Hurricane { Ethan }

J'ai donné un grand coup de pied dans la porte, qui refusait toujours de s'ouvrir. Et j'ai littéralement hurlé. Mais rembobinons et voyons ce qui m'avait mis dans cet état.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que j'avais eu une sale journée. Du début à la fin. Pour commencer, je n'avais pas dormi de la nuit. Alors que mon insomnie était enfin passée, j'avais eu des nausées toute la nuit. Résultat ? J'étais restée étendue dans mon lit sans oser bouger en attendant que cela passe. Résultat, quand elles étaient enfin passées, c'était l'heure de se lever. Alors, j'étais tout simplement épuisée, presque incapable de mettre un pied devant l'autre. Plusieurs fois pendant la nuit j'avais failli rejoindre Ethan en pleurant comme une gamine. Mais j'avais eu trop peur de me mettre à vomir lamentablement si je bougeais. Alors j'avais attendu... La matinée à l'infirmerie avait été assez éprouvante, en plus. Alexander nous avait ramené un type qui s'était pris une balle à l'extérieur. J'avais fini par ne pas le supporter et j'avais tourné de l'œil. Enfin presque. J'avais préféré sortir. Toute pleine de sang, j'avais couru jusqu'à ce qui nous servait de salle de bain. Je m'étais enfermée dans une cabine, j'avais ouvert l'eau à fond et je m'étais assise par terre, jusqu'à ce que l'eau chaude devienne de l'eau froide. Et j'avais fini par me réfugier dans ma chambre. De toute la matinée je n'ai pas osé remettre les pieds à l'infirmerie. Je préférais attendre qu'ils aient tout nettoyé... D'autant plus que l'homme n'avait pas survécu...

A midi, j'avais cherché Ethan, mais allez savoir pourquoi, il n'était pas là... Cela faisait plusieurs semaines que nous nous étions vraiment parlé, plusieurs semaines que nous restions loin de l'autre. Comme prévu... Parfois, il me demandait s'il pouvait simplement toucher mon ventre ou parler au bébé. Je ne disais jamais non. Mais je commençais à m'impatienter. Je ne le voyais presque pas. Presque plus. Il venait simplement me demander comment ça allait, si je me reposais, si je mangeais... Bref, il s'inquiétait pour moi parce que j'étais enceinte. À chaque fois je mourais d'envie de lui dire de me serrer dans ses bras, de m'embrasser... Et je me retenais. Cela me rendait malade. Même si au fond, j'avais ce que je voulais. Qu'il s'assume tout seul sans protester. Ce que je n'avais pas prévu, ce serait qu'il me manque à ce point là. J'en venais à me demander qui dépendait le plus de qui... J'ignorais encore combien de temps il faudrait attendre. Nos problèmes ne pouvaient pas se résoudre en quelques semaines... Quelques semaines. Cela faisait beaucoup, surtout quand on est enceinte. Mon ventre s'était bien arrondi. Très bien, même. Maintenant, impossible de cacher que j'étais enceinte. J'en étais déjà à quatre mois. Et j'attendais avec une impatience non dissimulée que le bébé se mette à bouger. Ce serait toujours un bon prétexte pour courir voir Ethan...

Cet après midi, par mégarde un plateau de médicaments m'a échappé des mains. Ce n'est pas dramatique, me dirait vous. Sauf que les flacons se sont brisés. Alors je me suis retrouvée là à ramasser avec attention la moindre petite pilule. J'avais cru devenir folle... Mathilda m'avait mise dehors plus vite que prévu, de peur que je ne me mette à tout casser. J'avais failli lui dire que ça, c'était le truc d'Ethan. Mais cela m'avait tout simplement horrifiée de penser une chose pareille. Je suis donc sortie. Je suis retournée dans ma chambre, j'ai pris un livre et je me suis décidée à aller me détendre au salon. C'était sans compter sur la résistance de cette dernière. Parfois, il arrivait qu'elle se bloque. Et on aurait dit qu'elle avait décidé de jouer les farceuses maintenant. D'abord, je suis restée très calme et j'ai essayé par tous les moyens d'ouvrir la porte. Sans succès. J'ai fini par balancer mon bouquin derrière moi, avant de secouer la poignée de la porte. C'est à peu près là que j'ai envoyé un coup de pied dans la porte. J'étais à deux doigts de me mettre à pleurer et de faire une crise de nerf monumentale. Alors quand j'ai vu Ethan se glisser devant moi maintenant, ça a été l'apothéose. Je n'avais pas lâché la poignée de la porte. Je lui ai lancé un regard noir.

« C'est pas le moment. Mais alors vraiment pas ! Va voir ailleurs si j'y suis, s'il te plait ! »

La vie s’écoulait lentement depuis quelques semaines. J’allais mieux depuis que Katarina et moi avions cessé de nous déchirer. Bien sur nous étions toujours separes. Mais notre amour était toujours aussi fort. Et puis, j’essayais surtout de me remettre de la mort de mes parents. Ils avaient beau être morts depuis six ans, je n’avais pas encore fait le deuil. J e le faisais seulement maintenant. Et plus je faisais mon travail de deuil, d’acceptation de leur mort, plus je m’apercevais que c’était sans doute cela qui était à l’origine du fossé qui s’était creuse entre Katarina et moi.

Je passais énormément de temps à prendre mon rôle de leader a cœur. Que je le veuille ou non, c’était ce que j’étais. Alors maintenant j’assumais complètement. J’aidais vraiment Alexander et Aaron. Et mes relations avec les autres membres de la communauté semblaient être redevenues ce qu’elles étaient avant. J’aidais ceux qui en avaient besoin, et j’exécutais les ordres d’Alexander. Bien sur, j’avais mon mot à dire. Mais c’était toujours Alexander qui tranchait. Et puis, j’essayais d’être plus équilibré dans mes humeurs. Quand je sentais l’énervement pointer le bout de son nez, je lâchais tout et soit j’allais me refugier dans ma chambre, soit j’allais retrouver Katarina, et je caressais son ventre pour parler à Lena.

La grossesse de Katarina s’avançait peu à peu. Elle en était déjà à quatre mois, et son ventre n’avait de cesse de s’arrondir. Maintenant elle ne pouvait le cacher à personne. On voyait bien qu’elle attendait un enfant. Et ses rondeurs lui allaient tellement bien. Elle était encore plus désirable. Et je me retenais toujours d’avoir un geste tendre ou de l’embrasser. Je lui avais fait la promesse de rester tranquille. Ce serait elle qui déterminerait le moment ou elle penserait que j’étais redevenu celui qu’elle aimait.

Et j’avoue que pour le moment la situation était mieux pour tout le monde. Moi j’apprenais enfin a me connaitre. C’était la condition sinequanone si je voulais être un bon père. Je ne pourrais pas l’être si je ne me connaissais pas.

Alors depuis un mois et des poussières, je passais mes moments de liberté, seul dans ma chambre. Lilly l’avait mal pris au début, mais souvent je passais du temps avec elle. Elle avait fini par comprendre que Katarina n’était pas un monstre, et que ce qu’elle avait fait, elle l’avait fait pour notre bien.

J’ai entendu un bruit violent alors que j’avais fini tout ce que j’avais a faire pour la journée. J’étais sur le point de retourner dans ma chambre pour aller composer et écrire un peu. Depuis un mois j’avais pris refuge dans la musique. J’avais besoin de mettre des mots et des notes sur ce que je ressentais. Comme une thérapie. Personne ne savait à quel point j’aimais ça, j’avais trop peur qu’on se moque de moi. C’était un peu mon jardin secret, et je voulais pour le moment que cela reste ainsi.

Le bruit était de plus en plus violent. Je me demandais qui j’allais retrouver aussi agressif. Sans doute Riley. J’ai été énormément surprise quand j’ai vu la silhouette de dos de Katarina. Elle s’acharnait à mettre des coups de pieds contre la porte du salon. J’ai posé délicatement ma main sur son épaule avant qu’elle se tourne vers moi furieuse.

« C'est pas le moment. Mais alors vraiment pas ! Va voir ailleurs si j'y suis, s'il te plait ! »

Alors là j’avoue que je ne comprenais pas du tout. Jusque là nos rapports avaient été cordiaux. Nous passions peu de temps ensemble, mais dans ces moments là tout allait bien. Nous parlions surtout de Lena. J’avoue que l’agressivité de Katarina me faisait peur.

-Katarina calme toi s’il te plait.

Je voulais juste qu’elle se calme. Je me demandais ce qui l’avait mis dans cet état. Mais pour le moment ca ne faisait pas partie de mes priorités. Ma priorité c’était qu’elle se calme, et que nous puissions en calmer calmement.

-Je n’irais nulle part tant que tu ne seras pas calmée.

J’ai ouvert la porte en deux secondes chrono alors qu’elle semblait s’acharner sur cette porte depuis cinq bonnes minutes. Je l’ai prise par les épaules et j’ai commencé à la guider vers un sofa.

-Assis-toi mon ange.

J'ai lancé un regard noir à Ethan. Ce n'était pas le moment de me taper sur les nerfs. J'étais assez hors de moi comme ça. Mais forcément, il m'a demandé de me calmer. Et c'est donc à ce moment là que j'ai lancé le fameux...

« MAIS JE SUIS CALME ! »

J'étais certainement très crédible... J'avais tout accumulé au cours de la journée et c'était une porte qui me faisait craquer. C'était toujours la même chose. J'accumulais les choses énormes et graves et c'était une petite chose de rien du tout qui me faisait exploser. J'étais tout de même étonnée de n'avoir pas craqué avant. Parce que tout de même, la journée avait été assez éprouvante. Heureusement que ce n'était pas tous les jours comme ça, parce que je me serais repliée dans ma chambre depuis un moment, sinon. J'ai croisé mes bras sous ma poitrine avec un air passablement énervé. Bébé devait se dire que sa mère avait complètement craqué. Et s'il pensait vraiment cela, il n'aurait pas forcément tort. J'ai relevé les yeux vers Ethan et j'ai eu l'air étonné une seconde. Alors soit il avait grandi, soit j'étais définitivement plus petite que ce que je pensais. Mais il faut dire que nous avions aussi pris du poids, tous les deux à notre façon...? Lui avait l'air beaucoup plus fort, et moi beaucoup plus fragile. Et je n'en étais encore qu'à quatre moi. Merveilleux. Génial. J'ai levé les yeux au ciel. Il n'irait nulle part tant que je ne serais pas calmée ? Ah ah ! La belle affaire !

« Écoute, tu n'es pas mon père ! Et je me calme si je veux d'ailleurs ! »

Non mais, qu'est-ce qui me prenait ? Voilà que je passais mes nerfs sur lui, alors qu'il n'y était pour rien. Bon, il faut dire qu'il ne tombait pas au bon moment. Il serait arrivé un tout petit peu plus tôt qu'il aurait probablement reçu mon livre en pleine figure. Il ne manquerait plus que je l'abime, en plus. J'ai eu un soupir agacé. Mes yeux ont fait l'aller retour entre la porte et lui. Allez, vas-y, ouvre donc cette porte superman. J'étais pratiquement persuadée qu'il n'arriverait pas à ouvrir cette foutue porte. Je sais bien que je n'avais pas beaucoup de force, mais de là à ne pas savoir ouvrir une porte, aussi résistante soit-elle et... Oh non. J'ai dû devenir plus blanche que blanche. Cette porte devait en avoir après moi. J'ai ouvert grand la bouche en regardant la porte s'ouvrir. Je devais avoir l'air d'un poisson rouge choqué. J'ai juré à voix basse. Voilà, je devais avoir l'air très maligne maintenant. Je m'étais acharnée sur cette porte pendant cinq bonnes minutes, lui il arrivait et hop ! Ouverte, la porte. Je me suis retenue de justesse d'envoyer un autre coup de pied dans la porte, par vengeance. Mais j'aurais eu l'air stupide. Quoique vous me direz, je n'étais plus à ça près...

J'ai levé les yeux au ciel quand Ethan m'a prise par les épaules pour me guider vers le sofa. Je n'ai pas pu m'empêcher de freiner. Non, mais je n'avais pas envie de m'asseoir ! J'allais très bien ! J'ai freiné net en arrivant devant le sofa et j'ai écarté ses mains avec un air excessivement agacé.

« C'est gentil, mais je n'ai pas envie de m'asseoir, je suis très bien debout ! »

J'avais gardé les bras sous ma poitrine. Bon, j'avoue que quand j'ai vu la tête qu'il faisait, je me suis laissée retomber sur le sofa avec un air boudeur. Mais je préférais quand même ça. Le connaissant, il n'aurait pas hésité à m'asseoir de force. Et très franchement je n'étais pas d'humeur à résister. J'étais bel et bien en train de criser. Ma première crise de nerfs ! Il fallait fêter ça... Je regardais devant moi, et la colère et la fatigue devait se lire sur mon visage.

« Je t'ai cherché à midi. Jamais là quand on en a besoin ! »

J'allais certainement devoir m'excuser pour ça plus tard. Mais pour le moment, j'étais tellement énervée que je ne pensais même pas à ce que je disais. J'allais le regretter, c'était certain... Mais pas tout de suite. Là, mon cher et tendre allait passer un sale quart d'heure, alors qu'il n'avait rien fait du tout. Le pauvre.

Katarina était furieuse. Pourtant j’étais sur de n’avoir rien fait. J’avais tenu ma promesse, j’avais passé du temps seul. Je tenais mon rôle de leader. Je me demandais ce qui pouvait alors la mettre dans un état pareil. En général Katarina ne se mettait pas en colère.

Mais c’était avant ca. J’avoue que depuis qu’elle était enceinte, elle avait changé. Elle semblait plus sur des charbons ardents, les nerfs à vif. Alors qui l’avait mis dans un état pareil ? J’avoue qu’elle me faisait un peu peur. Le regard noir qu’elle m’a lancé a eu pour conséquence que mes poils se sont hérissés. Elle était presque hystérique en me disant qu’elle était calme.

Non elle était tout sauf calme…

Elle a paru hallucine quand j’ai ouvert la porte en deux secondes. Je me demandais presque comment elle avait pu s’acharner comme elle l’avait fait sans l’ouvrir. Mais elle n’était toujours pas calmée.

« Écoute, tu n'es pas mon père ! Et je me calme si je veux d'ailleurs ! »

Avant, j’aurais haussé le ton ou alors je me serais mis à trembler. Mais j’avais changé. Je suis resté alors stoïque pendant qu’elle s’énervait. Je gardais mon calme.

-Je ne suis pas ton père. Mais je suis celui de l’enfant que tu portes. Alors pour le bien de Lena tu vas te calmer.

J’avoue que j’étais aussi inquiet pour notre fille. Elle ressentait tout. Et je voulais qu’elle se sente bien. Et j’avoue que j’avais peur aussi que Katarina ne fasse un malaise à s’énerver comme ca. Je l’ai guidé vers le sofa, d’un pas décidé. Et mes mains sur ses épaules reflétaient vraiment ma détermination. Je voulais qu’elle s’asseye et qu’elle se calme. Elle a essayé de se dérober en me repoussant.

« C'est gentil, mais je n'ai pas envie de m'asseoir, je suis très bien debout ! »

Nous nous faisions face. J’étais aussi déterminé qu’elle. Mon regard en disait long. Elle allait m’obéir. Elle allait s’asseoir comme je le lui demandais et elle allait se calmer. Et nous allions parler. Je voulais savoir ce qui l’avait mis dans cet état là. Après avoir résisté en croisant ses bras sous sa poitrine comme une petite enfant boudeuse, Katarina a cédé. Elle s’est assise et je suis allé derrière elle.

-Bien…

Je l’ai attiré contre le dossier du sofa, je voulais qu’elle s’installe confortablement. J’ai commencé à la masser délicatement. Ses épaules étaient nouées, et c’était peur dire. J’avais vraiment affaire à une véritable boule de nerfs.

« Je t'ai cherché à midi. Jamais là quand on en a besoin ! »

C’est vrai que je n’avais pas mangé avec les autres. Aaron m’avait ramené de quoi manger vers 13h. J’avais été occupé une bonne partie de la journée à essayer de faire un plan de l’endroit que j’avais trouvé pour une partie de la communauté. Et il fallait aussi que je fasse le listing de tout ce dont nous aurions besoin là bas, ce que nous pouvions nous procurer sur place et bien d’autres choses encore. Alexander m’avait confié ce projet à moi. Nous ne savions pas si le projet était réalisable, et si nous pourrions un jour l’appliquer. Mais on pouvait toujours essayer. Nous étions trop nombreux ici.

J’étais sur ce projet depuis plus d’une semaine, et il était colossal. Mais ca en valait la peine j’en étais certain. J’étais vraiment très enthousiaste.

-Oui j’ai mangé sur le pouce dans le bureau d’Alexander. J’avais du travail. Excuse-moi… si j’avais su que tu me cherchais j’aurais fait un break.

Je mourais d’envie de lui en parler. Mais pour le moment il était plus prudent de garder ca secret. Et puis je ne pouvais pas en parler ici. Des oreilles trainaient et je ne voulais pas que l’idée fasse le tour de la communauté. Ce serait nous qui déciderions de qui partirait ou pas.

Alexander n’en avait certainement pas parlé non plus à Gabrielle, et pourtant ils étaient mariés.

Pourtant si Katarina était venue me voir en me disant que ca n’allait pas, j’aurais pris du temps pour elle. Elle le savait. Rien n’avait plus d’importance qu’elle et Lena.

-Maintenant que tu es assise, et que je suis là, dis-moi ce qui ne va pas Katarina.

J’espérais qu’elle me dise ce qui n’allait pas. Elle n’était toujours pas calmée. Ses épaules étaient toujours nouées alors que je m’efforçais depuis cinq minutes de masser ses épaules pour la relaxer.

C'était le monde à l'envers... Il restait calme et je m'énervais, je piquais une crise absolument insensée. C'était bien la première fois que cela m'arrivait depuis des mois. D'habitude, je prenais tout sur moi et je faisais tout mon possible pour rester calme. Je n'étais pas du genre à foutre des coups des pieds dans des portes pour presque rien. Ethan devait me prendre pour une folle furieuse. D'autant plus qu'il ne devait pas comprendre pourquoi je m'excitais contre lui de cette façon. Il n'avait rien fait pour mériter ça. Pour une fois, si j'ose dire, il n'y était pour rien. Cela me faisait tout drôle de le voir aussi calme. Et en un sens, cela me rassurait. Avant, il se serait certainement mis en colère lui aussi, ou il n'aurait pas su comment me calmer. Or cette fois ci, il semblait être décidé à prendre les choses en mains. Ce qui n'était pas plus mal, vu mon état. Et il avait peut-être raison, je devais me calmer pour ne pas trop secouer le bébé. Mais c'était plus facile à dire qu'à faire. J'avais l'impression d'être une véritable boule de nerfs. On ne pouvait pas faire passer une crise de nerfs en un clin d'œil. Surtout pas une crise de nerfs de femme enceinte. Je ne pensais pas être sujette à mes hormones à ce point là. Quelque chose me disait que j'allais devoir anticiper une crise de larmes...

Je devais vraiment ressembler à une gamine boudeuse et capricieuse. Mes bras étaient croisés sous ma poitrine et j'étais à deux doigts de me mettre à taper du pied en plus. J'ai opposé une petite résistance quand il m'a attiré contre le dossier du sofa. J'ai eu un petit frisson quand il a commencé à me masser. Bon... J'avoue, cela me fit un bien fou. Avec un petit soupir, j'ai posé mes deux mains sur mon petit ventre. Enfin, petit. Tout était relatif. On pouvait tout de même dire que le bébé commençait à prendre ses aises. Je priais pour ne pas devenir énorme, pour ne pas ressembler à un éléphant. Même si en définitif, c'est très mignon, un éléphant.

Je n'ai pas pu m'empêcher de lui dire que je l'avais cherché à midi et que je ne l'avais pas trouvé alors que j'aurais vraiment eu besoin de lui pour une fois. J'avais demandé à Lilly, mais elle m'avait dit qu'elle n'en avait p as la moindre idée, qu'elle ne savait pas ce qu'il fichait et qu'elle aussi elle le cherchait. Mes relations avec Lilly s'étaient nettement améliorées ces dernières semaines. Elle n'avait plus l'air de m'en vouloir tant que ça et elle semblait même contente de savoir qu'Ethan et moi, ce n'était pas fini. Elle avait demandé à toucher mon ventre et je l'avais laissé faire. Et puis ma journée avait continué, enchainant catastrophe sur catastrophe... J'ai levé les yeux au ciel. S'il avait su que je le cherchais, il aurait fait une pause. Évidemment. Encore aurait-il fallu que je sache où il était. Même sa presque petite sœur n'avait pas su me dire où il était... Alors moi qui le voyais encore moins qu'elle, j'aurais bien été incapable de le trouver. Résultat, j'étais énervée, quand bien même il s'acharnait à essayer de me détendre. J'ai eu un petit rire nerveux. Ce qui n'allait pas ?

« Un homme est mort à l'infirmerie ce matin. J'ai dû me jeter sous la douche tellement j'étais couverte de sang. Mais à part ça, tout va bien. »

Je n'avais même pas pris la peine d'enlever mes vêtements avant d'aller sous l'eau. J'étais médecin et c'était bel et bien la première fois que du sang ou un mort me faisaient cet effet là. J'avais pourtant les nerfs solides de ce côté là... Mais cette fois ci cela m'avait horrifiée, dégoutée. C'était peut-être parce que j'étais un peu plus sensible ces derniers temps. Bon d'accord. Beaucoup plus sensible.

« J'ai dû dormir cinq heures en deux nuit et je recommence à être malade. Quand je disais que tu avais eu la partie agréable de la chose... »

Encore que là, il n'y était pour rien. La nature étant ce qu'elle était, de ce côté là nous n'avions pas vraiment eu le choix. Je ne dis pas que je n'étais pas contente d'être enceinte et de porter son enfant... Mais il y avait vraiment des fois où la grossesse n'était pas agréable. D'après ce que je savais, cela se calmait vers six mois. Génial. Plus que deux mois à souffrir, merveilleux ! Je me suis redressée pour échapper à son contact et je me suis levée.

« Et puis regarde... Ça y est, je suis énorme... Et ce n'est encore qu'un début. »

Je me suis mise de profil et j'ai soulevé mon pull jusqu'à ma poitrine pour lui montrer mon ventre. Pas de doute. Il y avait bien un bébé là dedans, un bébé qui prenait ses aises et grandissait un peu plus à chaque seconde. Et pas de doute, maman était bel et bien en train de changer. J'étais à peine enceinte de quatre mois et je craignais déjà de ne plus lui plaire. Foutue sensibilité !

Je sentais les épaules de Katarina se relâcher peu à peu, et j’en étais content. Si au moins un petit massage des épaules pouvait la relaxer…. Et ca ferait du bien à Lena de sentir que sa mère se sentait bien. Ses muscles se relâchaient mais elle semblait encore sur la défensive. Elle a eu un rire nerveux quand je lui ai demandé le plus calmement possible ce qui n’allait pas. Avant je me serais précipité sur elle, en lui demandant ce qui n’allait pas, mon visage aurait laisse transparaitre mon angoisse. Mais maintenant je gardais mon angoisse pour moi. Je ne voulais surtout pas en rajouter.

« Un homme est mort à l'infirmerie ce matin. J'ai dû me jeter sous la douche tellement j'étais couverte de sang. Mais à part ça, tout va bien. »

Ah…je comprenais mieux. C’est vrai que voir quelqu’un mourir dans ses bras c’était assez impressionnant. Et même si je savais que Katarina n’en était pas à son premier décès. C’était sans doute la première fois depuis qu’elle était enceinte. Les choses sont différentes quand vous portez la vie en vous je pense. Et puis je pense qu’avec les hormones, se retrouver couverte de sang avait du la rendre hystérique. Autant elle était d’un naturel calme, autant depuis qu’elle attendait Lena elle était particulièrement nerveuse. Je ne savais jamais comment elle allait réagir. Heureusement que je prenais sur moi-même depuis un moment. Depuis qu’elle m’avait dit qu’elle avait besoin que je murisse en fait. Je m’étais rendu compte qu’elle avait raison. Je m’étais trop reposé sur les autres. J’essayais de changer cela. Petit à petit. Et quand je sentais la colère monter, je pensais à Lena, et ma colère redescendait presque tout de suite.

Je me suis légèrement penché pour poser ma tête sur son épaule.

-Je suis désolé Kat ! J’aurais aimé que tu n’assistes pas à ça…

Mais pouvait-on vraiment l’éviter. J’irais demander à Mathilda d’épargner ce genre de choses à Katarina à l’avenir. Je me doutais que Katarina avait du être horrifiée. Je m’en voulais un peu de ne pas être là. Si j’avais su…

« J'ai dû dormir cinq heures en deux nuit et je recommence à être malade. Quand je disais que tu avais eu la partie agréable de la chose... »

Cinq heures en deux jours ???? Pas étonnant qu’elle soit autant sur les nerfs alors…

-Tu sais bien que je pourrais porter Lena je le ferais…

Elle savait que je disais la vérité. Je n’étais pas le genre d’hommes à mettre enceinte ma compagne et de ne pas l’accompagner tout au long de se grossesse, aussi bien dans les mauvais que dans les bons moments. Et en ce moment ca avait l’air d’être un mauvais moment.

Mais elle aurait pu me dire avant qu’elle n’arrivait pas à dormir. Je serais restée prés d’elle, je l’aurais bercé. Je lui aurais réquisitionné la baignoire….N’importe quoi pourvu qu’elle réussisse à dormir.

-Pourquoi tu n’es pas venue me le dire avant que tu n’arrives pas à dormir ? Je sais bien que je t’ai promis de ne pas te toucher mais j’aurais pu être là.

Et j’aurais aimé qu’elle se confie à moi. Je m’en voulais de ne pas avoir été là, de ne pas m’être aperçu qu’elle dormait mal. J’allais essayer d’être plus présent et d’être plus vigilant à l’avenir. Katarina s’est échappée et s’est redressé. Elle me faisait face, le sofa entre nous. Elle a soulevé un peu son pull et m’a montré son ventre de profil. Et elle m’a fait part de ses sentiments.

« Et puis regarde... Ça y est, je suis énorme... Et ce n'est encore qu'un début. »

J’ai réfréné un sourire. Elle se trouvait énorme…Moi je la trouvais juste magnifique. Ces rondeurs de femme enceinte étaient tout simplement merveilleuses. Et j’avais hâte que son ventre s’arrondisse encore. Mais je sentais que Katarina ne ressentait pas les choses comme moi. J’allais devoir être très patient je le sentais.

-Tu n’es pas énorme Kat. Tu es magnifique.

Et je mâchais mes mots. Je ne pouvais détacher mes yeux de son ventre. Elle était tellement magnifique. Et rien quà l’idée qu’elle portait notre enfant, je sentais des ailes me pousser dans le dos.

-Ces rondeurs te rendent encore plus belle et….désirable.

J’avais baissé un peu le ton en disant qu’elle était désirable. Je ne voulais pas qu’elle pense que j’étais en train de la supplier ou d’essayer. J’ai fait le tour du sofa pour aller vers elle. J’ai posé mes mains tendrement sur ses épaules en me retenant de les laisser glisser pour la caresser. Et j’ai cherché son regard.

-Arrête de douter de toi Katarina. Porter la vie c’est la plus belle chose au monde. Et je ne dis pas ça parce que je suis le père de cet enfant. Et puis quand la grossesse sera bien avancée, je serais toujours là. Ce n’est pas parce que nous sommes séparés que je ne vais pas être prés de toi.

J'ai eu un léger frisson quand il a posé sa tête sur mon épaule. Je me suis retenue de justesse de tourner la tête pour l'embrasser. Je crois même que j'ai esquissé le geste. Je ne sais pas par quel miracle je ne suis pas allée au bout de mon idée. J'avais peut-être encore un reste de self-control... J'ai secoué la tête doucement. Il n'avait pas à s'excuser... Comment aurait-il pu savoir qu'Alexander allait ramener un type se vidant de son sang ? J'imagine que ce dernier n'était pas passé le prévenir avant de nous l'emmener. J'ai eu un petit soupir. J'étais médecin, il était normal que j'assiste à ce genre de choses. Ce n'était pas la première fois que cela m'arrivait. Mais ce n'était pas pareil quand cela arrivait dans un vrai hôpital, avec tout le matériel requis nécessaire. Quand quelqu'un mourait, c'était vraiment qu'on n'y pouvait plus rien. Là, les conditions étaient différentes, nous manquions véritablement de tout. Avant, cet homme aurait pu être sauvé. Là, il était mort en un rien de temps. Je n'avais pas supporté d'avoir son sang sur mes vêtements voilà pourquoi j'avais sauté dans la douche. J'en verrais certainement d'autres... Rien que l'idée m'horrifiait. Porter la vie et être confronté à la mort c'était assez traumatisant. Mon bébé n'allait définitivement pas atterrir à Disneyland. Ce qui, je l'avoue, me posait un gros problème. Je voulais le meilleure pour Lena...

J'ai eu un sourire. Oui, s'il avait pu porter Lena il l'aurait fait... Mais ce privilège m'était réservé pour. Mais j'aimais être enceinte, ce n'était pas la question. C'est juste que je me serais volontiers passé de ses mauvais côtés...

« Je sais bien que tu le ferais volontiers, Ethan. Ce n'est pas que je n'aime pas être enceinte... Au contraire, je suis même très heureuse de porter ton enfant. C'est juste que ce n'est pas simple tous les jours. Déjà qu'en temps normal ce n'est pas simple, mais vu l'époque actuelle... Je ne te le cache pas, certaines choses m'effraient. »

Comme l'accouchement, par exemple. Dans un hôpital, je n'aurais certainement pas eu peur, je me serais sentie rassurée, en sécurité. Mais là... S'il y avait un problème, les choses pourraient très mal tourner... Et puis j'avais aussi un peu peur pour le bébé. Sans échographie, impossible de savoir s'il allait vraiment bien. Voilà pourquoi j'avais hâte qu'il bouge. Cela me rassurerait certainement. Enfin, au moins un petit peu. Je me rappelais trop bien de l'accouchement de Gabrielle... Une véritable horreur. J'en tremblais encore. Je priais pour que le mien se passe sans heurts. Si ma bonne étoile devait se réveiller, autant que ce soit à ce moment là. Peu importe si je n'avais pas de chance jusque là, j'avais l'habitude. Mais je ne voulais surtout pas qu'il arrive quoi que ce soit à mon bébé. Je ne le supporterais pas... J'ai inspiré à fond. Mieux valait ne pas penser à cela pour le moment, nous avions encore cinq mois pour nous faire à l'idée, pour arranger les choses. J'ai finalement haussé les épaules, avant de reprendre la parole.

« Je ne vais pas te réveiller à trois heures du matin parce j'ai des nausées... C'est idiot... Et hier je n'osais pas bouger. Si j'avais atteint ta chambre, je t'aurais certainement vomi dessus... Et il y a quand même plus glamour. Déjà que mon image n'est pas au top, alors là... »

Comme pour prouver ce que je disais, je me suis levée et j'ai soulevé mon pull pour lui montrer mon ventre. Certes, ce n'était pas encore énorme, mais... J'en étais déjà à quatre mois. Encore, qu'en fin de compte, je n'avais pas à me plaindre. Certaines femmes étaient beaucoup plus grosses que moi à quatre mois. Mais que voulez vous, j'avais toujours douté de moi... Alors maintenant que j'étais enceinte et que je savais qu'une fille tournait autour d'Ethan... Cela ne me rassurait pas du tout. Peut-être qu'inconsciemment, je cherchais à ce qu'il me rassure... Ce qu'il a fait, bien évidemment. J'ai eu un petit sourire contrit. De là à dire que j'étais magnifique... J'étais certaine qu'il exagérait. Par contre, j'ai dû m'empourprer quand il m'a dit que j'étais plus désirable. Il est venu jusqu'à moi et il a posé ses mains sur mes épaules. J'ai levé les yeux vers lui. Et j'ai secoué la tête doucement.

« Nous ne sommes pas séparés... Pas vraiment... Même si certains aimeraient que ce soit le cas... »

Je l'aimais toujours autant. Et il m'avait dit qu'il m'aimait aussi de la même façon... Avec un petit soupir, j'ai remis mon pull en place. Vu la température ambiante, la petite risquait d'attraper un rhume ! J'ai fait un pas vers lui. J'avais envie de le prendre dans mes bras... Vraiment envie. Pourquoi est-ce que je ne pourrais pas ? Sans réfléchir davantage, je me suis encore avancé et je l'ai entouré de mes bras? Je n'ai pas pu m'empêcher de remarquer qu'il était bien plus épais qu'avant. J'ai posé ma tête contre sa poitrine. Et mon ventre rebondi contre le sien. J'ai soupiré de bien être.

« S'il te plait, prends moi dans tes bras. Maintenant. »

Elle m’a souri sincèrement quand je lui ai dit que j’aurai porté volontiers Lena en mon sein si ca avait pu la soulager. Dans un sens je m’en voulais. Sa grossesse ne se passait pas très bien. Bon cela aurait pu être pire je le sais bien. Enfin, nous ne savions pas vraiment si tout allait bien, mais je voulais y croire. La grossesse de Katarina semblait l’épuiser. Ses nausées n’avaient toujours pas disparu alors qu’on avait passé le premier trimestre de grossesse.

« Je sais bien que tu le ferais volontiers, Ethan. Ce n'est pas que je n'aime pas être enceinte... Au contraire, je suis même très heureuse de porter ton enfant. C'est juste que ce n'est pas simple tous les jours. Déjà qu'en temps normal ce n'est pas simple, mais vu l'époque actuelle... Je ne te le cache pas, certaines choses m'effraient. »

J’avoue qu’elle n’avait pas tort. Moi aussi j’y pensais. Chaque jour j’y pensais. Elever un enfant dans un monde en plein chaos n’était pas la venue au monde idéal. Mais quand je voyais la fille d’Alexander et Gabrielle, quand je voyais les autres enfants, je me disais que même si nous n’étions pas chanceux, les enfants étaient en bonne santé, ils étaient heureux. Bien sur ils ne voyaient pas la lueur du jour, mais ils ne s’en plaignaient pas. Alors je voulais croire que tout irait bien pour notre fille. Je n’avas pas été là pour l’accouchement de Gabrielle, et je savais qu’elle avait failli y rester, mais je voulais croire que ce serait différent pour Katarina. Il fallait que tout se passe bien. Je ne voulais perdre ni ma fille ni la femme de ma vie.

Il fallait que nous ayons la foi. Tout irait bien…

-Tout ira bien Katarina. Tout ira bien. Lena ira bien, tu iras bien. Il ne vous arrivera rien. Je sais que les temps qui courent ne sont pas très favorables mais regarde Emma, elle est pleine de vie. Et regarde les enfants, ils vont tous bien, ils sont heureux de vivre. Tout ira bien Katarina. Et je suis là….

J’espérais vraiment faire passer mon optimisme a Katarina. Pour le moment tout allait bien non. A Part ses nausées… Mais cela, ca s’est toujours produit. Il y a des femmes qui n’ont pas une grossesse facile, même si elles ont la chance d’avoir tout un tas de médecins autour d’elles. Et je savais que Mathilda était un très bon médecin. Elle ne laisserait rien arriver à Kat ou à Lena.

Je sentais encore l’angoisse dans la voix de Katarina quand elle s’est à nouveau adressé à moi apres avoir haussé les épaules.

« Je ne vais pas te réveiller à trois heures du matin parce j'ai des nausées... C'est idiot... Et hier je n'osais pas bouger. Si j'avais atteint ta chambre, je t'aurais certainement vomi dessus... Et il y a quand même plus glamour. Déjà que mon image n'est pas au top, alors là... »

J’ai secoué la tête avec une petite moue. Comment pouvait-elle penser que j’aurais eu une vision d’elle peu reluisante. Elle était malade parce qu’elle supportait mal quelques petites choses. Mais je l’aimais toujours autant. Nauséeuse ou pas, elle restait la femme que j’aimais. Bien sur qu’elle pouvait me réveiller à trois heures du matin. Je préférais qu’elle le fasse d’ailleurs. Je n’aimais pas la savoir en train de chercher le sommeil ou en pleine nausée alors qu’elle était seule.

Une idée a germé dans mon esprit. Je n’ai pas pu me retenir de lui exposer. Même si je doutais qu’elle accepte. Apres tout elle voulait éviter qu’on soit trop ensemble non. Elle voulait qu’on prenne du temps chacun de notre coté. Bien sur elle ne refusait jamais a ce que je parle à Lena ou a ce que je caresse son ventre, mais de la à passer ses nuits avec moi…

-Je me fiche que tu me réveilles en pleine nuit. Je préfère que tu le fasses d’ailleurs. Si tu veux je peux dormir dans ta chambre. Par terre bien sûr….mais si tu as besoin de quelqu’un la nuit, je veux bien dormir prés de toi.

Mes mains étaient posées sur ses épaules, tendrement, le plus tendrement possible. Elle a plongé son beau regard dans le mien et j’ai senti mon cœur s’emballer.

« Nous ne sommes pas séparés... Pas vraiment... Même si certains aimeraient que ce soit le cas... »

C’est a ce moment là que mon cœur a cogne très fort dans ma poitrine. Selon Katarina nous n’étions pas vraiment séparés. J’ai du sourire comme un abruti. Mais cela me faisait tellement de bien d’entendre ca. Pourtant je n’ai rien ose dire. Je n’ai pas osé rebondir ce qu’elle venait de dire. Bien sur certains auraient préféré nous voir séparés réellement. Mais notre amour était plus fort que tout. Il résistait à tout.

Je n’osais faire aucun mouvement jusqu'à ce que Katarina s’avance vers moi après avoir baisse son pull. Elle m’a pris dans ses bras et je me suis senti enfin bien. Mais une partie de moi n’osait pas bouger. Et c’est cette petite partie de moi qui a gagné. Mes bras étaient toujours le long de mon corps alors que Katarina se tenait contre moi, la tête posé contre ma poitrine.

« S'il te plait, prends-moi dans tes bras. Maintenant. »

Elle réclamait ma présence. Elle réclamait que je la prenne dans mes bras. Et cela je ne pouvais pas lui refuser. Alors tendrement j’ai pris Katarina dans mes bras.

-D’accord… Viens là mon ange….

J’ai commencé à lui caresser amoureusement les cheveux.

-Chut… tout ira bien…Tu te sens comment là ? Tu as envie de quelque chose ? J’ai assez travaillé pour aujourd’hui, je suis là pour toi maintenant. Je suis là…

Si elle voulait que je sois là, ou si elle avait besoin de quelque chose, je voulais prendre le temps pour elle. Elle avait besoin de moi. Et j’avoue que cela me fait énormément plaisir de voir que nous pouvions être un peu plus adultes. Depuis quand ne nous étions nous pas déchirés. Au moins un mois…

J’avoue que j’aimais cette sérénité.

-Allez viens Katarina, tu vas aller te reposer…

Elle avait sans doute besoin de dormir. Je la borderais le temps qu’elle s’endorme. Et si elle le voulait je m’assoirais à ses côtés et je la veillerai.

J'ai soupiré, franchement cette fois ci. Tout ira bien... C'était une petite phrase très simple, mais qui pouvait sous entendre de nombreuses choses. Est-ce que tout irait bien ? Pour le moment tout allait plus ou moins bien... Je n'étais certes pas en grande forme, mais j'allais bien au sens large du terme. Tant que je n'avais que des nausées... J'espérais qu'elles finiraient par passer, et vite. Je ne savais pas trop pourquoi elles persistaient. Peut-être parce que j'étais seule et que cela me stressait ? Je n'en savais trop rien... Toujours est-il que pour le moment, je pensais que ce n'était pas encore le moment pour Ethan et moi de reprendre notre vie à deux. Enfin trois. Nous n'étions plus vraiment tous seuls. Et nous ne le serions plus jamais. Ce qui n'était pas un drame du tout. Un bébé, c'était certainement la plus belle chose qui pouvait nous arriver. Même si ce n'était pas prévu du tout. De toute façon, en un sens ce n'est jamais prévu... Même si c'était à prévoir. Quand bien même ce n'était pas raisonnable du tout, Ethan et moi n'avions jamais fait attention... Alors évidemment, cela serait arrivé un jour. C'était arrivé. Il y avait déjà quatre mois que cela été arrivé. Pour notre plus grand bonheur, en fin de compte... J'ai eu un petit soupir. Et j'ai essayé de voir le côté positif des choses.

Il avait raison, les enfants allaient tous très bien. Emma qui était née après la guerre, n'avait jamais manqué de rien. Elle avait tout ce dont elle avait besoin. Et surtout elle avait beaucoup d'amour. Tout le monde lui en donnait. Lena n'aurait pas moins de raisons d'être heureuse. Surtout avec des parents comme nous. Tout irait bien. Il n'y avait aucune raison pour que cela aille mal. Elle aurait tout ce qu'elle aurait pu avoir dans un New York encore debout. De toute façon, je ne la laisserais pas manquer de quoi que ce soit. J'ai fini par lui avouer que je n'avais pas osé aller le trouver la nuit dernière, parce que j'avais craint de paraître pitoyable. C'était vrai. Je m'étais sentie terriblement mal la nuit dernière. Tellement mal que je n'avais même pas osé bouger, de peur de m'évanouir aussi. Certainement la pire nuit de toute ma vie... J'ai levé les yeux vers Ethan quand il m'a proposé sa solution. J'ai dû paraître profondément... sceptique. J'ai souri, avant de secouer la tête doucement.

« Tu sais aussi bien que moi que je ne pourrais pas te laisser dormir par terre... Mais si ce soir je sens que je ne pourrais pas passer une nuit tranquille, je viendrais te voir. Même si c'est idiot, tu es certainement le seul calmant qui marche sur moi. »

C'était comme ça... Je n'étais calmée et apaisée qu'en sa présence. Ce qui était drôlement paradoxal. Parce qu'en règle générale, soit il m'apaisait, soit il me mettait complètement hors de moi. Fort heureusement, cela faisait des semaines qu'il ne m'avait pas mise en colère. Et sa présence avait déjà l'air de m'apaiser. C'était un monde ça ! Je ne pouvais même pas faire une crise nerfs tranquille. Ce qui n'était peut-être pas plus mal. Si j'étais calmée, mon stress ne se communiquerait pas au bébé, ce qui était une bonne chose. J'allais devoir rester calme, extrêmement calme ces cinq prochains mois. Heureusement que ce n'était pas dans mes habitudes de piquer des crises à répétition... Parce que j'en avais terriblement besoin, je suis allée me blottir contre lui. Cela faisait des semaines qu'il ne m'avait pas pas prise dans ses bras. Et cela commençait à me manquer, énormément. Néanmoins, j'ai remarqué qu'il n'osait rien faire, qu'il attendait mon feu vert pour me prendre dans ses bras. Avant, cela ferait longtemps qu'il serait déjà venu vers moi de cette façon. Il avait l'air d'avoir évolué... Il m'a serrée contre lui au moment où je lui ai demandé de le faire.

J'ai soupiré d'aise quand il a commencé à caresser mes cheveux doucement. J'étais si fatiguée que j'aurais pu m'endormir dans la minute. Sans m'en rendre compte j'ai glissé mes mains sous son pull et j'ai commencé à caresser sa peau doucement. C'était plus pour me rassurer qu'autre chose... En tout cas, si cela lui faisait quelque chose, il a eu la décence de ne rien dire. Mais je suis persuadée de l'avoir senti frissonner...

« Je me sens fatiguée, épuisée, exténuée... Je veux juste... dormir, me reposer... Juste un petit moment. »

Je n'ai pas bougé d'un pouce quand il a dit que je devais aller me reposer. Je crois que j'étais vraiment trop fatiguée pour faire quoi que ce soit pour le moment. S'il voulait que je me repose, il allait falloir me porter jusqu'à ma chambre. Ou jusqu'à la sienne, peu importe... J'ai simplement fermé les yeux, prête à m'endormir dans la seconde. Sauf qu'il s'est passé quelque chose que je n'avais pas prévu. J'ai eu un léger sursaut, et je me suis écartée d'Ethan assez brusquement. J'ai posé mes deux mains sur mon ventre, les yeux grands ouverts. J'étais persuadée que... Je suis restée immobile, à attendre que cela recommence... J'ai levé de grands yeux choqués vers Ethan.

« Le bébé... Je crois que... il...elle... elle a bougé ! Oh mon dieu, Ethan, elle a bougé ! »

Le temps semblait suspendu. Katarina s’était calmée peu à peu dans mes bras. Et moi je me sentais bien, tellement bien. Non pas que je ne me sente pas bien ces derniers temps. Mais là je me sentais enfin complet. C’était fou comme avoir Katarina dans les bras me faisait me sentir réellement entier. Quand elle s’éloignait c’est comme si une partie de moi partait avec elle.

J’aimais tout chez elle. Son sourire, sa voix, ses yeux. Elle venait de me promettre qu’elle viendrait me trouver cette nuit si elle n’arrivait pas a trouver le sommeil. Bien sur je voulais qu’elle passe une bonne nuit. Mais je devais avouer que j’aimerais qu’elle la passe prés de moi. Mon sommeil était agité sans elle. Je ne l’avais dit à personne, mais il m’arrivait souvent de me réveiller en pleine nuit en pleurant. Dans ces moments là, je me recroquevillais sur moi-même et je pensais à Lena. Ma fille me faisait avancer. Je savais qu’il fallait que je m’en sorte seul. Pour elle. Lena n’avait rien demandé. Et elle avait besoin que ses parents mettent de côte leur faiblesse. Elle avait besoin de nous. Alors même à Katarina je ne voulais pas avouer que parfois j’avais si mal que j’en pleurais.

Si elle, elle me considérait comme son calmant anti insomnie, moi elle était le mien. Pour tout… Elle guérissait tous mes maux.

-N’hésite pas hein si tu n’arrives pas à dormir. Je dormirais dans le fauteuil si tu veux.

Je caressais toujours ses cheveux, en appréciant la douceur et la longueur. Je me retenais vraiment de l’embrasser. Je ne le ferais que si elle me le demandait. Je ne voulais la forcer à rien. J’étais prêt à attendre encore des semaines, voire des mois. Mais je voulais qu’elle en ait envie. J’attendrais qu’elle me redonne ma chance quand elle penserait que ce serait possible.

J’ai senti des frissons envahir mon corps tout entier quand j’ai senti ses mains glisser sous mon pull et caresser mon torse. Je me suis retenu de pousser un gémissement de plaisir. Je me suis mordu la lèvre inferieure sans qu’elle me voie pour réfréner une pulsion.

« Je me sens fatiguée, épuisée, exténuée... Je veux juste... dormir, me reposer... Juste un petit moment. »

Je m’en doutais. Dormir cinq heures en deux nuits, c’est peu, très peu. Surtout quand vous attendez un enfant. Elle connaissait ses limites, et elle venait de les atteindre. J’avoue que j’aurais aimé parler avec elle. Mais je préférais qu’elle se repose. Nous n’avions que deux solutions. Soit elle était trop épuisée pour aller jusqu'à sa chambre, et dans ce cas là, elle pourrait dormir sur le sofa du salon. Soit…soit elle pouvait aller dormir dans sa chambre. Je resterais assis à ses côtés s’il le fallait. Si cela pouvait lui permettre de se reposer vraiment, j’étais prêt à me contenir des heures.

-Tu veux aller dormir dans ton lit ? Ou tu préfères dormir ici sur le sofa. J’irais chercher des couvertures.

J’attendais qu’elle me réponde quand soudain elle a sursauté et s’est écartée de moi d’un seul coup. Je n’ai pas eu le temps de lui demander si j’avais fait ou dit quelque chose de mal. Elle m’a regardé a nouveau avec un grand sourire.

« Le bébé... Je crois que... il...elle... elle a bougé ! Oh mon dieu, Ethan, elle a bougé ! »

J’ai écarquillé les yeux et ma forme a formé un grand O. Lena avait bougé ! Elle avait bougé !!! C’était merveilleux. Je me suis précipité sur Katarina en souriant largement.

-C’est vrai ? Elle a bougé ??

Bien sur idiot… Si Katarina m’avait dit qu’elle avait bougé, elle n’avait pas menti. Elle allait bien. Si elle avait bougé c’est qu’elle allait bien. Elle était déjà en pleine forme. Je ne pensais pas qu’elle bougerait si vite. Ma fille….

-Kat !!!C’est…c’est….c’est….

Je n’avais pas de mots aussi forts pour lui dire ce que je ressentais. Ce moment n’avait pas de mot assez fort. J’ai senti alors mes yeux s’embuer et une larme a commencé à glisser le long de ma joue. Sans vraiment réfléchir je me suis mis à genoux devant Katarina et j’ai posé mon visage contre son ventre en soulevant un peu son pull pour etre peau a peau avec Lena.

-Bonjour mon petit cœur. Tu viens de faire peur à Maman tu sais. Mais Maman et moi on est ravis que tu aies bougé. Tu vas bien hein mon petit cœur ?

Oh oui elle allait bien. Nous venions d’en avoir la preuve. J’espérais seulement qu’elle ne bouge pas trop fort pour ne pas faire trop mal à Katarina. Mais si elle avait mon caractère je doute qu’elle ne tienne en place.

Je ne pouvais pas m’empêcher de caresser le ventre de Katarina quand mon cerveau s’est remis à fonctionner normalement. J’ai relevé mes yeux vers elle et malgré les larmes qui coulaient le long de mes joues, je l’air regardé en rougissant.

-Je suis désolé Katarina, mais je suis tellement heureux. Je te demanderais maintenant… Excuse-moi j’avais promis…

Si je m'étais attendue à ça... Je savais que j'étais arrivée au moment où le bébé commence à bouger, mais j'étais loin de me douter, loin d'imaginer qu'il choisirait ce moment là pour bouger. Comme s'il avait attendu que je sois parfaitement détendue et apaisé avec Ethan. J'étais ravie. Un peu sous le choc mais ravie. Vraiment, je ne m'y étais pas attendue. Tellement qu'au lieu de rester sagement contre Ethan, j'ai fait un bon phénoménal en arrière. Enfin, phénoménal, façon de parler, vu mon état. Cela faisait vraiment un drôle d'effet. Maintenant, je me rendais pleinement compte des choses. Ce n'est pas que ce n'était pas le cas avant, mais là... C'était cent fois plus intense. Il y avait bien un bébé là dedans qui commençait à s'agiter. Mon bébé, notre bébé. C'était assez incroyable. Je n'aurais jamais pensé qu'Ethan et moi serions parents un jour. J'avoue qu'avec cette guerre et ce chaos, faire un enfant n'avait pas été dans mes priorités. Mais en fin de compte, cet enfant symbolisait beaucoup de choses. Et c'était peut-être même lui qui allait nous permettre d'avancer correctement. Si je n'avais pas été enceinte, je n'aurais pas pensé à secouer Ethan. Cela aurait certainement été une grossière erreur... Mais puisque cet enfant avait besoin de ses deux parents, j'avais fait ce que j'avais à faire. Et finalement, cela semblait porter ses fruits. Ethan allait nettement mieux. Il semblait devenir plus fort à mesure que moi je me fragilisais. La balance commençait enfin à s'équilibrer.

Ethan s'est avancé vers moi avec un grand sourire et je le lui ai rendu. C'était un événement tellement inattendu... Le bébé avait bougé, Lena avait bougé. J'avais attendu ça impatiemment. Si elle bougeait déjà à quatre mois, c'est qu'elle allait bien. Très bien même. Je me suis sentie légère et rassurée tout d'un coup. Enfin quelque chose de positif aujourd'hui. Si j'avais été plus en forme, j'aurais certainement sauté de joie. Mais puisque je ne pouvais pas, je me suis contentée de sourire. Je n'osais rien dire tellement j'étais contente. Et il n'y avait pas de mots. Ethan a bien essayé de dire quelque chose, mais il a fini par bafouiller. J'ai eu un petit rire. Cela faisait un moment que je ne m'étais pas sentie aussi bien. Voilà bien longtemps que je n'avais pas été sur mon petit nuage. Avec un peu de chance, je n'allais pas en redescendre trop vite. En revanche, je ne m'étais pas attendue à ce qu'Ethan soit ému aux larmes. Pendant une seconde je me suis demandée ce qui pouvait bien le faire pleurer, avant de comprendre que c'était l'émotion qui lui faisait cet effet là.

Je n'ai même pas pensé à bouger quand il s'est agenouillé pour poser sa tête contre mon ventre, en soulevant mon pull. J'étais trop heureuse pour opposer la moindre résistance ou pour penser à l'accord que nous avions passé. J'ai posé une main sur son épaule et l'autre sur sa tête, j'ai caressé doucement ses cheveux. Je n'étais plus du tout en colère et enfin la journée me paraissait un peu plus agréable. Avec un peu de chance cela continuerait dans ce sens. J'ai eu un petit soupir de bien être. Je serais bien restée des heures comme ça, avec lui. J'avais hâte que les choses aillent parfaitement bien, hâte que nous puissions enfin être réunis. Cette solitude me pesait de plus en plus. J'ai failli m'agenouiller à mon tour pour l'embrasser. J'ai dû réfréner cette envie très, très vite.

« Je crois même qu'elle va très bien. Mais si elle continue à gigoter comme ça, j'ai bien peur de ne pas pouvoir me reposer tant que ça. »

J'ai haussé les épaules en souriant. Pour le moment, même si elle bougeait, je ne le sentais que légèrement. Alors qu'à sept ou huit mois, je ressentirais le moindre de ses mouvements... Je n'avais plus qu'à espérer qu'elle veuille bien se reposer en même temps que moi. Ethan caressait toujours mon ventre, me faisant frissonner agréablement. Mon cœur s'est mis à battre un peu plus fort quand il a relevé ses yeux mouillés vers moi. Avec un petit sourire, j'ai essuyé les larmes qui coulaient sur ses joues. Même s'il pleurait de joie, je n'aimais pas le voir pleurer. Logiquement, c'était moi qui étais sous l'influence de mes hormones, moi qui devais pleurer. Mais vu qu'Ethan n'était pas du tout un garçon comme les autres... J'ai secoué la tête avec un sourire.

« Non... Non, ce n'est pas grave. Et puis, ce n'est pas comme si je n'avais pas fait la même chose...»

Après tout, je n'avais pas réfléchi non plus quand j'avais glissé mes mains sous son pull. Moi aussi j'avais simplement voulu le toucher, en toute innocence. Ou presque... Je me suis agenouillée à mon tour pour être à sa hauteur. Bon, je n'allais certainement pas pouvoir me relever... J'ai approché mon visage très près du sien et au dernier moment je me suis ravisée, et je me suis contentée de poser ma tête contre son épaule. Je me suis littéralement effondrée contre lui. J'ai passé un bras autour de lui et l'autre autour de sa taille. J'ai soupiré et j'ai fermé les yeux.

« Finalement, je veux bien dormir un moment... Mais seulement si tu me promets de rester avec moi. »

Katarina m’a souri. Le plus beau sourire du monde. Et il n’était adresse qu’à moi. Nous étions tous les deux dans une espèce de bulle d’intimité dans laquelle nous savions que personne ne pouvait rentrer. Nous vivions un moment vraiment magique. Nous allions être parents. Et notre enfant venait de bouger pour la première fois. Mais je ne pouvais m’empêcher de m’inquiéter pour Katarina et pour Lena.

« Je crois même qu'elle va très bien. Mais si elle continue à gigoter comme ça, j'ai bien peur de ne pas pouvoir me reposer tant que ça. »

Elle gigotait énormément déjà ? Au point que Katarina avait peur que Lena ne l’empêche de se reposer. J’ai commencé alors à me poser énormément de questions. Je n’y connaissais rien en matière de grossesse, de bébé et de tout ca. C’était la grande aventure pour moi. Pourquoi est ce qu’elle bougeait ? Est-ce qu’elle dormait ? Est-ce qu’elle bougerait tout le temps ?

Katarina allait se moquer de moi si je lui posais toutes ces questions. Mais il fallait que je sache, et que j’essaye de la rassurer Parce qu’elle semblait être un peu à cran en ce moment.

-Elle finira sans doute par dormir un peu tu sais….Enfin tu crois qu’elle dort aussi ? Même si elle est encore dans ton ventre…

Et j’ai commencé à me demander aussi si elle mangeait, et comment elle le faisait. Je sentais que j’allais devoir embêter Katarina souvent avec toutes mes questions. Je n’arrivais pas à me détacher de la contemplation de Katarina et de son ventre rebondi. C’était vrai que maintenant on ne pouvait pas manquer de remarquer qu’elle attendait un enfant. Elle n’avait pas pris beaucoup de poids, mais elle n’avait pris qu’à l’endroit ou se trouvait Lena, et elle avait bien entendu gagné en poitrine. Mais elle était toujours aussi fine. Je doutais vraiment qu’elle ne prenne beaucoup. Même si je l’aurais tout de même aimé avec 15 kilos de plus.

« Non... Non, ce n'est pas grave. Et puis, ce n'est pas comme si je n'avais pas fait la même chose...»

Elle m’a rassuré rapidement. Elle ne m’en voulait pas de m’être jeté à ses pieds et de l’avoir touché sans lui demander la permission ou de l’avertir. Oui tout a l’heure elle m’avait aussi touché et je n’avais rien dit. Je n’avais rien dit parce que j’étais trop heureux de sentir ses mains sur moi, de sentir ses doigts me caresser.

Elle s’est agenouillée à son tour et je ne l’ai pas quitté du regard. J’ai failli fermer les yeux quand elle a approché un peu son visage du mien. J’avais envie de l’embrasser. J’avais envie de lui dire que je l’aimais. Mais je n’osais pas. Ce n’était pas le moment. Le moment n’était pas prompt pour ça. Ce moment appartenait a notre vie de famille.

Elle m’a enlacé et nous avons fermé les yeux au même moment. C’était du pur bonheur. Rien d’autre n’existait.

« Finalement, je veux bien dormir un moment... Mais seulement si tu me promets de rester avec moi. »

Elle avait enfin sommeil. Et elle acceptait d’aller se reposer. Mais avec moi…Et ca je ne pouvais lui refuser. Parce qu’elle voulait, et parce que je voulais aussi. Je le voulais de toutes mes forces. Rien ne pouvait me faire plus plaisir. Elle m’acceptait enfin un peu plus dans sa vie. Alors il était hors de question que je fasse de bêtises. Je voulais la laisser venir à moi.

-D’accord je resterais avec toi. Tu auras la force d’aller jusque dans ta chambre ? Tu seras mieux dans ton lit que sur le sofa.

Je me suis alors relevé en lui tendant la main. Bien sur elle pouvait dormir sur le sofa, mais elle ne se reposerait pas longtemps. Dans la journée, le salon était rarement désert. Et pour une femme enceinte, un lit est l’endroit idéal pour se reposer. Alors je préférais vraiment qu’elle aille se reposer dans son lit. S’il le fallait, je la prendrais dans mes bras. Si elle acceptait bien sûr.

-Elle bouge encore là ? Elle ne te fait pas trop mal ?

J’ai aidé Katarina à se relever. Je me doutais qu’elle devait commencer à avoir du mal à se baisser et à se relever.

J'ai regardé Ethan avec un air légèrement étonné. Si le bébé dormait aussi ? Moi ça me paraissait tout à fait logique... En même temps, moi j'étais une femme et j'avais fait médecine.

« Je ne sais pas si on peut vraiment dire qu'elle dort, mais oui, elle se repose... Elle sera de plus en plus active au fur et à mesure qu'elle grandira. »

Pour moi c'était vraiment logique, naturel... Bon, il faut dire que j'avais passé des mois dans des bouquins de médecine et j'avais passé la plupart de mon temps au service de maternité quand j'étais encore interne à l'hôpital. C'était vraiment l'endroit que je préférais même si en général les jeunes mamans qu'on accueillait avaient des problèmes plus ou moins sérieux. Mais tout se finissait toujours bien. Ou presque. En ce qui me concernait, c'était le seul service ou je n'avais vu personne mourir. Peut-être que j'avais juste eu de la chance... J'avais passé un peu de temps en traumatologie et cela n'avait rien à voir. Là le taux de morts était nettement plus élevé. Je ne comptais plus les fois où j'avais eu envie de partir en courant. Ou les fois où j'avais eu envie de m'évanouir, tout simplement. Au moins là bas, ils ne s'ennuyaient pas... Pendant une seconde, ma vie d'avant m'a manqué. Avant on pouvait vraiment sauver les gens, peu importait ce qu'ils avaient... Aujourd'hui, la moindre petite maladie pouvait tuer n'importe qui. C'était assez inquiétant... J'allais certainement devoir m'éloigner de l'infirmerie pendant un moment. J'allais rapidement mettre au courant Mathilda. De toute façon, vu ma réaction de ce matin, elle avait dû se douter que j'allais pas supporter de l'assister encore très longtemps. Je culpabilisais. Ce n'était pas très correct de la laisser faire le travail toute seule... La communauté avait besoin de ses deux médecins...

Je crois que j'aurais vraiment été capable de m'endormir là, presque par terre, dans ses bras. Cela faisait vraiment des semaines que je ne m'étais pas sentie fatiguée à ce point là. Je crois même que je n'avais jamais été fatiguée à ce point là. C'était certainement une des conséquences de ma grossesse... Encore une. Décidément, la liste était plutôt longue... Finalement, je me suis rendue compte que je ne pouvais décemment pas m'endormir là, en plein milieu du salon, qui restait rarement inoccupé pendant la journée. Et puis ce n'était pas très confortable. J'ai eu un petit soupir quand Ethan m'a demandé si j'aurais la force d'aller jusqu'à ma chambre. Là, tout de suite ? J'avais l'impression que me jambes refuseraient de m'obéir si je décidais de me lever. Mais Ethan avait raison, je serais plus à l'aise dans mon lit et dans ma chambre plutôt que sur le sofa... J'ai eu un petit sourire quand il m'a demandé si le bébé bougeait encore et si elle me faisait mal.

« Non... Elle est encore trop petite pour bouger tout le temps. Elle ne peut pas encore me faire mal. J'imagine que je souffrirais un peu plus quand elle commencera à me mettre des coups de pied. »

Bon, autant l'avouer l'avouer tout de suite, je n'avais pas hâte qu'elle se mette à jouer au football dans mon ventre. Avec un peu de chance, elle serait sage et ne me réduirais pas en miettes de l'intérieur... J'étais bien contente qu'Ethan m'aide à me relever. J'ai levé les yeux vers lui. Je souriais et mes yeux pétillaient. C'était mieux qu'un merci. Bon, direction ma chambre. Je n'avais qu'une hâte, me jeter sur mon lit. Enfin, façon de parler. Je n'avais pas l'intention de secouer le bébé. Sinon là, il allait me mettre des coups de pied bien mérités. J'ai hésité une seconde avant de m'emparer de la main d'Ethan. Oh et puis après tout... Qu'est-ce que ça pouvait bien changer ? Je nous ai entrainés jusqu'à ma chambre. Arrivés devant la porte, j'ai eu un petit rire nerveux. J'avais presque peur que cette porte aussi résiste... J'ai lâché la main d'Ethan et ai ouvert la porte. J'ai cherché à tâtons la lumière. Si Ethan n'avait pas été là, je ne me serais pas embêtée et je me serais dirigée d'emblée vers mon lit. Pas cette fois... Je me suis passé une main dans les cheveux, avant d'aller m'asseoir sur le lit. Je devais osciller dangereusement vers mon oreiller...

« Tu ne comptes quand même pas rester debout j'espère ? Parce que j'ai l'intention de dormir un petit moment... »

Katarina a répondu a mes questions avec gentillesse et en souriant. Elle ne se moquait pas de moi, et j’appréciais. Non je n’y connaissais rien en bébé. Tout simplement parce que j’étais un homme, que je n’avais pas fait médecine non plus. Ca pouvait être macho mais c’était ainsi. Peut être aussi que je n’y connaissais rien parce que jusqu'à Katarina tout ca ne m’intéressait pas. Je ne m’étais pas assez projeté avec quelqu’un pour parler de tout ca, ou me renseigner.

« Je ne sais pas si on peut vraiment dire qu'elle dort, mais oui, elle se repose... Elle sera de plus en plus active au fur et à mesure qu'elle grandira. »

Et elle grandira rapidement. D’ailleurs mon plus grand regret était que nous ne possédions pas de machines capables de faire des échographies. J’aurais aimé la voir, voir comment elle évoluait et si tout allait bien. Bien sur elle venait de bouger mais quand même…

J’ai aidé Katarina à se relever, en la soutenant le plus possible. Elle avait déjà du mal à se relever…Il faudrait que je trouve un moyen de lui rendre la vie plus facile alors. Parce que bientôt je sentais que les gestes de la vie quotidienne seraient difficiles à elle d’exécuter. Et je ne voulais pas qu’elle prenne de risques. A commencer par la douche…Mais pour ça, je doutais qu’elle me laisse être là….Nous étions toujours sépares, quoiqu’on puisse en dire. Et ce moment est un moment des plus intimes. Alors il faudrait que je demande à Gabrielle par exemple. J’étais en pleine réflexion quand Katarina m’a surpris en train de la dévisager.

Elle m’a souri, et je n’ai pas pu m’empêcher de m’empourprer. Si elle savait ce a quoi je pensais, elle aurait sans doute tourné les talons et elle m’aurait laissé là. Mais là voir aussi belle, l’avoir touché, avoir caressé ses cheveux avaient réveillé en moi l’amour et le désir que j’avais pour elle.

« Non... Elle est encore trop petite pour bouger tout le temps. Elle ne peut pas encore me faire mal. J'imagine que je souffrirais un peu plus quand elle commencera à me mettre des coups de pied. »

Ha parce que plus elle grandirait, plus elle bougerait ? Bha oui idiot….Au bout d’un certain temps elle se sentirait sans doute à l’étroit. Et quand elle en aurait assez, elle viendrait au monde. J’avais tout bon là non ? En tout cas c’est la seule explication logique que je trouvais. J’ai senti mon cœur battre quand les yeux de Katarina se sont illuminés. Elle a pris ma main et elle m’a entrainé hors du salon. J’ai tenu fermement sa main. Je ne voulais plus la lâcher, je me sentais tellement bien. Comme si nous étions liés. Ce petit geste valait de l’or pour moi.

Nous sommes arrivés devant sa chambre et elle a lâché ma main. Je n’ai pas pu m’empêcher de soupirer, mais je doute qu’elle l’ait entendu. Je suis resté à l’embrasure de la porte alors qu’elle se dirigeait vers le lit. Je l’ai regardé s’asseoir. Mes yeux lui criaient sans doute mon amour. Je ne doutais pas qu’elle ait pu le voir. Pourtant je n’osais pas bouger de là ou j’étais. Comme si j’allais faire une bêtise. J’en avais fait tellement jusque là…

« Tu ne comptes quand même pas rester debout j'espère ? Parce que j'ai l'intention de dormir un petit moment... »

J’’ai alors secoué la tête. Je devais avoir l’air vraiment bête mais tant pis. Je me suis alors avancé un peu. Je n’avais pas refermé la porte, je n’y pensais même pas. J’avais encore très peur. Peur de ce que je pouvais faire, peur qu’elle me rejette. Mais j’essayais de dissimuler cette peur.

-Non ne t’inquiète pas je ne vais pas rester debout. Je vais aller chercher un fauteuil.

J’ai osé avancer vers elle et j’ai passé une main dans ses cheveux en passant prés de sa joue que j’ai caressée au passage avant de lui sourire.

-Allonge toi et installe toi, je reviens dans cinq minutes.

Si elle ne voulait pas que je reste debout, il fallait que j’aille chercher un fauteuil dans ma chambre. Au moins je serais bien installé. Je pourrais passer des heures à la regarder dormir, même en étant debout. Mais j’avoue qu’un fauteuil ce serait plus confortable.

J’ai anticipé sa remarque.

-Je reviens je te le promets.

On ne sait jamais… Je craignais qu’elle n’ait peur que je ne revienne pas. Je m’étais promis de ne plus partir sans au moins avoir la décence de lui dire. J’avais des obligations maintenant. Gabrielle me l’avait fait comprendre non ? Alors ca passait par là non ? Dire à Katarina la vérité.

Je me suis dépêché de prendre un fauteuil et je l’ai trimballé à travers le couloir, le poussant sur les 50 mètres qui séparaient nos deux chambres. J’ai croisé Riley qui m’a littéralement ignoré. Et c’était tant mieux. La porte était toujours ouverte quand je suis arrivé. J’ai poussé tant bien que mal le fauteuil à l’intérieur et j’ai refermé la porte sans hésiter.

-Tu vois je suis revenu.

J’ai enfin tourné mon regard vers elle. Et je l’ai vu encore assise sur le bord du lit. Oui elle m’avait attendu. Mais j’aurais quand même pensé qu’elle se serait mise à l’aise et qu’elle serait allongée. Ce n’était pas raisonnable. Elle tombait de sommeil !!

-Kat qu’est ce que tu fais encore debout ? Tu as besoin de repos !!! Tu tombes de sommeil. Il ne fallait pas m’attendre. Je t’avais promis de revenir.

J’ai poussé le fauteuil jusqu'au lit et j’ai déposé un baiser sur le sommet de son crane, en m’y attardant quelque peu tout de même.

-Je ne veux pas entendre de mais. Laisse-moi prendre soin de toi maintenant. Allez couche-toi !

Je suis restée là à le regarder, les deux mains posées sur mon ventre. J'attendais qu'il bouge, qu'il fasse quelque chose... Il n'allait quand même rester debout là à attendre que je tombe de sommeil ! Il en aurait bien été capable... Il aurait suffi que je lui dise de ne pas bouger de là et il serait resté là comme un imbécile. Alors dans le doute, je lui ai demandé s'il avait l'intention de rester planté là a attendre. C'eût été stupide... J'ai eu un petit sourire quand il m'a dit qu'il allait aller chercher un fauteuil. En effet, ce serait mieux pour lui. Il n'y avait même pas de chaise dans ma chambre. De toute façon je n'y étais que pour dormir, le reste du temps je le passais à l'infirmerie ou ailleurs. Mais pas dans ma chambre. J'ai levé les yeux vers lui quand il a caressé mes cheveux et ma joue. J'ai eu un sourire, qui devait davantage ressembler à une grimace tant j'étais épuisée. Il m'a dit de m'allonger. Oui, c'est ce que j'allais faire... Quand il serait revenu. J'avais toujours cette peur insensée qui me disait qu'il risquait de ne pas revenir. Il l'a sans doute vu, car il s'est senti obligé de me rassurer. Il allait revenir. J'ai fermé les yeux en soupirant. J'avais l'impression que je n'avais pas dormi depuis des semaines... Alors que cela ne faisait que deux jours. Deux jours seulement...

J'ai sursauté quand il est revenu. Déjà ? J'ai rouvert les yeux. Il avait carrément trainé un fauteuil depuis sa chambre. Je n'ai pas pu m'empêcher de sourire doucement. Par contre, j'ai dû faire une drôle de tête quand il m'a réprimandé parce que j'étais encore debout. La vérité c'est que je n'avais pas vraiment réalisé que je l'avais attendu. J'avais l'impression d'avoir simplement attendu une seconde. Il faut croire que ma perception du temps était légèrement... décalée. J'ai eu une grimace. Il a poussé le fauteuil jusqu'à mon lit, avant de déposer un baiser sur ma tête. J'ai eu un petit soupir. J'ai attendu qu'il soit assis pour me lever. Il m'a jeté un coup d'œil réprobateur, et je me suis contentée de hausser les épaules doucement.

« Je veux juste me mettre à l'aise pour dormir... »

Et avec des gestes assez lents, j'ai retiré mon pull et ensuite mon jean. Je me suis retrouvée en sous vêtements. Mais très franchement, je ne pensais pas à mal. Tout ce que je voulais c'est me sentir parfaitement bien pour dormir. J'étais certainement folle de me déshabiller en face de lui, mais je n'y songeais même pas. C'était comme tout à l'heure, quand j'avais passé mes mains sous son pull. Tout ce que je voulais, c'était sentir la chaleur de sa peau sous mes doigts, pour me rassurer, pour m'apaiser. Mais en y repensant, il n'avait peut-être pas vu les choses de la même façon... Il faut dire que mon esprit était un peu brumeux... Je me suis plantée en face du lit, avant de me décider à soulever la couette. Je me suis glissée dessous lentement, frissonnant légèrement à cause de la fraicheur des draps. J'ai ramené mes jambes contre ma mon ventre, sur lequel j'ai posé une main protectrice. J'ai lancé un regard à Ethan, qui me regardait depuis son fauteuil.

« Tu es sûr de vouloir rester sur ce fauteuil ? »

Et un sous entendu, un... Malheureusement, Ethan n'avait jamais été très doué avec les sous entendus. Forcément, il m'a regardé avec un air de poisson rouge choqué. J'ai soupiré franchement, avant de me tourner face au mur en me pelotonnant sous la couette.

« Imbécile... »

Je ne sais pas si j'avais parlé assez fort pour qu'il m'entende. Je venais de lui dire implicitement que je voulais qu'il vienne avec moi, mais visiblement il n'avait pas compris. Tant pis pour lui. J'ai soupiré et j'ai essayé de me laisser aller, de ne penser à rien. Mais ce n'était pas facile. Toutes mes pensées me ramenaient à Ethan, qui était juste là me regarder, à veiller sur moi, et par extension sur notre enfant. Ça me faisait du bien de savoir qu'il était là. Si proche et si loin à la fois... Je ne sais pas trop pendant combien de temps j'ai cherché le sommeil, désespérément. Je n'y arrivais pas. J'étais complètement épuisée, mais je n'y arrivais pas. J'étais à deux doigts de craquer nerveusement tellement j'étais fatiguée. Finalement, je me suis redressée d'un coup et je me suis assise, avant d'écarter la couette. Je lui ai jeté un regard très implicite cette fois.

« Viens avec moi s'il te plait. Je n'arrive pas à dormir en te sachant si près de moi... S'il te plait. Je veux juste dormir un peu. »

Katarina semblait dormir debout comme dit l’expression populaire. Subitement, elle paraissait plus blanche et frêle que jamais. J’avais l’impression qu’elle pourrait se briser si j’étais trop brusque. Je l’ai regardé se déshabiller lentement sans rien dire.

« Je veux juste me mettre à l'aise pour dormir... »

J’étais littéralement subjugué par la lenteur de ses gestes, par son corps. J’avais l’impression de le voir pour la première fois. Mais je le voyais pour la première fois. Elle avait changé depuis qu’elle était enceinte. Quand elle était habillée, on voyait bien son petit ventre rebondi. Mais la en sous vêtements c’était différent. Sa poitrine autrefois menue, remplissait maintenant totalement son soutien gorge, ses hanches s’étaient développés et son ventre était désormais celui d’une femme enceinte. J’étais époustouflé tellement je la trouvais belle. Je la désirais bien sur, mais je savais que je n’avais pas le droit de toucher et puis je commençais à la sacraliser. Elle n’était plus la femme que j’aimais, elle portait la vie…

J’ai du paraitre idiot, je bavais presque face à son corps. Et le désir a commencé à monter en moi. Mais je sentais que ce n’était plus pareil. Je n’avais jamais non plus pensé à elle vulgairement, loin de là. Mais là je sentais qu’il venait d’y avoir une dimension supplémentaire. Comment pouvait-elle penser qu’elle n’était plus désirable ?

J’ai refermé lentement la bouche en secouant un peu la tête. Oui qu’elle se mette a l’aise pour dormir je comprenais. Je savais que Katarina aimait dormir nue…ou alors simplement vêtue d’un tee shirt.

Elle s’est glissé sous les draps et là mon cœur a recommencé a battre normalement. Jusque là mon rythme cardiaque semblait erratique. Elle m’a sorti de ma torpeur en me demandant si j’étais sur de vouloir rester sur le fauteuil.

Je l’ai regardé sans savoir quoi dire. Si je voulais rester sur le fauteuil, heu….. Disons que si elle ne voulait pas que je reste debout, je ne voyais pas d’autre endroit adéquat pour la veiller. Elle s’est retrouvée vivement après un long soupir assez sonore et je l’ai entendu grommeler quelque chose, mais je n’ai pas réussi à entendre ce qu’elle disait.

Alors je suis resté là à la regarder essayer de dormir. Et j’ai commencé à m’installer confortablement au fond du fauteuil. Elle allait surement se reposer pendant plusieurs heures, autant que je trouve une position confortable. Et puis je finirais sans doute par trouver le sommeil moi aussi. Je me sentais apaisé en la sachant prés de moi. Comme si savoir qu’elle dormait, et qu’elle allait bien me rassurait. Notre fille allait bien aussi. Alors je pouvais relâcher la pression comme dirait l’autre. Je sentais mes yeux papillonner. Finalement j’étais aussi épuisé que Kat.

J’ai sursauté quand Katarina s’est soudain assise dans son lit et m’a regardé.

« Viens avec moi s'il te plait. Je n'arrive pas à dormir en te sachant si près de moi... S'il te plait. Je veux juste dormir un peu. »

Elle avait une toute petite voix. Et j’ai craqué. Elle avait besoin de ma présence contre elle. C’était elle qui avait besoin de moi. J’étais sous le coup de l’émotion. Je ne pensais pas qu’elle avait besoin de moi comme ça. Et j’avoue que cela mettait du baume en cœur.

-D’a… D’accord.

Je n’avais pu que balbutier. Ma voix semblait étranglée. Je me suis levé et j’ai repoussé le fauteuil. Et j’ai commencé à me déshabiller. Je me retenais de tout envoyer valser dans la chambre. Je ne voulais pas que Katarina pense que je n’attendais que ca. J’ai retiré mes chaussures et mes chaussettes. Et puis j’ai retiré mon pull et mon tee shirt. Mais je n’avais pas l’audace de retirer mon jean. J’avais vraiment peur qu’elle le prenne mal. Qu’elle se méprenne sur mes intentions.

Je me suis alors moi aussi glissé dans les draps et j’ai rabattu les couvertures sur moi.

-Viens dans mes bras Kat.

J’avais envie de la prendre dans mes bras. Et puis c’est ce qu’elle semblait vouloir aussi. J’ai refermé les bras sur elle quand elle s’est blottie contre moi et j’ai dépose un baiser sur sa tempe en plaçant une main sur son ventre, prés de Lena.

-Dormez bien mes deux amours. Je vous aime…

Voilà que je me retrouvais à le supplier de me rejoindre dans mon lit... Quelques semaines avant, il n'aurait certainement pas vu les choses de cette façon, et moi non plus. Mais là c'était différent. Tout ce que je voulais, c'était l'avoir près de moi pour pouvoir dormir sereinement, autant que possible. J'en avais vraiment besoin. C'était tout ce que je voulais pour le moment. Avec Ethan, bien évidemment. Décidément, je ne dormais bien qu'avec lui... Même si cette fois, je voulais que les rôles soient inversés. Je n'avais plus envie d'être là à veiller sur lui... Je voulais qu'il me prenne dans ses bras, qu'il soit là pour veiller sur moi. J'étais recroquevillée sur moi même en attendant qu'il décide ou non de me rejoindre. Puisqu'il n'avait pas vraiment compris mon sous entendu de tout à l'heure, j'avais dû lui dire ce que je voulais clairement. Lui, avec moi, dans ce lit... Je n'allais pas lui faire un dessin non plus ! J'ai posé ma tête sur mes genoux en attendant qu'il se décide. J'ai eu un petit sourire quand il a balbutié un petit « d'accord » timide. Je me disais que pour certaines choses, il ne changerait jamais et resterait le même. Ce qui était très bien. Je ne voulais pas qu'il change, qu'il devienne quelqu'un d'autre. Tout ce que je voulais, c'était qu'il devienne un peu plus fort.

Mes yeux ont dû s'écarquiller légèrement quand il a retiré ses vêtements. Bon, pour le coup je regrettais de ne pas être un peu plus réveillée. Il avait vraiment pris du muscle. Et pas qu'un petit peu. Il n'avait plus rien à voir avec l'homme affaibli et maigre que j'avais relevé et porté à bout de bras. Même si je l'avais toujours trouvé très beau, là je devais bien avouer qu'il était... époustouflant. Je me suis légèrement décalée sur le côté quand il s'est glissé dans le lit. Je me suis rallongée presque immédiatement. Je n'avais qu'une hâte, me blottir contre lui, me sentir protégée dans ses bras. Je ne me suis pas faite prier quand il m'a dit de venir dans ses bras. Je me suis glissée jusqu'à lui. Il a refermé ses bras autour de moi et j'ai eu un petit soupir de contentement en sentant sa peau tiède contre la mienne. Il a déposé un baiser sur ma tempe et j'ai souri. Il a posé sa main sur mon ventre et j'ai posé ma main sur la sienne. En nous découvrant ainsi, qui se serait douté que nous n'étions même plus censés être ensemble ? C'était incroyable, inconcevable...

« Moi aussi je t'aime... »

Alors ça, c'était vraiment sorti tout seul. Et je ne m'en étais même pas rendue compte. Essayez donc d'avoir des pensées cohérentes quand vous êtes à deux doigts de vous endormir. Je crois que je ne réalisais plus les choses correctement. Pour moi, qu'il soit là avec moi, c'était parfaitement logique. Alors que cela faisait des semaines, presque des mois que nous n'avions pas dormi ensemble... La dernière fois que nous avions dormi ensemble, c'était il y a plus d'un mois... J'avais vraiment l'impression que le temps passait trop vite... ou pas assez, selon les moments. Au bout d'un petit moment, je me suis retournée et je suis allée poser ma tête contre lui. J'ai passé un bras autour de lui tout doucement, sans un mot. Et je me suis probablement endormie tout de suite après. Je crois que je ne m'étais jamais endormie aussi vite de toute ma vie... Quand j'ai rouvert les yeux, longtemps après les avoir fermés, je me suis sentie beaucoup mieux, quoiqu'encore fatiguée. Ethan n'avait pas bougé d'un millimètre, ses bras étaient toujours passés autour de moi, protecteurs. Je n'ai pas cherché à m'échapper de ses bras. Au contraire, je me serrée un peu plus contre lui. Je n'aurais voulu bouger pour rien au monde, au chaud dans ses bras et sous les couvertures.

J'ai somnolé un long moment, bercée par la respiration lente et régulière d'Ethan. Je me reposais vraiment, enfin. J'avais l'impression de revivre. De temps en temps, je sentais le bébé s'agiter tout doucement. Au bout d'un moment, j'ai cherché à m'écarter un petit peu pour pouvoir m'étirer un peu. J'étais toute ankylosée... Mais pas moyen. Ethan me tenait fermement. Cela m'a fait sourire... J'ai tourné la tête et j'ai plissé les yeux dans la pénombre pour essayer de lire l'heure sur la pendule. Il était... Neuf heures du soir. Nous nous étions endormis en milieu d'après midi. Finalement, nous n'avions pas dormi tant que cela. J'allais devoir me débrouiller pour le garder avec moi toute la nuit si je voulais pouvoir dormir aussi profondément... Je me suis redressée légèrement, pour le regarder dormir un petit moment. Je fondais littéralement... J'ai caressé sa joue tout doucement. Puis j'ai glissé une main dans ses cheveux. Je l'avoue, je profitais qu'il soit endormi pour me permettre de tels gestes. Et j'hésitais à le réveiller. Il avait l'air tellement serein... Mais peut-être que je pouvais le réveiller tout en douceur ? Même si nous allions certainement nous rendormir, rien ne nous empêchait de partager un petit moment tous les deux. Cela ne nous était pas arrivé depuis tellement longtemps... J'ai approché mon visage du sien et j'ai posé mes lèvres sur les siennes tout doucement. J'avais très, très envie de l'embrasser... Alors je l'a fait, murmurant doucement son prénom pour le tirer de son sommeil.

« Ethan... Réveille toi... »

J’ai du avec un grand sourire idiot quand j’ai entendu Katarina me dire qu’elle m’aimait aussi. A moins qu’elle n’ait dit ça pour Lena finalement…. De toute façon je voulais penser qu’elle me le dise à moi. Je voulais croire encore en notre amour. Je croyais au mien, mais j’avais parfois des doutes concernant celui de Katarina. Même si j’en doutais beaucoup moins depuis que nous avions eu une grande conversation tous les deux.

Heureusement qu’elle avait fini par me dire ce qu’elle attendait de moi. Heureusement que Gabrielle aussi m’avait remis sur les rails. Depuis je n’avais rien demandé a personne. J’avais essayé de toutes mes forces. Parce que c’est ce qu’on attendait de moi, et parce que c’est ce qu’il fallait que je fasse.

Katarina était dans mes bras et subitement elle a fait volte face et s’est blottie contre moi, en posant sa tête sur mon torse. Sa peau contre la mienne était tout ce que j’aimais le plus au monde. Elle a passé un bras autour de moi pour se coller un peu plus et j’ai resserré un peu plus mon étreinte. Et lentement je me suis senti sombrer dans le sommeil.

Je n’ai pas fait de cauchemars. Depuis quand je n’avais pas eu un sommeil aussi paisible ? Des jours et des jours. J’ai même rêvé de ce que serait notre vie à trois. Je nous voyais tous les trois heureux. Je voyais Lena dans le berceau dans lequel j’avais grandi, et je ne vous voyais Katarina et moi penchés au dessus de Lena en la regardant nous sourire et nous tendre les bras.

J’aurais grogné si je ne m’étais pas rendu compte que Katarina m’embrassait en me murmurant tendrement de me réveiller. J’ai cru pendant un moment que je rêvais encore. Comme si le rêve était trop beau pour être vrai. Mais elle insistait, alors j’ai fini par admettre que je ne rêvais pas. J’étais bien avec Katarina dans son lit, et elle m’embrassait bel et bien tendrement.

J’ai feint pendant un moment de ne pas me réveiller avant d’approfondir le baiser. J’ai passé une main sur sa nuque et je me suis laissé à l’embrasser. J’ai fini par mettre fin au baiser, ne serait ce que pour reprendre mon souffle.

-Bonjour mon ange.

Je lui ai souri avant de me redresser et de m’asseoir dans son lit en prenant Katarina dans mes bras. Je caressais ses cheveux tendrement d’une main. J’ai jeté un coup d’œil à la pendule. Nous n’avions pas dormi des heures comme je le pensais. Mais notre sommeil avait été réparateur apparemment.

-Tu as bien dormi ? Tu es assez reposée ? Tu veux quelque chose ?

Et là mon ventre à commencé à grouiller. Moi j’avais faim au moins. J’ai grimacé en signe d’excuses. J’étais un homme et j’avoue que j’avais souvent faim. Depuis que tout semblait être redevenu assez bien entre nous, je reprenais mes vieilles habitudes. Comme quand mes parents étaient encore de ce monde.

Et je me suis souvenu brutalement de la situation actuelle. Mes parents…ils étaient morts… Je commençais seulement à arriver à vivre sans eux. Enfin ce n’était pas vraiment ça, c’était plus que je commençais à accepter leur mort. Et je redevenais petit à petit celui que j’avais été avant leur mort. Celui que j’étais parfois. Celui que Katarina semblait aimer. Mais j’avais encore besoin de temps… Je savais que je ne m’étais pas encore réconcilié avec mon passé. Quand j’aurai fait la paix avec lui, là je pourrais dire que j’allais mieux et que je pourrais m’assumer. Je savais que j’étais sur la bonne voie, mais j’avais encore du chemin à parcourir Et je ne voulais pas que Katarina puisse en souffrir.

-Je…Je….Je sais pas trop comment dire ça….Je me sens vraiment bien là. Pourtant je sais que j’ai encore besoin de temps pour assumer. Je ne veux pas qu’on se précipite simplement parce qu’on a dormi ensemble.

J’espérais vraiment qu’elle ne le prenne pas mal. Je l’aimais toujours. Nous venions de dormir ensemble et je l’avais embrassé. Avant j’en aurais profité pour me dire que nous nous étions remis ensemble. Mais là, je savais que ce n’était pas suffisant.

-Ca n’empêche pas que je t’aime Katarina d’accord ? Mais j’ai besoin de ce temps pour moi.

J'avais repris tous mes esprits, et j'étais pourtant bel et bien là à embrasser Ethan pour le réveiller. Si je ne l'avais pas réveillé de cette façon, j'aurais certainement réussi à culpabiliser. Il avait l'air de dormir tellement bien... Je me suis demandée depuis combien de temps cela ne lui était pas arrivé. L'Ethan que j'avais connu avait toujours eu un sommeil léger, perturbé par de nombreux cauchemars. Là, il avait simplement l'air d'aller bien... J'ai été un peu surprise quand il a glissé sa main derrière ma nuque avant de répondre à mon baiser. Le petit malin, il avait fait semblant de dormir encore pour en profiter... Il m'a embrassé et son baiser m'a fait frissonner. Si nous avions été un couple comme les autres, cela aurait pu ressembler à un "matin comme les autres". Sauf que nous n'étions pas comme les autres... Des réveils comme ça, il n'y en avait pas souvent. Alors j'ai profité de ce baiser et de cet instant de paix jusqu'à ce qu'il mette fin au baiser, à mon plus grand désespoir. J'ai eu un petit soupir et j'ai eu un sourire. Un grand et beau sourire sincère. J'ai glissé ma main sur sa joue et je l'ai caressée tendrement. Je me sentais merveilleusement bien. Sereine et apaisée. Je me suis étirée doucement, avant qu'Ethan ne se redresse en me prenant dans ses bras. Je me suis légèrement repliée sur moi même avant de passer un bras autour de son cou. J'ai eu un petit soupir de contentement quand il a commencé à caresser mes cheveux.

J'ai hoché la tête. Oh oui, j'avais merveilleusement bien dormi. Et j'étais reposée. Peut-être pas assez, mais je me sentais beaucoup mieux que tout à l'heure. Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas laissée aller au sommeil comme ça. Je m'étais certainement sentie très à l'abri dans ses bras. Je ne sais pas si cela m'étais déjà arrivé avant, avec lui. Cela me faisait un drôle d'effet. Enfin, les rôles étaient inversés... J'ai fait mine de réfléchir une seconde quand il m'a demandé si j'avais envie de quelque chose. J'ai relevé les yeux vers lui.

« Je veux simplement rester là avec toi... En revanche, toi tu devrais peut-être aller manger quelque chose. »

J'ai eu un petit rire devant sa petite grimace. J'ai posé ma tête contre lui. La dernière fois que nous avions dormi ensemble, cela ne s'était absolument pas bien terminé. Parce que la dernière fois, nous avions fait des erreurs tous les deux. De grossières erreurs. Et nous nous étions disputés. Pas cette fois ci. J'avais simplement piqué une petite crise parce que j'étais fatiguée. Mais là, il avait su gérer ma crise calmement. Il avait pris soin de moi. Il prenait encore soin de moi. Peut-être avait-il enfin compris que j'étais fragile, depuis que j'étais enceinte. D'autant plus que cela se voyait bien maintenant. Moi même j'avais pris conscience de cette fragilité. Ma grossesse me rendait beaucoup plus sensible, plus émotive. Et physiquement, j'allais devoir faire attention. Et me ménager davantage, même si je le faisais déjà. Je devrais certainement faire plus attention encore. J'allais devoir penser à me reposer, à abandonner les tâches trop physiques... Et si je ne le faisais pas, Ethan m'y forcerait très certainement. Il m'empêcherait de prendre le moindre risque. De toute façon, je n'avais pas l'intention d'en prendre. Je m'en voudrais trop de mettre la vie du bébé en danger.

J'ai eu une petite grimace, qui s'est rapidement transformée en sourire malgré ce qu'Ethan me disait. Enfin, il avait compris les choses. Il avait compris qu'il avait besoin de temps loin de moi, loin de nous, pour pouvoir s'assumer. Mais il avait déjà fait une bonne partie du travail. Je me suis redressée pour pouvoir le regarder droit dans les yeux.

« Moi non plus, je ne suis pas encore prête à vraiment remettre notre histoire sur les rails. Nous avons encore besoin de temps tous les deux. Disons simplement que cette nuit ne sera qu'une parenthèse, pour que nous puissions tous les deux nous reposer un peu. »

J'ai de nouveau posé ma tête contre son épaule et j'ai déposé un baiser dans son cou avant de passer mes bras autour de lui.

« En tout cas, je suis contente, tu as l'air d'aller nettement mieux. Je dois t'avouer que je suis moins inquiète pour ta santé depuis que tu as repris du poids. Et puis tu as recommencé à sourire... »

C'était tout juste si je m'étais abstenue de lui dire qu'il était vraiment plus séduisant et beaucoup plus désirable comme ça. Mais quelque chose me disait que ce n'était pas vraiment le moment...

Si les autres nous voyaient je suis persuadé que la plupart dirait qu’il fallait que nous sachions un peu ce que nous voulions. C’est vrai qu’en apparence notre couple pouvait passer pour une histoire digne de deux girouettes. Mais nos proches savaient qu’il n’en était rien. Nous étions vraiment amoureux l’un de l’autre Le seul problème que nous avions c’est que nous nous étions perdus. Lena nous réunissait. Parce qu’elle était le fruit de cet amour. Et puis après tout, nous nous fichions pas mal de ce que pouvaient en penser les autres. Tout ce qui nous importait c’était de nous sentir bien. Et visiblement là c’était le cas.

« Je veux simplement rester là avec toi... En revanche, toi tu devrais peut-être aller manger quelque chose. »

Oui je devrais peut être allé manger. Mais j’avais du mal à me détacher d’elle. J’étais tellement bien avec elle que je savais que ce serait un peu comme un déchirement de quitter ses bras. Je me suis alors dit que je pourrais lui proposer d’aller manger ensemble. J’avais envie que ce moment de bien être et de complicité perdure encore un peu.

-Non il faut que tu manges aussi… On va aller manger tous les deux. Vu l’heure tout le monde aura fini de manger, mais je peux te faire ce que tu veux. Dis-moi et je te le ferais.

Maintenant qu’elle était enceinte, elle ne pouvait pas sauter de repas. Elle savait pourtant que je ne la laisserais pas faire. Au contraire je m’assurais toujours qu’elle ait à manger. Et je veillais scrupuleusement a ce qu’elle prenne des collations aussi. J’en avais parlé avec Mathilda et elle veillait aussi à l’apport alimentaire de Katarina. Il n’était pas question que Lena manque de quoi que ce soit, déjà qu’on ne pouvait pas vérifier si elle allait bien…

Mais c’est vrai que du coup on avait raté l’heure du repas. Je pensais même qu’on ne trouverait plus personne ni à la cuisine, ni dans la salle a manger. Il y avait des règles dans la communauté. Règles qui bien entendu étaient plus que normales. Il y avait deux services oui…. Mais deux services seulement parce qu’on faisait manger les enfants avant. Ainsi on pouvait les coucher et manger ensuite. Et en général le moment du repas était aussi le moment où tout le monde se précipitait pour nous demander tout un tas de choses. Alexander m’en voudrait certainement un peu de ne pas avoir été là, mais je savais qu’il comprendrait.

Aucune chance qu’il reste de quoi manger, il faudrait se débrouiller et se faire un petit quelque chose avec les moyens du bord. Tout était en général assez fractionné pour que nous puissions avoir assez. J’avoue que parfois c’était assez énervant. Surtout depuis que j’avais a nouveau un appétit d’ogre…

J’ai préféré mettre les choses au clair avec Katarina et elle a semblé comprendre et approuver. J’étais soulagé.

« Moi non plus, je ne suis pas encore prête à vraiment remettre notre histoire sur les rails. Nous avons encore besoin de temps tous les deux. Disons simplement que cette nuit ne sera qu'une parenthèse, pour que nous puissions tous les deux nous reposer un peu. »

Elle a posé sa tête contre mon épaule et en a profite pour m’embrasser dans le cou et m’enlacer. J’ai alors posé ma tête au dessus de la sienne en essayant de comprendre ce qu’elle venait de me dire. Je ne rêvais pas hein ? Elle venait bien de me proposer de dormir ensemble cette nuit ? J’avais vraiment besoin de clarifier les choses. En espérant ne pas briser cette harmonie naissante entre nous

-Cette nuit ? Mais il n’est que neuf heures du soir Kat….A moins que….que ….que tu veuilles qu’on dorme ensemble cette nuit. Je te promets de ne pas en profiter, mais j’aimerais beaucoup. Je n’ai pas dormi aussi bien depuis longtemps.

Ce n’est pas parce que mes cauchemars étaient moins fréquents que je dormais comme un bébé. Mon sommeil était aussi léger, et je dormais toujours à peine cinq heures par nuit. Mais au moins je dormais, et jusque là ca me satisfaisait. Mais je ne m’étais pas senti aussi reposé depuis cette fin d’après midi. J’avais dormi à peine quatre heures, mais je m’étais vraiment reposé. J’avais l’impression d’avoir dormi plus du double. Pas de cauchemars, un sommeil réparateur, et j’avais même fait un rêve magnifique.

Je devais vraiment sourire comme un bienheureux, mais c’était ce que j’étais non ?!

« En tout cas, je suis contente, tu as l'air d'aller nettement mieux. Je dois t'avouer que je suis moins inquiète pour ta santé depuis que tu as repris du poids. Et puis tu as recommencé à sourire... »

Ha… ca ne lui avait pas échappé. Oui forcément je m’étais mis deux ou trois torse nu devant elle. Elle avait du remarquer que j’avais pris un peu de poids, et que je ressemblais moins a un cadavre ambulant. Mais je n’aimais toujours pas mon corps. Disons plutôt que c’est lorsque mon regard se posait sur mes bras que j’avais envie de détourner le regard. Mes veines étaient explosées, j’avais vraiment foutu en l’air tout mon capital veineux. C’était d’ailleurs pour ça que j’affectionnais particulièrement les tee shirts a manche longues. Au moins, personne ne remarquait ce que j’avais été, et je n’avais pas à me sentir gêné ou de ressentir le besoin de me justifier.

-Oui je vais un peu mieux. Disons que j’essaie de faire en sorte que mes parents soient fiers de moi s’ils peuvent me regarder de là haut, et je veux que tu sois fière de porter mon enfant, et je veux que Lena ait la même chance que moi d’avoir un père solide et sur lequel on puisse compter.

C’était vraiment ce qui me motivait le plus finalement… Que Lena puisse avoir la chance d’avoir des parents capable de tout lui donner. Les choses ne seraient pas faciles, nous ne pouvions compter que sur nous même pour faire le bonheur de notre enfant. Alors nous n’avions pas le choix…Nous ne pouvions pas la rendre heureuse si nous ne l’étions pas nous même.

Et puis j’allais mieux parce que j’acceptais peu à peu la mort de mes parents. Je n’en voulais plus à personne. Je ne m’en voulais plus surtout. C’était sans doute pour ca que je m’étais enfermé sur moi-même et que j’avais sombré dans la drogue. J’arrivais aussi enfin à me réconcilier avec mon passé. Bien sur je regrettais certains de mes actes, mais maintenant je les acceptais. Ils faisaient partie de moi. Mais ils ne me hantaient plus.

-De toute façon que je le veuille ou non, mes parents sont morts….Il faut juste que je l’accepte. Ce que j’ai encore du mal à accepter c’est d’avoir mis tant de choses sur toi . Je ne m’en rendais pas compte, j’ai vraiment été aveugle.
C’était vraiment inhumain ce que j’avais fait…Comment avais je pu faire ca ? Katarina ne pouvait pas être ma petite amie, ma mère, ma compagne, ma sœur, ma confidente. Elle ne pouvait pas assumer tout ces rôles. Je lui en avais trop demandé…. Il fallait juste qu’elle ait deux rôles maintenant : celui de compagne et de mère de famille. Mais elle ne devait être QUE ma compagne.

« Il faut que tu manges aussi. » J'aurais dû la voir venir de loin celle là. Mais j'étais un petit peu naïve, moi aussi. À quoi est-ce que je m'attendait en lui demandant d'aller manger quelque chose tout seul ? C'était moi la femme enceinte dans l'histoire. Lui, s'il sautait un repas, cela ne serait pas trop grave... Moi, je pouvais aussi bien tomber dans les pommes parce que je n'avais pas mangé. Ce ne serait pas très raisonnable, n'est-ce pas ? Le problème, c'est que je n'avais envie de rien manger. Je me forçais, oui, mais du coup les repas c'était comme une torture que je repoussais autant que possible, ou jusqu'à ce que quelqu'un me colle devant mon assiette. Il y avait toujours quelqu'un derrière moi, à me surveiller. D'un côté, c'était rassurant. Mais parfois c'était vraiment... casse pieds. C'était un miracle que je n'ai encore envoyé personne voir ailleurs si j'y étais. Cela viendrait... Juste le temps que mes hormones commencent à jouer aux montagnes russes...

« Je veux quelque chose qui n'ait aucun goût, aucune odeur et que je ne risque pas de vomir... Même pour toi, je pense que c'est un peu mission impossible. »

C'était tout de suite beaucoup moins facile de se mettre à table quand la moindre petite chose vous donnait envie de partir en courant vers la salle de bain. La seule chose dont j'avais envie, c'était la seule chose introuvable en hiver, dans un New York dévasté et enneigé à n'en plus pouvoir. Des fruits. J'avais envie de fruits. Avant, on aurait pu trouver des cerises en plein mois de décembre. Quand la ville était encore debout, New York était le paradis des femmes enceintes. On trouvait de tout, n'importe où et à n'importe quelle heure. Aujourd'hui, c'était un petit peu plus compliqué. J'allais devoir me contenter de ce que nous avions. De quoi me mettre au supplice. Enfin, pour le moment, le supplice c'était plutôt les repas. Je priais pour retrouver un appétit normal ou pour au moins ne pas avoir de nausées en santant des odeurs de nourriture. C'était assez insupportable. Au moins, il y en avait une qui me comprenait : Gabrielle. Elle était passé par là elle aussi, et elle me soutenait. Ah et elle m'avait donné ses vêtements de grossesse... Ils me seraient bien utiles, parce qu'à ce rythme là, j'allais finir par ne plus rentrer dans aucun des miens. C'était déprimant.

J'ai eu un petit sourire. Oui, je voulais que nous dormions ensemble cette nuit. Et très franchement, je ne pensais pas à mal. Tout ce que je voulais c'était avoir une nuit tranquille. Dormir cinq heures en deux jours quand on est enceinte, ce n'est pas assez, loin de là... C'est peu, bien trop peu. Je ne tiendrais jamais à ce rythme là. J'avais tout fait de travers aujourd'hui et c'était peut-être parce que j'étais trop fatiguée pour faire les choses correctement. Et là, j'avais à peine rattrapé quelques heures de sommeil. Il me fallait rattraper le double, voire le triple. J'avais besoin d'Ethan pour dormir tranquillement. J'en avais réellement envie. Et ce n'était pas un caprice ou quelque chose du même genre. J'aurais pu vouloir qu'il reste parce que je le désirais et qu'il me manquait, mais ce n'était pas le cas. Ou du moins, pas encore. Je ne pensais qu'à dormir, me reposer.

« Je veux que tu restes avec moi, oui. J'ai vraiment besoin que tu sois avec moi pour pouvoir espérer dormir pour de bon. Et puis je te promets de ne pas en profiter non plus... »

Même si c'était vraiment tentant... Il fallait que je reste sage, et que mes mains restent tranquilles. Le plus dur étant de maitriser tous ses gestes tendres et entreprenants qui étaient devenus comme des réflexes pour moi... D'ailleurs, j'avais commencé à caresser son dos doucement tandis qu'il me disait qu'il faisait de gros efforts pour que ses parents et moi soyons fiers de lui.

« Mais je suis déjà très fière de porter ton enfant... Je ne porterais celui d'un autre pour rien au monde. Ce serait inconcevable. Je n'ai jamais aimé que toi. »

J'ai certainement rougi, mais il ne s'en est peut-être pas rendu compte. Je me suis laissée aller contre lui tandis qu'il reprenait la parole. J'ai dû perdre mon sourire cette fois ci. Il avait réalisé les choses, oui... Mais il y avait une trace de culpabilité dans sa voix qui me dérangeait. Je ne voulais pas qu'il culpabilise. Qu'il prenne conscience des choses oui, qu'il se sente coupable, non. J'ai légèrement pris appui sur son épaule pour me redresser et pour pouvoir le regarder. J'ai eu un soupir franc.

« Maintenant tu as ouvert les yeux, et c'est tout ce qui compte, crois moi. Quant à tes parents... Quand bien même ils sont morts, toi tu ne l'es pas. Pour eux, tu dois continuer à vivre, peu importe les erreurs que tu as pu faire. On fait tous des erreurs, et certaines bien pires que les tiennes. »

Et en un sens, il valait mieux qu'il les ait faites avant, ces erreurs. Maintenant, il était sur le droit chemin et il semblait prêt à reprendre sa vie en mains. Je lui ai souri, avant de m'échapper doucement de ses bras. Je suis sortie du lit et je me suis étirée légèrement avant de me baisser pour ramasser mes vêtements. Je me suis légèrement tortillée pour renfiler mon jean, avant de renfiler mon pull rapidement. J'ai eu un petit rire devant sa mine déconfite.

« Tu ne voulais pas aller manger ? On ferait mieux d'y aller maintenant, sinon on va finir par renoncer à l'idée... Et puis, tu dois me montrer tes grands talents de cuisinier. »

Et avec un sourire absolument ravi, je lui ai tendu son t-shirt.

J’attendais qu’elle me dise ce dont elle avait envie. Je doutais qu’elle n’ait pas faim au final. Katarina n’était pas non plus en ogre en temps normal, mais là elle était enceinte. Et une femme enceinte ça a des envies non ? Enfin c’est sans doute une des seules choses dont je suis certain. La seule chose qui m’inquiétait c’est qu’avant à New York il était possible de satisfaire tous les désirs d’une femme enceinte en matière de nourriture. Mais maintenant c’était le chaos….alors je doutais pouvoir vraiment lui faire plaisir. Et dans un sens ca me crevait le cœur. Je voulais vraiment faire plaisir à Katarina…

« Je veux quelque chose qui n'ait aucun goût, aucune odeur et que je ne risque pas de vomir... Même pour toi, je pense que c'est un peu mission impossible. »

Quelque chose sans goût, sans odeur… alors là je ne savais vraiment pas si nous allions trouver ça. Mais il faudrait bien trouver quelque chose. Katarina devait manger. D’autant plus qu’elle était enceinte. Elle avait besoin de quelque chose de conséquent. Mais si elle ne supportait pas les odeurs sous peine de vomir, il faudrait que je mange moi aussi des choses qui n’ont aucune odeur… Je ne voulais pas lui provoquer de nouvelles nausées. Et puis pour ce qui est de la saveur…tout aliment a une saveur non ?

-On trouvera bien quelque chose sans odeur va…

J’étais perdu dans ces considérations matérielles quand elle m’a souri en me disant qu’elle voulait effectivement que je reste avec elle cette nuit.

« Je veux que tu restes avec moi, oui. J'ai vraiment besoin que tu sois avec moi pour pouvoir espérer dormir pour de bon. Et puis je te promets de ne pas en profiter non plus... »

Rien n’aurait pu me faire plus plaisir. Même si nous ne nous touchions pas, rien que le fait de dormir prés d’elle me rassurait. Je n’avais pas osé jusque là lui demander. Parce que j’avais promis de la laisser un peu tranquille. Je lui avais promis à elle, mais je l’avais surtout promis à Gabrielle. Elle m’avait fait réaliser que Katarina avait besoin d’espace, qu’elle avait besoin de reprendre des forces. Alors j’avais obéi, je lui avais laissé de l’espace. Malgré le fait que je sois toujours présent et attentif, j’essayais au maximum de ne pas m’imposer dans sa vie de tous les jours. Et cette distance nous avait fait du bien à tous les deux.

Je m’étais trompé en partant. Bien sûr nous avions besoin d’être séparés. Mais pas comme je l’avais fait. Séparés ne signifiait pas forcément loin de l’autre physiquement…. Je m’en voulais tellement de m’être trompé ainsi. Les choses n’en auraient pas été jusque là. Et si je n’étais pas parti, Katarina n’aurait pas vécu aussi mal le fait de se savoir enceinte.

Je soupirais tandis qu’elle me caressait tendrement le dos.

« Mais je suis déjà très fière de porter ton enfant... Je ne porterais celui d'un autre pour rien au monde. Ce serait inconcevable. Je n'ai jamais aimé que toi. »

Ses joues se sont légèrement empourprées quand elle m’a dit qu’elle n’avait jamais aimé que moi. Je me suis contenté de sourire. Mais j’étais préoccupé. Je m’en voulais de lui avoir fait subir tout ça. Si j’avais su à l’époque…

-Et je n’ai jamais aimé personne d’autre non plus.

C’était fou quand même non. Mais j’avais attendu d’avoir 28 ans presque pour tomber amoureux pour la première fois. Le seul regret que j’avais c’est que mes parents n’aient pas pu voir cela. Ma mère aurait été folle de joie de connaitre Katarina. Je suis certain qu’elles se seraient parfaitement entendues. Elles étaient si semblables.

Mais les choses étaient ainsi…

Katarina s’est redressée et m’a regardée franchement.

« Maintenant tu as ouvert les yeux, et c'est tout ce qui compte, crois moi. Quant à tes parents... Quand bien même ils sont morts, toi tu ne l'es pas. Pour eux, tu dois continuer à vivre, peu importe les erreurs que tu as pu faire. On fait tous des erreurs, et certaines bien pires que les tiennes. »

Pour avoir fait des erreurs, j’en avais fait. Mais pour le moment j’avais encore du mal a me dire qu’il y avait pire. Pour moi il n’y avait pas pire que de faire souffrir l’être aimé. Et c’était ca l’erreur majeure que j’avais faite.

-Oui mais….

J’ai commencé à protester mais je me suis ravisé. Je ne voulais pas gâcher ce moment en entamant une conversation la dessus.

Katarina s’est échappée de mes bras dans un sourire. Et elle s’est rhabillée. La discussion semblait close…

« Tu ne voulais pas aller manger ? On ferait mieux d'y aller maintenant, sinon on va finir par renoncer à l'idée... Et puis, tu dois me montrer tes grands talents de cuisinier. »

J’avais oublié que j’avais faim pendant quelques instants oui. Mais mon ventre s’est rappelé à notre bon souvenir. Oui je mourais de faim oui…

-Mes talents de cuisinier ? Ha heu….En tout cas je crève de faim oui…On va improviser.

Je n’étais pas très doué en cuisine. J’avais toujours eu mes parents pour ça….et puis quand ils étaient morts, je me nourrissais de plats touts prêts quand la drogue ne me tenait pas.

Je me suis rhabillé à mon tour sous le regard amusé de Katarina. Je lui ai tendu une main qu’elle a saisie. Et nous avons quitté la chambre. Direction la cuisine. Nous n’avons croisé personne sur le trajet. Mais si nous avions vu quelqu’un, je ne doute pas que la nouvelle aurait rapidement couru : Katarina et Ethan sortaient tous les deux de la chambre de Katarina main dans la main…

Nous ne disions rien, profitant juste de se retrouver tous les deux, comme ça.

Comme je l’avais prévu, la cuisine était déserte. Tout avait été rangé, nettoyé. Tout le monde devait donc être dans sa chambre.

-Va t’asseoir mon ange, Je m’occupe de tout.

Je suis allé fouiner dans les placards déjà à moitié vides alors que la dernière expédition pour aller chercher des vivres remontait à trois jours. Il faudrait rapidement trouver une solution. Faire une espèce de coup d’état dans une épicerie ou deux pour avoir de quoi tenir… Sincèrement je ne voyais que cette solution…Encore fallait il que je convainque Aaron et Alexander du bien fondé de mon idée.

-Bon alors… Nous avons…des pates…des céréales…du lait…des conserves de haricots blancs et….du jambon. Qu’est ce qui te fait le plus envie ?

Katarina n’a pas eu le temps de me répondre que la porte de la cuisine sur ouverte sur…. Stella…

Je suis resté bouche bée un instant. Elle tombait mal…

-Ha….Bonsoir…Stella…

J’avais essayé plusieurs fois de lui faire comprendre que je ne voulais rien avec elle. Mais elle s’accrochait.

J'ai terminé de me rhabiller et je me suis assise au bord du lit en le regardant se rhabiller à son tour. Avouons le tout de suite, je me suis rincé l'œil sans vergogne. Je ne sais pas s'il s'en rendait bien compte, mais il avait vraiment beaucoup changé. Il n'avait plus grand chose à voir avec l'Ethan amaigri et faible qui m'avait quitté. Je me suis surprise à me dire que j'avais très très envie d'en profiter. J'ai chassé ces vilaines pensées très loin, me choquant toute seule. J'ai mis un petit moment à saisir la main qu'il me tendait. J'avais encore certaines images dans la tête... Adoptant l'air le plus innocent possible, j'ai attrapé sa main. Nous sommes sortis de ma chambre et nous nous sommes dirigés vers la cuisine. Nous n'avons croisé personne, même pas un retardataire. L'heure, c'était l'heure... Il devait y avoir encore certaines personnes dans le salon, des solitaires ou des amis voulant bavarder sans déranger personne. Les enfants devaient tous être couchés. Tout était drôlement calme pour une communauté de plus de cent personnes. Il faut croire que notre trio de tête avait bien réussi à imposer quelques règles rudimentaires de savoir vivre... Ce qui n'était pas du luxe. Je ne savais pas comment ils se débrouillaient pour se faire obéir. Ethan surtout. Encore, je pouvais concevoir qu'on craigne l'autorité d'Aaron et Alexander, mais Ethan... C'était peut-être parce que j'avais en tête l'image de l'amant doux et attentionné. Allez savoir...

Une fois que nous sommes arrivés dans la cuisine, je suis allée m'asseoir sagement comme il me le demandait. Il a ouvert les placards un à un, cherchant certainement ce qui pourrait me faire plaisir. Il a dû constater à quel point ils étaient peu remplis. Certes, il y avaient encore des vivres dans les réserves, des vivres à monter ici. Mais les réserves n'étaient pas magiques, elles ne se remplissaient pas toutes seules à mesure qu'on les vidait. Il allait falloir envoyer un groupe chercher de quoi tenir les prochaines semaines. Intérieurement, je priais pour qu'Alexander y aille, ou pour qu'il envoie ceux qui d'ordinaire ne mettaient pas un orteil dehors. Je ne voulais pas qu'Ethan sorte. Ça, ça ne changerait jamais. Qu'il aille mieux ou non, je n'avais jamais aimé le savoir dehors. S'il ne rentrait pas à l'heure prévue, je paniquais immanquablement. Certains n'étaient jamais revenus de leurs expéditions... Et cet homme qui s'était pris une balle ce matin... J'ai tressailli avant d'afficher un petit sourire. J'ai eu un petit haussement d'épaules.

« Je vais me contenter des céréales...Ils sont devenus mes meilleurs amis. »

Des pâtes, c'était lourd et pour le moment je n'en avais pas du tout envie. Le jambon ? Rien que le nom me donnait envie de vomir. En ce moment, j'avais un sacré problème avec la viande... Gabrielle m'a dit qu'elle était passée par là elle aussi. Allez savoir pourquoi, cela ne me rassurait pas du tout. Je n'allais quand même pas devenir allergique à toute nourriture ! Avec un petit soupir, j'ai baissé mes yeux sur mon ventre. Je n'étais pas sortie de l'auberge, moi... J'ai relevé les yeux quand la porte de la cuisine s'est ouverte. Mon visage s'est décomposé tout d'un coup. Stella. Ma poupée Barbie préférée... Je l'ai regardé de la tête au pied. Elle devait vraiment avoir un problème avec la taille de ses vêtements. C'était comme voir une fille de dix huit ans habillée avec du dix ans... Sauf qu'elle, elle le faisait exprès. J'ai littéralement vu rouge quand elle a adressé un sourire mielleux à Ethan, en le regardant avec des yeux gourmands. Espèce de petite... Trainée !

« Bonsoir Ethan... Ah, tu es là Katarina. »

Non non, je suis une illusion d'optique. Mais oui je suis là abrutie ! J'ai tapoté la table du bout des ongles assez nerveusement, avant de lever les yeux vers la pendule de la cuisine.

« Qu'est-ce que tu fais là ? Riley a eu une panne ? »

Je savais qu'elle passait sa vie à s'envoyer en l'air avec lui. Et elle avait des vues sur Ethan. Mon Ethan ! Elle ne savait pas où elle mettait les pieds... J'avais envie de lui dire d'aller se rhabiller. Elle aurait porté simplement un soutien gorge et une culotte que j'aurais été moins choquée par sa tenue. Dommage qu'Ethan me tourne le dos, je ne savais pas où il avait les yeux. Barbie a eu un petit rire. Vous savez, ce petit rire de garce qui vous donne envie de lui coller une gifle à lui décoller la tête. J'ai pris une profonde inspiration et j'ai affiché mon plus beau sourire.

« Tu es jalouse ? On peut échanger si tu veux... Tes nuits à toi doivent être franchement ennuyeuses. Vu le tour de taille que tu te traines... »

Par réflexe, j'ai baissé les yeux sur mon ventre. Au cas où elle ne l'avait pas remarqué, j'étais enceinte. Et pas de n'importe qui. Je me suis levée et je me suis appuyée contre la table.

« Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, je suis "légèrement enceinte". Et vu que je ne suis pas la sainte vierge, il a bien fallu que je passe des moments très agréables avec une personne en particulier. »

Ma façon à moi de lui dire que, grossièrement, c'était moi qui avais eu Ethan dans mon lit. Je n'allais pas parler de sentiments, parce qu'elle n'y comprenait probablement rien.

Au moment où la porte de la cuisine et que Stella a fait son entrée, Katarina était en train de me dire qu’elle se contenterait de céréales. Visiblement, elle ne se nourrissait presque que de céréales en ce moment. Il faudrait que j’aille vérifier demain matin ce qu’on avait dans les réserves. Et à la prochaine expédition, je me débrouillerais pour en trouver et varier si possible. Je ne savais pas combien de temps l’envie de céréales de Katarina durerait. Mais même si elle ne mangeait pas tout, les enfants seraient ravis. Je ferais au moins le bonheur de quelques uns.

Je me sentais véritablement gêné et je venais de sentir immédiatement la tension qui régnait. Stella était dans une tenue plus que provocante. J’avoue que sa tenue me gênait tout autant que sa présence. J’avais le dos tourné à Katarina et je faisais face à Stella.
Elle m’a adressé son plus beau sourire et j’ai baissé le regard. Non pas sur sa plastique, mais par terre.

J’aurais préféré ne pas me retrouver dans cette situation. A coup sur Stella serait racoleuse, et à coup sur Katarina ferait une crise de jalousie. Je manquais vraiment de chance. Tout allait si bien avec Katarina aujourd’hui et Stella allait tout gâcher. Je me sentais vraiment tendu.

« Bonsoir Ethan... Ah, tu es là Katarina. »

Je pouvais sentir l’agacement de Katarina. Ses doigts pianotant sur la table en étaient la preuve vivante. Et ce n’était pas vraiment bon signe.

« Qu'est-ce que tu fais là ? Riley a eu une panne ? »

Je ne m’étais pas trompé. Les hostilités étaient lancées. J’ai soupiré un peu. Je n’osais même plus relever les yeux. Je n’osais pas bouger non plus. J’étais lâché sans doute, mais je ne savais vraiment pas quoi faire, ni quelle attitude adopter.
Stella a ri, légèrement moqueuse. Et elle a riposté immédiatement.

« Tu es jalouse ? On peut échanger si tu veux... Tes nuits à toi doivent être franchement ennuyeuses. Vu le tour de taille que tu te traines... »

Là j’ai relevé les yeux. Je n’aimais ni le ton, ni les paroles de Stella. Elle n’avait pas à parler comme ça à Katarina. Elle sous entendait des choses que je ne cautionnais pas. Et surtout je savais qu’elle venait de blesser Katarina. Elle avait déjà du mal à accepter que sa silhouette change. J’avais beau la rassurer, je savais que cela devait être dur à vivre pour elle. Surtout quand on vous le fait remarquer avec si peu de tact que Stella.

Katarina a répondu immédiatement. Et au ton de sa voix, je sentais que si je n’intervenais pas rapidement, les choses iraient trop loin. Si ce n’était déjà pas fait d’ailleurs.

« Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, je suis "légèrement enceinte". Et vu que je ne suis pas la sainte vierge, il a bien fallu que je passe des moments très agréables avec une personne en particulier. »

J’ai failli exploser de rire. Non pas que la situation soit drôle mais Katarina m’a fait rire. Si j’avais du compter les points, j’aurais mis 1 -0 pour Katarina. Elle ne se laissait pas faire. J’avoue que je ne la connaissais pas aussi tigresse. Et ce n’était pas pour me déplaire. Je me sentais même un peu fier qu’elle défende son territoire pour parler familièrement.
Mais il fallait tout de même que je calme le jeu. Et cela commençait par faire en sorte que Stella quitte la cuisine.

Je me suis alors avancé vers elle et je l’ai regardé droit dans les yeux.

-Stella, excuse-toi s’il te plaît.

Elle a soutenu mon regard en souriant d’un air un peu victorieux. Elle ne semblait même pas de trop dans la pièce.

-Hors de question.

J’ai du élever la voix, et prendre un ton un peu plus implacable. Je voulais qu’elle s’excuse. Elle avait blessé Katarina. Même si j’avoue que Katarina ne se laissait pas faire, c’était Stella qui avait ouvert les hostilités ? Non ?

-Stella !

Elle s’est avancée vers moi et a commencé à me faire son numéro de charme. Comme lorsque je la croisais Elle a posé un doigt sur mon torse.

-Tu rêves là mon cher Ethan. Je ne m’excuserai pas devant elle. J’ai juste dit la vérité. Franchement qui aurait envie d’elle ?

Et elle s’est tournée vers Katarina avec un sourire mauvais.

-Oui tu as passé des moments très agréables….Mais tu n’es pas prête d’en repasser de si tôt ma grande.

Je l’ai repoussé en lui prenant fermement le poignet pour qu’elle arrête son petit manège. J’espérais juste ne pas lui faire de mal. Ce n’était tout de même pas la peine de faire du mal physiquement à quelqu’un. Mais il fallait qu’elle comprenne.

-Tu vas trop loin Stella !

Elle s’est débattue et j’ai laissé mon bras retomber le long de mon corps.

-Oh ne joue pas la carte du mec choqué Ethan. Je dis juste la vérité. Franchement tu ne préférerais pas t’amuser avec une fille qui ne se ressemble pas à une barrique ?

Ca c’était vraiment très méchant. Et surtout c’était faux. Il fallait rapidement que je calme le jeu. Seulement c’était mal connaitre Stella.

-Stella, je t’ai dit que je n’étais pas intéressé….Bon…tu ne veux pas t’excuser ?

La situation semblait l’amuser. Elle s’est assise en face de Katarina en la regardant droit dans les yeux.

-Non !

Je me suis alors planté derrière elle en la prenant par le bras.

-Alors va t’en s’il te plaît.

Quand je vous disais que c'était vraiment une journée pourrie... Je n'avais eu qu'une petite pause avec Ethan, en fin de compte. Je sentais que j'allais vraiment devoir jouer les jalouses pour éviter que cette petite peste n'aille trop loin avec Ethan. Je n'aimais pas du tout ses manières racoleuses. Elle aurait plus eu sa place bien en vue sur un trottoir si vous voulez mon avis... Dès qu'elle était arrivée dans la communauté, j'avais tout de suite senti qu'elle et moi, nous n'allions pas nous entendre. Mais maintenant qu'elle osait s'intéresser à Ethan... C'était la goutte d'eau qui faisait débarder le vase. Si elle était arrivée à un autre moment j'aurais pu tenter de rester calme, mais là, étant donnée la journée que je venais de passer... Hors de question que je fasse un effort supplémentaire. Je m'étais calmée face à Ethan, mais là, j'avais vraiment besoin d'évacuer ma colère. Autant que ce soit contre quelqu'un qui le mérite... Ethan s'est planté devant elle en lui demandant de s'excuser. Bien tenté... Mais une fille comme elle ne recule pas, elle préfère s'enfoncer bien correctement. Elle aurait mérité une bonne claque pour se remettre les idées en place. Ethan l'aurait giflé que cela ne m'aurait pas choqué plus que cela. Elle n'avait pas l'air d'être très impressionnée par le ton de sa voix. Personnellement, à sa place je me serais calmée. Je savais à quoi ressemblait Ethan en colère et le spectacle n'était pas joli joli.

J'ai serré les poings à fond quand elle a posé un doigt sur la poitrine d'Ethan. Alors là... Elle allait le regretter. Je ne savais pas encore comment j'allais lui faire payer, mais elle allait le regretter. J'ai inspiré à fond, en faisant mine de garder mon sang froid. Surtout, pas de panique... J'ai froncé les sourcils, avant d'afficher un petit air victorieux.

« Qui aurait envie de moi ? J'en connais un qui me court toujours après... Comment est-ce que Riley t'appelle déjà ? Ah oui..."Le lot de consolation". »

D'ailleurs, je ne voyais pas ce qui pouvais bien le consoler. Elle avait peut-être un corps agréable à l'œil, mais quand la bêtise avait été distribuée, elle en avait repris plusieurs fois. J'ai eu très envie de lui faire ravaler son sourire avec une grande claque. Je me suis retenue de justesse.

« Si nous avons raté l'heure du repas, c'est peut-être pour une être bonne raison. »

Elle était si... stupide, qu'avec un peu de chance elle verrait où je voulais en venir. Même si Ethan et moi n'avions fait que dormir paisiblement tous les deux, en fin de compte. Stella devait être trop superficielle et trop abrutie pour comprendre qu'on pouvait passer de très bons moments à deux sans forcément coucher ensemble. La dernière fois qu'Ethan et moi avions fait l'amour c'était il a presque deux mois. Et pour le moment, ni lui ni moi n'avions l'air particulièrement traumatisé. Certes, nous n'étions pas des anges et il y aurait forcément un moment où j'aurais terriblement envie de lui. Mais je n'étais pas comme Stella, moi. Je n'avais pas besoin d'être dans son lit tous les jours non plus. Je suis restée silencieuse, le temps de regarder Ethan la repousser. Elle s'est débattue avec des airs de vierge effarouchée, alors forcément, il l'a lâchée. Je dois avouer que j'ai été un brin secouée quand elle m'a gentiment traitée de "barrique". Elle exagérait... Je n'en étais encore qu'à quatre et mois et je n'avais que du ventre, puisque le bébé prenait ses aises. Je me suis redressée et j'ai soulevé mon pull jusqu'à ma poitrine avec un air profondément sceptique.

« Oh mon dieu, oui, je fais une taille 38... Tu te rends compte, Ethan ? Je suis enceinte et je fais une taille 38 ! Ça ne va plus, je suis bonne à jeter... »

J'ai levé les yeux au ciel, exaspérée. Eh non, je ne pouvais pas m'arranger pour avoir la taille mannequin. Et franchement, là je grossissais pour la bonne cause. Je crois qu'elle n'avait pas réalisé que j'allais mettre au monde l'enfant d'Ethan. Ethan, celui qui la repoussait... MON Ethan. Mais qu'est-ce qu'il lui fallait de plus ? Je me suis rassise et cette peste est venue s'asseoir en face de moi. Ethan l'a attrapée par le bras, mais elle s'est dégagée.

« - Comment peux tu dire que tu n'es pas intéressé ? Tu ne sais pas de quoi je suis capable !
- Je crois juste que les putes, c'est pas son truc. »

J'ai sorti mon sourire commercial. Pile au moment où elle avait décidé de passer un bras autour d'Ethan pour l'attirer à elle. J'ai alors avisé une carafe d'eau sur la table. Oh, une carafe d'eau ! Sans réfléchir je m'en suis saisie et je l'ai douchée, littéralement. Et Ethan aussi, dans une moindre mesure. Forcément, elle a hurlé. Et du coup, j'ai hurlé aussi.

« Si tu le touches encore une fois, je te jure que je t'étripe espèce de sale petite garce ! »

Et je ne plaisantais qu'à moitié.
J'étais fatiguée, vexée, et maintenant très très en colère.

» Intrigue n°1 - THE HURRICANE
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