle m’avait quitté. Notre histoire s’arrêtait là…. Pourtant je n’y arrivais pas… C’était au dessus de mes forces. Une partie de moi luttait et ne cesserait sans doute pas de lutter.

-J’ai juste du mal à accepter que notre histoire soit finie….

Et comme elle tout à l’heure je me suis mis à pleurer avant de m'approcher d'elle à nouveau et de prendre son visage entre mes doigts qui tremblaient de je ne sais quoi et d'approcher mes lévres des siennes. Nos lévres venaient dangereusemen de s'effleurer.
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Il ne savait plus quoi croire ? Pour moi c'était beaucoup plus simple, je ne croyais plus en rien, en rien du tout. À quoi est-ce que je pouvais bien me raccrocher maintenant ? À mon bébé ? Non, je n'en avais pas le droit. C'était lui, enfin elle, qui avait besoin de moi et pas l'inverse. C'était pour cette petite vie en moi que je devais me battre. Mais ce soir... Ce soir je n'en avais pas la force. Tout ce que j'espérais c'est qu'elle ne subisse rien... Je n'avais pas envie de lui faire de mal. J'avais envie de l'enfermer dans une petite bulle pour la mettre à l'abri de tout cela. Elle n'avait pas demandé à être là, alors elle n'avait pas à subir quoique ce soit. Ce ne serait pas juste. Et pourtant j'avais toute la peine du monde à me sortir la tête de l'eau là. J'avais l'impression d'être en train de me noyer. Je ne parvenais pas à respirer. Je manquais d'oxygène, je manquais de tout... Je pouvais bien me débattre, cela n'arrangerait rien. On m'avait toujours dit que la noyade était une mort « douce ». Eh bien si cela ressemblait à ce que j'étais en train de vivre, cela n'avait strictement rien de doux ou d'agréable. C'était juste terriblement angoissant et terriblement douloureux... Et ce n'était pas la première fois que je vivais une pareille chose. Depuis qu'Ethan m'avait quittée, j'avais l'impression d'être morte mille fois au moins et de dizaines de façons différentes. Comme quoi, il y a des tas de tortures différentes... Parfois je me demandais si je n'aurais pas préféré qu'il me mette une gifle tout simplement, et que les choses redeviennent comme avant. Comme avant... Ça semblait si loin.

Il s'est relevé et je n'ai pas osé relever les yeux. J'étais comme paralysée. J'avais peur qu'il reste, j'avais peur qu'il s'en aille. Je voulais qu'il reste et je voulais qu'il s'en aille. Je voulais tellement de choses à la fois... A tel point que je ne savais pas ce que je souhaitais, en fin de compte. Un soupir a soulevé ma poitrine très brièvement. Il m'avait trop demandé, oui... Et je m'en étais rendue compte trop tard. Beaucoup trop tard. S'il m'en avait trop demandé c'est parce que je l'avais laissé faire. Il n'avait eu aucune limite à ne pas franchir. Finalement, j'étais aussi coupable que lui, en un sens. Même si moi, je ne lui avais jamais menti ou caché quoique ce soit. Je n'aurais jamais osé. Mais Ethan ne raisonnait pas de la même façon que moi et je le savais pertinemment. Mais depuis peu j'étais incapable de le comprendre, ne serait-ce qu'une petite minute. C'était probablement de là que venait notre problème... Tout se règlerait facilement si nous réussissions à communiquer de nouveau. Or, je savais que nous ne savions plus nous parler. Il y avait un mur épais dressé entre nous et je ne savais pas comment passer par dessus, je ne savais pas comment faire pour le détruire. Malheureusement, dans notre cas, un bon coup de masse ne suffirait probablement pas...

Je n'osais toujours pas bouger. J'avais peur que mes sanglots deviennent véritablement incontrôlables si j'osais bouger. Je n'étais plus maitresse de mon propre corps. J'avais la désagréable impression que quelqu'un s'en emparait pour faire tout et n'importe quoi avec. Je croyais ne plus pouvoir pleurer de toute ma vie tellement j'avais pleuré ces dernières semaines. Mais il faut croire qu'il me restait des larmes, finalement. Je tremblais et j'avais froid. Enfin, j'en avais la sensation. Je ne savais pas trop ce qui était vrai et ce qui était faux. Tout s'embrouillait, plus rien n'avait de sens. Même si j'étais simplement assise sur un canapé, j'avais l'impression d'être perdue dans un monde noir et angoissant. Pas une petite lumière, rien... J'étais comme un bateau perdu en pleine tempête, sans aucun phare pour me guider. J'étais littéralement aveugle. J'ai tourné la tête vers lui si brusquement que j'en ai eu le tournis.

« Elle est finie parce que nous n'avons pas su l'empêcher de couler... Et nous sommes en train de sombrer avec elle. Il faut qu'on se sorte de là... Il faut... »

Ma voix s'est perdue dans un aigu insupportable pour mes propres oreilles. Je n'ai pas pu m'empêcher de suivre des yeux une larme qui roulait sur sa joue. J'aurais tellement voulu qu'il ne pleure pas par ma faute. Tellement... Il a pris mon visage entre ses mains et je n'ai pas osé le repousser ou encore m'écarter. J'étais de nouveau pétrifiée par je ne sais quelle angoisse. Je n'ai pas réalisé tout de suite que son visage était si près du mien. Je suis restée interdite quelques secondes quand ses lèvres ont effleuré les miennes. Et j'ai mis un petit moment à comprendre ce qui était en train de se passer. Et puis, tout a été très vite. J'ai glissé une main derrière sa nuque et je l'ai attiré à moi brusquement pour l'embrasser. Je l'embrassais... Comme si j'étais désespérée. Je l'embrassais comme si c'était la première fois, comme si c'était la dernière fois. J'ai passé mes bras autour de lui pour l'enlacer. Je ne savais plus ce que je faisais... J'étais... J'avais... J'avais perdu l'esprit, définitivement. J'étais en train de faire ce que je ne voulais surtout pas faire.

Et puis, brusquement, un signal d'alarme s'est allumé dans mon esprit. J'ai rouvert les yeux subitement. J'ai posé mes mains à plat sur la poitrine d'Ethan et je l'ai repoussé. J'ai reculé jusqu'à l'autre bout du canapé, complètement essoufflée. J'ai posé une main sur ma bouche, comme si j'étais incapable de réaliser et d'accepter ce que j'avais fait.

« Je... Pardon, je n'aurais pas dû... »

Mais pourtant je l'avais bel et bien fait. Et je m'en voulais terriblement. J'ai ramené mes jambes contre ma poitrine et j'ai caché ma tête entre mes jambes, avant de me mettre à sangloter lamentablement.

» You wanted to see me ? { ALEX }
» Are we able to appreciate each other ? [PV Ethan]
» Not now... Not now ! { ETHAN }
» "Hello" { ETHAN }
» Somebody told me... { Ethan }